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L'intégration sous-régionale en CEMAC à  l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes

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par Achille SOMMO PENDE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010
  

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Paragraphe 2. Nouveaux gisements miniers/pétroliers en zone CEMAC : pomme de discorde et reconfiguration des forces en présence

Au début des années 2000, la guerre en Irak, les tensions entre l'Iran et des acteurs majeurs de la communauté internationale (USA, UE), les besoins importants en matière énergétique des Etats asiatiques, l'effondrement des réserves américaines en pétrole, l'annonce de « l'épuisement » des puits saoudiens, ont favorisé l'augmentation en flèche des cours mondiaux du pétrole. Dans le même temps le potentiel du golfe de guinée, dont les pays de la CEMAC font partie, s'est révélé. Seulement, l'exploitation de ces nouveaux gisements, si elle a augmenté les richesses et la croissance des pays bénéficiaires, au niveau sous-régional, les effets positifs de cette manne sont peu visibles. Au contraire, ils ont favorisé l'émergence des obstacles à l'effectivité de la libre circulation.

« La malédiction de l'or noir qui semble inexorablement se décliner en souci de protectionnisme renforcé en Afrique centrale, a-t-elle un lien direct entre la prospérité économique subite et la résurgence des élans de xénophobie ?...on serait tenté de répondre par l'affirmative »75(*).

A. La multiplication des crises diplomatiques entre Etats : le règne de la philosophie du soupçon

Le Congo, le Tchad, le Gabon et surtout la Guinée équatoriale ont vu leurs indicateurs économiques sensiblement s'améliorer depuis 2000 de manière à installer la sous-région CEMAC dans une dynamique de croissance abrupte comme le montre le tableau 05 suivant.

Tableau 05 : Evolution des indicateurs économiques et financiers de la CEMAC 1998-2008

 

1998

1999

2000

2002

2003

2004

2005

2006

2007 Estim

2008 Prév

Taux de croissance (PIB réel)

4,6

-0,3

3,2

4,1

4,2

6,6

3,7

3,1

4,2

6,2

Recettes totales

-7

7

38,7

-0,6

4,3

15,1

42

31,9

6,2

20,8

Dépenses totales

12,2

-14,9

9,6

2,6

-7

13,8

12,8

29,4

8,3

7,6

Avoirs extérieurs nets

-64,7

-64,7

1713,8

7,2

-3,9

84,3

103

59,8

26,8

36,5

Crédits à l'économie

14

4,4

11,8

6

4

-1,9

11,2

9,3

11,3

8,7

Exportations, fob

-19,6

24,9

52,8

0,2

7

35

36,6

15,5

4,7

24,7

(Variation annuelle en pourcentage sauf indication contraire)

Sources : BEAC, Secrétariat Exécutif de la CEMAC, Comité de convergence de la zone franc, Avril 2007.

La plupart de ces pays ayant bénéficié d'une manne financière considérable, ont entrepris des chantiers en vue de la modernisation de leurs infrastructures sociales (hôpitaux, écoles...), politiques76(*) (ministères, parlements...) et économiques (routes, ponts, ports, barrière hydroélectrique, télécommunications). Le Gabon et la Guinée équatoriale ont même décidé d'accueillir des événements d'envergure comme la Coupe d'Afrique des Nations (2012). Ce dynamisme des activités a, non seulement suscité les convoitises des autres pays de la CEMAC, mais aussi attiré des individus en quête de meilleures conditions de vie. Tous ne remplissant pas forcément les conditions d'accès. Parmi ces migrants économiques, des investisseurs, des travailleurs qualifiés ou non, des opportunistes, des commerçants, débrouillards et également des personnes de moralités douteuses (escrocs, bandits, usurpateurs...). L'essor de la situation économique et sociale avec l'apport manifeste des étrangers, a également entrainé des frustrations des populations locales, une hausse vertigineuse du taux de criminalité et une insécurité galopante. Très vite, les populations immigrées ont été indexées, sans toutefois opérer une identification formelle des véritables sources d'insécurités. Aussi, au Gabon et en Guinée équatoriale, a-t-on pu assister à des refoulements des étrangers même ressortissants de la CEMAC au delà des frontières terrestres en méconnaissance des principes des droits de l'Homme.

