La maison d'initiation à la faune et aux espaces naturels un acteur du développement local et du développement durable au Pays Basque( Télécharger le fichier original )par Emmanuel DE JOANTHO Université de Valenciennes et du Hainaut Cambresis - Master2 Développement local et économie solidaire 2008 |
2.2) Les Ateliers et Chantiers d'Insertion
Les Ateliers et Chantiers d'Insertion sont en général portés pas des structures dont l`objet unique ou initial est l'aide aux personnes défavorisées. Bien que la lutte contre l'exclusion soit au coeur des préoccupations de ses dirigeants et qu'elle représente aujourd'hui une part majeure de ses activités, c'est la conjonction de deux problématiques, l'une sociale, l'autre environnementale qui a conduit la MIFEN à développer l'insertion. L'accueil ponctuel d'enfants en difficulté et l'organisation de séjours pour des adolescents issus de foyers a joué un rôle dans le cheminement vers l'insertion de la MIFEN. D'ailleurs, les liens entre l'enfance en difficulté et l'exclusion sociale dont souffrent les adultes que recrute la MIFEN sont nombreux. Force est de constater que chez ces derniers, les plaies de l'enfance sont encore trop souvent ouvertes. « Les difficultés d'insertion professionnelle ne tiennent pas simplement à un manque de qualification. Si ce n'était que cela, les solutions seraient simples. En fait, les personnes en détresse sont à la recherche d'elles-mêmes, d'un nouvel équilibre. Les plaies de l'enfance sont encore ouvertes. Beaucoup de personnes en grande difficulté ont le sentiment d'être inutiles, elles ne se font plus confiance. Ce manque d'estime de soi est capital pour l'insertion professionnelle ». « Si on veut refaire de la socialisation par le travail, il est essentiel de trouver des structures et des manières de faire qui permettent aux personnes de reprendre confiance en elles-mêmes. »30(*) Cette analyse du sociologue Serge Paugam résume en partie l'une des interrogations que se pose la MIFEN dans son accompagnement de personnes ayant accumulé de nombreux échecs relationnels et professionnels. Le moyen d'insertion mis en oeuvre est l'activité, et la commande de l'Etat est l'insertion professionnelle. Cette commande que la MIFEN s'efforce de respecter est aussi et avant tout un moyen de développer du lien social. Outre leur utilité d'insertion, les chantiers de la MIFEN servent des intérêts collectifs comme le tourisme, la protection de l'environnement, la protection des biens et des personnes... Bien que difficilement quantifiable, leur contribution au développement durable paraît évidente car ils agissent sur les trois piliers social, environnemental et économique du développement durable. Cet aspect sera largement développé en seconde partie.
Les missions d'entretien des cours d'eau et du littoral représentent 39% du volume des chantiers. Historiquement, les chantiers d'entretien de cours d'eau sont les plus anciens au sein de la MIFEN. Ils n'ont jamais été interrompus depuis 1992. L'important réseau hydrographique du département qui compte environ 4500 kilomètres de cours d'eau aux multiples profils explique la forte implication des ACI dans ce domaine. Précisons à ce sujet que la MIFEN a joué un rôle de pionnier. Elle s'est toujours intéressée à la problématique de l'eau et à l'importance des cours d'eau sur le plan écologique (maintien de la biodiversité, effet corridor des ripisylves...) et social (développement d'un tourisme rural diffus et respectueux de l'environnement..). À l'heure actuelle, la MIFEN intervient régulièrement sur les cours d'eau pour le compte d'une Communauté de Communes et de deux Syndicats. Elle couvre à elle seule plus de deux cents kilomètres de cours d'eau aux profils très différents. Sa technique basée avant tout sur l'utilisation de moyens humains tend à se mécaniser légèrement depuis 2006. La recherche du compromis entre le tout manuel ou le tout mécanique est l'un des débats menés par la structure en interne et avec ses partenaires. Il illustre l'une des préoccupations majeures de la structure dans sa quête de services répondant à la triple préoccupation sociale, environnementale et économique. Les missions d'entretien des espaces naturels sensibles représentent 24% des chantiers. Le Syndicat d'Aménagement de la Zone Ilbaritz Mouriscot regroupant les communes de Biarritz et de Bidart gère un espace naturel d'une centaine d'hectares situé au centre d'une zone urbaine. La MIFEN en assure l'entretien depuis 2000. Le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques confie l'entretien de 8 Espaces Naturels Sensibles à la MIFEN. L'intérêt pédagogique de ces chantiers est lié à la nature et à la diversité des travaux qui y sont menés en faveur de la biodiversité ou de lutte contre les plantes invasives. Les missions d'entretien de sentiers se sont développées à partir de 1995, grâce à la création de nombreux plans locaux de randonnée soutenus par le Comité Départemental du Tourisme. D'autres itinéraires, ceux-là départementaux ou nationaux, ont été rallongés ou créés. C'est le cas du GR10 ou du GR8. Ce dernier, d'une longueur de 65 kilomètres, qui traverse la Pays Basque du nord au sud est entièrement entretenu par la MIFEN. Globalement, la MIFEN entretient annuellement 400 kilomètres d'itinéraire pédestre et VTT. Elle assure le débroussaillage des parties herbacées ou forestières, un contrôle du mobilier et de la signalétique ainsi qu'un entretien du balisage. Certaines missions sont à ranger dans la catégorie des chantiers urbains. Moins gratifiantes que les précédentes, elles n'en sont pourtant pas moins utiles. La plus importante d'entre-elle, co-construite avec la MIFEN et commandée par la ville de Bayonne, est une mission permanente de récupération de papiers et consommables recyclables. Il existe enfin depuis 2005 un chantier ramassage de déchets anthropiques sur la zone dite « des falaises » de Biarritz. Il s'agit ni plus ni moins d'une mission de propreté sur un espace vert. Nous sommes là à la marge du champ des missions confiées en temps normal à la MIFEN, c'est-à-dire des chantiers directement liés à la protection de l'environnement. Rappelons ce qui est inscrit dans chaque préambule des Marchés d'Insertion que la MIFEN signe : « Le Maître d'ouvrage prend note que la MIFEN attache une importance prioritaire aux chantiers porteurs de développement durable et présentant un intérêt pédagogique. Ces travaux portent notamment sur de l'entretien et de la restauration de cours d'eau, des travaux d'aménagement de sentiers pédestres ou d'espaces forestiers, des travaux visant à préserver le milieu naturel, la diversité animale et végétale, des travaux de ramassage, de tri et d'évacuation des DIB et des bois flottants... ». Néanmoins, les raisons qui ont conduit la structure à accepter ce chantier sont louables car elles ont permis de mettre en oeuvre des collaborations destinées à favoriser le recrutement des salariés en parcours au sein de ces deux collectivités. Mais il n'est pas impossible que, par cette transaction, la MIFEN se soit substituée à la collectivité dans une mission d'entretien d'espaces urbains, généralement dévolue aux services techniques de la ville. Répartition proportionnelle des différents chantiers (en volume d'activité) * 30PAUGAM S.(1991) « La disqualification sociale » Presses Universitaires de France |
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