LA FONCTION COMMERCIALE DANS LES ENTREPRISES FINANCIERES :
ANALYSE DES COMPOSANTES ET DES INTER RELATIONS AVEC LES AUTRES FONCTIONS
(BANQUE ).
INTÉRÊTS DE L'ÉTUDE
Les banques constituent un maillon important du circuit
économique par leur vocation à collecter des fonds et à
financer les entreprises et les ménages. C'est un secteur qui
était dominé par quelques grands établissements qui
exerçaient leurs activités dans un cadre très
réglementé par les pouvoirs publics et ne connaissait pas la
forte concurrence que l'on retrouve dans les autres secteurs de
l'économie.
Cette concurrence limitée mettait les banques dans
une position distante par rapport à la clientèle. Cependant les
contextes ont évolué depuis vingt à trente ans,
nous avons assisté à une libéralisation des conditions de
banques et à l'ouverture massive de nouveaux établissements et
d'agences ce qui fait paraître la banque plus proche de la
clientèle. L'activité bancaire qui appelait les
départements en charge de la clientèle service exploitation
commence à restructurer la fonction commerciale et à la doter
ainsi de services qui assument toute leur plénitude à l'instar
des autres activités tournées vers le public.
Ce mouvement qui est bien suivi et analysé dans les
pays évolués intéresse bien évidemment les
banques sénégalaises qui ont-elles aussi des
préoccupations de rentabilité et de développement. Un
examen du fonctionnement de la banque moderne qui mette en exergue les
nouveaux outils managériaux utilisés ainsi que les mutations de
la fonction commerciale au sein de la banque revêt un
intérêt certain, à notre sens, pour le secteur.
PROBLÉMATIQUE
Les banques mettaient l'accent traditionnellement sur la
fonction de production, de conception de produits ou services et
d'intermédiaire financier, et dans cette logique la fonction commerciale
n'occupait pas une place privilégiée au sein de la banque, les
cadres, en particulier ceux à la tête des points de vente,
étaient avant tout des techniciens des opérations de banque,
chargés de vendre et de veiller à l'application de
procédures rigides. On demandait au chef d'agence ou fondé de
pouvoirs de faire preuve de compétences techniques en particulier
concernant les prêts.
De plus, au Sénégal les premières banques
crées étaient d'abord des banques dites de développement,
BNDS, USB avec le fameux compte k, SONABANQUE avec le financement des
maitrisards, etc....
Ces établissements étaient des pourvoyeurs de
crédits ou plutôt de prébendes à une
clientèle de privilégiés. Il existait d'autres
établissements mais l'Etat y détenait également des
participations et essayait d'orienter leurs interventions. La banque
était donc perçue au Sénégal comme un
établissement de service public qui octroyait parcimonieusement ou pas
selon la conjoncture des faveurs à la clientèle. Bien
évidemment cette situation a changé avec la débâcle
des banques de développement et la restructuration bancaire qui s'en est
suivie en 1990 _1991. Le secteur bancaire est maintenant dominé par des
établissements majoritairement privés et le libre jeu de la
concurrence y est de rigueur à l'instar des autres pays
évolués. Ainsi le rôle accordé à
l'activité de vente est devenu primordial pour la banque, ce qui a eu
pour conséquence de modifier profondément la relation de la
banque avec la clientèle.
Aussi, nous estimons qu'il est utile d'opérer une mise
à jour des différentes fonctions dans le cadre de cette mutation
de la banque, et de savoir :
Quelle est la place de la fonction commerciale au sein
de la banque moderne ?
En outre depuis plus de vingt ans , les financiers ont
manifesté un engouement nouveau pour les concepts de management et
notamment un intérêt accru envers l'aspect marketing de leur
gestion .Il serait donc intéressant de savoir :
Comment le marketing est pratiqué dans les
banques ?
Le marketing est assurément un outil pratiqué au
Sénégal puisque le secteur est dominé par des filiales de
grands groupes qui appliquent, c'est connu, des politiques et des
procédures dérivées de celles qui sont définies par
la maison mère mais :
Le marketing a t `il prouvé sa
nécessité dans le contexte du marché
sénégalais ?
Ensuite, avec l'introduction des nouvelles technologies comme les
cartes et les évolutions constantes que cela engendre dans le
fonctionnement de la banque :
Quelles sont les orientations commerciales des banques
dans leur développement ?
Objectifs de la recherche
Mieux comprendre la fonction commerciale et le marketing d'un
domaine d'activités qui est voisin du mien l'assurance.
Acquérir des connaissances et des outils qui permettraient
de gérer et d'organiser avec plus d'efficacité et de
visibilité des activités de bancassurance éventuellement.
Résultats attendus
A travers l'étude de la fonction commerciale et des
pratiques marketing qui la sous-tendent au Sénégal nous
entendons :
- Apporter notre contribution à une réflexion
sur un thème relativement nouveau et crucial pour la banque à
savoir le marketing bancaire.
- Mettre en exergue les avancées et les insuffisances
décelées dans le développement commercial des banques
depuis la restructuration bancaire.
Cette étude comporte deux parties. La première est
à dominante théorique et permettra d'analyser, à travers
la description du fonctionnement de la banque, les interrelations entre les
différentes fonctions ainsi que la prépondérance de la
fonction commerciale dans la banque moderne. La deuxième partie est
consacrée à l'analyse de la situation du marketing et des
politiques commerciales dans les banques Sénégalaises et à
nos recommandations
PREMIERE PARTIE :
L'EMERGENCE DE LA FONCTION COMMERCIALE DANS L'ENTREPRISE
FINANCIERE.
CHAPITRE I : LE FONCTIONNEMENT DE L'ENTREPRISE
FINANCIÈRE.
SECTION 1 : LA FONCTION APPROVISIONNEMENT/COLLECTE
DE RESSOURCES.
Les points principaux à connaître en
matière d'étude de ressources approvisionnement sont au
départ communs quel que soit le domaine d'activités
concerné. On peut retenir comme liste indicative : les principaux
types de biens ou services achetés et leur localisation
géographique et enfin le fait que chaque catégorie d'achat
analysée représente dans les approvisionnements totaux.
L'activité bancaire se trouvant au carrefour de l'offre et de la demande
de capitaux des différents agents économiques la fonction se
réalise selon deux processus dans lesquels les banques jouent un
rôle différent :
1-1 L'intermédiation bancaire
Il s'agit du métier de base du banquier, à
servir collecter pour son propre compte des fonds auprès des offreurs de
capitaux et prendre le risque de prêter aux demandeurs. Dans ce
schéma, la banque est économiquement et juridiquement la seule
contre partie de ses clients (offreurs ou demandeurs), ce qui justifie la
définition suivante de l'intermédiation bancaire : c'est
l'activité par laquelle une banque met en rapport offreurs et demandeurs
de capitaux en intercalant son bilan entre eux. Ainsi, les banques collectent
des ressources auprès des offreurs de capitaux et financent les
demandeurs par l'intermédiaire notamment des prêts. Les
établissements de crédit obtiennent leurs ressources sous trois
grandes formes :
1-1-1 Indication et coûts des principales ressources de
la banque :
- Les dépôts à vue
Ils représentent les fonds déposés par
les clients dans l'objectif d'une utilisation passible à tous moments,
par le biais de retraits de caisse, de versements, de chèques ou de
paiements par monétique (cartes). Leurs utilisations
régulières par des franges de plus en plus importantes de la
population (commerçants, salariés...) démontrent leur
rôle prépondérant, non seulement pour les banques, mais
aussi pour l'économie dans son ensemble. Actuellement leur non-
rémunération en fait une ressource de faible coût pour les
banques. Néanmoins les frais de gestion et de financement de ces comptes
(coût des agences, frais relevés de comptes) sont importants.
- Les comptes d'épargne
L'épargne représente des dépôts de
fonds soumis à des conditions particulières (notamment en
matière de liquidité et de disponibilité) en
échange d'une rémunération spécifique ou
d'avantages particuliers (droit à des prêts, réduction de
la fiscalité...). Les ressources d'épargne coûtent
généralement plus chers aux établissements de
crédit que les dépôts à vue, mais en contrepartie,
la durée de conservation des fonds est plus longue. En effet, si les
fonds épargnés ne sont jamais réellement
«bloqués », leur liquidité est souvent soumise
à des conditions contractuelles (pénalité sur la
rémunération en cas de retrait avant l'échéance du
compte par exemple) qui limitent, dans la pratique, l'importance des
remboursements. Aujourd'hui,, en matière de produits d'épargne
bancaire la classification en fonction de la durée reste la plus
pertinente (un compte à terme normal requiert un blocage de 3 mois au
minimum alors qu'un plan d'épargne logement est approvisionné au
minimum durant 3 ans sans possibilité de retrait), mais une
différenciation importante doit être réalisée entre
les produits à aux libres (fixées par l'établissement) et
ceux à taux réglementés ((fixées par les pouvoirs
publics) comme livrets d'épargne par exemple.
Généralement, les produits à taux libre évoluent
corrélativement à `évolution des taux (taux d'escompte de
la BCEAO ? l'UEMOA) alors que e taux de rémunération des
livrets connaît une inertie élevée.
- Les fonds propres et quasi- fonds
propres
Ils constituent certes des ressources, pour un
établissement de crédit, mais leurs caractéristiques
économiques et juridiques les distinguent clairement des autres types de
ressources. L'apport de capitaux prend en effet un risque d'associé et
n'est plus simplement, comme en matière de dépôt ou
d'épargne, un créancier de la banque. Les fonds propres sont
constitués, à l'instar des entreprises traditionnelles de parts
de capital, auxquelles s'ajoutent les bénéfices conservés
(sous forme de réserves, de report à nouveau...)
Les quasi- fonds propres représentent divers types de
valeurs mobilières assimilables dans certains cas aux fonds propres
(titres participatifs, certificats d'investissement...)
1-1-2 Les sources d'approvisionnement
Les banques traditionnelles françaises qui sont les
premières établies au Sénégal ont ouvert des
agences dans tous les centres économiques du pays, à Dakar mais
également dans les villes de l'intérieur qui avaient des
potentialités économiques dans l'agriculture ou la pêche.
Ce maillage géographique leur permettait de capte le maximum de
ressources disponibles d'autant que les secteurs économiques
étaient contrôlés par de grands groupes français,
Lesieur, Sonacos, Agriculture, Saupiquet -SNCDS pour la pêche, CFAO pour
le commerce, etc.
Les orientations des filiales de ces grands groupes bancaires
qui sont resté au Sénégal n'ont pas beaucoup
changé. La BICIS et la SGBS ont les réseaux d'agences les plus
importants ce qui leur procure de loin des ressources le plus importantes du
marché comme nous le verrons plus loin.
Par contre, les banques de création récente ont
fait une analyse sectorielle différente, il est vrai que les principaux
secteurs économiques (huilerie, pêche, tourisme, phosphates) n'ont
pas connu les développements escomptés du fait d'un crise
persistante. Elles ont aussi ainsi de se focaliser sur les comptes de grandes
entreprises installées dans la capitale et les opérations
à l'international. Les services bancaires (crédit documentaire,
BOT, transferts...) constituent la dominante de leurs activités.
Citibank et Ecobank sont donc des établissements monoguichets qui ne
font pas recours au public pour la collecte de ressources, elles se limitent
aux opérations rentables qu'elle réalise avec certaines
entreprises.
1-2 Le marché financier
Il est fondé sur un échange de patrimoine entre
l'offreur de capitaux (qui offre de l'argent et le demandeur de capitaux qui
donne un titre). Le marché permet le rapprochement direct de l'offre et
de la demande de capitaux. Il est fait une différenciation entre le
marché financier (marché des capitaux à moyen et long
terme) et le marché monétaire (marché à court
terme) mais cette différenciation est purement pédagogique car le
fonctionnement est identique et les deux instruments fondamentaux
utilisés sont les mêmes :
- Les actions
Les actions sont des valeurs mobilières,
représentatives de parts de capital, émises par des entreprises
et qui confèrent, à leurs possesseurs, des droits et des devoirs)
d'associé. Quatre droits fondamentaux caractérisent une
action : la perception des dividendes, un éventuel boni de
liquidation, le droit de vote et le droit préférentiel de
souscription.
- Les obligations
Les obligations sont des valeurs mobilières qui
confèrent à leurs possesseurs un droit de créance vis
à vis de l'entreprise émettrice. Cette différence
fondamentale, par rapport aux caractéristiques des actions, implique
deux droits fondamentaux ; le remboursement de l'obligation à sa
valeurs facile et le paiement régulier d'un intérêt sous
forme de coupon.
- Les rôles de la banque dans les marchés
Les banques sont surtout très actives comme
émettrices d'obligation ou en tant qu'intermédiaires. Les
émissions obligataires sont devenues courantes au Sénégal,
les banques visitées en ont réalisées chacune plusieurs
durant l'année 2001 pour leur propre compte ou pour le compte de grandes
sociétés (SONACOS, SONATEL...) n'est pas encore qu'à ses
prémisses qui sur le marché boursier est peu
développé. La bourse régionale des valeurs
mobilières (BRVM) qui a démarré ses opérations
qu'en septembre 1998. c'est une institution financière. La cotation est
le résultat e la combinaison entre la valeur économique
intrinsèque spécialisée crées sous la forme du
titre et la rencontre entre l'offre et la demande sur le marché) de
société anonyme au capital de 2,9 milliards F Cfa. Elle a quatre
fonctions : la location des valeurs, la publicité des transactions,
la vente d'informations boursières et la mise en action du fonds de
garantie. Une seule société sénégalaise en
l'occurrence la SONATEL est présentement cotée à la BRVM
d'Abidjan, les grandes banques sénégalaises ont néanmoins
toutes crée des sociétés de gestion et
d'intermédiation (SGI) qui sont leurs intervenants commerciaux. Ils sont
soumis au contrôle du Conseil Régional de l'Epargne Publique et
des marchés financiers auprès duquel elles doivent obtenir
l'habilitation d'exercer. Au démarrage du marché, les SGE
jouissent du monopole de négociation et de conservation. Il existe
également ce qui est appelé le «marché
interbancaire » qui permet aux établissements de crédit
de se prêter ou de s'emprunter des capitaux à court terme, mais au
Sénégal les banques empruntent principalement à la BCAO la
liquidité qui leur ferait défaut. Sous ce registre la BCAO a la
particularité d'être la seule banque sénégalaise
à disposer d'une filiale à Paris, la CBIC. Cette filiale permet
aux émigrés d'ouvrir localement des comptes en devises et
à la BCAO de capter ainsi ses des fonds importants qui sont très
utiles pour les opérations de transfert. La CBAO n'ayant pas de maison
mère comme recours aux lignes de crédit des banques
extérieures et de la BCEAO pour ses opérations de
l'international.
SECTION 2 : LA FONCTION PRODUCTION ET
L'INFORMATIQUE
Il n'y a pas dans le cadre des activités de service, de
séparation nette entre production et échange, de distinction
claire entre processus et résultat (A. Dayan). Les services sont
produits au contact du consommateur, et la partie cruciale de la prestation et
l'appréciation de sa qualité ont souvent lieu en présence
des utilisateurs, en interaction avec eux. L'établissement doit tout
d'abord disposer d'une infrastructure et d'un personnel correspondant à
la demande. Dans les établissements bancaires comme dans toutes les
activités modernes ce sont les outils de l'informatique qui sont au
coeur de la production car ils permettent d'opérer ou de drainer des
traitements lourds consistant à piloter les flux et à actualiser
des stocks. Les personnels chargés de la conception et de la livraison
des services doivent également posséder les capacités
techniques avec l'évolution permanente des moyens de production. Les
supports et les flux traités sont multiples, ce qui nous amène
à étudier d'une part les composantes de la fonction production
dans une banque et l'importance de l'informatique d'autre part.
2-1 Les différentes composantes de la production
2-1-1 La gestion des dépôts
Cette fonction a pour mission d'assurer la gestion de
l'ensemble des comptes de dépôts de la clientèle ainsi que
les événements pouvant les affecter, ce qui regroupe :
· Les ouvertures de comptes, les modifications
d'état civil et les clôtures ; la fonction production doit
être garante de la cohérence et de la fiabilité des
informations collectées en vue de leur entrée dans les
systèmes informatiques. Dans le cas contraire, certains points de la
réglementation risquent de ne pas être respectés et, de
plus, l'ensemble des bases de données de l'établissement
utilisées par exemple, par le marketing, ne présenterait pas le
degré de fiabilité requis.
· L'ouverture et la gestion de comptes à
régime de fonctionnement spéciaux : comptes d'avocats
(CARPA), comptes séquestre, indivision ;
· La gestion d'événements
spécifiques affectant les comptes. Par exemple, la succession, les
saisies, les avis à tiers détenteurs, les interdictions bancaires
et le FECP (fichier des incidents de chèques et de paiement). L'ensemble
de ces points engage la responsabilité de l'établissement, leur
gestion doit être parfaite.
· La vérification des règles
édictées par les pouvoirs publics et déclaration à
l'administration fiscale de l'ensemble des ouvertures de comptes.
2-1-2 La gestion de l'épargne
L'ensemble des produits d'épargne directement
gérés par les banques, à savoir livret, épargne
logement, compte à terme, bons de caisse etc....) est soumis à
des règles de fonctionnement plus ou moins strictes fixées par
les pouvoirs publics. L'innovation récente est que le fameux livret est
supprimé et est remplacé par une carte bancaire qui permet
à son détenteur de faire ses consultations et opérations
directement au niveau des DAB ou GAB.
Leur mode de rémunération et les avantages qui
peuvent leur être liés nécessitent une procédure de
gestion et de suivi. Cette fonction est notamment chargée de :
· Procéder aux ouvertures, fermetures et
modifications des produits ;
· Procéder aux actualisations et aux calculs
d'intérêts ;gérer les événements
exceptionnels de type clôture anticiper rupture de contrat, succession,
transfert ;
· Déterminer les droits acquis sur certains
produits, notamment l'épargne logement ;
· Veiller au respect des règles en vigueur sur
l'ensemble de ces produits : solde minimum et maximum, durée,
rémunération, fiscalité.
2-1-3 La gestion des titres
Cette fonction gère l'ensemble des titres
détenus par la clientèle dans l'établissement ; ce
qui comprend :
· Les actions et les obligations, les titres cotés
comme les actions SONATEL sont d'ailleurs obligatoirement détenus chez
un intermédiaire financier ;
· Les bons du trésor etc.
La gestion de ces supports consiste notamment
à :
· Procéder à l'ensemble des souscriptions
de titres demandées par la clientèle ;
· Transmettre à la BRVM, via une SGI, les ordres
d'achat ou de vente de la clientèle ;
· Gérer l'ensemble des stocks de titres de la
clientèle en les positionnant sur des comptes titres, ouverts pour
chaque client ;
· Assurer le paiement des dividendes, des coupons ou des
intérêts versés par l'émetteur.
Cette activité peut être rentable pour la banque
qui prélève des commissions de négociation et
perçoit des commissions lors de la réalisation
d'événements.
2-1-4 La gestion des encaissements
Les circuits d'encaissement sont réellement le centre
neveux de l'ensemble du système bancaire. C'est en effet grâce
à eux que les instruments de paiement vont s'échanger et que les
mouvements financiers peuvent circuler. Ils sont complexes car ils mettent en
jeu plusieurs établissements nationaux et étrangers ainsi que de
très nombreux supports (papiers ou informatisés). Parmi ceux-ci,
citons notamment les chèques, les effets, les virements, les avis de
prélèvement, les opérations carte...
· La problématique des circuits
d'encaissement
Pour que des instruments de paiement puissent
s'échanger, il est nécessaire de faire coexister deux types de
circuit. Le premier permet la circulation des supports et le second le transit
des flux financiers.
