Chapitre 1:
NAISSANCE DE LA VILLE DE N'DJAMENA ET LE CONTEXTE
D'URBANISATION
6. Aperçu géographique et historique de la ville
6.1. Aperçu géographique
N'djaména est la capitale de la République du
Tchad, située à 15°02 EST et 12°08 NORD en zone
sahélienne chaude et sèche, à la confluence des fleuves
Chari et Logone. Elle est limitée au NORD par la sous préfecture
de Mani, à l'EST par la sous-préfecture de Ligna, au SUD-EST par
la sous-préfecture du Logone Chari.
6.2 Historique de la ville de
N'Djaména
Capitale du Tchad, la ville de N'Djaména a connu un
début d'existence agitée à cause des
événements. Son origine remonte à plusieurs
décennies. Fondée sur l'emplacement d'anciens villages disparus,
N'djaména s'est depuis lors considérablement étendue.
Chef-lieu du département du Chari Baguirmi, la ville de FORT-LAMY a
connu un début d'existence difficile. Tout a commencé en 1887,
lorsque le conquérant RABAH envahit le Baguirmi et y fait des ravages
qui attirèrent les regards de ses concurrents. Ce fut plus dans un
intérêt commercial que politique que le sultanat du Baguirmi fit
appel aux troupes Françaises installées déjà
à cette époque sur L'Oubangui. Le 23 avril 1900 s'ensuivit une
bataille entre les troupes de RABAH et celles des Français conduites par
le commandant LAMY. Au cours des combats RABAH et LAMY trouvèrent la
mort dans la région de KOUS SERIE. Alors le chef de bataille DESTENAVE
installa son poste de commandement sur la rive droite du Chari et c'est ainsi
que naquit la ville de FORT-LAMY le 23 avril 1900. FORT-LAMY fut
installé sur l'emplacement des villages disparus. Il y avait dans la
ville deux quartiers très peuplés: AZEGUENE( acacia en arabe) et
DAMAZE. La petite agglomération, fondée sur un emplacement
inhabité, se développa lentement. En 1920, le territoire du Tchad
est détaché de l'Oubangui et FORT-LAMY érigé en
commune mixte. En 1930, la ville continue de vivre tranquillement dans son site
de savane sahélienne. Mais les événements de 1940 la font
entrer
dans l'histoire, grâce à son importance militaire
stratégique. Ce fut à partir d'elle que partie la première
unité combattante de la France libre formée de soldats, de sous
officiers tchadiens pour combattre les troupes allemandes. En 1973, FORT-LAMY
fût rebaptisée N'djaména.
7. Le contexte urbain N'Djaménois: une
population urbaine en forte expansion
7.1. Evolution récente et perspective
d'évolution de la population de N'djaména et celle du
Tchad
On connaît la population récente de
N'djaména par un recensement effectué en 1993 et dont les
résultats ont été officiellement publiés en 1995. A
la date du recensement, la population de la ville était de 531 000
habitants. Dix ans auparavant, une enquête par sondage concernant la
reconstitution de l'habitat estimait à 289 000 habitants la population
de la ville de N'djaména. Sur la base des résultats du dernier
recensement, la croissance se serait accélérée
récemment mais serait de 5,7% entre 1968 et 1993. Ainsi, la population
urbaine s'accroît de 40 000 à 50 000 nouveaux habitants chaque
année. Cette additionnelle devrait être intégrée en
densifiant les quartiers existants et en urbanisant de nouveaux quartiers.
Aujourd'hui la population totale de la ville de N'djaména est
estimée à 800 000 habitants ( BCR). Cette augmentation de la
population est due pour une grande part à l'exode rural. importante.
Tableau 1.1: accroissement de la population de
N'Djaména par rapport au Tchad (1968- 2002)
Années
|
1968
|
1986
|
1993
|
1995
|
2000
|
2002
|
Population de
N'Djamena
|
132000
|
289.000
|
531.000
|
600.000
|
800.000
|
1300.000
|
Population du
Tchad
|
3.536.067
|
5.140.245
|
5.945.166
|
6.197.484
|
6.876.131
|
8.464.505
|
Taux d'évolution
N'Djaména
|
5%
|
5,7%
|
6%
|
6,0%
|
7,1%
|
7,2%
|
Taux d'évolution
Tchad
|
1%
|
2,1%
|
2,0%
|
2,1%
|
2,2%
|
4,4%
|
Source GROUPE HUIT 1996 et completée en 2000
4000000
2000000
9000000
8000000
7000000
6000000
5000000
3000000
1000000
0
1968 1986 1993 1995 2000 2010
Fig. 1.1: Evolution de la population
de N'Djaména et celle du Tchad
Années
Population de N'Djam é na
Population du Tchad
Les courbes ci-dessus présentent l'évolution de
la population de N'Djaména et celle du Tchad.Une étude
rétrospective de la population du Tchad par rapport à celle de
N'Djaména nous permet de constater que pendant la décennie allant
de 1968 à 1986, la population de l'ensemble du pays évolue de
manière constante, alors que celle de N'Djaména a presque
doubler. La meme tendance s'observe aujourd'hui si on remonte 10 ans
après entre 1993 à
2002, la population de N'Djaména qui etait de 531 000
habitants en 1993 a passé à 1 300 000habitants en 2002.Cette
évolution de la population de la ville de N'Djaména est due aux
différents mouvements migratoires que la ville a connus juste
après les indépendances précisément vers les
années 1960. Durant toute la période coloniale, N'Djaména
fut la seule ville qui a suffisamment bénéficié des
structures administratives de la colonisation. De par sa position
géographique favorable pour les échanges commerciaux entre le
NORD et le SUD du pays ainsi que les conditions stratégiques qu'elle
offre. Avec l'installation du colonisateur, cette ville s'est vite
développée au détriment des autres . On trouve à
l'époque à N'Djaména des infrastructures
éducatives, sanitaires et commerciales à savoir les
lycées, les hôpitaux et les banques. Ainsi, pour
bénéficier des diverses prestations offertes par la ville, les
populations des différentes régions du TCHAD afflueront .
Certaines vont y rester définitivement après avoir trouvé
une situation meilleure. La sécheresse des années 1984 explique
aussi en partie cette évolution rapide de la population de la ville de
N'Djaména. Cette sécheresse qui a frappé le Sahel d'une
manière générale et en particulier le TCHAD, a
obligé les populations se trouvant au nord du pays à migrer
massivement vers la ville de N'Djaména qui se trouve au sud afin de
bénéficier d'une assistance sociale de la part des donateurs
extérieurs.
7.2 Le site de la ville de N'Djaména et ses
différentes phases d'extension 7.2.1. Le site
Différentes études décrivent les
caractéristiques du site urbain. On en retiendra les points essentiels:
absence de pentes; risques importants d'inondations; inadaptation des ouvrages
de drainages existants; terrains difficiles à urbaniser. La ville est
située sur une plaine alluviale en rive droite du Chari, à des
altitudes variants faiblement(294 à 298m). Les fortes crues 9m par
rapport au niveau d'étiage sont contenues par les bourrelets de berges,
renforcés par des endiguements artificiels. Le site initial avant 1970,
s'inscrivait pour l'essentiel entre le Chari au SUD, l'aéroport au
NORD-OUEST, et la voie de contournement à l'EST et au NORD-EST. Ce
périmètre couvre un peu moins de 3000 ha. Un développement
embryonnaire s'est fait au SUD-OUEST de l'aéroport à partir des
années 50, en direction de Farcha et de Milézi. A partir de 1980
surtout, la ville s'est développée: de façon
spontanée à l'EST ( CHAGOUA, DEMBE), de façon
légale sous forme de grands lotissements mis en
oeuvre par la direction de l'urbanisme et de l'habitat et
celle du cadastre vers le NORD-EST et l'EST, essentiellement au delà de
la voie de contournement. Les extensions vers l'EST se sont faites sur des
terrains inondables et peu propices à l'implantation des
équipements urbains. C'est le cas du quartier CHAGOUA au SUD-EST de la
ville. Du fait de la coupure des installations aéroportuaires et
militaires à l'OUEST, la ville s'est beaucoup développée
à l'EST sur des zones malheureusement en grande partie inondables.
