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L'impact du maraichage dans la dégradation des ressources naturelles dans les niayes de la bordure du lac Tanma

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par Ndiaye Moussa Dieng
Université Cheikh Anta Diop - Maitrise 2008
  

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IV. LA GEOMORPHOLOGIE OU LE SYSTEME DUNAIRE

La géomorphologie est dominée par un système dunaire composé de trois cordons successifs de l'océan vers le continent. Ces cordons se différencient selon l'âge, la couleur, l'altitude l'orientation et le type de végétation qu'ils abritent. Ils laissent entre eux des dépressions appelées cuvettes interdunaires.

Leur mise en place date du quaternaire. Trois cordons prédominent:

1. Les dunes rouges ogoliennes

Ceux sont les dunes les plus continentales du système. Comme l'indique leur nom, ils datent de la période ogolienne (20000 -11000 ans BP).

Ils sont d'orientation générale NE-SW et leur altitude maximale va de 20 à 25 m. Elles ont subi des remaniements lors de la petite phase sèche du Tchadien (7500 BP) mais le système est aujourd'hui stabilisé et ne connaît que des remaniements mineurs causés par des actions anthropiques.

Les formes sont diverses: alignement avec ensellement, parfois croupes surbaissées en constituent les principaux éléments. (SALL, 1982)

Ils sont constitues de sols ferrugineux tropicaux lessivés ou sols rouges d'où l'appellation de dunes rouges.

En effet dans certaines conditions climatiques et édaphiques les oxydes de fer sont libérés; ils enrobent et cimentent les grains de quartz en leur donnant une coloration rouge. (DIAGNE, 2008). Ce sont des sols dior essentiellement constitués de sables.

2. Les dunes jaunes ou dunes semi fixées

Elles sont situées entre les dunes rouges continentales et les dunes blanches littorales. Elles ont été mises en place durant la période post-Nouakchottien d'après les travaux de SALL, (1982) et DIAW, (1997).

Durand cette période morphoclimatique, le matériel des dunes ogoliennes a été remanié et accumulé sous forme de dunes perpendiculaires au système classique. (NDIAYE, 2000). Elles atteignent 20 à 30 m de hauteur avec une orientation NO-SE.

Ces dunes sont semi fixées par endroit par la végétation, mais elles ont tendance à être ravivées.

Dans la CR de Diender, au nord du village Thieudème, les dunes jaunes constituent une réelle menace pour le lac Tanma et les zones basses exploitées par les populations. (NDOYE, 2008). Elles forment une bande de 200 à 250 m de large sur toute la grande côte avec quelques interruptions au niveau du lac Mbaouane. (SALL, 1982).

La dégradation du couvert végétal a entraîné leur mobilisation et leur avancée vers les dépressions et les surfaces cultivables. (NDOYE 2008).

3. Les dunes blanches ou dunes littorales

C'est la formation dunaire la plus récente. Ces dunes sont aussi appelées dunes vives du fait de leur mobilité. Elles sont parallèles à la côte.

Selon les travaux de SALL (1982), l'édification des dunes blanches adjacentes à la plage datent du subactuel. C'est après la régression marine intervenue au maximum Nouakchottien, c'est-à-dire à 4000 ans BP que s'amorce leur mise en place.

Leur formation est le résultat d'une part de la dérive littorale qui a présidé à la formation de cordons sableux successifs assurant la régularisation de la grande côte et d'autre part, de la recrudescence de la déflation éolienne facilitée par la rigueur climatique.

Du point de vue topographique, l'altitude des sommets est comprise entre 0 m (à proximité de la plage ou à proximité des lacs) et 18 m, mais elle peut atteindre 25 m comme à l'est de Kayar. (TANGARA, 1997).

Ces dunes sont très mobiles et sous l'action du vent, connaissent une poussée très rapide vers le continent. La couverture végétale n'est pas assez efficace pour arrêter la propagation du sable issu du haut de la plage vers l'intérieur.

4. Les interdunes

Le système dunaire laisse apparaître des couloirs dépressionnaires entre les différents cordons. Ces dépressions ou cuvettes interdunaires sont les vestiges d'un ancien réseau hydrographique s'enfonçant loin vers l'intérieur des terres et recoupant perpendiculairement les dunes rouges.

Elles sont plus connues sous le nom de Niayes et sont localisées entre les dunes jaunes et les dunes rouges.

Selon DIAW (1997), leur mise en place remonte à la régression post-Nouakchottienne durant
la petite phase sèche (autour de 7000 ans BP). Durant cette période, un remaniement des

dunes rouges a entraîné le comblement du réseau hydrographique qui a fait place à ces dépressions.

C'est un réseau de cuvettes morcelées caractérisées par des dépôts de tourbes et d'argiles organiques dont l'épaisseur peut excéder 10 m dans les endroits les plus profonds. (NGOM, 2000).

La végétation est dominée par le palmier à huile (eleais guineensis). Cette végétation est typique du domaine guinéen. Elle ne doit sa survie dans cette zone sahélienne qu'à la présence d'une nappe phréatique affleurante.

Elles sont le domaine de prédilection des cultures maraîchères du fait de l'humidité et de la richesse des sols.

5. Les bas fonds

En dehors des trois cordons dunaires et des cuvettes dépressionnaires, il existe d'importants bas fonds dans la partie Est et Nord-est du lac. Ces bas fonds sont les lits des marigots alimentant le lac en saison pluvieuse. En saison non pluvieuse, ils connaissent un tarissement et accueillent d'importantes surfaces de cultures maraîchères. Les villages de Fouloume, Ndiaye Bop, Ndeye et Ngomène sont localisés dans cette zone.