La complexité apparaît ici clairement et est,
dans la réalité, amplifiée par le nombre
d'opérations et par la variété des supports. Mais les
circuits d'encaissement ont connu une évolution majeure depuis quelques
années à l'occasion du passage du papier à
l'électronique. L'objectif principal qui est poursuivi, de nos jours,
est de dématérialiser et d'automatiser les opérations
dès qu'elles rentrent dans la banque avec pour finalités :
- Un abaissement des coûts,
- Une réduction des ressaisies,
- Une optimisation de l'utilisation des circuits
· Les circuits de paiement : les outils
Les banques utilisent quatre principaux circuits
d'encaissement dont un circuit spécifique sur l'international : les
circuits d'opérations sur support papier tels que les chèques et
les effets, les circuits électroniques avec une procédure
d'échange de fichiers pour les opérations de virement et avis de
prélèvement, le circuit des cartes de paiement et enfin le
circuit de paiement développé par la
société SWIFT qui est constitué d'un vaste
réseau mondial auquel sont connectées aujourd'hui presque toutes
les banques.
En nombre d'opérations, le circuit des cartes et celui
des supports électroniques ont fortement progressé dans les
banques Sénégalaises. La SGBS a par exemple ouvert la
délivrance des cartes de retrait d'argent à tous les
détenteurs de comptes. Il n'est plus exigé un revenu minimum de
300 000 F CFA ou l'ouverture d'un compte au guichet des
privilégiés. Cette banque ne prélève pas non plus
de frais sur les retraits d'argent dans ses distributeurs de billets mais
gère mieux ainsi sa nombreuse clientèle de particuliers qui se
présentent devant les guichets à la fin de chaque mois et
à certaines échéances.
Ce nombre d'opérations est donc si important qu'il est
indispensable d'industrialiser les traitements. « Les enjeux en terme
financier sont tels que le temps de circulation (rapidité) et la
fiabilité (sécurité) deviennent les enjeux majeurs. Ce
constat pousse l'ensemble de la profession à rechercher une approche du
traitement de la profession à rechercher une approche scientifique du
traitement des processus. Bien sur le corollaire doit en être un
abaissement des coûts de traitement unitaire » (Luc
André-CC Banques populaires France). Et l'informatique demeure
l'outil central de cette industrialisation de la production bancaire.
2. 2 L'informatique centre nerveux de la banque
2-2-1 Les missions
Dans la banque l'informatique doit associer la machine aux
collaborateurs, afin de simplifier, mais aussi d'améliorer la
qualité et la productivité de leur travail. Elle agira en
collectant, en traitant et en stockant des matières d'information
considérables au travers de techniques répétitives.
L'informatique bancaire remplit les missions suivantes :
- La collecte des informations qui peut se
réaliser :
+ en externe, en provenance de réseaux ou de remise
de fichiers.
+ en interne, grâce à des opérations de
service au quotidien par les
collaborateurs.
- La deuxième phase consiste dans le traitement des
données avec une maximisation des délais et une
convivialité accrue, tout en respectant un haut niveau de
sécurisation des opérations.
- Le stockage des données
Ici l'objectif est de pouvoir consulte de façon
périodique ou ponctuelle des informations.
- la phase suivante concerne la restitution des
données :
+ en interne à l'attention des utilisateurs,
+ en externe en direction des clients, des fournisseurs ou
de divers prestataires.
- Le pilotage
Il représente un composant essentiel de la fonction
informatique dans la mesure où il constitue une fonction transversale
qui permet une parfaite synergie entre quatre composantes
précédentes. Il joue aussi un rôle de gestion des
réseaux.
2-2-2 les objectifs
Ces missions pouvaient être assumés
commodément avec les systèmes lourds qui étaient
implantés dans les banques sénégalaises. Ces
systèmes nous dit-on faisaient du développement de chaîne
et n'offrait de surcroît aucune convivialité aux utilisateurs.
CDEAO a fait une migration informatique en se dotant d'outils
tels que TDC Bank- Office qui permet une inter connexion de tout son
réseau d'agences, et d'un progiciel qui permet la numérisation
des cartons de signature.
BST à l'issue d'une année de validation des
modules de gestion pris en charge par le progiciel IBIS 2000, a opéra le
basculement de son système d'exploitation bancaire à la fin du
mois de septembre 2000.
Ces acquisitions participent d'un souci de modernisation de
ces établissements et les objectifs visés seraient :
- Un accroissement des gains de productivité
- Une amélioration de la qualité des
services
- Une diversification de la gamme de services offerts.
Le rôle important de ces outils est souligné
puisque les banques réalisent maintenant véritablement un
processus industriel, mais il faut aussi un bon processus d'organisation
administrative et commerciale pour atteindre les objectifs visés.
SECTION 3 LA FONCTION COMMERCIALE
3-1 Les missions
le système bancaire repose essentiellement sur le
réseau d'agences et les missions de la fonction commerciale consiste
à les piloter et à les dynamiser.
La fonction commerciale doit, généralement,
à partir des orientations ? commerciales de
l'établissement :
- Fixer en accord avec les chefs d'agences et les
chargés de clientèle, les objectifs commerciaux et les moyens
pouvant se révéler nécessaires à leurs attentes.
- Suivre périodiquement la réalisation de ces
objectifs et procéder aux actions de redressement en cas de
nécessité.
- Assister les agences et les chargés de
clientèles dans tous leurs besoins commerciaux (support publicitaire,
sponsorisation ...)
- Remplir un rôle d'interface entre le réseau et
les fonctions stratégiques de l'établissement, notamment le
marketing. Cette fonction de relais est indispensable pour mettre les
commerciaux en cohérence avec les orientations de l'établissement
et pour transmettre au service marketing le ressenti du réseau sur
l'évolution des besoins et attentes de la clientèle. Cette
dernière mission permet de situer la place du marketing dans
l'établissement, car l'organisation commerciale peut être
inégale ou différente selon les établissements.
3-2 L'organisation de la fonction
commerciale
La fonction commerciale des établissements de type
français n'intègre pas le marketing qui est une fonction à
part avec ses composantes stratégique et opérationnel. C'est une
fonction rattachée au pôle dit stratégique
c'est-à-dire à la direction générale de
l'entreprise. La décentralisation des responsabilités et des
capacités vers les agences et les clientèles est le principal
souci des directions commerciales. En France cela amène à la
création bien souvent de véritables échelons ou directions
régionales regroupant à la fois la direction commerciale et des
directions d'engagement. Au Sénégal, la tendance est d'accorder
des pouvoirs des pouvoirs d'engagement à quelques commerciaux
appelés fondés de pouvoir dans quelques grands
établissements comme la SGBS et BICIS, mais les prêts et les
engagements importants sont accordés par des comités de
crédit réunis autour du directeur général. Les
chefs d'agence n'ont pas à fortiori aucun pouvoir d'engagement, ils
se contentent de recueillir des demandes de préparer les dossiers et de
les transmettre à la direction générale. A la BST par
exemple, il n'existe pas de notion de fondé de pouvoirs, toutes les
demandes de crédit sont examinées par le comité de
crédit. L'agence BST bénéficie d'une autonome
administrative et le chef d'agence est responsable de la gestion des
opérations. Il peut initier des dépenses dans le cadre du budget
défini d'une autonomie administrative et le chef d'agence est
responsable de la gestion des opérations. Il peut initier des
dépenses dans le cadre du budget défini par la direction mais en
respectant les procédures de validation.
Par contre, au cours des dix dernières années
selon Ph. Burrocoa.(Banque
magazine n° 610) la majorité des
banques à réseaux français ont transformé les
équipes agences en forces commerciales, responsables non plus seulement
du traitement des opérations de leurs clients mais bien de
l'exploitation d'un territoire et d'un fonds de commerce. Les agences
gèrent désormais de façon active non seulement les clients
connus, qui fréquentent l'agence, mais aussi les clients moins connus
que les chargés de clientèle apprennent à solliciter
à bon escient. Cette évolution installe nécessairement le
marketing au niveau des commerciaux et du réseau, ce qui a amené
la mise en place de Customers Relationship
Management qui intègrent des processus marketing et
commerciaux. Le marketing intervient désormais dans l'organisation de
l'activité des commerciaux. Les banques anglo-saxonnes ont
adopté cette démarche depuis fort longtemps.
3-3 Le plan d'action commercial (PAC)
Les objectifs commerciaux d'un établissement se
déclinent plus concrètement à travers le plan d'action
commercial qui est un concentré des orientations stratégiques et
des décisions du pôle de direction. Le plan d'action commercial
peut préciser d'abord le champ des opérations :
universalité des métiers ou activité de
« niche », ciblage de la clientèle, diversité
de l'offre des produits et services, couverture géographique du pays
etc.
pour retenir ses options la direction générale
s'appréciera sur différentes études :
· A caractère général :
économiques (croissance, situation monétaire et taux
d'intérêt, emploi, inflation, analyse du commerce
extérieure...) démographiques et sociologiques,
géographiques, intégration du contexte politique...
· Plus particulièrement ciblées sur la
profession bancaire : études comportementales de la
clientèle, analyse du marché et de ses besoins, état de la
concurrence et de ses offres, environnement juridique et fiscal ...
Dès lors l'état major de la banque est à
même :
+ de spécifier les structures qu'elle voudra mettre
en place : segmentation de la clientèle (par taille, par secteurs
économiques, par nature des besoins : les investisseurs
institutionnels, les grandes entreprises, les PME/PMI...), mise en place d'une
structure dédiée par marché, choix d'un organigramme
(direction des grandes entreprise, direction des affaires, éclatement de
l'exploitation par marchés dédiés...)
+ de préciser les moyens qui leur seront
dévolus : moyens matériels (des locaux aux systèmes
informatiques de traitement, ressources humaines (ce qui pose le
problème du choix des hommes, de leur qualification, de leur formation,
investissements financiers (allocation des ressources, clé de
répartition des charges...),
+ de fixer les grandes lignes des objectifs qui seront
poursuivis : en terme d'activité (part de marché en clients,
en capitaux- ressources et emplois, en produits) et au niveau de la
profitabilité attendue,
+ d'instaurer les systèmes de contrôle et de
suivi indispensables à la mesure de la réalisation des
visées (structures et niveaux de contrôle, sélection des
paramètres et des segments à suivre,
périodicité...),
+ d'organiser les circuits de communication interne (la
transmission des messages mais aussi le retour sur information, et externe
(actions marketing).
Le plan d'action commercial relève ainsi d'une
interaction des différentes fonctions et d'un consensus de l'ensemble
des structures de vente. Les démarches qu'il comporte pourraient se
décliner à l'échelle d'une grande agence de banque ou d'un
secteur géographique délimité. L'élaboration de
plan d'action commercial dénote s'il est encore bien, que pour
développer une relation commerciale en direction d'un client il faut
qu'il soit fait appel à un minimum d'organisation et de concertation. Et
les banques ne se privent pas d'emprunter les outils modernes de management
pour assurer leur expansion. Nous allons étudier ces mutations de la
relation banque/client à travers l'évolution de la fonction
commerciale.
Section 4 La fonction financière
La fonction financière est une composante de la
politique générale définie par l'entreprise et elle est
basée sur la trilogie rentabilité, pérennité,
croissance. La poursuite de ces objectifs s'apprécie à travers
les outils classiques ou nouveaux dont disposent les services financiers et
comptables. Son champs d'investigation est constitué par le bilan et les
comptes de résultats de l'établissement.
4-1 Les fondements de la fonction financière
4-1-1 La rentabilité
Les banques sont des établissements dont la
rentabilité est principalement fondée sur le différentiel
de taux entre les emplois et les ressources. Il importe donc de
préserver la rentabilité menacée par l'augmentation rapide
des coûts. Le secteur se modernise et fait face à des
investissements de plus en plus lourds : extension et informatisation des
réseaux, locaux de prestige, compétences nouvelles à
recruter et à garder, position à conserver etc....) Sous la
pression des contraintes externes ou des changements et modification internes,
les équilibres fondamentaux d'une entreprise sont affectés de
manière plus ou moins grave et il s'agit en général
d'opérer un choix prioritaire correspondant à la situation du
marché. La pratique dominante en cette conjoncture difficile est la
recherche de la rentabilité. les objectifs sont envisagés en
distinguant les effets immédiats attendus et les effets
différés :
· Les effets immédiats
- L'accroissement de la situation nette comptable avec le
report des résultats dégagés,
- L'augmentation des distributions de dividendes qui viennent
conforter l'attachement des associés.
· Les effets différés
Ils visent de manière directe ou indirecte, à
donner à l'entreprise des bases de valorisation supérieures qui
se traduisent par :
- L'amélioration de la valeur patrimoniale ;
- Le renforcement de la valeur de rendement.
Et c'est dans les modalités de renforcement de cette
rentabilité que nous rencontrons l'omniprésence de la fonction
commerciale. Car les actions à mener devront porter sur :
l'optimisation des recettes et la réduction des coûts.
· L'optimisation des recettes
Elle passe par la sélectivité de divers moyens
dont les mieux adaptés sont :
- Le choix des canaux de distribution les plus
cohérents avec le positionnement choisi et les plus profitables au plan
des marges potentielles
- Le rejet des marchés pénalisant pour les
marges par le poids de leurs exigences tarifaires, ou pour la trésorerie
en matière de délais de règlement. Exemple : certains
marchés de l'état, financement de la campagne agricole etc.
Elle passe aussi par une réduction des risques
commerciaux qui se traduit par
- Un tri de la clientèle en fonction de sa
solvabilité, de son intérêt commercial et de sa
fidélité,
- Un choix des canaux de distribution à la mesure des
budgets proportionnels ou publicitaires, afin d'obtenir les résultats
souhaités.
· La réduction des coûts
L'amélioration des marges bénéficiaires
passe par une réduction des coûts de production, surtout de
l'optimisation des approvisionnements et de la logistique. Le directeur
financier d'une grande banque française indique (la banque
fonctionnement et stratégie - GARSUAULT) que la
première étape des interventions de la direction
financière consiste en la recherche des ressources les moins
chères du moment. Dans un deuxième temps elle fixe un prix de
revient pour cette ressource et la met à la disposition de l'ensemble
des pôles d'activité de l'établissement.
La compression des charges financières est facile si
les taux directeurs sont bas.
En définitive c'est par une combinaison judicieuse de
l'ensemble des actions que l'objectif de rentabilité retenu sera
atteint. Et les actions prédominantes sont conduites par les services
commerciaux au sens large.
4-1-2 La croissance
la croissance occupe une place importante dans la politique
générale de l'entreprise. Dans ses modalités, elle
s'appuie sur deux paramètres :
· La progression du chiffre d'affaires ou des marges,
· L'augmentation des parts de marché
La croissance est également un ensemble d'enjeux
qualitatifs comme le degré d'intégration de l'activité
(ici c'est la capacité de l'entreprise à générer de
la valeur ajoutée), ou l'étendue des gammes
commercialisées.
4-1-3 La pérennité
La recherche de pérennité passe plus que toute
autre option éventuelle par u équilibre rigoureux entre les
paramètres de la politique générale. La principale
condition de la pérennité est la solvabilité. Elle
s'analyse par l'importance des fonds propres comparés au total des
actifs. La couverture des risques est également une condition
nécessaire. Les ratios ci-dessous permettent de cerner la
pérennité : Capitaux propres (comptables)/ Total
de l'actif.
Capitaux propres réévalués/actifs
à risque.
4-2 L'organisation de la fonction
comptable
La fonction comptable d'un établissement bancaire
repose sur deux éléments principaux : une automatisation
(intégration) fiable et quasi générale des
écritures comptables ainsi qu'une organisation
décentralisée mais pilotée et contrôlée.
4-2-1 Intégration et automatisation des
opérations
La fonction comptable recouvre la quasi- totalité des
activités et des opérations bancaires qui opèrent sur des
volumes d'opérations extrêmement importants.
De plus, elle est relativement complexe et surtout
nécessite, pour des raisons de sécurité et de suivi des
flux, un grand nombre d'écritures intermédiaires et de comptes
pivots.
Pour qu'une fonction comptable agisse correctement et avec un
nombre limité de collaborateurs, il est nécessaire d'automatiser
un grand nombre d'écritures comptables.
Ainsi par exemple, lorsqu'une remise de chèque est
réalisée dans une agence bancaire, l'opération
réalisée au guichet (généralement sur un terminal
informatique) va générer automatiquement les écritures
nécessaires sur le compte du client (crédit) et le compte pivot
« remise de chèque » (débit). Dans un second
temps ce compte pivot sera re crédité automatiquement par le
débit d'un autre compte choisi en fonction de la nature ou de la
provenance de ce chèque. Il en sera de même pour la quasi-
totalité des autres types d'opérations réalisées
par les banques (mise en place de prêts, virement, paiement de
chèques etc....) qui, elles aussi, auront une génération
d'écriture comptable automatique.
4-2-2 Décentralisation et contrôle
Compte tenu du nombre important de fonctions ayant recours
à des écritures comptables, les établissements bancaires
utilisent des systèmes de comptabilité
décentralisés dans les différentes autres fonctions de la
banques pilotés et contrôlés par le service de
comptabilité générale.
Fonction comptable
« générale »
Centralise contrôle
Fonction
encaissement
Comptabilité des
COMPTABILITÉ DES
ENCAISSEMENTS
COMPTABILITÉ DES
PRÊTS
Fonction
Fonction engagements
Dans le cadre de cette décentralisation comptable, la
complexification des opérations traitées et les modifications de
procédure réglementaire impliquent un renforcement quantitatif
mais surtout qualificatif (formation et outils) des unités de
contrôle comptable.
Chapitre II : l'évolution de la fonction
commerciale dans les banques
Section 1 L'avènement du marketing bancaire :
1-1 Historique.
Le marketing des services a fini d'imposer la
légitimité de ses différences. Des auteurs comme
kotler & dubois ou encore
DAYAN ont largement analysé les caractéristiques
des services ainsi que la nature du marketing des services. DAYAN
définit ainsi le service : le service est à la fois
processus, acte social, relation, performance. Il n'y a pas dans le cadre des
activités de service, de séparation nette entre production et
échange, de distinction claire entre processus et résultat .
Cette définition met en avant les difficultés que rencontre une
banque, ou toute entreprise de services, pour appliquer à son
activité le marketing des produits, car les services ont leurs
particularités.
· Les caractéristiques majeures des
services
- L'intangibilité. Elle tient à leur
nature. Les services sont « actes, efforts ou performances tandis que
les produits sont objets instruments ou choses » selon Berry (1980).
Ils ne peuvent pas être perçus sensoriellement avant l'achat, ils
doivent être testés, essayés pour être
appréciés et le jugement du consommateur sera plus subjectif
qu'objectif.
- L'inséparabilité de la production et
de la consommation des services renvoie à la chronologie des
opérations : alors qu'un produit est fabriqué puis vendu et
ensuite consommé le service est d'abord vendu puis produit et
consommé simultanément.
- L'hétérogénéité
traduit une différence entre deux transactions successives une absence
de régularité qualitative, qui peut être combattue dans la
production de biens et non celle des services.
- La périssabilité des services est
liée à leur caractère non stockable. Ils ne peuvent pas
être produits à l'avance et conservés.
Ces caractéristiques fondent la différenciation
du marketing des services et depuis qu'elles ont été bien
définies des avancées importantes ont été
réalisées pour l'émergence d'un marketing
spécifique à toute industrie de service. Selon
ZOLLINGUER « le marketing des services impose la
légitimité de ses différences et le marketing de la banque
n'apparaît plus comme tout à fait à part. »
Marketing bancaire Dunod 1999.
· L'émergence du marketing
bancaire
Le marketing bancaire est lui passé, comme le dit
P.KOMER (juin 1977) par cinq étapes successives dont
les mots sont :
Etape - 1 - publicité
Etape - 2 - amabilités, sourire
Etape - 3 - innovation
Etape - 4 - positionnement
Etape - 5 - analyse, planification, contrôle
ZOLLINGUER décrit aussi cette
évolution en France en marquant pour chaque âge le contexte
sectoriel et les pratiques marketing subséquentes :
- L'âge de la croissance et du marketing
« rampant ».
C'est la période antérieure à 1966 qui
précède la libéralisation de l'activité bancaire.
Le système bancaire de cette époque est caractérisé
par sa stabilité, la banque est « cette grande dame,
sévère, compassée, prudente peu prodigue de ses
faveurs » et sa clientèle est limitée.
Contexte sectoriel Pratiques
marketing
Supériorité du technicien sur le commerciale
clientèle limitée, formée et informée
Position distante et corporatiste publicité d'image
austère et prestigieuse
Concurrence limitée peu de guichets
Spécialisation des banques quasi absence
d'innovation.
- L'âge de la liberté élargie et
de la fuite en avant du marketing.
C'est à partir du milieu des années 1960 que les
banques développent progressivement leurs actions marketing. Selon des
analyses depuis longtemps établies, il semble que, dans une relation
client fournisseur celui qui trouve le premier l'intérêt du
passage à une approche marketing est celui qui se sent en situation
d'infériorité dans l'échange. Et en réalité
la concurrence s'est accrue après la libéralisation de
l'activité bancaire issue des réformes de 1966 - 1967.
Contexte sectoriel Pratiques marketing
Développement de la collecte des dépôts
Ouverture massive de guichets
Recrutement massif de personnel peu qualifié
Clientèle moins fortunée, peu informée.
Diversification des offres tous azimuts Absence réelle
de communication
Nationalisation du secteur bancaire Innovation et services
gratuits
Image de banque de service public.
- L'âge de la banque entreprise et du marketing
adulte.
Dès 1984 les nouvelles technologies font leur
intrusion dans la banque avec la naissance de la monnaie carte et nous
assistons également à un décloisonnement des
marchés.
Contexte sectoriel Pratiques
marketing
Technologies nouvelles (cartes) Standarlisation de
l'offre bancaire
Déréglementation internationale
Segmentation de la clientèle
Décloisonnement des marchés
Chose guidé par les baisse de rentabilité
Concurrence accrue (extra sectorielle)
Affichage des prix
Personnel excédentaire
Menace de tarification des
services gratuits.
1-2 Le plan marketing bancaire
la collaboration entre la direction générale
(pôle logistique) et les responsables en charge de la clientèle ou
des agences passe quelque fois par l'établissement d'un plan marketing
(le plus souvent informel).
Ce plan marketing comprend trois parties :
- Le diagnostic stratégique : le marché
- Le diagnostic tactique : les moyens et les
opportunités
- La fixation d'objectifs hiérarchisés et
échelonnés.
· Le diagnostic stratégique.
Il doit permettre à chaque responsable de
connaître son marché et de l'évaluer, que ce soit :
- Au niveau de la clientèle actuelle (action
intensive)
- Au niveau de la clientèle potentielle (action
extensive)
- Au niveau de la concurrence (action offensive)
Le chef d'agence par exemple, dispose d'une source
d'informations considérables sur sa clientèle, or toutes ces
données ne sont que très peu exploitées soit du fait de
documents inexploitables par ordinateur, soit du fait de manque de moyens
informatiques. Ainsi donc il est possible de procéder à
l'élaboration d'une typologie de clientèle en fonction des actifs
détenus ou du statut professionnel et de mettre en évidence
l'influence des facteurs socio - démographiques sur les comportements de
gestion. Cette démarche permet de segmenter la clientèle et de
déterminer les cibles pour les produits offerts, d'enquêter sur
l'image de la banque ou de l'agence et de tester d'éventuels nouveaux
produits.
· Le diagnostic tactique.
Il s'agit de répertorier l'ensemble des moyens dont
dispose la banque ou l'agence pour communiquer auprès des
clientèles cibles les messages voulus. Ces moyens sont essentiellement
les suivants :
- Le point de vente : local, matériel
informatique ou non, décoration...
- Le personnel des guichets (présentation, nombre,
compétence qualité de contact...)
- Enfin les moyens publicitaires.
De plus, un moyen de communication important est le mailing,
facilement gérable à partir du fichier.
Ces moyens inventoriés, il est à présent
utile de connaître un certain nombre de statistiques comme :
- Le nombre moyen de clients par employé
- Le nombre moyen d'écritures par employé
- La répartition du personnel commercial par rapport
au personnel administratif.
· La fixation d'objectifs.
Ces objectifs peuvent être décomposés
selon trois axes :
- Dans le temps : en objectifs annuels, semestriels
- Selon les diverses composantes : par produit, par
segment
- Selon les sous objectifs relatifs aux moyens dont on
dispose.
La comparaison objectif- tableau de bord peut ainsi permettre
au responsable en question de monopoliser son activité sur les
écarts trop importants et d'agir immédiatement.
Section 2 Le mix bancaire :
La variable produit du marketing mix devient dans le cadre
d'activités centrées sur l'intangible, l'offre de service.
Toutefois dans l'activités bancaire l'action marketing va s'exercer
à deux niveaux. Celui des ressources et celui des emplois, action
d'autant plus délicate à mener à bien que les clients sont
en même temps les fournisseurs de la banque. Le produit bancaire est donc
particulier car :
- La matière première est l'argent
- La matière première est apportée par
la clientèle
- Le problème est celui de sa redistribution
- Pour la banque, c'est un produit alors que pour le client
c'est un service.
2-1 La politique de produit.
Historiquement les produits plan épargne retraite,
plan épargne logement et autres ont été crées en
France par le ministère des finances. Les banques ne sont pas dans
l'obligation légale de fournir ces produits, cependant les incitations
fiscales sont telles que le marché les force, sous peine de perdre une
partie de leur clientèle, à proposer très rapidement un
produit opérationnel. Au Sénégal ce type de produits qui
constitue dans sa première phase une épargne contractuelle
relativement stable pour la banque est bien accepté d'autant plus que la
concurrence est vive sur le marché de l'épargne. Tous les
établissements bancaires les commercialisent et leur part dans le total
de l'épargne rémunérée augmente de plus en plus.
BICIS note que « les ressources d'épargne ont
progressé de plus de 20 pour cent en 2000 profitant du démarrage
prometteur des plans épargne logement ».
Ces produits répondent ainsi au besoin réel des
sénégalais, qui en ont les moyens, d'accéder à la
propriété immobilière ou de se constituer des revenus
locatifs intéressants à leur retraite.
M. Zollinguer souligne que, « par
ailleurs, l'innovation de produit ne bénéficiant d'aucune
protection (brevet ou licence) est très vite imitée par les
concurrents et est soumise à l'agrément des
autorités de tutelle ». Zollinguer (1987 p. 36).
La différenciation du produit est opérée
en associant un produit financier ou un crédit avec des facilités
de service, c'est ce qu'on appelle le package. « Il vise la
diminution des charges globales et administratives par la mise en place d'un
acte de vente pour plusieurs produits et services » (le
volcan 1988 p. 396). Cette préoccupation renvoie, sur le plan
théorique, à la recherche d'économie d'envergure.
Selon Nadine Tournois (le marketing bancaire
face aux nouvelles technologies) plusieurs options sont offertes à la
banque dans le cadre de sa stratégie de l'offre :
- Soit concentrer son effort sur le
« compte » pour obtenir des dépôts
supplémentaires que l'on fait travailler, et proposer en contrepartie
des services gratuits pour conserver ces dépôts ;
- Soit (et) différencier les services gestion de
compte (prélèvements automatiques) permettant de rendre plus ou
moins captif le client ;
- Ou encore diversifier les services épargne et
investissement qui apportent également des ressources et qui, de
surcroît, peuvent par ricochet entraîner un développement
des services précités par l'ouverture de compte.
Nous constatons encore que les mêmes questions
marketing se posent :
- Autour de quels besoins répondent les produits et
services de l'organisme considéré ?
- quels sont les besoins prioritaires des différents
segments de consommateurs ?
2-2 La politique de prix
En France il existe un secteur protégé,
comprenant entre autres le marché intérieur des particuliers
où les banques ont un comportement de cartel face à une demande
de crédit et en déterminent le prix. Au Sénégal les
taux de base sont fixés par la BCEAO à travers le taux moyen
mensuel du marché monétaire (TMM) qui est communiqué
régulièrement. En 2000, la marge globale d'intermédiation
est demeurée stable à 6%, compte tenu d'un rendement moyen des
prêts de 10% et d'un coût moyen des capitaux empruntés de
4%. Cependant la prépondérance des trois principales banques
(BICIS, SGBS, CBAO) qui monopolisent plus de 70% des crédits annihile de
fait toute concurrence basée sur les taux. Certes la dispersion des taux
au-dessus du taux de base bancaire peut elle sembler plus intéressante
pour tel ou tel type de crédit si l'on considère l'ensemble des
banques. Mais les institutions dont les taux sont les plus bas peuvent se
rattraper sur les commissions associées au crédit, de sorte que
les différences de coût financier global restent peu
significatives, d'autant plus qu'il existe une libération du prix des
services bancaires. Selon frantz Rowe -
productivité bancaire - p. 227 « la politique de prix,
entendue comme les conditions générales applicables à la
clientèle est d'ordre secondaire dans la concurrence bancaire, soit que
celle - ci échappe à la réglementation nationale et le
marché est quasiment pur et parfait, soit que la fixation des prix des
services apparaisse comme une décision de cartel ».
2-3 La politique de distribution
Le choix des canaux de distribution a longtemps occupé
une place marginale dans la stratégie marketing des banques. La variable
distribution se limitait à une problématique d'ouverture de
points de vente.
- L'atout du réseau d'agences.
Le réseau commercial se limite à un ensemble de
guichets répartis dans l'espace. le démarchage et l'envoi de
courriers présentant de nouveaux produits sont très rarement
utilisés. La localisation des agences et leur répartition
spatiale accompagnent le développement des places marchandes et des
infrastructures. Le facteur déterminant paraît être la
proximité avec la clientèle potentielle. Le choix des canaux de
distribution pouvait ainsi procurer un avantage concurrentiel durable surtout
au Sénégal où le régime d'ouverture des guichets
était soumis à autorisation, et le marché servi est
essentiellement un marché de masse. Un type de marché qui
requiert une décentralisation géographique de l'offre et des
services standardisés. Mais la diminution de la taille moyenne des
nouveaux guichets pourrait menacer leur rentabilité, comme du reste
certains réseaux pourraient s'avérer mal structurés ou du
moins surdimensionnés.
- Les nouveaux canaux de distribution de
masse.
En France, la chronologie du développement des
services bancaires opérés par la clientèle commence par
les terminaux utilisant la carte et se poursuit avec la banque à
domicile. Toutefois, «on a souvent l'impression qu'une technologie
nouvelle chassera la précédente moins performante. Cela peut
être le cas, mais c'est souvent le contraire qui se produit : elle
réactive l'ancienne » (B. Normand 1986 -
p.25). Cette remarque montre bien qu'il y a moins un risque de substitution des
nouveaux canaux de distribution entre eux ou par rapport aux agences qu'une
opportunité de déceler les complémentarités entre
canaux. Le particulier a le choix entre traiter l'opération dans une
agence de sa banque, à un guichet automatique de banque (GAB), ou un
serveur vocal, ceci dépendant de plusieurs facteurs. En tout premier
lieu, le choix est fonction de l'opération, et pour un grand nombre le
choix concerne seulement la gestion du système de paiement (retrait
d'espèces, paiements, consultations). Le coût d'accès est
un facteur déterminant pour sa diffusion. Ce coût est
composé du tarif, élément d'appréciation objectif
du coût, mais également du coût subjectif
apprécié par le temps passé par le client à obtenir
le service. Le temps de traitement proprement dit pouvant être
considéré comme négligeable par rapport aux autres temps.
Le dernier facteur de décision pour un mode d'accès à la
banque concerne la disponibilité.
- Le rôle des divers canaux
En tout état de cause, les canaux de distributions
bancaires doivent remplir un ensemble de fonctions clés qui sont ainsi
énumérées par M. Zollinguer :
· La vente et l'offre de produits et services ainsi que
le conseil à la clientèle ;
· Le contact et la liaison avec l'environnement local de
manière à améliorer les campagnes de promotion ;
· La collecte d'informations nécessaires à
la planification des actions de développement.
2-4 La politique de communication :
La politique de communication principalement centrée
sur l'information de la clientèle cible, devient efficace en tant que
soutien au développement des canaux de distribution. L'adaptation
réciproque des deux politiques est ce que Zollinguer
appelle la politique de représentation de la banque. Longtemps, la
plupart des banques sénégalaises ont été
confrontées à des résultats médiocres et à
des perspectives incertaines, ce qui a engendré un fort déficit
d'image auprès du public. Aujourd'hui la communication institutionnelle
apparaît de plus en plus comme pouvant être un
élément de différenciation. La communication
financière est également perçue comme importante par les
banquiers qui y voient le moyen de conforter à terme la
crédibilité de leur établissement.
· Les modes de communication.
La publicité reprend tout son intérêt au
dépens du Hors média (marketing, promotion etc....) un peu
partout. La communication publicitaire s'avère être le meilleur
moyen dans la construction ou l'amélioration de l'image. l'utilisation
des médias grand public est favorisée pour atteindre au mieux la
clientèle cible comme elle peut aussi servir à l'information
interne. Une étude indique que les banques utilisent de fait plus de dix
techniques de communications.
Techniques Part des banques les
utilisant
Journaux internes 100%
Relations presse 92%
Brochures 88%
Relations publiques 85%
Communication produit 74%
Communication institutionnelle 71%
Marketing direct 71%
Communication financière 67%
Conventions 67%
Sponsoring/ Mécénat 53%
Salons professionnels 53%
Promotion des ventes 49%
Source : Etude Saatchi
et Saatchi, cit. in larger (1995)
· Le ton de la communication.
Dans les publicités d'enseigne longtemps le discours
fonctionnel l'a emporté sur le discours relationnel. Et cela a pu
crée un effet de banalisation qui s'est ajouté à la
perception négative de l'image de la banque.
En France la campagne « votre argent
m'intéresse » servira de prétexte pour éviter de
parler de l'argent et de son fonctionnement. Les messages euphorisants assortis
de promesses commerciales assez indifférenciées se multiplient
aussi. Mais là le danger réside dans l'apparition d'un
démenti de la promesse publicitaire comme par exemple pour le
thème « la banque du sourire » qui avait
été choisi par le Crédit lyonnais. Dans la construction
des messages, des principes bien établis doivent être
suivis : le message doit être rapide, synthétique, clair et
signé. Mais le message peut passer presque inaperçu ou être
mal perçu, par exemple, par une cible à l'attitude
négative. Face à ces risques, et pour dédramatiser
l'argent, l'humour offre un double intérêt : il permet
d'accroître l'attention et peut contribuer à créer la
sympathie du public.
L'humour décalé est pratiqué depuis 1993
par le CCF. Il utilise la méthode du détournent des dessins
animés de Tex Avery C'est la
rencontre entre les deux univers qui va provoquer le choc et l'humour.
L'humour par autodérision a surtout été
développé par le crédit lyonnais qui a
décidé d'innover sur le thème de la transparence, l'image
de cette banque particulièrement ternie et négative,
nécessitait à l'évidence un effort spécifique
bannissant toute arrogance.
l'autodérision utilise essentiellement le contre
emploi qui consiste dans une situation classique, banale, de mettre en
scène des personnages qui représentent exactement le contraire de
ceux qui devaient normalement être présentés. C'est
l'apparence contraire du personnage qui crée l'humour du message.
Il existe bien entendu d'autres procédés.
Section 3 : Les activités du
chargé de clientèle
Aujourd'hui, les chefs d'entreprises ou leurs responsables
financiers, la plupart des clients particuliers importants également,
ont un niveau de connaissance et d'information en matière
financière et bancaire qui exigent de leurs banquiers, non seulement des
compétences professionnelles avérées mais aussi des
capacités de négociations commerciales. Le banquier commercial en
plus de son rôle traditionnel de fournisseur de capitaux, devient
progressivement un conseiller, un partenaire, un fournisseur de services
bancaires. Bill Gates avec sa forte
capacité d'anticipation est allé jusqu'à dire que «le
monde des affaires n'a pas besoin de banquiers mais de services
bancaires ». Nul doute que le développement fulgurant de
l'informatique avec les possibilités offertes par les réseaux de
télécommunication sont à la base de cette assertion qui
remet en question les activités du chargé de la clientèle
et même les fondements de l'intermédiation bancaire. Depuis
quelques années, pratiquement toutes les banques ont modifié leur
organisation commerciale à la fois pour procurer un meilleur service
à leur clientèle et pour être plus concurrentielles. Les
dispositions mettent en exergue les missions et tâches du chargé
de la clientèle.
3-1 Missions et tâches.
· La mission principale du CC consiste à
développer le portefeuille de clientèle qui lui est
confié, ce qui s'analyse à la fois par une progression des
volumes, par une meilleure satisfaction de la clientèle et surtout par
la rentabilité de la relation. Le développement du fonds de
commerce passe à la fois par la conquête de nouveaux clients
(prospection de plus en plus difficile compte tenu de la forte bancarisation de
la clientèle dans les pays développés, et de la faible
population ciblée dans nos pays) mais surtout par l'accroissement du
chiffre d'affaires ou du nombre de produits traités avec la
clientèle existante. Ces missions, purement commerciales ont longtemps
été supplantées par l'importance des traitements
administratifs nécessaires à la bonne réalisation des
opérations initiées par la clientèle. Le temps commercial
disponible du chargé de la clientèle devrait être plus
important, mais cela dépend bien évidemment du niveau
d'automatisation des opérations.
En général, l'activité commerciale suit
les phases suivantes :
- Ciblage de la clientèle avec l'aide
éventuelle d'outils spécifiques utilisés par le marketing
ou le commercial
- Prise de contact et rendez vous éventuels avec les
clients.
- Négociation et concrétisation de l'acte de
vente
· La conservation de la
clientèle.
Cette mission passe fondamentalement par
l'élévation qualitative des services de son établissement,
tâche à laquelle sa position vis à vis de la
clientèle le prédispose. Il s'agira pour le chargé de
clientèle et ses collaborateurs aussi de veiller à :
- Assurer un accueil irréprochable
- Répondre avec professionnalisme aux demandes de
renseignements ou de conseils de la clientèle.
- Effectuer avec diligence l'ensemble des opérations
qui lui sont confiées (généralement initier des demandes
de crédits et de mouvements à opérer sur les comptes...).
S'agissant des demandes de prêts même lorsqu'il n'a pas de
délégation, le cc s'implique en donnant un avis qui, compte tenu
de sa position privilégiée vis à vis du client, est un
élément souvent décisif pour les instances
décisionnelles du siège.
· La rentabilité/ profitabilité de
la relation
Le chargé de clientèle doit procéder
désormais systématiquement à l'approche de la
profitabilité de sa relation lorsqu'il s'agit d'une entreprise. C'est
une pratique qui est adoptée par tous les grands établissements
bancaires car il paraît impensable qu'un chargé de
clientèle puisse ignorer ce qu'il gagne ou ce qu'il perd chaque fois
qu'il traite une opération qui lui est confiée par une
entreprise. Cette démarche s'applique à fortiori sur le
portefeuille d'affaires géré par le CC ou le département
dans lequel il opère.
Mais il est clair que si les banques, dans leur ensemble, ont
tardé à mettre en place d'une manière courante l'analyse
de la profitabilité de la relation , ce n'était pas par manque de
volonté ou par laxisme mais parce que les moyens à mettre en
oeuvre étaient considérables tant pour leur complexité que
par le coût des investissements à réaliser.
+ Les conditions d'une approche client de la
rentabilité.
- La banque doit tout d'abord bénéficier d'une
base de données exhaustive, fiable, aisée d'accès,
facilement exploitable, disponible à des périodicités
régulières. Elle doit disposer d'un équipement
informatique puissant lui permettant de dresser, puis de conserver, un
état historique sur longue période de la totalité des
opérations et de leurs paramètres pour chacun des clients.
- La banque doit pouvoir procéder à la
détermination des charges générées par chaque
traitement par la méthode du prix de revient standard, moyen ou complet,
selon son choix.
- La définition d'un catalogue des conditions ou
tarifs applicables à la clientèle est essentielle. C'est en effet
la contre- partie des charges supportées par l'établissement qui
inclut en outre la marge bénéficiaire souhaitée.
- Enfin, des intervenants et des utilisateurs bien
formés, car le recensement des données concerne presque toutes
les unités de la banque, des opérateurs chargés de la
saisie des écritures jusqu'au chargé de clientèle en
passant par les services informatiques, le contrôle de gestion,
l'exploitation. Et à des degrés divers, chacun est
impliqué par la génération d'un coût ou d'un profit,
par l'analyse de ceux - ci où l'exploitation de leurs
conséquences.
