INTRODUCTION
Le Sénégal, avec une superficie de 196720
km2, a une flore dominée par 06 familles : les Poaceae,
les Fabaceae, les Cyperacae, les Rubiaceae,
les Asteraceae et les Euphorbiaceae. La savane et la
steppe sont globalement les formations végétales dominantes. Sur
les 2500 espèces de la flore du Sénégal, celles dites
« médicinales » sont approximativement au nombre de 600 [45].
La répartition de cette flore au niveau national n'est pas
homogène, car elle est tributaire surtout de la pluviométrie qui
varie d'une zone climatique à une autre. Ainsi, le bassin arachidier et
la zone sud qui sont relativement bien arrosés disposent d'une flore
plus diversifiée.
La flore médicinale constitue une ressource
traditionnelle importante des populations africaines, mais surtout des
populations rurales qui y sont restées très attachées, non
seulement par commodité et pour des impératifs socioculturels,
mais également par nécessité. Ceci est lié au fait
que l'accès aux médicaments modernes a toujours été
hypothétique à cause de leur cherté et de la
pauvreté grandissante dans les pays en voie de développement.
Cependant, du fait des conditions climatiques
défavorables (baisse de la pluviométrie) combinées
à l'action de l'homme, beaucoup d'espèces sont menacées ou
sont en voie de disparition. La région naturelle du Sine-Saloum a vu son
patrimoine floristique s'éroder inexorablement depuis les années
1970, tant quantitativement (recul des superficies) que qualitativement (baisse
de la biodiversité), du fait des principales causes naturelles
(sécheresse et désertification) et anthropiques
(défrichement agricole, feux de brousse, coupes anarchiques de bois,
pratiques pastorales peu conservatrices, récoltes abusives de racines).
Dans les écosystèmes agro-sylvo-pastoraux sahéliens, il
existe un décalage entre l'appropriation commune de la terre et
l'appropriation individuelle des ressources naturelles.
La filière de commercialisation des plantes
médicinales est caractérisée par une consommation variable
d'une région à l'autre, une faiblesse de la productivité
en biomasse dans la moitié nord du pays, des méthodes de
cueillette souvent inappropriées et abusives, un mauvais choix de la
période de récolte et une absence de dispositions
réglementaires sur la cueillette et la commercialisation de certaines
espèces surexploitées. Ceci entraîne des variations de la
teneur des plantes en principes actifs. Cette situation risque de poser des
problèmes si des mesures conséquentes ne sont pas prises.
C'est fort de ce constat et dans le cadre de l'application des
recommandations de l'atelier de Saly Portudal de mai 1998 [88] et sur la base
des besoins exprimés par certains acteurs (herboristes,
tradithérapeutes, ONG, chercheurs des centres de médecine
traditionnelle et de pharmacopée), qu'un programme national de
conservation et de valorisation des plantes médicinales a
été initié par l'UICN, le Groupe de Recherche sur les
Plantes Médicinales (GRPM) de l'Université Cheikh Anta DIOP de
Dakar et ENDA-Tiers Monde sur financement du CRDI. Les problèmes majeurs
qui justifient ce programme dans les écosystèmes
agrosylvo-pastoraux de la région de Kaolack sont :
- la surexploitation et la dégradation des
pâturages,
- la connaissance insuffisante des espèces
médicinales,
- les contraintes naturelles et les menaces de disparition qui
pèsent sur certaines espèces médicinales.
1- connaître les déterminants
socio-économiques, les tonnages et les chiffres d'affaire par
espèce médicinale, ainsi que les parties utilisées
(écorces, racines, feuilles) par les ménages,
2- connaître la qualité et l'activité
thérapeutique des échantillons des marchés urbains par des
tests au laboratoire,
3- identifier les causes socio-économiques et
bio-physiques de la dégradation des plantes médicinales de
cueillette sauvage dans le bassin arachidier,
4- promouvoir des méthodes et techniques de repeuplement
des sites en espèces rares.
Dans la recherche d'institutions partenaires sur le terrain,
le choix s'est porté sur le Projet d'Auto Promotion et de Gestion des
Ressources Naturelles au Sine Saloum (PAGERNA) financé par la
coopération allemande (GTZ), l'Inspection Régionale des Eaux et
Forêts (IREF) de Kaolack appuyée par le Projet
Sénégalo-Allemand de Combustibles Domestiques (PSACD) et le
PAGERNA. Ces structures travaillent dans l'élaboration d'un programme
régional d'aménagement forestier communautaire et participatif
qui prend en compte la forêt de Mama Kaoussou (Décret 96-07),
[70].
Nous avons été réquisitionné pour
:
- fournir des informations sur le potentiel ligneux de la
forêt communautaire de Sambandé, - fournir des informations sur la
phénologie des espèces ligneuses médicinales à
Sambandé, - fournir des informations sur les rapports de phytomasse
épigée/hypogée de 5 espèces
prioritaires,
- évaluer l'état des populations des 5
espèces médicinales prioritaires à Sambandé
- identifier les causes socio-économiques et bio-physiques
de la dégradation des populations des espèces médicinales
à Sambandé.
Dans le présent travail, le premier chapitre portant
sur le matériel et la méthodologie de recherche explique les
raisons du choix de la zone de Sambandé comme zone d'étude et des
espèces prioritaires étudiées. Il donne également
des indications sur les procédures de collecte des données et les
différentes étapes du plan de recherche.
Le deuxième chapitre, est consacré à la
présentation de la zone d'étude et du cadre physique.
Une synthèse bibliographique des considérations
générales (botaniques, socio-économiques et commerciales)
sur les cinq espèces prioritaires étudiées, est
exposée dans le chapitre III.
Les résultats concernant le potentiel ligneux, les
études phénologiques, les études de biomasse et
l'évaluation de l'état des populations des 5 espèces
médicinales prioritaires, ainsi que les diagnostics participatifs
(Focus-Group) sur les causes de la dégradation des espèces
médicinales à Sambandé sont présentés dans
le chapitre IV.
Le cinquième chapitre est consacré à une
discussion générale sur les différentes étapes du
plan des résultats de recherche.
Enfin, les principales conclusions de l'étude, ainsi
que quelques recommandations et perspectives de recherche pour un
aménagement et une meilleure gestion de cette forêt font l'objet
de deux derniers chapitres.
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