Problèmes et difficultés rencontrés par l'étudiant universitaire libyen dans l'apprentissage du français.( Télécharger le fichier original )par Bachir AL-KHATTABI Faculté des Lettres de Sabrata - Master en français 2007 |
Chapitre quatrièmelimites des capacités de l'étudiant libyen dans l'assimilation d'une langue étrangère tel que le français .Introduction :L'étudiant libyen et le français La Libye,contrairement aux autres pays magrébins,n'a pas connu le colonialisme français,mais elle a subi pour une durée plus ou moins courte,l'impérialisme anglais et par conséquent,le français,en tant que langue réputée à l'échelle internationale,n'a fait son apparition dans le pays,que dans des circonstances historiques rares,alors que l'anglais,avec son influence quasi permanente,s'est propagé progressivement,dans les milieux cultivés,mais de façon timide au sein de la société pour ensuite subir une rupture ,suivi d'une disparition quasi-totale entre la période 1980-1998 Tandis que le français,tout au long de cette période,n'a jamais fait son apparition et pire encore,l'apprentissage du français ou même de l'anglais fut suspendu dans les écoles étatiques et même dans les Universités libyennes.. Souvent,de nos jours,nos compatriotes voyaient d'un bon oeil le colonialisme français,de préférence au colonialisme anglais,qu'ils jugeaient grossier et brutal, beaucoup moins raffiné,moins poli, que le colonialisme français,en particulier sur le plan linguistique.. Ils jugeaient encore-et c'est leur point de vue et non pas le nôtre-que le colonialisme français est plus évolué,plus civilisé,et plus souple,à telle enseigne qu'il a laissé des traces indélébiles dans les sociétés qui l'avaient connu.. Alors que le colonialisme anglais ,porteur de la langue de Shakespeare,n'a rien fait pour les sociétés auxquelles il s'était imposé Nous croyons en nous-même que c'est un point de vue personnel et nous sommes en droit de le juger comme tel,sans nous engager dans un débat stérile..entre les avantages du colonialisme français et les inconvénients du colonialisme anglais,puisque,dans tous les cas,ils ne sont rien d'autres que des moyens pour commander les nations faibles et démunies... La société libyenne,outre qu'elle n'a pas connu le colonialisme français, elle a connu par contre du moins de manière éphémère ,le colonialisme anglais ,mais en revanche,elle fut en contact direct avec un autre colonialisme ,peut-être pire que le colonialisme anglais,nous voudrions dire le colonialisme italien...C'était pendant l'ère mussolinienne ..c'était l'époque du sang,du feu et de la mort..C'était en effet l'époque où l'homme ne valait pas plus qu'une mouche pour ce régime fasciste!!! Ainsi notre pays avait connu le colonialisme et ne l'avait connu que dans les pires moments de son histoire.. La décolonisation avait eu lieu dans le sang et rien que par le sang que notre pays est parvenu--après de durs combats -à reconquérir sa dignité de peuple libre et indépendant Mais avec le départ des italiens,l'italien,en tant que langue,a disparu ;il s'est évaporé comme de l'éther,puisque le peuple libyen avait vécu en marge de cette civilisation et n'a pas pu s'y intégrer,peut-être par mépris pour les colons italiens ou peut-être encore par xénophobie et même dans les écoles,on ne s'est pas intéressé à l'étude de l'italien21(*).. Mais en revanche,de nos jours,on s'intéresse à apprendre le français qui a dû être restauré au niveau des Universités Or le problème qui subsiste, c'est que le français n'est pas aussi aisé à connaître que l'italien ou l'espagnol.. Le français est une langue cartésienne,c'est-à-dire qu'elle est fondée essentiellement sur la logique et la raison..et par conséquent ,son apprentissage nécessite beaucoup d'efforts, de patience et de volonté qu'il n'est pas facile pour la plupart des étudiants libyens de posséder intrinsèquement