+ La mesure de la profitabilité
Une modélisation de l'étude de
profitabilité d'une relation entreprise est rendue possible. Le
modèle offre au chargé de clientèle à partir de
données historiques la possibilité de se livrer au calcul de la
rentabilité de son client en agissant sur certains
paramètres : les taux, les dates de valeur, la tarification des
produits de services. Les données sont résumées dans une
fiche qui permet au chargé d'affaires de visionner
synthétiquement la profitabilité de son client ainsi que la marge
dégagée par ce type d'activité.
3-2 Relations avec les autres
fonctions
+ Fonction financière
son rôle en la matière ne fait aucun doute en
raison de la responsabilité qui lui incombe dans la distribution de
capitaux et leur collecte. Il doit savoir :
- Analyser la situation financière d'une entreprise
(voir ci - dessus)
- Détecter les besoins financiers qui ne
relèvent par tous d'une demande de fonds de l'entreprise, en poursuivant
le triple objectif de la rentabilité, de la sécurité et de
la liquidité :
- Répondre efficacement à l'expression du
besoin en le satisfaisant ou en déclinant d'une manière
argumentée et motivée.
+ Fonction administrative :
elle est fondamentale et sans sa mise en oeuvre avec
efficience aucun des autres rôles du chargé d'affaires ne pourra
produire les effets escomptés.
Les tâches administratives relèvent pour
certaines , selon l'organisation de la banque, de sa responsabilité
propre en terme d'exécution et pour d'autres de son initiative pour les
faire traiter. Cela suppose que le chargé d'affaires soit :
un administrateur du temps (le sien et celui de son
environnement), de moyens et de ressources.
Un technicien des procédures et des circuits de
traitement de son établissement.
Un polyvalent prêt à s'investir si le besoin s'en
manifeste.
+ Fonction managériale
Cette dimension du poste de chargé d'affaires est
indispensable si l'on considère.
- Qu'il doit mener en interne, des relations à trois
niveaux :
En amont, avec sa hiérarchie à laquelle il doit
rendre compte de ses démarches, de ses actions de laquelle il obtient
des instructions sur la stratégie à suivre, la politique de
l'établissement.
En aval, avec ses collaborateurs (lorsqu'il en
bénéficie) auprès desquels il communique les messages et
les instructions pour l'exécution de leurs tâches.
Transversales avec ses collègues des différentes
entités de la banque, afin d'obtenir l'appui dont il a besoin (service
administratif et technique) de transmettre les affaires du ressort de leurs
compétences. Les principaux sujets de discussions avec le marketing
tournent autour des sujets suivant : la prévision de chiffre
d'affaires. Les rares lancements de nouveaux produits ou services, les
opérations promotionnelles, la mise en place d'une politique de
qualité totale, la gestion des réclamations.
-Qu'il doit gérer son fonds de commerce à
l'image d'une petite entreprise. Il a le souci de son développement de
sa rentabilité et de sa pérennité.
DEUXIEME PARTIE : SITUATION DU
MARKETING ET DES POLITIQUES COMMERCIALES DANS LES BANQUES
SENEGALAISES
CHAPITRE I : CHOIX DE LA
METHODOLOGIE
SECTION 1 LE CADRE D'ANALYSE
Il existe au Sénégal dix établissements
de crédit agrées au 31 décembre 2000. Ils emploient 354
cadres, 1 176 employés et ont un total bilan de 1 008 milliards F Cfa
à cette date.
Ces établissements ont une association professionnelle
dénommée Association Professionnelle des Banques (A.P.B.)
installée au 3, place de l'indépendance à Dakar, mais
celle-ci fonctionne beaucoup plus comme un syndicat. En effet, les banques ne
lui transmettent aucune information financière ou statistique
contrairement, par exemple, à la fédération des
sociétés d'assurances qui centralise et communique les
données du secteur des assurances. Les informations relatives au secteur
des banques sont centralisées par la BCEAO et la Commission Bancaire
à Abidjan. Certaines informations sont accessibles dans les rapports
annuels publiés par ces deux organismes et dans le rapport mensuel
édité par la direction de la prévision et de la
statistique de la BCEAO- Siège.
Nous avons donc choisi, d'abord, d'examiner la
prépondérance de la fonction commerciale dans la banque moderne
à travers l'évolution des bilans, emplois- ressources,
résultats et ratios caractéristiques des établissements de
crédit au Sénégal. La description des données qui y
sont relatées devrait nous faciliter la compréhension des
orientations et des choix stratégiques qui ont guidé cette
mutation.
La dévaluation du Franc CFA qui est intervenue en
février 1994 fut un tournant important pour l'économie des pays
de l'UMOA en général. Elle a favorisé un regain de
dynamisme économique qui a donné une impulsion nouvelle aux
banques qui étaient en proie à d'énormes
difficultés. Le total bilan des banques sénégalaises est
ainsi passé de 507 mds F CFA en 1994 à 1008 mds F CFA en
2000.
Ensuite un nombre croissant de filiales de grands groupes
bancaires opère au Sénégal, et ces banques appliquent
évidemment les méthodes modernes de management dans un
marché devenu plus concurrentiel. Nous mettrons en exergue leurs
performances et leurs limites.
Enfin, nous focaliserons notre étude d'une part sur
trois établissements qui ont un réseau d'agences : la CBAO
et la BICIS, ces deux banques ont une maturité (nombre d'années
d'activités, importance du chiffre d'affaires ...) qui permette
d'appréhender aisément les fonctions et les pratiques que l'on
rencontre dans tous les grands établissements. Egalement la BST qui a
été recapitalisée et restructurée récemment
(1999) et a apparemment des préoccupations de positionnement et de
pénétration du marché. D'autre part, deux
établissements monoguichets : Citibank et Ecobank. Le premier est
une filiale d'un groupe mondial établi au Sénégal depuis
fort longtemps. Le second est une création récente.
SECTION 2 COLLECTE ET TRAITEMENT D'INFORMATIONS
2-1 Collecte d'informations
· Etude documentaire
Nous avons d'abord parcouru plusieurs ouvrages
pédagogiques qui traitement de la banque afin de comprendre le
fonctionnement de la banque et de son environnement. Ensuite nous avons
mené une étude documentaire sur les thèmes du marketing
des services et du marketing bancaire pour mieux cerner les concepts et les
outils qui sont utilisés.
Les rapports annuels de la BCEAO et de la commission bancaire
nous ont fourni une mine d'informations et de statistiques qui nous ont permis
de bâtir et de bien illustrer cette étude.
Au niveau interne, nous avons pu disposer des rapports annuels
des banques ainsi que des dépliants sur les produits. Ce sont des
documents destinés au public et aucune banque n'a accepté de nous
communiquer d'autres documents.
En ce qui concerne les documents externes l'APB nous a
communiqué des études portant sur la réforme du
système financier au Sénégal. Par l'intermédiaire
d'Internet nous avons pu également nous procurer plusieurs articles de
journaux spécialisés comme les revues « Banque
magazine », « Banques et stratégies » ou
encore « la revue française de Marketing ».
Les entretiens
Nous avons privilégié les entretiens individuels
pour obtenir le maximum d'indications sur les pratiques marketing ou les
stratégies adoptées par les banques. Dans chaque
établissement visité, nous avons interrogé au moins un
responsable de l'encadrement supérieur et un cadre intermédiaire,
12 personnes au total. Ce fut des entretiens de qualité inégale,
autant certains cadres parvenaient à nous dégager clairement les
politiques menées par leur établissement, autant d'autres se
montraient très laconiques. Néanmoins nous avons tenu à
réaliser des entretiens d'une heure au moins afin de collecter le
maximum d'informations.
Un guide d'entretien a été remis à
certains avant la rencontre, et pour d'autres nous avons abordé
directement les thèmes relatés dans le guide à
savoir :
- La politique de collecte des ressources,
- Les gammes de produits,
- L'organisation du réseau,
- Les pratiques commerciales,
- Les stratégies de
développement.
- 2-2 Traitement des données
Les données qualitatives recueillies ont
été analysées suivant les techniques de l'analyse de
contenu. Nous avons d'abord regroupé les donnés par thèmes
homogènes et ensuite pour chaque établissement, nous avons
essayé de déceler, s'il y a lieu, les particularités
significatives. Puis nous avons fait des comparaisons qui nous ont permis
d'établir des liens entre les différents thèmes.
Nous avons aussi essayé d'observer et de décrire
les phénomènes en nous appuyant notamment sur les statistiques du
marché sénégalais et de l'UEMOA tenues par la Commission
Bancaire. Cette méthode permet de visualiser une situation et souvent de
classer, de catégoriser des variables ou des observations. Ainsi on peut
dire que les faits ne prennent un sens en marketing comme dans tout type de
recherche que lorsqu'ils sont rattachés à un champ
théorique ou à des hypothèses explicitées ou
non.
CHAPITRE II : ANALYSE DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS
SECTION 1 : LES RESULTATS
1-1 Pourquoi la fonction commerciale est devenue
primordiale ?
1-1-1 un contexte de concurrence accrue
Historique :
Après la débâcle du système
bancaire sénégalais dans les années 1987 - 1988, nous
avons assisté au retrait d'agrément de plusieurs
établissements : Assubank -Sonabanque - Banque
Sénégalo koweïtienne (BSK)- Union
sénégalaise de banque (USB) - Sofisedit -
BNDS, et à la restructuration de quelques autres
établissements :
Le crédit lyonnais a
repris les activités de certains guichets de l'USB en 1985.
La Banque Sénégalo Tunisienne
(BST) a été recapitalisée un peu plus
tard en 1999 avec un actionnariat Sénégalais nouveau.
Ces fermetures et restructurations d'établissements ont
sévèrement ébranlé le secteur bancaire mais ont eu
également un impact certain sur le public. L'institution bancaire qui
dégageait une image d'aisance financière et de solidité
déversait sur le marché son lot de chômeurs petits
employés et cadres de banque distingués.
La conséquence la plus immédiate fut une grande
défiance du public vis à vis des banques, et cela coïncidant
en plus avec une situation économique très difficile du pays qui
menait des politiques d'ajustement structurel. L'argent se faisait rare dans
les banques et les dépôts à terme étaient
rémunérés jusqu'à 9% l'an, alors que les comptes et
livrets d'épargne dont les conditions de rémunération sont
fixées par les pouvoirs publics accordaient un taux de 4, 50% fixe. Les
autorités politiques et les responsables de l'UMOA
s'accordèrent sur la nécessité de rebâtir les
fondations de l'institution bancaire dans les différents pays en mettant
en place, avec l'aide de la France, une réglementation commune des
banques et établissements financiers et un organe supranational de
contrôle des établissements.
- la loi portant réglementation bancaire a
été ratifiée au Sénégal par la loi N°30
- 06 du 26 juin 1990 - J.O / S N° 5361 du 28 juillet 1990
- la convention portant création de la commission
bancaire a été ratifiée par la loi N°90 - 19 du 26
juin 1990.
Les activités bancaires étaient
précédemment sous l'empire de la loi portant
réglementation bancaire N° 76 - 52 du 9 avril 1976 J.O / S
N°4493 du 15 mai 1976.
Avec l'adoption de ce dispositif les autorités visaient
principalement à recrédibiliser les banques et à les
placer dans une dynamique de saine croissance. Des règles prudentielles
sont redéfinies et leur application par les banques est
contrôlée en toute objectivité par les experts
mandatés par la commission bancaire.
Le début des années 1990 constitue donc une
période cruciale pour les banques et établissements financiers du
Sénégal qui opèrent maintenant dans un marché
assaini et où le libre jeu de la concurrence peut se réaliser
sans la forte prégnance des actions de l'Etat.
· L'ajustement des banques
sénégalaises
L'examen de la période 1992 - 1994 nous donne des
indications intéressantes sur les mouvements de la clientèle des
banques, ainsi que sur les efforts de restructuration des bilans fortement
obérés par la crise économique persistante.
- La clientèle s'adresse à nouveau aux banques.
Les opérations les plus courantes sont relatives aux
comptes par chèques ou virements qui font appel à ces instruments
de paiement. C'est l'examen des dépôts à vue qui peut
montrer l'inclination au non du public à faire ses transactions à
travers le système bancaire, parce que ceci constituait un enjeu de
taille pour les banques après la perte de confiance que nous avons
évoquée plus haut :
En millions évolution des
dépots
Postes/années
|
1992
|
1993
|
1994
|
Comptes disponibles par chèques ou virement
|
79.946, 9
|
73.050, 6
|
116.174, 1
|
Comptes à régime spécial
|
63.211, 9
|
65.593, 6
|
82.438, 2
|
Bons de caisse et dépôts jusqu'à 2 ans
|
91.009, 8
|
76.540, 6
|
69.128, 6
|
Les dépôts à vue ont progressé en
valeur absolue de 43 mds entre 1993 et 1994 soit un taux de 58 pour cent. Il
est vrai qu'il y a eu un fléchissement entre 1992 - 1993 mais cela est
dû principalement aux rumeurs de dévaluation qui alimentaient les
discussions dans les milieux tout au long de l'année 1993. Le changement
de parité entre le franc français et le franc cfa intervenu au
début de l'année 1994 a également contribué
à l'augmentation du volume des dépôts. La conversion des
francs français déposés ou en transit dans les banques a
augmenté la masse des dépôts et a confirmé aussi,
à notre sens, le regain d'intérêt du public envers les
banques.
S'agissant toujours des ressources de la banque le total
comptes et livrets d'épargne s'est accru de 4 pour cent entre 1992 et
1993 et a subi bond de 26 pour cent en 1994. Au-delà de l'effet
mécanique de la dévaluation, nous percevons l'effet significatif
du taux d'intérêt rémunérateur de 8% qui est servi
par les banques sur ce type d'affaires.
Les dépôts à terme et bons de caisse
jusqu'à 2 ans subissent de plein fouet la tendance spéculative de
la clientèle suite aux rumeurs de la dévaluation et après
l'échéance de février 1994 date de celle-ci. Les
dépôts ont baissé de 91milliards en 1992 à 69
milliards à fin 1994, il y a eu manifestement un transfert vers les
comptes et livrets d'épargne puisque la rémunération de
ceux - ci est passée de 4, 5% au 1 - 10 - 93 à 8% fixe au 19 - 1
- 1994. Les dépôts à terme de moins de 5.000.00 fcfa d'une
durée de moins d'un an sont détenus essentiellement par les
particuliers et leur rémunération s'opère sur la base du
taux moyen mensuel du marché monétaire moins 2%.Le TMM
était revu régulièrement à la baisse pendant les
périodes avant et post dévaluation par les autorités
monétaires qui visaient à orienter l'épargne en
général vers des produits plus stables. D'autre part les banques
se retrouvant avec un surcroît important de ressources avec le changement
de parité n'avaient pas intérêt à
rémunérer fortement l'épargne libre de courte
durée. Il faut préciser que les taux applicables aux
dépôts à terme inférieurs à 5.000.000 fcfa
et de plus d'un an sont libres. Nous assistons donc à une concurrence
limitée des banques pour capter les ressources disponibles, mais on ne
peut pas dire que l'activité bancaire se déploie
véritablement puisque les restructurations financières
importantes doivent d'abord s'opérer.
· La restructuration
financière.
Malgré l'assainissement du secteur bancaire, le
dispositif réglementaire mis en place par les autorités de
l'UMOA, et le regain de confiance de la clientèle qui recommence
à faire des dépôts auprès des banques, celles-ci se
montrent encore très frileuses dans l'octroi des
crédits :
En millions évolution
des crédits et des fonds permanents
Poste Actifs /années
|
1992
|
1993
|
1994
|
Effets commerciaux
|
12.236,5
|
12.003,3
|
13.952,5
|
Autres crédits à court terme
|
110.904,9
|
108.588,3
|
98.701,7
|
Autres crédits
|
138.988,8
|
154.994,2
|
153.158,8
|
Poste Passif
|
|
|
|
Fonds permanents et provisions
|
43.580,5
|
46.237,0
|
51.924,0
|
Nous assistons à une quasi stagnation des emplois
durant ces trois années, les crédits à court terme sont en
baisse passant de 110milliards en1992 à 98 milliards en 1994.
Manifestement les banques travaillent en sourdine préférant
financer les opérations à dénouement rapide. Le total des
autres crédits a baissé de 1 milliard entre 1993 et 1994
traduisant encore le peu de dynamisme des acteurs économiques qui
subissent le ralentissement économique. Cette situation engendre
évidemment une concurrence inexistante entre les établissement de
crédits.
En outre le respect de la nouvelle réglementation
prudendentielle édictée par la commission bancaire amène
les banques à renforcer leurs fonds propres et à surveiller
l'équilibre de leur structure financière. Selon Silber
( 1983 ) « la réglementation n'est pas la seule
force poussant la firme bancaire à innover pour la circonvenir et
maintenir ses profits ». Nous disons à sa suite que
l'environnement économique très difficile ainsi que
l'avènement de l'informatique sont les causes exogènes qui
poussent la firme bancaire à faire sa mutation pour se tirer d'affaires.
Car les banques ont déclaré des résultats
bénéficiaires durant cette période mais aucune grande
banque de réseau n'a distribué de dividendes, ce qui suppose une
certaine fragilité de leurs états financiers.
Evolution des
résultats
|
ClS
|
BICIS
|
SGBS
|
CBAO
|
|
92-93-94
|
92-93-94
|
92-93-94
|
92-93-94
|
Résultats de l'exercice
|
1.091 972 2.797
|
161-43--524
|
308-0,4-0
|
470 621 1113
|
Bénéfices à distribuer
|
0 0 0
|
0 0 0
|
0 0 0
|
0 0 0
|
· La maturité du secteur
bancaire.
Le total des bilans des banques sénégalaises
est passé de 507 milliards en 1994 à 1008 milliards en 2000, il a
quasiment doublé en six années. Il existe 10 banques et 7
établissements financiers au Sénégal au 31-12-00. La loi
bancaire présentée donne les définitions ci-dessous pour
ces deux types d'établissements :
Article 3 - sont considérées
comme banques les entreprises qui font profession habituelle de recevoir des
fonds dont il peut être disposé par chèques ou virements
et qu'elles emploient pour leur propre compte ou pour le compte d'autrui, en
opération de crédit ou de placement.
Article 4 - sont considérées
comme établissements financiers les personnes physiques ou morales,
autres que les banques, qui font profession habituelle d'effectuer pour leur
propre compte des opérations de crédit, de vente à
crédit ou de change,ou qui reçoivent habituellement des fonds
qu'elles emploient pour leur propre compte en opérations de placement,ou
qui servent habituellement d'intermédiaires en tant que commissionnaires
courtiers ou autrement dans tout ou partie de ces opérations.
Si nous examinons la taille du bilan des établissements
bancaires de l'UEMOA, nous constatons que le Sénégal a
relativement le nombre le plus élevé de grandes banques sur son
marché. Au 31-12-2001 cinq banques sur dix ont déclaré
chacune un total bilan supérieur à 100milliards de francs. La
côte d'Ivoire dont le total bilan des banques à cette date
était de 1.993 milliards en recelait 7 sur un total de 15 soit 40%. Sur
les 17 établissements de cette taille présents dans l'UEMOA cinq
opèrent au Sénégal soit un peu moins du tiers. Cette
description montre que les banques sénégalaises ont connu un
certain essor et que les conditions du marché deviennent
nécessairement de plus en plus concurrentielles. Progressivement, sous
la pression de la concurrence les établissements se devaient de
développer leurs actions commerciales vers une frange de plus en plus
importante de la clientèle. Les chiffres récents de la commission
bancaire ( rapport 2001 ) montrent bien que les banques tout en recherchant
activement des dépôts prêtent également de l'argent
à la clientèle : les emplois globaux augmentent de 736
milliards à 838 milliards à décembre 2000 ( +14 % ), et
les crédits à la clientèle qui constituent 76% des emplois
globaux sont en progression de 25%. Les taux d'augmentation des emplois et des
crédits à la clientèle de l'ensemble de l'UEMOA sont
respectivement de 6% et 9%.