Ainsi de la mer vers le continent on a la configuration suivante:

· les dunes blanches,

· les dunes jaunes,

· les cuvettes dépressionnaires entre les dunes,

· les dunes rouges

· le lac

· et enfin le réseau de marigots dans la partie la plus continentale.

V. L'HYDROGRAPHIE
1. Les eaux de surface

Les eaux de surface sont représentées par les écoulements temporaires ou saisonniers qui enserrent la zone. Ce sont les marigots intermittents qui se jettent sur le lac Tanma. Cet ensemble forme un grand bassin qu'on appelle le bassin du lac Tanma. Ce bassin a un réseau hydrographique bien structuré composé par un lac et des marigots intermittents qui l'alimentent durant la saison pluvieuse.

La figure suivante présente la carte du réseau hydrographique du bassin du lac Tanma.

Figure 6 : Réseau hydrographique temporaire du bassin du lac Tanma (KANE, 2008)

2. Les marigots intermittents

Ce sont des marigots à écoulement saisonnier. En saison pluvieuse ces ruisseaux mobilisent les eaux de ruissellement nées des contrastes altitudinaux (plateaux de Thiès et massif de Ndiass) en direction des cuvettes et des mares. Ce ruissellement peut être diffus au départ mais s'accumule pour former des marigots qui, en période de crue provoquent un écoulement en direction du lac Tanma. Ces marigots parcourent de longues distances. La plupart d'entre eux sont issus du revers des plateaux de Thiès ou des falaises du massif de Ndiass. Ils ont un grand effet érosif et leurs crues sont souvent dévastatrices. Dans la partie située au Nord et Nord -Est du lac, surtout dans la communauté rurale de Mont-Rolland au niveau des villages de Fouloume, Ndiaye Bopp, ils peuvent entraîner des ruptures des voies de communication et ainsi accentuer l'enclavement de la zone. Ces phénomènes peuvent aussi se produire dans la zone traversée par le marigot de Pout au niveau des villages de Ndeye Ngomène etc. situés à l'Est du lac.

Ces phénomènes s'observent en période pluvieuse, notamment à partir de mi-aout quand le taux de saturation des sols atteint sa limite maximale et que le ruissellement superficiel se concentre et s'intensifie. (NDOUR, 2001).

D'ailleurs, la toponymie de cette partie du site est révélatrice de la forte présence de l'eau car le nom Mont Rolland serait donné par des missionnaires français qui fréquentaient la zone et qui l'ont dénommé ainsi grâce aux similitudes hydrographiques que cette localité du Sénégal a avec un autre Mont-Rolland qui se trouve en France.

Dans les villages de Ndieuguene et Mbissao situés dans la communauté rurale de Diender, ce sont les champs qui sont inondés.

3. Le lac

a) Origine

C'est au Lutétien inférieur qu'aurait eu lieu la phase tectonique à l'origine de l'effondrement situé à l'aplomb du lac. DEMOULIN (1970),

Cette origine tectonique du lac est réconfortée par la thèse de MORIN (1975) cité par THIAM (2006) qui pense que c'est précédemment au Lutétien inférieur qu'un rejeu de grandes failles s'est produit entraînant un soulèvement du massif de Ndiass et en compensation un affaissement du site occupé par le lac Tanma.

Ainsi ce site fut occupé par la mer durant le Nouakchottien (période du Quaternaire 6000 à 4500 ans BP.)

Comme l'essentiel des lacs de la cote Nord, ce lac fut un ancien réseau hydrographique perpendiculaire à la mer. DIAW (1980), Selon lui, cette communication avec l'océan est par la suite rompue par l'installation des dunes durant les périodes sèches du Quaternaire plus précisément au Tafolien. Ce colmatage est à l'origine de l'évolution du réseau hydrographique vers un lac.

Quoi qu'il en soit, il existe des éléments qui confirment cette ancienne occupation ou communication avec la mer. Ainsi en témoignent les nombreux dépôts et des coquillages d'origine marine situés dans le lac et ses environs.

Photo 1 : Coquillages sur la bordure du lac Tanma. Photo M. D. NDIAYE le 25 MAI 2009

Cette photo de coquillages ci-dessus a été prise sur du matériau sorti d'un puits en cour de creusement sur la bordure Est du lac Tanma. Ceci confirme l'ancienne présence de la mer dans ce vaste bassin.

b) caractéristiques hydrologiques

Aujourd'hui, de par son étendue (1620 ha selon NDOYE, 2008), il est le deuxième lac du pays après le lac de Guiers. Il forme un grand bassin lacustre et accueille saisonnièrement les eaux des nombreux marigots que comptent ses environs. On peut citer le marigot de Pout, le marigot de Mont Rolland, les marigots de la zone de Fouloume Ndiaye Bopp et du marigot issu des falaises de Diender.

C'est donc un grand réceptacle d'eau douce et en plus il participe de manière effective au remplissage des nappes souterraines. D'ailleurs nos enquêtes nous ont montré que les puits situés aux abords immédiats (jusqu'à environ 500 m) du lac connaissent un rabattement moins important par rapport à ceux des endroits plus éloignés. Cela est du à la convergence et à l'infiltration des eaux de ruissellement dans le site.

Malheureusement, c'est un lac très exposé à la forte évaporation. Il perd l'essentiel de son eau juste après la saison des pluies et est complètement tari pendant une bonne partie de la saison non pluvieuse. Le bilan hydrologique reste ainsi très favorable à l'infiltration et à l'évaporation. Cette forte infiltration explique la disponibilité des ressources en eau souterraine même si aujourd'hui elles subissent les effets du déficit pluviométrique et les prélèvements importants à l'actif des hommes à travers activités.

Photo 2 : Tarissement du lac Tanma en saison sèche. Photo M. D. NDIAYE) le 25 Mai 2009

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld