L'intégration sous-régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes( Télécharger le fichier original )par Achille SOMMO PENDE Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010 |
B. Un contexte de corruption généraliséeLa corruption est l'un des phénomènes socioculturels observés dans la plupart des administrations publiques (police, impôts, santé, douane, transport, etc.), mais aussi privées des pays du continent. Elle a pris de l'ampleur dans la sous-région avec la montée de la pauvreté et la clochardisation du personnel administratif à la suite de l'implémentation des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) et la dévaluation économique du milieu des années 1990. La corruption a eu pour conséquences, de réduire les ressources des Etats, d'amoindrir les revenus des populations et surtout, de nuire aux climats des affaires et donc, de la libre circulation des facteurs de production de richesses. Ce phénomène qui gangrène pratiquement toute l'Afrique, a plus d'ampleur en zone CEMAC, dont les pays membres partagent les dernières places du classement de l'Indice de Perception de la Corruption avec les pays en perpétuel conflictualité58(*). Comme en témoigne le Baromètre mondial de la corruption 2009 publié par Transparency International en juin dernier. Selon cette enquête réalisée dans 69 pays auprès de plus de 73?000 personnes, dans le classement africain, le Gabon occupe la 14e place (97e mondial), mais arrive tout de même en tête du tableau pour la sous-région d'Afrique centrale. Viennent ensuite le Cameroun (32e africain)59(*), la République centrafricaine (34e africain), l'Angola (36e africain), le Burundi (37e africain), le Congo (38e africain), la RDC (43e africain), la Guinée équatoriale (44e africain) et le Tchad (45e africain) juste devant la Guinée Conakry, le Soudan et la Somalie60(*). Avec 48 pays examinés sur le continent, le classement est peu glorieux pour l'Afrique centrale. Nous avons pu l'observer, cette corruption lors de notre phase d'enquête à KYE OSSI. En effet, ayant fait le voyage au départ avec deux ressortissants gabonais et des commerçants des produits agricoles dans une agence de transport inter urbain, nous avons remarqué que ces derniers étaient soumis à des pratiques de corruption à chaque poste de contrôle de la police ou de la gendarmerie. Même les postes douaniers exigeaient « leur billet » (2000 FCFA en général) de la part des citoyens gabonais qui étaient pourtant en règle avec des visas dûment établis. Ces tracasseries rencontrées, à la quinzaine des postes de contrôles (barrières non tarifaires, BNT) sur à peine 300 km de routes ont considérablement retardé notre arrivée et ont contribué à augmenter le ressentiment des passagers « étrangers » et des commerçants de la CEMAC. Quoique, les commerçants ou les camerounais qui se rendaient en Guinée équatoriale ou au Gabon, nous ont assuré que les BNT sont certainement moins nombreux dans ces pays, mais ils étaient nettement plus couteux, avec des bakchichs (ou « enregistrements » là bas) d'au moins 5 000 FCFA pour les simples citoyens, et 20 000 FCFA pour les commerçants. Aussi, si l'on constate que les produits CEMAC sont plus chers au Gabon ou en Guinée équatoriale, ce n'est pas simplement dû au pouvoir d'achat ou à l'indice de parité prix, c'est également parce que le coût d'acheminement des biens périssables est élevé. Cette généralisation des pratiques de la corruption tant aux zones frontalières qu'à l'intérieur des pays de la CEMAC, nuit gravement à l'effectivité de la libre circulation des facteurs de production de richesses. * 58 Indice publié chaque année dans un rapport nommé baromètre mondial de la corruption par l'ONG Transparency International sur des avis recueillis auprès des populations. * 59 Après avoir été classé 1er mondial en 1998 et en 1999, au Cameroun cette enquête révèle que plus de 50 % des sondés affirment avoir versé un bakchich sur les douze mois écoulés. * 60 Source : http://www.gaboneco.com/show_article.php?IDActu=15579, (consulté le 30 Octobre 2009 - 09h59). |
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