Le secteur sénégalais après avoir
traversé une longue période de crise a accompli sa mutation et
est aujourd'hui vraisemblablement dans une dynamique de croissance.
1-1-2- La massification et l'évolution de la
clientèle.
· La massification de la
clientèle.
Les ressources collectées par les banques ainsi que les
emplois sous forme de crédits à la clientèle ont plus que
doublé entre1994 et 2000. Il y a un regain d'activité des banques
qui n'est pas nécessairement corrélé avec le niveau de la
croissance économique du pays. Nous en déduisons une bonne
pénétration des banques chez les particuliers et dans les
entreprises. Le marché s'est vraisemblablement étendu. Mais
paradoxalement les grandes banques n'ont pas notablement augmenté le
nombre de leurs agences durant cette période, certaines comme le
Crédit Lyonnais ont même fermé des agences ( quatre ).
Ecobank qui a débuté ses activités en 1999 n'a qu'un
guichet et son total bilan au 31 - 12 - 99 était encore faible
comparativement aux autres établissements.
En milliards évolution des
ressources et des emplois
Années
|
Ressources (dépôts)
|
Emplois (crédits à la clientèle)
|
1994
|
283
|
265
|
2000
|
768
|
640
|
Evolution des guichets permanents des 4 principales
banques commerciales.
Banques/année
|
1994
|
2000
|
CBAO
|
9
|
9
|
BICIS
|
15
|
15
|
SGBS
|
10
|
17
|
Crédit lyonnais
|
5
|
2
|
Evolution des dépôts et des crédits
des quatre principales banques commerciales
En milliards dépôts crédits
|
1994
|
1999
|
1994
|
1999
|
CBAO
|
51
|
98
|
35
|
58
|
BICIS
|
65
|
116
|
59
|
77
|
SGBS
|
81
|
156
|
88
|
143
|
Crédit lyonnais
|
31
|
58
|
21
|
49
|
Nous n'avons pas d'indications sur le nombre de comptes
ouverts mais les évolutions ci - dessus dénotent une importance
grandissante de la clientèle des banques.
Cependant le degré de bancarisation que l'on peut
déterminer sommairement par le nombre d'habitants par agence est
à un niveau encore faible comparativement à quelques pays de
l'UEMOA.
|
degré
|
population
|
Nbre guichets
|
Sénégal
|
123.287
|
9.000.000
|
73
|
Côte d'ivoire
|
93.750
|
15.000.000
|
160
|
Mali
|
98.947
|
15.000.000
|
152
|
Toutefois les particularités de chaque pays influent
fortement sur l'implantation des agences et leur nombre. La géographie
ainsi que la dispersion des zones économiques sont des facteurs
explicatifs, par exemple au Sénégal les banques concentrent leurs
réseaux d'agences dans la région de Dakar et ont quelques agences
en province mais dans des centres où il n'existe pas une autre agence de
banque. Les seules villes au Sénégal où il existe plus
d'une agence sont :
Kaolack
|
Ziguinchor
|
CBAO
|
CBAO
|
SGBS
|
SGBS
|
L'ouverture d'agences dans certains quartiers d'habitation de
Dakar marque l'importance grandissante de la clientèle des
particuliers.
Banques (année 1994)
|
Quartiers
|
CBAO
|
Médina, Pikine Tally Boumack
|
BICIS
|
Liberté, Ngor, Ouakam
|
SGBS
|
Point E, centenaire
|
ClS
|
Pikine
|
Mais c'est la collecte d'une ressource devenue disponible et
bon marché qui guide principalement l'implantation de ces agences comme
nous le verrons plus loin quand nous examinerons la politique de crédit
des banques.
Toutes les banques de réseau ont également
ouvert une agence à la zone industrielle de Dakar où se trouve la
plus grande concentration d'usines et d'entreprises au
Sénégal.
Banques - (1994)
|
Agence à la ZI
|
CBAO
|
1
|
BICIS
|
1
|
SGBS
|
1
|
ClS
|
1
|
BST (2000)
|
1
|
En outre, partir de 1998 la CBAO a commencé à
promouvoir le produit Western Union destiné au transfert rapide
d'argent, et le succès d'un tel produit repose sur un réseau
dense d'agences de proximité. Cette banque a donc réalisé
un effort important d'implantation d'agences dans certains grands quartiers,
à coté des marchés et à Touba afin de s'approcher
de la clientèle et faciliter ainsi les opérations de transfert.
Son réseau est passé à 20 agences au 31 - 12 - 2001 dans
l'objectif de mieux supporter la concurrence de la SGBS qui a un réseau
déjà très dense et commercialise aussi le produit Western
Union. L'activité de transfert d'argent dégage des recettes
appréciables du fait du nombre important de sénégalais
émigrés. Les transferts atteignent des pics, nous dit - on,
pendant les périodes de fêtes de Tabaski, de Korité, fin
d'année etc... Ces transferts ont du succès parce qu'il n'y a pas
de contraintes liées à la monnaie pour les expéditeurs
situés dans une zone monétaire différente. Les banques
prélèvent des commissions sur les envois.
La BICIS est en partenariat avec Mobil, ce qui lui permet
d'ouvrir des guichets et éventuellement autre chose dans les points de
vente de carburant de cette société. Pour l'instant ce sont des
« points argent » qui sont utilisés principalement
pour les retraits d'argent. CBAO a convenu également un partenariat
similaire avec le pétrolier Shell.
Enfin, les dépôts dans les banques
sénégalaises ont augmenté de 124 milliards (+ 7%) en 2000
contre 52 milliards (+ 9%) en 1999 et 37 milliards (+ 7%) en 1998 pour
s'établir à 768 milliards. Et la consolidation des
dépôts est imputable à 55% aux performances des quatre
principales banques.
Cette activité soutenue des banques et la
massification de la clientèle rendent la concurrence accrue mais cette
nouvelle clientèle a également évolué.
· L'évolution de la
clientèle
L'importante croissance des banques peut apparaître
comme le fruit d'une embellie économique suite à la
dévaluation, un regain de confiance de la clientèle suite
à la restructuration bancaire et également une politique de
distribution (de collecte) rondement menée. Cette évolution
traduit aussi une modification du comportement bancaire du public, car les
nouveaux bancarisés sont de moins en moins fortunés mais sont
portés vers la consommation. Beaucoup de ces clients sont des
travailleurs qui sont amenés à domicilier leurs salaires
auprès d'une banque par leurs employeurs. Les comptes à vue
enregistrent des sommes très importantes :
En milliards évolution des
dépots (dépots à vue)
Années
|
1994
|
1999
|
Total dépôt
|
283
|
615
|
dont dépôt à vue
|
116
|
386
|
Ce niveau très élevé et dans la
durée des dépôts à vue dans le total des
dépôts
révèle quelques caractéristiques du
marché sénégalais :
-La banque est un instrument de transit financier
-Il y a une volatilité des dépôts
-Clientèle peu fortunée.
-Massification de la clientèle.
La SGBS a été la première banque à
s'intéresser à la clientèle des particuliers, et à
mener des actions envers elle avec ces commodités :
-Découvert automatique à partir du 10 du mois
pour les salariés qui ont domicilié leurs salaires dans
l'établissement.
-Crédits rapides et limités.
-etc ...
Cette politique de crédit souple et rapide
s'apprécie d'ailleurs par le niveau élevé du rapport
ressources-emplois de cette banque comparativement aux autres
établissements durant ces dernières années :
En milliards évolution des ressources
et emplois (par banque)
|
1997
|
1998
|
19999
|
SGBS
|
150/134
|
155/136
|
156/143
|
BICIS
|
100/78
|
107/74
|
116/77
|
CBAO
|
101/63
|
93/53
|
98/58
|
ClS
|
4646/37
|
4848/46
|
5858/49
|
bBST
|
|
4/2
|
16/10
|
Ce mouvement amorcé par la SGBS depuis quelques
années est maintenant suivi par les autres banques. Ce sont des
crédits à la consommation qui ne mobilisent pas beaucoup
d'argent pour la banque, et les prêts sont accordés en tenant
compte des possibilités de remboursement en respect de la quotité
saisissable de salaires pas très élevés. « De
nombreuses études ont montré que la demande de services
financiers émanant des différentes classes sociales
diffère davantage par l'intensité d'usage selon les
différentes classes qu'au sein des classes elles -
mêmes » Meidan, et zollinguer
(1999) d'ajouter que « les classes les plus modestes ont tendance,
par exemple, à emprunter davantage pour satisfaire des besoins
personnels tandis que les classes les plus aisées empruntent surtout
pour des motifs autres que la consommation... En matière
d'épargne, les classes sociales les plus favorisées
présentent les plus fortes propensions à épargner, et si
celle - ci est constituée par les classes modestes cette épargne
n'est pas orientée vers l'investissement mais conçue comme une
épargne de précaution et prend plus fréquemment une forme
disponible ». La structure des bilans des banques
sénégalaises confirme bien ces assertions et reflète la
situation et les attitudes des populations qui sont en relation avec ces
établissements.
Années
|
1994
|
1999
|
Total dépôts
|
283
|
615
|
Dont dépôts à terme
|
153
|
220
|
Une faiblesse du niveau de l'épargne longue qui
constitue un handicap pour les banques au regard de la norme prudentielle de
couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables.
Cette norme vise à éviter une transformation excessive des
ressources à court terme en emplois à moyen et long terme,
partant elle contribue à surveiller l'équilibre de la structure
financière des établissements de crédit. Cette
règle exige que les emplois d'une durée résiduelle
supérieure à 2 ans soient couverts à hauteur de 75%, au
moins par des ressources de durée équivalente. Au
Sénégal 2 banques sur 10 étaient en conformité au
31 - 12 - 2001.
Les produits et articles issus des technologies
récentes se sont répandus dans nos pays. Par exemple, les
véhicules et les appareils électroménagers sont devenus
beaucoup plus accessibles aux ménages à travers les offres
multiples des maisons de commerce, aussi est né un engouement
légitime des ménages pour le confort moderne. Les principaux
secteurs bénéficiaires des crédits du système
bancaire de l'UEMAO, selon les déclarations à la centrale des
risques à fin décembre 2000, restent le secteur du commerce, les
industries manufacturières et les services. Le secteur du commerce
consolide sa première place et se situe à 38% du total des
crédits, le taux est à 34% au Sénégal à
cette même date. Le total des crédits accordé à ce
secteur porte sur le court terme, tandis que les crédits importants aux
particuliers s'arrêtent au moyen terme. Au Sénégal les
crédits s'établissent ainsi au 31 - 8 - 2000.
En milliards configuration des
crédits
Secteur
|
Court terme
|
Moyen terme
|
long terme
|
Commerce gros et détails, restaurant, hôtels
|
203
|
34
|
4, 2
|
Prêts aux particuliers
|
13
|
18
|
5, 5
|
La configuration des crédits peut refléter la
typologie de la clientèle des banques sénégalaises, mais
indique aussi l'orientation défavorable de nos économies, car les
activités qui sont financées ne sont pas porteuses de valeurs
ajoutées. C'est l'industrie qui absorbe l'essentiel des concours des
banques dans les pays développés. Avec la création du
fonds de promotion économique (FPE) l'état voulait influer sur la
politique de crédit en donnant la priorité aux activités
qui utilisent des produits locaux ou qui sont destinées à
l'exportation. La concurrence des banques s'effectue donc dans le cadre d'une
économie qui a ses tendances lourdes et n'offre pas de ce fait beaucoup
de créneaux. Les banques ont besoin par conséquent de
développer leurs actions commerciales afin d'atteindre les cibles les
plus intéressantes : les PMI - PME tournées vers le
négoce, la manufacture et les services ainsi que la masse des
particuliers avides de produits de consommation et d'équipements.
1-1-3 La prise en compte des exigences de la
clientèle
Depuis quelques années les banques cherchent à
prendre réellement en compte les besoins de la clientèle dont la
satisfaction passe par la recherche d'une plus grande proximité
géographique et d'une meilleure considération.
- Par une meilleure politique de distribution
Tous les responsables que nous avons rencontrés ont
affirmé que leur établissement ainsi que leurs agences sont
implantés dans un souci de proximité de la clientèle.
Les banques ont dû se décider sur le choix des
implantations le plus souvent en achetant un local situé dans une zone
commerciale où d'habitat dense et bien desservie par les infrastructures
de transport. Cette tendance continue mais nous assistons maintenant à
une diminution de la taille moyenne des nouveaux guichets. Et ce maillage du
territoire par des agences équipées de distributeurs de billets
et guichets automatiques dont certains installés dans des stations
d'essence constitue une grande commodité pour les détenteurs de
comptes Auparavant il était aisé d'ouvrir un compte à
l'agence la plus proche du domicile ou du lieu de travail, toutefois toutes les
opérations du client étaient confinées à cet
endroit puisque les chèques sont d'une utilisation limitée dans
les transactions au Sénégal et, de plus, on ne pouvait pas faire
de retrait d'argent dans une autre agence d'un même réseau. Les
trois principales banques de réseau ont chacune mis en place un parc
évolutif de distributeurs automatiques de billets :
au 31-12-01
SGBS - 9 DISTRIBUTEURS
BICIS - 13 DISTRIBUTEURS
CBAO - 5 distributeurs
La logistique des agences qui était
déployée principalement pour la collecte des dépôts
s'avère maintenant très utile pour un service essentiel pour la
clientèle des particuliers : le retrait rapide d'argent et de
surcroît en des endroits de plus en plus accessibles.
La BST est intéressée par la clientèle
des particuliers et surtout des commerçants, elle a implanté pour
cela une agence à côté de la gare routière de
Dakar(pompiers), une agence au marché HLM et une autre à Touba,
mais elle reconnaît qu'elle n'est pas encore bien outillée pour
faire face à tous les besoins des particuliers notamment l'utilisation
des guichets automatiques de banques.
Cette forme d'accès à la banque est devenue une
exigence de la clientèle que les banques s'attellent à prendre en
charge correctement.
Pour effectuer les opérations l'agence bancaire est
reliée à son siège par une liaison
spécialisée de la SONATEL. Toutes les opérations sont
traitées par le serveur central du siège, en temps réel.
Les agences et le siège fonctionnent ainsi en réseau ce qui
permet de faire une gestion décentralisée de la clientèle.
Toutes les informations relatives aux clients sont accessibles, et la BST ,par
exemple, accepte que ses chèques soient payables à travers son
réseau d'agences, ce qui n'est pas encore le cas dans les autres banques
de réseau. Il existe d'ailleurs à cette banque un système
d'alerte qui permet à un exploitant d'accepter ou non un chèque
présenté à un autre site s'il y a un dépassement et
ceci dans un délai très court. En cas d'accord le nom du
responsable est notifié au client, mais en cas de rejet c'est
l'anonymat.
Cette variable distribution constitue aujourd'hui, par
obligation concurrentielle, le moteur de toute activité bancaire. Les
banques veulent avoir davantage d'agences, plus de clients, plus de comptes. Il
s'agit certainement d'une phase du cycle de développement du secteur,
mais il faut noter que ces pratiques de course à l'ouverture de guichets
ont révélé leurs effets négatifs en France
dès que la saturation du marché a été
atteinte : problèmes de productivité et de
rentabilité. Nos interlocuteurs n'ont pas pu nous dire si leurs agences
sont des centres de profit, leur comptabilité analytique ne
dégageant pas encore ce genre de résultat. La tendance est
d'ouvrir des structures assez légères qui pourraient
être facilement rentables.
- Par une meilleure qualité d'écoute et
d'accueil
Les banques font des efforts pour une meilleure formation du
personnel de contact. Car le manque de compétence des clients et leur
ignorance des modalités techniques de l'offre constituent des obstacles
à une formulation claire et à la prise en compte des besoins
à satisfaire. Les banques ont recruté beaucoup de cadres
diplômés et d'employés mieux formés ces
dernières années, des formations continues en interne et en
externe sont également instituées dans tous les
établissements visités. Les effectifs n'ont pas notablement
augmenté durant ces trois dernières années mais il y a eu
des départs et des réorganisations au sein de l'encadrement,
c'est ce que dénotent les statistiques ci dessous.
Evolution des effectifs
/années
|
1998
|
1999
|
2000
|
Effectifs
Employés dont
etrangers
|
1.544
1.121
0
|
1561
1.121
7
|
1.573
1213
0
|
Cadres dont étrangers
|
423
31
|
297
33
|
360
30
|
|
Les mouvements les plus importants sont notés au
niveau du nombre de cadres locaux qui fléchit de -29,8% entre 1998/1999
et remonte 21,2% entre 1999/2000.
Ecobank est entrée en activité durant
l'année 1999 mais son effectif n'impacte pas beaucoup les
restructurations de personnels décelées au niveau du secteur, cet
établissement ayant débuté avec 15 cadres et 18
employés.
La banque cherche à identifier le produit ou le service
adapté au besoin du client.
Celui-ci peut demander un découvert alors que c'est
d'un prêt à moins terme dont il a besoin, par exemple. D'où
une plus grande qualité d'écoute du client et une bonne
connaissance si c `est le cas de l'entreprise et de son environnement.
L'exploitant doit avoir une bonne technicité et une grande
perspicacité.
La banque cherche également à exploiter des
produits à forte valeur ajoutée, gestion de porte feuille,
conseils dans de grosses opérations etc.... parce que les marges
bénéficiaires sur les opérations classiques se
réduisent. La clientèle avisée discutant fermement les
conditions, les comparant avec celles proposées par la concurrence.
Pouvons--nous ainsi parler d'une réelle prise en compte des besoins et
des attentes du client. ? Voisard (1997) invoque
des « circonstances atténuantes structurelles et
conjoncturelles pour les banquiers » . A sa suite nous pouvons dire
s'agissant des circonstances structurelles de la quasi impossibilité des
banques d'accorder des financements importants à moyen et long terme du
fait de l'instabilité des dépôts collectés. Leurs
types d'interventions s'en trouvent limités. Les raisons conjoncturelles
peuvent tenir de la politique actuelle de la BCEAO en matière de taux
d'intérêts. Le TMM est bas et peu fluctuant alors que le
taux accordé à l'épargne contractuelle est stable et
rémunérateur La clientèle s'est donc massivement
tournée vers les livrets d'épargne et les plans d'épargne
logement :
en milliards évolution de
l'épargne contractuelle
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
1994
|
Comptes d'épargne à régime
spécial
|
129
|
144
|
177
|
82
|
|
La progression entre 1998 et 1999 est de11,9% , il y'a eu un
bond de 23% entre 1999 et 2000. Le total des dépôts a
doublé entre 1994 et 2000. Chaque établissement dispose
théoriquement d'une relative liberté pour différencier
son offre dans le cadre de ce mouvement d'ensemble, mais nous avons
décelé plutôt une démarche
« moutonnière » les produits épargnes
logement sont par exemple quasi identiques .
En outre le lieu physique( physical evidence) a
été particulièrement revu en ce qui concerne les
équipements externes, internes et les autres éléments
tangibles.Les bâtiments qui abritent les grandes banques ont
été « relookés » et les
décorations revisitées. A la SGBS la boiserie austère qui
recouvrait des pans de murs a été remplacée par du marbre
lumineux, et une agence dédiée aux activités des
entreprises a été construite à côté du
siège. La CBAO a aménagé des locaux modernes dans
l'immeuble Sokhna Anta derrière son siège. La BICIS vient
d'inaugurer ( 2001) un immeuble moderne attenant à son siège. Il
abrite les opérations de la clientèle privilégiée.
La conception des mobiliers observés, leur agencement et leurs couleurs
donnent à chaque établissement un certain cachet suggérant
un travail de designer.
L'apparence physique des personnels ( le personnel en contact
) rencontrés nous a parue aussi traduire un choix. Ils sont jeunes ou
d'aspect juvénile, d'un port élégant et d'une certaine
vivacité d'esprit.
Enfin, s'agissant des segments de clientèles
aisées les banques ont aménagé des espaces destinés
à l'amélioration du processus de service. Ce sont les
« guichets particuliers » où les files d'attente
sont rares et les clients attendent dans des fauteuils cossus avant
d'être dirigés par une signalisation adaptée vers une
caissière avenante. Il s'agit ici de la participation du client à
la réalisation du service qui est un élément central du
modèle de servuction. Parce que la qualité perçue des
services offerts dépend en partie de la manière dont les clients
s'impliquent dans le processus de servuction : file d'attente, utilisation
des guichets automatiques etc.