Tableau 1.2: l'état de la voirie des
quartiers CHAGOUA et DEMBE
Accès au site
|
Quartiers enquêtés
|
Total
|
%
|
Chagoua
|
Dembe
|
|
|
Facile
|
5
|
9
|
14
|
6%
|
Difficile
|
83
|
0
|
153
|
68%
|
Impossible
|
25
|
32
|
57
|
25%
|
Total
|
113
|
111
|
224
|
100%
|
source: enquête personnelle avril 2002
La ville de N'djaména a un site mal défini, de
vastes étendues périphériques parsemées
d'excavations et de zones d'argiles gonflantes, ne se prêtant
guère à une aire propice à l'extension urbaine. Ce site
plat voire à contre pente par rapport au fleuve Chari pose des
problèmes techniques à la ville de N'Djaména. Par
ailleurs, le site est caractérisé par l'existence de nombreuses
et souvent vastes zones d'argiles noires impropres à la construction.
68% des ménages enquêtés dans les quartiers CHAGOUA et
DEMBE affirment que l'accès au site de leur quartier est difficile en
toute saison. Ceci témoigne de la réalité des
difficultés de déplacements que connaissent quotidiennement les
habitants de ces quartiers.
7.2.2 L'extension spatiale de la ville de
N'Djaména
Le développement spatial s'est fait par vagues
concentriques autour du noyau originel du centre ville. L'évolution de
la couronne se fit avec une forte tendance vers le NORD et le SUD-EST,
l'aéroport constitue une barrière. A la veille de février
1 979,( année de la première guerre civile au Tchad), les 2500
hectares à l'intérieur de la voie de contournement étaient
pratiquement tous occupés.. Selon les relevés hydrologiques, les
basses eaux sont à 288,8 m et
les crues annuelles normales à 293 m. Dés que
les eaux atteignent 296 m on parle de côte d'alerte correspondant aux
crues décennales et à 297,5m et 297,8m, nous avons affaire
à une crue tous les cinquante et tous les cent ans. Pour atteindre 296m,
il faut 750 mm de pluie et à 905 mm, la cote de 297,5m est
allègrement dépassée. Or selon les statistiques
pluviométriques, malgré le déficit en eaux des cinquante
dernières années, la hauteur des pluies a dépassé
23 fois 750 mm et une fois 905 mm ( 1965). Les inondations catastrophiques de
1988 à 1991 sont dues à environ 750 mm d'eau. Si l'on tient
compte de toutes ces données, cela signifie en gros qu'une année
sur deux les habitants des quartiers allant de DEMBE à DIGUEL devraient
s'attendre à des inondations importantes.
Sur les prochaines années à venir, les besoins
devraient dépasser ha ( tableau 1.2) et la population
supplémentaire avoisinerait 700 000 personnes si l'on tient compte du
taux d'accroissement actuel qui est de l'ordre 7% par an. De ce fait, il y
aurait une extension rapide vers l'EST et le NORD- EST au delà des
quartiers CHAGOUA et DEMBE. Cependant au SUD- OUEST et à l'OUEST, le
fleuve CHARI et l'aéroport de N'Djaména constituent des obstacles
à cette poussée vertigineuse de la ville. Cette extension future
de la ville de N'Djaména s'accompagnera des problèmes de
déplacements pour les nouveaux occupants.
Tableau 1.3: Besoins en terrains urbanisables
1995- 2002
Années
|
Populations de N'Djaména
|
Populations supplémentaires
|
Populations sur nouveaux terrains
|
Surfaces à urbaniser
|
1995
|
596550
|
|
|
|
2000
|
790000
|
193000
|
128967
|
1433
|
2005
|
1020000
|
230000
|
153333
|
1704
|
2010
|
1300000
|
280000
|
186667
|
2074
|
Total
|
|
703450
|
468967
|
5211
|
source: BCR 1996 etcompletée en 2002
7.2. Les facteurs d'extension de la ville de
N'Djaména
7.2.1. Une croissance urbaine alimentée par
l'immigration
Le tableau 1.3 repartit la population totale de
N'Djaména par rapport à la population immigrante. Un premier coup
d'oeil sur ce tableau nous permet de constater que le taux des migrants
augmente considérablement tout au long de la période 1990
à 2002.
Malgré la baisse du taux de croissance observée
entre 1990 et 1995 (5,7%) ainsi qu'en 2002 ( 6,5%), la population de la ville
de N'Djaména tend presqu'à doubler. L'effectif des migrants
constitue un facteur important d'augmentation de cette population et de
surcroit d'extension de l'espace urbain.
En 2002, le taux des migrants avoisine la moitié de la
population de N'Djaména ( 45,38%). La figure 1.3 ci-dessous montre bien
la répartition de la population résidante de la ville de
N'Djaména et celle de la population immigrante. Nous constatons sur
cette figure que la population résidante et la population immigrante,
évoluent proportionnellement au cours de la décennie
1990-2002.
L'analyse de la figure 1.3 montre que d'ici les années
à venir, le nombre des migrants risque de dépasser celui de la
population résidante. Le constat vient du fait que le taux de croissance
de la population de N'Djaména baisse du moment où celui de la
population migrante augmente graduellement.
Tableau 1.3: Présentation de la
population totale et de la population immigrante de N'Djaména (
1990-2002)
N'Djaména
|
Années
|
1990
|
1995
|
2000
|
2001
|
2002
|
Population totale
|
400000
|
596550
|
790000
|
1020000
|
1300000
|
Population immigrante
|
125000
|
235000
|
277122
|
370000
|
590000
|
% des migrants dans la population totale
|
3 1,25%
|
39,39%
|
35,07%
|
36,27%
|
45,38%
|
Taux de croissance
|
5,7%
|
7%
|
6,5%
|
Source : RGPH 1996 et complétée en 2002
L'augmentation de la population et l'extension spatiale de la
ville de N'Djaména résultent en grande partie des
phénomènes migratoires que la ville a connus. Ceux-ci ont
largement contribué à l'extension de l'espace urbain de
N'Djaména d'une manière générale et en particulier
celui des quartiers Chagoua et Dembé.Devant cette perspective urbaine,
l'organisation des transports apparaît de plus en plus nécessaire,
surtout si l'on assigne aux transports urbains le rôle d'assurer toutes
les fonctions d'échanges dans l'espace urbain. L'histogramme ci-dessus
montre la part de la population immigrante dans la population totale
de N'Djaména pendant la période de 1990 à
2000 et au delà de 2000.Ces chiffres étant des estimations
calculées sur la base d'une augmentation de 7% par an Ce diagramme nous
permet de comprendre la répartition de la population immigrante par
rapport à celle résidente de N'Djaména au cours d'une
période de temps donné.
Cette population immigrante grossit l'effectif delà
population résidente et contribue ainsi à l'extension de l'espace
urbain de N'Djaména.
L'attrait de la ville de N'Djaména s'explique par le
fait que c'est la capitale du pays,le siège du gouvernement, des
institutions politiques, des missions diplomatiques et consulaires,
N'Djaména concentre également la plupart des infrastructures
socio-économiques du pays. Si :elle n'abrite pas les grosses
sociétés pourvoyeuses d'emplois, les directions
générales de ces sociétés s'y trouvent. Toutes les
institutions de l'enseignement supérieur, presque toutes les
écoles professionnelles, les plus grands établissements
secondaires, le plus grand hôpital du pays sont à
N'Djaména.
Si pendant la guerre civile de 1979-1980, N'Djaména
s'est vidée de sa population, la généralisation de cette
guerre dans tout le pays à partir de 1981 et le retour progressif de la
paix à partir de 1982 ont entraîné le retour de sa
population et celle
1400000
1200000
1000000
400000
800000
600000
200000
Fig1,2 : Répartition de la population
résidante à N'Djaména par rapport à la
population immigrante (1 990-2002)
0
1990 1995 2000 2005 2010
Années
Population résidante Population immigrante
Tableau 1.5 : Répartition de la
population immigrante à N'Djaména selon l'origine
N'Djaména
|
Lieu d'origine
|
Batha
|
BET
|
Biltin e
|
Chari Baguirmi
|
Guéra
|
Kanem
|
Logone occidental
|
Logone oriental
|
Mayo- Kebbi
|
Moyen chari
|
Ouaddaî
|
Salamat
|
Tandjilé
|
Total
|
Population immigrante
|
42245
|
35000
|
15000
|
27611
|
27159
|
30207
|
7800
|
12000
|
6400
|
6550
|
22726
|
25000
|
19424
|
277122
|
Source : RGPH 1993 et complétée en 2002.
