B- Instruments de la politique agricole au Bénin
Le Bénin dans ses tentatives de vouloir
développer son agriculture, a connu depuis 1990 une politique agricole,
qui a servi de guide aux actions sur les plans macro et micro
économiques. Plusieurs documents élaborés au haut niveau
par des structures de décisions dans le domaine agricole existent et
font état de cette politique agricole connue par le Bénin.
Depuis 1990, il existe au Bénin une multitude de documents
sur la
politique agricole. Nos recherches nous ont conduit à
comprendre à travers ces documents que pour mener à bien cette
politique agricole, plusieurs défis assimilés à des
instruments de la politique ont été assignés au secteur
agricole.
Tels que clairement exprimés dans le SDDAR ces
défis se composent entre autres, des points ci-après :
1- Maîtrise des coûts de production à
travers la mise en oeuvre d'une politique fiscale appropriée (diminution
des taxes sur les intrants) et la vulgarisation des techniques et des
systèmes d'exploitation qui assurent les rendements élevés
et la préservation du patrimoine écologique ;
2- Poursuite des efforts de libéralisation des
différents maillons de l'économie nationale.
3- Libéralisation des composantes des prix, en
particulier des prix des produits et des intrants agricoles ;
4- Alignement des prix sur les cours mondiaux.
Reste à savoir si réellement ces instruments
sont adaptés aux objectifs visés par la politique agricole, ou
s'ils sont suffisants pour aider à atteindre les objectifs de cette
politique.
C- Historique de la politique agricole au Bénin
La politique agricole au Bénin a été
très instable et influencée par les types d'administration qu'a
connu le pays: coloniale, des indépendances, révolutionnaire
à option socialiste (marxiste-léniniste), et libérale
d'après conférence nationale de 1990.
Pendant la période coloniale, la principale culture de
rente était le palmier à huile. De 1940 à 1960, le pays a
exporté en moyenne 43614 Tonnes de palmistes et 12426 Tonnes d'huile de
palme par an. En 1959, les produits du palmier à huile ont
représenté en valeur 75% des exportations. Les actions sur les
cultures vivrières étaient timides.
Après les indépendances (1960), furent
crées des périmètres d'aménagement rural
constitués par des palmeraies dont la gestion était
confiée aux `'coopératives» ; les paysans dont les terres se
situaient dans la zone d'aménagement, perdaient le contrôle
privé de leur propriété au profit d'une coopérative
dont ils devenaient membres obligatoires, qu'ils y apportent leur force de
travail ou non (DISSOU, 1983). Après les indépendances, le
palmier à huile continuait d'être la culture prioritaire. En
effet, 48% des investissements agricoles du plan quinquennal (1966-1970)
était consacré à cette culture (DISSOU, 1983) ;
néanmoins d'autres cultures retenaient aussi l'attention
(arachide, coton, tabac, café, ricin). Alors que
pendant cette même période, les produits agricoles constituaient
la presque totalité des exportations, la part du budget national
allouée à l'agriculture était négligeable, elle
variait entre 1,71 et 2,84% de 1960 à 1968 ( INSAE, 1960-1968).
Après 1972 le pouvoir révolutionnaire à
option socialiste se fixa comme objectif prioritaire, l'autosuffisance
alimentaire ; on néglige le palmier à huile et le coton, ce qui
fit baisser la production cotonnière et la commercialisation des
régimes de palme. A partir de 1982, on a pensé abandonner la
stratégie sectorielle de développement avec la mise sur pied des
projets de développement rural intégré. A partir de 1985,
la production cotonnière dépasse 85000 Tonnes et les cultures
vivrières aussi connaissent une évolution sensible grâce
aux arrières-effets des engrais utilisés pour le coton. Signalons
en sommes que dans les années 80, la croissance générale
du PIB était inférieure aux attentes, elle dépassait
à peine 2,6% ; la croissance sectorielle était très
contrastée : 6,6% pour le secteur primaire (agricole) ; 1,7% pour le
secteur secondaire et 0,7% pour le secteur tertiaire ; on peut dire au vue des
statistiques que malgré les problèmes, c'est le secteur primaire
qui demeure le principal soutient de l'économie nationale de la
période (1960-1989).
Pendant les années 90, la part des recettes
d'exportation dues au secteur agricole est montée à plus de 50%
des recettes totales d'exportation du pays (MAEP, 2OOO).
Entre 1990 et 1991, a pris corps la politique agricole
actuelle du Bénin suite à la difficile conjoncture
économique du pays. Le Bénin s'est engagé dans une
nouvelle voie marquée par le désengagement de l'Etat d'un certain
nombre de ses fonctions et l'implication du secteur privé et des
organisations paysannes (OP) dans le développement agricole.
Après recherche et analyse nous constatons que c'est
à partir de cette période de 1990-1991 que le Bénin a
connu véritablement une politique agricole à travers des
documents successifs tels que : la Lettre de Déclaration
de Politique de Développement Rural (LDPDR), qui a
rendu possible la mise en oeuvre du programme de restructuration du secteur
agricole(PRSA) et la tenue de la table ronde sur le secteur rural(en septembre
1995). La Déclaration de Politique de Développement Rural (DPDR)
complète la Lettre de Déclaration de Politique de
Développement Rural (en 1999/2000) en précisant le contenu et les
conditions de désengagement de l'Etat des fonctions de production, de
transformation et de commercialisation. Ce document fixe les rôles des
différents acteurs à savoir l'Etat, les collectivités
locales, les OP, les partenaires techniques et financiers et les privés.
Le schéma directeur du développement agricole et rural (SDDAR
(Avril 2000)), aborde d'une part la politique et la stratégie
générale du secteur agricole et d'autres part, les
stratégies sous sectorielles. En juillet 2001, le SDDAR est rendu
opérationnel avec l'élaboration du plan stratégique
opérationnel(PSO). En septembre 2001 le Bénin adopte sa politique
de promotion de la femme dans le secteur agricole et rural(PPFR) qui est une
déclinaison de la politique nationale de promotion de la femme(PNPF). En
juillet 2006, est élaboré le plan stratégique pour la
relance du secteur agricole, PSRSA (MAEP, 2007).
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