- Par un effort d'information
Depuis quelques années, les produits et services
financiers se sont multipliés. Et de nombreux clients ne savent pas
souvent comment faire pour choisir la solution la mieux adaptée à
leurs besoins en matière de demande de crédits ou de placement de
leur argent. Les taux d'intérêts servis sur les différents
types de placement également ne sont pas davantage connus.
Les banques ont fait des efforts importants pour
éditer des plaquettes et brochures portant sur l `essentiel de
leurs produits et services .Ces documents d'une présentation
soignée sont disponibles au niveau de tous les guichets que nous
avons visités .De plus une directive de la BCEAO oblige tous les
établissements à afficher les tarifs de leurs différents
produits et services dans leur hall ,et certaines banques comme la SGBS en
ont fait un recueil remis gracieusement à la clientèle .A
l'occasion de rares lancements de nouveaux produits les banques font des
campagnes de publicité dans les médias et les principales
caractéristiques des produits sont déclinées. Mais
il reste que la principale source d'informations bancaires et
financières est, de loin l'établissement bancaire
fréquenté (71%), devant la radio et la télévision
(37,8%), les amis et les proches (37,2%)et les magazines et quotidiens (26%)
par exemple dans un pays comme la France(source 1997 in «information
financière des français » Epargne et Finance p.44-48).
Les bancarisés sénégalais ne devraient pas être
loin de ces tendances.
1-1-4 L'automatisation et la banalisation des
opérations techniques .
· L'automatisation des opérations
techniques.
Dans la gestion des actifs financiers, la banque s'engage
dans un processus de traitement lourd de donnée et d'information. Les
efforts et les innovations portent sur les circuits d'encaissement qui sont
réellement le centre nerveux de l'ensemble du système bancaire.
C'est en effet grâce à eux que les instruments de paiement vont
s'échanger et que les mouvements financiers peuvent se faire. Leur
complexité est amplifiée par le nombre d'opérations et la
variété des supports (papiers , données
télématiques, fichiers).C'est la raison pour laquelle
l'automatisation et la dématérialisation des traitements sont
souhaitées. Les banques sénégalaises visitées ont
toutes franchi le cap de l'automatisation des opérations. Les rapports
d'activités indiquent des investissements importants (sans
précision des montants) en informatique, et relatent des migrations de
logiciels comme des événements cruciaux. IL est devenu
indispensable d'industrialiser les traitements devant la massification de la
clientèle et la multiplication des opérations que cela engendre.
Les objectifs sont la réduction du temps de circulation des flux
(rapidité) et la fiabilité des opérations
(sécurité). Mais cette évolution affranchit par ailleurs
le banquier des tâches fastidieuses qui étaient les siennes.
Nous avons évoqué plus haut la relative
stabilité des effectifs des banques alors que l'activité a
doublé en 6 ans. IL nous a été également
signalé des débauchages d'informaticiens de concurrents par
certains établissements. L`évolution des frais de personnel dans
la période 1998/ 2000 donne des indications sur le degré
d'informatisation des banques, si nous la rapportons à la croissance du
produit net des opérations avec la clientèle de la même
période :
En millions évolution des
frais de personnel/produit bancaire
|
1998
|
1999
|
2000
|
Frais de personnel
|
14.647
|
13.785
|
15.197
|
Produit bancaire
|
39.050
|
43.866
|
53.162
|
Frais généraux par agent
|
18,8
|
18,6
|
20,9
|
L'activité se développe, les opérations
s'intensifient alors que les frais de personnel sont contenus. Cela traduit une
plus grande productivité, une exploitation soutenue par
l'informatique.Cet outil a été développé d'ailleurs
dans une logique de productivité, cest connu. Cet engouement des banques
sénégalaises pour une informatisation croissante des
opérations est une nécessité et converge vers des
idées développées par Kolari(1987) qui
affirme que « dans le choix d'une stratégie bancaire
l'efficience des opérations est sans doute l'aspect le plus important,
parce qu'on peut le gérer plus directement que l'aspect Marketing ou
financier, qui sont largement affectés par des forces de marché
exogènes ». La compétitivité entre les banques
se joue d'abord sur le terrain de la productivité certainement dans des
marchés développés, toutefois au Sénégal
c'est une bonne automatisation des opérations qui est encore de mise.
L'enjeu ici est de mieux maîtriser les opérations en vue d'asseoir
une gestion moderne de ces établissements.
· La banalisation des opérations
techniques
Il s'agit en réalité de l'appropriation des
outils informatiques par tout le personnel de la banque. Maintenant bon nombre
d'opérations bancaires sont le fruit de procédures quasi
standardisées, et l'utilisation de l'informatique est devenue beaucoup
plus aisée pour le banquier. Il lui est toujours demandé les
mêmes dispositions professionnelles mais son
opérationnalité a été renforcée par sa
capacité à manier l'ordinateur. Il existait, avant, le
problème de la localisation des fichiers en particulier ceux des clients
qui étaient tenus dans les sites où ils sont ouverts
L'échange de données entre les agences et leur siège ou
entre établissements n'était pas également une
opération commode. Aujourd'hui chaque banque dispose d'un ordinateur
central puissant auquel est reliée une multitude de postes,et les
opérateurs ne sont formés de spécialistes détenant
une compétence technique spécifique . Les applications
récentes permettent d'ouvrir une fenêtre à tout usager d'un
réseau dans un échange devenu convivial. Ces innovations
allègent le fonctionnement interne des banques et favorisent leur
expansion. Le fonctionnement de plusieurs établissements tel qu'il m'a
été décrit reflète bien ces
évolutions :
- A la BST, s'agissant des prêts et concours à
la clientèle, le chef d'agence joue un rôle équivalent
à celui de l'exploitant du siège. Il traite directement les
dossiers qui lui sont soumis, communique les caractéristiques au
Directeur de l'exploitation sur son poste et celui ci valide l'opération
sous réserve des limitations indiquées par la Direction
Générale.
- La télématique d'entreprise est un produit
développé par toutes les banques sous différentes
appellations : ETEBAC à la CBAO , LA POSTE BANQUE à la
BICIS , SOGECOM à la SGBS etc. . C'est un logiciel qui permet aux
entreprises d'obtenir à partir de leur terminal en temps réel des
relevés de comptes ( pièces comptables), de commander des
chéquiers et de transmettre d'autres ordres. Il semble que ce produit
est très bien accueilli par les entreprises. Néanmoins, la
plupart des banquiers conviennent que l'utilisation des NTIC doit se faire
selon les besoins et attentes des clients. Par exemple certains
établissements ont eu à mettre en place des produits
sophistiqués et coûteux mais qui ont rencontré peu de
succès auprès de la clientèle. Car il faut tenir compte du
niveau de développement du pays, des habitudes des clients, des
contraintes de confidentialité et de sécurité etc. Nous
pouvons citer les terminaux de paiement par carte que la BICIS essaie
d `implanter dans certains commerces ; la lenteur des
opérations entre autres constitue un handicap certain pour une bonne
diffusion de ce produit.
- Les opérations de compensation sont
centralisées par les sièges des banques vers qui sont
convoyés tous les chèques. Toutefois tous les mouvements des
comptes sont effectués dés que les données sont saisies au
niveau du terminal de l'agence.
- Le particulier a maintenant réellement le choix
entre traiter l'opération dans une agence de sa banque, à un
guichet automatique de banque (GAB), à un serveur vocal, ceci
dépendant de la nature de l'opération. Cette accessibilité
de la banque sénégalaise est le résultat de la
nécessaire modernisation du process des opérations
consécutive à l'évolution du marché et de ses
acteurs. La bancarisation s'est élargie à une frange importante
de la population, sous l'influence de la croissance économique forte
notée depuis la dévaluation de 1994 (5 à 6% par
année depuis 1994), et les établissements bancaires sont
maintenant confrontés à une concurrence plus nettement
affichée. Le marché a atteint une maturité qui l'oblige
à adopter des standards internationaux en matière d'innovations
techniques, d'organisation administrative et de gestion commerciale, de
marketing etc. afin de poursuivre son développement.
-
1-2 LES STRATÉGIES ET LE MARKETING
APPLIQUÉS
1- 2-1 Les pratiques marketing :
· Le choix des canaux de distribution peut procurer un
avantage concurrentiel durable, car il constitue le principal
élément réel de différenciation des enseignes dans
un secteur caractérisé par la banalisation des produits et par
une concurrence des prix peu crédible. Le marché de masse
requiert une décentralisation géographique de l'offre et des
services standardisés. Le premier établissement au
Sénégal selon la taille du bilan est la SGBS qui est la banque
qui a le réseau d'agences le plus important. Voici les données
des principales banques.
en millions
Banques
|
Nombre d'agences
|
Total bilan au 31 décembre 2000
|
SGBS
|
17
|
251 775
|
BICIS
|
15
|
175 400
|
CBAO
|
9
|
130 658
|
Crédit Lyonnais
|
2
|
100 915
|
BST
|
3
|
35 270
|
Citibank
|
1
|
97 375
|
Ecobank
|
1
|
31 389
|
Nous avons indiqué plus haut que les autres banques de
réseau, BICIS, CBAO et BST ont notablement augmenté leurs nombres
d'agences durant ces deux dernières années. Cependant, ces
pratiques de course à l'ouverture de guichets ont
révélé leurs effets négatifs (ailleurs) dès
que la saturation a été atteinte : problème de
productivité et de rentabilité. Les bilans des
établissements affichent des résultats positifs mais il n'y a pas
de comptabilité analytique portant sur les entités. Il existe
probablement un système de subventions croisées entre les
différents secteurs de la banque qui couvre des disparités qu'une
analyse fine pourrait mettre facilement à jour.
· Ces banques ont également adopté le
concept de «banque à accès multiples »
mêlant les nouvelles ressources technologiques et les agences
classiques.
|
TÉLÉMATIQUE
D'ENTREPRISE
|
DAB
|
SERVEUR VOCAL
|
CARTE DE PAIEMENT
|
SGBS
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
BICIS
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
CBAO
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
BST
|
Oui
|
Non
|
Oui
|
Non
|
Citibank
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Non
|
§ La télématique d'entreprise est devenue
incontournable pour les banques, car elle constitue une commodité
certaine pour les entreprises en ce qu'elle permet à celles-ci de
gérer leurs comptes bancaires à partir du terminal
installé dans leurs locaux. Le répondeur automatique (serveur
vocal) a été mis en place en premier par la SGBS et les autres
grandes banques l'ont suivi aussitôt.
Des études menées en France ont montré
que la banque par téléphone par contact classique entre le client
et le personnel ne permet de réduire les coûts que de 30 %, alors
que la banque par téléphone avec répondeur
représente, comme la banque sur micro ordinateur une économie de
80 % pour le banquier («banque : le retour en grâce des
réseaux » Enjeux les échos Mai 1998 P. 76).
§ Les distributeurs automatiques de billets sont
particulièrement appréciés par la clientèle parce
que :
ils réduisent le temps d'attente et de
déplacement ;
ils sont disponibles à tout moment ;
ils sont d'une relative facilité d'utilisation (et le
vigile peut aider certaines
personnes).
§ Les serveurs vocaux sont très utilisés
principalement pour les consultations de comptes, par une clientèle peu
riche qui doit surveiller particulièrement les mouvements de leurs
comptes pour éviter des désagréments.
§ Les cartes de paiement sont utilisées par une
clientèle d'hommes d'affaires et de hauts cadres dans quelques commerces
équipés de TPE (terminal de paiement électronique) et le
plus souvent à l'étranger.
Tous ces nouveaux outils ou commodités mis à la
disposition de la clientèle génèrent des ressources pour
la banque. Les cartes de retrait sont par exemple vendues à tous ceux
qui retirent leurs salaires aux guichets de la banque et des commissions sont
prélevées sur les retraits.
Pour la télématique d'entreprise, en plus de
supporter la charge d'un micro-ordinateur, le client doit assumer les
transmissions à la banque par sa ligne téléphonique et
payer un abonnement à la banque (environ 50 000 F cfa/mois).
· Les facilités de crédit à la
clientèle des particuliers constituent maintenant une pratique
très répandue au niveau des banques. Toutes les banques de
réseau ont emboîté le pas à la SGBS qui est le
premier établissement à s'intéresser véritablement
à la clientèle des particuliers. Le marché de la
clientèle des entreprises étant assez réduit et
particulièrement ciblé par les autres banques surtout les banques
monoguichets, le financement du crédit à la consommation s'est
avéré un gisement d'affaires intéressantes pour les
banques capables de prendre en charge cette préoccupation des
particuliers. Il s'agit de prêts à court et moyen terme qui sont
souscrits pour faire face à des événements (mariage,
fêtes religieuses etc...) ou pour acquérir un bien
d'équipement et les délais de remboursement ne dépassent
pas 4 ans en général. Les crédits déclarés
par les banques à la centrale des risques ont connu l'évolution
ci-dessus au 31 décembre 2000.
en millions évolution des
crédits
|
1998
|
1999
|
2000
|
Court terme
|
14 719
|
12 797
|
13 832
|
Moyen terme
|
15 843
|
17 320
|
18 600
|
Les crédits à moyen terme se développent
plus parce qu'ils s'accommodent mieux aux besoins de la clientèle, ce
délai permet aux banques d'asseoir des remboursements moins lourds pour
une clientèle peu fortunée mais qui a des revenus
réguliers. La principale exigence est la domiciliation des revenus dans
l'établissement bancaire, le montant du crédit dépendant
du niveau de salaire.
La SGBS propose par exemple deux produits
caractéristiques :
Expresso : c'est un produit
destiné au client qui est confronté à une dépense
exceptionnelle dit le dépliant. Dès le dépôt de la
demande accompagnée des pièces justificatives (bulletin de
salaire) une réponse est donnée au demandeur sous 48 heures. Le
crédit est limité à 3 fois le salaire.
Le prêt personnel ordinaire
(PPO) : Par contre permet de faire face à des
projets immédiats ou à une opportunité, le dépliant
montre un homme debout à côté d'un
réfrigérateur et d'autres appareils
électroménagers. C'est un prêt à moyen terme de 3
à 5 ans au plus destiné à satisfaire une clientèle
avide de biens d'équipement.
La CBAO propose aux sociétés de bon standing des
protocoles qui permettent à leur personnel de bénéficier
de prêts de la banque sans tenir compte de l'ancienneté de leurs
comptes personnels. Elle peut même accepter que le salaire ne soit pas
domicilié mais qu'un virement permanent soit fait. Cet
aménagement permet à cet établissement de mener des
opérations avec la clientèle déjà attachée
à d'autres banques et traduit aussi le souci de la banque
sénégalaise de prendre en charge les besoins et attentes du
marché
· La collecte de ressources stables par la mise en place
et la promotion de produits adaptés semble être une grande
préoccupation des banques. L'application des ratios prudentiels les
pousse à essayer d'orienter l'épargne vers des formes plus
stables. L'évolution des ressources à terme des banques est
marquée par une hausse de 82 milliards (+ 23 %) en 2000, plus forte que
celle de 1999 et de 1998 où elle se situait respectivement à 33
milliards (+ 10 %) et 3 milliards (+ 1 %). Alors que la progression des
dépôts à vue ressort à 42 milliards (+ 15 %) en 2000
contre 19 milliards (+ 7 %) l'année précédente.
(source : rapport commission bancaire de l'UMOA année 2000).
Les produits qui comportent une durée de phase
d'épargne sont privilégiés car le terme de
l'épargne est convenu et les retraits ne sont pas autorisés ou
sont assujettis à des pénalités. Toutes les grandes
banques passent de la publicité dans les médias pour lancer ou
promouvoir des produits Plan Epargne Logement (PEL) ou Plan Epargne
Crédit (PEC) parce qu'elles semblent y trouver un intérêt
accru. Le compte d'épargne ordinaire est très demandé par
les sénégalais mais il est également souvent visité
par le déposant, et beaucoup plus maintenant que les livrets à
feuillets multiples dans lesquels les opérations étaient
retracées sont remplacés par des cartes utilisables dans les
guichets automatiques de banques Seule la BST qui met en place
présentement un réseau d'agences essaie de diffuser largement un
produit d'épargne ordinaire à travers son produit
« épargne xeewël » et cela est
compréhensible cette banque ayant des stratégies de
positionnement et de part de marché à gagner après sa
restructuration. Le taux d'intérêt servi est
un discriminant favorable à l'épargne contractuelle. Les
comptes d'épargne ordinaires sont en effet
rémunérés à 3,5 % alors que les plans
épargne sont rémunérés à 4,25 %
actuellement. Toutefois il faut noter que les taux d'intérêts des
comptes d'épargne sont fixés par la banque centrale, tandis que
les taux d'intérêts des plans épargne sont libres. Ces
derniers taux sont fixés par les banques en tenant compte de
l'évolution des taux du marché monétaire, mais ils sont
quasi identiques pour ces produits en ce moment.
· Par une extension de l'intermédiation les
banques essaient de prendre en charge les énormes besoins de financement
des Etats et des grandes sociétés. En effet, les banques lancent
de plus en plus d'emprunts obligataires pour leur propre compte ou pour le
compte de leur clientèle. « L'intermédiation
désigne un financement externe indirect et réalisant une double
transformation qui correspond à la principale fonction
bancaire(Courbis 1987). Il se trouve que cette forme
d'intermédiation de bilan peut reposer sur d'autres actifs financiers
que le crédit, comme l'émission de valeurs mobilières.
C'est ce que l'on a qualifié d'une intermédiation de bilan par le
marché.
Citibank a été la première banque
à utiliser cette technique pour financer les opérations de
campagne agricole au profit de la SONACOS. L'offre de financement est faite
à quelques sociétés détentrices de
liquidités importantes à la banque et le taux accordé est
supérieur au taux servi par les comptes à terme. En 2000,
l'emprunt obligataire de la SONACOS était rémunéré
au taux de 6,25 % alors que les taux des comptes à terme gravitaient
autour de 4,5 %. L'avantage est que la dette n'est plus couverte par la banque
mais par un autre agent se portant acquéreur du titre. Les banques font
du commerce des titres pour autrui et ceci paraît être un
créneau fort juteux puisqu'elles prélèvent des commissions
et des frais sur les opérations. En 2001 la BICIS a rejoint la Citibank
pour assurer le financement de la campagne arachidière mais la SONACOS a
eu du mal à respecter les échéances. Ces financements de
campagne se déroulent à court terme (12 mois en
général) contrairement à la plupart des autres emprunts
obligataires. La BICIS a émis en 1999 des obligations, la BST en a fait
de même en 2000, en vue de lever des fonds importants pour leur compte.
On parle d'émission à titre privé quand l'opération
n'est pas côtée par la bourse régionale des valeurs (BRVM)
et d'émission à titre public quand la BRVM intervient. Enfin ces
opérations doivent être autorisées par la BCEAO. Les
crédits de campagne sont donc sortis des bilans alors que le poste
«autres dettes à terme » qui renferme entre autres
les emprunts de la banque se maintient :
EN MILLIONS ÉVOLUTION DES
CRÉDITS DE CAMPAGNE
|
1997
|
1998
|
1999
|
Actif
Crédit de campagne
|
10 402
|
12 691
|
426
|
Passif
Autres dettes à terme
|
188 778
|
175 181
|
181 842
|
L'intérêt de ce type de ressource est qu'elle est
souscrite pour une longue durée 3 à 5 ans habituellement.
· La constitution d'une image de marque est un objectif
poursuivi par les banques. Les anciennes filiales de banques françaises
bénéficient d'une bonne notoriété mais n'ont pas en
réalité une image distinctive auprès des clients. On
respecte leur puissance financière surtout après la
débâcle des autres banques, des expatriés y travaillent ce
qui pour certains est un gage un sérieux, leurs sièges sont
installés au coeur de la capitale, mais à terme cette
uniformité pourrait se révéler handicapant.