7.2.2. la mobilité
résidentielle
A N'Djamena, outre les migrations qui contribuent fortement
à l'extension de l'espace urbain, les opérations de
réaménagement et de « déguerpissement » dans
certaines zones notamment des quartiers centraux ont provoqué le
départ des population vers la périphérie bouleversant
ainsi l'organisation de l'espace urbain. La périphérie accueille
tout à la fois des déguerpis victimes de la modernisation des
quartiers centraux et de nouveaux arrivants que des familles déjà
installées au coeur de la ville ne peuvent plus héberger du fait
des densités élevées. Il y a aussi des membres des classes
moyennes et supérieurs qui préfèrent s'éloigner
pour accéder à la propriété plutôt que de
demeurer en location.
Pour clore ce chapitre, retenons qu'il y a trois facteurs qui
contribuent fortement à l'extension spatiale de la ville de
N'Djaména.
Le premier facteur est la croissance démographique
accélérée par un taux de croissance qui varie entre 5
à 7% par an. Ce qui correspond à un doublement de la population
de N'Djaména tous les 10 ans.
Le deuxième facteur concerne l'immigration. L 'ignorer,
ou ne pas se donner lors des enquêtes de terrain les moyens de
l'appréhender ou de l'analyser correctement, conduit à sous
évaluer la population de la ville de N'Djaména et partant son
extension spatiale. Sur les 800 000 habitants que compte aujourd'hui la ville
de N'Djaména, 277 122 sont des immigrants venant des différentes
régions du pays.
Dernier point qui découle de ce qui
précède : les opérations de réaménagement et
de « déguerpissement » dans certaines zones, notamment des
quartiers péricentraux, ont provoqué le départ des
populations vers la périphérie, contribuant ainsi à
l'extension vertigineuse de l'espace urbain de la ville de N'Djaména.
Tous ces facteurs se conjuguent pour entraîner un étalement dans
l'espace des quartiers périphériques et une augmentation des
distances à parcourir. Car l'extension s'est faite sans un plan
d'ensemble, sans équipements. Ce qui a comme impact l'augmentation en
nombre de déplacements. Dans quelles conditions s'effectuent ces
déplacements ?
Chapitre 2: LES CONSEQUENCES DE
L'EXTENSION SPATIALE DE LA VILLE DE N'DJAMENA
8. Une mobilité élevée mais très
inégalement partagée
Les chefs de ménages enquêtés
réalisent en moyenne 3 déplacements quotidiens. Ce niveau de
mobilité est considérable si on le compare aux estimations,
généralement proches de deux réalisées dans
d'autres villes africaines. Cet écart peut d'abord résulter des
choix méthodologiques distincts : les déplacements
pédestres sont parfois mal recueillis, voire volontairement
ignorés. Ce qui n'a pas été le cas à
N'Djaména. Mais il est également imputable au fort taux
d'équipement en véhicules particuliers, principalement les
deux-roues motorisées ou non motorisées. Seul un chef de
ménage sur vingt ne dispose d'aucun mode de transport individuel. Enfin
, il résulte dans une proportion non négligeable, de la pratique
de la pause de midi qui induit pour les actifs et les scolaires des
déplacements à la mi-journée. Toutefois les niveaux moyens
sont trompeurs, car la mobilité est très inégalement
répartie, tant entre les chefs de ménage qu'en leur sein.
L'analyse de quelques-uns de ces principaux déterminants permet
d'évaluer ces différences.
8.1. le genre
le facteur discriminant le plus lourdement des comportement
est le genre. En moyenne les hommes effectuent 4 déplacements contre
trois seulement pour les femmes. L'explication de cet écart notable
réside dans les modes de vies très différenciés
entre hommes et femmes. Les activités des hommes s'organisent autour du
travail et de la sociabilité, tandis que pour les femmes, le rôle
de mère et d'épouse devant assurer le fonctionnement de
l'unité familiale structures l'ensemble des activités même
lorsqu'elles pratiquent une activité professionnelle. Seules les femmes
travaillant dans le secteur moderne, ce qui est alors
généralement le cas de l'époux, présentent un
comportement moins marqué par ce double rôle. A contrario, les
hommes inactifs qu'ils soient âgés et retraités ou jeunes
et chômeurs, ne se consacrent que marginalement à des
déplacements ménagers.
Cette répartition des taches amène à une
fréquentation différenciée de l'espace urbain. Les hommes
évoluent à l'extérieur du ménage tandis que
l'espace domestique et les zones environnantes son du ressort des femmes.
Ainsi, le secteur du domicile est le lieu où se déroulent la
moitié des déplacements féminin alors que ce n'est le cas
que d'un tiers des déplacements masculins.
Aux pesanteurs fonctionnelles et spatiales agissant sur les
comportement féminins, vient s'ajouter une inégalité dans
l'accès et l'utilisation des modes de transport. Si la moitié des
femmes ne disposent d'aucun mode de déplacement individuel, ce fait
concerne seulement le quart des hommes . Cela explique aisément pourquoi
prés de trois déplacements féminins sur cinq sont
effectués à pied contre à peine un tiers des
déplacements masculin.
La disponibilité et l'utilisation des modes
motorisés restent largement le privilège des hommes, qui
réalisent presque la moitié de leurs déplacements en
deux-roues motorisés ou non motorisés.
Les écarts déjà important en terme de nombre
de déplacements, sont encore amplifiés lorsque l'on
considère les seuls déplacements mécanisés.
Tableau 1.6 : caractéristiques de
mobilité quotidienne selon le genre des chefs de ménages
(Chagoua, Dembé)
Nombre de déplacements
|
Hommes
|
%
|
Femmes
|
%
|
3
|
25
|
28%
|
97
|
79%
|
4
|
67
|
72%
|
35
|
21%
|
Total
|
92
|
100
|
132
|
100
|
Déplacements mécanisés
|
|
1
|
7
|
8%
|
125
|
99%
|
3
|
85
|
92%
|
7
|
1%
|
Total
|
92
|
100
|
132
|
100
|
Budget-temps (mn)
|
|
50
|
2
|
3%
|
129
|
97%
|
70
|
90
|
97%
|
9
|
3%
|
Total
|
92
|
100
|
132
|
100
|
Budget-distance (km)
|
|
10
|
80
|
86%
|
17
|
3%
|
20
|
12
|
48%
|
115
|
87%
|
Total
|
92
|
100
|
132
|
100
|
Source : enquête personnelle avril 2002
Budget-temps = somme des temps mis dans les
déplacements
Budget-distance = il correspond à la somme des distances
parcourues par l'individu à l'occasion de ces divers
déplacements
Les activités pratiquées comme les espaces
fréquentés séparent donc hommes et femmes. Contraintes
spatiale et temporelle, d'une part, captivité modale ne permettant pas
de s'affranchir de ces contraintes, d'autre part apparaissent comme les
maîtres mots pour caractériser la mobilité féminine
tandis que la mobilité masculine se décline plutôt en
termes de contrainte professionnelle et de souplesse modale.
8.2. le lieu de résidence
L'image de périphéries réservées
de fait à des populations marginalisées ne peut guère
s'appliquer à N'Djaména. La périphérie accueille
tout à la fois des « déguerpis » victimes de la
modernisation des quartiers centraux. Elle accueille aussi les chefs de
ménage dont les membres de la famille sont nombreux ne peuvent plus
demeurer en location.
Afin d'examiner les effets du lieu de résidence sur les
comportement de mobilité, nous nous attacherons à trois types de
quartiers dans l'enquête réalisée en 1991 par la DSEED :
Le quartier Abena, dense situé à la seconde
périphérie, le quartier Chagoua et le quartier
résidentiel.