des qualités aussi éminentes En plus de sa base de structure linéaire ,le français dresse devant l'étudiant libyen un handicap irréductible,c'est la prononciation,la diction,la prosodie,c'est l'élocution22(*),autant de barrières qui empêchent l'étudiant ,du moins dans la situation actuelle,de connaître la langue et de savoir s'en servir dans des situations de communication appropriées Le français est généralement doté de plus de lettres qui ne se prononcent pas à l'intérieur ou à la fin des mots que des lettres sui se prononcent.. Et par ce fait,l'étudiant libyen est confronté à des difficultés incontournables... ! D'un autre côté,nous avions constaté,lors de nos multiples fréquentations avec des apprenants,que ces derniers avaient tendance confondre la prononciation entre les lettres en anglais et celles qui sont en français :et ils ne sont pas encore capables de discerner la prononciation anglaise de la prononciation française :il est certain que cet état de choses est dû en premier lieu à sa scolarité en secondaire,où on leur avait appris les rudiments d'anglais et ce qui est pire,c'est que ces interférences ont persisté jusqu'à leur quatrième année,c'est-à-dire l'année où l'étudiant allait bientôt quitter la faculté diplômé d'une Licence en français ! Cette survivance caractéristique persistera peut-être pour longtemps et l'étudiant ne parviendra à s'en défaire que lorsqu'il connaîtra de manière quasi parfaite la langue.... Nous avons conclu,après avoir été témoin de ce fait étrange,qu'effectivement toute langue doit être apprise à un âge prématuré et non pas,comme on le fait actuellement,à un âge où il n'est plus possible à l'apprenant d'acquérir quoi que ce soit.. ! La plupart de ces problèmes sont naturels,surtout au niveau de la prononciation: Soit à Bagdad ou même à Tripoli,les étudiants arabophones butent à des difficultés parfois insurmontables..on est le plus souvent frappé - pour ne pas dire excédé- de rencontrer des interférences ridicules et absurdes au niveau de la prononciation surtout de quelques voyelles Néanmoins,le plus grand nombre d'étudiants parviennent ,grâce à leurs efforts et à leur persévérance,à surmonter de telles difficultés et à aplanir tous les problèmes inhérents à leur nature physiologique.. Une langue comme le français est une langue difficile;nous connaissons des français cultivés et de grande renommée qui reconnaissent franchement leur incapacité à maîtriser l'orthographe ou la syntaxe du français Qu'en serait-il alors des étudiants arabophones qui sont tout à fait étrangers à cette langue et encore moins à la culture et à la civilisation qui y sont attachées. Par conséquent l'apprentissage d'une langue comme le français mérite à juste titre d'être encouragé et par suite d'être soutenu par des mesures appropriées susceptibles d'en promouvoir le perfectionnement et la consolidation parmi la masse des étudiants23(*) .. L'étudiant libyen est-il apte à réaliser des performances en français ? Tout être humain est doué d'une intelligence,d'une énergie physique latente,des facultés motrices susceptibles de le faire mouvoir et d'agir au moment opportun,des désirs ou pour mieux dire des ambitions cachées dans les replis de son cerveau,et qui cherchent à s'extérioriser ,à se matérialiser dans la réalité concrète et ne peuvent le faire qu'à condition de leur aplanir le terrain,de leur ouvrir la voie pour se libérer et prendre l'essor vers la lumière... Ainsi l'étudiant libyen ne pourra jamais faire de progrès qu'en l'entourant de la sollicitude et du soin dont il a besoin :nous le disons dans ce mémoire et nous osons le répéter indéfinément ;aucun progrès en quelque domaine que ce soit , ne se réalisera jamais sans planification,sans préparation et sans mobiliser les efforts nécessaires, joints aux potentialités matérielles ,sur lesquels s'appuiera le processus en