La SGBS a été la première banque à
lancer les guichets automatiques de banque (GAB), à mettre en place un
serveur vocal opérationnel, à ouvrir une agence
dédiée à la clientèle entreprise, à accorder
des découverts automatiques sur les comptes particuliers et à
aménager de manière particulièrement soignée les
espaces « clientèle privilégiée ». Ces
innovations la font paraître comme une banque dynamique, efficace devant
les sollicitations de la clientèle. La BICIS a été
toujours présentée comme une institution solide et très
rigoureuse voire parcimonieuse dans ses interventions. Le refus
systématique que son ancien dirigeant opposait aux autorités pour
le financement des campagnes agricoles ainsi que son intransigeance vis
à vis des demandes du personnel sont des indications qui confortent
cette image au sein du public. La sobriété des locaux du
siège, le classicisme de l'architecture et de l'aménagement de la
nouvelle agence « prestige » font penser à un
établissement qui fonctionne à l'économie ce qui est gage
de sérieux et de célérité dans ce secteur.
La CBAO semble miser sur les collaborateurs pour asseoir son
identité propre. Il y a eu récemment un renouvellement important
du personnel d'encadrement avec l'arrivée de cadres chevronnés
qui officiaient dans les autres banques. Certains disent que l'ancienne
direction mettait l'accent sur la rigueur et le contrôle au
détriment du crédit qui devrait rester la principale
activité. On fait appel aux compétences, on renforce le sentiment
d'appartenance collectif par une meilleure communication interne et on choisit
un positionnement spécifique différenciateur. C'est ainsi que
beaucoup de PME-PMI sont venues à la CBAO à cause de l'accueil
client qui est devenu plus attentif et de la rapidité dans la prise de
décision l'accord du président du conseil Monsieur MIMRAN
étant suffisant. En outre les traites sont escomptées assez
rapidement, des avances sont accordées sur présentation d'une
attestation de services faits. La banque, en se contentant du nantissement du
marché pour effectuer l'avance, a pu ainsi beaucoup travailler avec les
entreprises qui remportaient les marchés de l'AGETIP. Cette
rapidité et cette simplicité imprimées dans les
procédures sont fort appréciées par la clientèle.
Les cadres que nous avons rencontrés ont, à notre avis, un style
moins compassé que ceux de la SGBS ou de la BICIS par exemple. Les
résultats sont heureux puisque la CBAO avec ses 55 milliards F CFA
d'épargne reçus de sa clientèle en 2000 contre 48
milliards au 31 décembre 1999, creuse l'écart par rapport
à la concurrence confortant son leadership sur ce type de produit
« gage d'une solide confiance des épargnants »
dit-on.
· Des tentatives de fidélisation de la
clientèle. La constitution d'un lien de longue durée entre le
client et l'entreprise est un objectif fondamental. Reposant sur un
échange d'informations et de récompenses, la fidélisation
de la clientèle permet de développer la relation, au
bénéfice des deux parties. Le principal critère
exigé dans la distribution du crédit est l'ancienneté du
compte bancaire, en dehors du niveau de revenu. Et les banques confortent cette
règle dans des produits très courus en ce moment par la
clientèle des particuliers. Il s'agit des crédits à court
et moyen terme automatiques. La banque s'engage formellement à octroyer
un crédit aux clients dont les comptes ont une certaine permanence dans
l'établissement, la durée du compte et l'effort d'épargne
étant mis en exergue.
Produits Ancienneté du compte phase
d'épargne Crédit
Expresso (SGBS) 3 mois
- 3 fois le sala
Optimo (SGBS) 1 an
- 3000000 f
Avenir L(CBAO) -
2 à 4 ans 3 fois l'épar
Les plans épargne logement (PEL) qui permettent
d'accorder un crédit à long terme comportent des phases
d'épargne de 3 à 4 ans et ont la particularité d'indiquer
d'emblée le montant du prêt auquel peut prétendre le
client. Ces dispositifs ne peuvent que faciliter l'adhésion de la
clientèle à ces produits qui sont en fait de véritables
contrats d'objectifs. Pierre GAY disait d'ailleurs à ce
sujet que «la grande distribution vend des produits de consommation
à durée de vie généralement courte alors que les
services bancaires sont basés sur la durabilité de la relation.
Il existe une planification financière des besoins ». Les
banques sénégalaises en précisant leur engagement dans ces
types de produits essaient de sceller un contrat de fidélité avec
les clients. La BST a lancé récemment un produit d'épargne
dénommé « xewël » et le slogan est
« l'épargne récompensée ». Il est
prévu d'accorder à la fin de l'année des prix aux comptes
qui auront entretenu les soldes moyens les plus stables et les plus
élevés tout au long de l'année. En cela elle suit les
autres secteurs où aujourd'hui de tels programmes de fidélisation
font partie de la vie quotidienne : dans les supermarchés, les
stations services, les compagnies aériennes etc.
En ce qui concerne les entreprises, les banques mettent en
place une organisation (département entreprises) ou une équipe
capables d'assurer leur suivi à partir d'une bonne connaissance de
l'entreprise et de ses besoins. La multiplicité des contacts permet une
bonne réactivité et pérennise la relation.
1-2-2 les stratégies commerciales :
-Banques universelles et banques monoguichets
Nous avons déjà dressé le panorama des
établissements de crédit au Sénégal. En dehors de
la BHS et du Crédit Agricole qui sont des banques
spécialisées qui commercialisent des types de produits
destinés aux besoins de certains secteurs, toutes les autres banques
sont généralistes ; c'est-à-dire qu'elles ont
vocation à servir tous les secteurs de l'économie. Un examen de
la répartition des crédits pourrait donner des indications sur la
nature des besoins du marché.
· La distribution des crédits.
Les plus gros utilisateurs des crédits
déclarés à la centrale des risques sont les secteurs du
commerce. En 2000 ce secteur absorbe 34 %, les industries
manufacturières 25 % et les services 14 % du total des financements. Les
crédits à court terme qui représentent 70 % de l'ensemble
des concours distribués sont absorbés à hauteur de 77 %
par les trois secteurs dont près de 41 % par le commerce. Les industries
manufacturières consomment 28 % des crédits à moyen terme,
contre 20 % pour les services divers et plus de 18 % pour le commerce. La
distribution des financements à long terme reste très marginale
avec 2 % des concours. L'activité bancaire reste centrée sur le
négoce et les unités de transformation, et le profil des
crédits recoupe parfaitement les cycles de ces secteurs qui
réalisent des opérations à court et moyen terme. En outre
ce sont des secteurs qui ne dégagent pas de fortes valeurs
ajoutées particulièrement le commerce, ce qui ne favorise pas
l'accumulation des richesses.
Evolution de l'utilisation de crédit
déclarée à la centrale des risques
En Milliards
Branches
|
Court terme
|
Moyen terme
|
Long terme
|
Années
|
98
|
99
|
00
|
98
|
99
|
00
|
98
|
99
|
00
|
Agriculture sylviculture et pêche
|
15
|
13
|
14
|
8
|
9
|
9
|
27
|
27
|
27
|
Industries manufacturières
|
67
|
84
|
107
|
38
|
55
|
58
|
4
|
1,5
|
2,5
|
Commerce gros et détail
|
184
|
151
|
200
|
27
|
31
|
24
|
1,3
|
0,9
|
2,5
|
Particuliers
|
14
|
12
|
13,8
|
15,8
|
17
|
18,6
|
4,8
|
4,9
|
5,5
|
La clientèle des particuliers absorbe une part
très faible des crédits (4 % environ) même si elle est
l'objet de beaucoup de sollicitations aujourd'hui dans la collecte des
ressources.
· La prédominance des anciennes filiales
de groupes français.
Ces banques couvrent l'essentiel de l'activité bancaire
au sein de l'UMOA :
Etablissements affiliés à un groupe
Source : rapport CB 2000
Groupes
|
Nombre d'établissements
|
Part
de
marché
|
Nombre
de guichets
|
Effectifs
|
|
Benin
|
Bissau
|
Burk
|
C-I
|
Mali
|
Niger
|
SN
|
Togo
|
|
BNP & PARIBAS.
|
-
|
-
|
1
|
4
|
1
|
-
|
1
|
1
|
15,6 %
|
72
|
1 729
|
Société Générale
|
-
|
-
|
1
|
3
|
-
|
-
|
1
|
-
|
15,3 %
|
75
|
1 559
|
Cofipa & Belgolaise
|
-
|
-
|
1
|
3
|
-
|
1
|
-
|
1
|
9,9 %
|
68
|
1 337
|
Ecobank
|
1
|
-
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
8,3 %
|
20
|
626
|
Crédit Lyonnais
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
1
|
-
|
6,9 %
|
15
|
585
|
Bank of Africa
|
2
|
-
|
1
|
1
|
2
|
1
|
1
|
-
|
6,8 %
|
22
|
540
|
Citigroup
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
1
|
-
|
5,4 %
|
2
|
167
|
Sept (7) principaux groupes contrôlent environ 40 %
des établissements de crédit en activité. Ils
contrôlent 68,2 % du marché du système bancaire de l'union.
Avec près du tiers des parts de marché, les groupes
Société Générale, BNP, Paribas sont
prépondérants. Ils exploitent 24,4 % des guichets et emploient
31,1 % des effectifs. Ce sont des banques universelles avec des réseaux
d'agences importants qui prennent en charge principalement tous les besoins de
financement et des services bancaires des structures formelles de nos
économies. D'abord les filiales des grands groupes français dans
des secteurs comme les importations d'hydrocarbures, de biens
d'équipements, de l'eau etc..., ensuite toutes les autres
sociétés dont l'activité est orientée vers les pays
européens à cause de leur réseau de correspondants mais
aussi de la préférence marquée des importateurs ou
exportateurs européens. L'appartenance à un groupe constitue
assurément un avantage concurrentiel déterminant du fait de la
structure de nos économies. La stratégie des grandes banques
consiste donc à réaliser un maillage serré des secteurs
économiques intéressants et de se partager les bonnes affaires,
c'est ce que nous pourrions appeler «une stratégie de
présence ».
· Les banques monoguichets.
Les secteurs économiques étant bien
répertoriés, ces établissements ont choisi de focaliser
leurs activités dans Dakar où se trouvent les grandes
sociétés et la clientèle privée la plus nombreuse.
La Citibank a été agréée en 1975 et elle fait
partie d'un groupe mondial puissant mais très peu présent en
Afrique de l'ouest avec seulement deux établissements. Les
opérations portent sur le financement du négoce international
(importation de riz, d'hydrocarbures etc.) et l'ingénierie
financière pour de grandes sociétés. Cette filiale
bénéficie des accords entre groupes noués depuis son
siège central. Par exemple un groupe comme Mobil discute au début
de chaque année avec les responsables de Citigroup de ses besoins de
financements dans le monde entier et les conventions sont signalées
à tous leurs démembrements respectifs. Ainsi Citibank Dakar
trouvera une oreille attentive auprès de Mobil Sénégal et
si celle-ci demande un financement il lui sera accordé avec une
procédure accélérée. Ecobank s'est engagée
fortement dans les services bancaires portant sur le négoce inter
Africain en s'appuyant sur son réseau de filiales implantées
dans tous les pays de l'UMOA. Par exemple les transferts des soldes des
opérations de réassurance entre sociétés
d'assurances africaines sont effectués avec une grande rapidité
par Ecobank. Les autres banques s'adressent à elle pour boucler des
opérations dans des pays où elles ne sont pas présentes,
des accords dans ce sens ont été conclus.
Les activités hors bilan qui portent principalement sur
des opérations de crédit documentaire demandées par la
clientèle de sociétés sont très
développées dans ces banques malgré la taille de leur
bilan.
En millions
Banques
|
Engagements de garantie
d'ordre de la clientèle en 1999
|
Total bilan 1999
|
Crédit Lyonnais
|
17 743
|
92 294
|
Citibank
|
21 988
|
76 165
|
SGBS
|
41 133
|
232 657
|
Ecobank-1ère année
|
5 432
|
26 654
|
CBAO
|
25 049
|
126 672
|
BICIS
|
28 036
|
171 120
|
- La segmentation
stratégique
Elle procède d'abord du niveau d'organisation de chaque
établissement. La grande séparation qui existe est celle entre
les particuliers et les entreprises. Ce sont lescibles les plus faciles
à cerner, mais si l'idée qui sous tend la segmentation est de
fixer pour chaque segment de clientèle une stratégie qui pourra
être schématiquement offensive ou défensive, il est
indispensable d'affiner ce découpage. Ainsi, dans les deux graphiques
suivants, les différents segments de marché sont
positionnés par rapport à une problématique
financière
graphique 1 graphique
2
S1
S 2 111111 1 1111
S1 111111 1 1111
faible faible
S2
S 3 1111
Demande de prêts pPprêts
S 3
S 4 111111 1 1111
S 5 111111 1 1111
S 5
S 4
Epargne
générée
fort fort
PNB généré
faible fort
faible fort
Philppe Garssault et S Priamin (La banque)
Dans le graphique 1, chaque segment est positionné en
fonction du produit net bancaire (rentabilité brute) qu'il dégage
et du niveau de risque. Et le graphique 2 positionne chaque segment en fonction
de l'épargne qu'il génère et de la quantité de
prêt qu'il sollicite. Les situations s'avèrent très
différenciées qu'il s'agisse des particuliers ou des entreprises.
Les banques sénégalaises devraient adopter leur axe
stratégique de développement en tenant compte de ces
particularités. Il existe ainsi des départements
«clientèle entreprise » et en général une
entité «clientèle privée » au sein du
département en charge de la clientèle des particuliers. Par
exemple, à la BICIS, le client particulier doit avoir un revenu mensuel
de 400 à 500 000 f cfa/mois pour prétendre à un compte
prioritaire. Les autres banques ont des critères voisins. La SGBS a
construit des locaux dédiés à la clientèle
entreprise et la BICIS a transféré sa clientèle haut de
gamme à sa nouvelle agence prestige en 2000.
La CBAO a opéré une segmentation grande
entreprises/PME-PMI parce que les chargés de clientèle
s'occupaient principalement des grandes affaires au détriment des
autres. Le critère de distinction est le chiffre d'affaires de
l'unité et les chargés de clientèle sont
désignés sans objectif de spécialisation. La
préoccupation est de pouvoir d'abord répondre correctement aux
sollicitations du client et de lui réserver un accueil attentif.
A travers son produit dénommé
«Pareto » décrit plus haut la SGBS chercherait à
identifier un segment porteur au sein de la clientèle des particuliers.
Ce nom n'est pas fortuit car selon le principe de «Pareto » les
4/5ème des bénéfices sont
générés par 1/5ème seulement de la
clientèle. Les dossiers de demande de crédit pourraient permettre
de faciliter l'alimentation d'une base de données qui pourrait
être utilisée pour développer une approche marketing
ciblée.
Les moyens mis en place par les banques révèlent
également les axes stratégiques développés par
chaque établissement. Le réseau d'agences imposant ainsi que
l'effectif du personnel important de certaines banques comme la SGBS ou encore
la CBAO montrent qu'elles privilégient la collecte d'épargne au
profit de la distribution de crédit. Les axes stratégiques seront
donc ainsi dans le graphique 2.
Stratégie offensive : S3 et S4
Stratégie défensive : S1, S2 et S5
Enfin l'état de la concurrence s'est un peu durci ces
dernières années avec l'arrivée de nouveaux entrants comme
Ecobank, la BST restructurée et la BAO, même si 3 grandes banques
monopolisent 75/0 des ressources et distribuent 70 des crédits. Le
segment des entreprises est très disputé par les nouveaux
entrants qui ont opté de s'adresser prioritairement aux grandes
entreprises qui constituent le segment le plus profitable. Ces banques, comme
la BST, mettent à profit le parcours de leurs dirigeants qui sont
déjà bien introduits dans le milieu des affaires depuis fort
longtemps. Ecobank a été dirigée durant une année
par un béninois à ses débuts, puis celui-ci a
été supplanté par une sénégalaise transfuge
de Citibank qui a probablement un meilleur carnet d'adresses et une
sensibilité adaptée. Néanmoins, l'implantation
géographique, la puissance financière ainsi que le faisceau de
relations dont bénéficient SGBS-BICIS-CBAO sont des atouts qui
pourraient permettre à ces établissements de perdurer dans le
peloton de tête des banques.
1-2-3 Les contraintes.
- mise en place d'une infrastructure
lourde.
Pour asseoir une bonne politique de collecte de ressources, les
banques de réseau sont tenues de déployer un réseau
d'agences et de guichets de plus en plus important. L'effort
d'équipement (construction et équipement des agences) et les
charges de fonctionnement sont élevés. Nous avons décrit
plus loin les réseaux d'agences et l'effectif des grandes banques qui
leur permettent de drainer des ressources. Les ressources sont pour l'essentiel
à vue donc théoriquement à bon marché,
néanmoins les charges d'infrastructure leur confèrent un
coût, on parle de coûts implicites de la ressource. Ainsi la bonne
maîtrise de l'infrastructure de production en général, en
vue de son optimisation devient un enjeu crucial pour les banques
sénégalaises. Toutefois, le coefficient net d'exploitation qui
représente la proportion des frais généraux plus les
dotations aux amortissements sur le produit bancaire, est convenable
comparativement à la moyenne de l'ensemble des pays de l'UMOA. En fin
2000, le taux était de 66 % pour l'UMOA et de 55 % pour le
Sénégal, donc bien en retrait.
- Le respect strict de la réglementation
prudentielle (modifiée le 17 juin 1999).
La réglementation prudentielle applicable depuis 2000
est édictée par la commission bancaire sise à Abidjan.
C'est l'agence de contrôle des banques et établissements
financiers. Certaines normes pourraient limiter l'action des banques si leur
application devenait stricte.
· la norme de couverture des risques par les fonds
propres est fixée à un minimum de 8 % dans le nouveau dispositif
prudentiel. Au Sénégal, trois banques étaient en
règle au 31 décembre 2000.
· la représentation du capital minimum, soit
à 1 milliard, soit au montant du capital retenu dans la décision
d'agrément lorsque ce dernier est supérieur à 1 milliard.
Au Sénégal deux banques étaient en règle au 31
décembre 2000.
· la couverture des emplois à moyen et long terme
par des ressources stables. Cette norme vise à éviter une
transformation excessive des ressources à court terme en emplois
à moyen et long terme. Cette règle exige que les emplois d'une
durée résiduelle supérieure à 2 ans soient couverts
à hauteur de 75 %, au moins, par des ressources de durée
équivalente. Au Sénégal deux banques étaient en
règle au 31 décembre 2000.
- des contraintes technologiques
Elles se font jour au niveau de l'exploitation des fichiers
clients. Ceux-ci sont saisis maintenant directement par l'ordinateur central de
la banque et sont ainsi disponibles au niveau des terminaux. Mais les
données qu'ils comportent sont celles relatives aux opérations
courantes et ne sauraient servir à des applications marketing
poussées. Aujourd'hui, il y a une décentralisation progressive
des applications dans les grandes banques des pays développés
avec l'apparition de nouvelles classes d'ordinateurs mais les coûts de
traitement s'avèrent encore très élevés. Certaines
de ces banques utilisent des mini ordinateurs pour effectuer des applications
marketing, c'est une voie qui est ouverte à notre marché.
- L'environnement économique.
L'économie sénégalaise a
enregistré une croissance soutenue ces dernières années.
En 2000, le PIB a connu une croissance de 5,5 % contre 5,1 l'année
précédente. Mais c'est une croissance qui est tirée par
les produits agricoles de toutes natures qui sont dépendantes des
aléas de la pluviométrie. L'activité industrielle
progresse faiblement si elle ne fléchit pas comme en 2000 (- 1,2 %) et
ce recul est imputable à la baisse de l'activité des industries
manufacturières (-5,1 %) qui consomment l'essentiel des crédits
bancaires. Le secteur tertiaire connaît un certain ralentissement avec
4,3 % de croissance en 1999 contre 8,5 % en 1998 qui se poursuit en 2000 avec
2,5 % seulement. Le commerce perd 2,1 points de croissance en 2000 à 2 %
et le transport et les télécommunications se maintiennent. Au
total, l'environnement économique ne recèle pas, pour le moment,
de potentialités ou de ressources stratégiques qui pourraient
placer l'économie sénégalaise sur une bonne rampe de
développement. Et les secteurs qui sont exploités comportent
beaucoup de contingences qui freinent leur bonne évolution. Ces
paramètres étant des fondements importants de toutes
décisions stratégiques, le champ d'intervention du marketing et
des pratiques commerciales au Sénégal est très
réduit, comme nous l'avons décrit.
