II. POCKMARK, VOLCANS DE BOUE ET HYDRATES DE GAZ
II.1. Définition et identification des pockmarks
Le terme Pockmark ou « un
relief en cuvette » a, au départ, été employé
pour désigner les dépressions sous-marines peu profondes (de
quelques dizaines de mètres de diamètre et quelques mètres
de profondeur associées à des échappements de gaz)
(fig. 4 et 5). Mais il existe aussi des gigantesques pockmarks
(Giant Pockmark) pouvant faire 800 m environ de diamètre avec
une profondeur de 15 à 20 m (Gay et al., 2003). Ce type de
Pockmark a été étudié en
détails durant le programme scientifique de recherche de l'IFREMER et
ELF (TOTAL E&P), ZaïAngo (1998-2000) sur la marge Gabon-CongoAngola
(A. Gay et al., 2005). Les pockmarks affectent généralement des
sédiments fins des fonds sous-marins et sont la manifestation d'une
fuite de fluide (gaz ou eau, mais principalement du méthane).
Dans certaines conditions, on peut avoir des pockmarks
allongés par des courants sous marins profonds (Boe et al., 1998).
Le problème de la formation de ces pockmarks reste
entier aujourd'hui. La formation de dépressions dans des
sédiments meubles des fonds marins a été attribuée
à deux phénomènes majeurs, une érosion et une
explosion (fig. 5).
La première hypothèse invoque une interaction
entre les échappements de fluides et des courants de fond (Josenhans
et al., 1978): le flux de fluides montant érode les
sédiments qui sont remis en suspension et balayés par les
courants de fond (Fig. 5a). Le flux de fluides sortants peut être
dévié par ces courants, induisant une érosion
différentielle sur les bordures des pockmarks, ce qui peut expliquer la
différence de pente observée sur de nombreux pockmarks. La
morphologie des pockmarks pourrait alors servir d'indicateur de la direction
des courants de fond.
Figure 4: Des Pockmarks de la marge continentale
en Afrique de l'ouest (Gabon)
a - Des mega pockmarks au fond de la mer
b - Profil sismique des trois mega pockmarks
(Plicher & Argent, 2007)
La deuxième hypothèse considère que les
fluides sont d'abord piégés sous les pockmarks faisant augmenter
la pression interstitielle et induisant un bombement de la
Couverture (Hovland and Judd, 1988). Lorsque la pression
atteint le seuil de rupture, il y a explosion, puis expulsion des fluides et
effondrement des sédiments sus-jacents (Fig. 5b) (Milkov, 2000 ; Hovland
and Judd, 1988). Cet effondrement créerait une dépression sur le
fond dont le diamètre et la profondeur sont proportionnels à la
quantité de fluides expulsés.
Figure 5: Modèle de formation des
pockmarks
a- Modèle de formation des pockmarks d'après
Josenhans (Josenhans et al., 1978). Les courants de fond sont
déviés par le flux sortant de fluides et érodent le fond
en remettant en suspension les sédiments.
b- Modèle de formation des pockmarks d'après
Hovland (Hovland and Judd, 1988).
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