vue d'assurer les progrès escomptés.. Partant de ce point de vue,nous pouvons induire que,pour permettre à l'étudiant d'acquérir la compétence nécessaire en matière linguistique,il est indispensable -et c'est une condition sine qua non-de le sensibiliser au bienfait du travail et de l'effort,de le préparer à prendre conscience de son avenir.. Mais de nos jours,cette planification,cette préparation adéquate,faisait gravement défaut,puisque,au niveau de l'infrastructure universitaire,on ne voyait rien qui puisse nous faire croire que l'étudiant est à l'aise et qu'il travaille dans des conditions favorables et idéales Pour lui permettre de faire le progrès auquel nous aspirons.. Ainsi,pour appuyer notre bonne foi de ce que nous avons avancé dans ce mémoire,et pour conserver notre intégrité en tant que chercheur fidèle,fidèle à notre travail et fidèle à notre conscience,nous avons visité ,il y a quelque temps ,les départements de français (à Sabrata et à Zawiya) et nous nous sommes rendus compte tout de suite de l'insuffisance -à tous les niveaux-qui régnait dans ces départements.. Il manquait des salles de cours 24(*),des tables enduites de poussière gisaient par terre,dans un état lamentable,la plupart sont disloquées ,brisées en morceaux, ;les murs mêmes ne sont pas épargnés :des inscriptions étranges y étaient griffonnées, :nous nous sommes aussitôt enquis à ce sujet :on nous a affirmé que des étudiants ,quelque temps avant l'examen,pénétraient subrepticement dans les salles et transcrivaient leurs cours sur les parois murales,pour le recopier ensuite sur la copie d'examen Nous étions ahuris d'entendre de tels propos incroyables mais vrais... Dès lors,nous nous sommes posés sur-le-champ la question :pourquoi l'étudiant est-il amené à se plier à ce procédé malhonnête et qui n'est rien d'autre qu'une tentative de tricherie et de fraude ? Nous tenterons de répondre à cette question dans le cours de ce mémoire .. Mais pour le moment,expliquons les causes profondes de ces barbouillages étranges,de ces griffonnages qui ne furent pas d'ailleurs le produit gratuit d'une attitude malhonnête et irresponsable .. Ces griffonnages ont des causes enracinées profondément dans notre système d'enseignement du FLE !Comment ?Nous allons avancer succinctement quelques détails sans hypocrisie et en toute intégrité :Ces barbouillages -et en référence à de nombreuses enquêtes entreprises depuis que nous avons opté pour le sujet de ce mémoire -ne sont que les indices irréfutables que la stratégie mise en place pour la didactique des langues est vouée à l'échec.La preuve matérielle ? Nous l'avons sous les yeux ! C'est une preuve concrète,authentique et qui nous conduit à poser une fois de plus,cette question :pourquoi l'étudiant est-il amené à frauder dans ses examens ?Ce sont les méthodes elles-mêmes qu'il fallait incriminer,ce sont les équipements didactiques,dont nous avions fait précédemment un tableau critique,c'est encore l'absence de cadres enseignants compétents et pour le dire avec plus de franchise ,c'est aussi la difficulté de la matière à enseigner--que l'étudiant libyen n'arrive et n'arrivera jamais à appréhender et à connaître de manière acceptable ,que lorsqu'on procédera à une réforme globale de la politique relative à la didactique du FLE Si l'étudiant se sentait obligé de frauder,c'est parce qu'il n'a pas été préparé dès l'enseignement primaire ou secondaire à accepter,à digérer cette langue Alors de quelle compétence linguistique peut-on parler dans une pareille situation ? Et quel genre de performances l'étudiant sera-t-il capables de réaliser ? Les supports didactiques surtout pour l'expression orale et écrite tout comme les méthodes sont multiples et innombrables et dans ce contexte aussi,il serait bon de faire notre choix et le choix le plus plausible,à notre avis,demeure en toutes circonstances,en