2.3 La
responsabilité sociale de l'entreprise et ses parties prenantes.
La notion de partie prenante est née d'une exigence
éthique de la société civile qui demande que les
entreprises rendent compte des conséquences sociales et
environnementales de leur activité. C'est dans ce sens que les parties
prenantes de la société ont des intérêts dans le bon
fonctionnement de l'entreprise. On peut donc distinguer, d'une part, les
parties prenantes de premier rang c'est-à-dire celles dont l'entreprise
ne peut se passer sans remettre en cause son fonctionnement ou sa survie. Il
s'agit des actionnaires, dirigeants de l'entreprise, employés,
syndicats, scientifiques et spécialistes (chercheurs) et
créanciers. D'autre part, les parties prenantes de second rang
c'est-à-dire celles qui ne sont pas essentielles pour le fonctionnement
ou la survie de l'entreprise. Il s'agit des communautés, organismes et
réglementations, groupes minoritaires, associations professionnelles,
medias, organismes religieux, etc.
En matière de développement durable, les parties
prenantes expriment des attentes dont l'entreprise devrait tenir compte. Le
tableau synthétique ci-dessous présente les parties prenantes et
leurs intérêt ou attentes principales.
Parties prenantes
|
Intérêts ou attentes
principales
|
Dirigeants de l'entreprise
|
Gouvernance, culture d'entreprise, responsabilité
sociale, performance, rémunération.
|
Actionnaires
|
Profit, valeur de l'action en bourse, informations,
stratégie (long et moyen terme)
|
Clients
|
Qualité d'absence de défaut de produit,
coût et délai de livraison des produits, qualité de
service, relation de confiance
|
Etat
|
Respect des principes du droit (sécurité
juridique), respect des règles, prélèvement de
l'impôt, sécurité des approvisionnements, bien-être
social
|
Citoyens de la communauté locale
|
Information sur les impacts environnementaux et sociaux
(emplois), taxes et contributions financières.
|
Employés
|
Rémunération, sécurité des
emplois, intérêt du travail, l'hygiène et la
sécurité au travail.
|
Syndicat
|
Négociation d'accord, rémunération,
condition de travail, hygiène et sécurité de travail
|
Fournisseurs
|
Prix et volume d'achat, continuité, retombées
technologique
|
Banques
|
Fiabilité des systèmes de paiement
|
Investisseurs
|
Informations sur la solvabilité, la liquidité
|
2.4 La
responsabilité des entreprises congolaises
La responsabilité sociale des entreprises est une forme
de prise en charge par l'entreprise des préoccupations sociales,
sociétaires et environnementales. On peut la traduire en termes simples
de Développement durable appliqué aux entreprises. Elle
paraît aujourd'hui comme un nouvel instrument dans le cahier des charges
de toute entreprise qui a négocié et signé son contrat en
bonne et due forme. Mais, curieusement, en République
Démocratique du Congo (RDC), rares sont les entreprises qui assurent
leurs responsabilités sociales, conformément aux engagements pris
dans leurs cahiers des charges.
Lorsqu'on exige, la plupart de ces entreprises
considèrent ce devoir comme une tracasserie et ont toujours des astuces
pour passer outre.
Au grand dam des populations locales qui subissent les effets
nocifs des exploitations des grandes firmes sans bénéficier en
retour du bonheur de leurs ressources naturelles. C'est tout le contraste des
richesses du sol, du sous-sol et des eaux congolaises. Mais pourquoi demande -
t- on aux entreprises de s'acquitter de leurs responsabilités
sociales ?
En effet, ce concept implique que toutes les entreprises a des
obligations de se préoccuper non seulement des bénéfices,
mais aussi, concurremment, le développement des zones dans lesquelles
elles opèrent.
Cela aboutit au choix de huit responsabilité qui
apparaissent importante sinon indispensables : les droits de l'homme, les
droits du travail, la lutte contre la corruption, la publication des
informations, le développement durable, la protection de
l'environnement, le droit à la santé et le paiement des taxes.
La responsabilité sociale des entreprises c'et un
devoir, une obligation et non des simples actions sociales à
caractère humanitaire soient-elles pour une consommation de
l'extérieur. Les entreprises ont l'obligation de s'acquitter de ce
devoir de manière que la lutte contre la pauvreté devienne un
objectif par l'amélioration des conditions de vie de son personnel ainsi
que des populations auxdites à tous les niveaux (financier, social,
économique, environnemental, etc.)
Il suffit de parcourir les provinces où sont
installées certaines entreprises dans le Katanga, les deux Kasaï,
le Bas-Congo et l'Equateur pour se rendre compte du paradoxe de l'abondance.
Dans la plupart des cas, les populations environnantes des zones d'exploitation
minière, forestières ou pétrolières vivent dans une
extrême pauvreté et tirent le diable par la queue alors qu'elles
assistent, impuissantes, chaque jour qui passe, à l'évacuation de
leurs ressources qui vont faire le bonheur des autres.
Dans le territoire de Befale, à l'Equateur, nous avons
été stupéfaits de voir des élèves suivre les
cours sur le sol alors que les grandes entreprises y coupent des bois et
exportent plusieurs milliers de grumes. Ce constat est presque le même
partout dans cette province couverte des forêts.
Cette situation s'est aussi reproduite dans l'autre province
de la RDC, notamment le Bas-Congo, à Muanda où la pollution a
été causée par une entreprise pétrolière.
Les habitants ne savent plus s'approvisionner en eau potable, les
rivières ayant été complètement endommagées,
alors qu'elle ne tire aucun bénéfice de la présence de
cette entreprise dans leur milieu.
L'exemple le plus frappant et scandaleux reste encore celui du
Katanga où le Lycée Lubusha, à Lwisha, qui est
menacé de destruction par une entreprise qui voudrait exploiter les
minerais détectés sous cette belle école qui a
formé plusieurs femmes de la province. Que gagnera la population en
détruisant un public au profit d'une entreprise privée ?
Par contre, contribuer à la réalisation des
objectifs sociaux tels que la fourniture de l'eau, des soins de santé,
l'entretien des routes devrait préoccuper les entreprises. Celles -ci
doivent assumer leur responsabilité sociale tout en respectant les
normes internationales. Cette responsabilité prend de l'importance si
les entreprises développent des politiques spécifiques pour
observer et respecter les normes de la responsabilité sociale de
l'entreprise.
La responsabilité doit être accompagnée
par des comptes rendus sur les activités des entreprises. En rendant
compte, les entreprises vont au devant du droit des citoyens de savoir quels
seront les effets éthiques, sociaux et environnementaux des
activités des entreprises.
Sur ce point précis, le Groupe Forrest a publié
le 29 mai 2008 la fiscalité totale générée par
l'activité de ses sociétés et payée à l'Etat
congolais en 2008. Cette même entreprise a été
plébiscitée comme leader des entreprises minières,
à cause non seulement de son rendement, mais aussi de ses
activités économiques et sociales.
Nous pouvons aussi citer le cas des entreprises VODACOM,
Fondation BRALIMA, L'église catholique, etc., à cause notamment
de leurs actions sociales, qui contribuent au bien-être de la population
congolaises.
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