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Projet urbain et retour du sujet ? la stabilité en question.

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par Soufiane BOUKARTA
Institut d'aménagement régional AIX-Marseille III - Master 2 2009
  

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INTRODUCTION:

FOISONNEMENT DES PRATIQUES, PLURALITÉ D'ACTEURS ET GENESE D'UN
QUESTIONNEMENT

Le projet1 urbain fut adopté suite à l'échec de l'urbanisme déterministe, celui du plan, afin que l'urbanisme incarne de nouveau sa raison d'être comme <<discipline opérationnelle » d'analyse et de transformation de l'espace urbain, et qu'en aucun cas avoir la maîtrise comme fin en soi. En effet, l'urbanisme de part sa définition, est une science, art ou technique de l'organisation spatiale des établissements humains [F.Choay : 2005 : 911]. Il se définit aussi comme pratique renouvelée sans cesse, visant la découverte des lois dont le fonctionnement spontanée était jusqu'alors demeuré caché, et à les appliquer délibérément dans la conception et l'organisation de l'espace [idem : 912]. Autrement dit, l'urbanisme est la pratique qui se reconnait par la théorie qui découle de son action. De ce fait, le projet urbain constitue une sorte de cristallisation ou d'une maturité de plus de cent ans d'exercice. De part sa légitimité2, il fût rapidement adopté par une pluralité d'acteurs, pouvoirs publics, urbanistes provenant de toutes <<disciplines confondues », et même l'habitant qui, par l'avènement de projet urbain comme une nouvelle manière de faire l'urbain, a pu s'approprier le rôle << d'acteur » au lieu de simple << usager ».

Nos diverses lectures sur la question du projet urbain nous ont permis de cerner les différentes pistes de recherche, qui sont en vogue aujourd'hui, dans deux grands répertoires : (i) L'approche typo morphologique : qui tient à déceler les processus de la morphogenèse de la forme urbaine. Elle fût Prônée par l'école italienne d'après-guerre comme critique au courant moderniste, avec Saverio Muratori et ses disciples Aldo Rossi, Carlo Aymonino, Vittorio Gregotti. Elle a connu et connait une adoption internationale, en France, avec Ph.Panerai et D. Mangin et dans les pays du Maghreb.

1 << Le projet, son étymologie, renvoie à un vieux mot français qui, à travers le « pourject », désigne un travail d'architecte : la construction du balcon, cet élément lancé avec audace au dessus du vide, son extension de sens indique que dans l'activité productive de l'homme, bien d'autres dispositifs peuvent être envisagés, formulés comme virtualités potentiellement réalisables » [D.pinson : 2000 : 79].

2 Dés la fin de XVII siècle, le mot design (dessein) en anglais fût remplacé pour un moment par le mot project dérivé du vieux français pour décrire les nouvelles réformes socio-économiques à l'oeuvre. Dés lors, le projet prend une nouvelle tournure et se trouve, désormais, lié à des notions pour le moins attractifs : innovation, création, identité et développement. [J-P.Boutinet: 2006 : 13].

(ii) L'approche organisationnelle : qui tend à comprendre les logiques via lesquelles le projet urbain est monté. Cette approche prend souvent la nomination de << gouvernance », ou la problématique se résume dans la fameuse question << A qui le territoire appartient-il? ».

L'objectif de ce travail est de s'inscrire dans une approche << organisationnelle », et de contribuer au débat portant sur l'action territoriale en milieu urbain. Il s'agit de mettre l'accent sur le rôle des habitants-acteurs, dans le montage-réalisation du projet urbain à travers une opération de réhabilitation urbaine d'un quartier historique. Ce type de quartier occupe souvent une position centrale dans la ville, ce qui double sa valeur aux yeux des pouvoirs publics qui tentent, non seulement la réhabilitation du patrimoine bâti mais aussi une revitalisation économique, en rendant le quartier propice aux activités économiques. Par ailleurs, les habitants qui y vivent se trouvent menacés par ce projet qui cherche à les remplacer par de nouvelles populations pouvant s'adapter aux changements qui auront lieu après la réhabilitation. Cela interpelle le sujet qui est l'habitant et le remet au centre de la question urbaine. La linéarité procédurale, via laquelle se déroule une opération de réhabilitation d'un quartier, disparait pour laisser place à l'incertitude, qui, elle, affectera le << déroulement » du projet ce qui peut, au lieu de réhabiliter, laisser tomber en ruine des bâtiments à forte valeur patrimoniale. Dans la perspective de mieux comprendre les enjeux et saisir les rapports qui sous-tendent les acteurs. Nous avons fondé notre problématique sur le déroulement et la stabilité du projet urbain en confrontant l'action des habitants-acteurs avec la logique et la conduite d'élaboration du projet de réhabilitation:

Quelle est l'influence que peut exercer l'habitant-acteur sur la durée du projet de réhabilitation dans une démarche de projet urbain? : Selon quelle logique le projet se conçoit-il, et comment sera-t-il stabilisé?

