2.1. Approche notionnelle
L'approche notionnelle s'oriente vers la définition
des termes techniques dont l'éclairage entre dans la
compréhension de ce travail. Les termes techniques pertinents à
définir seront présentés dans leurs acceptions les plus
couramment utilisées dans les sciences de l'éducation, avec une
préférence pour les dimensions applicables à ce
travail.
2.1.1. L'orientation scolaire
L'orientation scolaire est en même temps une discipline
et une pédagogie, visant à baliser et à canaliser les
compétences des apprenants et leur aspiration vers un avenir
socioprofessionnel. L'orientation scolaire dans ce sens, tient en même
temps compte des possibilités individuelles et des besoins collectifs
relatifs à l'emploi et à la formation professionnelle. Ainsi
approchée, l'orientation se situe à l'articulation de
l'éducation, de la pédagogie, de la taxonomie et de la
didactique. Elle suppose en même temps une gestion de l'information sur
les formations et sur les débouchés, fonde leur mise en
application dans le cadre des singularités. Ainsi, l'orientation
scolaire met à contribution la motivation des apprenants dans la
perspective de la réalisation de leurs projets professionnels. Certains
auteurs insistent sur la place primordiale de l'information scolaire
définie comme « l'information sur les métiers et les
études, mais aussi le choix de diriger un élève vers
l'enseignement professionnel, le faire redoubler, lui suggérer telle ou
telle option dans l'enseignement technique ou général. Au sortir
de l'enseignement secondaire, en fonction de l'orientation, des portes seront
ouvertes et d'autres parfois définitivement fermées »
Seron (2007 : 5). En tout état de cause, nous retiendrons l'acception
qui fait de l'orientation scolaire une discipline ou une spécialisation
qui s'occupe de former et de préparer les individus aux choix
socioprofessionnels, en intégrant des ressources multiples, subjectives
et objectivables. 2.1.2. L'éducation
Le terme éducation, malgré sa proximité
évidente de la vie contemporaine, est paradoxalement assez difficile
à définir. Comme le terme pédagogie, celui
d'éducation est essentiellement plurivoque, tant il est vrai qu'il
s'applique à des situations diverses et complexes. C'est ce à
quoi convient Hubert (1970 : 1) quand il écrit: « rien n'est
plus simple, semble-t-il, de définir les mots éducation,
pédagogie. Pourtant dès les premiers pas, les difficultés
surgissent, et de la définition que nous adopterons, dépendra
peut-être toute
l'orientation de notre étude. » Il
apparaît donc ici que le terme éducation prête à
plusieurs significations, en fonction des contextes et des centres
d'intérêt. Il serait oiseux de prétendre suivre ici toutes
les acceptions qu'aura pris au cours du temps le terme éducation. Nous
n'en explorerons que quelques unes.
De manière générale, le terme
éducation désigne une action que l'adulte exerce sur l'enfant, en
vue d'orienter ou d'infléchir son comportement. Le terme
éducation peut s'appliquer à une action formelle et
académique, ou à une action informelle individuelle ou sociale.
Très souvent, on parle d'éducation familiale, d'éducation
sociale, d'éducation académique, etc., pour signifier que
l'éducation intègre différents cadres, dimensions et
acteurs.
L'éducation apparaît nécessairement comme
une action exercée par différents acteurs, visant la formation
totale de l'homme. C'est ce qui a été souligné par
Piéron (1969), qui définit l'éducation comme «
l'ensemble des actions et influences exercées volontairement par un
être humain, en principe par un adulte sur un jeune et orienté
vers un but qui consiste en la formation dans l'être jeune des
dispositions de toutes espèces correspondant aux fins auxquels parvenu
à la maturité, il est destinée. » Dans l'optique
d'une telle définition de l'éducation, on peut comprendre que le
conseil scolaire, fait partie intégrante de l'action éducative,
puisqu'il constitue en même temps une action de formation et oriente les
individus vers des fins à caractère socioprofessionnel. C'est
dans ce sens que Bloch et al. (1997 : 413) définissent
l'éducation comme « action qui vise à développer
les potentialités d'un individu qui sont valorisées par le groupe
social auquel il participe. »
L'éducation vise par conséquent une action
formative qui prend racine dans la société et le corps social,
pour se continuer dans les systèmes formalisés/formels. Dans ce
sens, l'éducation constitue, selon Littré, un processus où
l'action de plusieurs acteurs convergent. C'est en définitive l' «
action d'élever un enfant, un jeune homme, ensemble des habitudes
intellectuelles ou manuelles qui s'acquièrent, et ensemble des
qualités morales qui se développent ».
De l'ensemble de ces définitions, nous retiendrons que
l'éducation constitue une action de transmission de l'héritage
social et intellectuel, qui a également en filigrane un idéal
moral. C'est cette acception de l'éducation qui place l'orientation
scolaire au centre des préoccupations éducatives.
2.1.3. La pédagogie
Comme déjà souligné, le terme
pédagogie semble familier. Mais sa définition ne coule pas de
source. De Claparède à Dewey, en passant par Decroly et les
théoriciens de
l'Education Nouvelle, la pédagogie a pris plusieurs
sens. Certains auteurs l'on tantôt abordé comme un art,
tantôt comme une science, tantôt une technique, tantôt comme
une philosophie. Bien souvent elle est comprise comme l'un ou plusieurs de ces
éléments.
Art d'enseigner, technique de transmission de la
connaissance, science de l'enseignement, philosophie de l'éducation,
toutes les approches ont été exploitées pour donner un
sens à la pédagogie que Bloch et al. (Op. Cit.) voient comme une
« méthode des pratiques éducatives ; science de
l'éducation ». Ces auteurs, dans cette approche, insistent sur
le fait que « la pédagogie désigne plus aujourd'hui
qu'une méthodologie des pratiques d'éducation » tant il
est vrai que la situation pédagogique s'est complexifiée et
intègre désormais des dimensions affectives et des dimensions
inconscientes. La pédagogie utilise non seulement les techniques de
transmission du savoir, mais également la dynamique de groupe et les
situations transférentielles décrites par Freud. C'est en tenant
compte de la complexité de la situation pédagogique que Hubert
(1970 : 1) déclare que « la pédagogie a pour objet
d'élaborer une doctrine de l'éducation, à la fois
théorique et pratique comme doctrine de la moralité dont elle est
le prolongement et qui n'est exclusivement ni une science, ni une technique, ni
une philosophie, ni un art, mais tout cela ensemble et ordonné selon des
articulations logiques ». On peut donc dire ici sans risque de se
tromper que l'orientation scolaire participe de la situation pédagogique
dans la mesure où elle s'oriente vers la formation et l'information.
Avec l'évolution des sciences et la complexification
des apprentissages, plusieurs modèles et procédés
pédagogiques sont nées, avec des niveaux variables de pertinence
et d'efficacité. Ce qui a conduit à leur étude et à
leur applicabilité, faisant émerger la didactique. 2.1.4.
La didactique
Bien souvent, des confusions sont faites entre la didactique
« science qui étudie les pratiques et les méthodes de la
pédagogie » (Bloch et al. Op. Cit.) et la pédagogie, la
science qui traite des procédés de transmission de la
connaissance. Cette confusion entre didactique et pédagogie a
été introduite d'ailleurs dès les débuts de l'Ecole
Nouvelle. Dans l'ouvrage de Comenius, La Grande Didactique, le terme
didactique est utilisé comme synonyme de pédagogie. Cependant,
l'évolution de la pédagogie et la pratique pédagogique ont
permis de distinguer le contenu des deux termes dont la distinction est
capitale aujourd'hui en spécialisation (Brousseau, 1998 ; Chevallard,
1985 ; Delacôte, 1996). Le rapport direct entre didactique et
étude des pratiques et méthodes est donné par
l'Encyclopédie libre Wikipédia selon lequel « la
didactique est l'étude des questions posées par l'enseignement et
l'acquisition des connaissances dans les différentes disciplines
scolaires ». Selon cette
encyclopédie en ligne, la didactique se distingue de
la pédagogie « par le rôle central des contenus
disciplinaires et par sa dimension épistémologique. »
On peut donc dire que la didactique se pose comme une science qui a pour objet
la pédagogie. Elle est science de la pédagogie comme
l'épistémologie est science des sciences. Elle permet à
cet égard l'étude des systèmes pédagogiques et leur
classification, pour constituer une sorte de taxonomie des approches
pédagogiques.