particulier dans les pays arabes,comme c'est notre cas,un écran et appareil cinématographique avec des sketches,des saynètes,et des séquences éducatives pour permettre à l'étudiant de se familiariser avec le langage courant et la bonne prononciation.. La plupart des méthodes didactiques du FLE sont conçues et établies par le CREDIF ou par l'alliance Française qui propage à travers le monde la revue bien connue intitulée le francais dans le monde25(*) On ne peut pas le nier,cette revue a largement contribué à la vulgarisation de la la langue française à travers le monde,mais toutes les méthodes suggérées sont faites pour des formateurs français,ou européens.Pire encore ces méthodes ignorent les spécificités et les aptitudes mentales des étudiants arabophones dont les tendances psychologiques et les capacités d'assimilation diffèrent de beaucoup de celles de leurs collègues européens Il est vrai que,pour enseigner le FLE à des étudiants non-francophones,il faudrait acquérir des méthodes spécifiques qui ont fait leur valeur et qui sont autant d'instruments qui permettront aux étudiants d'accéder à cette langue,qui leur est par ailleurs étrangère et d'en connaître les secrets afin de parvenir à l'assimiler et de là à la maitriser..de manière satisfaisante.. De tout temps,nous avons été amené,en raison bien évidemment de la mission d'enseignant qui nous a été échue,à promouvoir et à perfectionner ces méthodes pour les adapter à l'esprit et à la mentalité des étudiants arabophones. On n'enseigne pas le français et l'arabe avec la même méthode ,il serait logique dans ce contexte de songer aux spécificités de chaque langue et de chaque apprenant,l'on se rend compte aussitôt que tout est différent et que,pour assurer un enseignement adéquant et rigoureux ,il serait de bon ton d'adapter,d'acclimater ces moyens de communication au milieu estudiantin dont on a la charge,autrement l'on risquerait de tomber dans la routine et la stérilité.. Comment créer chez l'étudiant libyen la motivation et la persévérance ? Lorsque l'on examine de très près notre étudiant,l'on s'aperçoit d'emblée qu'il lui manque l'esprit d'initiative ,qu'il est en quelque sorte un peu indolent ,désinvolte et généralement de nature passive ,ce qui veut dire qu'il est la plupart du temps occupé à quelque chose qui n'a aucun rapport avec ses études ,qu'il ne participe pas au moment du cours,qu'il est là pour recevoir passivement et parfois dans une indifférence morbide des leçons dont il ne laisse pas de traces mais qui s'envolent comme de l'air... Cet état de choses,personnellement,nous l'avons connu,puisque,nous avons cotoyé de très près l'étudiant ,dès sa première année jusqu'à l'étape finale de ses études et nous avons conclu qu'il a tendance à consommer plus qu'il ne produit,cela est peut-être dû à son âge qui frisait pas moins de vingt deux ans Mais une des raisons essentielles de cet état d'apathie ou de cette indolence quasi perpétuelle que nous avons constatée chez l'étudiant de la présente génération,remonte à son enfance où l'on n' a pas pris tout ce qui est nécessaire en vue de lui insuffler ce qu'on appelle généralement du »punch »,de l'audace et de l'énergie.. De plus il est très susceptible,se démoralise facilement,et se décourage à la moindre anicroche... Il ne possède pas la résistance de ses ancêtres,réputés par leur bravoure et leur courage,surtout en face du danger et les situations difficiles... Pour notre étudiant,un rien le décourage et le met au désespoir,tue en lui toute volonté de résistance et de fermeté... Nous revenons toujours à son enfance et en particulier à la période de sa première scolarité... On peut dire,d'après nos propres recherches à ce sujet,que cette phase,qui est généralement déterminante pour la formation de la personnalité de l'étudiant,fut gravement négligée..Et dans ce cas,il ne nous est pas possible de blâmer les parents,car la plupart étaient des analphabètes,et par conséquent ils n'étaient pas aptes à assurer à leur progéniture une éducation morale et culturelle solide Mais ce que nous osons blâmer sans réticence,c'est le système scolaire,ce sont en l'occurrence les éducateurs ,les pédagogues,et les instituteurs 26(*) qui n'ont pas pris soin à ce stade de la formation intellectuelle,psychologique et morale de l'étudiant C'est à ce monde là que nous devons adresser nos reproches sévères pour avoir failli à leur devoir le plus élémentaire,à savoir,former l'esprit de l'enfant,galvaniser son énergie naissante,lui inculquer les principes de justice , de l'amour du travail et l'attachement indéfectible au devoir bien accompli En effet,c'est à partir de cette phase,qu'il fallait inculquer chez l'étudiant,le sens de la motivation et de la persévérance On aurait pu lui apprendre comment affronter de face les difficultés ,comment surmonter Les obstacles qu'il allait rencontrer dans sa vie d'adulte ;comment s'intéresser à la culture ,à acquérir constamment de nouvelles connaissances pour meubler son esprit,pour se montrer en homme civilisé,ayant du savoir -faire et du savoir-vivre,pour ne pas perdre tout crédit aux yeux des autres... Or toute motivation,tout amour du travail,toute persévérance et tout achement au devoir,tout cela ne peut se réaliser ,qu'à partir de l'enfance ,puisque,une fois que l'étudiant n'est plus un enfant,comme il prétendait être,notre tâche sera quasi impossible pour concrétiser en lui ces impératifs fondamentaux... Nous affirmons cela en connaissance de cause,car l'étudiant n'est plus effectivement cet enfant nous avons eu entre les mains et que nous pouvions diriger à notre guise Maintenant,nous sommes en face d'un jeune homme ,dont la taille dépasse parfois la nôtre et nous ne pouvons rien saisir et qui nous échappe comme de l'eau entre nos doigts. Le milieu social et l' étudiant libyen. Quand on parle de l'américain,du japonais ou encore de l'européen,c'est toujours avec respect et une profonde considération.. ! Ce respect,cette considération ne vont pas en vérité à l'individu en tant que tel,mais au type de société où vit cet individu.. Or le milieu social est le moule où se forme l'individu à tous les niveaux :on parle de l'américain ce n'est pas comme on parle du somalien :chacun de ces individus vit dans un milieu différent :l'un,nous voudrions dire l'américain,vit dans un milieu prospère,riche,généralement cultivé,et en état de progrès constant,où l'aisance matérielle est un phénomène naturel,ancré dans le sein de ce milieu ,que rien ne trouble ou entame sa stabilité.. Par contre,le somalien ou n'importe quel africain du temps moderne,vit dans un milieu inculte et où le progrès matériel et intellectuel est quasiment nul.. Ce qui nous conduit à affirmer que le milieu social est généralement le creuset où se concrétise ,se réalise et se consacre la primauté de l'individu.. ! Il en est de même du milieu où vit actuellement l'étudiant libyen... Si le milieu avait connu ,à un certain moment,la prospérité matérielle,un certain développement de la culture intellectuelle,ce n'est plus le même cas aujourd'hui,après plus de trente ans d'embargo et d'hostilités étrangères,des complots ourdis dans l'ombre par des ennemis du peuple libyen... Comme corollaire à cette crise,le milieu social est devenu ,de nos jours, plus matérialiste,tout en demeurant presque fermé à tout ce qui est culture et savoir27(*).. C'est un milieu pétri de piété-en apparence-la piété est sa nourriture intellectuelle,le fondement réel de son organisation et de son fonctionnement ,d'autant plus que nous devenons sceptique au sujet de cet attachement exclusif à la piété :ce n'est que la façade d'un édifice dont on ignore au juste ce qui se mijote à l'intérieur..
