UNIVERSITE DE VALENCIENNES ET DU HAINAUT CAMBRESIS
MASTER II PROFESSIONNEL
DEVELOPPEMENT LOCAL ET ECONOMIE SOLIDAIRE
La Maison d'Initiation à la Faune et aux Espaces
Naturels
Un acteur du développement local et du
développement durable au pays basque
Emmanuel de Joantho
Jury :
Directeur de mémoire : M. Laurent Gardin
Personnalité qualifiée : M. Michel
Roussel
Maître de stage : M. René Jocou
Année universitaire 2007/2008
« La seule chance offerte à l'humanité
serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la
met sur un pied d'égalité avec toutes les autres formes de vie
qu'elle s'est employée et continue de s'employer à
détruire.
Mais si l'homme possède d'abord des droits au titre
d'être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à
l'humanité en tant qu'espèce, rencontrent leurs limites
naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de
l'humanité cessent au moment où leur exercice met en péril
l'existence d'autres espèces ».1(*)
Claude Lévi-Strauss
Remerciements
On dit parfois des longs remerciements qu'ils sont excessifs,
manquent de sincérité et relèvent de la
naïveté. Mais ceux qui suivent s'adressent à toutes les
personnes qui animent et conduisent la MIFEN depuis de nombreuses
années. Tout ce qui découle de cette étude n'existe que
grâce à leurs contributions.
Comment ne pas avoir une tendre pensée pour Isabelle,
qui m'accompagne tous les jours depuis la création de la MIFEN.
Je voudrais exprimer des remerciements chaleureux à
tous les administrateurs de la MIFEN, en particulier à Jacques Prin pour
son engagement en tant que président durant tant d'années ;
à Paul Sansenacq pour les conseils qu'il me prodigue depuis 20
ans ; à René Jocou, actuel président de la MIFEN;
à Michel Pagoaga, mon ami et ancien professeur d'écologie;
à Didier Costil, mon confident. Merci également à Pierre
Ninous qui a basculé du salariat au bénévolat ;
à Patrick Bonifas, supporter de la MIFEN et enfin Jean-Baptiste
Etcheverry pour ses précieux conseils juridiques.
Une pensée particulière à quelques amis
et collègues ; Pascal Garcia et Sophie Gansoinat pour leur soutien
sans faille depuis de nombreuses années ; Didier Lapedagne,
Hervé Pochelu et Marie-Jo Chourrout qui m'enrichissent de leurs savoirs.
À Pierre Hery pour sa participation active au lancement des
activités éducatives.
À mes parents et à mon frère, très
présents au départ de l'aventure, alors que cette association
n'était qu'un fantasme de jeune guidé par la passion.
Ce mémoire est dédié à tous les
salariés en parcours d'insertion pour le temps qu'ils consacrent
à la MIFEN.
Les conseils et les encouragements de Laurent Gardin ont
été très utiles pour l'élaboration de ce
mémoire. Ce dernier n'aurait jamais vu le jour si Patrick Loquet n'avait
pas su trouver les bons mots pour convaincre son auteur de passer à
l'action.
Pour terminer, je voudrais dédier une citation aux
bénévoles de la MIFEN. Dans son ouvrage Avant que nature
meure (1964), Jean Dorst donnait son sentiment sur la lutte pour la
protection de la nature :
« On ne rendra cependant jamais assez hommage
aux hommes qui ont oeuvré avec désintéressement et courage
pour conserver au monde ses paysages, sa flore et sa faune
sauvages ».
SOMMAIRE
La Maison d'Initiation à la Faune et aux Espaces
Naturels
Un acteur du développement local et du
développement durable au pays basque
Page
INTRODUCTION 5
Première Partie : ANALYSE DU FONCTIONNEMENT
SOCIO-ECONOMIQUE
I. CONSTRUCTION ET PRESENTATION DE LA STRUCTURE 15
II. REPERAGE DU FONCTIONNEMENT SOCIAL 24
III. REPERAGE DU FONCTIONNEMENT ECONOMIQUE 37
Deuxième partie : LA MIFEN : UN OUTIL DE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
AU SERVICE DES COLLECTIVITES
I. ÉVALUATION DE L'UTILITE DE LA MIFEN 56
II. INNOVER POUR IMPULSER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE
PRESENTATION DE DEUX PROJETS 85
CONCLUSION GENERALE 99
Table des Matières 101
Références bibliographiques
103
Annexes 106
En préambule...
Cette année encore, l'arrivée des premiers
grands froids a soudainement rappelé à la population
française jusqu'alors obnubilée par les étrangers
sans-papiers qu'elle compte aussi parmi les siens quelques milliers de sans
abris. Ces derniers dérangent ! On ne sait ni comment les loger, ni
comment les considérer. Or, au regard d'une politique de
développement durable, concept qui fera l'objet d'un large
développement dans ce mémoire et qui semble être au coeur
des préoccupations des collectivités, des entreprises et des
instances politiques, le SDF devrait avoir valeur d'exemple. Ses
émissions de gaz à effet de serre sont en effet nettement
inférieures à celles d'un « bien
logé » et son empreinte écologique 2(*) est moins importante que celle
de la moyenne générale (pas de voiture, pas de chauffage...) Il
mériterait pour cela une compensation financière, un bonus
carbone 3(*) destiné à le récompenser
pour son mode de vie écocitoyen. Par ailleurs, un « coup de
pouce » à son pouvoir d'achat lui permettrait
de consommer un peu plus et, par conséquent, de contribuer à
la relance de la croissance qui, à en croire la quasi-totalité
des décideurs politiques, est l'unique contrepoison du chômage et
de la pauvreté. Aussi pourrait-il réintégrer la
société par la voie royale, le travail, principal critère
d'intégration sociale. Mais tous les sans abris ne sont pas des
chômeurs. Il y en a qui travaillent ! D'autres, également
citoyens de la sixième puissance mondiale, disposant d'un logement et
d'un emploi mais ne subvenant plus à leurs besoins alimentaires, sont
contraints de fouiller dignement les poubelles.
« Puisqu'il faut changer les choses, aux arbres
citoyens, il est grand temps qu'on propose un monde pour demain !
»4(*)
Toute la société civile semble prendre
conscience que l'économie telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui
fait subir des altérations importantes à l'équilibre
écologique de la planète et du climat qui, à son tour,
risque de compromettre cette économie. Comme l'indique Gilbert
Rist: « Que l'idéologie du développement
n'ait pas tenu ses promesses est devenu un truisme. Seuls celles et ceux qui
ont renoncé à lire les journaux ou à ouvrir leur poste de
télévision peuvent ignorer qu'après cinquante ans
d'efforts entrepris au nom du développement les inégalités
sociales entre ceux qui s'enrichissent et ceux qui s'appauvrissent se sont
aggravées, que des centaines de millions de gens n'ont pas accès
à la terre, à l'eau potable ou aux soins
élémentaires, que les forêts disparaissent, que les
ressources halieutiques s'épuisent et que le réchauffement
climatique prend des dimensions catastrophiques »5(*).
INTRODUCTION
Le statut du concept de développement durable a pris de
l'importance ces dernières années et s'introduit de plus en plus
dans le cadre des politiques de développement. Nous verrons
ultérieurement qu'il existe plusieurs définitions du
développement durable, mais que toutes pointent la
nécessité de gérer conjointement, de manière
équilibrée et à long terme, les problématiques
sociales, économiques et environnementales de la société.
Autrement dit, existe-t-il un modèle économique
qui pourrait prendre en compte le progrès social, la lutte contre les
inégalités et la préservation de l'environnement et des
ressources naturelles ?
À cette question, les acteurs de la Maison d'Initiation
à la Faune et aux Espaces Naturels, association implantée au Pays
Basque et sujet principal de notre étude, n'ont eu de cesse de tenter
d'y apporter des réponses pratiques depuis de nombreuses années,
notamment en élaborant des projets d'insertion ou environnementaux en
partenariat avec de nombreuses collectivités.
Hasard ou coïncidence ? la MIFEN a vu le jour en
1987, année ou le concept de développement durable a
été popularisé par le rapport Bruntland. Or, le terme de
développement durable n'apparaît nulle part dans les statuts de
cette association et il faut reconnaître qu'elle l'a rarement
utilisé durant ses vingt années d'activité.
Aujourd'hui, l'Etat, les associations, les
collectivités locales, les économistes et les écologistes
se sont emparés de ce concept qui serait, selon Aurélien
Boutaud6(*)
« avant tout l'expression d'une problématique, la
révélation d'une question qui n'a eu de cesse de
révéler sa pertinence et son urgence au cours des
dernières décennies. Une question aussi simple à poser que
difficile à résoudre : Comment concilier
développement économique et respect des équilibres
écologiques ? ».
En préalable à tout développement, il
semble primordial de consacrer un temps à l'histoire du concept de
développement durable. Son origine remonte au XIXe siècle,
époque de la révolution industrielle. L'utilisation des
ressources fossiles permet le développement de la mécanisation
dans les domaines de l'agriculture et de l'industrie. Personne n'a alors
conscience des bouleversements que la société moderne aura,
notamment sur l'atmosphère, avec l'accroissement des gaz à effet
de serre. En passant d'une société à dominance agraire
à une société industrielle, l'homme provoque l'inversion
des rapports de force entre lui-même et la nature. Les premières
dérives de l'industrialisation sont constatées, entraînant
des dégradations écologiques multiples qui conduisent à
l'émergence d'un mouvement naturaliste. Des mesures de protection de
l'environnement sont alors mises en oeuvre.
Aux alentours des années 1880, les Etats-Unis
créent leurs premiers grands parcs nationaux. En France, la
Société Zoologique d'Acclimatation7(*) voit le jour en 1854. Puis surviennent les deux
grandes guerres mondiales qui suspendent ce mouvement émergeant.
En 1948, l'UNESCO crée l'Union Internationale pour la
Protection de la Nature, aujourd'hui UICN8(*), qui jouera un rôle fondamental dans la
naissance du concept de développement durable. En 1971, alors qu'un
ministère français de la nature et de l'environnement est
créé, une réunion organisée à Founex
(Suisse) en vue de préparer la Conférence de Stockholm tente de
mettre en lumière la montée en puissance des problèmes
environnementaux liés à l'environnement humain. Son rapport
rédigé par des économistes spécifie qu'il est
nécessaire mais aussi possible de concevoir et de mettre en oeuvre des
stratégies de développement socio-économique
équitable, respectueuses de l'environnement, appelées
stratégies d'éco-développement.
En 1972, la Conférence des Nations Unies sur
l'environnement humain adopte une série de principes pour une gestion
écologiquement rationnelle de l'environnement. Cette "Déclaration
de Stockholm" place les questions écologiques au rang des
préoccupations internationales. Elle permet d'engager le début
d'un dialogue entre pays industrialisés et pays en développement
concernant le lien qui existe entre la croissance économique, la
pollution de l'indivis mondial (l'air, l'eau, les océans) et le
bien-être des peuples dans le monde entier.
Au fil des ans, la consommation des ressources fossiles
s'accroît, de nouvelles technologies sont expérimentées,
l'industrie chimique est en plein développement. Les systèmes de
productions sont robotisés, les transports individuels se
généralisent. La société prend chaque jour
davantage conscience de l'extrême fragilité de la planète.
Mais elle ne change pas pour autant sa politique, profitant pleinement des
bienfaits de la croissance économique et du plein emploi. Partout,
l'idéologie du développement gagne du terrain.
Nous sommes à la fin des trente glorieuses. Le
discours anti-développement fait son apparition. Il est plus largement
diffusé dans le discours du Club de Rome à travers le rapport
MEADOWS, commandé deux ans plus tôt à une équipe de
chercheurs américains. Le rapport MEADOWS aborde les limites de la
croissance et l'idée d'une croissance zéro. Il alerte la
communauté internationale sur les aspects incompatibles des croissances
démographique, économique et industrielle et de
l'équilibre pérenne des écosystèmes. S'il ne
prédit pas la « fin de l'humanité », il
affirme que les conditions de vie des hommes se dégraderont à
cause de la pollution qui enrayera notamment la croissance. Malgré le
succès de ce rapport, la critique du développement restera
cependant marginale. Selon Gilbert RIST, cela s'explique par le fait qu'il est
difficile de critiquer une idéologie qui nous est
présentée plus ou moins consciemment comme visant au
« bonheur universel »9(*). En 1974, La conférence de Cocoyoc met
l'accent sur le gaspillage des ressources naturelles. Les années qui
suivront seront moins glorieuses que les précédentes. Le premier
choc pétrolier démontrera la dépendance de
l'économie vis-à-vis des ressources naturelles.
Malgré une prise de conscience qui semble grandissante,
les préoccupations politiques restent essentiellement
économiques. Le prix du pétrole continue d'augmenter, tout comme
le chômage.
Quelques accidents technologiques comme l'échouement de
l'Amoco kadiz en 1978, Bhopal en 1984, Tchernobyl en 1986, très
médiatisés, aux conséquences dramatiques sur la vie et la
santé humaines ainsi que sur l'équilibre de l'environnement,
feront émerger une vague de protestation au sein de la population qui
prendra davantage conscience du caractère épuisable des
ressources naturelles. Mais cela ne suffira pas à faire cesser de
multiples pratiques invisibles mais néfastes, aux effets
imprévisibles et planétaires. Quant aux responsables de ces
catastrophes, il ne seront que très peu inquiétés.
Comme nous l'évoquions précédemment,
c'est grâce au rapport Notre avenir à tous,
(dit Rapport Brundtland), présenté en 1987 lors de
la deuxième conférence de Stockholm, que la Commission des
Nations Unies sur l'environnement et le développement a porté au
niveau politique le concept de développement durable à
l'échelle planétaire. Il faut cependant remonter à 1980
pour voir apparaître pour la première fois la notion de
développement durable, traduite de l'anglais « sustainable
development » dans un rapport publié par l'Union
Internationale pour la Conservation de la Nature, intitulé La
stratégie mondiale pour la conservation. Il est par ailleurs
intéressant de constater que chacune de ces deux organisations a sa
propre définition du développement durable :
La Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement (CMED) décrète que le développement
durable doit « répondre aux besoins du présent sans
compromettre les capacités des générations futures
à répondre aux leurs ».
L'Union Internationale de Conservation de la Nature
considère quant à elle que le développement durable est
« Le fait d'améliorer les conditions d'existence des
communautés humaines, tout en restant dans les limites des
capacités de charge des écosystèmes. »
(UICN/PNUE/WWF,1991).
Le rapport BRUNTLAND met l'accent sur la nature
imbriquée de l'écologie et de l'économie mondiale à
tel point que son discours est parfois ambivalent : « Il ne
s'agit en aucun cas de mettre fin à la croissance, au contraire
»10(*) « ce
que nous avons besoin, c'est d'une nouvelle ère de croissance
économique, une croissance vigoureuse». Aussi ce rapport
n'est-il pas considéré par tous comme une véritable
avancée.
Remarquons que la MIFEN voit le jour huit mois après la
tenue de la conférence de Stockholm. Elle ouvre une Maison de la Nature
en 1988 et consacre ses premières années à
l'éducation à l'environnement des élèves, dont le
principe n'est pas inscrit dans les programmes scolaires, encore moins dans le
droit de façon explicite mais qui fera l'objet d'une déclaration
d'intention au Sommet de la Terre de Rio en 1992 dans le cadre de l'Agenda
2111(*).
En 1992, la Conférence de Rio de Janeiro,
également baptisée Sommet de la Terre réunit 180
pays et 15000 représentants d'ONG. La signature de plusieurs
déclarations et conventions thématiques destinées à
faire progresser le concept des droits et des responsabilités des pays
dans le domaine de l'environnement marque la différence avec la CMED qui
en était restée au stade des principes. La Déclaration de
Rio témoigne de deux grandes préoccupations apparues depuis la
Conférence de Stockholm : la détérioration de
l'environnement, notamment de sa capacité à entretenir la vie, et
l'interdépendance de plus en plus manifeste entre le progrès
économique à long terme et la nécessité d'une
protection de l'environnement. Il marque la prise de conscience internationale
du risque de changement climatique
Le développement durable gagne du terrain au sein des
instances nationales. En 1993, le gouvernement crée la Commission
Française du Développement Durable. Le développement
durable est inscrit en 1995 dans la loi Française à travers la
Loi du 2 février 1995, relative au renforcement de la protection de
l'environnement (dite Loi Barnier)12(*).
En 1997, le Sommet de Kyoto sur le climat s'est conclu par la
signature d'un accord sur le principe de quotas d'émissions de gaz
à effet de serre pour les pays les plus industrialisés. Il
traduit en engagements quantitatifs juridiquement contraignants la
volonté des pays les plus riches à réduire leurs
émissions de gaz entre 2008 et 2012, à des niveaux réduits
de 5,2% par rapport à ceux ce 1990. Parmi les Gaz à effet de
serre, le gaz carbonique provient essentiellement de la combustion des
énergies fossiles et de la déforestation.
Convaincue qu'il ne peut y avoir de développement durable sans
dimension internationale, La MIFEN lance le programme « peuples et
forêts du monde » avec des écoles de la Réserve
de Biosphère13(*)
du Gunung Leuser, à Sumatra, province de ACEH, précisément
dans une zone où les méfaits de la déforestation menacent
la biodiversité et les populations autochtones.
En 2002 a lieu le Sommet de la Terre de Johannesburg, qui
porte aussi le nom de Sommet Mondial du développement Durable. Le
président de la République française prononce un discours
fédérateur qui va faire date : « Notre maison
brûle et nous regardons ailleurs », « La nature,
mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer
et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal
développement, au nord comme au sud, et nous sommes indifférents.
La terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous
responsables».
Les années 2000 voient émerger le mouvement
alter mondialiste. Il reprend à son compte la critique du
développement du Club de Rome, tente de dénoncer une certaine
injustice économique et entend promouvoir une mondialisation qui serait
solidaire sur les trois plans environnemental, social et économique,
qui constituent en outre les piliers du développement durable.
Aujourd'hui, le développement durable est inscrit
partout au sein des entreprises et des collectivités. Tout le monde
affirme faire du développement durable, y compris ceux dont les
agissements ou les déclarations sont en contradiction avec certains
principes du développement durable. Citons à titre anecdotique
cette exposition « rendez-vous aux pôles », à
la Tour Effeil, où les visiteurs sont sensibilisés au
réchauffement climatique en cheminant sur un itinéraire de 300
mètres de neige artificielle ; une goutte d'eau certes face aux
4000 hectares de pistes skiables recouverts de neige de culture dont la
fabrication nécessite 15 millions de M3 d'eau, sans compter les
dépenses d'énergie pour faire fonctionner les canons. Parmi la
pluie de déclarations politiques récentes entendues à
l'occasion des dernières campagnes électorales ou du Sommet de
Bali sur le climat nous aurons retenu celles de Jean-Louis Borloo, ministre de
l'environnement du moment, qui, sur une radio publique affirmait que le
développement durable est un formidable levier pour la croissance
économique. Lors de son discours devant les Nations Unies, il
s'adressait aux représentants de pays industrialisés en ces
termes : « Je leur dis, le développement sobre
en carbone est un levier de croissance, c'est même le principal, car la
croissance c'est toujours répondre à un besoin impérieux
et sauver la planète en est un »14(*). Or, la croissance
économique ne consiste-t-elle pas à produire toujours plus et n'a
t'elle pas pour conséquences, malgré les progrès de la
science, des dépenses d'énergie en perpétuelle
augmentation ?
En matière d'énergie, les données
prévisionnelles sont plutôt alarmistes et celles du présent
ne sont guère plus réjouissantes. En 2030, la demande
énergétique de la planète aura probablement triplé
depuis 1970 et sa population avoisinera les 8 milliards d'habitants. Mais le
Monde et la France en particulier ne semblent pas disposés à
modifier en profondeur leur mode de vie et de consommation boulimique.
Les ressources énergétiques, qu'elles soient
renouvelables ou fossiles, sont vitales à l'équilibre de notre
société. Elles se dépensent, se gaspillent parfois mais
surtout elle s'achètent ou se vendent et régissent le
système économique de la planète.
Au premier rang de ces ressources énergétiques
se trouve le pétrole.
Depuis le premier puit de pétrole d'Edwin Drake (1859),
de nombreux événements se sont produits. Tandis que le monde a
consommé une grande partie des réserves de cette substance que la
nature avait mise plus de cent millions d'années à fabriquer, la
demande ne cesse de croître et son 'extraction devient de plus en plus
difficile. Le temps ou un simple tube enfoncé dans le sable suffisait
à faire jaillir le pétrole est révolu, tout comme
l'époque des gisements géants faciles à exploiter.
Néanmoins, les gisements offshore deviennent rentables grâce aux
augmentations substantielles des prix du baril ces dernières
années. Par ailleurs, de nouvelles techniques d'extraction permettront
rapidement d'essorer les 20% de la précieuse substance toujours
présente dans les vieux gisements d'hier. Autant dire que le
pétrole a encore de beaux jours devant lui et qu'il risque de rester
encore quelques décennies au centre des préoccupations du
monde.
En 2007, le prix du baril a atteint 100 dollars15(*). En règle
générale, une brève flambée des cours du
pétrole n'a guère d'incidence sur la croissance économique
car l'existence de stocks et de garanties financières permettent d'en
atténuer les conséquences. Or, la situation est très
différente si la hausse persiste dans un contexte économique
déjà difficile. Lors de son premier voyage présidentiel en
Arabie Saoudite, Nicolas Sarkozy n'a d'ailleurs pas caché son
inquiétude face à cette hausse spéculative qui
pourrait affecter directement la croissance et le pouvoir d'achat.
L'intérêt que semble manifester subitement la compagnie TOTAL pour
le nucléaire est aussi un signe du changement qui s'opère
actuellement. Le développement durable n'est plus seulement un objectif.
Il devient peu à peu un devoir, mieux encore une obligation
légale qui contraint notamment les personnes morales à respecter
l'équilibre des trois piliers du développement durable sous peine
de sanction. La décision de justice de l'affaire du naufrage de l'Erika
marque à ce sujet un tournant historique en condamnant la
Société TOTAL à 375.000 euros d'amende et solidairement
à 192 millions d'euros de dommages et intérêts pour le
préjudice écologique résultant d'une atteinte à
l'environnement qu'elle a fait subir à la côte atlantique.
Cette somme reste dérisoire comparée aux dix milliards de profits
que la compagnie a réalisés en 2007. Mais elle est importante au
regard des décisions qui avaient été prises dans de
précédentes affaires similaires. A titre de comparaison,
l'échouement de l'Amoco Cadiz avait donné lieu, quatorze
années après la catastrophe, à une indemnité
d'environ 57 millions d'euros. Quant à l'Exxon Valdez qui a
déversé son pétrole dans le golfe d'Alaska en 1989, la
puissante société Exxon négocia un accord amiable qui lui
permit de s'acquitter d'une indemnité cinq fois supérieure
à celle de l'Amoco Cadiz mais probablement bien inférieure
à ce qu'aurait pu lui coûter un procès
médiatisé face à des parties civiles bien
représentées.
Deux siècles après les débuts de la
révolution industrielle, le bilan est mitigé. Les progrès
de l'humanité tout comme les méfaits du progrès se sont
accélérés, et les décennies à venir
s'annoncent difficiles. Comme si toutes les avancées
réalisées avaient un prix, la société moderne a
bien des revers que l'humanité va probablement devoir essuyer sous la
forme de bouleversements écologiques qui généreront des
crises économiques, sociales et humanitaires. Le tableau est si sombre
qu'il serait tentant de lâcher prise et de profiter sans vergogne des
plaisirs de la société moderne avant qu'il ne soit trop tard.
Plaisir de pouvoir bénéficier d'une situation confortable
comparée à celles de cette immense part de l'humanité qui
n'a pas encore eu le temps de profiter des progrès de la
société de développement qu'elle en subit
déjà les méfaits ; plaisir enfin de vivre encore en
France à l'abri de la misère sociale et des miséreux
eux-mêmes qui ne remplissent pas les critères exigés par la
société de croissance.
La croissance économique telle qu'elle est
pratiquée aujourd'hui, basée sur l'exploitation des ressources
naturelles renouvelables ou non renouvelables semble favoriser davantage les
inégalités sociales. Par ailleurs si son principal indicateur, le
Produit Intérieur Brut16(*), tient effectivement compte des richesses
créées, il n'est en rien un indicateur de bien-être et
présente parfois des écarts très importants avec
l'Indicateur
de Développement Humain17(*). La croissance à outrance met l'homme au
service des intérêts économiques. Dans ces conditions, elle
ne répond plus aux besoins fondamentaux de chacun et n'assure plus son
bien-être. Comme l'indique Noëlle Burgi-Golub dans sa contribution
à l'ouvrage : « Le développement durable,
une perspective pour le XXIe siècle 18(*)», « le
renversement radical du rapport de forces entre capital et travail intervenu au
cours des trente dernières années a placé une fraction
grandissante des populations européennes dans des situations de
subordination sociale, de vulnérabilité ou de
précarisation telles que beaucoup, à en croire nos interlocuteurs
institutionnels sur le terrain, seraient destinés à n'en jamais
sortir ».
L'approche du développement durable, visiblement
partagée par la majeure partie des décideurs politiques et
surtout propagée par les grandes entreprises, est avant tout
économique. Elle s'appuie sur la croyance d'une croissance
éternelle rendue possible grâce aux progrès de la science.
Dans ce cas, la question économique est placée au centre du
concept de développement durable dont la vocation première est de
préserver le système économique tel qu'il existe.
À cette conception s'oppose l'approche
environnementaliste qui considère que c'est à l'économie
de s'adapter aux exigences des écosystèmes. Cette dernière
interprétation, proche de la thèse présentée par le
Club de Rome dans son rapport Halte à la croissance, est celle
que la MIFEN tente aujourd'hui de diffuser.
À l'opposé du modèle actuel
d'économie capitaliste de marché et de croissance existerait
celui de la décroissance, dont les disciples sont plutôt
opposés au concept de développement durable qu'ils jugent trop
axé sur la croissance. Serge Latouche décrit le concept de
décroissance comme un « slogan qui a pour objet de
rompre avec la société de croissance19(*)», « un ovni
dans le débat politico médiatique » mais un
« Ovni » qui semble progressivement gagner du terrain.
Selon ses partisans, la décroissance permettrait de
« sortir du développement qui ne fait que renforcer les
inégalités sociales, appauvrir les plus démunis et mettre
en danger l'environnement »20(*). Tout un programme qui, dans des moments de
découragement, conviendrait à la MIFEN tant pour
l'intérêt qu'il pourrait présenter dans sa dimension
environnementale que pour l'espoir qu'il pourrait réveiller chez les
salariés en parcours d'insertion. Car il faut reconnaître que
l'ACI parvient insuffisamment à placer ses salariés sur des
emplois du secteur marchand. Ses résultats, insuffisants au regard des
20% de « sorties vers l'emploi » exigés par l'Etat,
posent la question des profils du public qu'elle recrute. Outre les nombreuses
personnes qui rencontrent des problèmes d'addiction et de comportements
asociaux les conduisant souvent à des situations d'exclusion, la
structure recrute aussi des personnes fragilisées par des parcours de
vie chaotiques dont les capacités professionnelles et le manque
d'autonomie associés à d'autres freins à l'emploi, tels
que l'âge et le manque de qualification, rendent tout espoir
d'intégration quasi impossible dans des entreprises, voire des
collectivités dont les niveaux d'exigences sont croissants. La
société actuelle joue au yo-yo avec ces personnes qui
éprouvent appréhension, frustration, colère et
culpabilité. Appréhension à l'idée de voir leur
contrat de travail non reconduit, frustration de ne pouvoir trouver un emploi
et de devoir retourner au RMI et, colère ou culpabilité enfin car
ils ne font pas partie, pour reprendre les slogans des dernières
élections présidentielles, de cette « France qui se
lève tôt » et qui devrait
« travailler plus ».21(*)
La course à la compétitivité s'oppose
à toute idée de solidarité envers les personnes les plus
éloignées du monde du travail dont les exemples
d'intégrations durables relèvent surtout du conte de fée
tellement ils sont rares. À l'heure actuelle, seules certaines
catégories d'entreprises sont en mesure d'apporter une réponse
à leur emploi. Elles sont souvent regroupées en réseaux et
se réclament généralement du champ de l'économie
solidaire.
Dans sa contribution au Dictionnaire de l'autre
Economie22(*), Paul
Singer indique que le concept d'économie solidaire tourne autour de
l'idée de solidarité par opposition à l'individualisme
compétitif qui caractérise le comportement économique
dominant dans les sociétés capitalistes. Il situe l'origine de
l'économie solidaire au dix-neuvième siècle avec la
création des premiers mouvements coopératifs ouvriers et de la
Bourse du travail (Labour Exchange) dont le principe d'échange des
marchandises, issues de l'activité de la coopérative, à
l'aide d'une monnaie sociale est réapparu dans les années 1980 au
Canada Puis pour la première fois en France en 1994 (Système
d'Echange Local de Montbel, en Ariège). Selon Jean-Louis Laville et
Bernard Eme23(*),
l'économie solidaire peut être définie comme l'ensemble des
activités économiques soumis à la volonté d'un agir
démocratique où les rapports sociaux de solidarité priment
sur l'intérêt individuel ou le profit matériel ; elle
contribue ainsi à la démocratisation de l'économie
à partir d'engagements citoyens. Alain Lipietz24(*) définit quant à
lui l'économie solidaire par « au nom de quoi on le
fait » et « le sens prêté à
l'activité économique, sa logique, le système de valeurs
de ses acteurs et les critères de gestion de ses
institutions ».
Pour reprendre les termes inscrits dans la Charte de
l'association nationale Chantier Ecole25(*), dont la MIFEN est signataire, les membres du
réseau « entendent développer leurs pratiques
à partir d'un concept commun, décliné en
différentes démarches, entre autres dans le cadre de l'Economie
Sociale et Solidaire ».
La MIFEN peut se réclamer de l'Economie Solidaire car
elle partage certaines valeurs et applique des critères
spécifiques au champ de l'économie solidaire :
. Pour assurer son fonctionnement, elle mixte les sources de
financement. Elle reçoit des fonds publics, signe des marchés
publics d'insertion et fait appel au bénévolat.
. Les missions qu'elle assure sont co-construites avec ses
partenaires et s'intègrent dans un projet collectif.
. Ses prestations favorisent les échanges, et lien
social au sein même de la structure et des espaces publics.
. La structure est à but non-lucratif et ses
réserves financières ne peuvent être appropriées par
les individus.
. Le mode de gestion de la MIFEN est démocratique et
transparent.
Enfin, dans toutes leurs dimensions, les activités de
la MIFEN n'ont de sens en elles-mêmes. Elle ne prennent leur sens que
vis-à-vis des personnes pour qui elles sont organisées. Celles-ci
sont au coeur de la démarche.
Les passerelles entre les concepts d'Economie solidaire et de
développement durable sont multiples. L'une d'entre-elles porte sur le
principe de solidarité. Si l'Union Internationale de Conservation de la
Nature et la CMED donnent à leurs définitions respectives du
développement durable une dimension sociale, celle de la CMED ajoute
à cette dimension la notion de solidarité
(« répondre aux besoins du présent sans
compromettre les capacités des générations futures
à répondre aux leurs ») également
évoquée à plusieurs reprises à l'occasion de la
Déclaration de Rio :
.La solidarité intergénérationnelle avec
« Le droit au développement doit être
réalisé de façon à satisfaire équitablement
les besoins relatifs au développement et à l'environnement des
générations présentes et futures ».
.La solidarité entre individus lorsqu'il est
édicté que « l'élimination de la
pauvreté constitue une condition indispensable du développement
durable, afin de réduire les différences de niveau de vie et de
mieux répondre aux besoins de la majorité des peuples du
monde ».
.La solidarité internationale est quant à elle
abordée à travers l'idée de diffusion et de
transferts de techniques.
Outre le principe de solidarité, sont également
édictés les principes d'équité, de lutte contre la
pauvreté et d'échange des savoirs au sein des concepts de
développement durable et d'économie solidaire, ce dernier pouvant
être au service du premier. Enfin, un parallèle pourrait
être établi entre les deux concepts autour de la recherche de
solutions gagnant-gagnant, souhaitable dans toutes formes de
négociations mettant en oeuvre des stratégies
coopératives, que ce soit à l'échelle internationale
(Sommets sur le climat, la terre...) ou bien à l'échelle locale,
et notamment dans les projets que la MIFEN tente de proposer à ses
partenaires.
L'objet de la présente étude est de montrer
comment, à travers ses missions sociales ou environnementales, la MIFEN
participe à la mise en oeuvre ou à la promotion des politiques de
développement durable menées sur son territoire.
La démarche s'inscrit dans la volonté de
l'association de faire le point sur ses actions. D'autre part, elle pourrait
aider les partenaires de la MIFEN à avoir une vision d'ensemble de son
utilité en vue de l'élaboration de nouveaux projets collectifs.
Enfin, cette réflexion est engagée au moment
où plusieurs Ateliers et Chantiers d'Insertion du département des
Pyrénées Atlantiques oeuvrant dans l'environnement envisagent
d'homogénéiser leurs pratiques à travers la mise en place
d'un outil qui édicterait les critères et les indicateurs de
leurs pratiques sociales et environnementales.
La MIFEN ayant joué un rôle important dans la
création de ce Collectif en encourageant notamment les échanges
d'expériences et la mutualisation de moyens, il serait souhaitable que
les observations recueillies dans de ce rapport puissent servir de point de
départ à la réflexion collective.
La première partie de ce mémoire porte sur
l'analyse du fonctionnement socio-économique de la MIFEN. Elle doit
permettre d'apprécier les éléments qui ont permis à
la structure de devenir un acteur essentiel du développement local, de
l'action sociale et de la gestion de l'environnement sur son territoire.
À partir d'un inventaire des prestations
réalisées en 2007, la seconde partie examine les principaux
effets du partenariat entre les collectivités et la MIFEN sur les trois
« piliers » du développement durable. Nous
terminerons en jetant les bases de deux projets émanant des sujets et
idées abordés à l'occasion de cette étude.
Première partie
ANALYSE DU FONCTIONNEMENT
SOCIO-ECONOMIQUE DE LA MIFEN
I. CONSTRUCTION ET PRESENTATION DE LA STRUCTURE
1. Données historiques
Née en novembre 1987, la Maison d'Initiation à
la Faune et aux espaces naturels a d'abord été
créée dans le but de développer l'enseignement pratique
des sciences de la nature et de la protection de l'environnement. Ce souhait
n'a pu se concrétiser que grâce à l'engagement militant
d'un groupe de personnes issues du corps enseignant, de l'environnement et de
l'action sociale.
Nous n'évoquerons ni la longue période de
maturation qui a précédé l'Assemblée
Générale constitutive ni les motivations personnelles du
promoteur de l'action. Tout au plus pouvons-nous décrire l'une des
premières expériences qui l'aura sans aucun doute
encouragé à concrétiser son projet. Un observatoire
à oiseaux construit au fond d'un bois abrite de nombreux passereaux.
Quelques enfants issus d'un foyer socio-éducatif sont invités
à observer et écouter les oiseaux forestiers habitués
à venir aux abords de la cabane. La rencontre est animée,
rythmée par des moments de calme et d'excitation. Demander à de
jeunes adolescents de patienter en silence jusqu'à la venue d'une
sittelle torchepot est un exercice qui requiert une certaine foi envers la
nature, qu'elle soit humaine ou animale. L'expérience est concluante.
Certains jeunes conserveront même des liens avec la structure durant de
nombreuses années.
À l'heure actuelle, la MIFEN propose plusieurs
services. Tous ont en commun la protection de l'environnement. Avant d'aborder
le présent et de procéder à l'analyse
socio-économique de la structure, un retour vers ses débuts doit
permettre d'apprécier le contexte et les événements qui
sont à l'origine de la diversification de ses activités.
Un projet : Contribuer à la protection de
l'environnement par sa connaissance
Comme nous venons de l'évoquer, tout débute par
un souhait : transmettre un goût pour l'observation de la nature et
du vivant en général. Le lancement des premières
activités est précédé d'une enquête rapide
menée auprès des différents représentants du corps
enseignant. L'éducation Nationale ne s'oppose pas au projet «
sous réserve que la MIFEN ne marche pas sur ses plates-bandes
». En d'autres termes, elle ne le soutient pas et il faudra attendre une
dizaine d'années pour que l'Inspection Académique valide
officiellement les programmes pédagogiques de la structure. Pourtant,
une quarantaine de directeurs d'établissements scolaires adressent
individuellement des lettres de soutien à la MIFEN. Elles constitueront
les pièces maîtresses d'un dossier de demande de prêt
bancaire.
Les foyers socio-éducatifs, du Pays Basque et du sud
des Landes, expriment quant à eux clairement leur intérêt
pour le projet.
La municipalité d'Urcuit26(*), commune où doit
être implantée le projet et le conseil général
considèrent que le projet d'ouverture d'une maison de la nature est
intéressant et qu'il mérite pour cela un soutien financier. Ce
projet qui n'est porté par aucune collectivité devient du jour au
lendemain l'un des sujets des élections cantonales puis communales.
Forte de ces encouragements, la MIFEN contracte un emprunt de
315 000 francs auprès de deux banques. Elle obtient par ailleurs du
Conseil Général une subvention d'investissement de 40 000 francs
(6000 euros).
En octobre 1988, soit près d'un an après le
dépôt de ses statuts (cf. annexe N°1), la MIFEN accueille ses
premiers élèves sur une propriété privée
d'une douzaine d'hectares, prêtée gracieusement à
l'association. Des aménagements sommaires dédiés à
l'observation de la nature sont réalisés. Les thématiques
abordées sont essentiellement axées sur les
écosystèmes forestiers et les zones humides. En outre, en accord
avec les programmes scolaires des classes de seconde, la MIFEN organise des
journées visant à comparer les agro systèmes et les
écosystèmes forestiers. Cette initiative rencontre un franc
succès. Elle permet à la MIFEN d'acquérir une
crédibilité certaine auprès des professeurs de
lycées.
En avril 1989, la MIFEN ouvre ses portes aux familles, avec
deux programmes de visites commentées. La première
intitulée « histoires de plantes » à lieu en
forêt. Elle s'inspire fortement d'un ouvrage de Jean-Marie Pelt27(*). La seconde aborde la vie
animale.
Les visites guidées seront reconduites chaque
année durant 6 mois jusqu'en 1999.
Diversifier les services ou bien renoncer
Deux ans après sa création, s'il est
indéniable que la MIFEN est en passe de réussir son pari de
contribuer à l'enseignement des sciences par une approche pratique de
l'éducation à l'environnement, elle commence à subir les
conséquences de son analyse économique trop superficielle et de
sa détermination à ne pas se laisser guider par la recherche d'un
quelconque profit. Pour diversifier ses ressources, quelques séjours de
« pistages d'animaux sauvages » sont organisés dans
les Pyrénées avec notamment des adolescents de la Sauvegarde de
l'Enfance du Pays Basque. Paul Sansenacq, alors directeur des foyers d'Urt et
d'Urcuit jouera un rôle essentiel dans l'orientation de la MIFEN vers des
activités socio-éducatives et, un peu plus tard, d'insertion
socioprofessionnelle. Outre le fait qu'il intégrera très
rapidement le Bureau de la MIFEN, il mettra ses compétences et ses
relations au service de la structure et de ses animateurs. L'encadrement des
stages est assuré conjointement par des éducateurs
spécialisés et un naturaliste de la MIFEN. Cette activité
sera interrompue par la DDASS en 1990 au motif que les refuges de montagne
utilisés ne sont pas aux normes. Dans sa quête d'activités,
la MIFEN est à l'affût de tous les projets en rapport avec ses
compétences. Elle répondra même à une demande de
« stage de survie » du premier Régiment de
Parachutistes d'Infanterie de Marine de Bayonne sur la connaissance des plantes
sauvages comestibles. Sur le point de confirmer sa commande, le RPIMA
abandonnera son projet pour cause de guerre du Golfe. Cet épisode, bien
qu'anecdotique, montre jusqu'où la MIFEN aurait été
prête à aller au moment où sa situation financière
était des plus critiques.
Avec sa double préoccupation environnementale et
sociale, La MIFEN semble être prédisposée à porter
un chantier d'insertion. C'est du moins ce que pense le conseil
général qui l'encourage à s'engager dans cette voie.
Encore faut-il disposer de chantiers qui puissent servir de support à
l'activité d'insertion. La MIFEN en identifie rapidement deux.
L'obturation de plusieurs milliers de poteaux téléphoniques
creux, responsables de la disparition des oiseaux cavernicoles, permettra de
recruter douze bénéficiaires du RMI en mai 1992. Le
deuxième chantier en perspective est plus ambitieux car il
nécessite de nombreuses compétences que la structure ne
possède pas encore. Il s'agit de promouvoir de nouvelles méthodes
d'entretien des rivières dans un département où les
interventions mécaniques lourdes de curage sont la règle. Mais la
MIFEN n'est pas prête et les financeurs encore moins. Trois
événements vont alors contribuer à accélérer
le cours des choses.
. L'association Nature Berri, qui a l'originalité de
regrouper en son sein des pêcheurs, des chasseurs et des naturalistes,
soit trois catégories d'usagers de la nature qui d'ordinaire ont
plutôt des prédispositions à ne pas s'entendre, organise
des campagnes bénévoles d'entretien des cours d'eau à
travers le pays basque. Les liens entre la MIFEN et Nature Berri sont forts.
Ils permettront rapidement à la MIFEN de professionnaliser les chantiers
d'entretien de cours d'eau.
.La crue du 22 septembre 1992 à Vaison-La-Romaine est
fortement médiatisée compte tenu de son bilan humain dramatique.
Une vidéo amateur spectaculaire sera diffusée en boucle durant
des jours. Elle relancera le débat sur l'entretien des berges qui
incombe aux riverains.
.À la même période, les pêcheurs du
Laharranne, petite rivière à truite du Pays Basque, se
réunissent en Assemblée Générale pour
dénoncer le manque d'entretien des berges. Ils s'en prennent aux
riverains et à l'administration.
La MIFEN intervient alors à un moment où le
contexte lui est très favorable. Elle propose de réaliser un
diagnostic du Laharanne, puis sollicite des aides au département,
à l'Agence de l'Eau et à la DIREN. La commune d'Oregue se porte
maître d'ouvrage. Elle signe une convention de prestation pour
l'insertion des bénéficiaires du RMI et l'entretien de 10
kilomètres de rivière. Le chantier débute le 2 mai 1993.
Il bénéficiera d'une importante couverture médiatique.
Vers une consolidation de ses services
Les années qui suivent sont riches en
événements. La MIFEN poursuit sa mission pédagogique,
réalise des diagnostics environnementaux, mène quelques actions
novatrices. Elle lance en 1996 « peuples et forêts du
monde », un programme basé sur une communication
internationale entre des écoles de la Réserve de Biosphère
du Gunung Leuser, à Sumatra, province de ACEH, et une dizaine
d'écoles bascophones. Cette expérience, qui sera reconduite
annuellement jusqu'en 2002, a pour objectif l'ouverture au monde et à la
culture ainsi que la comparaison des écosystèmes forestiers
tempérés et tropicaux. Elle nécessite la mise en oeuvre
d'une logistique adaptée à la situation chaotique de la
région de Aceh, confrontée à d'importantes
difficultés socio-économiques et à la rébellion
d'une partie de sa population contre le régime de Jakarta. Le concours
logistique du Leuser Management Unit, ONG basée à Medan et
essentiellement financée par la Communauté Européenne
donne à la structure l'occasion de se rapprocher de certaines
organisations comme l'UNESCO. En France, l'appui de traducteurs bascophones et
de l'Institut Culturel Basque permet d'ouvrir le programme aux écoles
basques. Au total 24 établissements français et les écoles
de deux villages indonésiens implantés aux abords de la
forêt tropicale bénéficient de ce programme. Il sera
interrompu en 2002 au moment où la province de Aceh sera en partie
interdite aux étrangers.
L'activité d'insertion prend de l'essor à partir
de 2000 grâce à de nouvelles commandes de chantiers. La MIFEN
atteint son rythme de croisière en 2001 avec un effectif de 38 postes en
parcours d'insertion.
En 2003, la MIFEN propose de développer ses
activités pédagogiques sur les chantiers d'insertion dont les
techniques qui y sont mises en oeuvre, ou les particularités
écologiques des milieux dans lesquels ils sont réalisés
leurs confèrent un intérêt pédagogique jusqu'alors
sous-exploité. Elle lie ainsi en partie son offre pédagogique
à son offre d'insertion.
2. Les services
Comme nous l'avons évoqué
précédemment, la MIFEN à plusieurs secteurs
d'activités: les prestations d'éducation à
l'environnement, les Ateliers et Chantiers d'Insertion, les études et
diagnostics et les missions d'Assistance à Maîtrise d'Ouvrage. La
présentation détaillée de chacun de ces services
étant indispensable à l'analyse de leurs effets sociaux,
économiques et environnementaux, il nous a semblé pertinent de
décliner ces services selon leur ancienneté. En
conséquence, nous commencerons notre présentation par les
activités de sensibilisation à l'environnement présentes
dès la création de la structure. Nous poursuivrons par les
Ateliers et Chantiers d'Insertion et nous terminerons par les missions de
diagnostic et d'ingénierie.
2.1) Sensibilisation à l'Environnement
Animation nature, éducation relative à
l'environnement, éducation vers un développement durable,
éducation au développement durable... Le vocabulaire
employé ne manque pas pour désigner les activités de
sensibilisation à l'environnement. Si le terme d'éducation
à l'environnement est celui qui a été le plus usité
durant ces deux décennies, de nouvelles formulations ont fait leur
apparition plus récemment. Ainsi, la notion d'éducation à
l'environnement pour un développement durable (EEDD) s'est
imposée dans le cadre de la stratégie nationale de
développement durable28(*).
Quels que soient le vocabulaire employé et les
approches utilisées, l'objectif est toujours de transmettre des
connaissances et des valeurs en vue de modifier des attitudes
« L'éducation, de type scolaire ou non, est indispensable
pour modifier les attitudes de façon que les populations aient la
capacité d'évaluer les problèmes de développement
durable et de s'y attaquer »29(*). La notion de développement durable
devrait essentiellement dépendre de la place qui est donnée dans
les différentes approches. Certaines d'entre-elles intègrent les
trois piliers du développement durable et accordent une place
équivalente aux aspects économiques, sociaux et environnementaux.
D'autres privilégient davantage une approche par la protection de
l'environnement, sans exclure les autres préoccupations comme
l'équité sociale et la viabilité économique.
Durant de nombreuses années, la MIFEN a souvent
privilégié l'approche environnementale. Elle est passée
d'une politique environnementaliste, avec des programmes et des discours qui
laissaient peu de place à l'homme, à une approche où
l'homme et l'ensemble de ses usages sont abordés et pris en compte.
Comment expliquer cette évolution ? La MIFEN est née au
moment où le concept de développement durable n'en était
qu'à ses prémices. Elle s'est lancée à corps perdu
dans l'animation en ayant pour seul support d'étude une dizaine
d'hectares de bois et prairies ainsi qu'une ferme pédagogique
dédiés à l'observation de la nature, avec pour seul
slogan : « Montrer sur le terrain ce qui est décrit dans
les livres ». À la fin des années 90 un changement
radical s'est opéré dans l'approche éducative de la MIFEN.
Dans un document d'orientation intitulé « Biodiversité,
éducation, solidarité », elle propose de
développer son offre d'éducation à l'environnement sur les
chantiers environnementaux d'insertion présentant une plus-value
pédagogique. En se déplaçant hors de son terrain
d'étude, non seulement la MIFEN a franchi un palier vers une approche
plus globale de l'éducation au développement durable, mais elle
s'est davantage ouverte aux collectivités. Aujourd'hui certaines
d'entre-elles co-construisent de véritables programmes
d'éducation à l'environnement avec la MIFEN.
Parmi les prestations réalisées en 2007, trois
sont à évoquer en priorité :
. Le programme de la Plaine d'Ansot
Décrite comme un poumon vert aux portes de la
Ville,?la plaine d'Ansot est une zone de 300 hectares
située aux portes de Bayonne. Elle accueille un pôle
environnemental destiné à la préservation de la nature par
une approche éducative en direction des enfants et des familles. Ce
projet porté par la ville de Bayonne a vu le jour en 2004. La MIFEN a
été associée dès le début à la
conception pédagogique des programmes éducatifs. Aujourd'hui,
elle est régulièrement appelée à renforcer
l'équipe de la ville dans ses programmes d'éducation à
l'environnement.
.Le dispositif : « planète
précieuse »
Ce programme est initié par l'ADEME et mené en
partenariat avec le conseil régional et les conseils
généraux de l'Aquitaine pour sensibiliser les collégiens
et lycéens au développement durable. Diverses thématiques
sont abordées à l'aide de la mallette pédagogique
« planète précieuse ». La MIFEN est l'une des
structures qui a été désignée pour intervenir dans
le département des Pyrénées-Atlantiques dans le cadre de
ce programme. Les établissements faisant appel à la MIFEN
bénéficient d'une prise en charge totale de la prestation.
.Le programme de sensibilisation à une gestion
citoyenne de la ressource en eau
Il s'agit de la plus importante prestation globale
d'éducation à l'environnement jamais menée au pays basque.
Lancé à la demande du Syndicat Mixte du Contrat de
Rivières des Nives, ce programme a été
élaboré en collaboration avec l'Inspection Académique des
Pyrénées-Atlantiques. Il prévoit des interventions dans
toutes les écoles primaires situées sur des communes riveraines
des Nives. Un cahier des charges définit le projet pédagogique,
c'est-à-dire :
- faire découvrir aux enfants des « secrets
« de l'eau et de la rivière
- adapter cette réflexion spécifiquement au
bassin des Nives pour acquérir une bonne connaissance du
territoire
- développer la curiosité, susciter le
questionnement pour mieux comprendre l'environnement.
2.2) Les Ateliers et Chantiers d'Insertion
Les Ateliers et Chantiers d'Insertion sont en
général portés pas des structures dont l`objet unique ou
initial est l'aide aux personnes défavorisées. Bien que la lutte
contre l'exclusion soit au coeur des préoccupations de ses dirigeants et
qu'elle représente aujourd'hui une part majeure de ses activités,
c'est la conjonction de deux problématiques, l'une sociale, l'autre
environnementale qui a conduit la MIFEN à développer l'insertion.
L'accueil ponctuel d'enfants en difficulté et l'organisation de
séjours pour des adolescents issus de foyers a joué un rôle
dans le cheminement vers l'insertion de la MIFEN. D'ailleurs, les liens entre
l'enfance en difficulté et l'exclusion sociale dont
souffrent les adultes que recrute la MIFEN sont nombreux. Force est de
constater que chez ces derniers, les plaies de l'enfance sont encore trop
souvent ouvertes. « Les difficultés d'insertion
professionnelle ne tiennent pas simplement à un manque de qualification.
Si ce n'était que cela, les solutions seraient simples. En fait, les
personnes en détresse sont à la recherche d'elles-mêmes,
d'un nouvel équilibre. Les plaies de l'enfance sont encore ouvertes.
Beaucoup de personnes en grande difficulté ont le sentiment d'être
inutiles, elles ne se font plus confiance. Ce manque d'estime de soi est
capital pour l'insertion professionnelle ». « Si on veut
refaire de la socialisation par le travail, il est essentiel de trouver des
structures et des manières de faire qui permettent aux personnes de
reprendre confiance en elles-mêmes. »30(*)
Cette analyse du sociologue Serge Paugam résume en
partie l'une des interrogations que se pose la MIFEN dans son accompagnement de
personnes ayant accumulé de nombreux échecs relationnels et
professionnels.
Le moyen d'insertion mis en oeuvre est l'activité, et
la commande de l'Etat est l'insertion professionnelle. Cette commande que la
MIFEN s'efforce de respecter est aussi et avant tout un moyen de
développer du lien social.
Outre leur utilité d'insertion, les chantiers de la
MIFEN servent des intérêts collectifs comme le tourisme, la
protection de l'environnement, la protection des biens et des personnes... Bien
que difficilement quantifiable, leur contribution au développement
durable paraît évidente car ils agissent sur les trois piliers
social, environnemental et économique du développement durable.
Cet aspect sera largement développé en seconde partie.
Les missions d'entretien des cours d'eau et du
littoral représentent 39% du volume des chantiers.
Historiquement, les chantiers d'entretien de cours d'eau sont les plus anciens
au sein de la MIFEN. Ils n'ont jamais été interrompus depuis
1992. L'important réseau hydrographique du département qui compte
environ 4500 kilomètres de cours d'eau aux multiples profils explique
la forte implication des ACI dans ce domaine. Précisons à ce
sujet que la MIFEN a joué un rôle de pionnier. Elle s'est toujours
intéressée à la problématique de l'eau et à
l'importance des cours d'eau sur le plan écologique (maintien de la
biodiversité, effet corridor des ripisylves...) et social
(développement d'un tourisme rural diffus et respectueux de
l'environnement..).
À l'heure actuelle, la MIFEN intervient
régulièrement sur les cours d'eau pour le compte d'une
Communauté de Communes et de deux Syndicats. Elle couvre à elle
seule plus de deux cents kilomètres de cours d'eau aux profils
très différents. Sa technique basée avant tout sur
l'utilisation de moyens humains tend à se mécaniser
légèrement depuis 2006. La recherche du compromis entre le tout
manuel ou le tout mécanique est l'un des débats menés par
la structure en interne et avec ses partenaires. Il illustre l'une des
préoccupations majeures de la structure dans sa quête de services
répondant à la triple préoccupation sociale,
environnementale et économique.
Les missions d'entretien des espaces naturels
sensibles représentent 24% des chantiers. Le Syndicat
d'Aménagement de la Zone Ilbaritz Mouriscot regroupant les communes de
Biarritz et de Bidart gère un espace naturel d'une centaine d'hectares
situé au centre d'une zone urbaine. La MIFEN en assure l'entretien
depuis 2000. Le Conseil Général des
Pyrénées-Atlantiques confie l'entretien de 8 Espaces Naturels
Sensibles à la MIFEN. L'intérêt pédagogique de ces
chantiers est lié à la nature et à la diversité des
travaux qui y sont menés en faveur de la biodiversité ou de lutte
contre les plantes invasives.
Les missions d'entretien de sentiers se sont
développées à partir de 1995, grâce à la
création de nombreux plans locaux de randonnée soutenus par le
Comité Départemental du Tourisme. D'autres itinéraires,
ceux-là départementaux ou nationaux, ont été
rallongés ou créés. C'est le cas du GR10 ou du GR8. Ce
dernier, d'une longueur de 65 kilomètres, qui traverse la Pays Basque du
nord au sud est entièrement entretenu par la MIFEN. Globalement, la
MIFEN entretient annuellement 400 kilomètres d'itinéraire
pédestre et VTT. Elle assure le débroussaillage des parties
herbacées ou forestières, un contrôle du mobilier et de la
signalétique ainsi qu'un entretien du balisage.
Certaines missions sont à ranger dans la
catégorie des chantiers urbains. Moins gratifiantes que les
précédentes, elles n'en sont pourtant pas moins utiles. La plus
importante d'entre-elle, co-construite avec la MIFEN et commandée par la
ville de Bayonne, est une mission permanente de récupération de
papiers et consommables recyclables.
Il existe enfin depuis 2005 un chantier ramassage de
déchets anthropiques sur la zone dite « des
falaises » de Biarritz. Il s'agit ni plus ni moins d'une mission de
propreté sur un espace vert. Nous sommes là à la marge du
champ des missions confiées en temps normal à la MIFEN,
c'est-à-dire des chantiers directement liés à la
protection de l'environnement. Rappelons ce qui est inscrit dans chaque
préambule des Marchés d'Insertion que la MIFEN signe :
« Le Maître d'ouvrage prend note que la MIFEN attache une
importance prioritaire aux chantiers porteurs de développement durable
et présentant un intérêt pédagogique. Ces travaux
portent notamment sur de l'entretien et de la restauration de cours d'eau,
des travaux d'aménagement de sentiers pédestres ou d'espaces
forestiers, des travaux visant à préserver le milieu naturel, la
diversité animale et végétale, des travaux de ramassage,
de tri et d'évacuation des DIB et des bois flottants... ».
Néanmoins, les raisons qui ont conduit la structure
à accepter ce chantier sont louables car elles ont permis de mettre en
oeuvre des collaborations destinées à favoriser le recrutement
des salariés en parcours au sein de ces deux collectivités. Mais
il n'est pas impossible que, par cette transaction, la MIFEN se soit
substituée à la collectivité dans une mission d'entretien
d'espaces urbains, généralement dévolue aux services
techniques de la ville.
Répartition proportionnelle des
différents chantiers (en volume d'activité)
2.3) Les missions d'assistance technique aux
collectivités
Les services que nous rangeons dans cette catégorie se
rapprochent des missions d'assistance à Maîtrise d'ouvrage.
Néanmoins, elles se distinguent en quelques points d'une AMO classique.
L'assistant à Maître d'ouvrage a pour mission d'aider ce dernier
à suivre un projet ponctuel généralement
réalisé par un Maître d'oeuvre. Il a un rôle de
conseil et facilite la coordination. Or, les missions de la MIFEN sont
menées sur des actions sans Maîtrise d'oeuvre. Elles ne concernent
pas des projets ou des réalisations uniques mais des programmes de suivi
qui sont renouvelés chaque année. Enfin, il n'est nulle part
stipulé sur les conventions que ces missions sont des assistances
à Maîtrise d'ouvrage. On parle plutôt de « mission
de coordination et de suivi », « mission de technicien de
rivière » ou « mission de surveillance
annuelle ». Cinq prestations de cette nature ont été
réalisées en 2007 :
- mission annuelle de technicien de rivière pour le
SIVU Erreka Berriak,
- mission annuelle de technicien de rivière pour la
Communauté des Communes du Pays de Hasparren
- mission annuelle de gestion raisonnée pour un
Syndicat des berges de l'Adour et de ses affluents
- mission annuelle de coordination sur le Barrage flottant de
l'Adour
- mission annuelle de coordination pour la gestion des bois
et déchets échoués dans le Port de Bayonne pour le
compte de la CCI de Bayonne.
2.4) Les missions d'ingénierie
Mise en place de Plans Locaux de
Randonnée
Un PLR doit être mis en place sur un territoire qui
correspond à une entité géographique, administrative et
culturelle pertinente. Les nombreuses étapes qui jalonnent sa mise en
place d'un PLR nécessitent des compétences foncières,
juridiques, administratives et techniques importantes. La MIFEN s'est
positionnée sur la refonte de deux PLR créés quelques
années auparavant. Outre de nouvelles boucles de randonnée
proposées, elle a amélioré l'existant par de nouveaux
apports thématiques grâce à ses compétences
environnementales. Concrètement, cela s'est traduit par une valorisation
des espaces naturels ainsi que par la conception de deux topoguides où
le patrimoine naturel est particulièrement commenté.
Définition de sentiers de découverte
Dans cette catégorie, nous pouvons citer le sentier de
découverte de l'Ardanavy actuellement en cours d'aménagement.
Commandée par le Syndicat des Berges de l'Adour et de ses affluents,
cette étude a été précédée d'un
inventaire conduit par la MIFEN en 2005.
2.5) Les inventaires patrimoniaux
Deux inventaires ont été réalisés
en 2007 :
.La Commune de Hasparren a confié à la MIFEN un
inventaire écologique étendu aux paysages et aux espèces
patrimoniales animales et végétales dans le cadre de la
révision de son PLU. Plusieurs sites patrimoniaux ont été
découverts parmi lesquels une tourbière.
.L'Institution Adour a commandé à la MIFEN un
inventaire des pieds d'Angelica Heterocarpa présents sur les berges du
Bas-Adour, ainsi que la mise en place d'un catalogue de mesures de
préservations pour cette même plante, très rare sur le plan
national.
Il nous faut également aborder la participation
gracieuse de la MIFEN aux plans nationaux de protection et d'étude de
deux espèces patrimoniales : le vison d'Europe et la cistude
d'Europe. Ces deux espèces font l'objet d'études
génétique, sanitaire et de répartition afin de mieux
cibler les actions de gestion et de protection. La MIFEN s'associe aux
différentes démarches en consacrant plusieurs journées au
piégeage et à la collecte de données de ces
espèces. Elle mène en parallèle des actions ponctuelles de
sensibilisation auprès de la population locale.
II. REPERAGE DU FONCTIONNEMENT SOCIAL
1. Caractéristiques et modalités de
recrutement des salariés
2.1) Les permanents
La MIFEN compte actuellement 10 permanents. Elle n'a connu que
cinq départs parmi ses salariés en contrat à durée
indéterminée depuis sa création, dont trois
démissions pour changement d'activité, un départ pour
déménagement suite à la mutation du conjoint et un
licenciement dans le cadre d'une déclaration d'inaptitude totale par la
médecine du travail.
50% des permanents ayant des fonctions de moniteur ou
d'encadrant ont occupé un poste en insertion avant de
bénéficier d'un contrat à durée
indéterminée. Ce mode de recrutement a plusieurs explications. La
première est strictement financière. Dès le début
des années 90, le recours aux emplois aidés pour répondre
à un besoin d'encadrement a permis à la MIFEN de remédier
à un manque de recettes. Le salarié permanent était
épaulé par un salarié en Contrat Emploi Consolidé
tandis que les postes en insertion, comptabilisés dans le cadre du
conventionnement d'utilité sociale étaient des Contrats Emploi
Solidarité. Le CEC était sélectionné sur la base de
plusieurs critères : les atouts comme le savoir être, les
compétences techniques, les capacités relationnelles, et les
difficultés rencontrées comme certains freins à l'emploi,
voire à l'intégration sociale. Avec le recul, nous pouvons
considérer que la MIFEN a souvent joué aux apprentis sorciers en
confiant des responsabilités importantes à des personnes dont les
qualités humaines et professionnelles étaient parfois
momentanément annihilées par quelques fragilités ou par la
réémergence d'un passé pas totalement réglé.
La part de risque, tant pour le candidat que pour l'association, était
grande, parfois même sous-évaluée. Aujourd'hui, cette
pratique qui consiste à donner une chance à des candidats
rencontrant des difficultés n'est pas totalement révolue et tant
mieux. Elle est ancrée comme une tradition au sein de la structure. Une
« tradition » occasionnellement lourde à
gérer mais qui concrètement produit de l'emploi et parfois du
mieux-être.
2.2) Les salariés en parcours
La MIFEN compte une quarantaine de postes en insertion en
continu. Elle recrute son personnel par le biais des services sociaux (MSA,
CCAS, MSD, SPIP) ou des associations de prévention. Le point commun
à l'ensemble de ses salariés est le cumul de difficultés
responsables de leur exclusion sociale. On entend par « exclusion
sociale » le fait de ne pas correspondre aux principaux
modèles de la société et de ne plus avoir de liens
sociaux. L'exclusion sociale se traduit alors de diverses manières et
concerne de nombreux champs comme la famille, le logement, l'éducation
et, bien entendu, l'emploi, qui occupe une place importante dans les
mécanismes de désocialisation.
Serge Paugam a réalisé en 1990 une enquête
auprès d'allocataires du RMI. Dans son ouvrage « La
disqualification sociale » Il aborde « les
facteurs et le processus de disqualification sociale susceptible de refouler
d'étape en étape diverses franges de la population dans la
sphère de l'inactivité professionnelle et de l'assistance, en
augmentant pour elle le risque de cumul de difficultés ou de
handicaps. » Il décrit comment la fragilité
peut conduire à la phase de dépendance
vis-à-vis des travailleurs sociaux, puis de rupture du lien
social.
Les caractéristiques de la population que la MIFEN
recrute sont assez similaires à celles de la population que Serge
Paugam a suivie. Nous pourrions la décrire ainsi :
. Les salariés les plus âgés sont souvent
des chômeurs dont l'age est le principal frein à l'emploi. Ils se
sentent exclus dès lors que la société n'est pas en mesure
de leur procurer un emploi, qu'ils n'ouvrent pas de droits à la retraite
et qu'ils ne sont pas indemnisés par les Assedic.
. Les salariés souffrant de handicaps psychiques,
souvent mis à l'écart de notre société et exclus du
monde du travail dès lors que leur handicap n'est pas reconnu par la
MDPH, ou qu'ils ne sont pas dispensés de travailler dans un secteur non
protégé. En d'autres termes, ces personnes n'entrent dans aucune
catégorie. Trimbalés de service en service, ils sont souvent
contraints de se fixer des objectifs d'insertion qui génèrent de
la frustration en cas d'échec.
. Les personnes en situation d'errance, dont les conditions de
vie très difficiles rendent leur parcours d'insertion chaotique.
. Les demandeurs d'emploi de longue durée et les
bénéficiaires du RMI dont les trois principales
difficultés recensées sont l'insertion professionnelle, les
souffrances psychiques et les conduites à risque comme les addictions.
À cette liste, nous pourrions ajouter la
catégorie des travailleurs à temps partiel dont les ressources
inférieures aux minima sociaux justifient leur maintien dans le
dispositif du RMI. Certains diront qu'ils ne sont pas vraiment en situation
d'exclusion puisqu'ils ont un emploi. Néanmoins, leur situation sociale
reste très fragile (logement précaire, peu d'accès aux
soins, difficultés de garde d'enfant...).
Catégories de salariés en 2007, nombre et
équivalent temps plein
|
FONCTIONS
|
TYPES DE CONTRATS
|
NOMBRE
|
ETP
|
Directeur
|
CDI
|
1
|
0,8
|
Coordonnateur
|
CDI
|
1
|
0,8
|
Responsable administrative
|
CDI
|
1
|
0,7
|
Accompagnateur Emploi Formation
|
CDI
|
1
|
1 dont 0,6 ETP de mise à disposition auprès de deux
ACI
|
Encadrant technique d'insertion
|
CDI
|
3
|
3
|
Agent d'entretien des Espaces Naturels
|
CDI
|
1
|
0,6
|
Moniteur technique d'insertion
|
CAE
|
|
2,5
|
Agents d'entretien des espaces naturels
|
CA
|
|
31
|
TOTAL ETP
|
|
40,1
|
Postes externalisés-mutualisation de moyens entre
trois ACI
|
FONTIONS
|
NATURE DE LA RELATION
|
ETP
|
Infirmière Santé Publique
|
Salarié en poste mutualisé
|
0,25
|
Accompagnateur socioprofessionnel
|
Salarié en poste mutualisé
|
0,33
|
ORGANIGRAMME TECHNIQUE DES SALARIES
Pôle accompagnement
Service administratif
Accomp. Emploi formation
Accomp. santé
Responsable administrative
Accomp. socioprofessionnel
Service technique
Coordonnateur technique d'insertion
Encadrants techniques d'insertion
Moniteur s techniques
Agents
en production Agents en production
Direction
Animation
Directeur Chargée de projets
Animatrice
3. Caractéristiques et Modalités de
recrutement des bénévoles
Tout d'abord un constat chiffré : Le nombre
d'administrateurs qui se sont engagés au sein de la MIFEN en vingt ans
est relativement faible. Sur un nombre total de 14, trois sont présents
depuis une quinzaine d'années. Deux font figures de doyens tant par leur
âge que par leur longévité au sein de la structure. Pour
reprendre l'expression de l'un de leur cadet : « ils sont la
mémoire de la MIFEN ». Ils transmettent des valeurs et un
état d'esprit qui se traduisent lors des conseils d'administration par
de l'écoute, de la convivialité, de la rigueur et de la
tolérance.
Avec un âge moyen de 57 ans et une fourchette allant de
31 à 80 ans, les trois générations qui siègent
à la MIFEN sont représentatives des 28% de Français qui
pratiquent des activités bénévoles. Nous notons toutefois
une différence. Selon une enquête de l'INSEE de 2002
consacrée au bénévolat dans la vie associative, certains
secteurs dont ceux de l'éducatif et de l'action sociale sont largement
féminisés. Or, nous observons que pour ce qui est de la MIFEN son
conseil est administré par huit hommes.
Parmi les huit administrateurs présents aujourd'hui,
trois sont retraités, les cinq autres travaillent dans la fonction
publique ou privée. Seul l'un d'entre eux exerce une profession qui est
sans rapport avec l'économie solidaire, l'enseignement ou
l'environnement. Nous observons tout de même que ce dernier est un ancien
encadrant technique de la MIFEN qui, bien que titulaire d'un BTS en
environnement, a pris une autre voie professionnelle avant de regagner
l'équipe des bénévoles. Cette réflexion nous
conduit à la question des motivations des bénévoles. Selon
A. Muchielli31(*)« être motivé c'est d'abord
pouvoir trouver un sens à son action ». Cette
définition fait écho à celle de l'Economie solidaire qui
selon Alain Lipietz se définit par « au nom de quoi on le
fait : le sens prêté à l'activité
économique, sa logique, le système de valeurs et ses
acteurs »32(*).
4. Les postes, contrats de travail et compétences
des salariés
4.1) Nature des contrats
Les permanents
Nous avons déjà mentionné le faible taux
de renouvellement parmi les salariés permanents. Outre la satisfaction
que certains éprouvent dans l'exercice de leurs fonctions, diverses
raisons peuvent expliquer un attachement à la structure. D'une
manière générale, le secteur des ACI rassemble une
multitude d'associations fragiles dont l'avenir est tellement incertain
qu'envisager de s'y projeter relève systématiquement du pari
hasardeux. L'absence de reconnaissance des compétences des encadrants,
des accompagnateurs sociaux, des personnels administratifs et des directeurs,
constitue un autre frein à la mobilité des salariés.
Le Syndicat National des Employeurs Spécifiques
d'Insertion s'est fixé pour objectif le regroupement de plusieurs
centaines de structures employant des milliers de salariés dont la
plupart ne bénéficient d'aucun cadre conventionnel et
n'appliquent pas de convention collective. Cette situation est d'autant plus
paradoxale qu'elle concerne des structures oeuvrant dans le cadre d'un
dispositif piloté par l'Etat et relayé par les
collectivités territoriales.
En attendant la mise en place d'une Convention Collective, la
MIFEN s'est associée en 2005 aux autres ACI du Collectif Insertion
Environnement des Pyrénées-Atlantiques pour élaborer un
Accord Collectif d'Entreprise. Conscientes que sa mise en place devrait
générer des surcoûts plus que des économies dans
l'ensemble des structures, les associations se sont données un à
trois ans pour en appliquer les règles en totalité. Cet accord
s'est voulu évolutif dès le départ et avait pour seule
ambition de provoquer un débat autour des domaines de la qualification,
des compétences et des salaires. Pour ce qui concerne les
rémunérations, la MIFEN, a atteint le niveau de
rémunération préconisé dans le projet d'accord. Il
s'applique à l'ensemble des catégories de permanents et a
été étendu à certains postes à durée
déterminée, comme les Contrats d'Accompagnement dans l'Emploi,
recrutés à temps plein pour épauler les permanents dans
leurs fonctions techniques.
En ce qui concerne les compétences et les
qualifications, des fiches de postes détaillées ont
été élaborées autour de différents emplois
repères. Ceux-là font apparaître le nom de l'emploi, sa
définition, la nature des fonctions à assurer, les
compétences personnelles à posséder ainsi que les
formations qu'il est souhaitable d'avoir. Cette dernière mention indique
que les ACI des Pyrénées-Atlantiques ont la volonté de ne
pas mettre en difficulté les permanents qui, au moment de la
définition des fiches de poste, ne possédaient pas les
qualifications préconisées. Une dernière mention fixe pour
pré requis à l'embauche la « tenue de
poste » dans un domaine d'activité similaire.
On distingue 8 types d'emplois différents au sein de la
MIFEN, auquel il convient d'ajouter deux postes externalisés.
. 1 directeur qui, sur délégation du
président, coordonne l'ensemble des actions de la structure, fait des
propositions au Conseil d'Administration, assure la gestion des ressources
humaines, la gestion de production, réalise le budget
prévisionnel, suit les différents conventionnements,
développe des relations avec les autres structures de l'IAE et les
Collectivités, participe à la politique de communication de la
MIFEN.
. 1 coordonnateur placé sous la
responsabilité du directeur. Il coordonne les opérations connexes
à la production, organise et distribue le travail aux salariés,
contrôle la réalisation du travail des encadrants et le critique
de façon constructive. Il assure des fonctions pédagogiques et
d'accompagnement socioprofessionnel liées à la production. En
lien avec les accompagnateurs, il évalue les parcours d'insertion. Il
est en relation avec les donneurs d'ordre de chantiers et contribue activement
à l'élaboration des devis.
. 1 responsable administrative placée sous la
responsabilité du directeur. Elle assure la gestion administrative et
comptable, réalise les démarches liées au paiement des
salaires et des cotisations, suit les conventions avec l'Etat, le Conseil
Général et les Collectivités.
. 1 accompagnateur emploi-formation chargé du
repérage, de l'évaluation des besoins de formation des personnes
en parcours. Il définit les objectifs et les étapes des parcours
d'insertion avec les salariés, fait le lien avec les travailleurs
sociaux. Il accompagne les salariés en parcours vers des employeurs
potentiels et procède au suivi des mises en emploi.
. 3 encadrants techniques interviennent selon les
consignes du coordonnateur. Chacun encadre une équipe de 6 personnes en
parcours et participe au repérage de leurs difficultés et de
leurs atouts. L'encadrant technique assure des fonctions techniques et
pédagogiques liées à la production.
. 2 moniteurs techniques ayant une ancienneté
inférieure à trois ans assurent une fonction d'encadrement
liée à la production.
. 1 chargée de projet élabore et
exécute des programmes d'éducation ou de sensibilisation à
l'environnement. Elle assure des études environnementales (plan de
gestion, diagnostic patrimonial...). Elle mène des accompagnements
pédagogiques auprès des salariés de la MIFEN.
Nous constatons une absence de poste de secrétaire au
sein de la MIFEN. Cela suppose que les permanents sachent manipuler les outils
de traitement de texte, compétence qui ne figure sur aucune fiche de
poste alors qu'elle est indispensable au bon fonctionnement de la MIFEN. Cela
suppose également que les salariés ayant en charge la gestion de
dossiers multiples soient autonomes.
Le dernier point qui pose question est l'absence de fiche de
poste pour l'un des permanents exerçant les fonctions d'agent
d'entretien des espaces naturels, dont le poste a été
pérennisé en 2007. Cette déficience pourrait poser
problème en cas de litige. Elle pourrait par ailleurs être
vécue comme une atteinte discriminatoire par l'intéressé
dont la fonction est pourtant prise en considération au même titre
que celles des autres permanents.
Les postes externalisés
. 1 accompagnateur social est mis à
disposition de la MIFEN à raison de un tiers-temps. Il dispose d'une
formation d'assistant social et d'aide-soignant. Ses mesures d'accompagnement
sont généralement mises en oeuvre en amont de celles de
l'accompagnateur professionnel. Elles concernent de nombreux champs (juridique,
logement, financier, administratif...).
. 1 infirmière santé publique
intervient à raison de un tiers-temps à la MIFEN. Ses
missions se situent exclusivement autour du champ de la santé.
Les contrats des personnes en parcours
d'insertion
La MIFEN dispose d'un effectif de 40 personnes en parcours
d'insertion. Presque tous sont recrutés en Contrat d'Avenir dans le
cadre des commandes d'insertion des bénéficiaires du Revenu
Minimum d'Insertion par le Conseil Général des
Pyrénées-Atlantiques.
Instauré pour favoriser le retour à l'emploi
stable, le Contrat d'Avenir ouvre droit à des aides des pouvoirs publics
et a une exonération de charges patronales. La durée des contrats
signés varie de 6 à 12 mois. Ils peuvent être
renouvelés dans la limite de 24 mois. Quelques exceptions concernent les
salariés âgés de plus de 55 ans dont les contrats peuvent
être prolongés jusqu'à 60 mois. Deux salariés sont
dans cette situation.
Les fonctions d'agents d'entretien des espaces naturels
qu'exercent ces salariés ne sont pas suffisamment définies.
Aucune fiche de poste n'a encore été établie. Ce constat
est paradoxal, venant d'une structure qui attache autant d'importance à
l'approche pédagogique.
5. La formation
Durant les vingt dernières années, des centaines
d'ACI ont développé des savoir-faire innovants dans les domaines
de l'insertion par l'activité. Certaines d'entre elles ont
résisté au temps, passant ainsi de la phase pionnière
à une phase de consolidation. La MIFEN fait partie de cette
catégorie d'ACI dont les plus anciens de ses salariés ou
bénévoles actuels étaient déjà
présents lors de sa création. Il en résulte un besoin
important de mise à niveau dans le cadre de la professionnalisation de
la branche ACI. Les travaux de mise en place d'une convention collective
abordent la question du financement de la formation.
Comment organiser la collecte formation de la branche ? A quel
OPCA33(*) se lier sachant
qu'aujourd'hui les ACI cotisent à de multiples OPCA ?
Sans attendre la conclusion d'une convention collective ou
d'un accord sur le financement de la formation professionnelle continue des
salariés, l'Assemblée Générale de CHANTIER ECOLE a
pris une délibération incitant ses adhérents, employeurs
d'insertion, à cotiser plus auprès des OPCA, afin de
bénéficier d'une enveloppe plus importante en matière de
plan de formation et constituer d'éventuels "comptes groupes" aux fins
de démultiplier les capacités de formation et les actions
collectives. La situation de la MIFEN est plutôt positive comparée
à celle d'autres ACI, car elle a accès à un programme de
formations pris en charge par le Conseil Général. Elle peut
également recourir au FAFSEA34(*) qui, à la différence de beaucoup
d'autres OPCA, dispose encore de crédits conséquents compte tenu
de la faible demande en formation continue dans le milieu agricole.
La reconnaissance des Ateliers et Chantiers d'Insertion sur le
plan juridique ainsi que le développement des réseaux
régionaux et nationaux a accéléré le processus de
professionnalisation des structures dans leurs fonctions sociale,
pédagogique et de production. Par ailleurs, les exigences qualitatives
des financeurs (Etat et CG) augmentent. Le développement des
Marchés d'Insertion conduit les donneurs d'ordre à être
plus exigeants sur la qualité des prestations d'accompagnement. La
professionnalisation passe aussi par la reconnaissance des compétences
et des métiers exercés. Une étude de la DRTEFP en avait
ciblé quatre en 2004 : la direction et le développement,
l'accompagnement social et professionnel, le travail administratif et comptable
et l'encadrement technique. Pour cette dernière catégorie, comme
nous l'avons déjà évoquée, la MIFEN n'a jusqu'alors
jamais considéré que le niveau de formation devait être un
pré requis à l'embauche. Les compétences personnelles
peuvent prévaloir sur les qualifications. Or, les temps changent et
l'apparition des formations diplômantes modulaires d'encadrant technique
d'Insertion, accessibles par le biais d'un Congé Individuel de Formation
ou d'une démarche de Validation des Acquis de l'Expérience
devraient inciter les structures à former leur personnel.
La MIFEN est animée par une équipe de
salariés dont les niveaux de formation varient du BEP au DESS. Disposer
d'une équipe aux compétences multiples est sans aucun doute un
atout, à condition toutefois que les connaissances de base
indispensables à l'exercice du coeur de métier soient acquises
par tous, ce qui n'est pas le cas actuellement. Le plan de formation mis en
place en 2007 devrait y remédier. Il se décline en 6
points :
.Les actions d'adaptation au poste de travail,
essentiellement destinées aux nouveaux entrants.
.Les actions de validation des acquis par
l'expérience. Elles s'adressent aux salariés ayant une
expérience de plus de trois ans dans un domaine d'activité mais
n'ayant pas de diplôme correspondant à cette fonction. Elles
concernent 4 permanents.
.Les actions de développement des
compétences des salariés par le biais de sessions
thématiques de deux à 4 jours dans des domaines environnementaux
ou sociaux.
.Les actions de réactualisation de
connaissances dans les domaines de la sécurité, du
secourisme au travail et de l'utilisation des outils mécaniques.
.Les actions destinées à augmenter les
possibilités d'embauche hors structure, réservées aux
salariés en CDD ayant des fonctions de moniteur technique mais qui n'ont
pas la garantie de voir leur CDD se transformer en CDI à la MIFEN.
.Les actions de formations collectives
destinées aux personnes en parcours d'insertion. Il s'agit de
sessions de formation destinées à acquérir les
connaissances de base utiles à l'exercice d'une mission d'entretien d'un
espace naturel.
Les actions de formations individuelles destinées aux
salariés en parcours d'insertion ne sont, quant à elles, pas
inscrites au Plan de Formation.
6. La gouvernance interne
La notion de gouvernance est abondamment utilisée. Elle
revêt de multiples significations. On lui prête
généralement des vertus morales. Dans son sens le plus large, la
gouvernance renvoie à la notion de respect entre les institutions,
qu'elles soient privées ou publiques, et leurs membres, qu'il s'agisse
de bénévoles d'association ou d'actionnaires d'entreprises. La
gouvernance a pour objectif de mettre en oeuvre des pratiques de
gouvernement favorisant la mobilisation de différents acteurs
autour d'un projet commun. La façon dont les décisions
importantes sont prises est toute aussi importante que les décisions
elles-mêmes. Elle conditionne en partie la bonne acceptation de ces
dernières et la réussite de tout projet.
La gouvernance concerne autant la gestion interne de la
structure que la nature des relations qu'elle entretient avec les parties
prenantes externes dont les collectivités locales. La gouvernance au
regard d'une politique de développement durable sera abordée en
deuxième partie de mémoire lorsque nous tenterons
d'évaluer le degré de contribution de la MIFEN aux
démarches collectives territoriales, à la vie publique et aux
instances de concertation et de décisions.
Au préalable, il est important de s'interroger sur la
gouvernance dans son sens plus restrictif mais ô combien
indispensable: Quels sont les modes de participation aux prises de
décisions et à la gestion au sein même de la MIFEN ?
La gouvernance associative concerne le projet associatif et le fonctionnement
statutaire, le fonctionnement interne, et enfin la réalisation des
actions à proprement parler. Notre réflexion s'organise autour
des questions d'équilibre des pouvoirs et de contrôle,
d'évaluation et de prévention des risques, de transparence et de
responsabilité des acteurs.
Dans son rapport sur la gouvernance associative35(*), l'Académie des
sciences techniques comptables et financières rappelle que des
règles de « bonne gouvernance » adaptées
à la nature des organisations et à leurs missions sont
essentielles pour que les dirigeants d'une association exercent leurs fonctions
avec transparence et efficacité. Elle considère que l'application
de règles de bonne gouvernance est la garantie d'un fonctionnement
durable des associations. Elle attire l'attention sur la
nécessité de développer des mécanismes de
contrôle interne. Ces recommandations sont particulièrement
justifiées pour des structures multiservices comme la MIFEN, dont les
budgets équilibrés à l'aide de ressources hybrides
manquent parfois de lisibilité. Une comptabilité analytique et
des clés de répartitions ne suffisent pas toujours à
rassurer les partenaires financiers, voire les administrateurs eux-mêmes.
En 2005, la MIFEN a renforcé le contrôle exercé par
l'expert-comptable, par une mission de Commissariat aux Comptes dont le rapport
est désormais présenté en Assemblée
Générale par son auteur après la lecture des rapports
d'activité et financier. Ces derniers présentent de long en large
les services, les résultats techniques et les comptes. Rien de plus
classique au fond et il est regrettable que les règles de fonctionnement
des instances de gouvernance (bureau, conseil d'Administration...) soient quant
à elles si peu présentées. En 2007 le CA s'est
réuni 5 fois. Il a en outre organisé des ateliers en groupe
restreint sur des thèmes aussi importants que le Plan de Formation ou la
politique de pérennisation des postes. Il a mené une
réflexion sur le risque de poursuite pour faute inexcusable, a pris la
décision de se porter candidat à l'expérimentation d'une
instance sur la santé et la sécurité au travail (ISCT)...
Autant de sujets tout aussi importants que la présentation des
résultats d'insertion ou le passage en revue de toutes les prestations
réalisées, car ils dévoilent en quelque sorte les
véritables raisons de l'engagement des bénévoles, leurs
préoccupations et les valeurs qui les animent.
L'ISCT (Instance expérimentale sur la
Santé et les Conditions de Travail) : Un outil de gouvernance au
service de la prévention.
Imaginé dans le cadre des travaux menés par la
SYNESI36(*), l'ISCT est en
cours d'expérimentation par la MIFEN, au même titre qu'une
vingtaine d'autres ACI en France, pour une période de 24 mois. Elle a
pour objectif de créer un espace de dialogue et d'échanges entre
l'employeur et les salariés. À terme, l'objectif de cette
instance est de diminuer les risques d'accident ou les accidents
eux-mêmes, et d'améliorer les conditions de travail. Jusqu'ici il
n'y a rien d'exceptionnel. Il s'agit ni plus ni moins d'un CHSCT. La
différence avec ce dernier réside d'une part dans le
caractère non obligatoire de l'engagement de l'ACI et d'autre part dans
l'intégration au sein de ces instances des salariés en parcours
d'insertion dont la parole sera recueillie à proportion égale de
celle des permanents ou des personnes extérieures invitées
(médecin du travail, service de prévention, inspection du
travail...).
L'ISCT est avant tout un espace de dialogue impliquant toutes
les catégories de salariés, sans discrimination liée au
statut. Cet espace consultatif ne se substitue pas au droit syndical. Il doit
permettre une expression collective dans le cadre d'une démarche
participative et de concertation des salariés. Pour reprendre les termes
de l'inspecteur du travail invité à cette instance,
« l'intention de la MIFEN est louable et nul ne peut douter du
bien-fondé de l'ISCT ». Néanmoins, il est
important de souligner que les salariés volontaires, n'étant pas
délégués du personnel, ne bénéficieront
d'aucune protection particulière. Il se pourrait alors que ces derniers
fassent preuve d'une retenue exagérée dans l'usage de leur
liberté de parole. De même qu'il n'est pas impossible que, pour
reprendre les termes de Bernard Eme, « sous des codes d'une
civilité bien ordonnée »37(*) le fonctionnement de cet
espace de dialogue exprime des rapports de domination entre
salariés et employeur. A l'issue de la phase d'expérimentation,
il sera pertinent de reposer la question de la protection juridique des
salariés. L'abaissement du seuil d'élection des
délégués du personnel de manière à
promouvoir le dialogue social au sein des ACI dont la majeure partie ont des
effectifs de permanents inférieurs à 11, seuil à partir
duquel les DP sont obligatoires, est l'une des pistes actuellement en cours de
négociation entre le SYNESI et les syndicats.
ORGANIGRAMME HIERARCHIQUE
Encadrants
Permanents
4
CONTRATS AIDES
PERMANENTS
DIRECTEUR
1
Accompagnateur
social
1
CA
Infirmière Santé
Publique
1
Chgée de mission
(études, AMO, formation, Éducation à
l'environnement)
1
Accompagnateur
Emploi Formation
1
Coordonnateur
Technique D'Insertion
1
Responsable
administrative
1
PRESIDENT
Moniteurs techniques
CDD
2
Chantier
Papier
3 agents
Chantier
SIAZIM
6 agents gea
Chantier
ENS
6 agents
Chantier
Rivières
6 agents
Chantier
Adour
6 agents
Chantier
Littoral
6 agents
Chantier
PLR
6 agents
Agent d'entretien
1
Légende
POSTES EXTERNES
7. Intérêts et
contributions des parties prenantes
Nous avons déjà cité un nombre important
d'acteurs individuels ou collectifs qui sont concernés par la MIFEN.
Certains bénéficient de ses services ou bien contribuent à
leur mise en oeuvre. D'autres sont à la fois usagers et porteurs de
projets. Nous pouvons les différencier ainsi :
Ceux qui apportent leur soutien financier sans
véritable contrepartie,
Il s'agit des collectivités qui subventionnent la MIFEN
pour soutenir, sans contrepartie, une action ou un développement
d'activité. C'est le cas du Conseil Régional qui a alloué
une subvention d'investissement dans le cadre de l'augmentation du volume
d'activité entre 2006 et 2007.
Ceux qui accomplissent un travail en contrepartie d'une
rémunération,
Ce sont les salariés permanents ou en parcours
d'insertion. Ces derniers sont aussi à ranger dans la catégorie
des usagers car la mission d'insertion de la MIFEN leur est directement
destinée.
Ceux qui portent les projets sans en tirer un quelconque
intérêt financier,
Ce sont les bénévoles qui accomplissent leur
mission de gouvernance pour atteindre les buts définis par le projet
associatif.
Ceux qui bénéficient gracieusement des
services de la MIFEN,
Ce sont les usagers des espaces naturels (randonneurs,
pêcheurs...) et, dans une certaine limite, les salariés en
parcours d'insertion, qui bénéficient des accompagnements
(social, professionnel et santé).
Ceux qui confient des missions
rémunérées à la MIFEN,
Ce sont les collectivités qui sollicitent la MIFEN pour
qu'elle réalise des prestations de chantiers ou d'insertion.
Ceux qui participent à la concertation
Nous avons rangé sous la mention :
« concertation » toutes les participations ayant pour objet
le partage de l'information à des fins de prises des décisions
communes. Nous retrouvons les usagers des activités de la MIFEN, parfois
associés aux prises de décision, les autres ACI, les
réseaux, les services techniques...
Dans le tableau ci-après, nous retrouvons l'ensemble
des parties prenantes, leurs intérêts et les diverses formes de
participations observées.
Partie Prenante
|
Intérêt
|
Forme de Participation
|
MIFEN
|
Bénévoles
|
Réaliser le projet associatif
|
Bénévolat : Définition du projet
associatif,
gouvernance interne
|
Salariés permanents
|
Avoir une activité salariée
Participer à des actions utiles.Avoir une activité
salariée
|
Salariat :Exécuter les missions, proposer des
projets, gouvernance interne
|
Usagers (salariés en parcours d'insertion)
|
.Tisser des liens
.Débuter un parcours d'insertion
.Accéder à une formation, à un emploi
.Surmonter des difficultés (freins)
|
Salariat : Exécuter les missions
Concertation : Participer à
l'amélioration des mesures de sécurité
|
Commune, syndicat,
Intercommunalité
|
CCAS
|
Orienter des candidats
|
Concertation : Evaluation des parcours
|
Services Techniques
|
Réaliser des prestations répondant à des
besoins
Diminuer les nuisances
Préserver la nature
Diminuer les risques environnementaux
|
Financier : Commande de chantiers
Concertation : Co-construction de projets
|
Services Environnement
|
Office du tourisme
|
Disposer d'un environnement attrayant
Disposer de sentiers pédestres entretenus
|
Concertation : Partage des informations,
évaluation des besoins
|
Conseil Général
|
Service insertion emploi
|
|
Financier : aides à l'encadrement
Concertation : Evaluation des parcours
|
MSD et dispositif ALI
|
Orienter des candidats
|
Concertation :Partage des informations,
évaluation des besoins
|
Services de l'environnement
|
Réaliser des prestations répondant à des
besoins
Diminuer les nuisances
Préserver la nature
Diminuer les risques environnementaux
|
Financier : Commande de chantiers
Concertation : Co-construction de projets
|
Comité départemental du tourisme
|
Disposer de sentiers pédestres départementaux et
locaux entretenus
|
Financier : Commande de chantiers
Concertation : Echange sur les besoins
|
ÉTAT
|
DDTEFP
|
Mettre en oeuvre la politique d'insertion
|
Financier : Financer les emplois aidés, aide
à l'accompagnement
|
Service pénitentiaire d'Insertion et de probation
|
Orienter des candidats
|
Concertation : Evaluation des parcours
|
ANPE
|
Orienter des candidats
|
Concertation : Evaluation des parcours
|
Établissements scolaires
|
Disposer de programmes éducatifs
|
Financier : Commande de prestation
|
Agence de l'eau
|
Services de l'environnement
|
Contribuer à l'entretien des rivières
|
Financier : Subvention
Concertation : Echange des informations
|
Région
|
Services de l'environnement
|
Contribuer à la lutte contre les crues
|
Financier : Subvention
|
Services de l'insertion
|
Contribuer aux efforts d'insertion
|
Financier : Subvention
Concertation : co-construction d'outils
|
Réseau CACI64
|
Mutualiser des moyens
|
Concertation : Représentativité,
partage des informations...
|
Définir des règles de non-concurrence
|
Centre social Sagardian
|
Mutualiser des moyens salariés
(Infirmière santé publique)
|
Financier : Economie d'échelle
|
Associations
|
ACI Lagun et Adeli
|
Mutualiser des moyens salariés
(Accompagnateur social et emploi)
|
Financier : Economie d'échelle, partage de
prestations de chantier
|
Service de prévention
|
Orienter des candidats
|
Concertation : Recensement des besoins, partage des
informations
|
Usagers
|
Randonneurs
|
Disposer de sentiers pédestres entretenus
|
Agriculteurs
|
Disposer de berges entretenues
Réguler les populations de ragondins
|
Professionnels du tourisme
|
Disposer d'aménagements et de prestations entretenues
|
Tous ces acteurs sont parties prenantes du
développement de la MIFEN. Ils correspondent en partie à la
définition large suivante : « Ensemble des agents qui
affectent l'activité économique de l'entreprise, les actionnaires
bien sûr mais aussi les collaborateurs, les clients, les fournisseurs,
les concurrents, les diverses collectivités dans leur
ensemble 38(*)».
III. ANALYSE DU FONCTIONNEMENT ECONOMIQUE
1. 1998 - 2007 : Quelques indicateurs
Notre analyse portera essentiellement sur l'année 2007.
Néanmoins, il nous a semblé utile d'apporter, en préambule
à cette étude, quelques données relatives aux exercices
précédents. Nous serons brefs quant aux dix premières
années de fonctionnement économique de la structure :
- absence de fonds de roulement et de capitaux propres.
- montant insuffisant des prestations facturées entre
1988 et 1992.
- difficultés de trésorerie récurrentes
entre 1992 et 1998
La situation s'est nettement améliorée à
partir de 1998 grâce au développement des services. Les tableaux
ci-après donnent des indications chiffrées sur l'évolution
de ces dix dernières années.
.Le montant des prestations facturées a
été multiplié par 5
Montant annuel des Prestations facturées entre
1998 et 2007
|
Année
|
Prestations (euro)
|
Progression annuelle (%)
|
1998
|
63 031
|
-
|
1999
|
81 865
|
29,8
|
2000
|
97 920
|
19.6
|
2001
|
128 422
|
31,4
|
2002
|
167 214
|
30,2
|
2003
|
183 461
|
9,7
|
2004
|
189 969
|
3,5
|
2005
|
214 228
|
12,8
|
2006
|
294 057
|
37,2
|
2007
|
338 074
|
15
|
Le développement des activités de chantiers
d'insertion a permis à la MIFEN d'améliorer sa situation
financière à partir de 1998.
Les progressions observées entre 2001 et 2003 sont dues
à la commande de trois importants chantiers, depuis reconduits chaque
année par le Conseil Général et le SIAZIM
Les augmentations de 2006 et 2007 sont exclusivement dues
à l'augmentation du temps de présence des salariés en
parcours dans le cadre du passage de 20 à 26 heures hebdomadaires.
|
.Le taux de commercialisation a atteint 30% dès
2002
Progression du taux de commercialisation
|
Année
|
Prestations (euro)
|
Charges de fonctionnement (euro)
|
Rapport Prestations/charges
|
1998
|
63 031
|
243 153
|
25.90
|
1999
|
81 865
|
246 013
|
33.27
|
2000
|
97 920
|
343 237
|
28.53
|
2001
|
128 422
|
464 815
|
27.62
|
2002
|
167 214
|
547 514
|
30.54
|
2003
|
183 461
|
564 608
|
32.50
|
2004
|
189 969
|
624 472
|
30.42
|
2005
|
214 228
|
665 739
|
32.18
|
2006
|
294 057
|
836 456
|
35.15
|
2007
|
338 074
|
953 728
|
35.44
|
Le taux de commercialisation de la MIFEN est de 35,44% en
2007, soit un taux supérieur de plus de 5% au seuil réglementaire
en vigueur jusqu'en 2005, fixé par circulaire puis par décret de
la loi de 1998, destiné à encadrer fermement le
développement des ACI. Celles qui dépassaient ce seuil ont
été « encouragées » dès 1998
à envisager leur transformation en entreprise d'insertion. La MIFEN
ayant souvent flirté avec ce seuil ces dernières années
n'a pas échappé à cette demande de la part de la DDTEFP.
Mais elle n'a pas donné suite, au motif principal qu'une transformation
en Entreprise d'Insertion nécessiterait une augmentation de la
productivité moyenne par salarié et qu'elle ne souhaitait pas
renoncer au recrutement des personnes les plus éloignées de
l'emploi.
Depuis 2005, les textes réglementaires ont introduit la
possibilité pour certaines structures, sur avis du CDIAE, d'aller
jusqu'au seuil de 50%. Or, la MIFEN n'a pas pour autant développé
son activité. Elle n'a pas non plus augmenté en
conséquence ses tarifs pour augmenter ses marges.
L'augmentation du montant des prestations facturées de
2006 et 2007 s'explique par l'accroissement du volume d'activité, suite
au passage de 20 à 26 heures des contrats aidés, et par le
développement des prestations hors chantiers (diagnostics,
éducation à l'environnement..)
|
.Le montant des charges d'exploitation a été
multiplié par 4.
Liens entre augmentation des charges d'exploitation et
effectif de personnes en parcours
|
Année
|
Charges de fonctionnement
(euro)
|
Progression annuelle (%)
|
Effectif personnel en parcours
|
1998
|
243 153
|
-
|
25
|
1999
|
246 013
|
1,1
|
25
|
2000
|
343 237
|
39.5
|
32
|
2001
|
464 815
|
35.4
|
38
|
2002
|
547 514
|
17.8
|
38
|
2003
|
564 608
|
3.1
|
38
|
2004
|
624 472
|
10.6
|
38
|
2005
|
665 739
|
6.6
|
38
|
2006
|
836 456
|
25.6
|
40
|
2007
|
953 728
|
14
|
40
|
Les années en caractère gras sont celles qui ont
enregistré les plus importantes progressions des charges. Les
données de 2000 à 2001 confirment l'augmentation des effectifs et
le volume des services d'insertion. L'augmentation de 2002 est due à la
progression de la masse salariale des permanents.
Les progressions enregistrées en 2006 et 2007 sont dues au
passage de 20 à 26 heures.
|
.Des résultats excédentaires
Résultats nets des années 1998 à
2007
|
Année
|
Résultat net
(euro)
|
1998
|
+ 6 968
|
1999
|
+ 26 753
|
2000
|
+ 9 381
|
2001
|
+ 50 961
|
2002
|
+ 34 802
|
2003
|
+ 38 240
|
2004
|
+ 27 191
|
2005
|
+ 25 130
|
2006
|
+ 55 799
|
2007
|
+ 31 821
|
L'analyse des résultats nets de la MIFEN
présente un intérêt limité si ce n'est qu'elle
montre que la constitution des fonds propres s'est opérée
progressivement. Cette situation a largement contribué à
améliorer le fonds de roulement. Cependant, il aura fallu attendre 2004
pour que la structure ne connaisse plus les difficultés de
trésorerie qui étaient essentiellement dues au versement tardif
du solde des subventions d'aide à l'encadrement et à une gestion
insuffisamment rigoureuse de la facturation.
Les excédents réalisés en 2001 et 2006
ont diverses explications. La situation de 2001 est due aux augmentations
inattendues de prestations facturées et à des reports de
dépenses budgétisées pour atténuer les effets d'un
manque de trésorerie. La situation de 2006 est liée d'une part,
à l'augmentation des prestations facturées et d'autre part, au
départ successif et inattendu de deux permanents dont les postes n'ont
été renouvelés que plusieurs mois après.
|
2. Analyse des données 2007
2.1) Les charges de fonctionnement
D'un montant total de 953 213 euros, les charges de
fonctionnement de l'année 2007 ont progressé de 14% par rapport
à 2006. Elles se décomposent en trois grandes
catégories :
2.1.1) Les salaires et les charges
La masse salariale représente 77,5% des charges de
fonctionnement. Elle est en progression de 7,5% par rapport à 2006.
Globalement, les charges sociales ont progressé de 14% tandis que les
salaires n'ont progressé que de 7,8%. Nous constatons que la masse
salariale des personnes en parcours a augmenté de 11% tandis que celle
des postes permanents n'a augmenté que de 5%. 5%, cela correspond
également au taux moyen d'augmentation de salaires des permanents en
2007 suite à la revalorisation appliquée fin 2006. Une analyse
plus approfondie du nombre d'heures travaillées nous indique qu'il est
en augmentation pour les personnes en parcours. Cela s'explique par des
renouvellements systématiques et rapides des départs grâce
à un fonctionnement optimal des orientations de candidats par les
services sociaux. Conformément à son souhait de recruter
davantage de personnes issues des zones rurales, le renforcement des liens avec
les organismes sociaux situés en milieu rural a également
contribué à dynamiser le mode de recrutement de la MIFEN au
bénéfice de cette population (4 candidatures de plus qu'en
2006).
Pour ce qui est des permanents, nous observons au contraire
une stagnation des heures travaillées. Or, selon les prévisions
de la MIFEN, ce dernier aurait dû augmenter par le simple jeu de la
pérennisation d'un poste d'encadrant supplémentaire.
L'explication réside dans des mouvements imprévus de personnel
(le départ d'un permanent à temps partiel ainsi qu'une absence de
5 mois pour un autre salarié victime d'un accident du travail) que la
MIFEN a tardé à remplacer. Nous touchons là l'une des
difficultés récurrentes de la MIFEN depuis 2 ans.
Confrontée au départ de plusieurs permanents, elle n'a pas
été en capacité de les remplacer rapidement. À cela
s'ajoutent des difficultés d'intégration des nouvelles recrues
qui découvrent à la fois un territoire, une structure et des
pratiques qu'ils ne maîtrisent pas.
Les résultats nets des deux dernières
années démontrent que cette situation n'a pas d'impact
négatif sur l'équilibre financier de la structure. Au contraire,
une partie des excédents de 2007 (55 000 euros) et de 2008 (31 000
euros) provient des économies réalisées sur la masse
salariale des permanents (15000 euros en 2007) inscrite au budget
prévisionnel. Ces résultats ont valu à la MIFEN quelques
remarques de la part du conseil général et de la DRTEFP.
Pourtant, les raisons de cet excédent sont facilement identifiables. La
MIFEN est victime d'une part, de sa politique de développement
d'activité et d'autre part, de sa trop prudente politique de gestion des
ressources humaines qui se traduit indirectement par des économies sur
les postes des permanents. Elle tente ni plus ni moins d'optimiser
l'utilisation de ses ressources hybrides pour acquérir une autonomie
partielle à l'égard des services de l'Etat et du Conseil
Général ayant en charge l'insertion. Il serait souhaitable que
cette orientation soit encouragée plutôt que critiquée.
Paradoxe de cette politique de gestion prudente, alors que la
structure est hésitante dans la pérennisation des postes de ses
encadrants, elle n'a pas hésité, fin 2007 à
pérenniser un poste d'agent d'entretien des espaces naturels parmi ses
40 salariés en insertion. Nous reviendrons sur cette situation car elle
illustre un exemple indirect de soutien aux collectivités en
matière de développement durable.
2.1.2) Les achats et charges externes
Les achats et charges externes représentent 13,67% des
charges totales contre 13% en 2006. Outre les remboursements de panier-repas et
l'achat de tenues de travail, nous constatons que certains postes comme les
achats de petits matériels d'outillage et de carburant sont relativement
importants.
Dans une optique de développement durable, la MIFEN
peut s'interroger sur son rôle dans la création de valeur
économique ou dans la génération de coûts
évités. Ce sujet sera abordé en deuxième partie.
Mais elle doit aussi s'interroger sur les coûts induits ou les
conséquences éventuellement négatives de sa gestion et de
ses achats sur l'environnement. Par exemple, bien que l'achat de carburant
contribue au développement économique local, la MIFEN pourrait
certainement réduire son empreinte écologique en optimisant ses
déplacements39(*).
Cette question qui n'a jamais été abordée en profondeur
pourrait faire l'objet d'une demande de Dispositif Local d'Accompagnement. Dans
ce cas, l'objet de l'étude pourrait être élargi aux
questions de mobilité des salariés.
2.1.3) La dotation aux amortissements
La dotation aux amortissements est en progression constante
depuis quelques années. Elle ne représente toutefois que 4% des
dépenses d'exploitation en 2007, dont la plus grande part concerne les
véhicules. Cette particularité s'explique par l'option qui a
été prise par la MIFEN, dès le lancement de ses
activités d'insertion, de ne pas se mécaniser lourdement afin de
privilégier la main d'oeuvre et de se distinguer des entreprises de
travaux publics. Celles-ci répondent à des marchés dans
l'environnement pour amortir des investissements lourds qui les contraignent
à utiliser des méthodes parfois inadaptées aux travaux
d'entretien des espaces naturels. Mais la tendance de ces deux dernières
années est, toute proportion gardée, à l'acquisition de
matériel mécanique plus lourd. En 2006, l'acquisition d'un
broyeur autotracté de végétaux a été
motivée par les demandes de plusieurs collectivités. Plus
récemment, l'achat d'un tracteur compact équipé d'un
treuil a été le fruit d'une mûre réflexion de la
part du coordonnateur et de la direction, tous deux conscients qu'un compromis
entre le tout manuel et la mécanisation lourde devrait avoir des effets
bénéfiques sur la santé des salariés, la
qualité des services techniques rendus et le rapport qualité
prix, autrement dit sur le développement durable.
2 .2) Hybridation des ressources
Les ressources de la MIFEN ont diverses origines. Elles
donnent lieu à des fonctionnements juridiques et quelques arrangements
subtils.
Parmi les trois grands critères qui définissent,
selon Jean-Louis Laville, l'économie solidaire, il y a l'hybridation des
ressources, c'est-à-dire la capacité que les porteurs de projets
ont à tirer parti de ressources issues d'origines très
différentes comme les prestations facturées, le
bénévolat, les prêts en nature, les subventions... que l'on
classe dans trois catégories : le marché, la redistribution
et la réciprocité.
.Le marché est un système d'échange
où se rencontrent les demandes formulées par l'acheteur et les
offres des vendeurs. Nous allons voir que la MIFEN a recours au marché
dans divers domaines.
.La redistribution est un mécanisme mis en oeuvre par
une autorité centrale, consistant à rassembler de moyens pour
qu'ils soient répartis, en principe pour atteindre davantage de justice
sociale, selon des normes qu'elle fixe elle-même. La redistribution peut
donner lieu au versement de subventions ou bien, sous certaines conditions, au
paiement de services sur présentation de factures.
.La réciprocité définit les
échanges réalisés sur la base du volontariat qui
s'expliquent par la volonté d'entretenir ou de renforcer les liens
sociaux entre différents groupes ou personnes. Elle peut prendre
diverses formes, parfois monétaires mais surtout non monétaires
comme le don de temps.
2.2.1) Les ressources qui sont liées au
marché
Nous l'avons brièvement évoqué, la MIFEN
n'a jamais souhaité se positionner sur le secteur privé, tel que
cela lui avait été suggéré par la DDTEFP en
200540(*). Cette position
est liée à la crainte de bouleverser l'équilibre des
relations que la structure entretient, dans le cadre de la mise en emploi de
ses salariés en insertion, avec les entreprises du secteur privé.
Celles-ci, particulièrement nombreuses dans le domaine des espaces
verts, n'apprécieraient probablement pas qu'une association oeuvrant
dans le domaine de l'économie solidaire et mettant en avant ses
principes d'équité et de justice se positionne sur le secteur
privé. Il y a d'ailleurs des précédents dans le
département des Pyrénées-Atlantiques. En 1994, alors que
les chantiers d'insertion commencent à se développer, les ACI des
Pyrénées-Atlantiques sont la cible de vives protestations de la
part des entreprises.
Sous l'égide de la DDTEFP, la mise en place d'une
commission de travail destinée à organiser une
« juste » place aux structures d'insertion tout en
facilitant l'accès de leurs salariés en parcours à un
emploi classique en entreprise permet d'atténuer les tensions. Une
Charte Départementale des métiers du paysage, signée par
l'Etat, le département, les syndicats et les ACI, fixe les
modalités d'interventions des ACI sur le secteur non-concurrentiel. Les
ACI réitèrent notamment leur engagement de ne pas se positionner
sur des chantiers d'espaces verts très clairement concurrentiels.
Plusieurs années après sa signature, cette
charte est oubliée et obsolète. Mais la MIFEN respecte son
engagement initial, et continue d'entretenir ainsi des relations saines et
cordiales avec le secteur privé. Ajoutons que cette position de principe
la protège accessoirement d'une éventuelle fiscalisation.
Aussi, les prestations facturées proviennent
essentiellement des missions réalisées pour le compte des
collectivités ou, pour une part moins importante des prestations
réalisées pour le compte d'établissements scolaires. En
voici le détail :
Éducation et sensibilisation à
l'environnement
La MIFEN n'a pas été épargnée par
les difficultés financières communes à toutes les
associations dont les prestations sont peu rémunératrices, terme
qui pourrait paraître un peu fort dans un contexte d'économie
solidaire, mais il est à rapprocher de la réalité
économique de l'éducation à l'environnement, parent pauvre
et peu reconnu de l'enseignement. Un changement s'est tout de même
opéré à partir de la fin des années 90 lorsque la
MIFEN a décidé d'exporter ses compétences
pédagogiques hors du terrain d'étude dont elle dispose à
la Maison de la Nature d'Urcuit. Aujourd'hui, les ressources destinées
à l'éducation à l'environnement ont plusieurs
origines :
.Les prestations facturées aux établissements
scolaires correspondent généralement à des commandes
ponctuelles dans le cadre d'activités réalisées à
l'échelle d'un seul établissement.
.Les prestations faisant l'objet d'une commande globale par
une collectivité au profit d'un ou de plusieurs établissements
scolaires ;
.Les commandes de prestations renouvelées
régulièrement par bons de commande (ex : Ville de Bayonne -
Site de la plaine d'Ansot).
Assistances techniques aux collectivités
Ces prestations sont étroitement liées aux
chantiers d'entretien des espaces naturels menés dans le cadre de
l'insertion. Elles font l'objet d'une commande séparée ou
intégrée à la commande d'insertion. Enfin, les AMO se
situent dans le champ concurrentiel alors que la MIFEN a été
épargnée pour le moment de toute mise en concurrence. Par
exemple, le Marché d'Insertion sur le barrage flottant de l'Adour
comprend une mission d'insertion et une mission de coordination technique, le
tout réuni au sein d'un unique marché d'insertion et de
qualification professionnelle. Cette « faveur » trouve
probablement son origine dans la fonction que la MIFEN tient auprès des
Collectivités Locales. Une fonction aussi difficile à
définir que la nature de ses missions d'assistance où elle est
à la fois conseillère, animatrice, prestataire, usagère ou
militante. Elle intervient parfois sans contrat pour « rendre
service », mène des études qui ne lui ont pas
été commandées, répond à des appels à
proposition, donne son avis quand bien même il ne lui a pas
été demandé... Dans d'autres circonstances, ce
fonctionnement aurait déjà été critiqué par
quelques bureaux d'étude, voire par certains financeurs publics.
Néanmoins l'absence d'élu au sein du Conseil d'Administration, la
neutralité politique absolue et l'implication exclusivement
bénévole de son instance décisionnaire sont des
éléments qui rassurent les partenaires de la MIFEN sur la
loyauté de ses intentions. Mais le risque que la MIFEN soit à la
fois juge et partie dans certains dossiers n'est pas totalement exclu. C'est le
cas des missions de suivi des cours d'eau où la MIFEN fait des
propositions de travaux d'entretien dont une grande partie lui sera
confiée dans le cadre d'un Marché d'Insertion. En outre, nous
nous trouvons parfois dans des situations où le Maître d'ouvrage
ne détient pas les compétences nécessaires pour
apprécier à sa juste valeur ce qui lui est proposé par la
MIFEN. La constitution de comités de pilotage associant les services
techniques des administrations compétentes permet de lever toute
ambiguïté, mais ce système n'est pas
généralisé à tous les chantiers.
Les diagnostics et inventaires
Ils représentent à l'heure actuelle une faible
proportion des services proposés par la MIFEN. Toutes ces prestations
ont été menées pour le compte de collectivités
faisant régulièrement appel aux autres services de la MIFEN. Cela
démontre que la structure n'a jamais véritablement
souhaité se développer jusqu'à présent sur ce
créneau d'activité. Nous n'avons pas observé ici de
particularité dans le mode de facturation de ce service.
2.2.2) La redistribution
Dans son ouvrage sur les initiatives solidaires41(*) Laurent Gardin
décrit les différents rapports à la redistribution. Il
aborde notamment les modes de régulations tutélaire,
quasi-marchande et conventionnée entre initiatives solidaires et
pouvoirs publics.
La régulation tutélaire
« La régulation tutélaire s'appuie sur
une logique de redistribution stricte où l'autorité centrale
décide des modalités de répartition des ressources
captées par l'impôt ».42(*)
Pour ce qui concerne la MIFEN, la régulation
tutélaire se manifeste à deux niveaux :
Au niveau de l'Etat, la Commission
Départementale d'Insertion par l'Activité Economique
créée en 1999 à la suite de la loi du 29 juillet 1998 sur
la lutte contre les exclusions a renforcé le rôle tutélaire
de l'Etat sur les activités d'insertion. En 10 ans, la MIFEN n'a saisi
qu'une fois la CDIAE dans le cadre d'une extension de ses activités. La
CDIAE a pour sa part entendu deux fois la MIFEN au sujet de ses projets et de
sa situation. En outre, c'est au niveau de cette instance que le
conventionnement ACI de la MIFEN est décidé chaque année
au vu de sa situation économique, de ses besoins et, depuis le
décret du 31 août 2005 relatif aux conditions de conventionnement
des ateliers et chantiers d'insertion, de ses résultats quantitatifs et
qualitatifs en matière de sortie vers l'emploi. Mais la
régulation peut avoir d'autres sens. Dans un sens général,
la régulation est l'ensemble des techniques permettant le maintien de la
constance d'une fonction. Dans une définition économique, la
régulation est l'ensemble de règles dont le but est de maintenir
l'équilibre du marché. Dans un sens plus interventionniste, la
régulation est la mise en place par l'Etat d'un ensemble de
règles de conduite qu'il est capable d'imposer par la contrainte. C'est
dire si cette instance, qui aurait sans doute pu disparaître suite aux
bilans mitigés dressés par plusieurs études dont celle du
CREDOC et qui a été relancée à la demande du
CNIAE43(*), devrait avoir
de l'importance aujourd'hui dans le paysage de l'insertion. Au niveau des
Pyrénées atlantiques, la CPIAE consulte insuffisamment les
structures gestionnaires de chantiers dans le cadre de la mise en oeuvre de la
politique d'insertion. Précisons que jusqu'en 2003 le Collectif
Insertion Environnement siégeait au CDIAE au titre de
représentant des Associations d'Utilité Sociale (ancienne
appellation des ACI). Dans une étude d'impact de l'insertion par
l'activité économique en aquitaine menée en 2004 par le
cabinet Opus3, le mode de fonctionnement de la CDIAE était
critiqué par les SIAE et par les Conseils Généraux,
estimant qu'il n'y avait pas suffisamment de coopération entre les
différents acteurs en charge de la conduite des politiques publiques
d'emploi et d'insertion et les SIAE. En 2007, la situation ne semble pas plus
satisfaisante. La CDIAE s'apparente plus à une chambre d'enregistrement
des sorties vers l'emploi qu'à un véritable organe de pilotage
des actions, tout comme les Comités Techniques d'Animation
pilotés par l'ANPE. L'apport financier de l'Etat à la MIFEN se
traduit essentiellement par des remboursements de salaires et des
exonérations de charges pour l'emploi des publics les plus en
difficulté. Depuis 2005, les Contrats d'Avenir et les Contrats
d'Accompagnement dans l'Emploi se sont substitués aux Contrats Emploi
Solidarité et aux Contrats Emploi Consolidés. Depuis 2006, l'aide
de l'Etat est renforcée par l'attribution d'une aide à
l'accompagnement dont l'objectif est de développer ou asseoir un
accompagnement socioprofessionnel répondant aux besoins des personnes
recrutées par la MIFEN. Il est précisé dans la convention
relative à l'attribution de cette aide que cette dernière n'a pas
vocation à financer les actions spécialisées
d'accompagnement de personnes très éloignées de l'emploi.
Cette mention indique clairement que cette aide s'inscrit dans un registre
d'insertion professionnelle, dans des conditions ordinaires du marché du
travail, et non dans un registre d'accompagnement social de ceux qui cumulent
les freins à l'emploi. En réalité il est, bien entendu,
très difficile de faire la part des choses entre ce qui relève de
l'accompagnement social et ce qui est d'ordre professionnel tellement les deux
sont souvent confondus. Cette imbrication profite aux plus
éloignés de l'emploi et la DDTEFP, pour le moment, fait preuve
d'une relative mansuétude à l'égard de notre structure, et
indirectement de ceux qui bénéficient de cet accompagnement,
malgré de faibles résultats de sortie vers l'emploi.
Sur son site l'association
« Exclusif »44(*) intitulait son article sur le PRAPS :
« La Santé pour les plus faibles ». Cela
résume bien la mission du Programme Régional d'Accès
à la Prévention et aux Soins dont bénéficient les
salariés de la MIFEN. Le PRAPS est un dispositif créé par
la loi de 1998 contre les exclusions, qui s'inscrit dans le Plan
Régional de santé publique. Gérée par la Direction
Départementale des Affaires Sanitaire, la mission PRAPS mise en place
sur la MIFEN a l'ambition de faciliter l'accès aux soins des personnes
en situation de précarité. Elle couvre les trois ACI du Pays
Basque ainsi qu'un centre social. Jusqu'en 2006, ce dispositif était le
seul à intervenir auprès des personnes en situation d'errance.
Les services sociaux ainsi que les équipes de soins somatiques et
psychiatriques tentent depuis de coordonner leurs actions grâce à
la mise en place d'une équipe mobile de psychiatrie. Il est difficile et
délicat d'évaluer les résultats de la mission PRAPS tout
comme il est délicat d'évaluer les résultats des mesures
d'accompagnements autres que l'accompagnement vers l'emploi. Les attentes des
financeurs sont, pour le moment, uniquement exprimées en termes
d'obligation de moyens et non de résultats. Il faut s'en réjouir
car, pour la MIFEN, il est essentiel pour le respect des salariés en
parcours qu'aucune information nominative, autre que professionnelle, ne soit
transmise.
Au niveau du Conseil Général,
les mécanismes de redistribution s'opèrent à trois
niveaux :
.Le département alloue à la MIFEN des aides
à l'encadrement des bénéficiaires du RMI en contrat
aidé sur ses chantiers d'insertion. Les modalités de mise en
oeuvre de cette action portent à la fois sur la mise en situation de
travail des bénéficiaires du RMI en grande difficulté
sociale et professionnelle et sur l'application de modalités
spécifiques d'accueil et d'accompagnement de ces personnes.
. Avant la loi de 2003 relative à l'organisation
décentralisée de la République, l'Etat finançait le
paiement du RMI alors que le département avait la responsabilité
du volet insertion. Depuis 2003, le pilotage du RMI est confié dans sa
totalité au département. L'action sociale et professionnelle
n'est plus pilotée conjointement par le Préfet et le
Président du Conseil Général mais uniquement par ce
dernier. Le département participe au financement du Contrat d'Avenir par
l'activation du RMI en complément des deux autres sources de
financement : Celle versée à l'employeur par l'Etat,
correspondant à une aide fixe ou dégressive, et enfin la part
restant à la charge de l'employeur.
.Le département participe au financement de la
formation des permanents de la MIFEN dans le cadre de l'aide à la
professionnalisation.
Entre régulation quasi marchande et
régulation conventionnée
« Le recours à une régulation
quasi marchande serait un moyen de limiter le pouvoir discrétionnaire et
les pratiques clientélistes générées par la
régulation tutélaire
décentralisée »45(*).
La régulation quasi marchande peut prendre la forme
d'une mise en concurrence de plusieurs prestataires de service en ayant recours
aux marchés. Aussi peut-elle aboutir à la mise en concurrence de
structures privées lucratives avec des initiatives solidaires. La
façon dont est rédigée la commande permet toutefois de
retenir plusieurs critères et pas seulement le prix.
L'expérience de la MIFEN dans ce domaine est
intéressante : Elle a conclu durant plusieurs
années des conventions de prestations de travaux avec les
collectivités. Il n'était alors nullement question de
marchés publics. Quant à la concurrence, la MIFEN la
récusait catégoriquement tout comme les autres ACI du Collectif
Insertion Environnement qui, jusqu'en 2003, s'interdisaient de répondre
à des appels d'offre pour ne pas prendre le risque d'être
fiscalisées ou bien mises en conflit avec les entreprises du secteur
marchand. Or, les procédures d'achat par l'Etat et les
collectivités s'étant complexifiées ces dernières
années, elles rendent quasiment obligatoire la mise en place de
marchés publics, y compris pour de petits achats. Les ACI ont par
conséquent été contraintes de répondre à des
marchés publics en l'absence de cadre juridique précis. Entre
2003 et 2005, la MIFEN a pris le risque de répondre à quelques
marchés de prestations passés selon la procédure
négociée46(*). Ce fut notamment le cas avec le Syndicat
Intercommunal d'Aménagement de la Zone Ilbaritz-Mouriscot et la Mairie
de Biarritz.
Conscients que cet acte pouvait mettre la MIFEN en
porte-à-faux vis-à-vis des entreprises ou du fisc, les
maîtres d'ouvrages les plus conciliants, qui avaient en outre la
volonté de participer à la mission d'insertion de la MIFEN,
tentaient à chaque marché de réduire la procédure
de publicité et de mise en concurrence à son strict minimum. En
s'inspirant des modèles de marchés et de
délibérations mis en ligne par Patrick Loquet sur le site
« reseau21 » la MIFEN s'engagea en 2005 dans un important
travail de promotion de l'article 30 et des marchés d'insertion. Elle
fut récompensée la même année lorsqu'elle remporta
le premier marché d'insertion du département des
Pyrénées-Atlantiques, portant sur l'entretien du dispositif
flottant de récupération des déchets sur l'Adour
(Maîtrise d'Ouvrage : Institution Adour). Un second Marché
fut conclu peu de temps après et dans des conditions identiques entre
l'association ADELI et le Syndicat du Bassin de la Nivelle.
Le Conseil Général a joué un rôle
moteur dans la promotion de l'article 30 et de l'article 14. Tous deux font
référence à la promotion de l'emploi, la lutte contre
l'exclusion et la précarité. Cela s'est notamment traduit par
l'élaboration d'un modèle de marché de service,
réservé aux ACI du Collectif Insertion Environnement, s'appuyant
essentiellement sur deux décrets et un arrêt du Conseil d'Etat
relatifs au nouveau code des Marchés Publics et à la nouvelle
rédaction de l'article 30 (cf. annexe N°2). L'un des objets du
Collectif ACI64 étant d'éviter les effets préjudiciables
d'une concurrence entre structures par la définition d'un ancrage
territorial et d'un mode de tarification commun, il est apparu que la
publicité et la mise en concurrence étaient manifestement
inutiles au regard de l'objet du marché et de ses conditions de
passation. Le Conseil Général a également fait partie des
premiers maîtres d'ouvrages à avoir recours aux marchés de
services de qualification et d'insertion professionnelle dans le domaine de
l'environnement dans le cadre de sa contribution à l'effort d'insertion
des bénéficiaires du RMI. Dès 2006, la MIFEN a
signé trois nouveaux marchés. En 2007 80 % des chantiers de la
MIFEN sont réalisés dans le cadre de marchés publics
d'insertion. Tous donnent lieu à un rapprochement de la MIFEN avec la
collectivité avant même que le marché ne soit
rédigé et lancé. Aussi pouvons-nous considérer que
nous nous trouvons dans une situation intermédiaire entre la
régulation quasi marchande et le mode de régulation
conventionnée. Ce dernier mode de régulation correspond bien en
revanche à la situation des conventions de prestations de travaux que la
MIFEN utilisait régulièrement avant la quasi
généralisation des appels d'offre, et qu'elle continue d'utiliser
pour de petits marchés inférieurs à 4000 euros. Les
négociations portent sur la nature des travaux, les moyens humains et
mécaniques proposés, ainsi que sur l'insertion. Certaines clauses
sont imposées par la MIFEN. Par exemple, chaque convention porte la
mention suivante : "le MO déclare accepter de participer aux
efforts d'insertion sociale par l'activité que déploie la MIFEN
en confiant aux équipes de cette dernière les prestations de
travaux prévues à la présente convention, qui ne
pourraient être réalisés par d'autres structures, notamment
pour des raisons tenant à leur nature ou à leur coût".
Nous sommes en quelque sorte face à un arrangement de grés
à grés entre une collectivité qui accepte la mission
d'insertion que lui propose la MIFEN et cette dernière, qui accepte le
support d'insertion que lui propose la MIFEN.
Pour conclure, nous pouvons dire que, dans les deux
situations, convention de travaux ou marchés de service d'insertion, la
MIFEN n'est pas un simple exécutant, prestataire de service des pouvoirs
publics, mais plutôt un acteur local qui entretient des relations de
partenariat, donnant lieu à une rétribution financière
uniquement destinée à équilibrer son budget.
La spécificité du mode de tarification
des ACI du Collectif Insertion Environnement
Les huit ACI des Pyrénées-Atlantiques
regroupés au sein du CACI64 (anciennement C.I.E) appliquent toutes un
mode de tarification basé sur un prix de journée forfaitaire
auquel viennent s'ajouter des frais de déplacements, de repas et
d'utilisation d'engins mécaniques. Ce mode de tarification suppose que
toutes les structures mettent en oeuvre des moyens mécaniques et humains
relativement identiques. Il permet en outre d'établir des factures en
prix de journée plutôt qu'en tarif horaire/salarié. Ainsi,
c'est en principe l'équipe qui est valorisée et non chaque
individu.
Ce fonctionnement s'inscrit dans la volonté du
Collectif de mettre en commun les bonnes pratiques de ses adhérents en
vue d'assurer une cohérence dans leurs activités, le traitement
des personnels qu'elle emploient et leurs relations avec les donneurs d'ordre.
Associé à l'ancrage territorial également instauré
dans le cadre du CACI64, cet accord tarifaire rend toute mise en concurrence
des structures entre-elles inutile car, au moins en théorie, les
différences de prix ne peuvent se justifier que par les écarts de
distances géographiques qui séparent les structures du chantier.
En pratique, nous observons tout de même des distorsions tarifaires dues
essentiellement à des différences de rendement d'une structure
à l'autre ou à l'inexistence d'une typologie des chantiers par
discipline (entretien des cours d'eau, sentiers de randonnées...), dont
les caractéristiques techniques, qui peuvent varier d'un espace naturel
à l'autre, ne sont pas suffisamment prises en compte. Toutes ces
questions seront abordées à compter de septembre 2008 dans le
cadre d'une analyse collective des bonnes pratiques d'accompagnements technique
et social.
Le prix de journée moyen pratiqué par la MIFEN
en 2007 est de 294 euros. Il se décompose comme suit :
. 139 euros de prix forfaitaire
. 30 euros d'indemnités de paniers
reversées aux salariés
. 31 euros par engin mécanique
léger
. 32 euros pour couvrir les déplacements
Ce mode de tarification pose question car il valorise presque
autant les engins mécaniques que les hommes. Constat paradoxal pour une
structure comme la MIFEN qui n'a jamais souhaité donner la
priorité aux investissements matériels. En outre, face aux
situations financières très hétérogènes des
structures depuis 3 ou 4 ans, le principe même de la tarification commune
est fragilisé. Les prix de revient des structures sont aujourd'hui
très variables tout comme le taux des prestations facturées.
Certains ACI ont su développer de l'activité tandis que d'autres
qui sont en difficulté n'ont pas été en mesure
d'accroître le volume de leur carnet de commande. Conscient de toutes
ces difficultés, le CACI64 a souhaité engager une
réflexion sur sa tarification. Un DLA sur ce thème sera
lancé début juillet 2008.
|
2.3) Les subventions
Une subvention est une aide financière allouée
par une institution publique ou territoriale à une personne ou une
organisation privée ou publique dans le cadre d'un projet. Elle permet
d'assurer l'équilibre économique d'une activité non
rentable en soi mais considérée utile à la
collectivité. Elle est allouée en principe sans qu'une obligation
de résultat ne puisse être imposée. Dans leur rapport
d'enquête47(*) sur
les ACI, l'IGS et l'IGAS précisent que les ACI sont
« financés de façon prédominante par des
subventions. L'Etat contribue généralement entre 45% et 50%,
voire plus, aux produits d'exploitation. Les départements sont les
seconds contributeurs pour 15 à 20%, la plupart d'entre eux ayant
créé des dispositifs ciblés sur les
bénéficiaires du RMI, amplifiés par les aides des PLIE et
du FSE. Les autres collectivités locales assurent le solde des
ressources publiques sous forme soit de subvention, soit de prestations en
nature ». Analysons à présent la situation de la
MIFEN en regard de cette précision : Parmi les financements que la
MIFEN reçoit des collectivités et de l'Etat, il y a lieu de
distinguer les transferts de charges destinés au paiement des emplois
aidés (CA, CAE...) qui, selon le rapport IGAS/IGF entreraient dans la
catégorie des subventions, des aides à l'encadrement
allouées notamment par le Conseil Général. Ces
dernières sont des subventions dont les montants sont votés
annuellement en Commission Permanente. Or elles font l'objet d'une convention
dans laquelle sont précisés les engagements que la structure doit
prendre ainsi que les moyens humains qu'elle doit mobiliser pour mener sa
mission d'accompagnement. De toute évidence, nous sommes là en
présence d'une mission qui pourrait relever de l'achat public plus que
de la subvention.
« La distinction entre subventions et marchés
publics ne repose pas sur l'objet du contrat, mais sur l'existence d'un besoin
préalablement défini par l'administration pour la satisfaction
duquel elle recourt aux services d'un prestataire
rémunéré. Le seul fait qu'en l'espèce, les
associations considérées interviennent dans l'un des domaines
mentionnés au code des marchés publics ne suffit donc pas
à rendre ce dernier applicable».48(*)
« La subvention constitue une contribution
financière de la personne publique à une opération
justifiée par l'intérêt général, mais qui est
initiée et menée par un tiers. Il s'agira d'une subvention si
l'initiative du projet vient de l'organisme bénéficiaire et si
aucune contrepartie directe n'est attendue par la personne publique du
versement de la contribution financière. Dans le cas contraire, il
s'agira d'un marché public. La notion d'initiative recouvre non
seulement l'impulsion du projet mais aussi sa conception et sa
définition».49(*)
Le conseil général fait appel à la MIFEN
pour mettre en oeuvre sa politique d'insertion en lui octroyant des aides
à l'encadrement. L'achat public relevant du code des marchés
publics, le Conseil Général pourrait lancer une consultation
soumise aux règles du marché. Au-delà des
conséquences fiscales, voire juridiques pour la structure, une telle
décision aurait pour effet immédiat d'augmenter le taux des
prestations facturées de 18% (exercice 2007), ce qui porterait ce taux
à plus de 53%. Elle dépasserait alors le plafond
réglementaire de 50% et perdrait son agrément ACI. Elle pourrait
enfin provoquer la mise en concurrence de différents acteurs de
l'économie solidaire.
Les subventions d'investissement ou les aides accordées
dans le cadre de projets ponctuels sont plus rares. Nous pouvons en citer deux
qui ont été versées entre 2006 et 2007 :
. Une aide très exceptionnelle de 30 000 euros
à été accordée par l'Agence de l'Eau Adour Garonne
dans le cadre de sa contribution à la mise en place du Plan de
Cohésion Sociale.
. Une aide à l'investissement de 19700 euros a
été accordée par le Conseil Régional d'Aquitaine
dans le cadre de l'augmentation de l'activité engendrée par le
passage de 20 à 26 heures pour tous les contrats aidés.
Nous constatons l'absence d'appui sous forme de subvention
discrétionnaire de la part des collectivités et la rareté
des mises à disposition de locaux. Cela pourrait s'expliquer par une
absence de besoins, en locaux notamment. Or, la structure en manque et
s'interroge à cet égard sur son éventuel
déménagement en zone urbaine malgré le coût locatif
exorbitant sur la côte basque. Ce constat s'explique par la
volonté de la structure de conserver une certaine liberté de
parole et de mouvement à l'égard des collectivités, car
toute aide « gratuite » de la part d'une
collectivité est susceptible d'être assortie à tout moment
de contreparties aux formes diverses (silence en cas d'opposition, coup de
pouce en période préélectorale..). Nous pouvons affirmer
à cet égard qu'il n'a jusqu'à présent jamais
été question de contreparties de ce type lors des mises à
disposition occasionnelles de locaux par le CCAS de Biarritz, la MSA, la Mairie
d'Urcuit ou les services de l'Etat. Cela témoigne une fois de plus de la
volonté des collectivités d'entretenir des relations
partenariales avec la MIFEN.
Une absence de mécénat
Nous constatons une absence totale de financements de grands
organismes privés, dont les mécanismes relèvent d'une
logique proche de celle qui est observée dans la redistribution. La
question du mécénat mériterait un débat de fond au
sein même de la structure. Alors que bon nombre de structures
associatives font appel à des mécènes pour renouveler ou
acquérir du matériel, la MIFEN a toujours
préféré éviter de tels partenariats dans un souci
d'indépendance à l'égard des grandes entreprises. Elle
considère qu'il est toujours plus aisé de donner son opinion
lorsque l'on est libre de tout engagement, ou que l'on n'est pas redevable.
Bon nombre d'entreprises qui pratiquent le mécénat accordent une
importance majeure à la performance économique, et se
préoccupent insuffisamment des laissés pour compte. Par ailleurs,
même s'il vaut mieux tard que jamais, il est toujours pénible
d'observer que de grandes entreprises commencent tout juste, et non sans
intérêt, à se remettre en question. Par exemple, alors que
son impact socio humain et écologique est important, la
société TOTAL, qui pratique le mécénat, a attendu
l'ultime moment pour commencer à s'intéresser aux énergies
renouvelables et communiquer sur sa responsabilité environnementale et
sociétale. Cela étant, la MIFEN ne dédaignerait
probablement pas de bâtir un partenariat, au même titre qu'elle
tente de le faire avec les collectivités, avec une grande entreprise
pour qu'elle intègre sur des postes qui nécessitent peu de
qualifications des salariés à l'issue de leur parcours
d'insertion à la MIFEN. Plus qu'un don financier
« intéressé » car utile en termes d'image,
cela démontrerait leur volonté de s'investir durablement dans la
lutte contre l'exclusion, au risque que cet engagement puisse avoir des
répercussions, aussi minimes soient-elles, sur le résultat
d'exploitation de l'entreprise.
Pour être juste sur la question des fonds privés,
il y a lieu de mentionner une exception à la règle. Dans le
cadre de ses missions d'éducation à l'environnement en Asie, un
animateur de la MIFEN a bénéficié d'un billet d'avion
offert gracieusement par Nouvelles Frontières. Nous ne nous
étendrons pas sur ce sujet ni sur les dimensions de son empreinte
écologique !
2.4) Les réciprocités
En sociologie, la
réciprocité
est l'établissement de relations égalitaires entre individus ou
entre groupes. Dans le mécanisme de réciprocité
« les échanges s'expliquent par la volonté d'entretenir
ou de renforcer les liens sociaux entre différents groupes ou
personnes »50(*)
Les initiatives solidaires
Ce principe, très présent au sein des structures
de l'économie solidaire, a fait l'objet d'une classification par Laurent
Gardin. Les réciprocités inégalitaires, les
réciprocités entre pairs ou réciprocités
égalitaires et les réciprocités multilatérales.
Les réciprocités inégalitaires
réalisées en présence de groupes
hétéros-organisés qui associent un groupe distinct de
celui à qui est destiné le service. Ce serait le cas d'une
association où seuls les bénévoles, les salariés ou
les collectivités auraient le droit de décider.
Les réciprocités égalitaires
ou réciprocités entre pairs,
réalisées en présence de groupes auto-organisés et
homogènes qui associent des pairs tels que des usagers et qui
« vont répondre aux besoins et aspirations de leurs
initiateurs »51(*) Nous pouvons citer l'exemple de l'association des
seniors créée en 2007 à Bayonne par un groupe de
bénéficiaires du RMI de plus de 50 ans soucieux de créer
leurs propres emplois.
Selon cette typologie, il apparaît que la MIFEN, aux
regards de la composition de son instance décisionnaire et de son
fonctionnement, entretient des relations de réciprocité d'ordre
inégalitaires. En effet, si le Conseil d'Administration entend
défendre les intérêts des personnes à qui est
destiné le service ACI, ces dernières ne sont pas
représentées au sein de ce conseil et ne participent que
très rarement aux assemblées générales. Leur
pouvoir de décision est par conséquent faible voir inexistant,
quant à leur droit de regard, ils n'en usent que très rarement.
Par ailleurs, s'il n'est pas anormal que les salariés ne soient pas
membres de l'instance décisionnaire de l'association, la loi limitant
cette possibilité, il serait intéressant que les salariés
en parcours puissent s'exprimer directement auprès de cette instance.
Leur présence à titre consultatif pourrait être
envisagée. Une solution intermédiaire consisterait à
créer un collège des administrateurs bénévoles,
anciens salariés en parcours d'insertion. Dans ces conditions, les
salariés seraient représentés par des personnes qui, sans
contrepartie financière, mettraient au service des autres leurs
expériences et leurs compétences. Nous nous approcherions
là du troisième type de réciprocité, la
réciprocité multilatérale associant
« des acteurs hétérogènes variés,
usagers, salariés ou bénévoles tout en les plaçant
dans une situation symétrique »52(*). On trouve ce
fonctionnement au sein des Régies de Quartier et des MVC, où les
habitants sont étroitement associés aux prises de décision
et à l'élaboration des projets.
Les ressources issues de la
réciprocité
L'absence de recherche de profit est l'une des
dimensions fondamentales de l'économie solidaire. Elle impose que les
administrateurs d'une association oeuvrant dans ce champ exercent gratuitement
leur mission, ce qui est le cas à la MIFEN. Ils ne peuvent recevoir
aucune rétribution en raison de leurs fonctions. Cet engagement est
d'ailleurs rendu obligatoire dans le cadre du conventionnement ACI
délivré par la DDTEFP dont la convention stipule :
« ARTICLE 7. -L'ACI est administré par des personnes
bénévoles qui n'ont aucun intérêt financier direct
ou indirect par elles-mêmes ou par personnes interposées, dans
l'activité de l'ACI ou ses résultats».
Le désintéressement financier s'exprime aussi
à la MIFEN par des remboursements de frais de déplacements des
bénévoles presque inexistants. Cela peut être
considéré comme une forme de don en numéraire de leur
part.
Au même titre que l'on évoque l'absence
d'intéressement financier de la part des administrateurs de la MIFEN,
nous pourrions tenter d'évaluer l'incidence du bénévolat
en termes de valeur ajoutée ou d'impact sur la réduction des
coûts des services proposés par la MIFEN, à travers le don
de temps. Les contributions volontaires reçues par la MIFEN, qu'il
s'agisse du bénévolat, des prestations en nature ou de dons n'ont
en effet jamais été évaluées. Or, ils accroissent
la richesse de la structure. Il en est de même pour les contributions
consenties par la MIFEN à d'autres structures, dans le cadre de mandats.
Pour cette dernière catégorie, il convient de distinguer les dons
de temps consentis par des salariés des dons consentis par les
administrateurs. Cette distinction n'a pas lieu d'apparaître en ce qui
concerne les contributions volontaires dont bénéficie la MIFEN
même si on pourrait considérer que le temps de travail non
rémunéré que certains salariés consacrent à
la structure est une forme de don en nature.
Dans le tableau ci-dessus, le montant des contributions des
bénévoles est une estimation approximative ne figurant pas dans
les livres comptables. Il serait utile à l'avenir d'en tenir compte.
Cela suppose que la structure soit en capacité de suivre les
contributions volontaires en fonction de leur affectation aux
différentes actions menées.
Les deux tableaux ci-après énumèrent les
principales formes de contributions volontaires observables à la MIFEN.
Contributions volontaires consenties par la
MIFEN
|
Don de temps des salariés
|
Participation aux CA du CCAS de Biarritz
|
Participation aux CA du CACI64
|
Don de temps des bénévoles
|
Participation aux CLI
|
Participation aux CA du CACI64
|
Participation aux CA de la mission locale avenir jeune
|
Mise à disposition gratuite de biens et
prestations
|
Participations non rémunérées aux Plans
vison et cistudes
|
Utilisation d'un véhicule MIFEN par d'autres
associations (covoiturage)
|
Prêt de matériel à d'autres ACI
|
Contributions volontaires en nature reçues par
la MIFEN
|
Don de temps des administrateurs
|
Participation aux CA et bureaux de la MIFEN
|
Participation aux ateliers de travail
|
Participation aux AG
|
Permanences mensuelles
|
Rendez-vous extérieurs
|
Dons en nature
|
Frais de déplacements non remboursés des
administrateurs
|
|
Mise à disposition d'un local sur le Port de Bayonne
par les services de l'Etat
|
Prestations en nature
|
Mise à disposition d'une salle à la Mairie
d'Urcuit (5/an)
|
Mise à disposition d'une salle de réunion
à la MSA (5/an)
|
Bureau de permanence au CCAS de Biarritz
|
Le tableau ci-dessous indique l'origine des ressources par
catégorie de produits en 2007.
ORIGINE DES
RESSOURCES
TYPE DE RESSOURCES
|
Fonds publics
État
Collectivités
|
Fonds privés
Services aux particuliers
Mécènes
|
Tiers secteur
|
Bénévolat
|
RESSOURCES ISSUES DU MARCHE
|
Prestations de services
|
· Marchés publics d'insertion
|
234 47553(*)
|
|
|
|
· Conventions de prestations
· Prestations de chantiers
· Prestations d'éducation à
l'environnement
· Diagnostics et études
· Prestations de formation
|
81 889
18 710
|
|
3 000
|
|
RESSOURCES ISSUES DE LA REDISTRIBUTION
|
Subventions d'exploitation
|
· Conseil Régional
|
10 518
|
|
|
|
· Conseil Général
|
174 291
|
|
|
|
· Instances privées (mécénat)
|
-
|
|
|
|
Aides à l'emploi ETAT
|
446 241
|
|
|
|
Aide RTT (MSA)
|
7 597
|
|
|
|
Valorisation des mises à disposition de moyens humains
|
25 00054(*)
|
|
|
|
· Valorisation des mises à disposition de
moyens matériels
|
3 45055(*)
|
|
|
|
RESSOURCES ISSUES DE LA RECIPROCITE
|
· Cotisations, adhésions
|
|
|
|
80
|
· Dons individuels
|
|
|
|
64656(*)
|
· Valorisation des contributions volontaires
|
|
|
|
297657(*)
|
TOTAL DES RESSOURCES
|
1 002 171
|
0
|
3 000
|
3702
|
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
À travers des indicateurs sociaux, économiques
et financiers, nous avons pu mettre en évidence les
éléments qui confèrent à la MIFEN son statut
d'acteur de l'économie solidaire. Le sens qu'elle prête à
son activité économique est lié à son ambition de
répondre à une triple préoccupation territoriale :
l'intégration socioprofessionnelle des personnes fragilisées, la
mise en oeuvre de chantiers environnementaux utiles au
« pays » et la participation au développement de
l'écocitoyenneté.
L'analyse des pratiques a révélé
l'existence de relations de proximité avec les donneurs d'ordre locaux,
donnant lieu à de véritables relations partenariales. Il en
résulte des fonctionnements particuliers, notamment lorsque les
règles du marché sont utilisées quand bien même
l'objet du marché est le fruit d'une collaboration étroite entre
la collectivité et la MIFEN.
L'analyse économique confirme la forte
dépendance de la MIFEN à l'égard des fonds publics et, en
particulier, de l'Etat et du Conseil Général du fait de son
statut d'ACI. Néanmoins, nous avons montré que d'une part, les
ressources provenant des collectivités et du marché
étaient conséquentes et croissantes, et que d'autre part, elles
étaient issues de multiples maîtres d'ouvrages et prestations. La
MIFEN doit tout mettre en oeuvre pour conserver cette situation,
spécialement à une période où l'Etat donne le
sentiment de vouloir réduire la liberté d'action des
associations. Pour cela elle ne doit pas hésiter à se questionner
sur la qualité des prestations sociales et techniques qu'elle propose en
associant à cette réflexion les différentes parties
prenantes. La période est d'autant plus propice que les
collectivités semblent en général plutôt satisfaites
des services rendus par la MIFEN. À quoi bon attendre les
difficultés pour se remettre en question ?
D'autres indicateurs ont permis d'aborder des thèmes
fondamentaux de l'économie solidaire comme la gouvernance ou la
démocratie internes. Si ces valeurs sont prises en compte dans la
gestion de la structure, il a néanmoins été noté
qu'elles mériteraient d'être renforcées. La mise en oeuvre
de chantiers expérimentaux comme l'Instance de Sécurité et
de Conditions de travail devrait faire progresser la structure dans ce sens.
L'élaboration d'un projet associatif destiné
à repréciser les valeurs de la MIFEN et les objectifs
généraux de la structure en matière de
développement durable et d'économie solidaire pourrait être
utile, à une période où la structure s'interroge sur son
avenir.
La première partie de ce mémoire devrait
permettre à minima d'approfondir, dans le cadre d'un projet collectif,
la réflexion prospective et les pistes qui y ont été
lancées.
Deuxième partie
LA MIFEN :
UN OUTIL DE DEVELOPPEMENT DURABLE AU SERVICE DES
COLLECTIVITES
I. EVALUATION DE L'UTILITE DE LA MIFEN
Au cours de cette seconde partie nous allons tenter, à
travers l'analyse de quelques actions significatives menées en 2007 dans
différents domaines, d'apprécier les éléments qui
permettent à la MIFEN d'oeuvrer et de contribuer à la mise en
oeuvre ou à la promotion des politiques de développement durable
en se positionnant en tant que partenaire des collectivités locales.
Autrement dit, comment la MIFEN contribue-t-elle à améliorer
l'équité sociale, à la mise en oeuvre d'une politique
économique favorable à tous et à une préservation
du patrimoine naturel ? Quels sont les effets concrets des missions
qu'elle initie ou de celles qui lui sont directement confiées par les
collectivités, sur les « piliers » social,
économique et environnemental du développement
durable ?
Ce travail porte sur les bénéfices externes de
la structure, étant entendu que les pratiques internes pouvant avoir une
incidence sur le développement durable, comme la gouvernance interne et
le mode de recrutement des salariés, ont été
approchées à travers l'analyse du fonctionnement
socio-économique de la MIFEN. Néanmoins il est évident que
les deux parties sont étroitement liées, voire parfois
imbriquées. Nous verrons à travers des situations
concrètes comment des décisions internes peuvent avoir une
influence directe sur le développement local.
Quelques points de définitions
Afin de compléter l'approche historique du
développement durable figurant en introduction à ce
mémoire, il apparaît à présent utile de revenir
succinctement sur certains points de définitions.
Sur la définition du développement durable
À la définition de la
CMED :« répondre aux besoins du présent sans
compromettre les capacités des générations futures
à répondre aux leurs » sont associées deux
notions : le besoin et, pour reprendre un commentaire figurant dans le
Dictionnaire du développement durable58(*), « plus
particulièrement les besoins des plus démunis, à qui il
convient d'accorder la plus grande priorité... », et la
notion de temps. « Pensé au niveau global, ce concept
a finalement mis au coeur de sa réflexion la dimension temporelle (prise
en compte du long terme, des générations
futures)... »59(*).
La définition de l'UICN : « Le fait
d'améliorer les conditions d'existence des communautés humaines,
tout en restant dans les limites des capacités de charge des
écosystèmes », renvoie à une notion
essentielle d'écologie. L'écosystème
est : « une unité écologique
fonctionnelle douée d'une certaine stabilité, constituée
par un ensemble d'organismes vivants (biocénose) exploitant un milieu
naturel déterminé (biotope)»60(*).
Parmi les autres définitions officielles du
développement durable, l'une d'entre-elles mérite notre
attention car elle renvoie à la fois aux notions de
préservation de la nature, de développement économique et
de durabilité : « Une politique et une
stratégie visant à assurer la continuité dans le temps du
développement économique et social, dans le respect de
l'environnement, et sans compromettre les ressources naturelles indispensables
à l'activité humaine ».61(*)
Sur la notion de durabilité
Jean-Paul Maréchal précise que, selon l'OCDE, le
terme durable recouvre des considérations sociales et environnementales
aussi bien qu'économiques, « l'objectif étant
l'intégration des politiques économiques, environnementales et
sociales dans la perspective d'une amélioration du
bien-être »2(*).
En abordant les paradoxes du développement durable,
Jean-Paul Deléage rappelle qu'avant de parler de
durabilité : « le rapport Bruntland,
publié en anglais parlait de sustainable devlopment. Ce qui jouait sur
les deux sens du verbe sustain : soit soutenir au sens de supporter un
effort ou un prélèvement écologique... soit soutenir
au sens de refuser l'insupportable ». Le terme durable
serait donc issu de la traduction française du rapport Brundtland. Nina
Kousnetzoff3(*) observe
que le rapport Bruntland demeure silencieux sur les deux paradigmes largement
opposés du développement durable :
.L'approche néoclassique de la
durabilité : la durabilité faible, où les
ressources naturelles sont des déterminants de la richesse mondiale et
de la croissance. « Selon la conception de la durabilité
faible, on accorde aux biens naturels que la valeur des services qu'ils
rendent, et non une valeur d'existence »4(*). Selon ses adeptes, il serait
possible de détruire le stock environnemental si on le remplaçait
par des technologies de substitution capables de fournir les mêmes
services.
.L'approche écologique de la durabilité :
la durabilité forte, où l'on considère que le
champ naturel est différent du champ économique et social et
qu'il le conditionne. « Dans l'acception maximaliste du paradigme
écologique, il faut attribuer une valeur intrinsèque aux
êtres naturels et à la biosphère indépendamment de
leur utilité économique et sociale. Dans une variante plus
modérée, il suffit de prendre en compte les principales
particularités des ressources environnementales :
irréversibilité de certains dommages, incertitude des
phénomènes de long terme (qui exige l'application du principe de
précaution) et soumission aux lois de la thermodynamique »2(*).
« Pour les tenants du paradigme
écologique, le rapport marchand est incapable de gérer de
manière satisfaisante l'ensemble des questions sociales,
environnementales et même économiques : les arbitrages du calcul
économique entre ces trois « piliers » du développement
ne sont pas efficaces à long terme »62(*).
Quelques repères sur le territoire de la
MIFEN : Du val d'Adour aux collines basques :
Limites géographiques
Le secteur géographique d'intervention de la MIFEN
délimite notre territoire d'étude. Il correspond à une
zone d'environ sept cents kilomètres carrés situés au Pays
Basque, entre le piémont pyrénéen, les landes et
l'océan dans la province du Labourd et de la Basse Navarre. Une
quarantaine de communes sont présentes sur le territoire. Elles sont
toutes concernées par les activités de la MIFEN, soit directement
en qualité de maître d'ouvrage, soit indirectement dans le cadre
des intercommunalités mises en place durant des quinze dernières
années.
Environnement et faciès paysagers
Le territoire d'étude est composé d'une
mosaïque de faciès paysagers qui s'interpénètrent
pour former une unité paysagère singulière. On y trouve
des collines pastorales, des zones de barthes, des forêts humides et des
chênaies-frênaies, des rivières bordées de
ripisylves... Cette diversité de milieux naturels est propice au
maintien de la biodiversité. Quelques-uns de ses représentants
font l'objet d'un classement particulier su le plan national ou
européen. Parmi les espèces animales, nous pourrions citer le
vison d'Europe, la cistude, l'aigle botté, le saumon de l'Atlantique...
L'angélique à fruits variés et la fritillaire pintade sont
deux représentantes de la flore. Nous observons également la
présence de nombreuses espèces invasives comme le ragondin, la
jussie, le baccharris... Toutes font l'objet de surveillances et de prestations
particulières de la part de la MIFEN.
Évolution de l'activité économique et de
l'emploi au Pays Basque
La situation de l'emploi au Pays Basque n'est pas plus
préoccupante que dans d'autres régions de France. Le taux de
chômage était de 8% en 2006. Pourtant, la croissance de la
population active a été supérieure à celle de la
population globale. En revanche, depuis quelques années, la croissance
du nombre d'emplois est supérieure à celle de la population
active. La zone de Bayonne-Anglet-Biarritz reste le troisième bassin
d'emploi en Aquitaine derrière Bordeaux et la zone Paloise.
Ce sont principalement les emplois salariés du secteur
privé qui sont en nette augmentation depuis une douzaine
d'années. Le nombre d'entreprises créées ces
dernières années est en progression, et plus élevé
en Pays Basque qu'en France : 55 entreprises créées contre
45 pour 10000 habitants en France. On observe par ailleurs de nombreuses
créations de son propre emploi, y compris parmi d'anciens minima sociaux
accompagnés dans leurs projets.
Les métiers de service, comme l'hôtellerie et la
restauration, ainsi que le commerce et la construction représentent les
principaux secteurs créateurs d'entreprises grâce au tourisme
côtier, à l'attrait de l'arrière-pays et à
l'importante pénurie de logements face à une demande croissante.
Le secteur industriel stagne alors que les secteurs de l'agriculture et de la
sylviculture poursuivent leur déclin, entraînant dans leur chute
de nombreux petits agriculteurs. Néanmoins, l'élevage bovin et
ovin ainsi que l'agro pastoralisme n'ont toujours pas cessé de
façonner les collines basques.
Dans les zones rurales, l'artisanat et le tourisme rural se
développent grâce à l'attrait touristique des campagnes.
Méthodologie d'analyse et réflexions autour
de l'utilité sociale
L'expérimentation du DEVUSE
Le DEVUSE est un projet du CNAR Environnement. Le
Centre National d'Appui et de Ressources Environnement est
animé par un Collectif de 5 réseaux associatifs :
Comité de Liaison Energies Renouvelables (CLER), France Nature
Environnement (FNE), Réseau Ecole et Nature (REN), Réseaux
Territoires Environnement Emplois (TEE) et l'Union Nationale des Centres
Permanents d'Initiatives pour l'Environnement (UNCPIE). Les missions du CNAR
visent à apporter un appui au secteur de l'environnement, à
travers la mise en oeuvre de diverses missions relayées et
valorisées au niveau territorial par les DLA63(*) et les RA64(*).
L'objectif général du DEVUSE est de soutenir les
activités et oeuvrer au développement de l'emploi, à
travers une démarche d'évaluation de l'utilité sociale au
regard d'un développement durable, permettant de participer à la
reconnaissance et à la valorisation des activités et des
structures de l'environnement. 2007 correspond à la première
année de mise en oeuvre et de test du DEVUSE. Le nombre de structures
bénéficiaires a été restreint à une
quinzaine sur le plan national pour que les informations recueillies puissent
être capitalisées et analysées avant une éventuelle
diffusion élargie en 2008. La MIFEN a été
sollicitée par le CNARE en avril 2007. Son engagement dans ce projet a
été motivé par la volonté d'engager une
réflexion autour d'un projet de développement des
activités pédagogiques sur les chantiers d'insertion et de
création d'une seconde association destinée notamment à
porter ce service. Certains des objectifs opérationnels qui sont
définis par le DEVUSE, comme la mise en oeuvre d'une méthodologie
d'autoévaluation accompagnée de l'utilité sociale des
structures oeuvrant dans l'environnement, et le renforcement en interne des
activités et projets auprès des partenaires territoriaux,
institutionnels et financiers, ont été particulièrement
utiles pour mener la réflexion dans le cadre d'une démarche
participative. Néanmoins, ll y a lieu de faire quelques remarques quant
au déroulement de cette démarche. L'expérimentation a
été engagée à une période où la MIFEN
a dû mener d'autres actions chronophages comme la construction et
l'expérimentation d'un outil d'évaluation des parcours65(*), l'engagement de ses
permanents dans des sessions de formation et l'accompagnement soutenu des
nouvelles recrues de l'équipe d'encadrement. La démarche n'a pas
été suffisamment approfondie et il a été difficile
de tenir la fréquence de réunions que la structure s'était
initialement fixée. Quant à l'implication de toutes les parties
prenantes, comme la MIFEN l'aurait souhaitée, elle a été
réduite à son strict minimum, c'est-à-dire une partie de
l'équipe des permanents, certains administrateurs et, individuellement,
quelques représentants des collectivités. Cela ne signifie pas
que l'expérience a été négative, bien au contraire.
Elle aura permis de mesurer le chemin qu'il reste à parcourir pour que
la MIFEN améliore son fonctionnement participatif. Par ailleurs, la
démarche n'est pas enterrée. Les éléments qu'elle
aura permis de recueillir sont autant de données utiles à
exploiter dans le futur. Les interrogations qu'elle a suscitées
contribuent aujourd'hui déjà à l'amélioration de
certaines pratiques. Plus concrètement, le projet de
développement des activités pédagogiques qui a conduit
initialement la MIFEN à s'engager dans cette expérimentation
s'est concrétisé, en février 2008, par la scission
juridique de la MIFEN en deux structures distinctes, l'une
réservée aux chantiers d'insertion, l'autre à tous les
autres services dont les activités pédagogiques et les missions
d'information en faveur du développement durable (cf. annexe N°
3)
Utilité sociale ou sociétale ?
Dans son jargon quotidien, la MIFEN utilise essentiellement le
terme d'utilité sociale lorsqu'elle aborde la dimension
d'insertion de son activité. Peut-être est-ce du tout simplement
au fait que d'une part, le terme social est abondamment utilisé
dans le domaine de l'action sociale et que d'autre part, la MIFEN
bénéficiait jusqu'en 2005 d'un conventionnement Activité
d'Utilité Sociale qui est depuis remplacé par l'appellation
d' Atelier Chantier d'Insertion. Or, l'expérimentation du DEVUSE,
puis l'approfondissement de la question à travers ce mémoire nous
conduisent à nous interroger autour de cette question au regard des
spécificités de la MIFEN, dont les services proposés vont
bien au-delà de l'insertion sociale et professionnelle.
Il existe de nombreuses définitions d l'utilité
sociale :
L'utilité sociale, ça peut être :
« la somme des utilités privées dans une
économie »66(*). Dans une synthèse de 38 rapports de
recherche sur l'économie sociale et solidaire en région, sous
l'angle de « l'évaluation de l'utilité sociale et des
besoins collectifs »67(*), Jean Gadrey propose la définition
suivante : « Est d'utilité sociale l'activité
d'une organisation de l'économie sociale qui a pour résultat
constatable et, en général, pour objectif explicite,
au-delà d'autres objectifs éventuels de production de biens et de
services destinés à des usagers individuels, de contribuer
à la cohésion sociale (notamment par la réduction des
inégalités), à la solidarité (nationale,
internationale, ou locale : le lien social de proximité) et à la
sociabilité, et à l'amélioration des conditions
collectives du développement humain durable (dont font partie
l'éducation, la santé, l'environnement, et la
démocratie)»68(*).
Patrick Loquet donne une définition large de
l'utilité sociale : « L'utilité sociale, c'est
d'abord tout ce qui a trait à l'amélioration des conditions de
vie et en particulier des conditions matérielles des membres de la
société. Les initiatives sont multiples dans tous les domaines de
la société : le logement, la santé,
l'éducation, la culture, le sport...
L'utilité sociale c'est ensuite l'utilité
pour la société dans son ensemble. C'est l'utilité
sociétale, l'utilité écologique. Ce sont toutes les
initiatives qui peuvent concourir à l'émergence, la mise en
oeuvre du développement durable, que ce soit pour préserver
l'environnement, promouvoir et développer l'agriculture biologique,
l'épargne de proximité, le commerce équitable, l'action
humanitaire »69(*).
À la lecture du rapport de synthèse de Jean
Gadrey, il s'avère que, si la notion d'utilité sociale est
majoritairement employée, il est aussi souvent fait
référence à l'utilité sociétale, mais la
distinction entre les deux termes reste souvent imprécise. Parmi les 38
rapports étudiés, celui de Jean-Claude Gosset est notamment
cité pour sa contribution à une meilleure distinction des
critères de l'utilité sociale ou de l'utilité
sociétale.
.« En matière d'efficacité sociale,
les trois critères les plus fréquemment cités sont la
lutte contre les exclusions et les discriminations, l'insertion de personnes
précarisées, et la pratique du
bénévolat. »70(*)
.« Pour ce qui est de l'utilité
sociétale, trois critères prédominent : la réponse
à des besoins non satisfaits et la coproduction de l'offre et de la
demande, la contribution à la cohésion sociale et au lien social,
et l'existence d'originalités par rapport au secteur public et au
secteur marchand lucratif. »71(*)
Selon Alain Lipietz parmi les quatre exemples qui qualifient
le « Halo sociétal72(*) », deux d'entre-deux concernent :
-l'insertion sociale et professionnelle qui consiste à
« accompagner un exclu jusqu'à l'un des deux secteurs
fondamentaux de l'économie moderne »73(*).
-l'utilité communautaire ou « tiers
secteur d'utilité sociale ou écologique »74(*) qui englobe
« l'action en faveur des pauvres, plus précisément des
« non solvables » »75(*), et le champ
« laissé à l'abandon (aux friches, aux
dégradations) par le fait que la régulation marchande n'incite
pas à en prendre soin (et même incite à en
abuser !), ».
alors que la régulation publique n'a pas les moyens
ou le souci de le prendre en charge»76(*).
Alors que pour le DEVUSE le CNARE a fait le choix de retenir
les termes d'« utilité sociale » « qui
sont les plus usités dans les travaux sur le sujet, ainsi que dans les
textes de loi77(*) », Ces deux dernières analyses
nous confortent dans l'idée que, en ce qui concerne les services rendus
par la MIFEN (insertion, protection de l'environnement, existence
d'originalités par rapport au secteur public et au secteur marchand
lucratif...), la notion d'utilité sociétale semble plus
appropriée.
Le choix des critères d'utilité
sociétale
Pour définir les critères de notre analyse, nous
aurions pu nous aider de ceux qui ont été définis à
l'occasion de multiples études portant sur l'utilité sociale.
Jean-Claude Gosset indique que, sur une cinquantaine de méthodologies
existantes recensées, l'analyse rapide fait apparaître 3 à
22 critères d'évaluation78(*). Or, il aurait été singulier de ne pas
s'inspirer du référentiel DEVUSE, sachant que son
expérimentation a été menée entre juillet et
novembre 2007. Parmi les quarante-deux critères proposés par le
DEVUSE, nous ne reprendrons que ceux qui nous ont semblé les plus
pertinents au regard des activités de la MIFEN.
Le schéma ci-dessous répertorie les
différents critères que nous allons évoquer et leur
répartition au sein des trois piliers du développement durable.
DURABILITE ECOLOGIQUE
Actions en faveur du cadre de vie et des paysages
Actions en faveur de la protection de la nature et de
l'environnement
Partage de la connaissance et responsabilisation
environnementale
DURABILITE ECONOMIQUE
Création de valeurs économiques et coûts
évités
Professionnalisation des acteurs
DURABILITE SOCIALE
Développement de la personne
Cohésion sociale et interculturalté
Développement de partenariat et de la gouvernance
territoriale
1. Développement du partenariat et de la
gouvernance
territoriale
L'analyse de la contribution de la MIFEN à la
gouvernance territoriale se distingue des autres critères par sa
transversalité aux trois piliers du développement durable. C'est
pourquoi ce critère mérite un traitement particulier. Il sera
par ailleurs abordé à travers des exemples tout au long de notre
réflexion. Le partenariat est un aspect de la gouvernance. Il est aussi
un terme que la MIFEN emploie couramment. Partenariats avec les autres ACI, les
entreprises, les collectivités..., le partenariat pourrait se
définir ainsi : « personne avec qui l'on est
associé dans une action quelconque »79(*). Notre définition du
partenariat, tel qu'il se pratique entre la MIFEN et les collectivités,
pourrait être la suivante : une association qui est
décidée conjointement entre un maître d'ouvrage et un
prestataire pour atteindre un objectif en lien avec une préoccupation
commune. Le fait que la MIFEN se réserve le droit de refuser une
prestation au motif que l'objectif (ex : un chantier de tonte de pelouse)
poursuivi ne fait pas partie de ses préoccupations (oeuvrer pour la
préservation de l'environnement) renforce selon nous cette notion de
partenariat dès lors que le « partenaire
potentiel » accepte cette liberté de choix et ne rejette pas
tout autre collaboration. En outre, le partenariat MIFEN/collectivité
repose sur l'idée d'une relation, certes régulée entre un
donneur d'ordre et un opérateur, mais avant tout
équilibrée. La MIFEN veut revendiquer ce statut de partenaire des
collectivités à une période où le mode de
régulation marchande tend à se généraliser au sein
du milieu associatif, où le prestataire est réduit à un
statut d'exécutant qui n'a son mot à dire, ni en amont de la
commande, ni durant l'exécution de celle-ci.
La participation à la gouvernance territoriale est un
élément conditionnant l'utilité sociétale d'une
association. Le PNUD définit la gouvernance comme
« l'exercice de l'autorité politique, économique et
administrative dans le cadre de la gestion des affaires d'un pays à tous
les niveaux. La gouvernance comprend les mécanismes, les processus, les
relations et les institutions complexes au moyen desquels les citoyens et les
groupes articulent leurs intérêts, exercent leurs droits et
assument leurs obligations et auxquels ils s'adressent pour régler leurs
différends. La bonne gouvernance a de nombreuses
caractéristiques, notamment la participation, la transparence et la
responsabilité. Elle favorise la primauté du
droit ».80(*)
Nous distinguons plusieurs modes de participation à la
gouvernance territoriale :
Participation aux réunions communautaires ou
syndicales
Cela répond à la demande des élus de
bénéficier d'une assistance technique lors des réunions
thématiques. La MIFEN rend compte de ses expériences de terrain,
conseille si besoin et critique de façon constructive les projets
présentés. De telles pratiques s'observent essentiellement autour
des problématiques de restauration de rivières.
Rencontres individuelles des élus, des
délégués communaux, des chefs de service
Ces rencontres sont programmées à la seule
initiative de la MIFEN, ou bien la demande, des collectivités. Elles
portent sur des points précis comme l'état des cours d'eau ou sur
des projets plus larges en lien avec l'action sociale ou la préservation
de l'environnement. Les rencontres individuelles permettent de recenser des
besoins spécifiques à chaque commune, de faire une
synthèse de l'ensemble et de faire remonter le tout auprès des
collectivités compétentes. Ce mode de gouvernance est
déterminant dans les communes rurales, où chacun accorde de
l'importance et, parfois encore, du temps à la relation, à la
rencontre physique sur le terrain.
Participation aux conseils de site, comités de
pilotage
Nommée par le Préfet (NATURA 2000), par le
département (Commission locale d'Insertion) ou par les
collectivités locales, la MIFEN intervient alors en qualité de
structure experte ou d'association à vocation sociale ou
environnementale. Ses interventions se situent au niveau des phases de
proposition, de validation de projets ou de suivi.
Participation aux instances de concertation
Le seul exemple 2007 porte sur le suivi d'une convention de
gestion raisonnée d'un cours d'eau. Cette instance, en
réalité baptisée comité de pilotage, se comporte
comme une instance de concertation permettant l'expression et la confrontation
de toutes les opinions autour de problématiques environnementales
majeures comme la restauration des cours d'eau, l'entretien des digues, la
régulation des ragondins...
Rencontre des usagers
La rencontre des usagers est un aspect de la gouvernance
territoriale dès lors qu'elle a pour objectif de porter les messages de
la collectivité auprès des usagers ou de recueillir les
doléances de ces derniers à la demande des collectivités.
La MIFEN va au contact des usagers, riverains, agriculteurs et randonneurs pour
aborder leurs droits et leurs devoirs, par exemple le droit de vivre au bord
d'un cours d'eau sain et entretenu et le devoir de contribuer à son
entretien, de ne pas le polluer...
Nous observons que la MIFEN utilise des voies très
différentes pour participer à la gouvernance territoriale. Sa
façon de procéder est sans aucun doute à l'origine de la
qualité des relations qu'elle a toujours su conserver avec les
collectivités, y compris en période de désaccord. Sa
connaissance du terrain, des usages et des usagers eux-mêmes lui
permettent de servir de lien entre les collectivités,
c'est-à-dire aussi les élus, et la société civile.
Elle facilite les rapprochements, encourage la participation des habitants aux
actions initiées par la collectivité dans le souci de diffuser
des informations, de diminuer les coûts, de « faire
avec ». Elle s'efforce enfin de développer
l'écocitoyenneté pour mener une politique de développement
durable. L'une des raison de sa longévité réside
probablement dans la stabilité de sa ligne de conduite depuis de
nombreuses années : approcher les collectivités et la
société civile en respectant les opinions de tous ; faire
preuve de discrétion, rester fidèle à ses engagements,
même lorsqu'ils ne vont pas dans le sens de la marche, communiquer sur le
sens qu'elle donne à ses actions. Il y a une certaine adéquation
entre ces principes et d'une part, les valeurs de l'économie solidaire,
d'autre part les préconisations en matière de gouvernance pour un
développement durable. Nous citerons à cet effet un extrait du
principe 10 de la déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement : « La meilleure façon de traiter
les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les
citoyens concernés, au niveau qui convient ».
Nous constaterons à travers l'analyse des
différents critères d'utilité sociétale que les
actions de la MIFEN s'inscrivent souvent dans des démarches collectives
territoriales. Les nombreuses prestations réalisées pour le
compte de structures intercommunales le démontrent. En outre, la
création et/ou le développement de projets collectifs
territoriaux sont parfois directement liés à l'existence de la
MIFEN. C'est le cas de la création du SIVU Erreka Berriak. En 1993, la
petite commune isolée d'Oregue rencontre d'importantes
difficultés dans l'entretien de ses cours d'eau. Ceux-la
débordent fréquemment. Les riverains se plaignent
discrètement car certains d'entre-deux savent que l'entretien des berges
peut leur être exigé. D'autres pensent que cette mission ne leur
incombe plus car ils ont cédé leur droit de pêche à
l'association Gure Errekak, une société de pêche locale.
Face aux propositions de la Direction Départementale de l'Agriculture
qui préconise que des interventions lourdes soient menées sur les
cours d'eau, le Président de l'APPMA et la Maire d'Oregue
réagissent en provoquant une réunion à la Mairie. Ils
invitent la MIFEN et lui demandent de faire des propositions. Un contre-projet
est peaufiné en quelques jours. Il obtient l'aval de l'agence de l'eau,
de la DIREN et, en dernier lieu, de la Direction Départementale de
l'Agriculture. La MIFEN se lance alors dans une campagne d'information. Elle
organise des réunions à la Mairie, va à la rencontre de
chaque riverain. Les débats sont parfois houleux mais le projet est
accepté. La MIFEN lance ainsi son premier chantier d'insertion sur les
cours d'eau. Un an plus tard, prétextant que les cours d'eau ne
s'arrêtent pas aux frontières communales, la MIFEN réunit
les communes voisines d'Oregue pour les encourager à se regrouper dans
l'objectif d'organiser durablement la gestion de 68 kilomètres de cours
d'eau. Le dossier technique est constitué, l'aspect social est mis en
avant et l'aspect financier est largement développé car il est
déterminant pour de petites communes. Ainsi est née en quelques
jours l'association Erreka Berriak qui fut transformée quelques
années plus tard en Syndicat Intercommunal à Vocation Unique.
Depuis sa création, ce SIVU n'a jamais cessé de porter tous les
projets de la MIFEN et de l'associer à ses réflexions. Le
partenariat entre le SIVU et la MIFEN a valeur d'exemple dans une région
qui souffre encore d'un déficit en maîtres d'ouvrage pour porter
des projets de gestion de l'eau. Plusieurs centaines de kilomètres de
cours d'eau situés en amont de ceux qui sont entretenus par la MIFEN
sont en effet délaissés faute de porteur de projet. Le 11 avril
2008, la MIFEN et le SIVU Erreka Berriak ont été
sollicités pour témoigner de leur expérience conjointe
dans le cadre d'un colloque sur l'eau, dans l'espoir que cela
accélère le projet de création d'un nouveau Syndicat de
Bassin.
2. Premier pilier : la durabilité
écologique
Pour la MIFEN, la durabilité écologique est un
pilier déterminant du développement durable, la durabilité
de l'ensemble du système ne pouvant se concevoir que si la
durabilité écologique est assurée. En d'autres termes, il
est impératif de protéger l'environnement pour développer
des moyens économiques vecteurs de bien-être social.
Il y a de nombreuses manières de contribuer à la
durabilité écologique d'un territoire. Celles de la MIFEN
consistent essentiellement à préserver les paysages et la
biodiversité, lutter contre les pollutions et oeuvrer pour un
enseignement pratique des sciences de l'environnement. D'autres mesures, comme
la gestion des ressources naturelles non renouvelables et la lutte contre les
effets de serre ne font pas partie des compétences de l'association.
2.1) Actions en faveur du cadre de vie et des paysages
Amélioration du cadre de vie, du
patrimoine et des paysages
Nous aborderons essentiellement ce critère par ses
dimensions patrimoniale et paysagère.
Il existe diverses définitions du patrimoine. L'une
d'entre-elle borde le patrimoine avec un certain pragmatisme:
« synonyme de capital, avec un accent sur la possibilité
pour son titulaire de choisir entre le dilapider et le léguer aux
générations futures »81(*).
Les questions relatives au patrimoine préoccupent les
collectivités. Qu'il s'agisse du bâti, de la langue, de la danse,
de la culture en général, le patrimoine questionne la
société basque. Mais qu'en est-il du patrimoine naturel, et
existe-t-il un « patrimoine naturel basque » ? Une
définition apporte un élément de réponse :
« Ensemble des richesses acquises au cours du temps, que chacun
reçoit en héritage. Le patrimoine naturel
représenté par la diversité des espèces, des
milieux, est commun à l'humanité».82(*) EN 2003, la Commission
permanente du patrimoine basque, créée dix ans plus tôt par
l'Institut Culturel Basque83(*) a mené une réflexion
précisément sur le thème du patrimoine et de sa
conservation. Composée de représentants des différents
secteurs du patrimoine, la commission a souhaité donner une
définition très large du patrimoine, afin qu'elle puisse
fédérer l'ensemble des participants: « Le
patrimoine va bien au-delà des monuments et objets, au-delà du
capital immobilier, foncier et financier légué par nos
ancêtres. Il englobe tous les savoir-faire (connaissances techniques,
faits et gestes quotidiens), les savoir-dire (langue, mythes, légendes,
toponymie et autres traditions orales), les pratiques sociales (jeu et sports,
fêtes, gastronomie) et les productions artistiques (chants,
théâtre, danses, arts plastiques, littérature)».
Puis, la définition aborde ce que nous appelons
communément le patrimoine naturel : « Dans la mesure
où ils nous ont été légués par nos
prédécesseurs, souvent transformés voire modelés
par l'action ou la main de l'homme, les spécificités
géologiques et paysages, les écosystèmes, le climat, la
faune, la flore, les richesses du sol et du sous-sol font aussi partie du
patrimoine que chaque génération a à gérer ».
Selon cette définition, nous pouvons considérer que la MIFEN
oeuvre pour la sauvegarde du patrimoine naturel à travers au moins deux
catégories de missions :
Sur les rivières
Les actions menées sur les cours d'eau contribuent
à la conservation des ripisylves. Ces forêts riveraines des cours
d'eau constituent non seulement des corridors écologiques très
utiles au sein de milieux agro pastoraux relativement homogènes, mais
aussi de véritables composantes paysagères.
Or, si l'utilité patrimoniale de la MIFEN, dans ce
contexte particulier de la gestion des ripisylves, n'est contestée par
personne il est à noter que la commande des collectivités est
essentiellement hydraulique. Elle ne porte pas sur l'entretien du paysage,
encore moins sur la protection du patrimoine, mais sur le bon écoulement
de l'eau. Les interventions consistent en effet essentiellement à
limiter les formations d'embâcles pouvant augmenter le risque de crue, et
à favoriser le bon état sanitaire des essences forestières
dont les systèmes racinaires retiennent la terre de la berge. Cette
donnée signifie que la collectivité, en faisant appel à la
MIFEN, est assurée d'avoir une prestation répondant à la
commande et garantissant en outre le respect du patrimoine naturel, ce qui
n'est malheureusement pas toujours le cas lorsque le prestataire est une
entreprise équipée d'engins de travaux publics qui ne s'interroge
pas sur les conséquences écologiques de son mode d'intervention
au delà de la garantie décennale de ses travaux.
La dimension patrimoniale mériterait par
conséquent d'être reconnue et valorisée au sein des
conventions de travaux et de marchés de service d'insertion. Y faire
référence permettrait de communiquer davantage sur le patrimoine
naturel et les paysages. Cela aurait aussi pour effet indirect de valoriser
encore davantage les prestations réalisées par des personnes en
parcours d'insertion.
Dans le cadre des Espaces Naturels Sensibles
La loi du 18 juillet 1985 a transformé les
périmètres sensibles en Espaces Naturels Sensibles dont la
compétence relève non plus de l'Etat mais du département.
La MIFEN a en charge l'entretien de huit Espaces Naturels Sensibles. Nous
rappellerons le premier alinéa de l'Article L142-1 du code de
l'urbanisme : « Afin de préserver la qualité des
sites, des paysages, des milieux naturels et des champs naturels d'expansion
des crues et d'assurer la sauvegarde des habitats naturels selon les principes
posés à l'article
L.110, le département est compétent pour
élaborer et mettre en oeuvre une politique de protection, de gestion et
d'ouverture au public des espaces naturels sensibles, boisés ou non
». Nous constatons ici que, contrairement aux missions d'entretien
des cours d'eau, la dimension patrimoniale (qualité des sites et des
paysages) est bien prise en compte.
Avant de clore cette réflexion sur l'action
patrimoniale nous pouvons, sans toutefois y apporter de réponse
précise, partager l'interrogation de la commission permanente du
patrimoine basque : Quel patrimoine conserver ? La
commission considère que : « l'objet ou ensemble
d'objets à conserver doit drainer un certain consensus social. Sans
cette assise, la pertinence de la conservation ne peut être
débattue ». Bien qu'ici le patrimoine naturel semble
avoir été oublié, nous partageons l'idée de la
recherche d'un consensus social. Néanmoins, une décision
consensuelle autour de la conservation patrimoniale n'aurait
d'intérêt que si elle était prise par des personnes
sensibilisées à la question et aux enjeux de sa
préservation. La MIFEN pourrait renforcer son rôle de
sensibilisation dans ce domaine auprès des collectivités
territoriales (élus et personnel) et de la population.
Contribution à la prévention des
risques
Réduction des pollutions et d'autres types
de nuisances
Ces deux critères sont étroitement liés.
La prévention est le « fait d'intervenir au moment
où l'observation des faits et la connaissance des mécanismes en
jeu permettent d'estimer les dommages (financièrement ou non), en
proposant une action qui proportionne aux coûts estimés les
mesures d'évitement »84(*). La MIFEN contribue à la
prévention des risques à travers ses missions de surveillance des
cours d'eau et du littoral. Nous pourrions citer la tristement
médiatique pollution du Prestige, durant laquelle la MIFEN, en
partenariat avec l'association ADELI, a assuré une mission visant
à signaler l'arrivée des premières nappes
échouées sur le littoral basque, de façon à
délimiter au plus vite un périmètre de protection pour le
public et procéder à des opérations de nettoyage.
Plusieurs risques de pollutions accidentelles ont également
été signalées aux collectivités, de même que
des phénomènes de dégradations de berge ont
été interrompus grâce à la vigilance de la MIFEN.
Dans un autre registre, l'éducation à l'environnement et
l'information du public contribuent à la prévention des
risques.
Lorsque l'action préventive n'a pas permis de
neutraliser toutes les nuisances, la collectivité met en oeuvre des
moyens curatifs. Le dispositif flottant de traitement des déchets sur
l'Adour ainsi que les missions de récupération des déchets
échoués à l'embouchure du fleuve et sur le littoral sont
trois des mesures curatives auxquelles participe la MIFEN.
LISTE DES COLLECTIVITES POUR LESQUELLES LA MIFEN
INTERVIENT DANS LE CADRE DE LA PREVENTION DES RISQUES OU DE LA REDUCTION DES
NUISANCES
|
COLLECTIVITE
|
MISSION
|
NATURE DU RISQUE
|
CCI
|
Entretien de l'embouchure
De l'Adour+zone portuaire
|
Sanitaire (déchets - pollution)
|
Conseil Général
|
Entretien du littoral
Veille
|
Sanitaire (déchets - pollution)
|
Conseil Général
|
Création de Pare-feux
|
Incendie
|
Institution Adour
|
Prestation de chantier
Veille
|
Sanitaire (déchets - pollution)
|
Mairie d'Arcangues
|
Prestation de chantier
|
Inondations
|
Communauté des Communes d'Hasparren
|
Prestation de chantier
Veille
|
Inondations
|
Syndicat du Bassin de la nivelle
|
Diagnostic
|
Inondations
|
Syndicat des berges de l'Adour
|
Entretien de cours d'eau
Veille - sensibilisation
|
Inondations
|
Syndicat des berges de l'Adour
|
Régulation des ragondins
|
Inondations
Sanitaire
|
Syndicat Mixte du Contrat de rivière des Nives
|
Sensibilisation (éducation à l'environnement)
|
Inondations
Sanitaire
|
E N S couronne boisée
|
Prestation de chantier
|
Incendie
|
2.2) Gestion et protection de la nature et de
l'environnement
Développement de la connaissance des
écosystèmes, des ressources
et des problématiques
environnementales
Sur les deux études environnementales qui ont
été conduites en 2007, aucune d'entre-elles n'a pour l'heure
abouti à des prises de décisions concrètes en faveur de la
protection de l'environnement de la part des collectivités
concernées. Cela dit, il serait très prématuré de
considérer qu'elles auront été inutiles car des mesures de
gestion conservatoire seront peut-être prises dans les prochains mois.
Elles auront aussi permis de recenser des sites et des espèces qui
n'étaient pas jusqu'alors répertoriés sur la zone . Mais
l'intérêt de ces études réside aussi dans la
manière dont elles ont été commandées. Qu'il
s'agisse de l'inventaire patrimonial mené sur la commune d'Hasparren ou
de la mission de recensement des pieds d'Angelica heterocarpa présents
sur le secteur du Syndicat des berges de l'Adour, nous observons dans les deux
cas qu'un travail de sensibilisation des élus a été
mené par la MIFEN durant de nombreuses années. Nous mesurons
là les effets concrets de la participation de la MIFEN à la
gouvernance territoriale ainsi que l'intérêt de poursuivre la
démarche tant que des mesures concrètes de conservation n'auront
pas été mises en oeuvre.
Protection des espèces et de leurs
habitats ; gestion des espaces naturels pour préserver la
biodiversité
Nous rappellerons pour commencer la définition de la
diversité biologique figurant à l'article 2 de la convention sur
la diversité biologique (1992) :
« »Variabilité des organismes vivants de toute
origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres,
marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes
écologiques dont ils font partie ; cela comprend la
diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que
celle des écosystèmes ».
Depuis le Sommet de la Terre de Rio, les questions relatives
à la biodiversité ont pris de l'importance. Le monde a pris
conscience que la disparition, ou la fragmentation des habitats avait un impact
considérable sur l'équilibre ou la survie des espèces
vivantes. La directive « Habitats » publiée en 1992
par la communauté Européenne a pour objectif la conservation de
sites abritant des espèces reconnues d'intérêts
communautaires. L'opération Natura 2000 mise en place par les Etats
membres a permis de créer un réseau écologique de sites
sur lesquels sont appliquées des mesures nécessaires au maintien
ou au rétablissement des habitats naturels et des espèces
vivantes d'intérêts communautaires. La mise en oeuvre des DOCOB
(documents d'objectifs) doit permettre de définir sous l'impulsion d'une
collectivité, dans le cadre d'une démarche concertée, des
orientations de gestion, leurs modalités de mise en oeuvre, et les
moyens financiers prévisionnels pour maintenir les habitats et les
milieux naturels en bon état de conservation. En 2007, la MIFEN a
participé aux travaux de mise en place d'un DOCOB par le SIAZIM85(*) sur le site de Mouriscot,
espace naturel remarquable grâce à ses habitats, son emplacement
en milieu urbain et sa surface (environ cent hectares). La MIFEN a
été associée quasiment à la même
période à la définition d'un plan de gestion sur un autre
site, lui-même situé sur la zone NATURA 2000, dont la gestion a
été confiée au Conservatoire du littoral. Des travaux
d'aménagements ont été engagés sur le site et en sa
périphérie avant même que ces deux études ne soient
achevées. Cet exemple illustre la difficulté de mener une
politique de préservation de l'environnement en présence de
plusieurs opérateurs aux points de vue parfois divergents. Les
réunions de concertation et la présence du Préfet, de la
DIREN, de la DDAF, du Conservatoire du littoral ne suffisent pas à
éviter de telles incohérences, en particulier en période
préélectorale. S'il est légitime qu'une
collectivité ouvre un site au public pour faire découvrir ce
qu'il reste de sa biodiversité, il va de soi qu'un excès
d'ouverture risque de compromettre l'avenir d'une partie de cette même
biodiversité. Nous pouvons aussi nous interroger sur le rôle que
la MIFEN a joué. À la fois conseillère, membre du Conseil
de site et prestataire, elle n'a pas toujours été entendue.
D'ailleurs, c'est-elle suffisamment exprimée ? C'est là
toute la difficulté de vouloir être une association qui
exécute des prestations tout en se réservant la
possibilité de critiquer les orientations de ses donneurs d'ordre.
Au-delà de sa participation à des instances
officielles s'inscrivant dans un cadre législatif précis, la
MIFEN joue un rôle dans la conservation de la biodiversité
à travers certains de ses chantiers. En proposant aux
collectivités des techniques d'interventions respectueuses de la
biodiversité, elle contribue à leur faire prendre conscience de
sa valeur sinon écologique, du moins économique et
paysagère. Nous ne pouvons toutefois pas considérer que
conservation de la biodiversité soit une priorité et un projet
portés par les collectivités.
LISTE DES PRINCIPALES ACTIONS MENEES EN 2007 DANS LE
CADRE DE LA PROTECTION DES ESPECES ANIMALES ET VEGETALES
|
ESPECES
|
COLLECTIVITE (S)
CONCERNEES
|
MISSION
|
Angélique à fruits variés
(angelica hétérocarpa)
|
Communes riveraines de l'Adour et de ses affluents
|
Inventaire
|
Vison d'Europe
|
Commune d'Urt
Commune d'Urcuit
Commune de Bardos
|
Captures par piégeage sélectif pour analyses
|
Cistude d'Europe
(Hemis orbicularis)
|
Comune d'Urt
Commune d'Urcuit
|
Captures par piégeage pour analyses
|
LISTE DES PRINCIPALES ACTIONS MENEES EN 2007 DANS LE
CADRE DE LA LUTTE CONTRE LES PLANTES INVASIVES
|
ESPECE
|
COLLECTIVITE (S)
CONCERNEES
|
MISSION
|
Baccaris
|
Commune de Bayonne
|
Arrachage manuel
|
Commune d'Anglet
|
Arrachage Manuel
|
Ailante
|
Commune d'Anglet (MO Conseil Général)
|
Bûcheronnage
|
Syndicat des berges de l'Adour
|
Bûcheronnage
|
Bambou
|
Commune de Boucau
(MO Conseil Général)
|
Bûcheronnage, arrachage
|
Jussie
|
Commune d'Urt (MO Conseil Général)
|
Arrachage manuel
|
Améliorer la gestion des ressources
naturelles, des déchets et des problématiques urbaines
La MIFEN doit son implication dans ce domaine à la
volonté du Conseil Général de lui confier dès 2000
une mission sur le littoral. Les premières données qui ont
été recueillies sur les chantiers ont été
comptabilisées et diffusées auprès de nombreuses
collectivités.
LISTE DES ACTIONS AYANT UN IMPACT SUR LA GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES, DES DECHETS ET DES PROBLEMATIQUES URBAINES
|
COLLECTIVITE
|
MISSION
|
OBJECTIF
|
Commune de Bayonne
|
Récupération des papiers, cartons et
consommables
|
Recyclage
|
Communes d'Anglet, Tarnos, Boucau (C.C.I)
|
Récupération des bois échoués
|
Évacuation ou mise à disposition pour le
chauffage
|
Institution Adour
|
Récupération des bois sur le dispositif flottant
d'Urt
|
Évacuation ou mise à disposition pour le
chauffage
|
La nature et la quantité de déchets
quantifiés sur le fleuve Adour démontrent l'importance de la
contribution de la MIFEN à la problématique des déchets,
et le caractère non occupationnel de l'action (cf. tableau
ci-après).
Sur le plan de l'insertion, l'intérêt de ce
marché public réside aussi dans la diversité des
prestataires regroupés. Nous avons là une chaîne
d'intervenants interdépendants, la MIFEN étant l'un des deux
prestataires situés au début de la chaîne. De tels montages
ont pour effet de rapprocher le secteur de l'économie solidaire du
secteur marchand grâce aux apports de l'économie non-marchande.
Exploitation du dispositif de
récupération d'Urt
Bilan des quantités ramassées, traitement
et prestataires
|
Produit
|
Volume (m3)
|
Poids
(tonne
|
Prestataires chargés de la
récupération
|
Traitement
|
Prestataires chargés du traitement
|
Déchets verts
|
3180
|
883.72
|
Aquitaine Travaux Aquatique
et
MIFEN
|
Compost
|
Entreprise Loreki
|
Bois de chauffage
|
250
|
87.50
|
Chauffage
|
Particuliers
|
DIB-encombrants
|
48
|
4.75
|
Recyclage
|
Centre de tri CETRAID
|
Verre
|
1.55
|
1.20
|
Recyclage
|
C de C Nive Adour
|
Déchets toxiques
|
1.98
|
0.73
|
Élimination
|
Déchets France Service
|
Déchets d'activités de soins
(risques infectieux)
|
0.15
|
0.04
|
Incinération
|
Béarn Environnement
|
Cadavres d'animaux
|
2 .50
|
0.75
|
Équarrissage
|
Ferso Bio
|
Total
|
3484
|
978.69
|
|
2.3) Partage de la connaissance et responsabilisation
environnementale
Développement qualitatif et quantitatif de
l'offre d'éducation et d'information centrée sur les contenus
environnementaux
Visites de sites
L'exploitation pédagogique de certains chantiers
d'insertion ou de sites naturels soumis à un plan de gestion est
incontestablement un moyen utile pour promouvoir et valoriser les bonnes
pratiques de gestion de l'environnement.
Le tableau ci-dessous dresse la liste des sites et des
collectivités sur lesquels des actions ont été
menées en 2007.
COLLECTIVITE
|
SITE
|
INTERET PEDAGOGIQUE
|
TYPE DE PUBLIC ACCUEILLI
|
Com. de Communes d'Hasparren
|
Berges de cours d'eau
|
Protection des ripisylves
|
Riverains,
|
Conseil Général
|
Espaces Naturels Sensibles
|
Techniques de lutte contre les plantes invasives
|
Scolaires et familles
|
Institution Adour
|
Barrage flottant
|
Gestion des déchets, pollutions...
|
Scolaires, associations...
|
Mairie de Bayonne
|
Plaine d'Ansot
|
Découverte des zones humides
|
Idem
|
Mairie de Hasparren
|
Landes pastorales
|
|
|
CCI
|
Embouchure Adour
|
Gestion des déchets du littoral
|
Scolaires, adultes
|
SIAZIM
|
ENS Mouriscot
|
Biodiversité, gestion des plantes invasives, zones
humides
|
Idem + centre de loisirs
|
Syndicat des berges
|
Berges de l'Ardanavy
|
Espèces d'intérêts patrimoniaux (visons,
cistudes...)
|
Scolaires, riverains
|
Syndicat des Nives
|
Nive et affluents
|
Cycle de l'eau, gestion de l'eau
|
Scolaires
|
Bien que nous ne disposions pas d'enquête de
satisfaction, la fidélité des collectivités qui se traduit
par des reconductions de commandes ainsi que les témoignages recueillis
laissent penser que les prestations de la MIFEN sont appréciées.
L'expérience avec le Syndicat des Nives est intéressante car elle
est la seule prestation à avoir fait l'objet d'une consultation. Aussi,
à la différence de nombreuses autres commandes où la MIFEN
est essentiellement choisie sur la base de ses références, de sa
« notoriété » et de son implantation
géographique, il lui a fallu répondre à la consultation en
se conformant à un cahier des charges, puis se confronter aux offres de
la concurrence. Notons que cette notion de « concurrence »
n'est pas facile à gérer dans un contexte associatif
d'éducation à l'environnement où les moyens financiers
sont toujours insuffisants. D'autre part le programme « La Nive nous
raconte » a fait l'objet d'une collaboration entre le syndicat Mixte
du contrat de rivière des Nives et l'Inspection Académique des
Pyrénées-Atlantiques. L'engagement de cette dernière
prouve sa volonté de participer au développement de l'offre
d'éducation à l'environnement. Manifestement, les choses
évoluent et la MIFEN a bien fait de ne pas capituler, à
l'époque où l'inspection académique ne se souciait ni
d'elle, ni de l'éducation à l'environnement.
3. Deuxième pilier : la durabilité
sociale
La durabilité sociale renvoie, dans ses
définitions, à la notion d'équité et de
transmission : « Un développement qui garantit, aux
générations présentes et futures, l'amélioration
des capacités de bien-être (économiques, sociales ou
écologiques) pour tous, à travers la recherche de
l'équité d'une part, dans la distribution
intergénérationnelle de ces capabilités et, d'autre part,
dans leur transmission intergénérationnelle »86(*). Pour définir les
capabilités, nous reprendrons la définition de Sen :
« (...) un ensemble de vecteurs de fonctionnements qui indique qu'un
individu est libre de mener tel ou tel type de vie. (...) L'ensemble des
capabilités reflète, dans l'espace des fonctionnements, sa
liberté de choisir entre des modes de vie possibles »87(*). La notion de
capacité est présente dans le PNUD. Il met l'accent sur les
potentialités qu'un individu est en mesure ou non de réaliser, en
fonction des opportunités dont il dispose. « Ces
potentialités désignent tout ce qu'un individu peut souhaiter
faire, ou être, par exemple vivre longtemps, être en bonne
santé, pouvoir se nourrir correctement ou être bien
intégré parmi les membres de sa communauté, etc.
»88(*).
Le Dictionnaire du développement durable89(*) reprend une
définition de la durabilité sociale directement en lien avec les
objectifs de conservation des ressources naturelles: « la
durabilité sociale implique de remplir les besoins sociaux,
économiques et culturels des communautés affectées par une
initiative de conservation et d'assurer les conditions (par exemple finances,
technologie, autorité politique et organisation, et consensus sociaux)
pour maintenir les pratiques de conservation »90(*).
Nous voyons, à travers ces définitions, que la
durabilité sociale aspire à l'équité et au bien
être des populations actuelles, à la transmission des ressources
naturelles et à la garantie d'un bien être au minimum identique
à celui du présent pour les générations futures. Le
bien-être individuel et collectif exige que la collectivité se
préoccupe de la santé et de l'intégration de tous et,
prioritairement, de ceux qui sont en situation de fragilité.
Plus largement, la recherche d'une durabilité sociale
exige aussi des collectivités et de ses partenaires qu'ils mettent en
oeuvre des mesures en faveur d'une prise de conscience collective des
problèmes socio- environnementaux.
3.1) Développement de la personne
Amélioration de la santé et du bien
être
Un trait d'union entre les services de santé des
collectivités et la personne
Dans la région de Bayonne, les services sociaux ainsi
que les équipes de soins somatiques et psychiatriques tentent de
coordonner leurs actions depuis 2006, notamment grâce à la mise en
place d'équipes mobiles de psychiatrie. Sur la seule localité de
Bayonne, le nombre de personnes en situation d'exclusion est assez
élevé. Ainsi en 2006 le Point Accueil jour a accueilli 982
personnes dont 85% de SDF. Le foyer Atherbéa a reçu 3000
personnes dont la moitié pour une demande d'hébergement. Enfin,
le Service d'Accueil et d'Orientation des Mouettes a reçu 985 personnes
dont 741 SDF. Dans un tel contexte, on mesure l'utilité du service
proposé par la MIFEN. En se donnant les moyens de renforcer son
pôle accompagnement d'une infirmière santé publique
dès 2005, la MIFEN a affiché sa volonté d'agir
concrètement sur la santé de ses salariés en parcours. Du
fait de leur situation précaire beaucoup d'entre-deux accèdent
insuffisamment aux soins. Le service proposé par la MIFEN vient
renforcer les rares dispositifs proposés par l'Etat et les
Collectivités. Il se situe en amont de ceux-là,
c'est-à-dire sur le terrain (lieu de travail et rue). Le rôle de
l'infirmière est de soutenir et aider les personnes
« à aller vers le soin » afin qu'elles ressentent
un mieux être, et améliorent leur état de santé
grâce à un suivi régulier et à la prise en charge de
pathologies souvent négligées ou ignorées.
L'infirmière est un relais entre la personne et les professionnels de
santé. Elle tente d'orienter les personnes vers les structures ou
professionnels de santé adéquats. Elle peut assurer un
accompagnement physique à l'occasion d'examens complémentaires,
lors d'hospitalisation ou de consultations spécialisées pour des
personnes fragilisées qui, face aux démarches de soins,
éprouvent souvent une forte appréhension. L'une des missions que
l'infirmière assure fréquemment consiste à
véhiculer des personnes dont l'isolement géographique et
l'absence de moyens de locomotion rendent encore plus vulnérables. Il
s'agit là d'une curieuse mission pour une infirmière. Mais cela
illustre les problèmes que la fermeture des cliniques et, dans un tout
autre domaine, des tribunaux situés en zone rurale posent aux personnes
isolées.
À défaut de pouvoir et vouloir fournir des
indications qualitatives précises sur les effets de cette mission, nous
pouvons indiquer par exemple que certains accompagnements ont abouti à
des prescriptions de soins pour des personnes qui jusqu'alors étaient
dans le déni, ou bien encore que les bilans de santé
détectent régulièrement des pathologies. Outre un
éventuel gain financier pour la collectivité, en termes de
santé publique, sujet qu'il nous paraîtrait indécent
d'estimer à l'échelle d'un ACI et qu'il ne nous appartient pas
d'évaluer, l'action est utile sur le plan sociétal car elle
traduit une volonté collective de prendre en considération la
santé de tous, y compris celle des plus faibles dans un souci
d'équité. En outre, nous pouvons considérer qu'elle
contribue au bien être de la société car, selon
l'OCDE : « Le bien-être se définit comme la
jouissance des libertés civiles, d'un environnement propre, d'un bon
état de santé mentale et physique et de l'absence relative de
criminalité »91(*). Cette définition porte sur le bien-être
à l'échelle d'un territoire. À l'échelle d'un
individu, nous pourrions définir le bien-être comme un
état, une sensation agréable provoquée par une absence de
souci ou par des besoins physiques, matériels, financiers jugés
satisfaisants. Logement, santé et moyens financiers sont autant de
freins au bien-être que la MIFEN s'efforce d'effacer. Mais le sentiment
de bien être des uns est souvent bien différent du sentiment de
bien être des autres. Celui des personnes en situation d'exclusion est
rarement durable. D'ailleurs, pour une partie des personnes que la MIFEN
recrute, sa durée correspond souvent au temps passé dans la
structure. Le contrat de travail, l'activité et l'environnement
adaptés rassurent, apaisent, procurent un autre élément
facteur de bien-être : la stabilité. À quand des
possibilités de conclure des contrats plus longs pour des personnes qui
ne relèvent ni de l'allocation d'adulte handicapé, ni du
marché de l'emploi tel qu'il est conçu aujourd'hui ?
3.2) Cohésion sociale et inter
culturalité
Contribution au
développement de la mixité sociale, du lien social ainsi
qu'à la prise en compte des publics en difficulté
Pour définir la mixité sociale, nous reprendrons
la définition figurant dans la Loi d'Orientation de la Ville
(1991) : « Afin de mettre en oeuvre le droit à la ville,
les communes, les autres collectivités territoriales et leurs
groupements, l'Etat et leurs établissements publics assurent à
tous les habitants des villes des conditions de vie et d'habitat favorisant la
cohésion sociale et de nature à éviter ou à faire
disparaître les phénomènes de ségrégation.
Cette politique doit permettre d'insérer chaque quartier dans la ville
et d'assurer dans chaque agglomération la coexistence des diverses
catégories sociales ». La notion de mixité sociale
renvoie à diverses dimensions comme l'habitat, les transports, les
services, la scolarité... Nous retiendrons avant tout que la
mixité sociale doit favoriser la coexistence des individus. À ce
titre, les services de la MIFEN offrent aux collectivités
l'opportunité de pouvoir réunir autour d'un même projet des
agriculteurs, des élèves, des personnes en parcours, des
élus et des familles. De telles manifestations,
généralement organisées sur un chantier d'insertion
à l'occasion d'une journée en faveur de la nature ou bien dans le
cadre d'un programme d'éducation à l'environnement, contribuent
à la lutte contre l'exclusion. Car il n'est alors nullement question de
personnes en insertion mais d'agents d'entretien des espaces naturels avant
tout salariés et acteurs d'un chantier ayant valeur d'exemple. La
condition d'exclu de la personne en parcours est alors temporairement
reléguée en dernière position.
4. Troisième pilier : la durabilité
économique
Achever notre analyse par la dimension économique est
peut-être une manière de rappeler que la MIFEN ne renonce pas
à une approche environnementaliste du développement durable.
Néanmoins, les activités mêmes de la MIFEN et son
fonctionnement indiquent que la structure n'a pas la volonté de balayer
du revers tous les principes d'un système économique qui, dans sa
globalité, génère pourtant des phénomènes
d'exclusion sociale et professionnelle et des dégradations
environnementales. « Le capitalisme néolibéral qui
domine aujourd'hui la planète constitue en effet un système
où la création de richesse s'accompagne d'une multiplication des
tragédies humaines et des catastrophes
écologiques »92(*). Si la MIFEN ne se considère pas en marge
de ce système, elle fait néanmoins partie de ces acteurs
conscients des limites du système actuel, qui tentent de faire de
l'économie autrement. Nous avons vu qu'elle ne se contente pas de
répondre à des demandes mais qu'elle est souvent force de
proposition. Elle se confronte aux difficultés du terrain,
développe des initiatives en y associant diverses parties prenantes. Les
collectivités, les usagers et, dans une moindre mesure, les entreprises
contribuent ainsi au développement d'une économie solidaire.
4.1) Création de valeurs économiques et
coûts évités
Contribution à la création et à la
pérennisation d'emploi locaux
Communes de domiciliation des permanents en
2007
(au 31 12 07)
|
FONCTIONS
|
Communes de Domiciliation
|
Collectivité bénéficiaire des services de
la MIFEN
|
Oui
|
Non
|
Directeur
|
Urcuit
|
X
|
|
Coordonnateur
|
St Péé/Nivelle
|
|
X
|
Resp.Administrative
|
Urcuit
|
X
|
|
Ac. Emploi Formation
|
Ascain
|
|
X
|
Encadrant N°1
|
Istutitz
|
X
|
|
Encadrant N°2
|
Bidache
|
X
|
|
Encadrant N°3
|
Bayonne
|
X
|
|
Encadrant N°4
|
Biarritz
|
X
|
|
Chargée de Mission
|
Boucau
|
X
|
|
Agent d'entretien
|
Briscous
|
X
|
|
Communes de domiciliation des personnes en parcours
en 2007
(au 31 12 07)
|
NOMBRE
|
Communes de Domiciliation
|
Collectivité bénéficiaire des services de
la MIFEN
|
Oui
|
Non
|
2
|
Anglet
|
X
|
|
14
|
Bayonne
|
X
|
|
2
|
Bergouey
|
X
|
|
9
|
Biarritz
|
X
|
|
4
|
Boucau
|
X
|
|
1
|
Cambo
|
X
|
|
1
|
Espelette
|
X
|
|
3
|
Hasparren
|
X
|
|
1
|
Mendionde
|
X
|
|
1
|
Mouguerre
|
X
|
|
2
|
Ustaritz
|
X
|
|
Contribution au développement économique
local
Le tableau ci-dessous renseigne sur le nombre de fournisseurs
de la MIFEN et leur localisation. On entend par commune
« partenaire » une commune sur laquelle la MIFEN
intervient. Elle peut avoir la qualité de donneur d'ordre, ou bien
être membre d'une collectivité assurant la Maîtrise
d'Ouvrage de la mission qui a été confiée à la
MIFEN.
POSTE
|
NOMBRE DE FOURNISSEURS
|
|
Communes partenaires
|
Communes non partenaires
|
Achat véhicule
|
3
|
1
|
Entretien véhicule
|
3
|
1
|
Contrôle technique
|
3
|
0
|
Réparation matériel de chantier
|
1
|
0
|
Achat matériel mécanique
|
1
|
1
|
Achat petit matériel et tenues
|
3
|
1
|
Achat consommable bureau
|
1
|
1
|
Achat matériel bureau
|
1
|
1
|
Carburant
|
3
|
0
|
Travaux administratif
|
1
|
0
|
Travaux photos
|
1
|
0
|
Librairie
|
2
|
0
|
Divers
|
4
|
4
|
TOTAL
|
27
|
10
|
Génération d'économies (coûts
évités) pour la société
Comme nous l'avons précisé, l'objet de
ce mémoire n'est pas de procéder à une étude de
l'évaluation économique de la MIFEN. Mais comment ne pas
résister au fantasme de pouvoir démontrer qu'en faisant appel aux
services de la MIFEN, la collectivité fait des économies,
particulièrement dans le cadre de sa politique d'insertion. Il faut
reconnaître que les contrôles financiers des autorités
tutélaires ne portent que sur la nature des dépenses, l'origine
des ressources et le montant des résultats ou des excédents
réalisés. Si les services de l'Etat et du Conseil
Général n'hésitent pas un instant, et
particulièrement lors de négociations, à évoquer le
montant des subventions qu'ils allouent, la question des coûts
évités semble en revanche ne pas les intéresser. Selon une
étude de l'AVISE93(*) portant sur l'IAE : « les SIAE
génèrent une économie nette si on met en regard les
financements qu'elles perçoivent et les économies
réalisées par la mise en emploi de personnes qui auraient
été à la charge de la
collectivité ». Dans son mémoire portant sur
l'évaluation économique d'un chantier d'insertion94(*), Andréas Groeger
indique que : « L'approche unique par les coûts
évités donne cependant une image réductrice de
l'activité de telles structures car il ne s'agit pas uniquement de
comparer une situation d'emploi et d'inactivité mais de prendre
également en compte les facteurs de création de lien social et de
modifications des situations personnelles du public inséré et
ainsi l'impact sur la communauté en terme de qualité de vie
». Pour la MIFEN, l'approche est encore plus complexe car elle
concerne d'autres services que celui de l'insertion. Il faut en effet ne pas
négliger les dimensions techniques liées à la production,
la plus-value pédagogique, les moyens mis en oeuvre pour pallier
l'absence de transports en commun... Enfin, l'impact économique de la
structure sur son territoire est important. Les salariés sont des
consommateurs et certains d'entre-deux payent des impôts locaux. Dans
l'hypothèse où nous envisagerions une analyse plus approfondie
des valeurs économiques générées par la MIFEN nous
pourrions, pour le seul service d'insertion, matérialiser les flux
économiques de la façon suivante :
GAINS
POUR L'ETAT
|
|
COUT POUR L'ETAT
(Ou bien manque à gagner)
|
|
Aide à l'accompagnement
|
Économie lors des mises en emploi
|
Exonérations de charges
|
Charges sociales des salariés permanents et en
insertion
|
Prise en charge partielle des emplois aidés
|
GAINS POUR LES COLLECTIVITES
|
COUT POUR LES COLLECTIVITES
|
Impôts locaux des permanents
|
Activation du RMI
|
Recettes générées par la hausse du
pouvoir d'achat
|
Prestations (marchés de services de qualification et
d'insertion professionnelle)
Payées à la structure
|
Achats externes inhérents à l'activité de
la MIFEN
|
Formations financées par le Conseil
Général
|
Recettes générées par le tourisme
|
|
L'évaluation des coûts évités pour
la collectivité est plus complexe. Elle doit systématiquement
s'appuyer sur des données de référence et faire la
distinction entre les coûts directement et indirectement
évités. Le tableau ci-dessous dresse une liste non exhaustive
des coûts évités par service.
SERVICES
|
PRESTATION
|
ORIGINE DU COUT EVITE
|
Insertion
|
Accompagnement santé et prévention
|
Soins de santé externe
Prises en charges médicales coûteuses car
tardives
Séjours à l'hôpital
|
Mise en activité des salariés inactifs
|
Non production (inactivité)
Gestion des demandeurs d'emploi
|
Accompagnement social interne
|
Accompagnements sociaux externes
|
Accompagnement vers l'emploi
|
Diminution des durées d'inactivité
|
Chantiers en environnement et opérations de veille
|
Récupération des déchets
|
|
Veille sur le littoral et l'embouchure
|
Traitement des Pollutions décelées trop
tardivement
|
Veille sur les cours d'eau
Chantiers de restauration de rivières
|
Dégradations importantes des berges
Dégâts dus aux crues
|
Entretien périmètre (Boucau)
|
Incendies sur habitations
|
Régulation des ragondins
|
Dégâts sur les digues et les cultures
|
Gestion des plantes invasives
|
Dysfonctionnements écologiques
|
Diagnostics
|
Inventaire des espèces
|
Dysfonctionnements écologiques
|
Pédagogie
|
Éducation à l'environnement
|
Poursuite des pratiques néfastes
|
Déficit de compétences environnementales dans le
futur
|
Expositions
|
Idem
|
4.2) Professionnalisation des acteurs
Insertion professionnelle des publics en
difficulté
Nous avons vu que les missions d'insertion professionnelle de
la MIFEN s'adressent presque exclusivement à des personnes
bénéficiaires du RMI qui rencontrent de multiples freins à
l'emploi. Cela explique en partie le faible taux de sortie vers l'emploi
enregistré par la structure. Nous abordons par conséquent un
critère d'utilité sociétale qu'il est difficile de
valoriser par les chiffres, tant ceux-la pourraient paraîtrent
insuffisants au regard du taux de sortie vers l'emploi exigé par l'Etat.
À cet égard, les collectivités territoriales sont beaucoup
plus compatissantes. Elles sont pleinement conscientes que la tâche est
difficile, pour la MIFEN mais surtout pour les personnes en parcours dont les
situations de fragilité sont souvent identifiées par les services
sociaux locaux. Ce constat est le même au sein des petites communes
rurales, où tout le monde se connaît, que dans les communes de
Bayonne Anglet et Biarritz.
Un autre exemple, cette fois-ci directement lié
à l'emploi durable de personnes en parcours d'insertion est celui qui
est établi depuis quelques années avec la ville de Biarritz. Il
consiste à placer des salariés en parcours d'insertion à
la MIFEN sur des emplois saisonniers auprès de plusieurs services
municipaux comme la voirie, l'entretien des espaces verts et le littoral. Il
est important de préciser que les candidats orientés sont ceux
qui semblent proches de l'emploi, c'est-à-dire des personnes qui, dans
le cadre de leur contrat à la MIFEN, ont affiché des
qualités professionnelles intéressantes. Cela ne signifie pas
pour autant que tous les freins à l'emploi ont été
levés. Ceux-la ne sont jamais abordés avec la Direction des
Ressources Humaines qui respecte pleinement le devoir de réserve de la
MIFEN. Cette précision est importante car elle montre la confiance que
la collectivité accorde à la MIFEN et aux personnes qu'elle
choisit d'orienter. Nous sommes là face à une véritable
relation partenariale. Une fois les personnes mises en emploi saisonnier,
elles sont évaluées au même titre que tous les autres
candidats saisonniers. Le CDD va jusqu'à son terme ou est
renouvelé une fois. Il peut même être transformé en
contrat pérenne après une période de
« stagiairisation » si le salarié fait un parcours
très satisfaisant et si la collectivité a un poste à
pourvoir. Inutile de préciser que de telles situations,
malheureusement trop rares, sont vécues par la MIFEN comme de
véritables victoires sur l'exclusion. Au-delà du fait qu'elles
permettent d'afficher une « sortie positive », elles
redonnent espoir à toute l'équipe, depuis la personne en parcours
jusqu'au Président ! Ce fonctionnement n'a jamais été
officialisé par un écrit et, bien qu'il fonctionne toujours, nous
remarquons toutefois un léger essoufflement ces deux dernières
années. Il serait donc opportun qu'un rapprochement entre élus,
administrateurs et techniciens soit organisé afin de redynamiser le
dispositif en lui donnant une nouvelle dimension. Nous pensons notamment aux
marchés de service et d'insertion signés avec la ville de
Biarritz, portant sur l'entretien des abords de falaises, dans lequel une
mention portant sur la mise à disposition de personnel saisonnier
pourrait être intégrée. Celle-ci pourrait acter le fait
que la ville a la volonté de contribuer durablement, mais dans la limite
de ses moyens, à l'insertion des personnes ayant engagé un
parcours à la MIFEN.