Tableau 1.7 : caractéristique de
mobilité selon le milieu de résidence
Mobilité
|
Chefs de ménage
|
Centre
|
Chagoua
|
Abena
|
Déplacements
|
4
|
5
|
6
|
Déplacements mécanisés
|
3
|
4
|
4
|
Budget-temps (mn)
|
59
|
94
|
91
|
Budget-distance (km)
|
14,9
|
27,0
|
22,9
|
Source : DSEED 1991 complétée en 2002
La somme des temps et des distances évaluées sur
le tableau ci-dessus est fonction des déplacements
mécanisés. Ceci ne concerne que les chefs de ménage qui
utilisent les deux- roues pour se déplacer.
8.3. Absence d'équipement à la
périphérie
8.3.1 les différents pôles
d'activités de la ville de N'Djaména
La ville se structure autour de deux pôles principaux:
un pôle secondaire et plusieurs carrefours internes. Le quartier
résidentiel, administratif et commercial, constitue un premier pole de
structure assez lâche. Les services administratifs, les institutions
bancaires, les ambassades et les commerces spécialisés y sont
concentrés. Ce quartier vit essentiellement au rythme des
administrations publiques de 8 heures à 14 heures.
> l'avenue Charles De Gaule fait le lien entre quartier
résidentiel, administratif et commercial et le secteur de la Grande
Mosquée et des deux marchés ( marché central,
marché à mil) qui constituent le véritable coeur de la
ville. C'est le pôle le plus puissant, il concentre 8600 commerces soit
36,6% des commerces à N'Djaména.
> les avenues Félix Eboué et Mobutu plus au
sud sont l'armature d'un pôle encore très étiré;
administratif ( Hôtel de ville, douanes, Rectorats) et éducatifs
(lycées et écoles spécialisées)
> les carrefours principaux de l'itinéraire de
contournement sont des ponts structurants en cours de développement. Le
plus important est celui de DEMBE à l'extrémité de
l'avenue Charles De Gaule. Il a à sa proximité un vaste
marché( 5000 commerces), une gare routière et diverses stations
de taxis et bus. Entre ce carrefour et la Grande Mosquée, l'avenue
Charles De Gaule( sur 3,450 km), apparaît comme l'axe majeur de la vie
urbaine.
> A l'intérieur du tissu urbain ancien, deux
marchés jouent un rôle attractif sensible. Au coeur même du
cinquième arrondissement, le marché de « champ fil »
est un pôle secondaire doté d'une gare routière de la rue
de 40 m et le marché « Al-afia » 2250 commerces est l'autre
pôle situé à l'intérieur du tissu urbain.
> A l'ouest de la ville, il n'y a pas de point d'attraction
comparable à ces carrefours. Cependant, la présence de quelques
entreprises de la base militaire et d'un quartier d'habitat font de Farcha un
pole d'importance modérée.
8.3.2. Les relations entre les différents
pôles d'activités
8.3.2.1 Relations économiques
L'analyse de la figure 2.1 concernant la mobilité nous
montre qu'il existe une certaine relation d'interdépendance du point de
vue économique entre les quartiers Dembe et Chagoua et le reste de la
ville. Ces quartiers constituent un circuit important de production et en
même temps de consommation. Le fonctionnement des industries et de
certaines entreprises de production ou de commercialisation dépend
largement de la main d'oeuvre bon marché et constituée
essentiellement d'ouvriers qualifiés ou non et venant quotidiennement
des quartiers périphériques d'une manière
générale et en particulier des quartiers Chagoua et Dembe. Ce
sont quelque fois des ouvriers qualifiés ou non qualifiés
embauchés pour des emplois à plein temps. Ainsi le quartier
résidentiel, administratif et commercial ainsi que les quartiers
où sont installées les industries (Farcha) entretiennent une
étroite relation avec les quartiers Chagoua et Dembé. Les uns
constituent un centre de production et les autres un centre de consommation. Il
en est de même pour l'Université de N'Djaména, les
lycées ( lycée Felix Eboué, lycée technique
commercial, lycée Sacré-Coeur) qui reçoivent un nombre
important d'étudiants et d'élèves venant des quartiers
périphériques dont une grande partie des quartiers Chagoua et
Dembé. Ces deux quartiers constituent un circuit important de commerce
et de vente notamment avec le centre administratif et commercial, le grand
marché situé au quartier Ambassatna. De temps en temps des
commerçants grossistes, détaillants et ambulants descendent de
ces quartiers et inondent les rues des quartiers populaires et administratifs
de leurs produits. Dans les quartiers Chagoua et Dembé, les
infrastructures bancaires sont rares voire inexistants. Ce qui oblige certains
hommes d'affaires ou employés qui veulent mettre à l'abri leurs
fonds à se rendre régulièrement dans des institutions
bancaires localisées
principalement au niveau du quartier résidentiel,
administratif et commercial. De ce fait, les quartiers Chagoua et Dembé
entretiennent avec le centre de la ville des relations financières
importantes.
Fig2.1 Schéma de Relations Inter-zones
Zone d'administration centrale
Zone résidentielle
|
|
Zone commerciale moderne
|
|
|
|
Zones périphériques
Zones industrielles
Marché centrale
Motif travail
Autre motif
Cette organisation spatiale a des conséquences
importantes pour les déplacements urbains. Le schéma ci-dessus,
simplifié, montre les composantes majeures de la ville de
N'Djaména centrée sur la zone administrative et le centre des
affaires et l'organisation de la ville populaire centrée sur le
marché et les zones d'activités industrielles. Cette organisation
spatiale qui rejette à la périphérie les quartiers
populaires, impose aux travailleurs, du secteur moderne, des
déplacements fréquents.
8.3.2.2 Déplacements des individus pour
différents motifs (le travail, les loisirs, les affaires, les
achats).
La concentration des activités et des services en un
seul lieu, entraîne des déplacements fréquents des
habitants des zones éloignées. Les différents pôles
d'activités de la ville de N'Djaména deviennent à un
moment donné de la journée des points de rencontre et des lieux
de fréquentation pour les habitants des quartiers
périphériques.
A N'Djaména, les bureaux, les petites et moyennes
entreprises, les grands magasins de vente, les industries agro-alimentaires,
les supermarchés, les grands cinémas sont localisés au
centre de la ville et autour des quartiers péri-centraux. Certains
propriétaires de ces établissements de vente justifient leur
refus de s'installer à la périphérie par le simple fait
que le centre de la ville leur offre un certain nombre d'avantages que ne peut
le faire la périphérie. Aussi la distance qui sépare le
centre de la périphérie peut aussi influencer les affaires.
Dans les quartiers Chagoua et Dembe, le travail constitue le
motif principal des déplacements de longue distance, viennent ensuite
les achats, puisqu'une bonne partie de l'activité commerciale se trouve
concentrée dans les marchés dont le rayon d'influence
dépasse les quartiers proprement dits. Les autres motifs à
savoir: loisirs, visites occasionnent peu de déplacements.
8.4. Les équipements
socio-économiques
8.4.1. Les équipements
éducatifs
A N'Djaména les établissements d'enseignement
qu'ils soient du supérieur ou du secondaire, sont insuffisants et
inégalement répartis. La majorité de ces
établissements sont localisés dans le quartier Ardeb djoumal, ce
qui oblige de nombreux élèves résidant dans les quartiers
CHAGOUA et DEMBE à effectuer de longs trajets( 5 à 7 km) souvent
à pied pour se rendre à leurs établissements.
Tableau 2.1
distance-établissements-quartiers
Trajet (km)
|
Chefs de ménage
|
%
|
5
|
35
|
5%
|
10
|
39
|
29%
|
15
|
150
|
66%
|
Total
|
224
|
100
|
Source: enquête personnelle avril 2002
Le tableau 2.1 présente les résultats des
enquêtes effectuées sur les chefs de ménages des quartiers
CHAGOUA et DEMBE. Il s'agit de la localisation de certains
établissements d'enseignement primaires, secondaires ou
supérieurs par rapport à celle de ces quartiers. A l'issu de ces
enquêtes, 66% des chefs de ménages interrogés affirment que
les établissements scolaires de leurs enfants se situent à 15 km
de leur lieu d'habitation. 29% déclarent être distants de 10 km
des écoles fréquentées par leurs enfants contre 5%
seulement qui sont situés à 5 km des établissement
d'enseignement de leurs enfants.
