II-1-2- Les victimes de l'insécurité dans la
ville de Grand-Bassam
Concernant les victimes de l'insécurité dans la
ville de Grand-Bassam, aucune catégorie sociale n'est
épargnée. En effet, les victimes des attaques à mains
armées et vols par effraction sont les opérateurs
économiques (propriétaires de grandes surfaces commerciales :
Français, Ivoiriens Libanais, Mauritaniens, Maliens...), les structures
de micro finances (COOPEC, MUCREFAB), les banques, les complexes
hôteliers et les domiciles privés. Même les édifices
publics tels que les églises, les mosquées, les écoles et
les hôpitaux n'échappent à la furia des délinquants.
L'un des prêtres de l'évêché du quartier France
disait : « Nous avons été victimes à plusieurs
reprises de vol ici au sein de l'évêché. Nos aubes et
certains éléments liturgiques ont été
emportés par les bandits. A maintes reprises nos paroissiens qui
viennent aux messes de nuit furent aussi agressés par les jeunes. En
octobre 2004, ce fut le coup de grâce lorsqu'un français,
propriétaire du complexe hôtelier le WARF, fut abattu par de
braqueurs.». Quant à YOUBA, boutiquier
mauritanien, il soutient : « Cela fait plus de dix ans que je suis en
Côte d'Ivoire. C'est à Cocody à Abidjan que j'ai
commencé à vendre. Là-bas, pendant trois ans, on ne m'a
jamais volé. Mais depuis que je suis arrivé ici à Bassam,
on nous a agressé plus de cinq fois en 2000 et en 2003.Ils prennent
notre argent et des produits comme la cigarette, les thés, les boissons
et les boîtes de sardines.».
Nous notons également des cas de viol et de
consommation de drogue. Selon K.N.A. «Les jeunes filles
sont régulièrement violées les week-ends ici au bord de la
plage. Ma propre fille de 14 ans a été violée par deux
jeunes sur la plage. Pour éviter toute honte et les regards des autres
voisins, je l'ai fait partir dans une autre ville pour qu'elle continue ses
études car chaque fois qu'elle voyait pendant les week-ends des jeunes
filles en compagnie d'hommes, elle se mettait à pleurer. »
Selon nos sources d'information, la police arrête de
façon plus ou moins constante des jeunes et certains voyous consommant
ou possédant de la drogue.
Vu ce qui précède, nous retenons que les
délinquants ont fait et continuent de faire des victimes à
Grand-Bassam.
Quels sont donc les lieux qui se révèlent comme
criminogènes et quels sont les moments qui favorisent la
délinquance ?
II-2- L'insécurité dans l'espace et le
temps à Grand-Bassam II-2-1- L'insécurité dans
l'espace
QUAR TIERS
|
Belleville
|
Bongout
|
Brarnakote
|
Château
|
Congo
|
Construction
|
CAFOP
|
11A0
|
Lycee
|
Moossou
|
Mockeyville
|
Odoss
|
Petit Paris
|
Phare
|
Qtr France
|
Saint Zalla
|
Sofa
|
Veteco
|
ANNEES
|
2003
|
17
|
10
|
39
|
66
|
265
|
11
|
40
|
9
|
28
|
26
|
39
|
137
|
91
|
209
|
144
|
10
|
4
|
18
|
2004
|
23
|
22
|
66
|
69
|
376
|
10
|
35
|
3
|
33
|
58
|
18
|
108
|
42
|
200
|
135
|
9
|
20
|
23
|
2005
|
11
|
14
|
46
|
89
|
325
|
7
|
16
|
4
|
15
|
36
|
15
|
138
|
64
|
232
|
164
|
7
|
7
|
17
|
TOTAL
|
51
|
46
|
151
|
224
|
966
|
28
|
91
|
16
|
76
|
120
|
72
|
383
|
197
|
641
|
443
|
26
|
31
|
58
|
Tableau 6 : Récapitulatif des
infractions dans l'espace à Grand-Bassam
Nombre d'infractions
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Courbes descriptibles des infractions par
quartiers à Grand-Bassam de 2003-2005
Quartiers
2003 2004 2005
De nos investigations sur le terrain d'enquête et de
sources policières, il ressort que tous les quartiers de la ville de
Grand-Bassam ont au moins connu la visite des hors-la-loi ou des bandits.
Cependant, l'insécurité n'est pas vécue au même
rythme d'autant plus que certains quartiers sont plus criminogènes. Tels
sont les cas des quartiers Congo, Phare, Quartier France et Odoss qui, sur
l'ensemble des années 2003, 2004 et 2005 totalisent respectivement 966
infractions soit 26,68 % ; 641 infractions soit 17,70 % ; 443 infractions soit
12, 23 % et 383 infractions soit 10,58 % sur les 3620 infractions commises dans
cette ville.
Dans la ville et plus particulièrement dans les
quartiers les plus criminogènes, l'insécurité
résulte du manque réel d'éclairage public, mais aussi et
surtout de l'oisiveté, de la drogue qui est consommée par les
jeunes dans les nombreux endroits obscurs, isolés et les maisons
inachevées. Notre enquête nous a permis de découvrir que la
promiscuité, facteur explicatif de la pauvreté favorise aussi
l'insécurité à Bassam. B.B.JC. disait :
«Dans notre quartier au Phare, les jeunes se retrouvent dans deux endroits
que sont le `'CAMP BOIRO» et le `'LAC» pour se droguer. Il nous
arrive parfois d'entendre des coups de feu provenant de ces lieux. Quand ces
individus sont pourchassés par la police, ils se fondent facilement dans
le quartier qu'ils maîtrisent mieux que les agents de
police à cause des nombreux labyrinthes
créés par les constructions de fortune de façon
anarchique. Nous, nous sommes vaccinés contre ces choses.».
|