I. LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE ET PROCESSUS
SEDIMENTAIRES RECENTS AU
LARGE DE L'EGYPTE
Située entre N31°30'- N33°30 et E29° -
E32°, la province centrale, est une partie de delta profond qui s'est
installé dans le bassin méditerranée (oriental) sur la
marge Egyptienne. C'est l'une des trois provinces qui forment le cône
sous-marin du Nil.
Figure 14: Situation géodynamique de la
méditerranée orientale. La zone d'études est
indiquée par le cadre rouge (Mascle et al., 2000 ; et
auteur)
Au large de l'Egypte se développe le delta sous-marin
du Nil qui s'étale sur près de 100.000 km2. Ce delta
représente l'accumulation sédimentaire terrigène
récente la plus importante de la Méditerranée. Les
sédiments qui la constituent proviennent en grande partie de
l'érosion du continent africain et acheminés par
l'intermédiaire de l'immense bassin de drainage que le Nil. Le
cône sous-marin profond du Nil représente la plus grande
accumulation de sédiments clastiques dans la mer
Méditerranée, et il se trouve dans un complexe
géodynamique réglage (Loncke et al. 2000) (fig. 14). Les
données collectées lors de la campagne Prismed II ont
montré la présence d'un système de faille long de 200 km
environ et de direction NNW-SSE. L'analyse de cet important ensemble de
données a montré que le cône sous-marin profond est le lieu
de nombreuses des instabilités de pente à plusieurs
échelles. Trois principaux types d'instabilités ont
été définis, principalement sur la base de leur taille ou
leur origine (Loncke et al., 2008). Le Premier type d'instabilités
concerne la diffusion gravitaire généralisée du
Plio-Quaternaire en eau profonde sur l'éventail par la couche
salifère du Méssinien. Le Deuxième type
d'instabilités correspond à des mouvements de masse géant
probablement déclenché soit par des tremblements de terre, des
fluides, ou le climat et des variations eustatiques. Enfin, le troisième
type d'instabilités correspond soit à la fragilisation des
sédiments.
Les dépôts générés par ces
mouvements de pente ont largement participé à la construction du
delta profond du Nil (Loncke et al., 2008).
La surface du fond marin témoigne l'influence de la
tectonique gravitaire induite par la présence de couches épaisses
de Méssinien, période pendant laquelle l'évaporation d'eau
de l'ensemble du bassin méditerranéen a conduit au
dépôt d'une couche épaisse des évaporites (Ryan et
al., 1973 in Loncke et al., 2000) et la création d'un grand canyon qui
coupe profondément la pente continentale. Les couches
méssiniennes ont été progressivement couvertes depuis le
Pliocène à nos jours et en particulier au cours du
Quaternaire.
Le bassin de la méditerranée orientale a fait
l'objet des explorations géologiques et géophysiques qui ont
notamment porté sur les mécanismes sédimentaires qui sont
le contrôle de la géométrie et de l'évolution de ce
domaine de la marge continentale (Loncke et al., 2000). Trois processus de
dépôts, en ce qui concerne le Quaternaire récent, ont
contribué à l'évolution de ce système turbiditiques
(Ducassou, 2006). Il s'agit dune sédimentation pélagique et
hémipélagique, des glissements et les écoulements
gravitaires.
- La sédimentation pélagique et
hémipélagique sont influencées uniquement par des
modifications en apports terrigènes et biogènes fortement
liés aux conditions environnementales. Elle est
caractérisée par des dépôts des boues
carbonatées, des vases hémipélagiques et des
sapropèles. La province centrale est dominée par la
sédimentation hémipélagique.
- Les glissements résultent de la rupture de
sédiments souvent non consolidés qui sont des formations
liées à la remobilisation puis au dépôt. Les
faciès correspondant aux glissements sont caractérisés
uniquement par leur structure interne. On distinguera un faciès
microfaillé au niveau de la province centrale en plus des faciès
caractérisés par des plissements observés dans l'ensemble
du système turbiqitique profond du Nil (STPN).
- Enfin, les écoulements laminaires ou turbulents
engendrent des dépôts ayant une granularité et une
structure sédimentaire particulière. Tenant compte des
faciès et des séquences, on distinguera les débrites
(écoulement laminaire) observables dans les lobes distaux, les chenaux
et sur la pente (haut) de la province centrale avec une matrice
argilo-silteuse, et les turbidites (écoulement turbulent) pour
lesquelles on distingue des séquences argilo-silteuses typiques de
dépôts de débordements, et sablo-silteuses
caractéristiques des dépôts de remplissage de chenal et des
lobes (Ducassou, 2006). Les débrites ont donc pour origine des
écoulements qui se sont directement initiés sur la pente. Les
turbidites se retrouvent dans les environnements de levées
sédimentaires (séquences arigilo-silteuses).
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