A N'Djaména, bon nombre des établissements
d'enseignement secondaires ou supérieurs se localisent dans le quartier
Ardep-Djoumal. Il s'agit des lycées Felix Eboué, Technique
industrielle, de l'ENAM, de l'université de N'Djaména, de
l'ISSED, du CEFOD et bien d'autres écoles professionnellement.
Comme conséquence majeure de cette situation,
l'augmentation du nombre de déplacements des chefs de ménage.
L'école constitue à coté du travail les motifs de
déplacements obligatoires pour certains chefs de ménage. Ceux-ci
avant d'arriver à leur lieu de service, doivent déposer leurs
enfants à l'école et les ramener à la maison à midi
au moment des heures de la pause, avant de regagner à nouveau le
travail. Ce qui augmente considérablement la longueur et la durée
des déplacements quotidiens. Généralement la somme du
temps des déplacements d'un chef de ménage dans les quartiers
Chagoua et Dembé est de 94 minutes pour une journée, et la somme
des longueurs des déplacements est évaluée à 27
km..
8.4.2 Les équipements sanitaires: un
équipement sanitaire précaire
A N'Djaména et plus particulièrement dans les
quartiers CHAGOUA et DEMBE, les déplacements pour raisons de
santé sont importants. Le quartier CHAGOUA dispose d'un centre de
santé mais dont la capacité d'accueil est faible. Ce centre
n'offre ses services que pour les soins primaires. Pour les cas graves et
compliqués, les malades de ces quartiers vont soit à
l'hôpital central soit à l'hôpital de la liberté
situés respectivement aux quartiers Ambassatna et Diguel. Dans le
quartier DEMBE, on note la présence de 2 dispensaires qui couvrent
difficilement les besoins des habitants raison pour laquelle ceux-ci doivent
parcourir 5 à 6 km quelques fois à pied vers les hôpitaux
de la Liberté et Central pour des soins . Le tableau (2.2) nous
présente quelques données des enquêtes menées dans
les quartiers CHAGOUA et DEMBE.
Tableau 2.2: taux de fréquentation des
structures de santé par les chef de ménage des quartiers CHAGOUA
et DEMBE
localisation de l'établissement
sanitaire
|
Quartiers enquêtés
|
Chagoua
|
Dembe
|
Total
|
%
|
Dans le quartier
|
28
|
36
|
64
|
25%
|
Hors du quartier
|
85
|
75
|
160
|
75%
|
Total
|
113
|
111
|
224
|
100
|
source: enquête personnelle avril 2002
FIG2.3 proportion des ménages fréquentant
les structures de santé selon leur
dans le quartier 29%
hors du quartier 71%
dans le quartier hors du quartier
Dans ces quartiers , l'absence des services d'hygiène
et d'assainissement, vient accentuer la situation sanitaire des habitants. Les
conditions de santé des habitants ici sont très précaires.
Sur les 224 ménages enquêtés, 75% se soignent dans les
hôpitaux hors de leur quartier contre 25% seulement qui
fréquentent les structures sanitaires dans leur quartier. Les raisons
tournent autour du manque de matériel de base. Ils ne peuvent traiter
certains cas de maladies. Cela oblige de nombreux malades résidant dans
ces quartiers à aller se faire consulter dans les structures sanitaires
des quartiers centraux, ce qui nécessite ainsi des déplacements
importants. A N'Djaména, la plupart des structures de santé,
à savoir les hôpitaux, les cliniques et les cabinets
médicaux ou pharmacies se localisent dans le quartier
résidentiel, administratif et commercial, les quartiers
péricentraux et dans quelques quartiers populaires. Dans les quartiers
périphériques il n'existe presque pas de structures de
santé. Celles qui en tiennent lieu fonctionnent tant bien que mal
malgré l'absence de matériels de soins et l'insuffisance de
personnel soignant. La ville de N'Djaména compte deux grands
hôpitaux, l'hôpital général de
référence et l'hôpital de la liberté,
localisés respectivement dans les quartiers Ambassatna et Diguel. Les
cabinets médicaux et pharmacies se trouvent le long des grands axes et
avenues ainsi que dans certains quartiers péricentraux. L'absence de ces
structures dans les quartiers périphériques s'explique par le
manque de desserte de ces
derniers en électricité et le faible pouvoir
d'achat de la population. En effet, certains produits pharmaceutiques exigent
des conditions de stockage favorables telles qu' une bonne ventilation ou
aération, c'est le cas des produits à conserver au frais. Ce qui
est impossible dans ces quartiers périphériques. De plus, les
habitants des quartiers périphériques d'une manière
générale et en particulier ceux des quartiers CHAGOUA et DEMBE
ont un niveau de vie faible. Ce qui ne leur permet pas de s'approvisionner
quotidiennement dans les pharmacies ou les cabinets médicaux.
L'hôpital général de référence national et
celui de la liberté offrent des possibilités de soins à
moindre coût à ces individus. Ces hôpitaux ont dans leur
sein des pharmacies dont le prix des produits est subventionné. Ainsi,
les habitants des quartiers périphériques pour tout
problème de santé aussi grave soit-il, doivent parcourir
quotidiennement 5 à 6 km quelque soit le moyen de déplacement. Le
diagramme ci-dessus nous montre que beaucoup des ressortissants de ces
quartiers fréquentent de plus en plus ces hôpitaux. Sur les 224
chefs de famille enquêtés dans ces quartiers, 75% affirment se
déplacer quotidiennement pour des problèmes de soins.
8.4.3 Les équipements commerciaux
Le marché de DEMBE devenu le marché de CHAGOUA
par le nouveau découpage des arrondissements est le seul marché
qui draine la plupart des ménages des quartiers
périphériques surtout ceux situés au NORD-EST et au SUD de
la ville de N'djaména. Toutefois, ce marché n'offre pas tout ce
dont la population a besoin , ce qui oblige certains à aller faire leurs
achats au Grand marché situé dans le quartier Ambassatna distant
des quartiers Chagoua et Dembé de 4 à 5 km. L'analyse du tableau
2.3 nous donne les différents motifs des déplacements des chefs
de ménages des quartiers Chagoua et Dembé en pourcentage. Il
ressort de ce tableau que 30% des déplacements s'effectuent dans le
cadre du commerce. Compte tenu des difficultés de fonctionnement du
transport en minibus, une grande partie de ce déplacements se fait
à pied. Le marché de CHAGOUA éprouve d'énormes
difficultés pour son fonctionnement pendant la saison des pluies
où les inondations empêchent certains vendeurs d'occuper
normalement leur place. Ce qui réduit le taux de fréquentation de
ce marché. Dans les quartiers CHAGOUA et DEMBE, en dehors du travail qui
occasionne des migrations quotidiennes, le commerce et les affaires s'y
ajoutent pour faire de ces quartiers des lieux de flux et reflux permanents.
Photo. 2.1. et Photo. 2 .2.
Quartier Dembé. Les difficultés de desserte des
quartiers périphériques par les minibus entrainent une
augmentation des déplacements à pied. (29-04-2002,
clichét : Nadmian
Tableau 2.3: Récapitulatif des motifs de
déplacement selon les chefs de ménage dans les quartiers Chagoua
et Dembé.
Motifs des
déplacements
|
Chagoua
|
Dembé
|
Total
|
%
|
Nombre de
déplacements
|
Nombre de
déplacements
|
Travail
|
55
|
45
|
100
|
45%
|
Achat
|
7
|
15
|
22
|
9%
|
Visites
|
15
|
10
|
25
|
11%
|
Affaires/commerce
|
33
|
35
|
68
|
30%
|
Loisirs
|
3
|
6
|
9
|
4%
|
Total
|
113
|
111
|
224
|
100
|
source: enquête personnelle avril 2002
Fig.2.4 proportion des déplacements
loisirs
affaires 30%
travail 45%
visites 11%
4%
achats 10%
travail achats visites affaires loisirs
Les motifs de déplacements s'organisent autour de trois
grandes sphères d'activités: la vie professionnelle ( travail et
études), la vie sociale ( incluant visites et loisirs), et la vie
quotidienne ( achats, démarches, religion, accompagnements, commerce).
