6.2. LUTTE BIOLOGIQUE
Outre les ruptures d'équilibre biocénotique, la
lutte chimique soulève des problèmes d'hygiène publique.
D'autres part, les insecticides en détruisant des insectes
pollinisateurs utiles à l'agriculture, peuvent causer des
dégâts très sérieux. Enfin l'adaptabilité des
insectes a eu pour résultat une augmentation considérable du
nombre de souches et donc d'espèces résistant aux
insecticides.
Pour éviter tous ces problèmes l'homme se
démène dans le sens de développer une lutte biologique. Le
principe fondamental de cette dernière consiste à contrôler
l'accroissement démographique naturel d'un ravageur de telle
manière qu'il reste à un niveau de densité acceptable.
6.2.1. Stratégies de la
lutte biologique
6.2.1.1. Stratégie
d'acclimatation
Dans les conditions naturelles, chaque espèce est
contrôlée par des facteurs limitants abiotiques et biotiques. On
peut lutter contre un ravageur en introduisant dans le milieu un nouvel agent
de contrôle. Cette stratégie nécessite que l'agent de
contrôle subisse d'abord une acclimatation et s'applique surtout quand on
se trouve devant un ravageur introduit de l'étranger sans son
cortège d'ennemis naturels.
6.2.1.2. Stratégie des lachers
inondatifs
La stratégie de lachers inondatifs nécessite
l'élevage au laboratoire d'un grand nombre de prédateurs ou de
parasites qu'on transportera dans les cultures au moment où les
populations du ravageur amorcent une montée dangereuse. Contrairement au
premier cas, l'agent de contrôle est présent dans la faune locale.
Il suffit d'en obtenir artificiellement de grandes quantités. Les
microorganismes sont de plus à plus utilisés. Parmi eux nous
pouvons, Bacillus thuringiensis qui a été utilisé
dans la lutte biologique contre divers Lépidoptères nuisibles et
des larves des Culicidae.
6.2.1.3. Stérilisation
La technique consiste à stériliser les
mâles des ravageurs. L'exemple classique est l'élimination de
Cochlomya hominivorax des états riverains du golfe du Mexique
en 1954 par des lâchers massifs de mâles stérilisés
à l'isotope 60 du cobalt.
Cette méthode dite autocide nécessite
malheureusement des élevages de masse et des techniques d'irradiation
très coûteuses. L'usage récent de substances
chimio-stérilisantes perturbant les étapes de la
gamétogenèse pourra permettre de réduire les frais. Leur
forte toxicité pour les vertébrés implique la
précaution de ne les employer qu'en conjonction avec des
phéromones sexuelles. Les stérilisants agissent non seulement sur
mais aussi à travers les insectes qui les absorbent.
6.2.1.4. Perturbation du
développement
L'ecdysone et la Néoténine sont deux hormones
dont l'absorption peut empêcher une larve d'insecte d'atteindre le stade
adulte. L'avantage de la Néoténine (hydrocarbure non
saturé apparenté aux sesquiterpènes) réside
toutefois dans ses caractéristiques : elle est non toxique pour les
vertébrés, agit par simple contact et ne risque pas de
créer des souches résistantes.
Les chimistes ont découvert d'autres substances
présentant une activité spécifique sur certaines familles
d'insectes. C'est le cas de la Juvabione qui n'agit que sur les
Pynhocoridae.
6.2.1.5. La confusion des
mâles
La stratégie consiste à placer dans le milieu
plusieurs diffuseurs de phéromones sexuels. Devant les nombreuses
substances attractives, les mâles sont confondus et ne savent plus
localiser exactement ou se trouvent les femelles. Cette situation limite alors
les chances d'accouplement et provoque une baisse des effectifs dans la
population du ravageur.
6.2.1.6. Autres stratégies
Parmi les autres stratégies de lutte biologique on peut
encore signaler : la sélection des plantes
génétiquement résistantes, l'amélioration des
techniques culturales et la rotation des cultures
Remarque :
La lutte biologique est efficace mais ne conduit jamais
à des miracles. Par contre la lutte chimique semble avoir des effets
immédiats très remarquables. Mais elle conduit à la
dégradation du milieu naturel et de la biodiversité compte tenu
des limites de la lutte biologique et des dangers que présente la lutte
chimique pour les équilibres écologiques et l'environnement. Une
solution à adopter semble être celle de la lutte
intégrée. Cette dernière met en oeuvre la lutte
biologique et les produits chimiques pour combattre les ravageurs. Toute fois
la priorité est d'abord donnée à la lutte biologique. Ce
n'est que lorsque celle-ci s'avère inefficace qu'on intervient
chimiquement avec des pesticides peu toxiques et plus spécifiques.
|