C'est la raison pour laquelle notre milieu est demeuré à l'état statique ,sans évolution réelle,un milieu où le dynamisme ,l'amour du progrès ,de la technologie moderne,s'en trouvait quasiment exclus.... Il y a des moments où l'on a même mis en doute le progrès de l'informatique,allant jusqu'à dire que c'est un moyen d'aliénation,d'impérialisme culturel.. Nous affirmons donc que,plus le milieu social est instruit,ouvert,cultivé,plus l'étudiant se trouve plus à l'aise,affine ses facultés ,s'attache naturellement à l'amour du progrès et à l'affirmation de sa personnalité.. En un mot,un milieu social instruit,éclairé,c'est le berceau où se réalise ,se développe l'esprit de l'étudiant ;tandis qu'un milieu où règne l'indigence intellectuelle ,où domine le fanatisme religieux et l'attachement exclusif à la matière,ce milieu ne produit qu'un étudiant faible,lâche,sans volonté,analphabète et fermé à tout progrès.. Ainsi,pour aller un peu plus loin dans notre analyse de la question,nous disons que, dans tout milieu social,on trouve deux pôles :le temporel et le spirituel .Or il ne doit jamais y avoir un déséquilibre entre ces deux pôles et si jamais ce déséquilibre venait à se produire, le milieu social se dégraderait ,se perturberait et ne retrouverait plus sa stabilité naturelle.. Le temporel relève de la matière alors que le spirituel relève de l'intelligence et entre les deux phénomènes ,on doit s'assurer un équilibre fondamental pour pouvoir donner à ce milieu social sa raison d'être... Conclusion :dispositions et limites des possibilités C'est alors que le milieu social,les méthodes d'apprentissage,l'absence de volonté chez l'étudiant ,due en premier lieu à une mauvaise éducation dès l'enfance ,les caractéristiques inhérentes à la langue française,en tant qu'instrument peu malléable,tout cela constitue autant de problèmes majeurs pour l'étudiant libyen,... Tout étudiant,de quelque niveau qu'il soit,doit avoir de la passion pour telle ou telle matière,il peut avoir du goût pour la matière qu'il étudie :donc le comportement de l'étudiant vis-à-vis de la matière qu'il apprend est fondamental EN CE sens qu'on ne peut pas ou qu'on ne doit pas imposer de force une telle ou telle matière à l'étudiant :dès lors le choix de ce dernier dans ce cas doit être pris en compte si nous voulons que l'oeuvre que nous entreprenons réussisse et donne ses fruits.. Un tel étudiant peut avoir du penchant pour une telle matière ,mais il ne peut pas,comme il est naturel d'ailleurs,d'avoir du goût pour une autre qu'il répugne,parce qu'il sent qu'elle n'est pas faite pour lui et c'est son droit,étant donné qu'il est parvenu déjà à une maturité d'esprit relative qui lui permet de juger,de refuser ou d'accepter Or plus il s'attache à cette matière ,plus il y réussit sans aucun doute... .. On a vu beaucoup d'étudiants qui n'ont aucun goût pour le français,si bien que leur niveau en cette matière est resté nul ;d'autres,par contre,qui ont montré presque de la passion pour cette matière,malgré les quelques difficultés dont nous avions fait état plus haut,sont parvenus à un niveau acceptable ::nous ne pouvons pas dire qu'ils sont désormais capables de s'exprimer correctement dans cette langue ou de l'écrire selon les règles inviolables de la grammaire,mais ils sont devenus capables en tout cas à déchiffrer un texte simple et à en connaître le sens...c'est le but d'ailleurs de notre enseignement actuel du FLE ,car,en raison des conditions didactique de cette discipline,il est impossible d'aller au-delà de ce niveau ! Donc tout dépend du goût ou du penchant que l'étudiant peut avoir pour la matière choisie ! Sans oublier par ailleurs le type ou la nature de la discipline choisie :parce que la discipline de géographie ou d'histoire ou encore la discipline d'arabe :ce sont des disciplines à première vue plus faciles,plus commodes et plus aisées à digérer ,à approfondir