Presque la moitié des déplacements( 45%) relève de la
sphère professionnelle et l'autre moitié se partage entre la vie
sociale (15%) et la vie quotidienne ( 40%) dont rien que 30% pour le commerce.
Ces proportions se modifient durant le week-end, moment
privilégié des activités de sociabilité qui
suscitent pratiquement la moitié des déplacements. Les
déplacements ménagers et de sociabilité s'effectuent
majoritairement à l'intérieur de la zone d'habitat. En revanche,
pour les activités professionnelles les habitants des quartiers CHAGOUA
et DEMBE se déplacent entre le domicile et les secteurs limitrophes ou
le centre ville. Le diagramme ci-dessus nous donne en pourcentage les
différents motifs de déplacements. On constate que le travail est
le motif principal des déplacements des ménages des quartiers
CHAGOUA et DEMBE. A l'époque coloniale, les quartiers DJAMBA-BARH,
DJAMBA-GATO, BOLOLO constituaient les premières couronnes des quartiers
ayant abrité les institutions de l'administration coloniale ainsi que
les résidences. Après les indépendances,
précisément vers les années 1960, ces mêmes
structures abritent les institutions de l'Etat tchadien, à savoir les
services. Cependant, malgré l'extension de la ville depuis les
années 1960 à nos jours, ces structures sont toujours
restées les seules points d'attraction de la ville de N'Djaména.
Ce qui fait que les habitants des quartiers d'extension récente doivent
effectuer quotidiennement des déplacements plus ou
moins longs pour accéder à leurs lieux
d'activité. Après le travail, le commerce et les affaires
occupent la seconde place dans les déplacements des ménages, 30%
des ménages affirment se déplacer quotidiennement par rapport au
commerce. Car en effet, à N'Djaména la plupart des marchés
de la place sont approvisionnés quotidiennement par les habitants venant
des quartiers périphériques. Ce sont eux les plus grands
fournisseurs de denrées alimentaires de toute sorte. Le faible niveau de
vie des habitants des quartiers périphériques les amènent
aussi à se lancer dans des activités comme le petit
élevage ou l'agriculture qui leur permet de survenir à leurs
besoins quotidiens.
Le tableau 2.4 nous présente les données
concernant les différents moyens de déplacements utilisés
par les chefs de ménage à chaque motif de déplacement.
Ainsi, nous avons 100 chefs de ménage qui se déplacent
quotidiennement pour le travail sur les 224enquétés. Ces 100
chefs de ménage utilisent différemment les moyens de
déplacement dans le cadre de leur service. Plus de la moitié soit
55 d'entre eux se déplace en vélo ou moto, 25 en minibus, 5 en
voiture particulière et 15 à pied.
Plusieurs raisons expliquent la forte utilisation des
deux-roues pour les déplacements-travail. Il y a d'abord la
nécessité de se rendre tôt sur le lieu de service
généralement distant d'environ 15 à 20 km des quartiers
Chagoua et Dembé. C'est la distance qui sépare le centre de la
périphérie.
L'étirement des quartiers périphériques
dans l'espace entraîne une augmentation du trajet à parcourir par
les chefs de ménage. Aussi, le système de fonctionnement des
minibus ne permet pas à certains chefs de ménage d'utiliser ces
véhicules. Les bureaux s'ouvrent généralement à 6h
30 mn. Pour éviter des pertes de temps causées par les minibus,
bon nombre de chefs de ménage préfère disposer d'un engin
personnelle quelque soit le prix pour arriver à temps au travail.
Les motos et vélos utilisés viennent du
Nigéria ou encore de Kousserie au Cameroun sous forme de pièces
détachées et vendus par les commerçants de la place. Le
prix d'achat d'un vélo importé à N'Djaména
coûte entre 60 000 à 70 000fcfa selon le modèle.
L'évolution du nombre d'utilisateurs a forcément
entraîné une augmentation du nombre des vendeurs et par
conséquent une baisse du prix d'achat.
La fragilité des contrôles douaniers à
travers la frontière N'Djaména-Kousserie et la fraude favorise et
facilitent l'entrée de ces engins. Certains commerçants font deux
opérations à la fois, la vente et le montage des deux roues.
Dans les quartiers Chagoua et Dembé, bon nombre de
chefs de ménage ne sont pas propriétaires de leurs engins.
Beaucoup profite de la location journalière qui varie de 500fcfa pour
les vélos et plus pour les motos.
La souplesse des taxes d'importation et de circulation est un
autre facteur favorisant l'utilisation des deux-roues.
La maintenance également est une activité
florissante permettant l'utilisation des deux-roues en offrant des services
rapides et bon prix aux utilisateurs des vélos et motos. Elle est
pratiquée dans presque tous les coins et les rues des quartiers
périphériques. Ces réparateurs achètent des engins
inutilisables à vil prix pour les revendre à leur tour à
un prix dérisoire après réparation.
Tableau 2.4 : l'utilisation des moyens de
déplacements par rapport aux motifs par les chefs de ménage.
Motifs de
déplacements
|
Moyens de déplacements
|
Vélo-motos
|
Minibus
|
Voiture particulière
|
Marche à pied
|
Total
|
Travail
|
55
|
25
|
5
|
15
|
100
|
Achat
|
12
|
2
|
1
|
7
|
22
|
Visites
|
5
|
3
|
2
|
15
|
25
|
Affaires/commerc e
|
15
|
14
|
5
|
34
|
68
|
Loisirs
|
3
|
0
|
1
|
5
|
9
|
Total
|
90
|
45
|
24
|
66
|
224
|
source: enquête personnelle avril 2002
Photo. 2.3 et Photo. 2.4 la
bicyclette et la moto sont devenus pour les habitants des quartiers
périphériques, un moyen de déplacement incontournable dans
la ville de N'Djaména (29-04-
2002,clichet : Nadmian)
photo 2.5. Quartier Chagoua.
L'utilisation des deux-roues offre des opportunités. C'est le cas des
magasins de vente des pièces détachées venant du Nigeria,
qui est devenue une affaire assez florissante. Ceux-ci se sont agrandi et
spécialisés ces dernières années.( 29-04-2002,
clichet : Nadmian)
Photo. 2.6. Dépannage de vélos
par des jeunes Photo. 2.7. Quartier
Dembé. La réparation est
apprentis reparateur dans le quartier Chagoua.
devenue une activité artisanale très intense qui
se
(29-04-2002,clichet : Nadmian) fait
en plein air sous les arbres. ( 29-04-2002,
cichet Nadmian)
photo 2.8.Quartier Dembé.
Le montage des vélos se fait sur les trottoirs. L'intensité de ce
commerce ayant déjà largement dépassé le cadre du
magasin. ( 29-04-2002, cichet : Nadmian)
|
Photo. 2.9 Les vélos sont
déjà montés et attendent les clients pour la location
journalière ou la vente. ( 29-04-2002, clichet :
Nadmian)
|
8.5. Les équipements d'infrastructures
8.5.1 La voirie
A N'Djaména, l'absence de grande voirie transversale ou
périphérique se fait nettement sentir. Cette lacune oblige en
effet le passage obligatoire par le centre pour aller d'une
périphérie à l'autre. Ceci ne permet pas une organisation
rationnelle des transports urbains et provoque des difficultés
importantes (allongement des parcours, congestion de la voirie) dans le
fonctionnement des réseaux de transports. Le réseau de voirie
doit permettre d'assurer deux fonctions complémentaires de transport
:
> la fonction « liaison » déplacement entre
quartiers
> la fonction « desserte » ou accessibilité
à l'habitat, aux activités, aux commerces.
En général, ces fonctions ne relèvent pas
du même type de circulation et de mode de transport. La fonction desserte
est le fait d'une circulation lente et plus généralement encore
de la marche à pied. La fonction « liaison » demande une
circulation rapide motorisée et également le recours aux
transports collectifs.
Cette remarque amène à considérer deux
types de voiries : les voiries de liaison interquartiers(ou voirie primaire) et
des voiries de desserte (ou voiries résidentielles). On concevra
aisément que les caractéristiques des voies (gabarit,
tracé, revêtement) ne sont pas identiques et que la
priorité dans la mesure des ressources disponibles, doit être
portée sur la voirie de liaison qui revêt plus d'importance pour
l'organisation des transports. Or on est obligé de constater que le
réseau primaire lui-même est insuffisant et mal entretenu.