2.2. Revue de la littérature
La revue de littérature portera sur l'orientation
socioprofessionnelle et l'usage progressif qui y est fait des technologies de
l'information et de la communication, autant par les éducateurs que par
les apprenants
2.2.1. L'orientation socioprofessionnelle
L'orientation scolaire aujourd'hui, est une
réalité inséparable de l'école. On l'instaure de
plus en plus tôt dans les cursus scolaires. Cette précocité
s'explique à différents niveaux, par la professionnalisation de
l'orientation scolaire et par la demande de plus en plus précise des
spécialisations dans les filières professionnelles, en fonction
des exigences des milieux professionnels. Puisque dans la plupart des
systèmes éducatifs les élèves sont concernés
par l'orientation scolaire dès les débuts de leur scolarisation,
l'orientation scolaire doit s'adapter à cette réalité. Ce
besoin d'orientation va s'accroître de plus en plus pour trouver son pic
à l'adolescence, tranche d'âge où l'élève
fait face à des mutations et à des crises identitaires.
L'orientation scolaire va s'articuler à ce niveau- comme d'ailleurs
à tous les niveaux de l'orientation scolaire, mais avec moins d'urgence
-, au carrefour de la pédagogie, de la psychologie, de la sociologie et
de l'économie, pour répondre au besoin d'identification et
d'accomplissement du jeune. Au Cameroun, surtout dans les lycées
d'enseignement général, les adolescents se trouvent
inévitablement confrontés au choix des filières, à
partir de la classe troisième, qui auront une incidence immédiate
sur son orientation universitaire et sur son choix professionnel.
· L'orientation scolaire et la crise
identitaire
Dans son ouvrage intitulé : Le sens de
l'orientation : une approche clinque de l'orientation scolaire et
professionnelle, Baudouin (2007) pose le problème psycho clinique
inhérent à toute orientation socioprofessionnelle visant les
adolescents. Il montre en l'occurrence comment en France, l'orientation
scolaire, devient imposante à partir de quinze ans. Non seulement le
choix d'un métier ou d'une formation devient obligatoire à cet
age, l'adolescent est confronté à la crise identitaire. Pour
l'auteur, le fait que l'adolescent se trouve
confronté à des choix qui orienteront sa vie
future à un moment de sa vie où il se cherche des repères
à différents niveaux de sa personnalité sociale et
individuelle, impose la prise en considération d'éléments
cliniques intégrant le counseling au conseil d'orientation. Ainsi, les
difficultés de choisir une orientation scolaire sous-tendues par des
choix identificatoires difficiles à cette période
charnière de la vie de l'adolescent, doivent être abordées
concomitamment à la crise d'adolescence. En faisant
référence à la psychanalyse et à d'autres travaux
de spécialiste de l'adolescence, l'auteur souligne l'importance des
références inconscientes qui déterminent les choix
à l'adolescence. Des interrogations saillantes sur les
déterminismes psychologiques et socioculturelles amènent l'auteur
à interpeller l'orientation scolaire sur les choix et la liberté
de choisir qui sont posés avec pertinence par l'adolescence. L'auteur
souligne également ici la responsabilité des parents, des
spécialistes du conseil et des pédagogues, en vue d'amener les
adolescents à une plus grande lisibilité des choix qui tiennent
compte des valeurs réelles de l'apprenant, de ses potentialités
mais aussi de ses fantasmes et de son imaginaire.
· Les bases socioéducatives de
l'orientation socio professionnelle
Publiée en 2007, sous le titre : Activité
d'orientation et développement des métiers,
la revue Education permanente, dans son numéro 17,
s'est appesantie sur les bases socioéducatives de l'orientation. Ce
thème y est abordé sur divers plans, à partir de
situations diverses : l'école, la validation des acquis et les bilans de
compétences. Cette revue montre comment les ressources multiples entrent
en synergie pour servir l'orientation scolaire. Les articles qui y sont
présentés sont issus d'une collaboration entre des professionnels
de l'orientation scolaire et des chercheurs sur divers domaines de
l'éducation. Ces différents spécialistes, conseillers
d'orientation, psychologues, formateurs associés au travail de
validation des acquis, s'interrogent sur les récents
développements qui sont survenus dans l'exercice de l'orientation et
soulignent l'importance de la situation pédagogique sur l'orientation
socioprofessionnelle. L'orientation scolaire n'est plus l'apanage des seuls
membres du corps éducatif formel, ou des conseillers
spécialisés, mais utilise toutes les ressources
socioéducatives pour répondre à sa vocation.
Diverses problématiques sont abordées dans
cette revue, qui vont de la didactique de l'information sur les métiers,
« à l'activité et aux conditions de son
développement, dans les situations de travail ordinaires et dans les
périodes de transition inhérentes au travail d'orientation.
»
· Orientation et genre
La question du genre occupe une place importante dans la
littérature publiée sur l'orientation scolaire. En effet, il a
été remarqué concernant le genre que les filles et les
garçons n'ont pas toujours les mêmes préférences
pour les formations universitaires et pour les métiers. Seron (2007 : 1)
note qu' « alors que les bancs des auditoires de psychologie sont
remplis de jeunes femmes, ceux de sciences appliquées grouillent de
garçons. Dans les Hautes Ecoles, les filles représentent plus de
75% des étudiants dans le secteur paramédical, et seulement 10 %
des élèves du secteur technique. Bien des influences expliquent
ces écarts et la persistance d'une ségrégation scolaire
puis professionnelle, mais certaines sont spécifiques à
l'orientation scolaire. » L'orientation scolaire encore aujourd'hui,
se heurte donc à des préjugés socioculturels relatifs au
statut de l'homme et de la femme, à la représentation du jeu de
rôle et à la configuration sociale des rapports sociaux de sexe.
Ainsi, en Afrique comme en Occident, persistent encore, quoique qu'en
proportion dissymétrique, la représentation du métier et
de la formation de la fille en rapport avec le ménage ou la famille
(Alaluf, Imatouchan, Marage, Pahaut, Sanvura, Valkeneers &
Vanheerswynghels, 2003 ; Ernst, 2003 ; Gottfredson & Lapan, 1997 ; Morgan,
2001 ; Zeldin & Pajares 2000). L'on a notamment souligné que les
filles choisissent généralement volontiers les filières
à orientation moins prestigieuse et moins technique que les
garçons. Ceci se soutient toujours des préjugés sociaux
qui entourent encore l'orientation professionnelle, malgré les
avancées majeure enregistrées dans la promotion de
l'égalité des genres.
Il a été enregistré quelques facteurs de
causalité qui se repartissent entre les préjugés de genre
dans le système d'orientation, les représentations sociales du
genre et le sentiment d'efficacité personnelle : « à
côté des influences directes des orienteurs, deux autres
phénomènes, que nous avons déjà abordés par
ailleurs, jouent sur les choix que posent les adolescentes : le manque de
confiance en leurs capacités et la représentation très
masculine du métier d'informaticien. Dans les domaines scientifiques et
technologiques, les filles ont des niveaux d'efficacité personnelle
inférieurs aux garçons, et ce, en dépit de
résultats scolaires parfois supérieurs. » Seron (2007 :
Op. Cit.). Les filles auraient plus d'attrait pour les filières
littéraires, les sciences humaines et sociales, et s'orienteraient peu
dans les filières techniques et scientifiques. Gottfredson et Lapan
(1997) identifient trois critères qui orientent le champ de
carrières possibles : la compétence perçue, le prestige de
la profession et la compatibilité au genre. Les étudiants qui
sont confrontés aux problèmes de l'orientation se
réfèrent souvent à ces trois critères pour
éliminer les choix qui sont incompatibles.
· Orientation et information
Plusieurs travaux ont été effectués dans
le domaine de l'orientation scolaire en rapport avec l'information. Au fond,
tout le métier de conseiller d'orientation se fonde sur la notion
d'information. Certains auteurs (Ernst, 2003 ; Gottfredson & Lapan, 1997
; Morgan, 2001 ; Zeldin & Pajares 2000)
insistent sur le rôle de l'information dans l'orientation scolaire et
socioprofessionnelle. A l'heure de la mondialisation de l'information, le monde
scolaire et professionnel est extrêmement mouvant et dynamique. Les
domaines de compétences et de formations évoluent à une
vitesse vertigineuse. Il apparaît donc crucial pour les apprenants et
pour les professionnels de l'orientation d'être informés de
l'essentiel de ces mutations.
2.2.2. La place des TIC dans l'orientation scolaire et
professionnelle
L'éducation en général et la
pédagogie en particulier - et par ricochet l'orientation scolaire -,
sont des disciplines qui requièrent des ressources multiples pour
répondre à leurs objets. Puisque ces disciplines sont à
l'articulation des productions matérielles et intellectuelles, ils sont
la charnière des acquisitions, des qualifications et compétences
aussi bien des apprenants que des éducateurs, les professionnels de
l'orientation en particulier.
