2.1.3. L'humidité
L'humidité et la pluviométrie constituent des
facteurs écologiques liés et d'importance fondamentale pour le
fonctionnement et la répartition des écosystèmes. La
répartition annuelle des précipitations est importante car le
bilan hydrique du sol et de l'air en dépend. A l'absence des
précipitations le sol et l'air deviennent secs. Dans
l'atmosphère, il y a aussi une certaine quantité des vapeurs
d'eau qui donnent à l'air son humidité. La teneur en vapeur d'eau
de l'air, exprimée en gr d'eau / m3 d'air, est
appelée hygrométrie ou humidité absolue. Le
rapport entre cette teneur d'eau et la masse théorique des vapeurs d'eau
que renferme théoriquement l'atmosphère à une
température et à une pression donnée est
l'hygrométrie relative. Les vapeurs d'eau qui se retrouvent
dans l'atmosphère proviennent de l'évapotranspiration des
végétaux, de l'évaporation au niveau du sol, des
étendues et cours d'eau et de la respiration des êtres
vivants.
On peut distinguer des organismes xérophiles
adaptés aux milieux secs, des organismes hygrophiles ayant
besoin d'un très fort taux d'humidité de l'air pour survivre et
des organismes mésophiles qui nécessitent un taux moyen
d'humidité de l'air. On peut aussi ajouter des organismes
amphibies qui préfèrent vivre dans des endroits humides
à côté des cours d'eau et des lacs ainsi que les
organismes hydrophiles ou aquatiques.
2.1.3.1. Organismes
xérophiles
1° Les plantes xérophiles :
Ce sont des plantes qu'on retrouve dans des milieux où
le taux d'humidité est faible. Cette faiblesse du taux d'humidité
est surtout due à l'insuffisance des précipitations. Les plantes
xérophiles comme les cactées, les lichens, les plantes
épiphytes et certaines espèces des fougères
présentent diverses adaptations à la sécheresse telles que
l'accumulation d'eau dans les tissus (succulence), la perte de feuilles, la
diminution de l'évaporation par la production d'une cuticule
épaisse autour du tronc, l'ouverture des stomates pour recueillir encore
une certaine quantité d'eau atmosphérique... Certains de ces
végétaux ont souvent de petite taille pour minimiser la perte
d'eau. Leurs feuilles sont petites ou réduites à des
écailles ou à des épines. D'autres pour survivre dans le
milieu sec développent un système pileux abondant pour absorber
les vapeurs d'eau atmosphérique et un puissant système racinaire
qui peut chercher l'eau en profondeur et s'étendre sur des grandes
superficies.
2° Animaux xérophiles :
Ce sont des animaux vivant dans le milieu à faible taux
d'humidité. Ils présentent également des adaptations
anatomiques et morphologiques destinées à réduire la perte
d'eau par la respiration et l'excrétion. Des insectes de milieu sec
possèdent, par exemple un appareil excréteur
spécialisé dans la récupération de l'eau contenu
dans les fèces. Chez les rongeurs déserticoles, il existe aussi
au niveau des fosses nasales une muqueuse spécialisée dans la
réabsorption de l'eau contenue dans l'air expiré.
Les animaux des milieux secs ont souvent difficile à
trouver de l'eau par leur alimentation. Certains utilisent alors de l'eau
métabolique provenant de l'oxydation in vivo des lipides et
glucides. C'est le cas du chameau et du dromadaire qui utilisent de l'eau
métabolique obtenue par l'oxydation des lipides contenus dans leurs
bosses et pour ne pas perdre beaucoup d'eau ils excrètent une urine
très concentrée.
Beaucoup des vertébrés xérophiles
évitent les fortes pertes d'eau en s'enfouissant dans de profondes
galeries souterraines aux heures les plus chaudes de la journée ou se
reposent tout simplement sous l'ombre.
2.1.3.2. Organismes mésophiles
A cette catégorie appartiennent la plupart des
végétaux des milieux tempérés, les plantes
cultivées et la majorité des animaux terrestres qui se contentent
d'une hygrométrie moyenne.
2.1.3.3. Les organismes
hygrophiles
On le retrouve dans des milieux dont les sols sont rarement
inondés mais dont l'hygrométrie de l'air est élevée
et proche de la saturation. Il s'agit des plantes épiphytes des
forêts tropicales, des Invertébrés du sol, des nombreux
Gastéropodes et Amphibiens.
2.1.3.4. Les organismes amphibies
Ils se retrouvent près des cours d'eau ; il s'agit
de certains Insectes, les Mollusques et la plupart des Amphibiens (crapauds,
grenouilles).
2.1.3.5. Les organismes
hydrophiles
Ce sont des organismes aquatiques comme les plantes des
mangroves, la jacinthe d'eau (Eichornia crassipes), la salade du Nil
(Pistia stratiotes), les poissons, etc.
2.1.3.6. Plantes des milieux secs sans
adaptations
Certains végétaux des milieux secs sont sans
adaptations à la sécheresse. Ils peuvent être
regroupés en deux catégories :
- Les plantes éphémères ou
thérophytes :
Ce sont des plantes qui ont une vie
très brève et qui profitent de très petites
quantités des pluies pour germer, croître et donner rapidement des
graines souvent à forte longévité. La vitesse de
germination de ces plantes est exceptionnelle. Au Sahara, on a
étudié 50 espèces de plantes
éphémères : 14 % ont germés au cours du
1er jour après la pluie, 88 % ont germés dans les 72 h
suivantes. Ces plantes éphémères sont très
recherchées par les éleveurs du Sahel à cause de leur
croissance rapide. Le record de développement de ces plantes a
été observé chez Boharia repens dont les
nouvelles graines tombent sur le sol moins de 10 jours que la plante ait
germé. Le plus souvent les éphémères sont naines et
dépassent rarement 30 à 40 cm de hauteur. Elles n'ont aucune
disposition de limitation de l'évaporation et présentent la
même structure que les plantes des milieux humides. Elles fanent
dès que l'eau disparaît.
- Les plantes dilapidatrices
Ce sont des plantes qui, dans le milieu désertique et
malgré l'insuffisance de l'eau dans le sol et dans l'atmosphère,
passent la saison sèche à l'état de vie active sans
diminuer leur transpiration. Il s'agit par exemple de l'amandier. Elles
réussissent, grâce à leurs longues racines et à la
bonne conductibilité de leurs vaisseaux, à prélever
suffisamment d'eau dans les couches profondes du sol et à l'acheminer en
quantité suffisante dans les organes.
Remarque :
Les végétaux ne peuvent se maintenir en milieu
sec que si les adaptations physiologiques et morphologiques spécifiques
leur permettent de palier à l'insuffisance en eau. Curieusement on
connaît des plantes de milieu humide et même très humide qui
présentent des adaptations morphologiques semblables à celles
retrouvées en milieu sec sans qu'on voie immédiatement, en quoi
elles sont utiles. Ces adaptations plus ou moins inutiles au milieu sec sont
appelées des xéromorphoses.
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