Tableau 2.5 : Classement des quartiers selon
leur équipement routier
Quartiers
|
Voirie primaire (km)
|
Voirie secondaire (km)
|
Voirie tertiaire (km)
|
Total
|
%
|
Milézi
|
15
|
3
|
3
|
21
|
3,7
|
Farcha
|
20
|
1
|
1
|
22
|
3,9
|
Madjorio
|
23
|
1
|
3
|
27
|
4,8
|
Djambagato
|
15
|
1
|
1
|
17
|
3,0
|
Goudji
|
25
|
3
|
1
|
27
|
4,8
|
Klémat
|
35
|
2
|
1
|
39
|
7,0
|
Mardjandaffack
|
15
|
1
|
2
|
19
|
3,4
|
Bololo
|
12
|
3
|
1
|
14
|
2,5
|
Djambal barh
|
22
|
0,5
|
1
|
26
|
4,6
|
Ambassatna
|
32
|
1
|
2
|
34,5
|
6,1
|
Gardolé
|
10
|
0,5
|
3
|
14
|
2,5
|
Kabalaye
|
15
|
7,5
|
2
|
15,5
|
2 ,7
|
Ardep djoumal
|
14
|
0,5
|
1
|
23,5
|
4,2
|
Sabangali
|
38
|
2
|
2
|
39,5
|
7,0
|
Amriguébé
|
42
|
1
|
2
|
46
|
8,2
|
Ridina
|
55
|
1
|
2
|
58
|
10,4
|
Repos
|
63
|
0,5
|
1
|
65
|
11,6
|
Paris-Congo
|
44
|
0,5
|
1
|
45,5
|
8,1
|
Moursal
|
55
|
3
|
1
|
56,5
|
10,1
|
Dembé
|
2
|
4
|
4
|
9
|
1,6
|
Chagoua
|
3
|
0,5
|
5
|
12
|
2,1
|
Diguel
|
49
|
1,5
|
2
|
51,5
|
9,2
|
N'djari
|
41
|
15
|
3
|
45,5
|
8,1
|
Total
|
631
|
36,5
|
54
|
556,5
|
100
|
Source : GROUPE HUIT, complété en 2000
Voirie primaire = voirie dont le tracé a 30 à
40 m de largeur et relie le quartier aux grands ensembles de la ville
Voirie secondaire = c'est une voirie qui dessert les
quartiers. Le tracé varie de 10 à 20m de largeur. Voirie
tertiaire = c'est une voirie qui donne accès aux habitations.
Le tableau 2.5 donne la répartition des voiries par
quartier. Il ressort de ce tableau que les quartiers Chagoua et Dembé
sont mal desservis. En effet, sur les 556,5 km de voies que compte la ville de
N'Djaména, les quartiers Dembé et Chagoua représentent en
terme de pourcentage successivement 2,1% et 1,6%. Cette situation à
comme conséquence l'enclavement de ces quartiers.
8.5.2 Les moyens de transport en commun
Pour la circulation intra-urbaine N'djaména est la seule
capitale africaine où il n'y a pas de service de transport en commun.
L'organisation actuelle des transports collectifs privés
est désarticulée et onéreuse pour les
habitants car elle respecte la logique du gain facile des transporteurs. Il n'y
a pas de réseau qui aille d'un bout à l'autre de la ville et les
voyageurs sont obligés de faire des correspondances coûteuses en
temps et en argent. Pour aller de DEMBE à FARCHA ( environ 15 km) ou de
CHAGOUA à FARCHA (environ 20 km), il faut trois correspondances par
minibus dont les tarifs ont été multipliés avec
l'augmentation des prix du carburant. A N'Djaména, il est facile et
possible de trouver un minibus à partir du centre-ville vers les
quartiers périphériques quelque soit le moment de la
journée. Par contre, c'est pratiquement impossible et rare de trouver un
minibus à la recherche d'un client dans l'autre sens à tout
moment, parce que les habitants des quartiers périphériques en
dehors du travail, empruntent rarement les minibus pour se déplacer .La
demande est forte en début de matinée correspondante aux heures
de service mais très faible vers la fin de la journée. Mais les
minibus viennent déposer les gens à la périphérie,
on les emprunte pour aller dans le sens inverse. Cette situation influe sur la
distance domicile-station. Dans les quartiers CHAGOUA et DEMBE, la situation
est encore grave. C'est avec peine que certains rejoignent leur lieu d'emploi.
Dans les stations, les chauffeurs des minibus n'embarquent leurs passagers
qu'après avoir fait le plein. Ce qui fait perdre une demie heure
à certains employés pressés d'atteindre leur lieu
d'activité. Les difficultés d'importation des pièces
détachées réduisent le parc de ces véhicules et par
conséquent entraînent leur utilisation rationnelle. Ces minibus
qui sont conçus pour embarquer 12 à 15 personnes, doublent le
nombre des passagers à bord créant ainsi un
phénomène d'inconfort total. Les passagers sont entassés
les uns sur les autres après une longue attente dans les stations. Cette
situation d'inconfort oblige certains à faire recours aux moyens de
déplacement individuel. La défaillance du service de transport
collectif est donc palliée soit par la marche à pied, soit par
les deux-roues à moteur et les vélos. Certains optent pour la
marche à pied surtout pour les déplacements de courtes distances.
Le tableau 2.6 nous donne la part de chaque moyen de déplacement
employé quotidiennement par les ménages des quartiers CHAGOUA et
DEMBE.
Photo. 2.10.
L'insuffisance des minibus entraîne leur
surexploitation. Quartier Dembé, un minibus surchargé de
passagers. Certains clients souffrent de l'inconfort comme c'est le cas ici.
(29-04-02) : Cliché Nadmian).
Photo. 2.11.
L 'etat de délabrement des minibus constitue un danger
permanent pour les populations des quartiers périphériques.
( 29-04-2002, clichet :
Nadmian)
Photo. 2.11.
Les Difficultés de gestion, l'entretien, la
vétusté des minibus empêchent une bonne exploitation du
parc. (29-04-2002, cliché : Nadmian)
Le tableau 2.6 présente les chefs de ménage
selon la catégorie socio-proféssionnelle et selon les moyens de
déplacements utilisés. Les moyens de déplacements varient
d'une catégorie socio-proféssionnelle à une autre.
L'analyse de ce tableau nous permet de constater que prés
de la moitié des déplacements se fait à pied soit 44%
contre 43% effectués en vélos et motos, 6% seulement en minibus.
L'augmentation des déplacements à pied s'explique par plusieurs
raisons. La présence massive des manoeuvres et des petits
commerçants dans ces quartiers en est une. Ceux-ci exercent des
activités temporaires n'ayant pas d'horaire fixe. Bon nombre de
déplacements effectués par la CSP2 et CSP4 ne sont pas
localisés à cause de leur caractère temporaire. Ils ne
sont pas obligatoires, comme c'est le cas pour les chefs de ménage
appartenant à la CSP1 et CSP2.
Aussi, ces déplacements ne sont pas quelque fois longs.
Ce qui n'exige pas souvent des moyens mécanisés. Les minibus sont
utilisés à 6% par toute catégorie confondue. La diminution
de leur effectif par les difficultés de maintenance ces dernières
années, explique leur absence dans les zones
périphériques. Certains exploitants de minibus refusent
volontiers de desservir les quartiers périphériques de peur
d'exposer leur véhicule à l'usure. Car en effet les pièces
de rechange de ces véhicules sont rares et c'est ce qui rend encore la
maintenance difficile. Beaucoup d'exploitants préfèrent mettre
leur véhicule sur des sites bien aménagés, comme c'est le
cas dans certains quartiers populaires de N'Djaména.