Notre problématique s'inscrit dans la réflexion, déjà enclenchée et encore en vogue, qui gravite autour de la notion du projet urbain comme conduite, et l'introduction de l'habitant comme acteur et son influence sur la conduite d'un projet d'aménagement. En somme l'interrogation posée se pose nécessairement dans une démarche diachronique. Notre démarche est instruite par une problématique et un mode de raisonnement c'est-àdire par les prémisses d'une série de notions théoriques, dont l'articulation nous

permettra d'établir un cadre analytique et une grille de lecture pour explorer la réalité
empirique et interroger les faits. Pour ce faire, nous avons procédé en deux temps.

(i) Déconstruction de l'action : de Re-production du local pour comprendre les logiques des acteurs (l'habitant aussi) ; et de l'action collective pour saisir les rapports qui sous tendent les acteurs et la stabilité des interactions. (ii) Construction du cadre analytique en capitalisant les acquis théoriques dans des schémas pour appréhender l'approche d'une façon globale .Par la suite il nous sera possible de situer l'habitant-acteur dans la chaîne des rôles et comprendre sa ou ses logiques d'action et les modes stabilité du projet.

Nous sommes partis de l'hypothèse générale selon laquelle l'introduction de l'habitant comme acteur dans l'action de la réhabilitation urbaine pose l'incertitude quant à la réalisation et suppose un rapport de pouvoir pour stabiliser le projet urbain.

Pour guider le déroulement de ce mémoire, nous nous sommes basés sur un << terrain de réflexion >> : le quartier de <<Sidi Elhouari >> à Oran, capital de l'ouest Algérien. C'est un cas, qui est à notre sens << révélateur >> et << exemplaire >> de projet de réhabilitation urbaine mis en attente en partie par l'action de l'habitant lui-même. Bien que sa valeur patrimoniale soit reconnue à l'échelle nationale et internationale3 (classement UNESCO), et malgré les tentatives de valorisation via les POS successifs qui ont commencé depuis 19924, le quartier connait encore un processus de dégradation. Dix huit ans après le premier POS, le projet de réhabilitation du quartier stagne. La chronologie du projet est encore ouverte à l'incertitude et sa stabilité n'est pas encore claire.

Conçu comme un protocole de recherche, notre mémoire vise la validation de la problématique soulevée, discuter les hypothèses adoptées, proposer un terrain(s) d'étude et proposer des repères méthodologiques dans l'intention de poursuivre la recherche dans le cadre d'une thèse. En outre, nous tenons à apporter dans ce mémoire un état de savoir autour de la question soulevée.

Le mémoire est structuré en cinq parties dont les trois premières constituent le cadrage théorique. Dans la première partie, nous tenons à revisiter la notion de projet urbain à travers son évolution, ses conditions d'émergence et ses valeurs. La deuxième partie du mémoire pose la problématique de reproduction du <<local>> à travers la confrontation

3 La ville d'Oran à organiser pour cet effet, un colloque international, entre le 19 et le 21 octobre 2008.

4 L'algérie s'est dotée depuis 1990 de la loi n° 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme, où le PDAU et le POS sont considérés comme les instruments d'urbanisme.

de notions de différents auteurs. Elle y pose in fine la question de la gouvernance locale. La troisième partie quant à elle, fait le point par un état de l'art, sans chercher l'exhaustif, sur les différents modes d'appropriation du local par les habitants, et sur les différentes approches « théoriques » de l'action collective. L'apport théorique développé dans les

trois premières parties nous permettra par la suite de choisir un terrain(s) d'étude, quisera présenté succinctement dans la quatrième partie. Nous conclurons, dans la

cinquième partie, notre réflexion par une reprise-synthèse des différentes conclusions partielles à laquelle nous joignons une esquisse de la méthodologie pour le(s) cas d'étude choisi(s). Voir schéma ci-dessous.

CADRAGE THEORIQUE

II. logique de reproduction du
ulocal »:

· Confrontation des notions.

· Gouvernance locale

Comment approcher la réalité

complexe de l'action collective?

Comment le local se

reproduit-il ?

INTRODUCTION:
Cadrer l'intention de recherche entre problématique et hypothèses.
uHabitant-acteur, durée et stabilité du projet urbain »

I. Évolution du concept:

Le retour du u LOCAL »

III. Etat de l'art des approches sur
l'action collective:

· Modes d'Appropriation du local.

· Approche de l'action collective.

CAS D'ETUDE

Quel cadre pour approcher le rôle de l'habitant-acteur ?

Quels sont les critères de choix du cas d'étude ?

IV. Présentation du terrain

d'étude.

CONCLUSION

V. CONCLUSION:
Reprise des conclusions partielles, discussion des hypothèses et Esquisse
méthodologique pour une suite en thèse.

Figure 1: Le raisonnement suivi.

I. EVOLUTION DE LA NOTION DU PROJET

URBAIN : LE RETOUR DU « LOCAL»

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