L'intégration sous-régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes( Télécharger le fichier original )par Achille SOMMO PENDE Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010 |
Paragraphe 1. Espace géographique et sédentarisation des populations en zone CEMACL'Afrique centrale, et notamment la zone CEMAC, présente deux particularités. D'une part, l'espace géographique est occupé en grande partie par la forêt équatoriale (Gabon, Congo, Guinée équatoriale, Sud du Cameroun et Sud Ouest de la RCA) bordée au nord par une zone sahélienne (Nord RCA, Nord Cameroun, Sud Tchad). D'autre part, il existe des peuples traits d'union, c'est-à-dire des groupements ethniques qui se trouvent de part et d'autres des frontières et partagent le même patrimoine anthropologique, culturel, historique ou religieux. Ces traits caractéristiques, ont participé dans une certaine mesure à la difficile mise en oeuvre de la libre circulation zone CEMAC. A. Une faible culture de mobilité des peuples de la forêt équatoriale.La deuxième grande forêt mondiale est la forêt tropicale dense, appelée aussi équatoriale80(*), car son centre de gravité se trouve à proximité de l'équateur. Cette forêt couvre une grande partie des espaces transfrontaliers des Etats de la CEMAC. Aussi, l'immense richesse (faune et flore) donne la possibilité aux autochtones d'y vivre sans véritablement se déplacer sur de longues distances pour s'alimenter ou se soigner. Dans le même temps, la densité de la forêt réduit tout nomadisme, et les peuples n'ont aucune visibilité sur le voisinage direct. Les pistes et routes sont difficiles à pratiquer et sont très souvent entrecoupées par des grand cours d'eaux. Ainsi, les populations transfrontalières qui ont toujours vécu dans cet environnement qui répondait à leurs besoins immédiats ont intégré cette dimension. Dimension qui est devenu ensuite naturelle, fruit d'un habitus81(*) que les générations antérieures ont longtemps abrité. Aussi, l'on comprend que dès les origines, les peuples de la CEMAC, du fait d'un environnement riche et hostile à la mobilité, sont beaucoup moins aptes à se déplacer que les peuples d'Afrique occidentale (UEMOA) par exemple. Ces derniers, ont évolué dans un environnement plutôt favorable composé de forêt herbacée, de savanes, vastes étendues de plaine ou de déserts. Ici, l'environnement rude, les pistes facilement réalisables ont dicté le vécu des populations et favorisé les rencontres et les échanges. De même, dans cette zone géographique, l'histoire nous montre qu'il existe une multiplication d'invasions et de conquêtes (l'empire du mali, empire songhaï, royaume du Ghana, Kanem Bornou82(*), empire Sokoto83(*)) ayant favorisé le brassage des peuples et une culture de mobilité. Or, en Afrique centrale équatoriale, seul l'empire Kongo peut servir d'équivalant (encore que cet empire a existé dans les savanes de l'actuelle République démocratique du Congo). Tout compte fait, l'environnement ou plus exactement la nature en Afrique centrale est très peu propice aux échanges. * 80 Son architecture est impressionnante par sa taille et la superposition de strates multiples constituées d'arbres de différentes tailles -- jusqu'à 50 m de haut -- de buissons, d'herbes et de champignons. Parmi ses traits physionomiques majeurs, les plus caractéristiques sont l'absence de lumière, la profusion des lianes et des épiphytes, les cimes seulement visibles depuis des observatoires élevés. * 81 Concept fondamental de la sociologie de Pierre Bourdieu, l'habitus est le système de dispositions durables et transposables dont sont dotés les agents sociaux : c'est donc la façon dont l'extériorité s'intériorise, c'est-à-dire la manière dont les structures sociales s'inscrivent dans les esprits et dans les corps des personnes. Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. * 82 Au bord du Lac Tchad et du Niger. * 83 Fondé par Ousman DAN FODJO dans le nord du Nigéria. |
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