3. Hypothèses
Sur la base des objectifs spécifiques ci-dessus
mentionnés et à partir des recherches documentaires, trois (03)
hypothèses de recherche qui feront objet de vérification ont
été proposées. Il s'agit de :
H1 : « l'augmentation de la superficie
emblavée affecte positivement la production vivrière »;
H2 : « la pluviométrie a un effet
positif sur la production vivrière » ;
H3 : « la croissance démographique
(population rurale) a un effet positif sur la production
vivrière».
4. Revue de littérature
4.1. Revue de littérature théorique
4.1.1. Théories de la modélisation des
rendements agricoles
Marc Nerlove fut le premier à développer en 1956
et 1958 une théorie que l'on connaît sous le nom de « the
Nerlovian models of supply response » qui a permis d'expliquer la
réaction des producteurs agricoles américains face aux
changements perpétuels des prix des récoltes, des politiques
macroéconomiques et bien d'autres facteurs. Pour élaborer sa
théorie, Nerlove part de deux constats classiques:
· les producteurs réagissent par rapport aux prix
actuels sur le marché. Habituellement, les prix observés sont les
prix du marché ou les prix effectifs des producteurs après la
récolte alors que les décisions de production doivent être
basées sur les prix escomptés que des agriculteurs projettent
plusieurs mois avant la récolte. En raison du décalage temporaire
qui intervient dans le processus de production agricole, modéliser la
formation des anticipations est ainsi une importante question pour analyser
l'offre du secteur agricole.
· les quantités observées peuvent
différer des quantités désirées en raison du retard
d'ajustement dans la réallocation des facteurs. Quand le prix du produit
change, plusieurs années peuvent s'écouler avant que les
producteurs ne puissent ajuster leur production ordinaire désirée
au nouveau prix.
Les travaux de Marc Nerlove ont joué un rôle
prépondérant et ont apporté un souffle nouveau à la
modélisation de l'offre du secteur agricole face aux risques y
afférents et bien d'autres facteurs (tels que les politiques
macroéconomiques, les politiques commerciales, les changements
technologiques, les aléas climatiques, etc.). Les études
empiriques de ces
modèles ont permis aux agroéconomistes (surtout
américains) de développer les outils adéquats de
politiques agricoles. Ceci a considérablement amélioré le
rôle du secteur agricole dans le développement économique
et a mis en relation l'Etat et les producteurs à travers les politiques
macroéconomiques et commerciales. Cependant, la réaction de
l'offre du secteur agricole aux mouvements des prix a été l'objet
de longues et vigoureuses discussions se référant au traitement
classique de l'élasticité de l'offre de long terme de Nerlove
(1958) pour le blé, le coton, et du maïs aux Etats-Unis (Askari et
Cumings, 1976). L'estimation des élasticités d'offre (de court et
long terme) varie largement d'une culture à l'autre, et d'une
région à l'autre. Ceci a conduit certains auteurs à dire
que les modèles « Nerloviens » sont inadéquats pour
décrire la réaction de long terme (Voir Binswanger, Braulke,
Diebold et Lamb). Binswanger (1989) souligne que la politique agricole de
l'ajustement structurel de long terme peut ne pas être discernable avec
l'analyse de la régression, particulièrement dans les
modèles avec un retard structurel comme c'est le cas dans les
modèles Nerloviens. Dans « policy intervention and supply response:
the British potato making scheme in retrospect », A. Lioyd, C. Morgan et
J. Rayner soulignent que dans un marché sur lequel la décision
des producteurs est contrainte par des opérations de quotas sur la
terre, d'excès de politiques de taxation, la validité de la
spécification du modèle Nerlovien n'est plus certaine. Quelques
années plus tôt, Jennings (1981), Enner et White (1989)
démontraient le même résultat. Enner et White (1989)
proposent une spécification alternative du modèle Nerlovien qui
exploite utilement la présence du contrôle des sols et le maintien
de l'environnement dans la modélisation des superficies et des
rendements. Spécifiquement, les plantations sont divisées en deux
: celles qui respectent le quota et celles qui dépassent le quota
imposé. En général, l'excès de cultures sur la
terre s'opère avec un faible coût d'opportunité.
Ceci a permis de segmenter le modèle en tenant compte
du fait que des producteurs vont agir différemment les uns des autres et
par rapport aux variables politiques et aux signaux du marché.
Dans ce contexte de marché, la taxation pour
l'excès de cultures sur la terre leur est prohibitive contrairement aux
autres (ceux qui respectent les quotas) qui ne manifestent aucune
réaction.
Cette flexibilité est clairement avantageuse pour une
compréhension de la décision de mise en culture des terres.
Beaucoup d'autres auteurs, particulièrement dans les
études d'assurance des producteurs face aux différents risques
liés à la production (surtout la pluviométrie), ont
suggéré plusieurs approches pour mesurer les rendements
agricoles. Dans « developping based-rainfall indexinsurance in Morocco,
1999» Barakat et Handoufe distinguent deux types de risques qui affectent
les rendements agricoles: le risque systémique dû aux facteurs non
maîtrisables tels que la pluie, l'érosion et le risque
spécifique qui peut provenir par exemple de la mauvaise utilisation des
intrants chimiques, la mécanisation, les mauvaises semences, etc.
Cependant, les résultats trouvés montrent que seul le risque
systémique affecte de façon significative les rendements
agricoles. Le risque spécifique quant à lui est
contrôlable, et n'a pratiquement pas d'effet sur les rendements.
Dans le même cadre, Yacoubi et al, (2001), dans leur
étude sur la sécheresse au Maroc ont abouti à une relation
linéaire entre les précipitations pluviométriques et la
production.
Malgré les différentes critiques
formulées à l'endroit des modèles nerloviens, ils
demeurent les seuls modèles efficaces utilisés par plusieurs
chercheurs pour estimer la production agricole.
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