Tableau 2.6: moyens de déplacement par
catégorie socio-professionnelle des chefs de ménages des
quartiers CHAGOUA et DEMBE
Moyen de
déplacement
|
Catégorie socio professionnelle
|
CSP1
|
CSP2
|
CSP3
|
CSP4
|
Total
|
%
|
Vélo-moto
|
15
|
45
|
25
|
12
|
97
|
43%
|
Minibus
|
5
|
3
|
1
|
5
|
14
|
6%
|
Voiture particulière
|
10
|
1
|
2
|
0
|
13
|
5%
|
Marche à pied
|
6
|
31
|
17
|
46
|
100
|
44%
|
Total
|
36
|
80
|
45
|
63
|
224
|
100
|
Source : enquête personnelle avril 2002
CSP1= Cadres supérieurs, professions libérales,
patrons CSP2= Cadres moyens, commerçants
CSP3= Ouvriers qualifiés, techniciens
CSP4= Ouvriers non qualifiés, manoeuvres
Dans les quartiers Chagoua et Dembé, l'utilisation des
moyens de déplacement varie selon que le chef de ménage
appartient à telle ou telle catégorie proféssionnelle ou
sociale. Une enquete a été ménée à cet effet
et les résultats sont consignés dans le tableau
2.7
Tableau 2.7: taux d'utilisation des
différents moyens de déplacement selon chaque catégorie
socioprofessionnelle
Catégorie socio-
professionnelle
|
Moyens de déplacements
|
Vélo-moto
|
Minibus
|
Voiture particulière
|
Marche à pied
|
Total
|
CSP1
|
15
|
5
|
10
|
6
|
36
|
%
|
41%
|
13%
|
27%
|
16%
|
100
|
CSP2
|
45
|
3
|
1
|
31
|
80
|
%
|
56%
|
3%
|
1%
|
38%
|
100
|
CSP3
|
25
|
1
|
2
|
17
|
45
|
%
|
55%
|
2%
|
4%
|
37%
|
100
|
CSP4
|
12
|
5
|
0
|
46
|
63
|
%
|
19%
|
7%
|
0%
|
73%
|
100
|
source: enquête personnelle avril 2002
CSP1= Cadres supérieurs, professions libérales,
patrons CSP2= Cadres moyens, commerçants
CSP3= Ouvriers qualifiés, techniciens
CSP4= Ouvriers non qualifiés, manoeuvres
Il ressort du tableau ci-dessus que la marche à pied et
les deux-roues tiennent une place de choix quelque soit la catégorie
socio-professionnelle du chef de ménage . les taux d'utilisation des
vélos motos et de la marche dans les déplacements sont les
suivants : 41% et 16% pour les chefs de ménage appartenant à la
CSP1, 56% et 38% pour ceux de la CSP2, 55% et 37% pour ceux de la CSP3, 19% et
73% pour les chefs de ménage de la CSP4.
En effet, comparativement aux moyens de déplacements
à deux-roues et à la marche à pied, le taux d'utilisation
des minibus est partout faible pour toute catégorie socio-
professionnelle confondue. La faible fréquentation des
minibus par rapport aux autres moyens de déplacements s'explique
toujours par les même raisons déjà évoquées
un plus loin.
Dans les quartiers périphériques, la demande en
minibus est faible en mi-journée, par contre elle est forte en
début et en fin de journée. Ce qui contraint les conducteurs de
minibus pour des intérêts économiques, à remplir
leur véhicule avant de quitter le stationnement. Cette situation ne
convient pas aux chefs de ménage pressés dans leur
déplacement. En plus de cela , il faut tenir compte de la
réduction du périmètre desservi au cours de la saison de
pluies, moment pendant lequel les routes dans les quartiers
périphériques ne sont plus pratiquables.
FIG 2.5 la part des moyens de déplacement par
catégorie socioprofessionnelle
100% 90% 80% 70% 60%
|
|
|
|
50% 40% 30% 20% 10% 0%
|
|
marche à pied voiture particulière minibus
vélo-motos
|
|
|
|
CSP1 CSP2 CSP3 CSP4
|
|
|
Les histogrammes ci-dessus permettent de montrer clairement
les données portées sur le tableau 2.7. l'axe des abscisses
correspond aux données relatives aux chefs de ménage par
catégorie socio-professionnelle , l'axe des ordonnées comportent
les données concernant le taux d'utilisation de chaque moyen de
déplacement. Cette figure apparaît comme la synthèse du
tableau 2.7. le commentaire a été largement
développé dans les pages précédentes.
8.5.3 Les principales stations
Le tableau 2.8 nous donne l'emplacement des stations et leur
nombre depuis 1996 à 2000. Nous constatons en effet que dans certains
emplacements, les points de stationnement ont doublé voire même
triplé. Ce qui n'est pas le cas dans les quartiers Chagoua et
Dembé où
les points n'ont pas sensiblement augmenté. Cette
situation contribue fortement à l'isolement de ces quartiers. Aussi
l'insuffisance des points de stationnement dans les quartiers
périphériques a comme conséquence l'augmentation du trajet
domicile-station et vice versa. Tableau 2.8 : Liste des
stations utilisés par les minibus
Emplacement des stations
|
Nombre des points de stationnement
|
1996
|
2000
|
Marché de mil
|
3
|
5
|
Dembe
|
2
|
3
|
Diguel
|
3
|
6
|
Marché central
|
1
|
8
|
Douane
|
1
|
4
|
Farcha
|
1
|
5
|
Chagoua
|
1
|
2
|
Mosquée
|
1
|
6
|
HilleGazaz
|
1
|
5
|
Voie Pompidou
|
1
|
4
|
Rue de 50 m
|
1
|
5
|
Champ de fils
|
1
|
7
|
Ngueli
|
1
|
4
|
Sessebane
|
1
|
4
|
Goudji
|
1
|
5
|
Abena
|
1
|
1
|
Gredia
|
1
|
3
|
Palais du 15 janvier
|
1
|
3
|
Source : GROUPE HUIT 1996 ET COMPLETE EN 2000
8.5.4. les lignes des minibus
L'exploitation des véhicules se fait suivant des lignes
dont les tracés entre les stations sont plus ou moins fixes, empruntant
le plus souvent des voies revêtues. Au cours de la saison sèche,
à l'intérieur de la ville, ou sur la périphérie
Est, certaines lignes utilisent des voies en
terrain naturel. En saison des pluies, le trafic se concentre sur
les routes revêtues. conséquence, isolant ainsi les habitants des
quartiers Chagoua et Dembé
Tableau 2.9 : Principales lignes des minibus
Nom de la ligne
|
Longueur (km)
|
Marché central - Dembe
|
3,45 km
|
Marché central - Chagoua(et contournement vers Dembe)
|
5,25 + 1,7 km
|
Marché central - Chagoua- Abena
|
5,25 + 0,7 km
|
Marché central - Sessebane
|
4,3 km
|
Marché central - Rue de 50 m
|
4,45km
|
Marché central - Farcha (Milézi - Madjorio)
|
6,65 km
|
Marché central - Palais du 15 janvier
|
4,45 km
|
Marché de mil - Palais du 15 janvier
|
3,9 km
|
Marché de mil - Champ de fils
|
2,6 km
|
Marché de mil - Diguel
|
3,45 km
|
Marché de mil - Dembe (Léproserie)
|
4,8 km
|
Marché de mil - Dembe
|
3,8 km
|
Dembe - Chagoua - Ngueli
|
1,2 + 7 km
|
Dembe - Amtoukoui
|
2,5 km
|
Dembe- Diguel (par voie de contournement)
|
5,4 km
|
Dembe - Goudji - Paris Dakar
|
6,5 + 4 km
|
Source : GROUPE HUIT 1996 COMPLETEE
Pour clore ce chapitre, retenons que l'augmentation de la
population et l'abaissement de la densité qui lui est associée
contribuent ainsi tous deux à accroître la longueur moyenne des
déplacements. En l'absence de planification urbaine spécifique,
la taille de la ville à moyen terme correspondra à des
déplacements de très grandes distances. Le surcroît de
temps consacré aux transports entraine une diminution du temps
réservé à la vie sociale et à l'équilibre
socio-économique des familles. L'usage des deux-roues comme solution
alternative
pour les transports urbains mérite d'être
envisagé, car il représente de grands avantages, notamment
d'accessibilité et d'ubiquité.
IIème partie:
LES PROPOSITIONS D'AMENAGEMENT DANS LES QUARTIERS CHAGOUA ET
DEMBE PAR RAPPORT AUX DEPLACEMENTS
|