Il y a cependant un obstacle à ce projet. La
législation ne permet pas de suspendre un Contrat d'Avenir pour une mise
en emploi d'une période inférieure à 6 mois :
« En cas de rupture justifiée par la conclusion avec un autre
employeur d'un contrat à durée déterminée d'une
durée supérieure à six mois ou d'un contrat à
durée indéterminée ou par le suivi d'une formation
permettant l'acquisition de l'une des qualifications mentionnées aux
quatre premiers alinéas de l'article L. 900-3, tout document justifiant
de l'embauche ou de l'inscription à la formation »95(*). De même qu'un
salarié ne peut rompre un Contrat d'Avenir pour un poste en CDD, que si
ce dernier est d'une durée supérieure à 6 mois.
Cette réglementation est aberrante car les sorties en
CDI arrivent souvent après un contrat CDD court. Ce constat est au
moins partagé par les trois ACI du pays basque qui tentent ensemble de
trouver une possibilité juridiquement acceptable pour contourner cet
obstacle. Elles ne renoncent pas pour autant à orienter des candidats
sur des CDD courts.
De nombreuses actions proposées
Selon la MIFEN, un parcours d'insertion professionnelle ne
démarre pas à l'issue d'un passage en ACI mais dès la
signature du contrat de travail au sein de la structure. Il peut être
interrompu pour différentes raisons puis reprendre et, dans les
meilleurs des cas, se prolonger à l'extérieur de la structure,
l'idéal étant qu'il aboutisse à la signature d'un contrat
de travail. Un accompagnement individuel et tout un panel de mesures sont
proposés à chaque salarié.
TABLEAU DES ACTIONS D'ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL
MENEES EN 2007
|
NATURE DE L'ACTION
|
NOMBRE DE PERSONNES
CONCERNEES
|
Accompagnement de projet
|
28
|
Mise en emploi
|
11
|
Objectif emploi
|
2
|
Évaluation en Milieu de Travail
|
1
|
Formation BP Travaux paysagers
|
1
|
Formations internes (espaces naturels)
|
32
|
Formation Informatique
|
3
|
Formation en langue
|
1
|
Formation CACES
|
1
|
Soutien AGIR
|
2
|
Permis B engagés
|
8
|
TOTAL
|
58
|
TABLEAU DES SORTIES 2007
|
NATURE DE SORTIES
|
NOMBRE DE PERSONNES
CONCERNEES
|
MISES EN EMPLOI CONSTATEES OU PROGRAMMEES A LA SORTIE
DE L'ACI
|
CDI
|
2
|
CDD > 6 mois
|
1
|
CDD <6 mois
|
2
|
CAE 35H
|
1
|
Missions Interim
|
1
|
Poursuite de l'accompagnement professionnel
|
3
|
AUTRES SITUATIONS
|
Orientation sociale
|
3
|
Rupture à l'initiative de l'employeur
|
3
|
Rupture commun accord
|
1
|
Démission
|
2
|
Changement de région
|
1
|
Fin de contrat sans objectifs
|
3
|
Retraite
|
1
|
Décès en cours de contrat
|
1
|
TOTAL
|
24
|
4.3) Consolidation interne de postes en insertion
Nous avons pris le parti de considérer que cette
pratique qui consiste à donner une chance à des candidats en
transformant leur poste en insertion par un CDI à valeur de
critère d'utilité sociétale. En effet, nous allons voir
que pour deux situations concernant 2007 et 2008, l'insertion durable de ces
deux candidats n'aurait probablement pas été possible au sein
d'une collectivité ou bien d'une entreprise privée.
Premier exemple
En février 2007, la MIFEN recrute un salarié
d'une soixantaine d'années dont les difficultés personnelles sont
à l'origine d'une absence quasi totale d'expérience
professionnelle. À l'heure où la majorité des travailleurs
prennent une retraite bien méritée, celui-ci prend contact avec
la MIFEN pour débuter sa carrière. Au vu des objectifs sociaux et
environnementaux que poursuit la MIFEN, il se porte candidat à un poste
en contrat d'avenir. L'employeur s'interroge un instant, sur cette candidature
originale. Mais au regard des textes, ni l'age, ni l'absence de passé
professionnel ne constituent des obstacles à l'obtention d'un Contrat
d'Avenir. En revanche, sa condition d'allocataire du RMI et d'adulte
handicapé le rendent prioritaire. La question des objectifs visés
et de l'insertion professionnelle durable se pose aussi. Peut-on imaginer
sérieusement que ce candidat qui aura entre 62 et 65 ans à sa
sortie de la MIFEN puisse trouver du travail ? Comment défendre
cette candidature auprès de la DDTEFP alors que les sorties positives
sont insuffisantes ? En faisant le choix de recruter ce salarié, la
MIFEN n'a aucunement renoncé à augmenter son taux de sortie
positive. Néanmoins, il apparaît que sa volonté de lutter
contre toutes formes d'exclusion ou de discrimination (car il eut
été discriminatoire de ne pas recruter ce candidat pour une
question d'age) prévaut sur son engagement contractuel avec l'Etat.
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Or, plus d'un an après
son intégration, M. G est bien intégré à la MIFEN.
Il met ses qualités humaines et professionnelles au service de
l'association, des encadrants mais aussi des personnes en insertion. La
question de sa sortie vers l'emploi a été contournée par
le biais d'un nouveau contrat de travail, cette fois-ci un Contrat
d'Accompagnement dans l'Emploi à temps plein, qui pourra
éventuellement évoluer vers un CDI. Monsieur G a quitté le
dispositif du RMI. Cette méthode de recrutement interne est un moyen de
répondre efficacement à la demande de certains salariés
aux compétences aussi réelles que leurs difficultés
à trouver un emploi dans le secteur marchand. Un moyen de
répondre partiellement à la demande de l'Etat car si le poste de
M. G dépend encore partiellement des aides de l'Etat, il devra
être totalement autofinancé dans un proche avenir.
Deuxième exemple
Cette situation, en lien avec la politique agricole, est un
exemple d'appui indirect de la MIFEN aux collectivités. En 2006, un
éleveur de 43 ans allocataire du RMI depuis quelques années a
été orienté à la MIFEN. M.M. fait partie de ces
petits agriculteurs dont l'exploitation ne répond plus aux normes
européennes et dont la surface d'exploitation est inférieure au
seuil de viabilité. Pour soigner son troupeau d'une cinquantaine de
brebis, M. M se lève chaque jour de la semaine à 4H30 pour
percevoir une misère. Il aurait pu vendre ses terres à maintes
reprises car elles sont situées à proximité du centre
bourg d'un petit village situé aux portes de Bayonne où le
foncier a atteint des tarifs exorbitants. Mais il s'accroche à sa terre
qui contient toutes ses racines.
Malgré d'importants savoir-faire, M. M ne parvient pas
à trouver un emploi. Il est par ailleurs sans permis de conduire. La
MIFEN décide alors de pérenniser son poste en décembre
2007. Six mois après cet engagement, Monsieur M. fait partie de
l'équipe.
Cette décision lui a permis de poursuivre son
activité d'éleveur tout en sortant du dispositif du RMI. Par
ailleurs, cette solution permet de :
- contribuer au maintien d'une agriculture rurale
traditionnelle aux portes de Bayonne, n'en déplaise aux promoteurs.
- pérenniser une activité de régulation
par piégeage sélectif du ragondin en la confiant à M. M.
Ce projet a en outre l'avantage de contribuer à la durabilité
écologique du territoire par l'arrêt des campagnes
d'empoisonnement chimique.
II. DEUX PROJETS INNOVANTS POUR IMPULSER UNE NOUVELLE
DYNAMIQUE
Pourquoi impulser une nouvelle dynamique dans une structure
qui ne semble pas rencontrer de difficulté majeure, dont le carnet de
commandes et les relations avec les collectivités sont globalement
satisfaisants ? Nous pouvons évoquer plusieurs raisons. Une
structure qui ne se remet pas en question est en danger quelle que soit sa
santé. Elle risque d'entrer dans une routine démobilisatrice pour
ses animateurs, qu'ils soient salariés ou bénévoles. Il
est important de donner du sens aux actions, surtout à une
époque où le formatage des ACI semble enclenché, à
travers la mise en place de divers outils souhaités ou imposés
comme des outils d'évaluation des parcours, de nouvelles lois, et des
Grenelles de l'insertion et de l'environnement qui n'en finissent plus de
donner l'impression que les acteurs de terrain sont enfin
écoutés.
À travers les deux propositions ci-après, la
MIFEN devrait en effet trouver de la satisfaction. En outre, elle pourrait
renforcer les partenariats qu'elle entretient avec les collectivités en
les impliquant étroitement dans chacune des démarches
envisagées.
1. Premier projet : Renforcer la pédagogie sur
les chantiers et améliorer la qualité des prestations en
s'appuyant sur les marchés de service et d'insertion
1.1) Pourquoi intégrer ou annexer ce projet aux
marchés de service d'insertion ?
Nous avons vu combien les marchés de service et
d'insertion professionnelle avaient pris de l'importance dans les
activités de la MIFEN. Pour un chiffre d'affaires de
255 252 euros, ils représentent environ 800
journées d'activité en 2007. Nous ne reviendrons pas sur les
effets positifs des marchés de service sur l'image et la reconnaissance
de la fonction d'insertion des ACI par les collectivités. En revanche,
l'instauration des marchés de service d'insertion ne semble pas avoir eu
d'effet positif sur l'approche pédagogique en chantier ni sur la
qualité même des réalisations techniques. Ce constat nous
conduit à pointer les limites de l'outil « marché de
service », tel qu'il est utilisé par la MIFEN et ses
partenaires. Sur les neufs marchés de services de qualification
et d'insertion qui ont été conclus en 2007, un seul est
doté d'un document technique conçu par le maître d'Ouvrage.
Il porte le nom de Cahier des Clauses Techniques Particulières. Or, il
fixe essentiellement les dispositions techniques nécessaires à
l'exécution des prestations d'appui et d'accompagnement de personnes en
insertion professionnelle et non celles qui sont relatives à l'objet
même du marché, c'est-à-dire l'insertion. Cette anomalie
illustre l'ambiguïté qui existe encore autour des marchés
publics de qualification et d'insertion. Mais mieux vaut un document technique
de ce type, quel que soit le nom qu'on lui attribue, qu'une absence totale de
documents de travail, comme c'est le cas sur les huit autres marchés de
2007.
Les commandes imprécises sont sujettes à
diverses interprétations de la part du contrôleur des travaux
représentant le maître d'ouvrage, et des encadrants. Si
ceux-là ne sont pas en capacité d'expliquer clairement la mission
aux personnes en insertion, ces dernières peuvent être mises en
difficulté. De tels scénarii se sont déjà produits.
Le dernier en date est significatif des conséquences qu'un manque
d'information peut provoquer. Un encadrant novice qui avait été
placé en renfort sur une mission d'ouverture de sentier de
randonnée n'a pas été en mesure de donner des indications
claires quant aux normes techniques à respecter. Un salarié en
insertion qui s'était mis à l'écart du groupe pour
débroussailler la zone qui lui avait été attribuée
a subitement paniqué à l'idée d'avoir peut-être
débroussaillé sur une largeur excessive. La panique s'est
transformée en colère puis en fugue. Au final, cet homme n'a
donné de ses nouvelles que trois jours plus tard. Dans d'autres
circonstances, en entreprise par exemple, un tel comportement aurait
été considéré comme un abandon de poste et lui
aurait probablement coûté sa place. Or, bien que la
réaction puisse être jugée excessive, c'est bien la
structure qui est à l'origine de cet incident. Elle n'a pas su
communiquer clairement la commande à ses exécutants. Nous
décrivons là le contraire de ce que doit être un chantier
école dont le concept, selon l'association nationale CHANTIER
ECOLE : « est défini comme une démarche
pédagogique où s'articulent une dimension formation et une
dimension production (...) ». Une note technique
détaillée aurait suffi à rassurer l'équipe. Mais la
commande en question n'est dotée d'aucun document de ce type, qui puisse
être utilisé aisément par l'ensemble des personnes en
parcours d'insertion.
Le présent projet consiste précisément
à concevoir, en partenariat avec les maîtres d'ouvrage, un
document descriptif des travaux pour chaque marché de service de
qualification et d'insertion professionnelle. Un document qui répondrait
en priorité à une double préoccupation :
décrire les travaux servant de support à l'insertion,
conformément aux attentes du maître d'ouvrage et faciliter
l'acquisition des savoir-faire et savoir-être. Ce dernier aspect
répond directement à la commande d'insertion, objet du
marché de service. Nous avons là un argument qui pourrait
justifier de prévoir la réalisation de ce document dès le
lancement du marché.
1.2) Choisir un nom
Le choix d'un nom permettant de désigner ce document
est primordial. Il doit être explicite et ne pas avoir de portée
juridique. Les trois propositions qui ont été
étudiées correspondent à des termes que l'on retrouve dans
les conventions ou le jargon utilisés par la MIFEN.
Le cahier des clauses techniques particulières
(CCTP)
Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP)
fixe les dispositions techniques nécessaires à l'exécution
des prestations d'un marché. En principe, il ne se focalise pas sur la
technique en particulier, car plusieurs solutions peuvent être
proposées pour réaliser un même service, mais sur les
résultats recherchés pour satisfaire un besoin. Le CCTP se situe
en amont de l'exécution. Il permet notamment aux prestataires
d'étudier et de rédiger leurs offres. En outre, comme nous
l'avons indiqué précédemment, un CCTP de marché
d'insertion devrait en principe porter sur la commande d'insertion. Un CCTP
portant sur le support d'insertion (les travaux) pourrait avoir des
conséquences juridiques fâcheuses. En effet, en l'absence de
véritable CCTP « insertion » et en présence
d'une convention peu détaillée, le marché pourrait
être requalifié en marché de travaux, et le recours
à l'article 30 pourrait alors être dénoncé.
D'ailleurs, Patrick LOQUET suggère que la nature des travaux servant de
support à l'insertion soit à peine évoquée dans la
convention pour un marché de services de qualification et d'insertion
professionnelles qui est passé en application de l'article 3096(*). Il propose en revanche que
cette partie soit décrite au sein des CCTP97(*). Mais ses modèles de
CCTP sont rédigés de telle sorte que cet aspect ne soit pas
confondu avec l'objet même du marché, c'est-à-dire
l'insertion. Il convient par conséquent, pour éviter toute
confusion, de ne pas retenir ce terme pour désigner notre document.
Le cahier des charges
Le cahier des charges est un document contractuel entre le
maître d'ouvrage et le prestataire, qui permet de formaliser avec
précision le besoin du maître d'ouvrage. Le cahier des charges
fait office de tableau de bord pour définir le projet et détaille
les conditions dans lesquelles il doit être réalisé. Sa
rédaction est parfois confiée à un prestataire
extérieur au maître d'ouvrage. Il est l'outil fondamental de
communication entre le maître d'ouvrage et l'entreprise. Il ne constitue
pas un document juridique, mais il a une valeur juridique, son non-respect
pouvant avoir des conséquences juridiques. Certains cahiers des charges
commencent par décrire le contexte dans lequel le projet est
réalisé et abordent son positionnement politique et
stratégique.
Bien qu'il y ait des similitudes entre ce qui peut être
inscrit dans un cahier des charges et les informations que nous souhaitons
voir apparaître dans notre document, la nature contractuelle du cahier
des charges et sa valeur juridique nous incitent, ici aussi, à la plus
grande prudence pour éviter toute confusion.
Document pédagogique de description des travaux
Au même titre qu'il existe le devis descriptif qui comme
son nom l'indique, donne aux cotés des coûts des détails
précis sur les travaux à réaliser, il existe la notion de
descriptif des travaux. Ce terme n'a pas la portée juridique des deux
précédents. Il est utilisé par des techniciens pour
décrire des opérations à programmer, ou bien dans le cadre
de la constitution d'un dossier de financement de travaux. La MIFEN utilise par
exemple cette formulation dans ses dossiers de suivi des cours d'eau
lorsqu'elle doit faire des suggestions de travaux aux collectivités.
Ce terme semble mieux approprié à notre projet
car il est plus explicite que les deux précédents.
L'intérêt de la formulation est confirmé par les
définitions du LAROUSSE : Un descriptif est un :
« document donnant une description exacte de quelque chose avec
plans, schémas », et les travaux désignent un
« ensemble d'opérations propres à un domaine
déterminé ». Nous pourrions définir notre
document descriptif de travaux de la façon suivante :
« Document destiné à donner une description exacte
d'une prestation à réaliser dans le cadre d'une commande
précise, en utilisant notamment des plans et des
schémas ». Le terme
« pédagogique98(*) » confère une dimension
supplémentaire au document, qui plus est dans le cadre d'un chantier
d'insertion.
1.3) Que doit contenir un document pédagogique
de description des travaux ?
Cette question est à poser en priorité aux
personnes en parcours d'insertion et aux encadrants. D'ailleurs, ce travail
pourra faire l'objet d'une action collective (ou individuelle) de formation, et
d'un suivi dans le cadre d'une démarche volontaire et participative de
salariés et bénévoles regroupés au sein d'un
comité de pilotage.
Nous pouvons néanmoins nous inspirer des questions les
plus couramment posées pour imaginer d'ores et déjà une
trame de document :
Chaque document doit comporter une première
partie destinée à informer le salarié en parcours
de l'origine de la commande.
.Quel est le maître d'ouvrage ?
.Quel est le problème ou bien le projet à
l'origine des travaux ?
Le chantier doit pourvoir être situé dans
l'espace et dans le temps.
.Où se situe le chantier, (sur quelle(s)
commune(s), cartographie..) ?
.Quelle est sa surface, son
linéaire ... ?
.Quelle est la durée du chantier ?
Chaque salarié doit être informé sur les
effets attendus du projet. En somme, nous devrions retrouver là
quelques-uns des critères d'utilité sociétale qui ont
été définis précédemment.
.Quels sont les effets sociaux attendus
(développement du tourisme rural, responsabilisation des habitants,
contribution au bien-être...) ?
.Quels sont les effets environnementaux attendus (lutte
contre la pollution, conservation de la
biodiversité...) ?
.Quels sont les effets économiques attendus
(limiter les interventions lourdes et curatives en cas de pollution ou de
crues par exemple...) ?
Ce document doit être l'occasion de créer, pour
chaque chantier, un protocole de sécurité sur un modèle
sensiblement identique à celui qui a été mis en place sur
le barrage flottant de l'Adour. Cela peut être programmé dans le
cadre des réunions « Instance Sécurité,
Santé et conditions de travail » en y associant un
représentant du Maître d'Ouvrage. L'instance serait alors
constituée des personnes suivantes :
. Deux salariés en parcours d'insertion
. Deux salariés permanents
. Le directeur de la MIFEN
. Le médecin du travail
. Le service de prévention de la MSA
. L'infirmière santé publique
. Un représentant du maître d'ouvrage
Ce protocole devra répondre aux questions
suivantes :
.Quelles sont les consignes à respecter en
cas d'accident ?
.Quelles sont les personnes et structures à contacter
en cas de problème (et qui s'en charge) ?
.Quelles sont les tenues de sécurité qui
doivent être portées ?
La seconde partie de ce document est
réservée à la description technique précise des
opérations commandées par la collectivité. Elle doit
permettre à chaque salarié d'assurer sa mission en toute
sérénité. Elle doit être élaborée
à l'aide de divers documents techniques contenant des informations
fiables et répondant aux attentes du maître d'ouvrage. Nous
distinguons plusieurs types de documents à consulter :
. Les cahiers des charges quand ils existent
.Les CCTP lorsque ceux-là détaillent la
prestation technique et non l'action d'insertion
.Les Chartes fournissant des normes techniques (ex :
charte de signalétique départementale pour le balisage des
sentiers de randonnée)
.Les ouvrages spécialisés (sylviculture,
techniques de taille...)
Le tableau ci-dessous dresse la liste des informations qui
pourraient figurer dans un document pédagogique de description des
travaux relatifs à la mise en place d'un Plan Local de Randonnée
REFONTE DU PLAN LOCAL DE RANDONNE D'ADOUR URSUIA
|
Maîtrise d'Ouvrage
|
Syndicat Nive Adour
|
POSTES DE TRAVAUX
|
INFORMATIONS A
REPORTER
|
METHODES DE DESCRIPTION
|
Pose de mobilier
|
.Techniques de fixation
.Profondeur d'ancrage
|
Écrits concis,
Croquis, dessins :
.Petits travaux d'assiette
Plans :
.Pose de caillebotis
Photographies
.« avant/après »
.Exemples « positifs »
.Exemples « négatifs »
.Reproductions de balises
|
Pose de la
signalétique
|
.Montage des panneaux sur les supports
.Technique de pose
|
Pose de caillebotis
|
.Montage des mats
.Montage des traverses
.Fixation du caillebotis
.Choix des éléments de fixation
|
Balisage et pose
de jalons
|
.Codes couleur
.Format des balises
.Fréquence
.Choix des supports
.Emplacement des jalons
|
Débroussaillement
|
Niveaux de débroussaillement
Largeur de débroussaillement équestre
Hauteur de débroussaillement équestre
Largeur de débroussaillement pédestre
Largeur de débroussaillement VTT
Fréquence des entretiens
Bûcheronnage et de mise en andains
|
Petits travaux
d'assiettes
|
Passages à gué
Franchissements de ruisseaux
Drainage de sentier
Petits terrassements manuels
|
1.4) Quels bénéfices pour les parties
prenantes ?
Bien que notre proposition soit principalement centrée
sur les personnes en parcours d'insertion, il est indéniable que sa
concrétisation aura aussi des conséquences positives
auprès de toutes les parties prenantes du chantier d'insertion.
Le tableau ci-dessous dresse la liste des principales
catégories de gains envisageables.
PARTIES PRENANTES
|
GAINS
|
Salariés en parcours
|
. Augmentation du bien-être
. Meilleure acquisition des savoir-faire
. Diminution des risques d'accident
|
Collectivité maître d'ouvrage
|
. Amélioration de la qualité des prestations
. Optimisation de la production
. Participation active à la mission d'insertion en
intégrant le
comité de pilotage chargé de valider ce
document
|
État
|
. Mieux mesurer la portée d'un chantier d'insertion
(utilité
sociétale)
|
Département
|
. Valorisation de sa participation financière aux Plans
Locaux
de Randonnée et aux chantiers d'insertion
. Satisfaction de la Mission de développement
touristique
. Meilleur rendu de chantier = satisfaction des usagers =
moins
de plaintes auprès des élus
|
Région
|
. Idem
|
Mutualité Sociale Agricole
|
. Contribution active à l'action d'insertion (par le
biais de l'ISCT)
. Diminution des accidents du travail = économie
financière
|
Usagers
|
. Satisfaction accrue
. Offre touristique (itinéraires de randonnée)
de qualité =
retombées financières auprès des
professionnels du tourisme
rural (restaurants, hôtels, gîtes,
accompagnateurs...).
|
Salariés encadrants MIFEN
|
. Utilisation d'un document ayant une fonction technique et
pédagogique pour l'apprentissage des savoirs (faire
et être)
. Encadrer plus sereinement grâce à une meilleure
maîtrise de
la commande
|
Employeur MIFEN
|
. Diminution de l'insatisfaction
. Diminution de la prise de risques = moins d'accidents ou
de
conflits
. Diminution du taux d'AT
|
1.5) Comment intégrer ou annexer ce projet aux
marchés de service d'insertion ?
Nous avons insisté sur l'importance juridique de ne pas
privilégier la prestation technique au détriment de la prestation
d'insertion au sein même d'un marché de services dont l'objet est
l'insertion et non le chantier. Néanmoins, nous avons
démontré qu'il existe au moins un argument qui justifierait que
la rédaction d'un document pédagogique descriptif des travaux
fasse partie de la commande publique. Si cette option devait être
retenue, la MIFEN devrait en informer les collectivités avant tout
nouveau projet, tout comme elle l'a fait pour lancer les premiers
marchés de service sur son territoire.
L'article 5 de la convention de passation d'un
marché, portant sur la désignation des travaux servant de
support à la démarche d'insertion, pourrait alors porter la
mention suivante :
Le Maître d'Ouvrage confie à la MIFEN les
travaux ci-après décrits :
.Entretien des sentiers de randonnée du PLR de
Nive Adour
Formulation actuelle .Pose de signalétique
.Balisage
.Pose de mobilier
.Ouverture de nouveaux sentiers
Afin d'optimiser l'intérêt
pédagogique des prestations décrites ci- dessus, le
Maître d'Ouvrage confie à la MIFEN la réalisation d'un
document pédagogique de description des travaux servant d'appui et
d'accompagnement à l'emploi en faveur de personnes durablement
Suggestion d'ajout exclues du marché du travail qui
rencontrent des difficultés d'accès ou de maintien dans
l'emploi.
Pour concevoir ce document, la MIFEN s'appuiera sur les
cahiers des charges et les recommandations que le maître d'oeuvre lui
fournira.
Ce document pédagogique devra faire l'objet d'une
validation écrite de la part du maître d'oeuvre et du
maître d'ouvrage.
La deuxième solution que nous préconisons, plus
simple et moins contraignante juridiquement, consiste à proposer la
conception d'un document pédagogique de description des travaux à
l'occasion des prochaines offres de services en réponse aux
marchés d'insertion. Dans ce cas, sans que cela ne puisse avoir la
valeur à part entière d'un critère de choix du prestataire
pour la collectivité, nous pouvons supposer qu'une telle proposition
sera considérée comme un « plus » lors de
l'analyse des offres.
Cette option est testée en 2008 par la MIFEN dans le
cadre de sa réponse à un marché d'insertion (cf annexe
N°4).
2. Deuxième projet : OEuvrer pour que la
biodiversité devienne un sujet de gouvernance territoriale
Nous avons montré comment la MIFEN réussissait
à s'impliquer dans la conservation du patrimoine naturel et de la
biodiversité. Depuis une vingtaine d'années, soit bien avant
qu'une partie de l'opinion publique et du pouvoir politique ne s'y
intéresse, elle a joué un rôle de pionnier en proposant des
projets, en lien avec ces thématiques, aux collectivités.
En date du 20 mai 2008, dans son discours annonçant la
mise en oeuvre du Grenelle de l'Environnement, six mois après le
lancement des travaux préparatoires, le président de la
république prononçait à trois reprises le mot
« biodiversité ». Ce qui n'a rien d'un exploit vu le
contexte et le sujet mais qui pourrait laisser entrevoir quelques signes
annonciateurs d'orientations politiques allant dans le sens de la
conservation. Nous retiendrons une de ses
déclarations : « C'est l'urgence
écologique qui commande aujourd'hui d'avancer dans la lutte contre le
changement climatique, dans la lutte contre la réduction de notre
biodiversité, dans la lutte contre toutes les formes de
pollution ».
Nous ne pouvons pas ignorer l'existence des 238 engagements
pris dans le cadre des travaux préparatoires. Certains d'entre-eux,
directement liés à la biodiversité, évoquent des
problématiques dont la MIFEN se préoccupe
déjà :
Engagement N°72 : Assigner aux Plans locaux
d'Urbanisme des objectifs chiffrés de lutte contre la régression
des surfaces agricoles
Engagement 74 : Stratégie nationale des aires
et plans de conservation et de restauration dans les 5 ans des 131
espèces en danger critique d'extinction, plan pollinisateurs, plan
espèces invasives terrestres et marines.
Engagement 81 : Renforcement des disciplines
naturalistes (botanique, zoologie, écologie, taxonomie...) introduction
dans les parcours de formation initiale et continue.
D'autres évoquent des projets allant dans le sens des
idées de la MIFEN. C'est le cas de l'engagement N°79 qui
prévoit la création d'un observatoire de la biodiversité,
ou bien de l'engagement N°225 proposant de prendre en compte
systématiquement le pilier environnement-biodiversité dans les
politiques d'aide au développement.
Il est trop tôt pour manifester un optimisme
débordant face à ces « engagements »
arrêtés par consensus car ils en sont encore au stade des bonnes
intentions. Il faut attendre désormais que les travaux qui seront issus
des Comités Opérationnels, des Missions parlementaires et du
Comité de suivi se concrétisent par la mise en place de
dispositifs comme des lois et des aides financières. Mais faut-il
véritablement attendre et se remettre au pouvoir de l'Etat ? Ou
bien ne faudrait-il pas profiter de la publicité et des annonces qui ont
été faites autour du Grenelle de l'Environnement pour continuer
d'agir par la voie de la gouvernance ? Une définition de la gouvernance
va dans le sens de nos propos : "La
gouvernance
fait intervenir un ensemble complexe d'
acteurs et
d'
institutions
qui n'appartiennent pas tous à la sphère du
gouvernement ;
elle traduit une interdépendance entre les pouvoirs et les institutions
associées à l'
action
collective. La
gouvernance
fait intervenir des
réseaux
d'acteurs autonomes et part du principe qu'il est possible d'agir
sans se remettre au pouvoir de l'État."99(*) C'est là l'une des orientations que la
MIFEN pourrait prendre. Elle devra pour cela obtenir le concours des
collectivités territoriales car ce projet, quelle que soit la forme
qu'il prendra, devra être porté par elles.
2.1) Sélectionner la collectivité qui
portera le projet
Le porteur de projet est, en principe, celui qui en est
à l'origine. En se posant la question du choix de la collectivité
qui pourrait s'approprier ce projet, nous pourrions laisser penser que notre
intention serait d'exclure définitivement celles qui ne seraient pas
retenues. En réalité, notre stratégie est au contraire
d'associer à moyen terme plusieurs collectivités, ou bien de
faire en sorte que l'outil qui sera expérimenté dans l'une soit
exportable dans les autres. Une stratégie identique a déjà
fait ses preuves en 1994, lorsque la MIFEN a contribué à la
création du SIVU Erreka Berriak pour la restauration des cours d'eau.
Les travaux engagés par ce syndicat ont servi de modèle pour
engager une action sensiblement identique au sein de la Communauté des
Communes du Pays d'Hasparren.
Il y a de nettes différences dans les degrés
d'implication des collectivités partenaires de la MIFEN dans la
conservation de la biodiversité. Nous distinguons quatre
catégories :
1. Celles qui ont déjà fixé des
orientations visant à valoriser et transmettre le patrimoine naturel.
C'est le cas du Conseil Général des
Pyrénées-Atlantiques doté d'un service environnement
particulièrement actif ou, dans une autre mesure, de la
Communauté d'agglomérations de Bayonne Anglet Biarritz qui tente
de contribuer à la préservation des derniers espaces naturels
présents sur son territoire. Nous pouvons aussi mentionner les
collectivités ayant engagé une réflexion dans un cadre
prédéfini, C'est le cas de la commune de Biarritz qui
possède un site NATURA 2000 sur son territoire.
2. Celles qui mettent en oeuvre des actions de
préservation de la biodiversité sans pour autant en faire un
objectif prioritaire de leur politique. Nous plaçons le Syndicat des
Berges de l'Adour et la commune d'Hasparren dans cette catégorie.
3. Celles dont les missions d'entretien d'espaces naturels
contribuent indirectement à la conservation de la biodiversité.
Nous pensons en particulier à la Communauté des Communes de
Hasparren et au Sivu Erreka berriak.
Ces deux dernières catégories manifestent de
l'intérêt pour la biodiversité. En outre, elles agissent
concrètement en sa faveur grâce aux chantiers qu'elles commandent
à la MIFEN. Néanmoins, elles ne disposent ni d'un service, ni
d'outils spécifiques à la protection de l'environnement. Notre
choix portera par conséquent en priorité sur ces
collectivités. Leur proximité géographique et leurs
problématiques environnementales
communes pourraient justifier la nécessité de
les regrouper autour d'une seule instance.
2.2) Identifier des exemples locaux qui justifient la
conservation de la biodiversité
Convaincre les élus et toutes les parties prenantes que
la protection de la biodiversité doit être une priorité
absolue est un travail difficile et ingrat. Certaines expériences de la
MIFEN dans ce domaine ont été douloureuses. Sa contribution
à l'arrêt des empoisonnements de ragondins par la mise en place
d'un mode de piégeage sélectif a provoqué la
colère des agriculteurs maïsiculteurs. Sa participation au
piégeage du vison d'Europe a également été un sujet
de discorde avec une collectivité pourtant partenaire de longue date.
Nous ne nous attarderons pas non plus sur d'autres situations,
portant sur des projets d'aménagement ou sur des usages
(itinéraires moto-cross...) peu compatibles avec la protection des
espèces, où la MIFEN a manifesté sa désapprobation,
prenant le risque à chaque fois de fragiliser durablement ses relations
partenariales avec les collectivités. Dans de telles circonstances, on
prête à la MIFEN toutes sortes d'intentions et on l'affuble de
noms peu sympathiques dans un contexte professionnel (poètes,
doux-rêveur, écolos...). Pour faire face à de telles
situations, et intensifier son rôle autour des questions de
biodiversité, la MIFEN doit elle-même passer par une
réflexion autour de ses motivations. Elle doit engager une
réflexion collective en interne, entre bénévoles et
salariés. Ne pas avoir les bons arguments, c'est prendre le risque de
laisser croire qu'aucun fondement ne justifie de préserver la nature.
Cette question est centrale car il est par exemple difficile d'encourager la
protection des libellules, des chauve-souris ou des grenouilles sans passer
pour, convenons-en, de doux rêveurs. De nombreuses études d'impact
ou d'inventaires scientifiques abordent insuffisamment la question de
l'utilité de la biodiversité. Protéger une espèce
uniquement parce que c'est la loi ou bien parce qu'elle est en voie de
disparition est une erreur trop fréquemment commise. Quant au concept de
bio-indicateur100(*), il
est peu convaincant. Il est préférable de faire
référence au patrimoine commun car le fait de détruire
sans raison valable un héritage du passé est un acte
généralement peu apprécié. Mais la valeur
intrinsèque d'un être vivant renvoie à des valeurs morales
et philosophiques qui ne suffisent pas à convaincre
définitivement les décideurs de l'utilité d'une
espèce. L'utilité est : « la qualité
qu'ont certaines choses de pouvoir nous servir de quelque manière que ce
soit »101(*). Quelle peut bien être l'utilité
sociétale d'une libellule, d'une chauves-souris ou bien d'une grenouille
verte ? Nous ne sommes pas en présence d'espèces dont
l'utilité sociétale est incontestable et évidente, comme
cette grenouille à incubation gastrique (Rheobatrachus),
découverte en Australie dans les années 1980 qui aurait pu
favoriser la prévention et le traitement de l'ulcère
gastroduodénal si elle n'avait pas définitivement disparu.
La MIFEN devrait trouver des éléments de
réponse à ces questions dans l'analyse de sa propre
utilité sociétale. Il lui faudra les hiérarchiser et les
développer davantage, et définir d'autres critères
spécifiques à l'utilité sociétale de la
biodiversité. Une approche très générale pourra
être réalisée à partir du tableau102(*) ci-après :
VALEURS
|
EXEMPLES DE MESURES CONCERNEES
|
Valeurs matérielles directes
|
Production de bois de chauffage
|
Créer des haies
|
Chasse
|
Proteger des écosystèmes
|
Pêche
|
Dépolluer les cours d'eau
|
Cueillette de champignons et baies
|
Conserver des espaces boisés
|
Apiculture
|
Maintenir des prairies naturelles
|
Tourisme rural
|
Protéger la faune et la flore
|
Valeurs matérielles indirectes
|
Lutte contre l'érosion des berges
|
Entretien raisonné des cours d'eau
|
Protection des eaux souterraines
|
Protéger la couverture végétale
|
Équilibre de la chaîne alimentaire
|
Mesures de gestion conservatoire
(ex : vison, cistudes...)
|
Valeurs matérielles optionnelles
|
Effets curatifs de la biodiversité
|
|
Valeurs immatérielles optionnelles
|
Développement de la connaissance
|
Protection des zones humides
|
Valeur récréative d'un paysage
|
|
Valeur immatérielle intrinsèque
|
Diversité des chants d'oiseaux
|
Soutenir
|
Aspect esthétique des paysages
|
Encourager le maintien de la diversité
paysagère
|
Rareté de certaines espèces
|
Mesures de protection
|
Une autre approche, ciblée essentiellement sur l'aspect
économique, pourrait être menée au niveau de quelques
espèces phares.