que la discipline de français ou même d'anglais... Or le type de la discipline,son étendue,sa complexité,son caractère neuf pour l'apprenant.. :tout cela peut constituer un motif pour son rejet de la part de l'étudiant.. Dans tout projet d'étude,que ce soit le français,ou toute autre discipline ,ce qui est impératif à plus d'un titre,c'est l'amour pour cette matière,c'est le goût que l'on peut avoir pour elle ,qui permettra à l'étudiant de faire du progrès.. ET de plus l'étudiant ne peut faire preuve de bonne volonté vis-à-vis de la matière qu'il étudie que,lorsqu'il s'aperçoit qu'il a du goût pour elle,qu'il l'aime pour de bon et qu'il aspire à y réussir à tout prix.. ! Donc c'est ce goût qui est essentiel pour l'étudiant :mais comment peut-il savoir qu'il éprouve du goût pour cette matière ?et c'est ce qui nous oblige à faire un retour vers sa première éducation..c'est qu'il a eu dans le passé un certain attachement ,une passion latente, pour cette matière qu'il rêvait d'apprendre et cette propension,pour parler psychologiquement, n'est qu'un écho qui remonte du passé de l'étudiant28(*) .. Ce qui fait que,pour dire vrai,tout travail doit avoir comme origine un germe d'amour ,qui le justifie,le développe et le projette à la réalité.. Ainsi l'apprenant du français ne peut accomplir du progrès dans cette matière que lorsqu'il a vraiment de l'amour pour cette langue ;sans cet amour,sans ce goût inné,il ne pourra jamais faite le moindre pas en avant29(*).. Mais s'il s'aperçoit qu'il est prêt à avoir du goût pour cette matière et que,par conséquent,il pourra faire des progrès tout en considérant que son avenir y est subordonné,il se livre à cette activité sans hésitaton.
* 21 La langue italienne n'était connue à cette époque que par ceux qui occupaient des postes dans l'Administration italienne ou bien ceux qui s'étaient ralliés au colonialisme et ils étaient peu nombreux ,probablement par obligations professionnelles ou même pour affairisme,souvent louche et peu scrupuleux. * 22 Consulter à ce sujet l'article intéressant de Roger Godard intitulé « les simulations globales :le village « Dialogue et Culture n°45 2003 * 23 C'est un point essentiel :nous ne manquerons pas de la traiter à fond dans les chapitres suivants. * 24 -Plusieurs départements ( environ 9 départements)se partageaient pas plus d'une vingtaine de salles et il y a eu parfois des conflits,des frictions entre ces départements à cause des salles... * 25 -Ce magazine de réputation internationale a été pour nous une source intarissable d'informations et de renseignements divers qui nous ont permis d'élaborer la plus grande partie de ce mémoire :les articles intéressants qui y sont contenus sont porteurs d'une vision pédagogique fondamentale. * 26 Nous ne devons pas omettre de rappeler que nous aurons l'occasion de parler en général du corps enseignant libyen ,à l'égard duquel nous nous montrerons plus juste et plus équitable.. * 27 Depuis quelque temps nous avions assisté à un fait étrange :Le portail de la faculté des lettres de Sabrata se trouvait constamment saturé par l'encombrement des voitures et le va-et-vient des piétons.Or la Direction de la Faculté avait pris des mesures pour ouvrir une petite porte réservée aux étudiants du côté nord de la faculté.Quelques habitants du quartier du côté où fut ouverte cette porte se sont coalisés pour demander la fermeture de cette porte et la direction a obéi à leurs exigences * 28 Voir à ce sujet l'ouvrage de Freud pp.123 et suivantes « l'enseignement de la Psychanalyse dans les Universités » c'est une ancienne édition qui remonte à 1919 ,aujourd'hui épuisée On ne sait pas toutefois s'il y a eu d'autres éditions en Europe depuis cette date. * 29 Ce n'est pas du dogmatisme de notre part,mais c'est par expérience qu nous affirmons cela,en raison de notre longue carrière dans le domaine... |
|