II. LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU
LOCAL ET GOUVERNANCE LOCALE
II.1 LOGIQUES DE RE-PRODUCTION DU LOCAL:
La recherche sur les logiques de reproduction du local
[J.Lévy et Michel Lassault 2000, A.Bourdin 2000 et H.Lefebvre 1986] nous
a renvoyé tantôt sur << l'espace >>, tantôt sur
le <<lieu>> et tantôt sur << le territoire et la
territorialité >>. Cela témoigne le caractère
polysémique du local. Quelle est la différence qui sous-tend ces
logiques ? Y a-t-il une relation entre espace, lieu et territoire ? Pour
répondre à ces questions, il est indispensable de définir
chaque notion en montrant à chaque fois les différences et les
éventuelles relations afin d'appréhender la question de la
re-production du local.
II.1.1 DE LA LOGIQUE DE « L'ESPACE »...
La notion << d'espace >> prise isolément a
une connotation traditionnellement mathématique,
géométrique, et parfois même temporelle, donc une sorte
d'abstraction souvent sans contenu. En aménagement et en urbanisme,
l'espace est défini comme un bien rare dont il importe d'organiser
rationnellement la consommation [P.Merlin :2005 :351]. Cela nous mène
à considérer l'espace comme un << produit social>>
conçu et construit pour répondre aux aspirations des
sociétés, donc à << l'obligation du temps
présent >>, présent << entendu comme
s'étendant sur une certaine durée, celle qui intéresse la
société d'aujourd'hui >> [S.Mazzella :2008]. Entre autre,
l'espace entre dans l'organisation des <<forces de production >>,
donc dans la division du travail, ce qui lui confère le caractère
de << propriété >> et << d'échange
>>, donc il s'achète comme il se vend, l'espace a une <<
valeur >>. L'espace se présente donc comme un << un ensemble
de relations>> voulant <<organiser>> le local. Le temps forme
avec l'espace un binôme inséparable, ou le << temps oriente
l'espace >> et l'espace tend à << maîtriser le
temps>> [H.Lefebvre :1986 :309]. Ce qui veut dire que l'intervention sur
l'espace se comprend comme une quête d'un rythme qui échappe
à la nature [Ibidem]. Selon H.Lefebvre, cette volonté de
régir l'espace passe par trois temps. Tout d'abord ; (i) Le temps de
<<la découverte >>, c'est-à-dire de nouveaux espaces
ou des possibilités permettant le dépassement d'une contrainte
quelle soit un fait de la nature ou de l'homme ; (ii) Le temps de la production
c'est-à-dire de l'organisation spatiale ; (iii) Et enfin le temps de la
création d'oeuvre(s).
Le temps accentue aussi l'idée de <<
l'accumulation >>, chère à Lefebvre qui la rend un
élément essentiel dans l'action de la production de l'espace. Le
<< processus cumulatif >> et la production ne se dissocient pas,
car il n'y a point une production sans accumulation des techniques et
connaissances [Idem : 307]. En continuant sur la même
ligné, c'est-à-dire l'espace vu comme spatialisation d'un
processus cumulatif des connaissances et techniques. L'espace
s'appréhende en trois temps. (i) << L'espace de vie >> que
Ph.Gervais-Lambony et al [2001 :83] le définissent comme l'espace ou
s'inscrit « la vie quotidienne » et l'univers relationnel des
citadins, et M.Lussault [2000] comme l'espace des « pratiques
spatiales ». Il correspond à l'espace «
fréquenté » et parcouru par chacun avec un minimum de «
régularité ». On peut ressortir de ces
définitions, la volonté d'organiser << l'action, le rythme
et l'accessibilité >> et qui ne peuvent être
opérationnels sans un minimum de pouvoir et de contrôle. Donc la
production de l'espace s'appuie sur l'espace lui-même comme source
d'action et d'organisation en vue de lui conférer une << valeur
d'échange >> [Lefebvre 1986], qui, elle, permettra aux pouvoirs
publics d'assurer la continuité entre les différentes
localités. Il y a certes une abstraction mais
<<concrète>> disait H.Lefebvre [1986 :35], tout comme
l'argent qui est à la fois << abstrait >> et <<
concret >> vu sa << puisque pratique >>. L'espace de vie se
veut alors << objectif >> et << englobant >>. (ii)
<< L'espace vécu >> se définit comme la relation
<< subjective>> que tissent Les habitants avec leurs lieux de vie.
Sa connaissance passe par l'écoute des acteurs, par la prise en compte
de leur pratiques de leurs représentations, c'est-à-dire de
perception-appréciation, et de leurs imaginaires [Ph.Gervais-Lambony et
al:2001 :83]. Il (l'espace vécu) se définit selon le vocabulaire
Lefebvrien comme << valeur d'usage >> faisant appel à
l'histoire qui lie l'espace et ses habitants. (iii) << L'espace
perçu >> se constitue par La perception de l'espace de vie et
vécu. Et c'est cet espace qui définit la relation avec
l'altérité en créant ainsi une cohésion, une
continuité comme il peut générer une coupure, donc une
<< frontière >>. L'accessibilité est en bonne partie
<<perceptive >>, un quartier sale reflète l'image de
l'insécurité, car, comme l'a déjà constaté
A.Bourdin [2000 :222-223], le couple qualité-sécurité est
inséparable. La sécurité, qui se définit comme la
capacité de maîtriser l'aléatoire via un ensemble de
dispositifs d'optimisation qui supprime le risque [Ibidem], constitue
un élément essentiel dans l'organisation du local car elle a une
connotation synecdoque, et nous citerons ici le cas de
l'Algérie qui est perçu comme un pays sécuritairement
instable, malgré que l'insécurité, si elle existe
vraiment, ne peut pas être partout, mais la dimension synecdoque tend
à généraliser l'insécurité pour tout le
pays, ce qui a réduit sensiblement << la mobilité >>,
donc les rentes du tourisme, vers ce pays malgré ses richesses. Et pour
cela, les dispositifs
technologiques et les systèmes experts sont de plus en
plus utilisés, et nous citons à titre d'exemple le
<<space syntax>> de BILL Hillier qui est un système
expert très répandu, non pas seulement en Angleterre mais aussi
dans plusieurs Etats du monde, à savoir la France, l'Italie et
même dans les pays du Golf.
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