1-3 Les objectifs commerciaux
1-3-1 La profitabilité :
D'après le rapport de la commission bancaire de
l'année 2000 le système bancaire de l'UMOA dégage un
bénéfice provisoire en progression de 16 % par rapport à
1999. Au Sénégal le bénéfice net se consolide en
passant de 16 milliards à 19 milliards entre 1999 et 2000. Mais si nous
examinons les ratios caractéristiques déterminés à
partir des résultats les performances des banques
sénégalaises s'avèrent très
intéressantes :
- Le taux de marge nette (résultat net rapporté
au produit net bancaire) est de 16 % en 2000 pour l'ensemble des banques de
l'UMOA et il s'établit à 26 % pour le Sénégal.
- le coefficient de rentabilité (résultat net
en proportion des fonds propres) est de 12 % pour l'UMOA en 2000 alors qu'il
ressort à 22 % au Sénégal en relative stabilité.
- le coefficient d'exploitation (frais généraux
+ dotations aux amortissements/produit net bancaire) est à 66 % pour
l'UMOA et se situe seulement à 55 % au Sénégal en 2000.
Le produit net des opérations avec la clientèle
étant la principale composante du produit net bancaire, il convient
d'accorder une relative efficience aux stratégies et pratiques
commerciales développées par les banques
sénégalaises. Il existe bien entendu des disparités entre
établissements, mais l'enjeu est de pouvoir mettre en place des outils
qui permettent d'évaluer la profitabilité de chaque segment de
clientèle ou de chaque client important. Pour ce faire les banques
doivent :
- bénéficier d'une base de données
exhaustive, fiable et facilement exploitable. Les nouveaux équipements
informatiques des banques doivent pouvoir développer ce type
d'applications.
- déterminer les charges générées
par chaque traitement. Une comptabilité analytique plus
élaborée devrait déterminer d'abord les résultats
de chaque unité (branches, agences, bureaux etc...) et faciliter une
affectation plus pointue des charges.
- Corrélativement, les conditions ou tarifs
applicables à la clientèle doivent refléter les charges
supportées ainsi que la marge bénéficiaire
souhaitée par l'établissement.
- enfin des intervenants et des utilisateurs bien
formés. La simplification des procédures et du maniement de
l'informatique va favoriser la saisie exhaustive et aisée des
données par le personnel. Il ne s'agit plus de confier ces tâches
à quelques personnes, mais de les recueillir de manière
conviviale à l'occasion des opérations menées par les
clients ou de leurs contacts avec les chargés de clientèle.
Cette démarche converge vers une saine croissance en ce
qu'elle permet de déterminer des résultats par
« pallier » qui produisent un résultat final plus
homogène. Deux banques relèvent cette préoccupation dans
leur rapport d'activités à fin 2000 :
- BST note que la bonne maîtrise des charges de
fonctionnement a conforté l'évolution positive du produit net
bancaire et permis de contenir le ratio d'exploitation au taux de 44 % ;
et BICIS reconnaît que « le coefficient d'exploitation
s'effrite de manière ponctuelle, suite au léger
fléchissement des recettes, en variant de 51,6 % à 53,6 % entre
1999 et 2000 ». Pour rappel le coefficient d'exploitation du
marché sénégalais est à 55 % en 2000 et celui de
l'UMOA à 66 %.
Les résultats dégagés par ces deux
banques en 2000 sont sans commune mesure, 1,2 milliards pour BST et 4 milliards
pour BICIS. Mais la performance de la BST est plus significative. Il est permis
d'objecter sur la taille du réseau ou l'ancienneté du bilan de
ces banques mais ce sont des facteurs qu'il faut savoir neutraliser dans
l'appréciation de la rentabilité. Les écarts des
performances par rapport à la moyenne du marché (44-55 % et
53,6-55 %) indiquent bien, à notre avis, qu'il y a possibilité
pour la BICIS d'améliorer sa rentabilité si elle affine la
lecture de ses résultats en se détournant de la pratique des
subventions croisées entre les différents secteurs de la
banque.
1-3-2 Le positionnement :
Sept (7) principaux groupes contrôlent environ 40 % des
établissements de crédit en activité et 68,2 % du
marché du système bancaire de l'UMOA. Au Sénégal, 5
banques sont affiliées à des groupes, et les principales banques
sont d'anciennes filiales. Leur implantation procède de
stratégies à l'international adoptées par les grands
groupes. Quatre déterminants influent sur le positionnement
stratégique d'un établissement bancaire confronté à
l'internationalisation de son activité :
- le facteur le plus influent est l'historique de
l'établissement en matière d'international. Ici au
Sénégal les grandes banques françaises se sont d'abord
installées pour couvrir le capital français dans ses
activités les plus rentables (agro- industrie, négoce,
pêche, tourisme etc...). Leur implication dans les circuits
économiques jusqu'à maintenant a généré des
habitudes ou des « réseaux » qui leur
confèrent un avantage concurrentiel considérable et
pénalisent les nouveau entrants. Les chiffres de quelques banques au 31
octobre 2000 :
en milliards
Banques Total bilan
SGBS 251 775
BICIS 175 400
CBAO 130 698
Crédit Lyonnais 100 915
Citibank 97 375
BST 35 270
Ecobank 31 389
BIS 11 137
- le deuxième critère de développement
dépend de la «masse critique » de l'établissement
considéré. Au Sénégal 5 banques sur 10 ont une
taille de bilan supérieure à 100 milliards F cfa, c'est le
rapport le plus important au sein de l'UMOA. Ces banques pèsent ainsi de
tout leur poids dans tous les secteurs économiques importants au niveau
de la collecte des ressources et du financement.
- une image forte s'est imposée dans le temps, surtout
après la débâcle des banques à capitaux nationaux.
Ces ex- filiales dégagent une puissance financière et une
permanence qui rassurent la clientèle. Ensuite plus concrètement
ces établissements s'évertuent à conserver des noms
proches de celui de la maison mère ou le nom identique de l'ensemble du
réseau de filiales.
BICI pour les filiales de BNP
SGB pour les ex filiales de Société
générale
Ou encore
Crédit lyonnais
Ecobank pour toutes les implantations de ces groupes
Citibank
- Enfin une bonne maîtrise des opérations
à l'international. Le réseau de filiales et de correspondants
facilite les transactions et chaque filiale se doit d'assumer sa vocation. Les
« expatriés » détachés veillent
à la fluidité des opérations et il existe des conventions
d'assistance technique avec la maison mère.
A partir d'un positionnement donc les banques adoptent des
stratégies défensives ou offensives selon la situation
économique et l'état de la concurrence.
§ le Crédit lyonnais, par exemple, a
adopté une stratégie défensive après la fermeture
de l'ex USB où il détenait une part prépondérante.
Ce groupe a repris en 1989 les activités de certains guichets de l'USB
avec son nom et a décidé de fermer 5 agences sur 7. Il a
arrêté tout développement afin de renforcer et de regrouper
l'ensemble des moyens de l'établissement en attendant une
éventuelle relance des activités au Sénégal. Ce
groupe a également limité sa présence dans les autres pays
de l'UMOA en maintenant une seule représentation en Côte d'Ivoire.
Le Sénégal et la Côte d'Ivoire avaient probablement les
implantations les plus rentables. Toutefois il convient de souligner que la
maison mère a également de graves difficultés
financières et est en restructuration depuis quelques années.
§ 'implantation récente de Ecobank et l'analyse
des activités des autres banques monoguichets comme Citibank
révèlent une stratégie offensive qui peut être
qualifiée d'observation dynamique. Il s'agit pour ces banques de se
positionner au moindre coût dans certains pays et ou sur certains types
d'affaires afin de les analyser en profondeur et de pouvoir, le cas
échéant, y accentuer leur présence. Ces banques ont des
implantations légères et se focalisent sur la clientèle
des grandes entreprises et la clientèle privée aisée qui
sont des segments qui dégagent de fortes valeurs ajoutées du fait
de leurs besoins en produits et services financiers. Citibank n'a que 2
guichets dans l'UMOA, au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Par
contre Ecobank a des implantations dans tous les pays de l'UMOA mais a ouvert
à peine 20 guichets.
§ la BST restructurée semble déployer
depuis deux ans une stratégie offensive. Le premier acte
décelé est le transfert du siège social de l'Avenue
Pompidou très encombrée par de petits commerces vers le
prestigieux immeuble Kébé sis à l'avenue Peytavin. Ensuite
le recrutement d'un encadrement issu des autres banques
bénéficiant de bonnes qualifications professionnelles et d'un
carnet d'adresses fourni. L'ouverture d'un comptoir situé à
l'étage est certainement due à des contraintes
d'aménagement des locaux disponibles et pourrait paraître
handicapant, mais cela traduit également l'orientation vers la
clientèle des grandes entreprises que la banque parvient à
approcher par d'autres canaux.
La conquête des particuliers qui alimentent la banque en
dépôts et représentent des débouchés pour un
ensemble de services et de produits d'investissement n'est pas pour autant
délaissée. Des agences de proximité ont été
ouvertes à Pompiers, au marché des HLM et à Touba.
1-3-3 La part de marché :
Nous avions noté que les filiales des grands groupes
dominaient le marché. Le rapport de la commission bancaire 2000 donne
ces indications : les dépôts et emprunts qui constituent 83 %
des ressources ont augmenté de 124 milliards (+19 %) contre 52 milliards
(+ 9%) en 1999 et 37 milliards (+ 7 %) en 1998, pour s'établir à
768 milliards. La consolidation des dépôts et emprunts est
imputable à concurrence de 55 % aux performances des quatre principales
banques. Si nous ajoutons la Citibank à ce peloton de tête
nous constatons que l'essentiel des ressources, facteur indispensable au
fonctionnement d'une banque, est drainé par des établissements
qui ont des moyens financiers et logistiques importants mais aussi des
stratégies claires de développement. Ces deux grands groupes
français qui contrôlent ces ex filiales à savoir BNP
et Société Générale ont des parts de marché
absolues de 15,6 % et 15,3 % dans l'ensemble des pays de l'UMOA. En
détenant près du tiers du marché ces deux
établissements imposent un leadership français incontournable,
car en règle générale à ce niveau d'intervention
une firme s'érige en leader fort et dans tous les domaines
d'activités. Il existe ainsi une entente ou tout au moins une approche
concertée de nos marchés par ces deux groupes, puisque pris
individuellement leur part de marché relative ne leur confère pas
de posture particulièrement favorable, leader (faible) et challenger,
surtout dans le champ d'une concurrence accrue et ouverte.
Au Sénégal, la SGBS et la BICIS ont chacune une
part de marché absolue de plus de 20 %, et ont sûrement pleine
connaissance de la position compétitive occupée par les deux
établissements ayant probablement les mêmes atouts et des
faiblesses voisines.
La CBAO bénéficie d'une part de marché
absolue importante (+ 20 %) mais n'est pas adossée à un grand
groupe. Elle adopte une stratégie de suiveur en investissant les
créneaux déjà ouverts par les autres avec plus ou moins de
bonheur (forte augmentation des dépôts de la clientèle en
2000, agrandissement du réseau d'agences...),mais elle ne dispose pas
des mêmes forces et n'a pas non plus la même capacité de
manoeuvres tactiques que les autres. Les résultats de cette banque sont
d'ailleurs assez mitigés durant ces derniers exercices :
En millions
Banques/années 1997 1998 1999
CBAO 1 033 1 685 645
BICIS 2 448 2 536 4 027
SGBS 2 020 3 097 4 056
Citibank 2 279 2 381 2 495
Le segment de la clientèle commerciale (entreprises et
commerçants) est un axe de développement privilégié
de toutes les banques surtout des banques monoguichets et des nouveaux entrants
(Ecobank, BOA, BST restructurée). Et les stratégies offensives
sont affichées à travers l'organisation des banques, la gamme des
services et produits, l'approche client etc. en vue de la conquête de
parts de marché de plus en plus importantes. Par contre les gains de
parts de marché dans les autres secteurs requièrent des moyens
considérables et des arbitrages (croissance/risque) qui devraient amener
les banques à adopter différentes stratégies
(conquête, consolidation réorientation etc.) selon les types
d'affaires et l'évolution de l'environnement.
La matrice SWOT (Strenghts, weakness, opportunities and
threats, soit forces, faiblesses, opportunités et menaces).
Menaces Opportunités
Stratégies de consolidation (éventuellement
réorientation)
|
Stratégie offensive et de conquête
|
Désinvestissement et réorientation
|
Stratégie de réorientation
|
Points forts
Points faibles
Source - Marketing et Stratégie de la banque.
ZOLLINGUER & LAMARQUE
Cette matrice est inspirée du cadre des
stratégies génériques de Porter (1982),
elle complète les graphiques relatés dans la segmentation, et
constitue aussi un outil précieux d'aide à la prise de
décision.
SECTION 2 RECOMMANDATIONS
1 - Qualité dans le service de masse
Nous avons évoqué les efforts importants
déployés par les banques sénégalaises pour une
meilleure prise en charge de leur clientèle croissante. Des locaux ont
été construits ou réaménagés, un
réseau d'agences et de Guichets Automatiques de Banque (GAB) a
été mis en place et une informatisation soutenue aide à
industrialiser les opérations et les traitements. Cette modernisation
indispensable de la banque concourt certainement à la satisfaction du
client mais cette donnée devrait également être
traitée spécifiquement. Cette démarche de qualité
doit examiner de plus près les attentes et besoins de la
clientèle, aider à leur correcte formulation pour leur donner
satisfaction. Elle se rapprocherait de ce que Zollinguer (Marketing bancaire -
1998) appelle service adéquat , notion conçue comme
le niveau de service que le client est prêt à accepter ou niveau
minimal de service désiré ou encore les exigences requises de la
banque. La clientèle des particuliers privilégiés ainsi
que les entreprises font l'objet d'une attention importante qu'il convient
d'étendre à d'autres franges de la clientèle, puisque
l'objectif de la gestion qualité est d'attirer de nouveaux clients et
surtout de fidéliser les anciens. Surtout que le profit surgit de
segments de clientèle qui n'étaient pas les plus en vue, les
crédits à la consommation ainsi que les crédits
immobiliers à des groupements professionnels ou coopératifs
s'avèrent très rentables par exemple. La qualité dans le
service de masse est donc devenue un impératif pour les banques
sénégalaises. Il convient de définir des standards de
performance en exploitant les questionnaires administrés
régulièrement à la clientèle pour mesurer le
degré de satisfaction et de mener aussi des études en interne.
2 - Compétences distinctives
Les principaux établissements bancaires
sénégalais mettent en avant des compétences quasiment
identiques.
Nous avons évoqué la course à l'ouverture
de nouveaux guichets en vue d'étendre de plus en plus les réseaux
de distribution. L'objectif premier est de se doter d'une capacité
importante de collecte de ressources et de développer une politique de
placement et de gestion des fonds collectés. Nous avons noté
aussi que ce maillage est utilisé actuellement pour se prêter aux
lucratives activités de transfert rapide d'argent. La clientèle
trouve son compte dans ces capacités de la banque mais celles-ci ne
constituent pas assurément un avantage concurrentiel durable. Car tout
établissement qui le souhaite peut ouvrir maintenant sans autorisation
préalable et sans beaucoup de frais des guichets. C'est ainsi que nous
avons signalé les accords de BICIS et de CBAO avec les pétroliers
en vue d'ouvrir des guichets dans leurs points de vente de
carburant ; SGBS également s'est lancée dans
l'ouverture de petites agences dans les quartiers pour mieux couvrir ses
activités de transfert d'argent en collaboration avec Wertern Union. Il
s'agit maintenant, à notre avis, de bâtir une compétence
distinctive à partir des techniques de sélection de la
clientèle, de l'image de marque et de la notoriété de
l'établissement :
+ La gestion des risques :
Cette sélection s'opère surtout pour les
prêts à la consommation. Les banques sont obligées de
détecter elles-mêmes le risque que comportent les dossiers de
clients qui leur sont soumis pour la première fois. Pour les
particuliers, la discrimination se fait généralement en trois
temps :
o affectation du client à une classe de risque
d'après l'objet, le montant et la durée de la
prestation ;
o calcul de score pour mesurer l'acceptabilité du
risque ;
o interrogation de différents fichiers sur les
incidents de remboursement et les impayés, ainsi que du fichier central
des chèques.
De manière générale, l'élaboration
d'un système de crédit scoring est le résultat d'une
analyse statistique multidimensionnelle qui permet une appréciation
globale de l'emprunteur. Cette approche suppose l'existence d'une base de
données importante, fondée sur un historique de comportement de
clients réalisant un nombre important d'opérations avec
l'établissement.
Pour les entreprises, les banquiers utilisent conjointement
des techniques de scoring, pour donner une première évaluation du
risque et des analyses des informations qu'ils peuvent recueillir au cours de
la relation.
Face à la montée des risques de
défaillance, la mise en oeuvre de techniques fines de sélection
de la clientèle et des opérations peut constituer une
compétence distinctive.
+ L'image de marque
La relation bancaire concerne un produit particulier,
l'argent. L'établissement doit donc donner l'image d'un professionnel
sérieux qui sait utiliser les fonds qui lui sont confiés. L'image
se construit à travers une combinaison complexe de plusieurs facteurs
( KAY -1993) : la proximité, la puissance financière et
le professionnalisme, thèmes que nous avons déjà
développés. S'agissant de la proximité, il est possible de
parler maintenant de proximité électronique à travers les
réponses en temps réel qui peuvent être données par
des automates connectés à des expertises et à des bases de
données accessibles à tout moment.
3 - Connaître les comportements d'achat des
clients
Aujourd'hui de nombreux facteurs convergent vers la
construction de systèmes multicanaux dans lesquels la relation sera
rééquilibrée au profit du client grâce à plus
de transparence, plus d'acteurs et plus de choix. Et surtout le client aura
davantage d'initiative et d'autonomie dans la réalisation de ses
opérations avec la banque. Dans une telle situation, il ne suffira plus
de bien connaître l'activité d'un client, et d'être
présent au moment où la banque pense qu'il a un besoin de
produits ou de conseils. Selon Philippe Burucao (Delate Consulting)
« il faut connaître les préférences du client et
adapter son système d'offres et de communication pour être choisi
par le client ». La banque va devoir connaître les facteurs
prioritaires d'achat de ses clients. Parmi ces facteurs décisifs,
l'image, le type d'établissement, occupent une place
prépondérante, alors que ces critères ne sont pas bien
maîtrisés aujourd'hui dans la banque. Il en est de même pour
le prix, alors que son impact n'est pas encore bien exploré.
Le marketing bancaire devra aider à connaître de
mieux en mieux les comportements d'achats et les préférences des
clients, pour une « relation rééquilibrée au
profit du client » , comme dans tous les autres secteurs.
4 - Fidéliser la clientèle
Il est bon de recruter sans cesse de nouveaux clients mais il
ne faut pas également les perdre rapidement. Quand on sait que dans les
entreprises de services le coût d'acquisition représente en
moyenne quatre à cinq fois le coût de la fidélisation, et
que en outre, un client satisfait peut être un remarquable prescripteur.
Il y a là un important enjeu de rentabilité. Aussi la
fidélisation doit-elle constituer un axe privilégié des
stratégies bancaires. Des efforts doivent être faits dans la
qualité de l'accueil, du relationnel et du conseil, la clarté des
informations délivrées, la contractualisation des relations, la
rapidité du traitement des réclamations. Il faut aussi savoir
reconnaître et récompenser la fidélité. Il s'agit de
construire sur le long terme comme on dit, une relation « gagnant-
gagnant » où chacun des partenaires trouve avantage à
approfondir la relation. L'évaluation de la rentabilité de tels
programmes doit donc intégrer les retombées en terme
d'augmentation du degré de fidélité du client, de sa
valeur pour la banque en définitive.
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