Les défis de la pédagogie comme ceux de la
l'orientation scolaire, à cause de leur importance incommensurable pour
le développement, la formation de l'homme et l'émancipation des
sociétés, se fondent sur des enrichissements divers,
multisectoriels et sur des références à des ressources
multiples. Trois points importants sont à souligner qui illustrent le
besoin de pourvoir ces disciplines en ressources diverses, pour renforcer leur
efficacité opérationnelle :
· L'articulation de la pédagogie
à la formation totale de l'homme et à l'autonomie de sa
pensée
Toute science en général doit participer
à la formation totale de l'homme, de manière à le doter
d'outils indispensables à son émancipation. Cette formation
requiert des ressources pédagogiques enrichies de différentes
sources, pour permettre à l'apprenant comme à l'enseignant et au
conseiller d'orientation, de parvenir à une autonomie de la
pensée et, surtout, à une autodétermination. Cette
autodétermination trouve sa concrétisation dans l'accomplissement
socioprofessionnel que l'orientation a pour rôle de préparer et
d'enrichir, notamment, en favorisant l'auto apprentissage et la prise de
conscience de soi et de des capacités personnelles (Zeldin, &
Pajares, 2000 ; Brynjolfsson & Yang 1996).
· L'articulation de la pédagogie
à la connaissance et à la maîtrise de la nature
La pédagogie comme science de la transmission de la
connaissance est charnière à toute acquisition intellectuelle qui
permet à l'homme de maîtriser le monde et de pouvoir s'y adapter.
Ainsi, l'orientation scolaire si elle est efficace, permet
l'émancipation des connaissances et des potentialités à
leur plus haut niveau de rentabilité (Education permanent, 2007 ;
Durpaire, 1997).
· Articulation au développement humain,
social et économique
La pédagogie est enfin, à l'articulation de
tout développement humain et sociétal. Elle utilise à cet
effet le conseil scolaire pour la formation des métiers et
l'éclosion des capacités en favorisant l'expression du talent et
l'exploration des ressources intellectuels des apprenants (Guichard &
Huteau, 2007). La pédagogie est envisagée ici comme un art qui
porte et oriente le conseil d'orientation.
Cette triple articulation de la pédagogie à
l'orientation, induit de manière inévitable, une
démultiplication de références et de ressources qui ont
été diversement utilisées au fil des siècles et du
développement de la pensée humaine.
2.2.3. La contribution des multimédias et TIC
à l'essor de la pédagogie
contemporaine
Avec la révolution pédagogique introduite par
l'Ecole Nouvelle, un nouveau paradigme pédagogique a été
mis en place, intégrant l'apprenant dans la situation
pédagogique, comme ressource. Cependant, les connaissances
technologiques de l'époque ne permettaient pas d'intégrer dans la
situation pédagogique, des ressources nouvelles, comme celles que l'on
connaît aujourd'hui dans le domaine du multimédia ou plus
généralement des TIC.
Le moins que l'on puisse dire est que le
20ème siècle a été le siècle du
développement technologique et de la mise à contribution des
technologies de la communication et de l'information dans les champs de la
pédagogie. Ce qui l'a enrichi beaucoup enrichie. Progressivement, avec
le développement des ressources technologiques, la pédagogie
s'est enrichie de ressources nouvelles. L'avènement de l'écran
cathodique et de la cinématographie a permis d'introduire de nouvelles
ressources visuelles importantes en pédagogie. Par le moyen des films
documentaires, des films éducatifs, des projections sur diapositives, la
pédagogie est devenue une science de proximité. La
découverte de l'outil informatique, et surtout, son application à
l'Internet et à l'Intranet ont complètement
révolutionné le champ de la pédagogie de l'orientation
scolaire. Aujourd'hui, l'école formelle ne constitue qu'une interface de
la réalité pédagogique plus que jamais dynamique. Les
apprentissages à distance
se sont de plus en plus multipliés, jusqu'à
atteindre le domaine universitaire. Le choix des formations et des
carrières passe largement aujourd'hui dans les champs du
numérique au travers des TIC (Bibeau, 1996 ; 2003 ; Brynjolfsson &
Yang, 1996).
Cet ensemble de faits a été à l'origine
de la préoccupation majeure qui nous a permis de fonder notre sujet de
recherche. Au vue de cette intégration progressive des TIC dans
l'éducation, la formation et l'emploi, où se place l'orientation
scolaire au Cameroun ? En posant cette question, nous nous situons dans la
nécessité actuelle de l'ouverture de tout le système
éducatif aux TIC, et spécialement, celui de l'orientation
scolaire. En effet, l'ouverture aux TIC constitue en même temps un
apport, un enrichissement et un défi pour le conseiller d'orientation
dans un contexte de sous-développement qui est celui du Cameroun,
où la documentation devenue de plus en plus hors de portée, est
d'ailleurs loin de répondre aux besoins. Ceci est encore plus vrai dans
un monde où la connaissance évolue à une vitesse
vertigineuse, au même titre que les ressources informatiques, dont les
champs de maîtrise et de culture doivent être sans cesse
actualisés, si l'on veut répondre à la vocation de
l'orientation scolaire moderne.
