D-1 Analyse de l'exposition du secteur financier
Le système financier camerounais est constitué
d'une bourse de valeurs16, d'un secteur de microfinance17
et d'un secteur bancaire. Dans notre analyse, nous nous limiterons
essentiellement au secteur bancaire, les deux autres secteurs financiers ayant
un poids négligeable. Cette analyse sera organisée autour de
trois points. Le point D-1.1 présentera le secteur bancaire et analysera
la prédominance des banques d'origine étrangère au
Cameroun. Le point D-1.2 analysera les transactions ainsi que
l'évolution des écarts entre les taux interbancaire et de
refinancement, pour voir si le marché interbancaire de la CEMAC s'est
comporté comme celui des pays avancés. Le point D-1.3 examinera
la position extérieure du secteur bancaire camerounais afin de voir si
celle-ci expose le pays à des pertes financières. Enfin, le point
D-1.4 présentera les indicateurs de la solidité du système
bancaire dans son ensemble.
D-1.1. Prédominance des banques
étrangères dans le secteur bancaire au Cameroun
Au 31 mars 2009, le marché bancaire camerounais
comptait 11 banques, dont 7 sont des filiales de banques
étrangères (voir tableau D.1). Parmi ces dernières, 3 sont
d'origine française18 et représentent l'essentiel des
parts de marché. Elles concentrent en effet 59,4% de part de
crédits octroyés à l'économie nationale et 55,8% de
part de ressources collectées. L'Etat reste néanmoins un
actionnaire non négligeable dans chacune de ces 3 banques (voir tableau
D.1). Les 4 autres sont d'origine anglo-saxonne19 et se
partagent des parts de marché
16 Appelée « Douala Stock Exchange » (ou
DSX), elle est la seule bourse de valeurs qui fonctionne dans la
sousrégion de la CEMAC. Elle a été inaugurée le 23
avril 2003 et ce n'est que quatre ans plus tard qu'elle a débuté
ses activités. Depuis l'inauguration et jusqu'en mars 2009, seules deux
sociétés y étaient cotées et les transactions
portant sur les actifs financiers de ces sociétés restaient
faibles.
17 L'essor de ce secteur au Cameroun est
récent et date des années 1990 suite à l' adoption des
lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté
d'association, et n° 92/006 du 14 août 1992 relative aux
sociétés coopératives et aux groupes d'initiative commune.
Son développement a été surtout favorisé par la
crise du secteur bancaire camerounais à la fin des années 1980.
Tombées en faillite, nombreuses banques vont renaître sous forme
d'établissements de microfinance (ou EMF). Ce secteur est
organisé et réglementé par le Ministère des
Finances sous la surveillance de la Commission Bancaire d'Afrique Centrale (ou
COBAC). Au 31 décembre 2006, la COBAC a dénombré 490
institutions de microfinance en activité au Cameroun, soit 63% des EMF
de la CEMAC (BEAC, (2008 a), P.165). Malgré leur nombre, ses
parts de marché ne représentaient que 7,0% en termes des
ressources collectées et 6,2% en termes de réemplois au Cameroun
(BEAC, (2008 a), P.186).
18 Il s'agit de la Société Générale
de Banque au Cameroun (ou SGBC), la Banque Internationale du Cameroun pour
l'Epargne et le Crédit (ou BICEC) et le Crédit
Agricole-Société, Camerounaise de Banque (ou CA-SCB).
19 Ce groupe est formé de la Citibank, la
Standard Chartered Bank (ou STDBK), Ecobank et Union Bank of Africa (ou
UBA).
de 15,2% et 15,3% respectivement pour les crédits et les
dépôts. Enfin, il y a 4 banques locales20 qui se
partagent 29,0% de part de crédits et 25,3% de part de
dépôts.
Le tableau D. 1 suivant donne la ventilation du capital des
banques suivant l'origine des actionnaires.
Tableau D. 1 : Structure du capital (en %) des
banques camerounaises selon la COBAC
Banques
|
Etat
|
Etranger
|
Privés Nationaux
|
Banques
|
Etat
|
Etranger
|
Privés Nationaux
|
SGBC
|
25,60
|
58,08
|
16,32
|
Citibank
|
0,00
|
100,00
|
0,00
|
BICEC
|
37,25
|
62,75
|
0,00
|
First Bank
|
0,00
|
20,00
|
80,00
|
CA-SCB
|
35,00
|
65,00
|
0,00
|
CBC
|
0,00
|
15,00
|
85,00
|
STDBK
|
0,00
|
100,00
|
0,00
|
UBC
|
0,00
|
7,13
|
92,87
|
Ecobank
|
0,00
|
79,60
|
20,40
|
Amity Bank
|
0,00
|
0,00
|
100,00
|
UBA
|
0,00
|
100,00
|
0,00
|
|
|
|
|
|
Source : KAMGNA S. Y. et DIMOU L. (BEAC,
2008)
De plus, les 3 banques d'origine française constituent
également le trio de tête dans un classement suivant le total du
bilan. Le total des bilans cumulés de ces 3 banques représentait
39,4% de la situation bilantaire des banques du Cameroun au 31 décembre
2006. Globalement, la situation bilantaire des banques camerounaises
s'élevait à 20% du PIB du Cameroun au 31 décembre 2006, ce
qui lui octroie la deuxième place dans la CEMAC derrière le
système bancaire gabonais qui représente 22,6% du PIB du Gabon
(BEAC, (2006), PP.159-164, 270). Cependant, la situation bilantaire du
système bancaire camerounais représentait 45% du total des bilans
des banques de la CEMAC au 31 décembre 2006, ce qui lui donne un poids
non négligeable dans la sous-région.
Il ressort de ce qui précède que le
système bancaire camerounais est dominé par les banques d'origine
étrangère, ce qui pourrait l'exposer soit aux pertes bancaires,
soit à un bank run ou à une crise de liquidités
par l'ensemble des mécanismes que nous avons analysé dans la
première partie.
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