ESPECES ET HABITATS
|
VALEURS
|
Vison d'Europe
|
Cistude d'Europe
|
Angélique à fruits variés
|
Ripisylves
|
Valeurs d'usage directes
|
|
Eco tourisme
|
|
Bois de chauffage
|
Valeurs d'usage indirectes
|
Équilibre des chaînes alimentaires
|
Équilibre des chaînes alimentaires
|
|
Lutte contre l'érosion
|
Valeurs d'option
|
|
|
Usage médical
|
|
Valeurs intrinsèques
|
Droit des générations futures (patrimoine),
non-usage (espèces rares)
|
Quelques commentaires
Les valeurs d'usage directes correspondent à des
prestations directement consommables, comme le bois de chauffage fourni par une
ripisylve traversant une zone agricole ou la contribution de la tortue cistude
au développement du tourisme diffus (sorties naturalistes).
Les valeurs d'usage indirectes sont dérivées
des fonctions écologiques et de protections. Le vison d'Europe et la
tortue cistude sont des prédateurs ; ils contribuent à la
régulation des populations animales dont ils se nourrissent. Les
ripisylves, par leurs systèmes racinaires performants et variés,
retiennent la terre des berges.
La valeur d'option de la très rare angélique
à fruits variés peut se justifier par l'utilité,
aujourd'hui encore inconnue, qu'elle pourrait avoir dans le futur.
La valeur intrinsèque des espèces
patrimoniales s'explique avant tout par leur raréfaction. La valeur
intrinsèque de la ripisylve réside dans sa dimension
paysagère.
2.3) Choisir un outil de gouvernance
Les conflits autour des questions de biodiversité sont
souvent provoqués par des difficultés de compréhensions
mutuelles accentuées par la multiplicité des acteurs aux
intérêts divergents à mobiliser. Mais les projets ne
peuvent s'inscrire dans la durée que s'ils sont construits
collectivement et compris de tous. Avant tout, la MIFEN devra rassurer ses
interlocuteurs et indiquer qu'en mettant la question de la biodiversité
sous les projecteurs, son intention n'est pas de soustraire des morceaux de
nature à toute influence humaine mais au contraire d'étudier
toutes les possibilités permettant de concilier conservation de la
nature et activités humaines.
La réussite de ce projet repose sur la création
d'une instance consultative sur la biodiversité, indépendante de
l'instance décisionnaire, favorisant la transmission de l'information,
l'émergence d'idées et la concertation. Ce mode de gouvernance se
prête particulièrement à l'étude des questions
environnementales, où les intérêts souvent divergents des
parties prenantes génèrent des situations conflictuelles.
Rappelons qu'une instance de concertation se situe en amont des processus de
décisions. Elle répond avant tout à un objectif de partage
de l'information, d'éclairage de la décision. Elle n'a pas le
pouvoir de prendre et de valider des décisions. En revanche, la prise en
compte des débats issus de la concertation renforce la
légitimité des décideurs siégeant au sein des
instances compétentes. En principe, la concertation est engagée
autour d'un projet bien identifié, par exemple autour d'un projet
d'aménagement. Et il est très rare que la concertation aboutisse
à la remise en cause du projet (même malheureusement si son impact
environnemental est négatif). Dans notre cas, la concertation ne
porterait pas sur un projet concret mais sur une multitude de propositions
favorables au maintien ou au développement de la biodiversité.
Pour que la légitimité de cette instance soit
reconnue, elle devra réunir en son sein des représentants de la
société civile, des techniciens et des scientifiques. Les
débats devront êtres présidés par un élu. La
concertation devra être menée par un animateur ayant acquis une
certaine légitimité reconnue par l'ensemble des participants.
2.4) Concrètement, que peut-on attendre d'une telle
instance ?
Au-delà du fait que cette instance pourrait être
consultée en amont des projets d'aménagement, des
révisions de PLU... son originalité pourrait résider dans
sa capacité à être force de proposition et à faire
émerger des projets innovants. Elle pourrait enfin jouer un rôle
local d'observatoire de la biodiversité et contribuer ainsi à
arrêter le déclin de la biodiversité en Europe d'ici 2010,
comme cela a été prévu dans l'accord « Une
Europe durable pour un monde meilleur » lors du sommet
européen de Götebord en 2001. Nous ne développerons pas ici
toutes les propositions que la MIFEN pourrait faire. En voici quatre
exemples :
MESURE
|
BENEFCIAIRES DIRECTS
|
BENEFICIAIRES INDIRECTS
|
.Création de mare
|
.Batraciens, odonates...
|
.Bergers (point d'eau pour le bétail en zone
pastorale)
.Chasseurs (idem)
|
.Conservation des vieux arbres
|
Oiseaux cavernicoles, coléoptères...
|
.Bergers (zone d'ombrage)
.Promeneurs (champignons)
|
Création d'échelles à poisson
|
Poissons migrateurs
|
. Collectivité (développement du tourisme
halieutique)
|
.Conservation des arbres morts et à cavité sur
les rivières.
|
Chiroptères, oiseaux cavernicoles
|
.Collectivité (économie engendrée par
l'annulation du coût d'abatage)
|
CONCLUSION GENERALE
« Nous nous sommes enrichis de l'utilisation
prodigue de nos ressources naturelles et nous avons de justes raisons
d'être fiers de notre progrès. Mais le temps est venu d'envisager
sérieusement ce qui arrivera quand nos forêts ne seront plus,
quand le charbon, le fer et le pétrole seront épuisés,
quand le sol aura encore été appauvri et lessivé vers les
fleuves, polluant les eaux, dénudant les champs et faisant obstacle
à la navigation ». Cette déclaration de
Théodore Roosevelt a tout juste un siècle. Elle n'aura pas permis
d'enrayer le lent processus de destruction de notre environnement, au nom du
développement, de la croissance économique, du progrès.
Pas plus d'ailleurs que ne le permettront les déclarations historiques
autour des Grenelles de l'Insertion et de l'Environnement. À moins, bien
entendu, qu'elles ne soient suivies d'actes forts de la part de l'Etat, comme
des lois contraignantes en matière d'environnement, et une modification
radicale d'un système économique incitant à la
dépense plus qu'à l'économie et au partage. Mais
l'histoire ayant démontré à maintes reprises que les
changements ne s'opèrent pas uniquement avec des «si» et des
lois, la MIFEN propose une autre piste ; celle de l'économie
solidaire, de la recherche du sens et du partage des valeurs. Une piste qu'il
convient de tracer avec les collectivités locales, dans la perspective
de construire un compromis entre une société qui
nécessiterait un profond changement écologique et la
société actuelle où les intérêts
économiques priment trop souvent sur les intérêts des
individus.
À la différence d'une démarche
opportuniste qui consisterait à adopter une conduite visant à
tirer le meilleur parti de la conjoncture socio-économique, en le
faisant à l'encontre de principes moraux et au détriment des
usagers eux-mêmes, la MIFEN se saisit des occasions qu'elle rencontre
pour tenter d'apporter des réponses concrètes à des
questions environnementalistes et sociales. Elle construit des outils
pédagogiques en s'appuyant sur l'existence de ses missions d'insertion
de même qu'elle valorise par la pédagogie et la mise en oeuvre de
techniques respectueuses de l'environnement ses chantiers d'insertion. Ce sont
précisément ces méthodes qui lui valent d'être
reconnue, à part égale, en tant qu'ACI et acteur de la
protection de l'environnement.
Cette étude donne une vue d'ensemble de
l'utilité sociétale de la MIFEN. Des investigations
supplémentaires permettront certainement d'approfondir le sujet en
poursuivant la réflexion en interne et collectivement. Mais dans
l'immédiat, nous pouvons d'ores et déjà nous appuyer sur
ce travail pour entreprendre la mise en place de nouvelles initiatives et
défendre certains points de vue encore minoritaires, que nous pourrions
exprimer ainsi :
. La protection du patrimoine naturel ne doit plus être
perçue comme une entrave à l'économie ou à
l'urbanisme ou bien encore comme un caprice de quelques militants nostalgiques
du passé, mais comme un moyen de procurer du bien être et des
activités économiques aux générations
présentes et futures.
.Si la fonction principale d'un chantier d'insertion est de
lutter contre l'exclusion,
nous sommes néanmoins capables de démontrer que
sa contribution en faveur d'un développement durable va bien
au-delà de ce seul critère. Il est également un vecteur
d'économie et de bien-être au sein des collectivités.
Ces fonctions secondaires sont souvent rarement reconnues
alors qu'elles confèrent aux chantiers une importante dimension
sociétale. C'est pourquoi il serait utile de poursuivre la
réflexion autour du sens de ce qu'entreprend la MIFEN avec les
collectivités, sans attendre de nouvelles réglementations ou une
prise de conscience générale de la société civile.
Cela serait sans doute la meilleure façon d'aborder l'avenir avec
optimisme. La définition d'un nouveau projet associatif a
été timidement suggérée en cours d'étude.
À ce stade, cela paraît indispensable. Construit dans le cadre
d'une démarche participative, il pourrait être l'expression de la
volonté de ses membres, mais aussi de ses partenaires. En s'engageant
dans ce projet, la MIFEN renforcera sa légitimité à
l'égard de toutes les parties prenantes.
Avant de clore ce mémoire, un dernier
constat s'impose. Jamais les termes de développement durable et
d'économie solidaire n'auront été autant prononcés
que depuis ces derniers mois à la MIFEN. Est-ce à dire qu'aucun
de ces champs ne faisait partie des préoccupations de ses
animateurs ? Non, de toute évidence, nous l'avons
démontré à travers de nombreux exemples. L'explication est
ailleurs. Depuis les débuts de son existence, la MIFEN se laisse guider
par son instinct, sa connaissance du terrain et sa volonté d'agir en
faveur de l'environnement et de l'exclusion pour remédier à des
situations qu'elle juge inacceptables. Comme si tout était
évident, elle n'a jusqu'alors jamais pris le temps de s'interroger
collectivement sur le sens que chacun prête à sa contribution. Au
fond, cette étude arrive à point nommé, au moment
où la MIFEN s'interroge sur la place qu'elle tient dans un secteur
associatif qui, au nom de la professionnalisation de ses acteurs, de
l'évaluation et de la culture du résultat, est entrain
d'entreprendre malgré lui un immense formatage. Cette étude
montre que la MIFEN a encore de l'avenir grâce au soutien inconditionnel
de nombreuses collectivités avec lesquelles elle a su tisser de solides
partenariats. Cela ne signifie pas que rien ne doit être changé,
que la MIFEN est solide comme un roc et qu'elle ne doit pas poursuivre la
remise en question qu'elle a en quelque sorte engagée à travers
ce mémoire. Au contraire, en optant pour le choix d'une vision
stratégique, elle devrait pouvoir redéfinir de nouveaux projets
utiles et innovants, retrouver l'esprit pionnier qui l'a longtemps animé
et ainsi résister, à sa manière, au formatage.
TABLE DES MATIERES
La Maison d'Initiation à la Faune et aux Espaces
Naturels
Un acteur du développement local et du
développement durable au pays basque
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Remerciements 2
Sommaire 3
En préambule 4
Introduction 5
Première Partie : ANALYSE DU
FONCTIONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
I. CONSTRUCTION ET PRESENTATION DE LA STRUCTURE 15
1.Données historiques 15
2.Les services 18
2.1) Sensibilisation à l'environnement 18
2.2) Les Ateliers et Chantiers d'Insertion 20
2.3)Les missions d'assistance technique aux
collectivité 22
2.4)Les missions d'ingienerie 23
2.5)Les inventaires patrimoniaux 23
II. REPERAGE DU FONCTIONNEMENT SOCIAL 24
1. Caractéristiques et modalités de recrutement
des salariés 24
2.1) Les permanents 24
2.2) Les salariés en parcours 25
Organigramme technique des salariés 26
3. Caractéristiques et modalités de recrutement
des bénévoles 27
4. Les postes, contrats de travail et compétences des
salariés 27
5. La formation 30
6. La gouvernance interne 32
Organigramme hiérarchique 34
7. Intérêts et contributions des parties
prenantes 35
III. REPERAGE DU FONCTIONNEMENT ECONOMIQUE 37
1. 1998-2007 : Quelques indicateurs 37
2. Analyse des données 2007 39
2.1) Les charges de fonctionnement 39
2.2) Hybridation des ressources 41
2.3) Les subventions 49
2.4) Les réciprocités 51
Conclusion de la première partie 55
Deuxième partie : LA MIFEN : UN OUTIL
DE DÉVELOPPEMENT DURABLE
AU SERVICE DES COLLECTIVITES
I. ÉVALUATION DE L'UTILITE DE LA MIFEN 56
Quelques points de définitions 56
Quelques repères sur le territoire de la MIFEN
58
Positionnement géographique des collectivités
partenaires de la MIFEN 59
Méthodologie d'analyse et réflexions autour de
l'utilité sociale 61
1. Développement de partenariat et de la gouvernance
territoriale 65
2. Premier Pilier : La durabilité
écologique 68
2.1) Actions en faveur du cadre de vie et des paysages
68
2.2) Gestion et protection de la nature et de l'environnement
71
2.3) Partage de la connaissance-responsabilisation
environnementale 74
3. Deuxième pilier : la durabilité sociale
75
3.1) Développement de la personne 76
3.2) Cohésion sociale et inter culturalité
77
4. Troisième pilier : la durabilité
économique 78
4.1) Création de valeurs économiques et
coûts évités 78
4.2) Professionnalisation des acteurs 81
4.3) Consolidation interne de postes en insertion 84
II. DEUX PROJETS INNOVANTS POUR IMPULSER UNE NOUVELLE
DYNAMIQUE 85
1. Premier projet : Renforcer la pédagogie sur les
chantiers et améliorer la 85
qualité des prestations en s'appuyant sur les
marchés de service d'insertion 85
1.1) Pourquoi intégrer ou associer ce projet aux
marchés de service ? 85
1.2) choisir un nom 87
1.3) Que doit contenir un document pédagogique de
description de
travaux ? 88
1.4) Quels bénéfices pour les parties
prenantes ? 91
1.5) Comment intégrer ou associer ce projet aux
marchés de service 91
2. Deuxième projet : Faire de la
biodiversité un sujet de gouvernance
territoriale 93
1.1) Sélectionner la collectivité qui portera
le projet 94
1.2) Identifier des exemples locaux qui justifient la
conservation de
la biodiversité 95
1.3) Choisir un outil de gouvernance 97
1.4) Concrètement, que peut-on attendre d'une telle
instance ? 98
CONCLUSION GENERALE 99
Table des Matières 101
Références bibliographiques
103
Annexes 106
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
OUVRAGES
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contrat d'avenir, au contrat insertion-revenu minimum d'activité
SITES INTERNET
http://www.cite-sciences.fr
http://hdr.undp.org
http://www.ifen.fr
http://www.inra.fr
http://www.cerdd.org
ANNEXES
Annexe N°1 Extrait des statuts de l'association MIFEN
Annexe N°2 Exemplaire de convention art. 30
Marché de Service d'Insertion
Annexe N°3 Extrait des statuts de l'association MIFEN-EC
créée en 02/2008
Annexe N°4 Extrait d'une proposition à un
marché de service d'insertion, en date du 4 juin 2008
La Maison d'Initiation à la Faune et aux Espaces
Naturels
Un acteur du développement local et du
développement durable au pays basque
Note de synthèse
La Maison d'Initiation à la faune et aux Espaces
Naturels est une association créée en 1987. Implantée
à proximité de Bayonne, dans les
Pyrénées-Atlantiques, elle intervient dans les domaines de la
protection de l'environnement et la lutte contre l'exclusion.
L'objet de cette étude est d'analyser les relations
qu'entretient cette structure avec les collectivités afin
d'évaluer sa contribution au développement durable.
Dans la première partie consacrée à
l'analyse socio-économique, nous mettons en évidence les
éléments qui confèrent à la MIFEN son statut
d'acteur de l'économie solidaire. Nous nous intéressons au sens
qu'elle prête à son activité économique. Celui-ci
est lié à son ambition de répondre à une triple
préoccupation territoriale : l'intégration
socioprofessionnelle des personnes fragilisées, la mise en oeuvre de
chantiers environnementaux utiles au « pays » et la
participation au développement de l'offre de formation en matière
d'éducation à l'environnement et d'écocitoyenneté.
Nous nous penchons sur l'origine des ressources. Elles
proviennent essentiellement de la redistribution et du marché. L'analyse
de celles qui sont issues du marché met en évidence le
caractère partenarial des relations que la MIFEN entretient avec les
collectivités.
D'autres indicateurs comme la gouvernance ou les modes de
recrutement des salariés et des bénévoles permettent
d'apprécier les valeurs de partage et de solidarité de la
structure.
La seconde partie porte sur l'utilité sociétale
de la structure et, plus précisément, sur sa contribution
à l'amélioration de l'équité sociale, à la
mise en oeuvre d'une politique économique favorable à tous et
à une préservation du patrimoine naturel. Après avoir
consacré un temps à quelques définitions, nous
décrivons les effets concrets de la MIFEN sur les
« piliers » social, économique et
environnemental du développement durable. Sa participation a la
gouvernance territoriale, critère transversal à tous les autres,
fait l'objet d'un traitement particulier.
Ce mémoire doit permettre de fournir des outils aux
projets en émergence. Il doit également permettre de tirer un
certain nombre d'enseignements des démarches menées
antérieurement. C'est pourquoi nous proposons, à l'issue de la
seconde partie, d'engager la structure dans deux projets choisis pour leur
caractère innovant et leur intérêt en faveur des
politiques de développement durable que les collectivités
pourraient mettre en oeuvre.
Les valeurs qu'elle défend, celles de l'économie
solidaire, associée à sa vision environnementaliste du
développement durable,
* 1 Extrait du discours de
Claude Lévi-Strauss à l'occasion de la remise du XVIIe Premi
Internacional Catalunya, 2005, Académie française, Paris, le 13
mai 2005.
* 2L'empreinte
écologique est une mesure de la pression qu'exerce l'homme sur la
nature. C'est un outil qui évalue la surface productive
nécessaire à une population pour répondre à sa
consommation de ressources (alimentation, chauffage de logement, carburant pour
véhicule..) et à ses besoins d'absorption de déchets.
* 3Le bonus carbone ou bonus
écologique est l'une des mesures du Grenelle de l'Environnement. Elle
est destinée à encourager les acheteurs de voitures neuves
à choisir de préférence des véhicules sobres en
carbone.
* 4Refrain de la chanson
engagée de Yannick Noah : « aux arbres
citoyens » - 2007
* 5 Article de Gilbert Rist
paru dans Courrier de la planète n°74, automne 2005.
Gilbert Rist est Professeur, Docteur ès sciences politiques,
études internationales.
* 6Boutaud A. (2005)
Développement Durable : Panser le changement ou
changer le pansement - Thèse de doctorat
* 7La Société
Zoologique d'Acclimatation est co-fondatrice de l'
UICN en
1948. Elle prend la
dénomination actuelle de Société nationale de
protection de la nature en
1960.
* 8Créé en
1992, le Comité français de l'UICN est le réseau des
organismes et des experts de l'Union mondiale pour la nature en France. Il joue
un rôle fondamental dans le enjeux de la biodiversité en
France.
* 9RIST G. Le
développement, histoire d'une croyance occidentale, Ed. Presses de
la fondation Nationale des sciences Politiques, Collection
Références Inédites - p. 427
* 10CMED Chapitre II: Un
avenir Compromis - De nouvelles approches de l'environnement et du
développement
* 11
« L'éducation, de type scolaire ou non, est indispensable pour
modifier les attitudes de façon que les populations aient la
capacité d'évaluer les problèmes de développement
durable et de s'y attaquer » Chapitre 36 de l'Agenda 21.
* 12Art. L. 200-1. - Les
espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages, les
espèces animales et végétales, la diversité et les
équilibres biologiques auxquels ils participent font partie du
patrimoine commun de la nation.Leur protection, leur mise en valeur, leur
restauration, leur remise en état et leur gestion sont
d'intérêt général et concourent à l'objectif
de développement durable... qui vise à satisfaire les besoins de
développement des générations présentes sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs.
* 13 Les réserves de
biosphère
sont des aires portant sur des
écosystèmes
terrestres et côtiers/marins qui visent à promouvoir des solutions
pour réconcilier la conservation de la
biodiversité
avec son utilisation durable. Elles sont reconnues sur le plan international,
proposées par les gouvernements nationaux et restent sous la seule
souveraineté de l'État sur le territoire duquel elles sont
situées.
* 14 Extrait du de
Jean-Louis BORLOO, Ministre d'État, Ministre de l'Écologie, du
Développement et de l'Aménagement durables - Séance
plénière - Conférence internationale climat BALI
* 15 Le prix du baril a atteint
139 dollars le 9 juin 2008
* 16 Le produit
intérieur brut (PIB) est un
indicateur
économique utilisé dans quasiment tous les pays du monde pour
mesurer le niveau de
production. Il est la
somme des valeurs ajoutées de l'ensemble des branches de production
(augmentée de la TVA grevant les produits et les droits de douane). Il
se compose du produit intérieur marchand (biens et services
échangés) et du produit intérieur brut non marchand
(services fournis par les administrations publiques et privées à
titre gratuit ou quasi gratuit).
* 17 L'indicateur du
développement humain (IDH) mesure le niveau atteint par un pays en
termes d'espérance de vie, d'instruction et de revenu réel
corrigé. En 2007/2008, Le Rapport Mondial sur le Développement
Humain classe la France au 10e rang sur 177 pays parmi lesquels
l'Islande arrive en tête et la Sierra Léone en dernière
position.
* 18 MARECHAL JP. et
QUENAULT B. (2005) « développement durable, une
perspective pour le XXIe siècle » Réseau des
Universités » JP Maréchal et B Quenaut - Ouest
Atlantique- p 391
* 19 LATOUCHE S.
Conférence sur la décroissance - Foire agricole de Rouffac -
2005
* 20 Gilbert Rist -Courrier
Planète N°74-2005
* 21 Remarques
partagées par certains salariés de la MIFEN qui se lèvent
chaque matin à 6H30 et retournent chez eux à 18H00, le tout pour
738euros /mois.
* 22Dictionnaire de l'autre
économie - Sous la direction de JL LAVILLE et A D
CATTANI-Gallimard-2006
* 23 2 J.L LAVILLE et B EME
(2006) Dictionnaire de l'autre économie 2006 p 303
* 24A.LIPIETZ (2001) Pour le
tiers secteur-p. 51
* 25 CHANTIER ECOLE,
créée en 1995, regroupe des membres actifs, personnes physiques
et personnes morales qui initient, coordonnent et/ou mettent en oeuvre des
Ateliers et Chantiers d'Insertion en appliquant la démarche
pédagogique du chantier école.
* 26 Commune basque de 2000
habitants située à 10 km à l'est de Bayonne
* .27 PELT J.M (1986)
« Mes plus belles histoires de plantes », éd. Le
Seuil
* 28 La stratégie
nationale adoptée le 3 juin 2003 par le gouvernement Raffarin,
réuni en Comité interministériel pour le
développement durable, s'articule autour de six axes
stratégiques. L'axe 1 : "Le citoyen, acteur du développement
durable" précise notamment :
?- Développer, dans le milieu scolaire et les
activités extra-scolaires, l'éducation à l'environnement
pour un développement durable et mieux l'intégrer dans les cursus
de formation professionnelle ; ?
* 29 Rapport de la
Conférence de Rio sur l'Environnement et le développement
* 30PAUGAM S.(1991)
« La disqualification sociale » Presses Universitaires
de France
* 31MUCHIELLI A. (1981)
« Les motivations » Presses Universitaires de France
* 32 LIPIETZ A (2001)
« Pour le tiers secteur, L'économie sociale et
solidaire : pourquoi et comment ». Editions la
découverte p.56
* 33 Organisme Paritaire
Collecteur Agréé
* 34 Les Fonds National
Formation des Salariés des exploitations Agricoles sont les OPCA des
organismes affiliés au Régime Agricole géré par la
Mutualité Sociale Agricole
* 35 (mai 2005)
« La gouvernance associative » Une initiative de
l'ordre des experts-comptables
* 36 Le Syndicat
des Employeurs Spécifiques d'Insertion a été
constitué le 19 juin 2006 en vue de créer une convention
collective spécifique aux ateliers et chantiers d'insertion. La mission
première du SYNESI est d'organiser le dialogue social entre les
employeurs et les salariés en vue d'établir une convention
collective adaptée aux Ateliers et Chantiers d'Insertion en France. Ce
syndicat est ouvert à tous les ACI du territoire, qu'ils soient ou non
adhérents à un réseau de l'IAE.
* 37
« Dictionnaire de l'autre économie »
Economie solidaire et gouvernance par Bernard Eme P. 364 (2006) Folio
* 38 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR - définition de : «partie
intéressée(ou stakeholders)» p.164
* 39 En 2007, les
dépenses en carburant se sont élevées à 13 560
euros. Cela représente environ 11491 litres de carburants. Un tiers de
cette consommation provient des navettes mises en place pour pallier les
problèmes de mobilité que rencontrent les trois quarts des
salariés en parcours. Le reste provient des activités de
chantiers.
* 40« Un ACI peut
exercer ses chantiers dans l'ensemble des secteurs d'activité dès
lors que les avantages et aides octroyées par l'Etat ne créent
pas de distorsion de concurrence et que les emplois ainsi créés
ne se substituent pas à des emplois privés ou publics
existants». Circulaire DGEFP no 2005-41 du 28 novembre 2005 relative
aux ateliers et chantiers d'insertion. (Cette formulation est sujette à
diverses interprétations).
* 41 GARDIN L. (2006)
« Les initiatives solidaires - La réciprocité
face au marché et à l'Etat » - Editions
Erès 2006
* 42 Ibid P.117
* 43 Le Conseil national de
l'insertion par l'activité économique (CNIAE), créé
par la loi n° 91-1 du 3 janvier 1991 est placé auprès du
Premier ministre. Il est composé de 42 membres désignés
pour trois ans par le Premier ministre. Il assure des fonctions de veille sur
les politiques de l'emploi et de l'insertion des personnes durablement
éloignées de l'emploi,
* 44 Exclusif
est un journal trimestriel de douze pages, publié par
l'association du même nom, et qui paraît dans le Puy-de-Dôme
depuis le mois de juin 2003.
* 45 GARDIN L. (2006)
Les initiatives solidaires - La réciprocité face
au marché et à l'Etat P. 112 Editions Erès
* 46Les procédures
négociées sont les procédures dans lesquelles les
pouvoirs
adjudicateurs consultent les opérateurs économiques de leur
choix et
négocient
les conditions du marché avec un ou plusieurs d'entre eux.
* 47 Rapport
d'Enquête sur les ateliers et chantiers d'insertion Mai 2006
* 48 Extrait d'une lettre du
22 août 2002 de la direction des affaires juridiques du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie (sous- direction de la
commande publique) à la direction de l'administration
générale d'un ministère sur l'application de l'article 30
[alors en vigueur] du code des marchés publics. Cité dans
« La subvention publique, le marché public et la
délégation de service public Mode d'emploi » DVAEF
1er mars 2007
* 49 « La
subvention publique, le marché public et la délégation de
service public Mode d'emploi » DVAEF 1er mars 2007
* 50 GARDIN L. (2003)
"Entreprise sociale et droit social", Hermès, Paris : CNRS Editions,
n°36 p.69
* 51 GARDIN L. (2006)
« Les initiatives solidaires -La réciprocité face
au marché et à l'Etat » - Editions Erès p. 50
* 52 GARDIN L. (2006)
« Les initiatives solidaires -La réciprocité face
au marché et à l'Etat » - Editions Erès p.48
* 53 Sont
intégrés dans le marché d'insertion des prestations d'AMO,
de coordination et d'éducation à l'environnement pour un montant
de 22172 euro.
* 54 Aide de de l'Etat de 45000
euros (dont 15000 pour MIFEN) versée à l'ACI LAGUN pour le
financement d'un poste mutualisé sur trois structures.
Aide de l'Etat allouée au Centre Social Sagardian dans le
cadre du PRAPS, dont un quart du poste d'infirmière est affecté
à la MIFEN
* 55 Prêt annuel de
salles de réunions au tarif de 70Euros/salle et mise à
disposition du local du port pour une valeur estimative de 2400 euro/an
* 56 Frais de
déplacements non remboursés (2000km X 0,323 euro/km)
* 57 Don de temps : 12
euroX248 heures
* 58 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR -283 p.
* 59 BOUTAUD A. (2005) Le
développement durable : Penser le changement ou changer le
pansement, Thèse, P.101/102
* 60 FISCHESSER B, DUPUIS-TATE
MF. (2007) Le guide illustré de l'écologie Editions de
la Martinière P.334
* 61 Commission des
Communautés Européennes, Vers un développement soutenable,
COM(92) 23 vol II, 30 mars 1992
* 2 MARECHAL JP (2005) Le
développement durable - PUR - p 44.
* 3 KOUSNETZOFF N. Le
développement durable : quelles limites à quelle croissance ?
Éditions de la découverte, collection Repères, Paris,
2003
* 4 BRODHAG C, BREUIL F, GONRAN
N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable -
AFNOR -p72.
* 62 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR -p72.
* 63 Le dispositif DLA est un
dispositif territorial d'appui aux activités et services
d'utilité sociale portés par les associations, structures
coopératives ou celles de l'insertion par l'activité
économique. Initié par l'Etat et la Caisse des
Dépôts, il bénéficie également du soutien du
Fonds Social Européen (FSE), ainsi que de nombreuses
Collectivités territoriales. La CPCA, Conférence Permanente des
Coordinations Associatives, y est associée à travers notamment la
mobilisation de ses coordinations régionales. L'animation nationale du
dispositif et de ses 106 DLA / 19 RA, 5 CNAR a été confiée
à l'Avise
* 64 Le RA (centre
régional de ressources et d'animation) a pour mission principale de
favoriser la diffusion de la culture d'entreprise d'économie sociale
auprès des organisations mettant en oeuvre des activités
d'utilité sociale et créatrices d'emplois.Le RA contribue plus
largement à l'animation régionale et nationale des DLA.
* 65 Action menée
à la demande du Conseil Général des
Pyrénées-Atlantiques, en partenariat avec le CIBC64, et
co-financée par le Fond Social Européen ayant pour objectifs de
permettre aux ACI de mieux repérer les compétences
professionnelles des personnes en parcours.
* 66 Glossaire des
coûts sociaux, Conférence européenne des ministres des
Transports (CEMT), 1997
* 67 J. GADREY -
L'utilité sociale des organisations de l'économie sociale et
solidaire - Rapport de synthèse pour la DIES et la MIRE -
Février 2004 - 136p.
* 68 Ibid p.121
* 69 J.C GOSSET-Les
critères d'appréciation de l'utilité sociale : une
expérimentation sur le territoire du Hainaut-Cambresis - DIES
Programmes Régionaux de Recherches-Actions - Réseau21-Fin
2002-P.93
* 70 J. GADREY -
L'utilité sociale des organisations de l'économie sociale et
solidaire - Rapport de synthèse pour la DIES et la MIRE -
Février 2004 P.88
* 71 Ibidem
* 72 LIPIETZ A (2001)
« Pour le tiers secteur, L'économie sociale et
solidaire : pourquoi et comment ». Éditions la
découverte 154p.
* 73 Ibid p.25
* 74 Ibid p.27
* 75 Ibid p.28
* 76 Ibid p.27
* 77 Dispositif d'Evaluation et
de Valorisation de l'Utilité Sociale en Environnement - Manuel
d'utilisation - première version 2007
* 78 J.C GOSSET-Les
critères d'appréciation de l'utilité sociale : une
expérimentation sur le territoire du Hainaut-Cambresis - DIES
Programmes Régionaux de Recherches-Actions - Réseau21-Fin
2002
* 79 LAROUSSE - édition
98
* 80 PNUD (janvier 2007) La
gouvernance en faveur du développement humain durable - Document de
politique générale du PNUD
* 81 PIEGAY H, PAUTOU G,
RUFFIONI CH (2003) Les forêts riveraines des cours d'eau,
écologie, fonctions et gestion Institut pour le
Développement forestier p460
* 82 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR -p.166.
* 83 Né en 1990
grâce à l'impulsion des associations et des institutions
l'Institut Culturel Basque est subventionné par l'Etat (Ministère
de la Culture), le Conseil régional d'Aquitaine, le Conseil
général, les communes adhérentes au Syndicat intercommunal
pour le soutien à la culture basque. Le domaine d'intervention de l'ICB
s'étend sur tout le Pays basque nord. 146 communes et une centaine
d'associations y sont adhérentes.
* 84 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR -p.177.
* 85 Syndicat
d'Aménagement de la Zone Ilbaritz Mouriscot (communes de Biarritz et
Bidart)
* 86 BALLET J., DUBOIS J-L.,
MAHIEU F-R., 2005, L' Autre développement, le développement
socialement soutenable, L'Harmattan, Paris, 130 p.
* 87 SEN A. 1992, Repenser
l'inégalité, Seuil p.66
* 88 PNUD, Rapport Mondial
sur le Développement Humain 1997, De Boeck University
* 89 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR -283p.
* 90 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR -p.72
* 91 OCDE 2001 p.10
* 92 MARECHAL JP. et QUENAULT
B. (2005) « développement durable, une perspective pour le
XXIe siècle » Réseau des
Universités » - Ouest Atlantique- p. 25
* 93 AVISE (2004)Etat des lieux
de l'insertion par l'activité économique dans les Pays de la
loire. Préconisations pour un développement territorial de
l'IAE
* 94 GROEGER A. (2005)
Etude d'évaluation économique d'un chantier
d'insertion : L'exemple des Jardins de la Montagne verte, Starsbourg -
Mémoire de Maîtrise des sciences économiques et de gestion
* 95 Décret n°
2005-242 du 17 mars 2005 relatif au contrat d'avenir, au contrat
insertion-revenu minimum d'activité
* 96 LOQUET P. (septembre
2006) « Modèle de convention pour un marché de services
de qualification et d'insertion professionnelles passé en application de
l'article 30 avec publicité et mise en concurrence.
* 97 LOQUET P. (septembre
2006) « Marché de services d'insertion et de qualification
professionnelles - Cahier des clauses techniques particulières
(CCTP) ».
* 98 Pour définir la
pédagogie, nous préférerons une définition
trouvée sur le site de la cité des sciences
(http://www.cite-sciences.fr): « Ensemble des méthodes qui
visent à éduquer, enseigner, transmettre des
savoirs ».
* 99 STOKER G. (1998)
« Cinq propositions pour une théorie de la
gouvernance »
in Revue internationale des Sciences Sociales, n°155,
UNESCO/érès
* 100 Une définition de
bio-indicateur : « Organisme, ou ensemble
d'organismes capables de traduire de façon directe et évidente
des modifications qualitatives ou quantitatives de son
écosystème» FISCHESSER B, DUPUIS-TATE MF. (2007) Le
guide illustré de l'écologie Editions de la
Martinière P.334
* 101 BRODHAG C, BREUIL F,
GONRAN N, OSSAMA F (2004) Dictionnaire du développement durable
- AFNOR - p.233
* 102 Adapté
d'après Parizeau M.-H. 1997. La biodiversité. Tout conserver ou
tout exploiter? De Boeck Université, Paris).
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