Plusieurs travaux publiés dans ce domaine soulignent
l'importance des TIC dans l'orientation scolaire et professionnelle.
Les technologies de l'information et de la communication (TIC)
qui ont
progressivement envahi le champ de l'orientation scolaire,
sont aujourd'hui incontournables (Conseil supérieur de
l'éducation, 2000 ; Matmati, 2001). Trois dimensions principales ont
été identifies : l'observation, l'analyse des flux et le suivi
individualisé des élèves ; la documentation et la mise
à disposition de l'information ; l'aide personnalisée à la
connaissance de soi, aux choix et à la décision, utilisant des
logiciels à caractère interactif et/ou psychologique.
Le concept d'éducation à l'orientation a ainsi
été mis en exergue, pour signifier trois axes de connaissance :
la connaissance de soi, la connaissance de l'environnement
socioéconomique et la connaissance des formations. La mise en oeuvre du
concept d'éducation à l'orientation a abouti aujourd'hui,
inexorablement, à la mise à contribution des TIC dans l'auto
information et dans l'autonomisation des apprentissages.
Il faut cependant noter que malgré l'importance accrue
des TIC dans le champ de l'orientation scolaire, un certain nombre de
difficultés s'opposent encore à leur intégration dans le
champ de la pédagogie en général. Pour Larose, Grenon et
Palm (2004 : 114), « Les obstacles à une mise en oeuvre plus
efficace, plus diversifiée et surtout mieux intégrée des
TIC en enseignement sont nombreux. Outre ceux qui relèvent des contenus
et de la cohérence
de la formation initiale ou continue qui leur est
offerte, les praticiennes et les praticiens sont confrontés à
plusieurs irritants environnementaux qui à la fois réduisent la
probabilité qu'ils utilisent plus et mieux ces ressources et qu'ils en
diversifient le profil d'intégration. Qu'il s'agisse de la
disponibilité des équipements, de leur qualité [...] de
celles des ressources humaines qualifiées ou compétentes qui sont
rapidement accessibles pour la praticienne ou le praticien, nos données
confirment la réalité de ces obstacles. ». Des auteurs
(Bibeau, 2004 ; Dufort et Bibeau, 2003 ; Gervais, 2000 ; Danvoye, 2002) ont
analysé ces difficultés. On peut globalement les classer en cinq
catégories:
· Les difficultés
économiques
Ces difficultés sont notamment liées au
financement des TIC, à l'acquisition de certaines applications et
contenus « qui entraînent des coûts récurrents pour
les commissions scolaires », au coût des abonnements annuels
à des périodiques ou à des vidéos en ligne,
à l'accès aux services d'animation pédagogique en ligne.
On peut également inclure dans cette rubrique le développement et
la mise à jour de banques de ressources numérique - qui est
également très coûteuse en temps et en personnels.
· L'indexation normalisée et la diffusion
des ressources numériques
Selon (Gervais, 2000) « Les enseignants et les
élèves éprouvent de grandes difficultés à
trouver l'information sur les contenus disponibles dans Internet.
L'appropriation par ceux-ci de matériel pédagogique et didactique
complémentaire en soutien aux apprentissages des élèves et
en complément aux ressources imprimées (manuels scolaires
notamment) semble toujours difficile même si les technologies sont
disponibles à l'école depuis le milieu des années
quatre-vingts. »
Au Cameroun, encore aujourd'hui, l'on n'a même pas
à disposition dans les universités, les ressources
numériques et les technologies de l'information et de la communication
à la portée de tous. Ce qui souligne évidemment que la
situation est plus dramatique dans les lycées et collèges.
· La qualité et l'évaluation des
ressources numériques éducatives
Il est très difficile pour l'élève
d'évaluer la masse d'informations disponibles dans le web, puisque
plusieurs contenus posent légitiment le problème de la
validité et crédibilité de l'information disponible,
« alors que le personnel enseignant désire utiliser des
ressources numériques parfaitement adaptées aux approches
pédagogiques ainsi qu'aux orientations. »
Au Canada par exemple, lors d'une enquête
effectuée sur l'utilisation des ressources du web à des fins
d'orientation scolaire (Karsenti, 2004) indique que « 42 % des
enseignants en formation ont déclaré avoir utilisé
Internet pour faire des recherches pendant leur dernier