L'intégration sous-régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes( Télécharger le fichier original )par Achille SOMMO PENDE Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010 |
B. Un nomadisme culturel plutôt qu'économiqueLa conséquence inéluctable de la faible mobilité des populations d'Afrique centrale, et surtout de l'opulence qu'offre la nature, est que les échanges entre peuples transfrontaliers ne se sont réduits qu'à des pratiques et moeurs culturelles au détriment des relations économiques. Ainsi, les rites d'initiation (exemple du Labi84(*) chez les Gbaya), les cérémonies traditionnelles (mariage, naissance, enterrement, funérailles), les pratiques religieuses sont les principaux motifs de déplacement d'un pays à l'autre. Malgré, la colonisation qui a instauré des frontières artificielles, ces pratiques ont perduré malgré les entraves « administratives ». Ici, les questions économiques, notamment en matière de commerce ou troc sont reléguées au second plan. Aussi, avons-nous observé et à la suite de nos entretiens, que la plupart des commerces transfrontaliers à KYE OSSI (avec Ebébéyin et Bitam), sont tenus par des ressortissants de l'Ouest (Bamilékés, Bamouns) et du Nord Cameroun (peuls, foulbés). Seuls les restaurants et quelques produits vivriers étaient tenus en majorité par les populations autochtones (Ntumus). La dimension socioculturelle prime donc sur les retombés économiques que pourraient susciter les échanges avec ses voisins. Or, malgré tout, la liberté de circulation des biens, des personnes et des services ne saurait se départir de sa dimension économique, factrice de création des richesses et de développement. Il n'existe donc pas de lien entre la culture et l'économie au sein des « peuples traits d'union ». « L'existence de ces peuples traits d'union constitue le premier jalon pour une intégration régionale par la base, c'est-à-dire une intégration qui se fait au niveau des populations. En effet, le Cameroun, qui est situé au centre de cette région d'Afrique centrale, a avec chacun des autres pays voisins, des peuples traits d'union. Il se partage les Fang avec le Gabon et la Guinée, les pygmées avec le Congo. Les Gbayas se trouvent de part et d'autre de la frontière entre le Cameroun, la RCA et le Congo. Le Cameroun se partage les Moundang, les Massa et autres avec le Tchad. Ces peuples qui servent de jonction entre ces pays, peuvent continuer cette liaison avec les autres populations de l'intérieur. Il suffit que les gouvernements les laissent circuler librement avec leurs biens »85(*). Dans ce contexte, « les peuples traits d'union » ne sont pas mis à profit. Cette difficulté s'exacerbe lorsque des préjugés émergent de manière à réduire les possibilités d'une réelle effectivité de la libre circulation en zone CEMAC. * 84 Passage à l'âge adulte * 85 MOKAM David, « Les peuples traits d'union et l'intégration régionale en Afrique centrale : le cas des Gbaya et des Moundang », in Dynamique d'intégration régionale en Afrique centrale, p.125. |
|