Cette situation a occasionné une multiplication des crises ouvertes entre ces pays, « nouveaux riches » et d'autres Etats comme le Cameroun, détenteurs de facteurs de production, notamment une main d'oeuvre qualifiée et bon marché. Bien plus inquiétant encore, on a assisté à une montée de la xénophobie et des pratiques visant à décourager les migrants légaux ou pas. Il en ressort notamment de notre enquête à Kye Ossi, que plusieurs ressortissants camerounais font l'objet de chantages de la part de leurs employeurs ou de leurs bailleurs. L'un deux, rapatrié manu militari avec une dizaine de compatriotes alors qu'ils travaillaient dans un chantier a Ebébéyin (G. équatoriale), nous a confié l'avoir été parce qu'ils auraient réclamé leurs dus. L'employeur, dans l'impossibilité de satisfaire ses engagements, aurait contacté un proche à la police de l'immigration. Celui-ci a procédé à la destruction des permis de travail des camerounais et a initié leur rapatriement immédiat. Le commandant de Brigade de Kye Ossi nous a confirmé que ces pratiques étaient récurrentes (au moins trois fois par semaine selon ses dires), et font l'objet de plaintes sans suite. De même, le sous préfet nous affirmé être au courant de ces pratiques, qu'ils transmettaient à chaque fois à son autorité de tutelle. Celles-ci font l'objet des crises diplomatiques lorsqu'elles sont jugées scandaleuses et disproportionnées et surtout lorsqu'elles sont révélées par la presse.

« Le point d'orgue de ce voisinage sulfureux résulte bien évidemment des facteurs économiques et accessoirement des relations émotionnelles. Dans la première rubrique, il faut citer la compétition pour l'accès aux ressources naturelles, l'insolvabilité de Malabo, la feymania des camerounais ; et dans la seconde rubrique, la peur quasi obsessionnelle du réfugié considéré comme une épée de Damoclès suspendue sur la tête des régimes en mal de légitimité »77(*).

Cette atmosphère entre le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun tire ses sources d'un passé historique tumultueux. En cause, le litige qui oppose ces trois pays quant à la délimitation des frontières maritimes et terrestres héritées de la colonisation. D'ailleurs le Cameroun et la Guinée équatoriale ont été en conflit ouvert entre 1968 et 1979. Litige encore latent, dans la mesure où aucune décision de justice n'a été prise pour définir clairement les frontières. Toutes les commissions techniques n'ont jamais pu investir le terrain depuis 1979.

Quoiqu'il en soit, il existe un protectionnisme à peine déguisé, un climat hostile qui empêche toute mobilité et épanouissement des ressortissants étrangers de la CEMAC. En réalité, cette situation est tolérée parce que les gisements pétroliers ont créé des « échanges de bons procédés » entre pays de l'entité sous-régionale.

* 75 SAMNICK Emmanuel Gustave« De la difficulté de circuler librement en Afrique Centrale », in Enjeux n°24, juillet-septembre 2005, p. 20.

* 76 En ce sens, la Guinée fait figure d'épouvantail parce qu'elle a entrepris la construction d'une autre capitale, siège des institutions politiques, et des parlements dans chaque grande ville du pays.

* 77 KOUFAN MENKENE Jean, TCHUDJING Casimir, « Un exemple de blocage du processus d'intégration en Afrique centrale : la persistance des facteurs conflictuels entre la Guinée équatoriale et ses voisins francophones depuis 1979 ». in Dynamique d'intégration régionale en Afrique centrale, p. 337.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo