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Analyse de l'organisation de l'étuvage du riz au centre Songha௠de Porto-Novo

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par C. Gérard ZOUNDJI
Université d'Abomey-Calavi (Faculté des Sciences Agronomiques) - Licence Professionnelle en Sciences et Techniques Agricoles 2009
  

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ABSTRACT

Rice processing seems an important and strategic component for developing the rice sector. Parboiling is a particular way of rice processing that consists of pre-cooking paddy with steam, which enhances quality and yield of rice at milling. Apart from a higher milling rate, which has direct economic also the nutritional value and the appearance of parboiled rice are better. The wide-spread, traditional method of parboiling in Benin does not result in good quality and yield at milling. Therefore, the development and the introduction of new techniques of parboiling seemed a good option to improve the quality of local rice and to make it more competitive with imported rice. The technical performance of recently developed and introduced improved equipment was tested through several studies. The new parboiling equipment consists of a parboiling vat with perforated bottom and a big pot to contain water. This equipment is the one being used by Songhaï to parboil rice.

This study on the analysis of the way parboiling is organized at Songhaï center aims to contribute to a better understanding of the strategies and mechanisms being used by the center to improve local capacities and promote parboiled rice. It identifies the role of Songhaï and its partners in the rice post-harvest system and points out the organizational factors limiting the dissemination of improved rice parboiling to farmers in the Ouémé valley who collaborate with Songhaï center.

Data have been collected through literature review and fieldwork. Mainly qualitative information was obtained through structured, semi-structured and open interviews. An Enterprise Web diagram was developed based on insights gained throughout this study. It highlights all essential activities related to the organizational aspects of technology use and delivery.

The study shows that several actors intervene in the promotion of parboiled rice and collaborate with Songhaï. Groups of actors were ranked: international organizations, farmer organizations, local non-governmental organizations (NGOs), rice processors and consumers. Despite their involvement in the promotion of parboiled rice, there is a litt le interaction between them. As Songhaï owns a large rice mill, the Center is likely to benefit from a better interaction between those actors. The Enterprise Web reveals that

some activities like training of artisans, training of processors, financial input supply and paddy rice supply are key to a well-functioning parboiling system. Currently, training on parboiling at Songhaï is mechanic. Processors are recruited only as daily workers but not as trainees. No training curriculum exists. Also, the educational video produced by WARDA in collaboration with Songhaï has never been used for training purposes. Indepth analyses of the relationship between Songhaï and its principal paddy suppliers in the Ouémé valley reveals that parboiling is not well known by these farmers. This explains why they sell paddy to Songhaï instead of parboiling themselves which might increase their economic revenue. Many farmers expressed their wish to be trained on rice parboiling.

From this analysis, few suggestions are made to improve rice parboiling at Songhaï: - create a training unit for processor ;

- organize video projections sessions on rice parboiling;

- create synergies through an exchange platform between various actors;

- establish a new strategy for marketing and training by the mechanical department

of Songhaï for improved parboilers in combination with improved stoves;

TABLE DES MATIERES

CERTIFICATION 1

DEDICACE iv

REMERCIEMENT v

RESUME vii

ABSTRACT viiii

TABLE DES MATIERES xi

LISTE DES FIGURES xiii

LISTE DES TABLEAUX xiii

LISTE DES PHOTOS xiii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xiv

LEXIQUE xvi

1. INTRODUCTION GENERALE 1

1.1. Introduction 1

1.2. Problématique 3

1.3. OBJECTIFS 6

1.4. QUESTIONS DE RECHERCHE 6

2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 7

2.1. Cadre conceptuel 7

2.1 .1. Concept d'organisation 7

2.1.2. Concept d'organisation paysanne 7

2.1.3. Etuvage du riz paddy 8

2.1.4. Adoptants et non adoptants d'une innovation 11

2.1.5. Concept d'acteurs 12

2.1.6. Enterprise web 13

3. METHODOLOGIE 13

3.1. Choix de la zone d'étude 13

3.2. Différentes phases de déroulement de l'étude 14

3.2.1. Phase préparatoire 14

3.2.2. Phase exploratoire 15

3.2.3. Phase d'enquête approfondie 15

3.2.4. Phase de dépouillement, de traitement et d'analyse des données 16

3.3. Outils de collecte de données 16

3.3.1. Interviews non structurées 16

3.3.2. Interviews semi structurées 16

3.3.3. Interviews structurées 17

3.3.4. Observations participantes 17

3.3.5. La triangulation 18

3.4. Outils d'analyse des données 18

4. PRESENTATION DU CENTRE SONGHAI 19

4.1. Généralités sur le Centre SonghaÏ 19

4.2. Les activités du Centre Songhaï 19

4.3. Brève historique sur l'acquisition de la rizerie 22

5. TECHNIQUE D'OBTENTION DU RIZ ETUVE AU CENTRE SONGHAI 24

5.1. Matériels d'étuvage 24

5.2. Triage et vannage 25

5.3. Trempage 25

5.4. Pré cuisson 25

5.5. Séchage 26

5.6. Décorticage 26

6. IDENTIFICATION ET ANALYSE DES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA FILIERE RIZ 28

6.1. Identification des acteurs 28

6.1.1. Groupe des organisations internationales 30

6.1.1.1. Oxfam- Québec 30

6.1.1.2. VECO BENIN 31

6.1.1.3. Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO 32

6.1.2. Groupe des Organisations Paysannes, des Organisations Non

Gouvernementales locales et des producteurs individuels 33

6.1.2.1. Le Groupe Riz de la Vallée de l'Ouémé 33

6.1.2.2. Union des Riziculteurs des Collines (UNIRIZ-C) 35

6.1.2.3. Recherche et Action pour le Bien Etre de la Masse Rurale (RABEMAR) 36

6.1.3. Groupe des transformatrices et acteurs connexes 37

6.1.4. Groupe des consommateurs 37

6.2. Relation entre acteurs 37

6.3. Enterprise Web de l'étuvage du riz au Centre Songhaï 39

6.3.1. Formation des femmes transformatrices 40

6.3.2. Formation des artisans et fabrication du dispositif d'étuvage 44

6.3.3. Apport de financement 45

6.3.4. Offre du riz paddy 46

6.3.5. Décorticage du riz étuvé 47

6.3.6. Commercialisation du riz étuvé 47

7. ETAT DES LIEUX SUR LA PRATIQUE DE L'ETUVAGE DE RIZ DANS LES VILLAGES PARTENAIRES DE SONGHAI DE LA VALLEE DE L'OUEME 49

7.1. Situation observée dans les villages 49

7.2. Critères d'appréciation du riz étuvé 51

7.3. Perception des atouts et contraintes du dispositif 51

8. ELABORATION D'UN PLAN D'ACTION DE FORMATION DES PRODUCTEURS SUR L'ETUVAGE DU RIZ 52

8.1. Introduction 52

8.2. Contexte et justification 52

8.3. Les objectifs et la démarche méthodologique 52

8.4. Groupe cible 53

8.5. Cadre logique de la formation 53

8.7. Conclusion partielle 59

9. CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS 60

9.1. Conclusion générale 60

9.2. Suggestion 61

10. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 65

LISTE DES FIGURES

Pages

Figure 1: Diagramme technologique pour l'étuvage traditionnel du riz paddy 9

Figure 2 : Le modèle des activités du Centre Songhaï 21

Figure3 : Diagramme technologique pour l'étuvage utilisant le dispositif amélioré 27

Figure 4 : Enterprise web de l'étuvage du riz 39

Figure 5 : Source d'approvisionnement en riz paddy 46

Figure 6: Marché d'écoulement du riz étuvé 48

LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau 1 : Profil historique sur la filière riz au Centre Songhaï 22

Tableau 2 : Identification des acteurs et la répartition de leurs rôles 29

Tableau 3 : Matrice des acteurs 37

Tableau 4 : Ecart entre situations théoriques et réalités au Centre Songhaï au sujet de la

formation des femmes transformatrices 42

Tableau 5 : Situation des villages sur la connaissance et la pratique d'étuvage 50

Tableau 6 : Perception des atouts et contraintes du dispositif 51

Tableau 7: Cadre logique 54

Tableau 8 : Programmation triennale 56

Tableau 9 : Evaluation du coût de programme de formation (en milliers de F CFA) 57

Tableau 10 : Récapitulatif du coût de programme de formation (en milliers de F CFA) 57

LISTE DES PHOTOS

Pages

Photo 1: Dispositif amélioré d'étuvage du riz 11

Photo 2 : Atelier d'étuvage du riz au Centre Songhaï 25

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ADRAO : Centre du riz pour l'Afrique

CARDER : Centre d'Action Régional pour le Développement Rural

CCR-B : Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin

CeCPA : Centre Communal pour la Promotion Agricole

CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole

CIDR : Centre International du Développement et de Recherche

DGR : Direction du Génie Rural

DPFSA : Direction de la Promotion des Filières et de la Sécurité Alimentaire

DPP : Direction de la Programmation et de la Prospective

ESOP : Entreprise de Service et Organisation des Producteurs

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

FSA : Faculté des Sciences Agronomiques

IITA : International Institute of Tropical Agriculture

INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin

INSAE : Institut National des statistiques et de l'Analyse Economiques

LPVCA : Licence Professionnelle en Vulgarisation et Conseil Agricole

MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

MARP : Méthode Accélérée de Recherche Participative

NERICA : New Rice for Africa

OBEPAB : Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique

ONASA : Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OP : Organisation Paysanne

PADRO : Projet d'Appui au Développement Rural de l'Ouémé et du Plateau

PAPA : Programme d'Analyse des Politiques Agricoles

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPAB : Programme de Professionnalisation de l'Agriculture au Bénin

PTAA : Programme de Technologie Agricole et Alimentaire

RAB EMAR : Recherche et Action pour le Bien Etre de la Masse Rurale

SG : Sasakawa Global

UAC : Université d'Abomey- Calavi

UCP : Union Communale des Producteurs

UDP : Union Départementale des Producteurs

UNIRIZ-C : Union des Riziculteurs des Collines

URIZOP : Union Régionale des Riziculteurs de l'Ouémé et du Plateau

USAID : United States Agency for International Development

VECO : Vredseilamden Country Office

WARDA : Africa Rice Center

LEXIQUE

Balle : Enveloppe du grain .Elle peut être utilisée comme combustible.

Brisures: Fragment de grain dont la longueur est inférieure ou égale aux 3/4 de la longueur moyenne d'un grain intact.

Grain entier : Grain dont la longueur est supérieure ou égale aux 3/4 de la longueur moyenne d'un grain intact.

Paddy : Grain de riz tel qu'il est récolté, enveloppé de la balle, par battage des gerbes.

Riz cargo ou riz brun : Grain dont seule la balle (glumes et glumelles) a été éliminée, par vannage du paddy.

Riz blanchi : Riz dont on a enlevé les couches superficielles (péricarpe) et le germe du grain par passage dans des appareils dénommés cônes à blanchir ou blanchisseurs.

Riz étuvé: Riz qui a subi un traitement à la vapeur avant d'être décortiqué. Il est légèrement translucide et jaunâtre, mais il blanchit à la cuisson. Ce procédé permet de rendre le grain plus résistant et de conserver une teneur élevée en éléments nutritifs comme les minéraux et les vitamines.

Son de riz : Mélange de germes, péricarpe et panicules très fines de balles obtenu lors du blanchiment du riz. Utilisé pour l'alimentation animale.

1. INTRODUCTION GENERALE

1.1. Introduction

En Afrique, l'importance du riz ne cesse de croître, tant au plan alimentaire qu'économique. La production de riz paddy y est passée de 8,6 millions en 1980 à 17,6 millions de tonnes en 2000 (FAO, 2004). En dépit de cette progression, la demande reste supérieure à l'offre et le continent importe du riz pour combler le gap et répondre aux besoins de ses populations. Le volume des importations annuelles de riz blanchi a atteint 5,7 millions de tonnes en 2000, contre 2,5 millions de tonnes en 1980 (FAO, 2004). Le Bénin importe chaque année, par le port de Cotonou, plus de 160 tonnes de riz dont plus de 90.000 tonnes sont consommées à l'intérieur du pays ; cela représente en terme d'investissement plus de 25 milliards de FCFA (Saïzonou, 2003). Par ailleurs, le Bénin reçoit sous forme de dons et d'aides alimentaires une quantité importante de riz que commercialise chaque année l'Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA) à un prix inférieur au prix du marché local. Dans le même temps, le pays dispose de terre, de bas-fonds et vallées inondables et des plateaux dont les potentialités sont connues et favorables à la production rizicole mais malheureusement sous- exploitées (DGR/MAEP, 1995).

Selon la FAO (2004), la lutte contre la pauvreté, avec ses conséquences sur le continent, passe nécessairement par la sécurisation de la production agricole, l'accroissement de la productivité et de la compétitivité du secteur, afin de générer des revenus stables et comparables à ceux de l'industrie et du commerce. Cet accroissement de la productivité ne peut se faire sans l'utilisation des technologies appropriées et des types d'organisation adaptés à nos réalités socio économiques.

Egalement, Adégbidi (1992), pense que la recherche, pour parvenir à satisfaire les populations rurales, devra notamment faire l'état des lieux en ce qui concerne la technicité réelle du paysannat, les potentialités de son développement et les aspirations profondes des masses rurales.

Le secteur agricole béninois est caractérisé par une faible productivité (DPP/Ministère du Plan, 2000). Cela s'explique par le fait que l'agriculture ne bénéficie pas encore, de façon encourageante, des techniques et méthodes modernes pour son

développement, tant au niveau de la production que de la conservation, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles (DPP/Ministère du Plan, 2000).

Les réformes dans la filière riz ont consisté à la réalisation des micro aménagements puis au développement et à l'introduction en milieu rural de variétés améliorées. Ces mesures de politique agricole ont porté leurs fruits dans la mesure où la production agricole du pays ne cesse de croître depuis le milieu des années 90 (environ 14,6 % par an) ; grâce en grande partie à l'augmentation des superficies et dans une moindre mesure à l'amélioration des rendements. Mais, si les paysans maîtrisent les itinéraires techniques de production, les aspects post-récolte sont souvent occultés et constituent l'un des facteurs limitant à l'amélioration du rendement (WARDA, 2005).

La transformation du riz apparaît comme une opération importante et stratégique pour le développement global de la filière riz. L'étuvage occupe une place importante parmi les opérations post-récoltes du riz paddy. L'étuvage consiste à ré humidifier, à pré cuire et à sécher les grains paddy, avant leur décorticage. Ce qui apporte des modifications physico-chimiques et organoleptiques avantageuses du point de vue nutritionnel et économique (Gariboldi, 1986). Au Bénin, les techniques d'étuvage traditionnellement pratiquées par les transformatrices des Collines et du nord Bénin ne permettent pas toujours d'obtenir du riz de bonne qualité répondant au goût des consommateurs (Houssou, 2002). Afin d'améliorer la technique d'étuvage pour obtenir un riz de meilleure qualité après décorticage, le Programme Technologies Agricoles et Alimentaires (PTAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) en collaboration avec le Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) et Sasakawa Global 2000 ont introduit un nouveau dispositif d'étuvage. Ce nouveau dispositif vise à améliorer de façon quantitative et qualitative le riz local et sa valeur marchande.

Le nouveau dispositif d'étuvage a fait l'objet de multiples études relatives à ses performances techniques et économiques. Cependant, peu de travaux se sont intéressés à l'analyse de l'organisation de l'étuvage et les relations existant entre les différents acteurs du processus d'étuvage du riz. C'est pour répondre à ces préoccupations que, dans le cadre de nos travaux de recherche de fin de formation à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université d'Abomey Calavi (UAC), nous avons choisi de

faire une étude sur le thème : Analyse de l'organisation de l'étuvage du riz au Centre Songhaï de Porto-Novo.

1.2. Problématique

Troisième céréale mondiale après le blé et le maïs, avec environ 590 millions de tonnes de paddy en 2003, le riz est la principale denrée alimentaire de près de la moitié de la population mondiale (FAO, 2004). Il contribue à plus de 20% à la fourniture mondiale en calorie consommée. Plus de deux milliards d'habitants en Asie y tirent 80% de leur calorie (FAO, 2001).

Au Bénin, le riz est une denrée consommée sur tout le territoire du pays. Sa consommation par tête d'habitant et par an varie de 6 à 20 kilogrammes pour les zones rurales contre 10 à 30 kilogrammes pour les zones urbaines (Adégbola et Sodjinou, 2003). La production du riz blanc, c'est-à-dire le riz décortiqué, était de 18.000 tonnes au Bénin tandis que les quantités importées s'élevaient à 56.000 tonnes (FAO, 1997). Ces importations ont atteint 71.200 tonnes en 2001 (INSAE, 2001). Selon les statistiques de la FAO (2007), le Bénin a produit en l'an 2005 près de 78.000 tonnes de riz paddy soit 43.000 à 50.000 tonnes de riz décortiqué ou consommable. En dépit de cette augmentation relativement forte de la production, cette dernière reste toujours en deçà de la demande effective qui varie entre 70.000 et 80.000 tonnes de riz usiné selon diverses sources. Il apparaît ainsi un déficit d'environ 40.000 tonnes de riz décortiqué. Ces estimations mettent en évidence le faible taux de couverture des besoins de consommation par la production nationale. Ainsi, pour satisfaire les besoins en riz de la population, le Bénin importe chaque année d'importante quantité de riz, alors qu'il dispose d'un potentiel non négligeable pour la production de cette céréale. La promotion de la filière riz est devenue un enjeu majeur dans notre pays pour réduire les importations et favoriser l'autosuffisance alimentaire. Pour pallier cette situation d'insuffisance de production du riz, des efforts de relance de la filière rizicole ont été entrepris pour favoriser l'augmentation de la production en vue de couvrir la consommation intérieure voire l'exportation du riz produit sur place, pour faire rentrer des devises importantes pour la nation. Ces efforts consistent à réaliser des micro-aménagements peu coûteux, dont la gestion reste au niveau des producteurs (DGR/MAEP, 1995). Il est aussi à noter

que l'augmentation de la production était beaucoup plus due à l'accroissement de la superficie qu'à l'accroissement du rendement (Adégbola, 2005).

Il importe aussi de noter que la plupart des actions et des stratégies développées sur le riz se sont beaucoup plus appesanties sur la production. Ainsi, selon Adégbola et Sodjinou (2003), l'aspect post-récolte de cette culture qui est tout de même indispensable à l'organisation de la filière n'est pas assez soutenu et nécessite d'être pris en compte pour une amélioration de la productivité. Cet état de chose fait que le riz produit au Bénin n'est pas encore compétitif sur le marché local et sous-régional à cause de sa qualité. Du producteur au consommateur, chaque acteur de la filière a ses propres exigences de qualité. Pour les transformateurs et les commerçants, les critères les plus importants sont respectivement le rendement au décorticage et la couleur blanche des grains. Par contre, les consommateurs choisissent leur riz principalement en fonction de la propreté, de l'arôme, du temps de cuisson, de l'aptitude au gonflement, du parfum, du faible taux de brisure, du goût et sa possibilité de conservation après la cuisson (Dagan et Lawin, 2006). Voila donc autant de critères de préférence qui tendent à favoriser la demande du riz importé au détriment du riz local. Il est courant d'observer que le riz obtenu après décorticage au niveau des paysans contient souvent assez de brisures allant jusqu'à 80% à cause de la mauvaise conduite des opérations post-récoltes (Houssou et Amonsou, 2002). Ce qui diminue considérablement sa valeur marchande et occasionne la mévente.

L'introduction de nouvelles techniques de traitement post-récolte reste donc une option pour améliorer la qualité du riz et le rendre plus compétitif sur le marché. A cet effet, l'étuvage de riz est l'une des techniques de traitement post-récolte qui pourrait bien concourir à l'atteinte de cet objectif. Selon Diop et Wanzie (1990), l'étuvage est une opération de traitement du paddy qui atténue les effets d'un mauvais séchage (fissure) et améliore quantitativement et qualitativement le rendement et diminue considérablement le taux de brisures. La qualité à la cuisson du riz étuvé est meilleure car les grains demeurent fermes et ne collent pas. Le riz étuvé est aussi plus nutritif car les protéines et les vitamines sont diffusées au centre du grain après étuvage. Enfin, grâce à sa plus grande dureté, le riz étuvé se conserve mieux (Diop et Wanzie, 1990).

Il apparaît ainsi que l'étuvage est une bonne méthode qui permet d'améliorer la qualité du riz. Au Bénin, deux méthodes d'étuvage existent et sont pratiquées : la méthode traditionnelle et celle dite améliorée.

La méthode traditionnelle d'étuvage du riz qui est la plus ancienne consiste à tremper le paddy dans l'eau froide pendant trois (3) à quatre (4) jours environ ; ensuite à l'égoutter puis à le pré cuire en petite quantité dans une marmite. Après cette pré-cuisson, le paddy est étalé au soleil pour le séchage sur un tapis ou une bâche (Houssou, 2002). Ces méthodes traditionnelles d'étuvage qui, jusque-là, sont pratiquées par les transformatrices ne sont pas très performantes et ne favorisent pas l'obtention de riz de meilleure qualité (Houssou, 2005). Mais cette méthode traditionnelle n'a pas satisfait les transformatrices car elle comporte des limites et n'a pas permis d'améliorer significativement la qualité du riz.

Dès lors, pour améliorer la qualité du produit et obtenir un riz de meilleure qualité après décorticage, le Programme Technologies Agricoles et Alimentaires (PTAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) a introduit de nouveaux dispositifs d'étuvage. A l'issu des essais, les dispositifs améliorés se sont révélés plus performants sur le traitement post-récolte que les méthodes traditionnelles (Houssou, 2005). La technique améliorée d'étuvage semble donc la plus appropriée pour assurer une meilleure qualité du riz.

Au centre Songhaï, spécialisé dans la vente du riz étuvé, l'étuvage constitue une activité principale au niveau de l'unité de transformation du riz. Aussi, en partenariat avec l'ADRAO, le centre Songhaï a participé en 2005 à la réalisation de la vidéo intitulée "Gagnez en faisant du riz étuvé". Leur implication dans l'étuvage du riz a fait que le centre s'est spécialisé dans la transformation et la vente du riz étuvé labellisé. Il s'avère impérieux de connaître l'organisation et les déterminants du processus de l'étuvage du riz au niveau dudit centre. Des études ont été conduites sur l'analyse des facteurs qui déterminent l'adoption du nouveau dispositif, mais aucune étude n'est encore faite pour analyser l'environnement institutionnel et organisationnel d'étuvage du riz. C'est dans ce cadre que s'inscrit la présente étude intitulée «Analyse de l'organisation de l'étuvage du riz au Centre Songhaï de Porto-Novo ». Cette étude vise une meilleure compréhension des aspects organisationnels qui prévalent dans le processus de l'étuvage à travers les différents acteurs qui y interviennent et les différentes activités qui s'y rattachent.

1.3. OBJECTIFS

L'objectif global de cette étude est d'analyser les stratégies et les mécanismes mis en place par le Centre Songhaï pour l'organisation d'étuvage de riz.

De façon plus spécifique, il s'agit de :

i. Identifier et analyser tous les acteurs et leurs relations avec le Centre Songhaï dans la filière du riz étuvé;

ii. Identifier et décrire les mécanismes prévus pour l'organisation de l'étuvage du riz au Centre Songhaï ;

iii. Analyser les mécanismes mis en oeuvre dans le processus d'étuvage du riz par le Centre Songhaï;

iv. Analyser la contribution et /ou la part de l'ADRAO dans le processus de formation des femmes transformatrices du Centre Songhaï ;

v. Faire l'état des lieux sur le processus d'adoption du dispositif amélioré d'étuvage du riz par les producteurs de la vallée qui collaborent avec le Centre Songhaï

1.4. QUESTIONS DE RECHERCHE

Les questions auxquelles la présente étude vise à apporter des solutions sont les suivantes :

1 : Quels sont les acteurs impliqués dans le processus d'étuvage et de promotion du riz étuvé avec le Centre Songhaï ? Quels sont les objectifs de chaque acteur ?

2 : Quels sont les stratégies ou les mécanismes développés par le Centre Songhaï et ses différents partenaires? Quels rôles jouent- ils dans la promotion du riz étuvé ? Quels types de relations entretiennent- ils entre eux ?

3 : Quel est le mécanisme d'approvisionnement en riz paddy du Centre Songhaï ?

4 : Quels sont les dispositifs de formation mis en place dans ce processus d'étuvage du riz ? Et quelle est l'importance du téléfilm dans les curricula de formation ?

5 : Quel est le degré de satisfaction des consommateurs sur la qualité du riz étuvé produit par le Centre Songhaï ?

2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

2.1. Cadre conceptuel

L'objectif de cette partie est de définir certains termes ou expressions indispensables à la compréhension de ce document ou dont l'usage est souvent sujet à confusion.

2.1.1. Concept d'organisation

L'organisation est une représentation d'un système. Elle montre la manière dont les divers éléments du système sont agencés entre eux et les relations qui les lient. Selon M. Crozier (1993), l'organisation peut prendre deux aspects essentiels : mécanique et organique. Lorsqu'elle est mécanique, l'organisation se caractérise par un organigramme très complet et précis, explicitant de manière détaillée la tâche de chaque acteur. Elle est aussi marquée par une faible communication et une forte concentration de pouvoir. Par contre, lorsqu'elle est de type organique, l'organisation présente une structure peu explicite, donnant des fonctions et laisse à chaque acteur le soin de définir lui-même ses tâches. La communication est très développée au sein d'une pareille organisation et la hiérarchie est peu affirmée. Le pouvoir de décision est largement distribué.

Ainsi, lorsque nous parlons de l'organisation dans cette étude, il s'agit plutôt d'une organisation de type organique parce qu'elle vise à favoriser la flexibilité, la polyvalence, l'engagement et l'autonomie. Ce concept fait appel à trois éléments que sont la structure, le fonctionnement et les acteurs. Dans cette structure, ce sont les compétences, c'est-à-dire le savoir, les habiletés et les comportements qui sont valorisés. En parlant de l'analyse des méthodes d'organisation d'étuvage de riz, il s'agit donc ici d'identifier les différents acteurs intervenant dans l'organisation et le fonctionnement de l'étuvage du riz. Nous avons étudié alors la structure et le fonctionnement de ces différents acteurs dans le champ de la promotion de l'étuvage du riz.

2.1.2. Concept d'organisation paysanne

Selon Stewart (1986), une organisation paysanne est une collection d'individus qui agissent et prennent des décisions ensemble plutôt qu'individuellement. Cette action de prise de décision collective doit viser une résolution de problèmes communs ou l'atteinte d'objectifs communs. La notion d'organisation paysanne vise à entraîner les

paysans dans des actions collectives. L'exercice de ces actions collectives amène les membres à être solidaire. La réussite des activités de l'organisation dépend donc de la cohésion interne du groupe. La cohésion interne traduit l'harmonie qui doit exister à l'intérieur des groupements. Cette cohésion contribue à la réalisation des intérêts individuels. Si les individus ne trouvent pas leurs intérêts à être en groupe, ils ne participent plus.

Un obstacle à la cohésion interne tient aux dissensions entre membres d'un groupement. Ces dissensions peuvent provenir soit de rivalités personnelles, soit de divergences d'intérêts à l'intérieur d'un groupe homogène, pour des raisons économiques, ethniques, religieuses ou politiques. La solidarité constitue l'élément clé de la cohésion interne des groupements et donc de la réussite des actions collectives.

Le mécanisme d'approvisionnement en riz paddy par le Centre Songhaï passe aussi par des groupements. Ainsi la pratique de l'étuvage du riz dépendra du bon fonctionnement de ces organisations.

2.1.3. Etuvage du riz paddy

Le riz paddy n'est consommable que s'il est débarrassé de ses coques. L'opération qui consiste à débarrasser le riz de ses glumes et glumelles s'appelle le décorticage. Mais la transformation du riz paddy ne se limite pas à cette opération. Avant son passage dans le décortiqueur (mortier, moulin ou rizerie), le riz peut subir l'étuvage. Ainsi, Diop et Wanzie (1990) repris par FAO (1994), définissent l'étuvage comme une opération de traitement du paddy qui atténue les effets d'un mauvais séchage (fissures) et améliore quantitativement et qualitativement le rendement car le taux de brisure des grains est diminué. Selon Hounhouigan (2006), l'étuvage est une opération couramment réalisée par les populations au niveau des périmètres rizicoles. L'opération consiste à ré humidifier, surchauffer et sécher les grains de paddy avant leur décorticage et polissage. Les deux éléments qui interviennent dans le processus d'étuvage selon Gariboldi (1986), sont l'eau et la vapeur. Après un trempage suivi de chauffage à la vapeur, il faut sécher le riz avant de le décortiquer et de le stocker. Le but de l'étuvage est donc de produire des modifications physiques, chimiques et organoleptiques avantageuses des points de vues économique, nutritionnelle et pratique (Gariboldi, 1974). Cependant, il faut noter qu'un mauvais étuvage, dû à l'inexpérience ou à toute autre raison, peut non seulement faire

disparaître ces avantages mais aussi réduire la valeur alimentaire du riz (Diop et al, 1997).

On distingue deux méthodes d'étuvage du riz paddy au Bénin. Il s'agit de la méthode traditionnelle d'étuvage et de celle dite améliorée.

Dispositif traditionnel d'étuvage

Selon Houssou (2002), les méthodes traditionnelles d'étuvage (pré cuisson) du riz varient d'une région à l'autre. La plus ancienne consiste à tremper le paddy dans l'eau froide pendant 12 heures environ ; ensuite l'égoutter puis le pré cuire en petite quantité dans une marmite. Après cette pré cuisson, le paddy est étalé au soleil pour le séchage sur un tapis ou sur une bâche. A la fin du séchage, le paddy peut être décortiqué ou stocké. L'un des plus grands inconvénients de cette méthode est le développement de moisissures sur le riz. Dès lors, pour remédier à ce problème, les transformatrices ont commencé à utiliser de l'eau chaude pour le trempage, toujours avec la même durée. Cette modification a donné de bons résultats. Cependant, la qualité du produit fini reste inadaptée au goût des consommateurs, car il a souvent une couleur un peu terne. On note la présence de grains brûlés et un taux de brisures d'environ 20%. La pré-cuisson inadéquate (mauvaise estimation de la quantité d'eau de cuisson), qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus vite qu'il ne faut, ou se carbonise, serait en partie responsable de cette mauvaise qualité. Tout le paddy n'est pas cuit simultanément et on note la présence de paddy non cuit ou trop cuit après la cuisson.

La figure ci-dessous montre le diagramme technologique pour l'étuvage traditionnel du riz paddy.

Figure 1: Diagramme technologique pour l'étuvage traditionnel du riz paddy Source: Houssou, 2002

Dispositif amélioré d'étuvage

Pour améliorer la qualité du produit, la recherche (PTAA/PADSA) a introduit un nouveau dispositif simple d'étuvage du riz, à la vapeur. Ce dispositif est composé de la superposition de deux demi fûts métalliques. Le demi fût supérieur est percé de petits trous à sa base (Houssou, 2002).

Le principe de fonctionnement de ce dispositif est la pré cuisson à vapeur. Le paddy à étuver, après trempage, est versé dans le demi fût supérieur puis recouvert par des sacs de raphia tandis que le demi fût inférieur contient de l'eau, qui, une fois portée à ébullition, génère de la vapeur qui traverse les perforations du demi fût supérieur pour pré cuire son contenu. L'un des grands avantages de ce mode d'étuvage est que la vapeur est propre, stérile, inodore et insipide (FAO, 1997). Ce nouveau dispositif présente aussi bien des avantages que des inconvénients.

Ainsi, à partir de ces inconvénients, une nouvelle version du dispositif d'étuvage à la vapeur a été réalisée. Elle est composée d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac d'étuvage (récipient en forme de seau dont le fond et le quart inférieur du pourtour sont perforés). Pour l'étuvage, le paddy est versé dans ce bac, qui est posé sur la marmite qui contient de l'eau portée à ébullition afin de générer la vapeur qui traverse les perforations du bac pour pré cuire le paddy. Cette nouvelle version du dispositif d'étuvage a été évaluée en septembre 2005 par le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO) en collaboration avec Sasakawa Global 2000 et le Programme Technologie Alimentaire Agricole (PTAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB). Selon le rapport de cette mission d'évaluation, plusieurs insuffisances ont été trouvées à ce nouveau dispositif. Ces insuffisances soulevées par les transformatrices s'énumèrent comme suit : une perte de vapeur au niveau de la jonction du bac d'étuvage marmite ; le couvercle du bac ne se ferme pas hermétiquement, ce qui entraîne également une perte de vapeur ; les trous faits à la base du bac ne sont pas larges ni suffisamment nombreux pour permettre une bonne circulation de la vapeur afin que l'étuvage soit bien fait. Ces insuffisances ont été prises en compte par le nouveau modèle mis au point au cours d'un atelier organisé par les structures qui ont fait l'évaluation.

L'activité de transformation du riz apparaît donc comme une phase primordiale dans la promotion du riz consommable. Elle permet de présenter un produit

consommable au public, de créer une valeur ajoutée au riz paddy et augmente ainsi la valeur de la production nationale.

Photo 1 : Dispositif amélioré d'étuvage du riz Source : Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

2.1.4. Adoptants et non adoptants d'une innovation

Une innovation agricole est un résultat de recherche mis au point pour résoudre un problème. Elle est nouvelle dans la zone en question car elle peut être en utilisation ailleurs. L'adoption d'une innovation est une décision permettant la pleine utilisation d'une idée nouvelle comme seule voie favorable pour résoudre un problème (Rogers, 1983). Cette définition montre que l'adoption est consécutive à une prise de décision, mais elle n'indique pas la source de ce processus de prise de décision. Selon Van Den Ban et al. (1994), l'adoption est un processus mental qui commence depuis le premier contact de l'individu avec l'innovation, jusqu'à l'étape du rejet ou d'acceptation. A partir de cette définition, les chercheurs ont contractualisé l'adoption comme étant un processus qui se produit dans le temps et qui consiste en une série d'actions.

Ainsi, dans le cas de cette recherche, les adoptants du dispositif amélioré d'étuvage du riz sont les transformatrices du Centre Songhaï, les producteurs ou le

groupement des producteurs qui collaborent avec le centre et pratiquent l'activité d'étuvage du riz et les non adoptants sont ceux qui ne le pratiquent pas.

2.1.5. Concept d'acteurs

Les acteurs sont toutes les personnes qui sont « parties prenantes » dans un problème ou un système particulier. Les acteurs peuvent être des groupes de personnes, des organisations, des institutions et parfois même des individus. On utilise souvent des termes différents selon les acteurs. Il y a les acteurs « actifs » qui ont des interactions entre eux ou les « groupes d'intérêt » qui indiquent des gens regroupés car ils ont un intérêt commun. Les acteurs peuvent se situer à n'importe quel niveau ou position de la société, depuis les niveaux international, national, jusqu'au niveau du ménage. Les acteurs incluent donc tous ceux qui influencent ou sont touchés par les politiques, la décision ou les actions au sein d'un système particulier. Un acteur est n'importe quel individu, groupe ou organisation qui est touché ou qui a un effet sur le phénomène étudié (Grimble and Wellard, 1997).

Dans le cas de cette étude, tous ceux qui sont impliqués directement ou indirectement dans l'étuvage du riz du Centre Songhaï, sont considérés comme des acteurs. Il s'agit des riziculteurs, les transformateurs, les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les structures privées ou publiques, les commerçants et les consommateurs.

Il faut noter que, le terme analyse des acteurs a tout d'abord été utilisé dans la littérature du management pour identifier et étudier les intérêts des différents acteurs autour d'une entreprise. Certains projets de développement agricole ont échoué faute de n'avoir suffisamment pas pris en considération les acteurs impliqués. Chaque acteur a un intérêt différent dans la situation. L'analyse des acteurs peut aussi mettre en évidence les modèles existants d'interactions entre les acteurs, les conflits potentiels et les moyens de les résoudre.

2.1.6. Enterprise web

Le `Enterprise web' est un outil analytique visuel qui peut être employé par les fournisseurs de service et autres acteurs pour mettre à jour les différentes activités discrètes qui sont nécessaires pour l'introduction et la diffusion d'une innovation (Magor, 2005). Le `Enterprise web' est un outil qui permet la compréhension, la planification, et la mise en application des initiatives afin de promouvoir les innovations. C'est un outil d'aide dans la prise de décision qui permet à des professionnels de sortir de leurs disciplines. La connaissance d'une profession technique empêche une personne de voir les questions sociales et d'organisation comme des considérations essentielles dans la diffusion des innovations. C'est un outil puissant qui identifie toutes les activités et les liens potentiels qu'il faut renforcer.

Dans le cas de cette étude, cet outil nous a permis d'identifier les séries d'activités nécessaires à l'organisation de l'étuvage ainsi que leurs interrelations. Il a aidé également à prendre en compte les facteurs d'ordre organisationnel nécessaires à la pratique de l'étuvage du riz.

3. METHODOLOGIE

3.1. Choix de la zone d'étude

L'étude s'est déroulée au Centre Songhaï de Porto-Novo dans le département de l'Ouémé. Elle a pris en compte tous les différents acteurs et mécanismes impliqués dans la filière du riz étuvé avec le centre Songhaï. Plusieurs raisons ont guidé le choix du Centre Songhaï. En effet, ce centre est une Organisation Non Gouvernementale internationale en Afrique de l'Ouest qui forme de jeunes entrepreneurs agricoles qui, une fois installés, deviennent de véritables pôles de succès capables de créer l'envie et d'attirer les populations environnantes au nouveau type d'agriculture pratiquée à Songhaï. Ce centre vient également de signer récemment un protocole d'entente avec le Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) pour faire la jonction entre la recherche rizicole, les paysans et le marché du riz.

Une autre raison du choix est que le Centre Songhaï est le seul à disposer d'une grande rizerie dans le département de l'Ouémé et s'intéresse beaucoup à la promotion du riz étuvé à cause de sa forte demande locale et de celle du Nigeria. Il faut également dire que la volonté du Centre Songhaï de promouvoir l'étuvage du riz se justifie par la vidéo

réalisée en collaboration avec le Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO), l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et Sasakawa Global 2000 sur la qualité et l'étuvage du riz avec des femmes transformatrices pour former et diffuser les technologies post-récoltes liées au nouveau dispositif amélioré d'étuvage du riz. La vidéo comme outil d'apprentissage est un outil puissant qui peut accroître significativement l'impact des bonnes pratiques et de la recherche à travers la région. En plus d'être économique par rapport à la vulgarisation paysan à paysan, la vidéo a le pouvoir de mieux expliquer les processus biologiques et physiques sous-jacentes si elle est développée selon certains principes et avec les utilisateurs finaux. L'utilisation de la vidéo pour la formation des femmes transformatrices du riz va permettre une bonne appropriation de la technologie car elle est un réel auxiliaire de vulgarisation.

Le choix de cette étude est porté sur le Centre Songhaï du fait qu'il est un grand producteur et exportateur du riz étuvé en quantité industrielle vers les autres pays de la sous-région en l'occurrence le Nigeria. Il dispose d'équipements adéquats et performants pour réaliser tout le processus de transformation du riz. De plus, le Centre Songhaï a noué un partenariat avec plusieurs organisations de producteurs qui lui vendent le riz paddy pour la transformation.

3.2. Différentes phases de déroulement de l'étude

Cette étude a été conduite en quatre (4) phases à savoir :

(i) une phase préparatoire

(ii) une phase exploratoire

(iii) une phase approfondie

(iv) une phase de dépouillement et d'analyse des données et la rédaction du mémoire.

3.2.1. Phase préparatoire

Il s'agit d'une phase théorique essentiellement axée sur la revue documentaire. Elle a consisté en une exploitation de la documentation à la bibliothèque de la Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey Calavi (FSA/UAC), à la bibliothèque du Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO), à la bibliothèque de l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA), au Centre de Documentation et d'Information sur

l'Agriculture Biologique (CDIAB) de l'Organisation Béninoise pour la Promotion de l'Agriculture Biologique (OBEPAB), à la bibliothèque du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), à la bibliothèque de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), au Centre Songhaï, au Centre Régional de Promotion Agricole (CeRPA) de l'Ouémé et du Plateau. Des recherches sur Internet ont également permis d'avoir accès à des articles, journaux et des revues scientifiques traitant des questions relatives à l'organisation et à la promotion de l'étuvage du riz.

Toutes les informations tirées de ces sources constituent des données secondaires qui ont servi à la rédaction de notre mémoire. En effet, la phase documentaire étant un processus continu, elle s'est déroulée pendant toute la durée de la recherche afin de confirmer ou d'infirmer les données collectées.

3.2.2. Phase exploratoire

Cette phase a duré deux semaines (du 12 au 25 Mars 2007) et a consisté en une prise de contact et d'intégration dans le milieu d'étude. C'est au cours de cette phase que des contacts ont été pris ou renforcés avec les autorités du Centre Songhaï, les autorités des organismes de développement et d'encadrement tels que le Programme Technologie Agricole et Alimentaire (PTAA) de l'INRAB, le Centre Régional pour la Promotion Agricole (CeRPA), le Projet d'Appui au Développement Rural de l'Ouémé et du Plateau (PADRO) et des personnes ressources de la filière riz dans le département pour discuter du sujet de notre recherche et pour leur présenter les objectifs de notre étude. Ainsi les discussions individuelles et de groupes avec ces acteurs nous ont permis la redéfinition des objectifs et des questions d'étude.

3.2.3. Phase d'enquête approfondie

Au cours de cette phase, nous avons collecté des données primaires relatives à nos objectifs auprès des différentes catégories d'unités de recherche qui ont été identifiées.

La phase d'enquête approfondie s'est déroulée du 26 Mars au 25 Mai 2007. Elle est suivie d'un complément d'information d'une semaine avec l'appui d'une mission de supervision composée du Docteur Vodouhê D. Simplice de la FSA et de Monsieur Wanvoeke Jonas de l'ADRAO du 03 au 05 Septembre 2006.

3.2.4. Phase de dépouillement, de traitement et d'analyse des données

Pendant cette phase, il a été procédé à une vérification de la cohérence des données collectées. Une analyse des données a été faite sur la base des théories servant de fil conducteur. Les conclusions relatives aux dispositifs d'organisations d'étuvage du riz tels qu'ils se présentent ont été tirées pour déboucher sur l'élaboration d'un plan d'action de formation.

3.3. Outils de collecte de données

Le choix de la méthode à suivre lors d'une recherche dépend étroitement de la nature et des phénomènes à étudier dans l'orientation théorique du chercheur (Daane et al, 1992). Conformément à notre orientation méthodologique, les méthodes de collecte utilisées ont privilégié aussi bien l'approche qualitative que quantitative.

La collecte des données a été faite sur la base des outils de la démarche diagnostic d'évaluation participative. Ainsi, trois principaux outils de cette démarche ont été utilisés. Il s'agit des interviews non structurées, semi structurées et structurées. Ces outils ont été enrichis par le profil historique et les observations participantes en vue d'une triangulation des informations.

3.3.1. Interviews non structurées

Les interviews non structurées ont été réalisées tout au long de notre recherche. C'est une technique de collecte d'informations dans laquelle l'enquêteur propose un thème et n'intervient que pour relancer ou encourager son interlocuteur. Elles ont été utilisées avec tous les acteurs impliqués dans la filière du riz avec le Centre Songhaï.

3.3.2. Interviews semi structurées

C'est une technique de collecte d'information qui se base sur un guide d'entretien comportant les principaux thèmes à aborder avec l'enquêté. Le chercheur connaît les thèmes sur lesquels on souhaite obtenir des réactions de l'acteur étudié mais l'ordre et la manière dont il les introduit sont laissés à son inspiration. Ceci donne plus un caractère de discussion que d'une liste de questions. Elle a été utilisée pour les entretiens de groupes avec les responsables du Centre Songhaï, les membres des groupements qui collaborent

avec Songhaï dans la filière du riz étuvé, les femmes transformatrices et les institutions qui interviennent dans la formation des riziculteurs.

L'objectif de ces entretiens est de comprendre d'une part, l'organisation et le fonctionnement des activités d'étuvage du riz et d'autre part les interrelations entre les différents acteurs. Au cours de ces discussions, les enquêtés se prononcent, de manière exhaustive, sur des préoccupations spécifiques.

3.3.3. Interviews structurées

Les interviews structurées constituent un type d'entretien dont l'utilisation se base sur des questionnaires dans le but de collecter des informations précises relatives à un sujet donné. Elles ont été conduites avec les responsables des différentes structures intervenant dans la filière du riz étuvé et les femmes transformatrices.

Les questionnaires utilisés dans ce cadre ont été en fonction de la catégorie à laquelle ils sont destinés même si parfois les mêmes questions sont posées aux différents groupes enquêtés dans l'optique de faire une triangulation des données collectées. Les questions posées sont pour la plupart des questions ouvertes.

Les interviews structurées nous ont permis d'avoir des informations sur l'organisation individuelle des femmes ouvrières transformatrices de Songhaï et des quelques femmes transformatrices de Dangbo et d'Adjohoun (département de l'Ouémé) de la transformation du paddy, les perceptions des transformatrices des atouts et contraintes liés aux activités d'étuvage du riz.

3.3.4. Observations participantes

Selon Daane, Mongbo et Schamhart (1992), l'observation participante est une technique d'étude des acteurs sociaux et de leur interaction dans leur contexte réel par un chercheur qui est intégré dans le milieu. C'est donc, une méthode qui nous a permis de participer aux activités d'étuvage du riz avec les transformatrices et aux activités des producteurs afin de gagner leur confiance et de disposer des informations fiables. Nous avons participé à toutes les étapes de transformation du riz au niveau de l'unité de transformation du riz afin d'appréhender les techniques et les difficultés rencontrées par les femmes transformatrices lors du processus.

Les observations participantes nous ont permis également de vérifier certaines informations recueillies antérieurement et d'obtenir des informations complémentaires à travers des questions ponctuelles lors des réunions avec le bureau de l'Union des Riziculteurs de l'Ouémé et du Plateau (URIZOP). L'observation participante nous a permis aussi d'approfondir notre compréhension, d'élargir les perspectives et les réalités rencontrées.

3.3.5. La triangulation

Selon Pretty et Vodouhê (1994), la triangulation par l'utilisation de sources et de méthodes est une technique qui permet de recouper les informations et d'élargir l'éventail des réalités des différentes personnes. Nous avons ainsi, effectué une triangulation des outils de collecte de données, des lieux d'observation et des sources d'information.

La triangulation nous a amené à confronter, entre elles, les données issues de l'analyse documentaire et des différents types d'entretiens (entretien de groupe, entretien individuel, entretien structuré, entretien semi structuré et entretien non structuré).

3.4. Outils d'analyse des données

En fonction du caractère des données collectées au cours de notre étude, les techniques d'analyse ont privilégié une approche qualitative. Toutefois, les quelques données quantitatives qui ont été recueillies ont été traitées avec le logiciel Excel afin de les présenter sous forme graphique.

L'analyse des données qualitatives a été faite à travers les outils comme `Enterprise web', les citations, les diagrammes, la comparaison et l'étude de cas.

4. PRESENTATION DU CENTRE SONGHAI

4.1. Généralités sur le Centre SonghaÏ

Du nom d'un prestigieux empire du Mali du XVe siècle, Songhaï est une Organisation Non Gouvernementale Internationale de développement. Il a été créé en 1985 par le Frère Godfrey NZAMUJO O.P. et un groupe d'amis africains, révoltés par le niveau de développement sur le continent et soucieux de redonner une dignité à l'Afrique. Ce centre est situé au coeur de la Commune de Porto-Novo dans le département de l'Ouémé et couvre une superficie de 15 hectares.

Le Centre Songhaï est un espace de recherche-action ayant une base entrepreneuriale qui lui confère une viabilité économique et une autonomie financière. Il vise à élever le niveau de vie des populations en Afrique pour un développement social et économique, en utilisant les ressources locales, les méthodes traditionnelles et modernes en les rationalisant, en pratiquant une gestion rigoureuse, en stipulant la prise de responsabilité et d'initiative par la concertation et l'écoute de tous pour la création d'entreprises agricoles viables.

Ainsi, depuis sa création, le Centre Songhaï a entrepris la construction d'un vivier socio-économique à travers des espaces d'innovation et d'inspiration axée sur le développement des capacités intérieures de l'homme dans toutes ses dimensions : culturelle, sociale, technique, organisationnelle, économique, pour que chacun retrouve une identité culturelle propre, afin de devenir un acteur à part entière.

4.2. Les activités du Centre Songhaï

Le Centre Songhaï mène plusieurs activités dont les principales sont :

· La production primaire ou production agricole qui regroupe la production végétale dont la riziculture et la production animale et autres ;

· La production secondaire : elle prend en compte la transformation des produits agricoles et la fabrication mécanique. C'est à ce niveau de production que se situent l'étuvage et le décorticage du riz paddy. Dans l'organisation des activités du Centre Songhaï, la fabrication mécanique a un volet qui s'occupe de la duplication ou de la fabrication du dispositif amélioré d'étuvage du riz.


· La production tertiaire : elle englobe l'achat et la commercialisation de tous les produits made in Songhaï dont le riz étuvé et l'approvisionnement en paddy pour la transformation ;


· La formation : elle a pour but de promouvoir l'entreprenariat agricole chez les jeunes africains, en développant et en transmettant les valeurs humaines appropriées à un changement de comportement pour qu'ils deviennent acteurs de leur propre développement. Il s'agit de former un nouveau type de leaders capables, non seulement, de concevoir et de mener des activités entrepreneuriales, mais aussi d'allier les intérêts individuels et communautaires.

La formation au Centre Songhaï est un processus continu, constitué d'étapes successives et qui consiste à amener les apprenants (hommes et /ou femmes) qui sont des déscolarisés, des paysans, des cadres, des fermiers à un niveau donné, de façon progressive, par le partage d'un savoir, d'un savoir-faire et d'un savoir être. La finalité de ce processus est l'installation d'entreprises rentables, des pôles d'excellence, qui attirent les paysans et les acteurs de développement et provoquent une véritable dynamique socio-économique dans le milieu rural.

Le modèle des activités du Centre Songhaï se présente comme suit :

Matériels agricoles
Préfinancement des productions

INDUSTRIE
Transformation agroalimentaire

(Etuvage du riz)

Technologies appropriées
(Dispositif amélioré d'étuvage)

Produits vivriers
Animaux

AGRICULTURE

Production
(Riziculture)

Produits finis

Marché
d'écoulement
Financement

Organisation de
filière

COMMERCE Distribution (Riz étuvé)

Marketing

Produits vivriers
Animaux

Figure 2 : Le modèle des activités du Centre Songhaï

Source : L'Aigle de Songhaï 1N° 45 - 3ème et 4ème trimestre 2001

Ce schéma est une approche pour une modernisation agricole car l'interaction entre l'agriculture, la transformation agroalimentaire et la commercialisation, réduit non seulement les pertes, mais favorise un développement durable de l'agriculture. Chaque secteur tire donc ses intrants de l'autre. Ainsi, on n'assiste plus à une production verticale, où des pertes sont enregistrées tout le long de la chaîne de production, mais à une production horizontale, où les déchets d'un secteur sont valorisés dans l'autre.

1 Accessible sur le site http:// www.songhai.org

Tableau 1 : Profil historique sur la filière riz au Centre Songhaï

ANNEES

EVENEMENTS

1985

Création du Centre Songhaï de Porto Novo

1993

Démarrage des activités d'appuis technique et organisationnel aux riziculteurs de kinwédji dans le département du Mono

2000

Installation de l'usine de décorticage de riz (rizerie)

2001

Création de la Centrale d'Achat

2002

Négociation d'un contrat de production avec le groupe riz de la vallée

Mars 2004

Démarrage des activités sur l'étuvage du riz

Juin 2004

Formation donnée par l'ONG RABEMAR basée à Glazoué sur l'étuvage du riz aux femmes ouvrières transformatrices

2005

Tentative de partenariat avec l'ONG Belge VECO - Bénin pour l'harmonisation des interventions aux producteurs du riz des Collines

2005

Partenariat avec Oxfam - Québec pour financer le projet « Amélioration des conditions de vie des producteurs par le développement des filières riz et soja »

2005

Visite d'étude de la zone de production du riz étuvé à Abacali au Nigeria

2005

Partenariat avec UNIRIZ pour la commercialisation du riz paddy

2005

Partenariat avec l'ADRAO pour la multiplication des semences des différentes variétés de NERICA

Oct. 2005

Partenariat avec l'ADRAO pour la réalisation de télé film portant sur l'étuvage du riz paddy

 

Source : Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

4.3. Brève historique sur l'acquisition de la rizerie (usine de décorticage de riz)

Depuis sa création, le centre Songhaï met l'accent sur la valorisation des ressources locales et une absorption sélective des technologies venant de l'extérieur. Au début des années 90, le Directeur du Centre Songhaï nourrissait l'ambition de nouer un

partenariat sud-sud. Il a visité plusieurs pays dont l'Inde où certaines réalités s'apparentent à celles des pays de l'Afrique tropicale. En effet, il fut initié un voyage d'étude de quelques membres du staff de Songhaï en novembre 1997 pour s'inspirer des expériences de l'Inde en matière de développement de technologies dans le domaine agricole en occurrence la riziculture.

Lors de ce voyage le Directeur a rencontré un de ses confrères, le Frère Johnson Kottaram. Celui-ci entendait déjà parler de Songhaï et a profité de la délégation pour savoir davantage les activités que le centre mène et comment peut- il collaborer avec une institution du sud comme songhaï. Pour concrétiser les relations, le Frère Johnson Kottaram, Directeur de Bosco Institut of Electronics, spécialisé dans la formation de jeunes démunis en électronique, a effectué une visite à Songhaï en janvier 1998. Cela a constitué le point de départ d'une collaboration fructueuse. Le Frère Johnson Kottaram a permis au Centre songhaï de découvrir des fournisseurs en fonction des besoins exprimés. C'est ainsi qu'il a aidé à l'acquisition par Songhaï de plusieurs machines et usines dont la rizerie sur financement de l'USAID. Cette usine est constituée d'une décortiqueuse à rouleaux, d'un nettoyeur, d'un batteur, d'une table densimétrique et d'un séparateur.

5. TECHNIQUE D'OBTENTION DU RIZ ETUVE AU CENTRE SONGHAI

L'obtention du riz étuvé exige certains matériels et techniques nécessaires et indispensables aux activités de l'étuvage du riz que nous essayerons de présenter dans cette partie.

5.1. Matériels d'étuvage

Les matériels utilisés pour l'étuvage du riz au Centre Songhaï se présentent comme suit :

· Deux foyers traditionnels formés de trois pierres ou de morceaux de terre de barre pour le chauffage de l'eau utilisée pour le trempage et la pré cuisson à la vapeur du riz paddy à l'aide des marmites en aluminium de 30 ;

· Deux bacs d'étuvage ou étuveuses d'une capacité de 50 kg chacune pour la pré cuisson à la vapeur ;

· Des seaux et des bassines pour le prélèvement d'eau et pour le lavage du riz paddy ;

· Des paniers pour l'égouttage d'eau du paddy après le lavage et des bois de chauffe et coques d'anacarde pour le feu ;

· Le riz paddy comme la matière première ;

· Une aire de séchage de 200 m2 soit 10m× 20m et des nattes pour le séchage du riz étuvé ;

· Une rizerie d'une capacité de 4 tonnes/heure et une décortiqueuse d'une tonne par heure pour les opérations de décorticage etc.

Photo 2: Atelier d'étuvage du riz au Centre Songhaï Source : Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

5.2. Triage et vannage

Cette opération consiste à faire débarrasser du paddy des impuretés comme le caillou, les herbes et les paddy dépourvus de grains. C'est une étape capitale qui facilite la suite des opérations d'étuvage.

5.3. Trempage

Le trempage consiste à renverser le riz paddy égoutté dans une marmite remplie d'eau bouillie jusqu'à 70°C environ (eau tiède) et à le remuer à l'aide d'une palette pour avoir un mélange parfait et homogène afin de maintenir la température constante à tous les niveaux du riz dans la marmite. Ce trempage dure environ 10 à 12 heures de temps et démarre généralement au Centre Songhaï dans les après-midi vers 16 heures à 17 heures pour s'achever le lendemain à 7 heures du matin. Après cette opération, on fait égoutter le riz paddy détrempé à l'aide d'un panier et le rincer à nouveau dans l'eau simple propre, puis lui faire subir un dernier égouttage avant de passer à la pré cuisson.

5.4. Pré-cuisson

La pré-cuisson à la vapeur est une étape très importante dans le processus d'étuvage du riz paddy. Elle consiste à remplir la marmite d'eau de telle manière que la base de l'étuveuse (bac d'étuvage) ne touche pas l'eau dans la marmite. Ensuite, on laisse bouillir l'eau avant de mettre le paddy dans l'étuveuse tout en prenant soin de très bien

boucher la partie d'intersection entre la marmite et l'étuveuse à l'aide de sac de jute. Cette pré-cuisson a duré environ 45 minutes pour les opérations auxquelles nous avions participé. Mais il est utile de mentionner que cette durée dépend de l'intensité du feu car dès que les riz paddy commencent à s'ouvrir légèrement, on les transvase de l'étuveuse pour le séchage.

5.5. Séchage

Le séchage du riz paddy étuvé se fait au soleil pendant 2 heures environ sur une aire établie à cet effet avant d'être poursuivi à l'ombre sur des nattes pour le refroidissement progressif. Ce qui permet aux grains de riz d'être tendres, élastiques ; réduisant ainsi fortement le taux de brisure au décorticage. Cette opération de séchage dure 24 heures de temps.

5.6. Décorticage

Le décorticage consiste à débarrasser le riz de la coque par le système de brassage et de vannage à l'aide d'une décortiqueuse et d'une rizerie.

L'expérience a montré qu'après le décorticage, les coques représentent 30Þ et le riz poli 70 X. C'est-à-dire pour 100 kg du riz paddy étuvé, après le décorticage on obtient 30 kg de coque ou de son et 70 kg du riz poli à grain long.

La figure 3 schématise les étapes essentielles de la méthode ci-dessus décrite.

Riz paddy

Vannage et lavage propre du paddy

Trempage dans l'eau tiède (70°C) pendant 12 heures environ

Lavage et égouttage

Etuvage du paddy avec le dispositif amélioré

Séchage au soleil pendant 2 heures environ suivi du séchage à l'ombre

Riz paddy étuvé

Décorticage du riz paddy étuvé
Riz cargo

Figure3 : Diagramme technologique pour l'étuvage utilisant le dispositif amélioré Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

6. IDENTIFICATION ET ANALYSE DES ACTEURS IMPLIQUES DANS LA FILIERE RIZ

6.1. Identification des acteurs

La transformation des produits agricoles en général et la transformation du riz en particulier, implique un certain nombre d'acteurs qui sont en amont de la production et en aval de la transformation jusqu'à la commercialisation.

Les différentes personnes, institutions ou organisations identifiées sont présentées dans le tableau 2

Tableau 2 : Identification des acteurs et la répartition de leurs rôles

VOLETS

ACTEURS

ROLES

 

Externe à Songhaï

 

-

VECO-BENIN

Harmonise les interventions d'appuis technique et organisationnel aux producteurs des Collines fournisseurs du riz paddy au Centre Songhaï

 

Finance le Centre Songhaï dans la filière riz

 

Appuie le Centre Songhaï dans la promotion de multiplication et de diffusion des semences NERICA

 

Produisent de la matière première c'est à dire le riz qui joue un rôle capital dans la constitution de leur revenu

 

-

Produisent de la matière première pour la rizerie

TRANSFORMATION

Transformatrices

-

Sont chargées de toutes les opérations d'étuvage depuis le vannage du paddy jusqu'au traitement à la vapeur pour finir par le séchage

 
 
 
 
 

UNIRIZ

Sert d'intermédiaire entre les producteurs et le Centre Songhaï pour l'approvisionnement en riz paddy du Centre Songhaï

 

A aider à la formation des transformatrices du Centre Songhaï sur l'étuvage du riz

 

Réalise le film sur l'étuvage du riz en collaboration avec le Centre Songhaï, l'INRAB et SG 2000

COMMERCIALISATION

Centre Songhaï

-

Expose le riz étuvé au niveau du poste de vente et les différents centres de relais et de promotion des produits Songhaï dans nos principales villes

 

Commerçants

Rendent le riz étuvé plus utile ou plus disponible dans les centres villes et dans les pays voisins

CONSOMMATION

Elèves Songhaï et
restaurant Songhaï

Consommateurs

Encouragent l'étuvage du riz en le consommant

 

Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

Ces différents acteurs peuvent être regroupés comme suit :

· le groupe des organisations internationales ;

· le groupe des organisations paysannes, des organisations non gouvernementales locales et les individuels ;

· le groupe des transformatrices

· le groupe des consommateurs.

6.1.1. Groupe des organisations internationales

6.1.1.1. Oxfam- Québec

Acteur important de l'appui au développement depuis plus de 25 ans, Oxfam- Québec base l'ensemble de ses actions sur le partenariat et une approche intégrée du développement. La mission d'Oxfam-Québec vise à appuyer les populations défavorisées des pays en développement qui luttent pour leur survie, leur progrès, la justice sociale et pour le respect des droits humains.

Pour réaliser ses missions, cette institution mise sur les valeurs de solidarité, de partenariat, d'éthique, de transparence et de respect. Notons que ses actions s'étendant en dehors du Canada d'où elle est originaire, Oxfam-Québec a besoin de tisser des partenariats dans les pays où elle intervient pour faire un travail effectif. C'est dans ce cadre qu'au Bénin, le Centre Songhaï a été choisi comme l'un de leurs partenaires locaux vu son intervention dans l'action sociale. Les missions de ces deux organismes se recoupent dans leur finalité qui consiste à transformer les pauvres en producteurs de richesse.

Les deux organismes travaillent ensemble pour féconder leurs oeuvres individuelles faisant ainsi bénéficier à tout un chacun des innovations qui créent de la valeur ajoutée. Ils encouragent la synergie des actions se mobilisant dans la recherche de solutions aux contraintes économiques et spécialement dans le domaine agricole.

Songhaï ayant une base dans le département des Collines (Savalou) et OxfamQuébec intervenant également dans cette zone, les deux organismes ont initié des projets pour l'amélioration de la production agricole dans ce département. Ainsi, une expérimentation dans la production du riz est l'un des projets pilotes de ces deux organismes.

La finalité de ce projet réside dans le renforcement des capacités organisationnelles et logistiques de Songhaï afin de lui permettre de participer efficacement à l'amélioration de la productivité des producteurs du réseau impliqués dans la filière riz.

Il ressort de nos investigations que l'Oxfam-Québec est l'un des partenaires financiers qui entretient de bonnes relations avec Songhaï dans la filière riz. Notons également que dans le champ d'intervention d'Oxfam- Québec, elle appui aussi d'autres structures intervenant dans la filière riz. Ainsi, les principales actions réalisées dans la filière depuis 2000 dans le département des Collines sont la commercialisation collective du riz, l'appui à la production de semences de qualité, le recensement des planteurs de riz, la mécanisation de certaines opérations culturales, l'amélioration de la technicité des paysans à travers des formations et accompagnements techniques, l'acquisition d'équipement et machines pour les activités de post-récolte (étuvage, décorticage, conditionnement ) et l'identification de marché potentiel dont le Centre Songhaï. La première expérience de commercialisation collective avec le Centre Songhaï a aidé à l'achat de plus de 50 tonnes de riz paddy pour l'étuvage.

Suite à nos entretiens, les deux organismes jugent très fructueuse la collaboration et souhaitent sa pérennité.

6.1.1.2. VECO BENIN

VECO est une Organisation Non Gouvernementale Internationale d'origine belge. Elle a pour objectif de contribuer à bâtir une société harmonieuse à travers la promotion de l'agriculture durable et l'alimentation adéquate pour toutes et pour tous.

Intervenant déjà dans le département des Collines dans le domaine de la culture et de la communication, VECO Bénin avait identifié le riz comme une spéculation porteuse pouvant aider à combattre efficacement l'insécurité alimentaire. Une étude de référence relative à cette spéculation avait donc été commanditée vers la fin de l'année 2001 dans ledit département et la décision d'appui à la filière avait donc été prise.

Dans l'optique de rechercher des partenaires locaux et de réunir tous les acteurs intervenant dans la filière riz dans le département des Collines, un cadre de concertation a été initié par VECO et piloté par la Mairie de Glazoué. L'objectif de ce cadre de

concertation est d'harmonier l'intervention de tous les acteurs et de déconcentrer les actions afin de couvrir tous les villages producteurs du riz.

C'est ainsi que le Centre Songhaï, ayant une base dans le département des Collines, a été contacté par VECO en 2005 pour une collaboration. Pour pallier aux différentes difficultés rencontrées dans la transformation du riz, VECO et la Mairie de Glazoué ont suggéré au Centre Songhaï, dans le cadre de concertation, de transférer l'une de ses usines de Porto-Novo dans les collines pour des prestations de services. Mais jusqu'à présent le Centre Songhaï n'a pas encore affiché ses intentions malgré les conditions incitatives que la Mairie crée à des entreprises agro industrielles à s'implanter dans sa commune.

Il n'existe donc pas un partenariat entre le Centre Songhaï et l'ONG VECO Bénin, mais il y avait eu une tentative de collaboration entre ces deux institutions. Le partenariat entre ces deux structures permettra de renforcer la filière riz dans les Collines pour conduire à l'atteinte de leurs objectifs respectifs car le Centre Songhaï est un marché potentiel de l'achat du riz paddy et dispose également des machines (tracteurs pour le labour) et des usines pour la transformation. VECO, quant à elle, vise beaucoup le renforcement des actions entreprises en ce qui concerne le labour parce qu'il constitue un goulot d'étranglement pour l'extension des superficies et le décorticage car la transformation n'est pas encore ce que cela devrait être, notamment en ce qui concerne la production du riz blanc.

6.1.1.3.Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO)

Le Centre du riz pour l'Afrique est une association de recherche autonome intergouvernementale composée d'états africains. L'ADRAO est aussi l'un des 15 Centres internationaux de recherche agricole soutenus par le Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale (GCRAI).

Il est à noter aussi qu'il y a un partenariat PNUD -ADRAO- Songhaï pour mieux promouvoir le NERICA (New Rice for Africa / Nouveau Riz pour l'Afrique). Le PNUD appuie l'ADRAO dans la promotion du NERICA. Songhaï étant un partenaire de l'ADRAO dans ce projet, le PNUD a estimé que pour la deuxième phase de cette expérience démarrée en 2006, il doit apporter son concours pour passer à une échelle plus grande de multiplication et de diffusion des semences. C'est dans cette perspective que le

24 Avril 2007, madame Kae Yanagisawa, Senior Adviser on South-South Cooperation, a effectué une visite de travail sur les installations de Songhaï.

Le partenariat ADRAO-Songhaï axé sur un protocole d'accord entre les deux parties à été signé et a permis à la réalisation de la vidéo sur l'étuvage du riz qui est un outil de formation.

6.1.2. Groupe des Organisations Paysannes, des Organisations Non Gouvernementales locales et des producteurs individuels

6.1.2.1. Le Groupe Riz de la Vallée de l'Ouémé

Sous la tutelle des Unions Communales des Producteurs (UCP) de Dangbo, Adjohoun et Aguégués, un groupe de travail sur le riz dénommé `Groupe Riz de la Vallée de l'Ouémé' a été crée en 2002 pour promouvoir le développement de la filière dans cette zone où les conditions agro écologiques et les contraintes des producteurs sont similaires. Ce groupe de travail compte neuf membres c'est-à-dire trois membres par Commune.

Le décorticage du riz est en grande partie assuré par le groupement à partir des regroupements du paddy au niveau des centres de décorticage. Le décorticage est facturé de 15 à 20 FCFA par kilogramme de paddy pour les membres du groupement et de 20 à

25 FCFA pour les non membres. Vu la qualité du riz décortiqué et le taux de brisure très élevé qui sont dus au mauvais état de l'équipement, au manque de maîtrise technique de la décortiqueuse et au manque de maîtrise des opérations de post-récolte, les responsables du Groupe ont essayé de répondre à une attente des riziculteurs : l'écoulement de la production, c'est-à-dire le riz paddy. Ils ont alors multiplié les contacts avec les acheteurs potentiels et ont conclu un accord avec le Centre Songhaï de Porto Novo. Sachant que ce Centre est le seul à disposer d'une rizerie dans la zone, le groupement a sollicité la prestation de service du Centre Songhaï pour décortiquer leur paddy. C'est ainsi qu'a démarré la collaboration entre le Centre Songhaï et le Groupe Riz de la Vallée et le décorticage était facturé à 25 F le kilogramme de paddy. Cette collaboration n'a pas trop duré car les conditions de séchage et de stockage ne sont pas souvent respectées par les riziculteurs et Songhaï refuse le décorticage sous peine d'endommager son usine. Les producteurs sont donc obligés de se retourner avec leur paddy et les coûts de transport font augmenter les charges de production.

Pour pallier à ces difficultés, le groupe a réalisé plusieurs types d'activités dont la formation de 500 riziculteurs sur les techniques de conduite des opérations post-récolte financée par la Coopération Française à travers le Programme de Professionnalisation de l'Agriculture au Bénin (PPAB) et la négociation de contrat de commercialisation collective du paddy avec le Centre Songhaï car l'objectif du groupe riz était beaucoup plus visé sur la vente collective que le décorticage.

Les premières expériences de vente avec le Centre Songhaï en 2002 ont permis la commercialisation de 90 tonnes de paddy. Le groupe a proposé de fournir jusqu'à 200 tonnes de paddy à raison de 180 FCFA le kilogramme. Cependant, en absence de contrat écrit, les engagements de chaque partie n'ont pas été respectés. Les producteurs n'ont pas livré la production à temps et en parallèle le Centre Songhaï a revu ses prix à la baisse. Le problème principal de cette opération réside dans le fait que le prix initialement négocié était trop élevé. Ce prix, supérieur au coût du marché, a dû être revu progressivement à la baisse au cours de la même année et a passé de 180 FCFA à 135 FCFA et à 110 FCFA, ce que les producteurs n'ont pas accepté.

Après cette opération en 2002, le Groupe Riz de la vallée de l'Ouémé a négocié un nouveau partenariat avec le Centre Songhaï pour la campagne 2004-2005. La collaboration devrait s'orienter autour de trois axes à savoir l'approvisionnement en semences de nouvelles variétés des Philippines, la mise à disposition d'équipements (batteuses, vanneuses) et la commercialisation du paddy. Le Centre Songhaï n'avait pas défini la quantité de paddy qu'il pouvait acheter et la négociation aussi n'avait pas abouti à un contrat écrit. Le Centre Songhaï n'a plus respecté ses engagements en dehors de l'approvisionnement en semences. A la fin de la campagne le Centre Songhaï devrait acheter toute la production mais il n'a pris que quelques tonnes compte tenu de ses besoins. C'est ce qui est à l'origine de la rupture de la collaboration entre le Centre Songhaï et le Groupe Riz de la Vallée de l'Ouémé qui n'a travaillé que pendant deux ans avant de céder place à l'Union Régionale des Riziculteurs de l'Ouémé et du Plateau (URIZOP). Cette union n'a pour le moment aucune relation avec le Centre Songhaï.

Il est à noter que pour la campagne agricole de cette année, c'est-à-dire 2006- 2007, une expérience a été faite avec ESOP2. Elle fournit des semences de variétés IR841 aux producteurs avec quelques appuis techniques et propose de racheter le paddy à 105 FCFA le kilogramme. Le Centre Songhaï étant aussi dans le besoin du paddy afin de satisfaire la demande en riz étuvé du marché Nigérian, achète actuellement le paddy à 125 FCFA et attirent tous les producteurs qui sont sous le contrat ESOP.

Dans la promotion de la filière riz dans les départements de l'Ouémé et du Plateau, le Projet d'Appui au Développement Rural de l'Ouémé et du Plateau (PADRO) a financé la formation de 98 producteurs d'Adjohoun et de Dangbo, suite aux besoins exprimés par ces producteurs sur l'étuvage en août 2006. La formation a été donnée par les agents de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et du Centre Régional pour la Promotion Agricole (CeRPA) de l'Ouémé et du Plateau. Il convient de signaler que la formation n'a pas été donnée aux vrais acteurs de la filière car plus de 90% des formés étaient des hommes alors que l'activité de l'étuvage est généralement exercée par les femmes. Il n'y a donc pas eu un changement notable après la formation et les producteurs expriment à nouveau le besoin en formation des femmes sur l'étuvage afin de s'ouvrir sur le marché nigérian qui est un grand consommateur du riz étuvé. Toutefois, des investigations doivent être menées par rapport au transport et à la commercialisation du riz étuvé produit pour un écoulement des produits.

6.1.2.2. Union des Riziculteurs des Collines (UNIRIZ-C)

Dans sa recherche du riz paddy pour satisfaire la forte demande en riz étuvé, le Centre Songhaï a identifié l'Union des Riziculteurs des Collines comme un des acteurs non négligeable de la filière dans le département des Collines. Ainsi, la première séance de travail marquant le début de leur collaboration a eu lieu le 08 décembre 2004 à Glazoué et portait sur les modalités de commercialisation du riz paddy pour la campagne 2004-2005 et les préparatifs pour l'exécution des prestations de service en matière de machines agricoles pour le labour.

2 ESOP (Entreprise de Service et Organisation des Producteurs), un démembrement du Centre International du Développement et de Recherche (CIDR) qui est une ONG française

Les attentes de l'Union des Riziculteurs des Collines vis-à-vis du Centre Songhaï consistaient principalement à avoir la proposition du Centre Songhaï sur les quantités du riz paddy qu'il pourrait prendre dans les 289 tonnes disponibles au titre de la présente campagne et le préfinancement de l'UNIRIZ-C si celle-ci devrait placer une partie du riz à crédit sur un autre marché. Suite à ces préoccupations, le Centre Songhaï apporte quelques clarifications et stipule que son positionnement ne doit pas être réduit à une simple situation d'acheteur du paddy auprès de l'UNIRIZ-C. Mais, plutôt un partenaire qui travaille en synergie avec l'union pour accroître la productivité des riziculteurs et leurs sources de revenus. Cela implique des appuis en semences, de suivi des itinéraires techniques de la culture du riz, et des machines agricoles. En terme de commercialisation, il est donc clair que le marché local ne doit pas être négligé sous prétexte que le Centre Songhaï est le point unique de commercialisation.

Le partenariat entre ces deux structures a donc démarré officiellement en 2004 et la collaboration s'est poursuivie avec la définition des bases plus saines de concertation. La participation d'une quarantaine de membres de l'UNIRIZ-C à la session de formation sur la qualité du paddy organisée à Porto-Novo, l'achat au comptant par le Centre Songhaï à un prix incitatif aux producteurs de l'UNIRIZ-C et la visite des champs semenciers du Centre Songhaï à Kinwedji dans le Mono par ces derniers sont des signes éloquents du développement des relations du Centre Songhaï avec ce groupement.

6.1.2.3.Recherche et Action pour le Bien- Etre de la Masse Rurale (RABEMAR)

RABEMAR est une Organisation Non gouvernementale basée à Glazoué. Elle a pour mission de contribuer au développement durable des communautés rurales par des appuis qui assurent l'augmentation de leurs revenus, l'amélioration des infrastructures socio communautaires et un changement qualitatif de leur cadre de vie.

Lorsque le Centre Songhaï s'est engagé dans l'étuvage du riz, c'est RABEMAR qui a été sollicitée en juin 2004 compte tenu de son expérience dans le domaine pour former les transformatrices. En dehors de cette formation, RABEMAR aide le Centre Songhaï pour l'achat du riz paddy dans la zone de Glazoué lorsqu'il exprime le besoin. Il existe de bonnes relations de collaboration entre les deux structures, mais il n'y a pas encore un partenariat formel écrit qui engage des responsabilités de part et d'autre de ces structures pour une réelle émergence des actions contribuant à la promotion du riz étuvé. Ce

partenariat a permis à RABEMAR de renforcer ses relations et de partager son expertise dans le domaine de l'étuvage.

6.1.3. Groupe des transformatrices et acteurs connexes

En fonction de l'organisation mise en place par le Centre Songhaï dans le processus de l'étuvage du riz, on note deux équipes de transformation. Chaque équipe est composée de trois femmes ouvrières formées par le Centre Songhaï qui viennent spécialement et temporellement pour les opérations d'étuvage du riz. Ces femmes sont payées à la tâche. Les six femmes ouvrières soit les deux équipes étuvent au total 7 tonnes du riz paddy par mois et chacune des femmes gagne 22.500FCFA par mois soit 750FCFA par jour.

Nous désignons par les acteurs connexes, les artisans exerçant dans les ateliers de soudure et de fonderie du Centre Songhaï qui fabriquent le dispositif amélioré d'étuvage du riz et le machiniste ou le meunier qui ajoute de la valeur au riz en faisant le décorticage par l'exploitation de la rizerie.

6.1.4. Groupe des consommateurs

Ce groupe rassemble les consommateurs proprement dits, c'est-à-dire ceux qui achètent le riz pour la consommation domestique et les commerçants du riz. Ces derniers sont ceux qui achètent le riz étuvé pour le revendre ailleurs principalement sur marché Nigérian.

6.2. Relations entre acteurs

Plusieurs acteurs sont impliqués dans la promotion du riz étuvé avec le Centre Songhaï. Toutefois, il n'y a pas une bonne synergie d'action. Aucune relation formelle n'existe entre ces différents acteurs et aucun cadre de concertation n'est créé pour leur permettre d'échanger pour une amélioration du système d'étuvage. Pour la durabilité et l'efficacité des actions, il est nécessaire de renforcer ces relations.

Tableau 3 : Matrice des acteurs

 

Centre Songhaï

Oxfam Québec

ADRAO

VECO Bénin

Groupe Riz

Vallée

UNIRIZ

RABEMAR

Transformatrices (femmes ouvrières)

Centre Songhaï

 

+ + +

+ + +

-

+

+ +

+ +

+ + +

Oxfam Québec

+ + +

 
 

+ +

+ + +

+ +

+ +

- -

ADRAO

+ + +

 
 

+ + +

- -

 
 

- -

VECO Bénin

-

+ +

+ + +

 

- -

+ +

+ +

- -

Groupe Riz Vallée

+

+ +

- -

- -

 

- -

- -

- -

UNIRIZ

+ +

+ +

 

+ +

- -

 

+

- -

RABEMAR

+ +

+

+

+ +

- -

+

 

- -

Transfor- matrices (femmes ouvrières)

+

- -

- -

- -

- -

- -

- -

 
 

Source : Enquête de terrain, Mai - Juin 2007 Légende

+ + + : Relation très bonne

+ + : Relation bonne

+ : Relation passable

- : Tentative de collaboration

- - : Pas de relation

6.3. Enterprise Web de l'étuvage du riz au Centre Songhaï

Ce diagramme de l'Enterprise Web a été réalisé de commun accord avec les responsables du Centre Songhaï, les transformatrices et les artisans. Ces acteurs ont identifié toutes les activités dans lesquelles le Centre Songhaï s'investit pour la promotion du riz étuvé et mettent en exergue les activités qui méritent encore beaucoup d'investissements pour que la chaîne de production du riz étuvé soit bien fonctionnelle dans ce centre.

Vente du dispositif
par le centre

Formation des
artisans

Fabrication du
dispositif

Apport de financement à l'atelier de fabrication

Offre du dispositif
au centre

Offre du paddy par
producteurs internes
et externes

Formation et
appuis aux
producteurs

Offre du paddy

Stockage du paddy

Apport de
financement

Formation des femmes
transformatrices sur
l'étuvage

Recrutement des femmes
transformatrices

(femmes ouvrières)

Etuvage du riz paddy au Centre Songhaï

Commercialization du riz
étuvé

Décorticage du riz paddy
étuvé

Conditionnement du riz
étuvé

Activités cruciales

Figure 4 : Enterprise web de l'étuvage du riz Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

6.3.1. Formation des femmes transformatrices

La maîtrise de la pratique de l'étuvage du riz est une condition nécessaire pour sa diffusion mais c'est très loin d'être une condition suffisante car enseigner une innovation ou une technologie, c'est de bien communiquer, de bien faciliter l'assimilation en aidant les apprenants (les transformatrices) à s'approprier la technologie et de bien animer. D'où la nécessité d'un spécialiste de formation sur le dispositif amélioré d'étuvage du riz. Ainsi pour améliorer sa pratique et de bien s'approprier de la technologie, le Centre Songhaï a sollicité l'expertise de l'ONG RABEMAR qui a une forte expérience dans le domaine de l'étuvage du riz.

La formation sur la pratique de l'étuvage du riz a été donnée en juin 2004 au Centre Songhaï après que le centre ait démarré les activités sur l'étuvage en mars 2004. Six femmes transformatrices ont été formées pendant deux jours. Ces femmes qui ont reçu la formation ont été recrutées par le Centre Songhaï comme des ouvrières agricoles et sont payées à la tâche. C'est donc pour mieux faire le travail qui leur sera confié que le Centre Songhaï a formé ces femmes.

Etant donné que les activités de l'étuvage ne se déroulent pas sur toute l'année compte tenu de la non disponibilité du riz paddy, les femmes transformatrices sont des occasionnelles. A cet effet, près de 67% des femmes qui ont reçu la formation donnée par l'ONG RABEMAR ne l'exercent plus et ne sont non plus au centre Songhaï. Ces femmes résident dans la banlieue de Porto-Novo et s'adonnent au petit commerce tel que la vente du charbon, de la bouillie etc. Deux d'entre elles affirment n'être plus rappelées par le Centre Songhaï pour le travail et le Centre Songhaï de son coté déclare n'avoir pas leur contact pour les joindre et aussi elles ne sont plus toutes disponibles à faire l'étuvage à cause d'autres occupations.

Il apparaît qu'aucune des femmes transformatrices n'exerce l'activité d'étuvage du riz ni pour leur besoin personnel ni pour des prestations de service en dehors du Centre Songhaï. Ceci se justifie par le fait qu'elles ne résident pas dans des zones productrices du riz telle que la vallée de l'Ouémé et qu'elles ne disposent pas aussi des moyens financiers nécessaires pour s'acheter le dispositif d'étuvage.

Après la formation initiale en juin 2004, le Centre Songhaï recrute presque chaque année des femmes ouvrières qui sont formées sur la pratique de l'étuvage du riz par le machiniste (meunier) aidé par le responsable de la section « usine riz » qui sont des

employés permanent du Centre Songhaï et qui par routine maîtrisent la technologie et servent donc de formateurs. Malheureusement, ces femmes sont recrutées juste pour faire le travail lié à l'étuvage et non formées pour être des entrepreneurs. Ce qui de notre point de vue est contraire à la vision du centre Songhaï décrite plus haut en matière de principes formatifs. Des tâches sont attribuées aux femmes recrutées et elles sont rémunérées au prorata des activités exécutées.

Il y a généralement dans l'équipe de ces femmes à former au moins une des anciennes transformatrices qui prend la direction des activités. Cette approche d'apprentissage en exerçant l'activité est celle qui est plus répandue au niveau de toutes les unités de formation du Centre Songhaï. Ainsi, pour la formation de cette année à laquelle nous avons eu la chance de participer, il y a eu dans l'équipe une transformatrice formée par l'ONG RABEMAR à qui s'ajoutent deux nouvelles femmes.

Il est à noter que la formation, telle qu'elle se fait actuellement au Centre Songhaï, est `mécanique' et basée sur la routine. Ce qui ne permet convenablement pas à l'apprenant de s'approprier de la technologie en vue d'une éventuelle diffusion. Comme un formateur n'est pas seulement celui qui maîtrise une technologie, mais plutôt celui qui maîtrise une technologie associée à une bonne pédagogie, il serait très bien que les transformatrices visualisent la vidéo réalisée par l'ADRAO en collaboration avec le Centre Songhaï sur l'étuvage du riz. Cette vidéo réalisée depuis 2005 est un bon outil de formation qui peut accroître l'impact des bonnes pratiques des activités d'étuvage du riz, mais n'a pas encore été utilisée comme un instrument pour former les femmes transformatrices au Centre Songhaï. La vidéo a montré déjà ses preuves dans 80 villages des départements du Zou et des Collines auprès de 8 659 producteurs et transformatrices (ADRAO, 2006).

La formation des femmes transformatrices du riz se déroule actuellement au Centre Songhaï sans utilisation de la vidéo. Le tableau 4 ci-après présente l'écart entre les situations théoriques et les réalités au Centre Songhaï par rapport à la formation des femmes transformatrices sur le dispositif amélioré d'étuvage du riz.

Tableau 4 : Ecart entre situations théoriques et réalités au Centre Songhaï au sujet de la formation des femmes transformatrices

Paramètres

Situations théoriques

Réalités Songhaï

Ecart entre situations
théoriques et réalités Songhaï

Approches de solution

Formation

- Curriculum bien défini

- Apprentissage

- Objectif orienté uniquement

- Faire asseoir une bonne

 

avec le nombre de séance de formation ;

mécanique et sur le tas - Nombre de

vers la transformation du riz, - Non utilisation de la vidéo

unité de formation des femmes

 

- Vidéo comme outil

participant : variable de

comme outil d'apprentissage ou

transformatrices ;

 

d'apprentissage ;

3 à 6 personnes suivant

de formation.

- Orienter la formation

 

- Nombre de participant :

la quantité du riz paddy

 

vers l'appropriation de la

 

variable.

à étuver.

 

technologie par les femmes transformatrices.

 
 
 
 

- Encourager l'utilisation de la vidéo comme outil d'apprentissage

Utilisation de la

- Dispositif amélioré

- Dispositif amélioré

-

-

formation

d'étuvage du riz ;

d'étuvage du riz ;

 
 
 

- Suivi technique (appui songhaï)

- Suivi technique par le machiniste et le chef de l'usine riz.

 
 
 

Dissémination de la

- Pratique de la formation

- Les transformatrices

- La formation n'est pas

- Le Centre Songhaï peut

formation

hors songhaï,

- Formation et prestation

n'exercent pas l'activité d'étuvage du

vulgarisée ;

- L'utilisation de la formation est

recruter les transformatrices à former

 

de service hors Songhaï

riz pour leur propre

limitée seulement au Centre

parmi les membres des

 

par les participantes ;

compte ni pour

Songhaï

organisations de

 

- Suivi des

prestation de service.

 

producteurs ou parmi les

 

transformatrices

- Aucun suivi post formation des transformatrices n'est fait sur leur propre site

 

producteurs partenaires dudit Centredans la commercialisation du riz paddy ;

 
 
 
 

- Le Centre Songhaï peut

 
 
 
 

Manifester aussi le

besoin d'achat du riz paddy étuvé pour susciter des besoins en formation sur l'étuvage du riz.

 

Source : Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

A ce jour, le Centre Songhaï n'a pas encore fait asseoir une unité digne de formation sur l'étuvage du riz. Ce qui limite la formation d'un nombre élevé de transformatrices. Ce qui explique la présence de deux ou trois femmes au niveau de l'unité d'étuvage du riz. Ces femmes sont considérées non pas comme des apprenantes mais comme des ouvrières. Il y a donc nécessité pour le Centre Songhaï, s'il doit rester dans la logique de sa vision, d'élaborer un programme de formation avec un curriculum qui prendra en compte des phases théoriques avec l'utilisation des auxiliaires de vulgarisation et des phases pratiques comme l'indique le tableau ci-dessous.

L'un des responsables à la formation du nom de Monsieur WANKPO Placide déclare : « A l'état actuel de l'agriculture béninoise et vu le niveau d'information des producteurs, une organisation des producteurs ou un paysan ne pourra pas se faire former sur une innovation ou une technologie agricole sans un financement extérieur ». Il stipule par là que l'Etat et les institutions comme ADRAO doivent renforcer leurs stratégies de diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz auprès des organisations des producteurs et des producteurs pilotent pour susciter l'engouement chez la grande masse.

6.3.2. Formation des artisans et fabrication du dispositif amélioré d'étuvage du riz

Le dispositif amélioré est fabriqué directement à songhaï dans l'atelier de fonderie (fournit la marmite en aluminium) et de soudure (fabrication du bac d'étuvage). C'est le département mécanique regroupant plusieurs autres ateliers qui fabrique le dispositif amélioré d'étuvage du riz. Le Centre Songhaï a fabriqué son premier dispositif en 2005 après avoir acheté un spécimen sur le marché local. C'est ce spécimen qui a servi à la duplication ou à la reproduction de deux autres dont un a été vendu à 60.000 FCFA à un riziculteur des Collines qui était en visite à Songhaï en 2006 et le second est utilisé avec le spécimen acheté pour l'étuvage du riz dans le centre.

Le centre Songhaï n'a reçu aucune formation sur la fabrication du dispositif amélioré d'étuvage. Mais avec le savoir-faire de ses artisans, Songhaï fabrique bien le dispositif comme le confirme Monsieur Adjassa Agossou l'un des forgerons experts dans la fabrication du dispositif. Il a été plusieurs fois sollicité par l'INRAB et l'ADRAO pour former de forgerons sur la fabrication du dispositif amélioré. Il a pu qualifier le travail de Songhaï parce qu'il collabore avec ce centre pour la fabrication de petits matériels utilisés

dans l'élevage de volaille. Néanmoins, il serait intéressant que ces artisans (ouvriers) soient formés sur la technologie afin de garantir une meilleure qualité des dispositifs à mettre sur le marché.

Le Centre Songhaï ne reçoit pas encore des commandes de fabrication du dispositif amélioré parce qu'il existe des forgerons un peu partout dans les villages qui fabriquent correctement ses dispositifs.

Outre les innovations et les adaptations technologiques dans la fabrication des machines et outils agricoles, le département mécanique de Songhaï vise une production rentable par la fabrication et la vente de machines et outils adaptés aux entrepreneurs agricoles et para agricoles. Ainsi, en dehors du dispositif amélioré, une gamme variée de matériels agricoles se fabrique au Centre Songhaï sur commande locale et sous régionale. Au nombre de ces matériels, nous pouvons citer des décortiqueuses de riz, des presses pour l'extraction d'huile, des outils pour l'élevage et le maraîchage etc.

Le Centre Songhaï serait un grand pôle de diffusion ou de vulgarisation du dispositif amélioré d'étuvage du riz si une bonne organisation s'opère dans le département mécanique. Cette organisation consistera d'une part à faire connaître le dispositif amélioré d'étuvage du riz à ses clients nationaux et étrangers à qui il fournit les matériels agricoles et d'autre part à mettre en réseau tous les apprentis libérés du département mécanique et leur faciliter l'accès au micro crédit d'installation. Par manque de moyens, les apprentis libérés se convertissent en conducteurs de taxi moto nous déclare un ancien apprenti de Songhaï et conducteur de taxi moto à Porto- Novo.

6.3.3. Apport de financement

L'apport de financement au centre est nécessaire pour renforcer certaines activités. Il s'agit en particulier de la fabrication du dispositif, l'achat et le stockage du riz paddy. L'octroi de crédit pourrait permettre au Centre Songhaï de fabriquer des dispositifs améliorés et de les exposer aux différentes foires agro-industrielles nationales et sous-régionales auxquelles il participe. Le financement des activités pourrait aussi aider le Centre Songhaï à revoir ses stratégies pour mieux acheter le riz paddy et le stocker en période d'abondance.

6.3.4. Offre du riz paddy

L'approvisionnement en riz paddy pour l'étuvage est assuré par trois sources. Il s'agit principalement de la production interne de Songhaï. Le riz est produit sur les sites Songhaï de Kinwédji dans le Mono, de Glazoué dans les Collines et de Parakou dans le Borgou. La quantité de riz paddy provenant de ces sites avoisine 52Þ comme l'indique la figure 5. A cette quantité s'ajoute celle provenant de la vallée de l'Ouémé (groupe riz de la vallée) et des producteurs individuels des Collines organisés par la Centrale d'achat de Songhaï.

Par ailleurs, dans sa politique de recherche de matières premières, le Centre Songhaï a créé une Centrale d'achat dont l'objectif est d'identifier des cibles de producteurs et les accompagner dans la production de spéculations porteuses comme le riz, le soja etc. en améliorant le rendement à travers l'apport de semences de hautes performances telles que les variétés du riz NERICA et de faire la collecte des productions et en assurer son écoulement et sa transformation.

Achat dans la vallée de l'Ouémé

Fournisseurs des Collines

37,6%

10,4%

Production interne de Songhaï

52%

Figure 5 : Source d'approvisionnement en riz paddy Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

6.3.5. Décorticage du riz étuvé

Le décorticage du riz étuvé est la dernière opération post-récolte et constitue l'étape où le paddy étuvé est transformé en riz comestible. Cette opération est assurée au Centre Songhaï par une décortiqueuse à rouleau d'une capacité d'une tonne par heure (1T/H) provenant de l'Italie et d'une chaîne, c'est-à-dire une rizerie d'une capacité de quatre tonnes par heure (4T/H) provenant de l'Inde.

Une bonne organisation d'approvisionnement en riz paddy et l'appui aux groupements des producteurs pour l'étuvage en vue d'acheter aussi du riz paddy étuvé ferait de Songhaï une grande entreprise de décorticage du riz au Bénin car il est le seul à disposer actuellement des équipements de telle envergure dans notre pays.

A l'état actuel, les équipements de décorticage du Centre Songhaï semble être sous utilisés. Vu les capacités de ces équipements et la quantité du riz paddy décortiquée qui varie de 15 à 17 tonnes par an, on est en droit de se dire qu'il reste beaucoup à faire.

6.3.6. Commercialisation du riz étuvé

La commercialisation est une activité aussi nécessaire que la production agricole. La production est la création d'utilité et la commercialisation contribue essentiellement à rendre un produit plus utile ou plus disponible aux consommateurs (Aboudou, 2004).

Le riz étuvé au Centre Songhaï est vendu principalement sur le marché Nigérian, le Nigeria étant un gros consommateur du riz étuvé. Ainsi, plus de 75 X de la production de l'année 2006 ont été destinées au marché Nigérian. Notre étude vient renforcer celle réalisée par le Comité de Concertation des Riziculteurs du Bénin en 2004 qui mentionnait l'existence d'un marché d'écoulement important du riz étuvé au Nigeria dont la demande est de plus de 70.000 tonnes par an. Le Centre Songhaï dispose aussi des boutiques dans nos principales villes et un relais au Nigeria pour la commercialisation des produits `made in songhaï' dont le riz étuvé vendu à un prix variant entre 325 Fcfa et 350 Fcfa le kilogramme. La figure 6 ci- après montre le marché d'écoulement du riz étuvé.

Marché local: 25%

M

Figure 6: Marché d'écoulement du riz étuvé Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

7. ETAT DES LIEUX SUR LA PRATIQUE DE L'ETUVAGE DE RIZ DANS LES VILLAGES PARTENAIRES DE SONGHAI DE LA VALLEE DE L'OUEME

Ce chapitre de diagnostic de la pratique d'étuvage est l'une des étapes qui précède l'élaboration du plan d'action. Prenant en compte les avantages de l'étuvage, nous avons voulu analyser les enjeux qui entourent la filière afin d'appréhender les raisons fondamentales qui poussent les producteurs à vendre leur paddy au Centre Songhaï alors qu'ils peuvent eux-mêmes organiser l'étuvage et augmenter la valeur ajoutée au riz produit.

Ainsi, nous faisons l'état des lieux de deux villages de Dangbo et d'un village d'Adjohoun sur l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage du riz. Notre choix s'est porté sur les villages de Hêtin-Sota, Yokon dans la commune de Dangbo et de Houêda dans la commune d'Adjohoun parce que d'une part, ce sont des villages qui sont membres du groupe riz de la vallée qui est un partenaire de Songhaï et d'autre part, ils sont des villages ayant les plus hauts rendements en riz paddy selon une étude effectuée par le Projet d'Appui au Développement Rural de l'Ouémé et du Plateau (PADRO) en 2006. Il est important de rappeler que les riziculteurs de ces villages sont parmi les 98 producteurs ayant bénéficié de la formation financée par le PADRO en Août 2006 sur l'étuvage du riz.

7.1. Situation observée dans les villages

L'étuvage du riz n'est pas encore une activité connue de tous les producteurs des villages étudiés comme l'indique le tableau 5. Ce dernier présente les différences liées à la connaissance et à la pratique de l'étuvage dans les trois villages. Les participants à la réalisation de ce tableau sont les membres des groupements villageois de Hêtin-Sota, Yokon et Houêda.. Le nombre total de ces participants sont respectivement 24 ; 11 et 25 pour les villages de Hêtin-Sota, Yokon et Houêda.

Tableau 5: Situation des villages sur la connaissance et la pratique d'étuvage

Villages

Hêtin-Sota

Yokon

Houêda

 

(n=24)

(n=11)

(n=25)

Paramètres

 
 
 

Producteurs ayant reçu la formation donnée par le PADRO sur l'étuvage du riz

37X

36,36X

40X

Producteurs ayant entendu parler de l'étuvage sans recevoir une formation

50X

54,54X

56X

Producteurs n'ayant jamais entendu parler de l'étuvage

12,5X

9,09X

4X

Producteurs pratiquant l'étuvage du riz après la formation de PADRO

12,5X

0

8X

Producteurs exprimant le besoin de formation sur l'étuvage du riz

100X

100X

100X

 

Source : Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

D'une manière générale, il n'existe aucune femme transformatrice qui exerce l'activité d'étuvage du riz de façon indépendante sans être membre d'un groupement villageois. Il faut noter que l'étuvage du riz n'était pas une pratique des producteurs de la vallée. Cette activité a commencé timidement après la formation de 2006.

L'analyse du tableau montre clairement que le besoin en formation sur l'étuvage du riz est fortement exprimé dans les trois villages. Ceci se justifie par la connaissance que disposent les producteurs sur les avantages liés à l'étuvage. Ce dernier constitue une solution alternative pouvant aider à réduire le taux de brisure lors du décorticage du riz. Les responsables des groupements expriment vivement leur regret pour n'avoir pas associé activement les femmes à cette formation qui relève des activités féminines.

Il faut également dire que la sélection des apprenants n'a pas suivi une logique dans ce sens que la plupart de ceux qui ont été formés sont des hommes responsables des groupements. Ces producteurs ne se sentent pas trop comptables vis-à-vis des autres

producteurs car une formation reçue doit être restituée à la grande base. Dans les trois villages étudiés, les producteurs ayant reçu la formation n'ont formé aucun de leur membre pour des raisons inavouées. On remarque également que ces producteurs formés n'ont pas été suivis dans l'application de la formation. Ce qui serait à l'origine de l'utilisation très limitée de cette formation.

Les quelques femmes qui s'exercent à l'étuvage dans les villages déclarent n'avoir pas les moyens nécessaires pour s'acheter leur propre dispositif et sont soumises au seul dont dispose leur groupement.

7.2. Critères d'appréciation du riz étuvé

Les critères majeurs de choix pour les consommateurs du riz étuvé que nous avons pu rencontrer dans notre zone d'étude sont le goût, le manque d'impureté (la bonne qualité du riz étuvé) et la forte capacité de gonflement. En plus de ces critères, s'ajoutent pour les transformatrices et les responsables du Centre Songhaï le critère prix de vente élevé du riz étuvé.

7.3. Perception des atouts et contraintes liés à l'utilisation du dispositif

Tableau 6 : Perception des atouts et contraintes liés à l'utilisation du dispositif

Transformatrices

Atouts du dispositif

Contraintes liées à l'utilisation du dispositif

Hêtin-Sota, Yokon et Huêda

- Rendement élevé au décorticage ;

- Faibles taux d'impuretés et de brisures du riz

- Petite capacité du bac

d'étuvage ;

- Coût d'acquisition élevé du dispositif;

- Forte consommation en bois de chauffe ;

- Méthode artisanale

Songhaï

- Rendement élevé au décorticage ;

- Petite capacité du bac d'étuvage ;

- Méthode artisanale

 

Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

8. ELABORATION D'UN PLAN D'ACTION DE FORMATION DES PRODUCTEURS SUR L'ETUVAGE DU RIZ

8.1. Introduction

Pour contribuer de façon efficace et efficiente à la vulgarisation du dispositif amélioré d'étuvage du riz et apporter une approche de solution aux multiples problèmes identifiés lors de notre diagnostic participatif avec les membres de l'Union des Riziculteurs de l'Ouémé et du Plateau (URIZOP) l'ex Groupe riz de la vallée, nous avons élaboré ce plan d'action de formation. Un tel plan de formation aidera l'URIZOP à atteindre l'un de ses objectifs lié à l'amélioration de la qualité du riz. La mise en exécution de ce plan permettra à Songhaï de s'approvisionner aussi en riz paddy étuvé.

8.2. Contexte et justification

Le diagnostic participatif effectué avec les membres de l'URIZOP en général et les groupements de Hêtin-Sota, de Yokon et de Huêda en particulier révèle que le besoin en cette formation est vivement exprimé par les producteurs. Cette formation portant sur l'étuvage du riz s'avère nécessaire pour améliorer la qualité du riz afin qu'il soit compétitif sur le marché local et régional qui devient de plus en plus exigent.

8.3. Les objectifs et la démarche méthodologique

L'élaboration de ce plan d'action de formation s'inscrit dans une approche d'orientation des actions de formation en vue d'une dynamisation de l'URIZOP d'une part et d'un renforcement des activités des groupements constituant l'URIZOP d'autre part.

L'objectif général poursuivi par cette formation est de renforcer les capacités techniques des riziculteurs de Hêtin-Sota, Yokon et Houêda sur l'étuvage du riz. De façon spécifique, il s'agira de former les producteurs de riz sur la technique améliorée d'étuvage.

La méthodologie retenue pour la formation est l'approche participative basée sur l'utilisation des outils de l'andragogie. Avant de commencer la formation, nous ferons un brainstorming au cours duquel les producteurs qui s'essayent déjà à l'étuvage vont

partager leurs expériences avec les participants. C'est suite à cet échange que suivront les étapes successives de la formation proprement dite.

8.4. Groupe cible

Les participants à la formation proviendront pour la première année des villages de Hêtin-Sota, de Yokon dans la Commune de Dangbo et de Huêda dans la commune d'Adjohoun. Selon une étude effectuée par le Projet d'Appui au Développement Rural de l'Ouémé et du Plateau (PADRO) pour la campagne agricole 2005/2006 portant sur le recensement des riziculteurs du groupe riz de la vallée, les riziculteurs provenant de ces trois villages sont au nombre de 60 personnes soit 14% de l'ensemble des riziculteurs des Communes d'Adjohoun et deDangbo et se repartissent comme suit :

Hêtin-Sota : 24 producteurs

Yokon : 11 producteurs

Houêda : 25 producteurs

La statistique de ces trois villages a été confirmée lors de cette recherche et plus précisément pendant notre phase de terrain dans les mois de Mai et de Juin 2007.

8.5. Cadre logique de la formation

Il s'agit d'un tableau synoptique comportant d'une part l'objectif global, l'objectif spécifique, les résultats attendus et les activités et d'autre part les indicateurs objectivement vérifiables, les sources de vérification et les suppositions

Tableau 7: Cadre logique

LIBELLE

INDICATEURS
OBJECTIVEMENT
VÉRIFIABLES

SOURCES DE
VÉRIFICATION

SUPPOSITIONS
IMPORTANTES

Objectif global: Renforcer les
capacités techniques des
riziculteurs sur l'étuvage du riz

Le riz produit est de bonne qualité

Rapports d'activités des UCP, de l'URIZOP, du CeRPA

Mise à disposition des

ressources nécessaires à

l'exécution du plan de
formation

Objectif spécifique : Former

les producteurs de riz sur la technique améliorée d'étuvage du riz.

82% des producteurs

d'Adjohoun et de Dangbo sont formés et maîtrisent en 2010 la technique améliorée d'étuvage du riz

Rapports d'activités des UCP, de l'URIZOP, du CeRPA

Le financement est mobilisé

avec une implication active des producteurs autour de la filière

Résultats attendus

Résultat 1: Les producteurs maîtrisent la technique

d'étuvage.

Le taux de brisure est réduit et le riz local est compétitif sur le marché

Rapports d'activités des UCP, de l'URIZOP, du CeRPA et de la Chambre de Commerce et d'Industries du Bénin ;

La demande du riz local sur le marché béninois

L'étuvage est maîtrisé par les riziculteurs

 

Résultat 2: Le riz local est compétitif sur le marché

Le taux d'importation du riz a diminué de 5%

Rapports d'activités de la

Chambre de Commerce et

d'Industrie du Bénin

Les populations préfèrent le riz local au riz importé

Activité 1 : Formation sur l'étuvage du riz

60 producteurs sont formés en 2008, 120 en 2009 et 180 en 2010

Rapports d'activités des UCP, du CeRPA

Le financement est mobilisé

Activité 2 : Suivi de la mise en oeuvre de formation

Tous les producteurs identifiés

pour la formation sont tous présents à toutes les sessions de formation

Rapports d'activités des UCP, du CeRPA

Le financement est mobilisé

Activité 3 : Evaluation de la formation

90% des producteurs formés

maîtrisent la technologie.

Rapports d'évaluation

Le financement est mobilisé et le plan d'action est exécuté

 

Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

Tableau 8 : Programmation triennale

Activités

Responsables

Moyens

Période d'exécution

 

Matériels

Financiers

2008
Trimestre

2009
Trimestre

2010
Trimestre

 

2

3

4

1

2

3

4

1

2

3

4

Activité 1. Formation sur

l'étuvage du riz

Formateur et facilitateurs

360 producteur

s + 3 Chargés

de la formation

Materiel didactiqu e

Fournitur es

- Entretien des

producteurs - Frais de prestation formateurs

- Frais du matériel didactique et fournitures

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Activité 2. Suivi de la mise en oeuvre de formation

Président UCP

Membre UCP

Fiche de suivi

Frais d'entretien Frais de déplacement

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Activité 3. Evaluation de la

formation

Agent du CeRPA/Ouémé

agent de l'ADRAO et de l'UCP

Fiche d'évaluati on

Frais d'entretien Frais de déplacement

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

Tableau 9 : Evaluation du coût de programme de formation (en milliers de F CFA)

Activités

Désignation

2008

2009

2010

 

PU

Montant
total

Montant
sollicité

Qté

PU

Montant
total

Montant
sollicité

Qté

PU

Montan
t total

Montan
t
sollicité

Activité 1:

1.1. Frais d'entretien des riziculteurs

60p ×2j

2

240

240

120p
×2j

2

480

480

180p
×2j

2

720

720

Formation sur l'étuvage du riz

 

2f×2

25

100

100

3f×2

25

150

150

4f×2

25

200

200

 

Forfait

-

165

165

Forfa
it

-

325

325

Forfa
it

-

485

485

 

60 p+2
f

8

496

496

 
 
 
 
 
 
 
 

Total 1

 

1 001

955

1 405

Activité 2:

2.1. Frais de déplacement et d'entretien

2p×2j

5

20

20

2p×2j

5

20

20

3p×2j

5

30

30

Suivi de la mise en oeuvre de formation

 
 

20

20

30

Activité 3 :

3.1. Frais de déplacement et d'entretien

3p×2j

25

150

150

3p×2j

25

150

150

3p×2j

25

150

150

Evaluation de la formation

 

Forfait

-

80

80

Forfa
it

-

240

240

Forfait

-

400

400

Total 3

 

230

390

550

Total Général

1251

1365

1985

 

Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

Tableau 10 : Récapitulatif du coût de programme de formation (en milliers de F CFA)

Année

2008

2009

2010

TOTAL

Montant sollicité

1 251

1 365

1 985

4 601

 

Source: Enquête de terrain, Mai - Juin 2007

8.6. Conclusion partielle

La mise en exécution de ce plan de formation permettra de promouvoir l'étuvage du riz dans la vallée de l'Ouémé en général et dans les Communes d'Adjohoun et de Dangbo en particulier. Elle permettra aussi d'améliorer les revenus des riziculteurs et de contribuer à la réduction de la pauvreté.

Une chose est de disposer d'un plan d'action, une autre est d'avoir des ressources nécessaires pour sa mise en oeuvre. A cet effet, de commun accord avec les UCP d'Adjohoun et de Dangbo avec l'appui de l'URIZOP, nous allons procéder à la diffusion de ce plan d'action au niveau des divers partenaires au développement et des services spécialisés de l'Etat pour la mobilisation des ressources nécessaires à son exécution.

9. CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS

9.1. Conclusion générale

Cette recherche sur l'organisation de l'étuvage du riz au Centre Songhaï de Porto- Novo est une contribution à une meilleure connaissance des stratégies et mécanismes mis en place par Songhaï pour la promotion du riz étuvé au Bénin avec l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage. Elle a l'avantage d'identifier le rôle du Centre Songhaï et ses partenaires dans l'organisation de la filière du riz étuvé et les facteurs d'ordre technique et organisationnel pouvant constituer un tremplin ou un frein à la promotion de cette filière. Elle contribue également à la connaissance du système post-récolte du riz dans la vallée de l'Ouémé et l'état des lieux sur l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage du riz.

Après l'analyse des résultats obtenus, il apparaît qu'autour de l'étuvage au Centre Songhaï se développent d'autres activités que l'utilisation de l'outil Enterprise Web a fait ressortir. Il s'agit de l'offre du dispositif amélioré, de l'offre du riz paddy, de la formation des femmes ouvrières (transformatrices), de la formation des jeunes ouvriers (artisans), du décorticage, du conditionnement, de la commercialisation du riz étuvé. Le renforcement de ces activités est une condition importante pour une bonne organisation et une bonne promotion du riz étuvé. Il est à noter que la formation, telle qu'elle se fait au Centre Songhaï est `mécanique' et basée sur la routine. Ce qui ne permet pas convenablement à l'apprenant de s'approprier de la technologie en vue de sa diffusion. Aussi la vidéo réalisée depuis 2005 par l'ADRAO en partenariat avec le Centre Songhaï pourra servir d'outil de formation pour améliorer la connaissance des transformatrices.

L'analyse des acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé en partenariat avec le Centre Songhaï montre que plusieurs acteurs interviennent dans la promotion de la filière du riz étuvé. Au rang de ces acteurs, on distingue le groupe des organisations internationales, le groupe des organisations paysannes, des organisations non gouvernementales locales et les individuels, le groupe des transformatrices et acteurs connexes, et enfin le groupe des consommateurs. Plusieurs acteurs sont impliqués dans la promotion du riz étuvé avec le Centre Songhaï. Toutefois, il n'y a pas une bonne synergie d'action entre ces derniers. Ainsi, on note que la relation existant entre les

acteurs est beaucoup plus une relation horizontale, c'est-à-dire relation acteurs et Songhaï. Pour la durabilité et l'efficacité des actions, il est nécessaire de développer aussi des relations qui regroupent tous les acteurs dans un creuset de concertation.

Le Centre Songhaï dispose de beaucoup d'atouts pour être un pôle de décorticage du riz en général et du riz étuvé en particulier au Bénin s'il redynamise ses stratégies d'action, car à l'état actuel, ses équipements de décorticage sont sous utilisés. Il est donc indispensable qu'un environnement approprié émerge au sein des acteurs afin d'instaurer une bonne politique commerciale du riz étuvé.

Il ressort également de cette recherche que la pratique d'étuvage du riz n'est pas encore une activité bien connue de tous les riziculteurs de la vallée de l'Ouémé et les quelques uns qui en ont entendu parler et/ou l'exercent déjà souhaitent être formés sur cette technologie pouvant les aider à réduire le taux de brisure au décorticage et à augmenter la valeur marchande du riz en améliorant la qualité.

Les critères majeurs de choix pour les consommateurs du riz étuvé que nous avons pu rencontrer dans notre zone d'étude sont le goût, le manque d'impureté (la bonne qualité du riz étuvé) et la forte capacité de gonflement. En plus de ces critères, s'ajoutent pour les transformatrices et les responsables du Centre Songhaï le critère prix de vente élevé du riz étuvé.

9.2. Suggestions

Au regard des résultats de cette étude, il est nécessaire et important de procéder

à quelques suggestions pour améliorer la vulgarisation ou la diffusion de la technologie d'étuvage du riz afin d'améliorer la qualité du riz local pour qu'il soit compétitif sur le marché. Il s'agira de :

Mettre en place une unité de formation des femmes transformatrices ;

La formation, telle qu'elle se fait actuellement au Centre Songhaï est `mécanique' et basée sur la routine. Ce qui ne permet pas convenablement à l'apprenant de s'approprier de la technologie en vue d'une éventuelle diffusion. Il serait souhaitable de créer une entité de formation sur l'étuvage avec un curriculum bien établi qui va comporter des phases théoriques avec l'utilisation des auxiliaires de vulgarisation et des phases

pratiques. Cette unité de formation pourrait être délocalisée sur le site Songhaï des collines (Savalou) oû l'étuvage s'exerce déjà comme une activité principale de certaines femmes. Elle suscitera l'engouement chez les femmes à se faire former ou de se spécialiser dans l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage du riz. Cela permettra la promotion ou la vulgarisation de la technologie et par conséquent permettra à Songhaï d'acheter aussi du riz paddy étuvé en vue de mieux utiliser ses usines et satisfaire la grande demande du Nigeria en riz étuvé.

Organiser des séances de formations sur l'étuvage aux femmes transformatrices

Pour aider les femmes à mieux s'approprier des technologies liées à l'étuvage, des séances de formations doivent être organisées afin de permettre au Centre Songhaï de rester dans la logique de sa création. Lorsqu'on considère toutes les unités agricoles du Centre Songhaï, c'est seulement l'unité d'étuvage qui ne reçoit pas des apprenants en techniques d'étuvage.

Organiser des séances officielles de projection et de remise des vidéos sur l'étuvage amélioré du riz ;

Afin de mieux montrer l'intérêt de la vidéo projection sur la qualité de la formation des femmes transformatrices, il apparaît recommandable que l'ADRAO organise des séances officielles de remises des vidéos cassettes sur l'étuvage du riz oû tous les acteurs concernés seront présents. Ceci permettra d'éveiller la conscience des divers responsables chargés de son utilisation a en faire un bon usage plutôt qu'un objet de bureau.

Sécuriser les conditions d'achat du paddy par des contrats écrits ;

Les expériences réalisées montrent qu'il est souhaitable pour le Centre Songhaï et les producteurs de sécuriser les conditions de commercialisation par des contrats écrits et bien établis car les producteurs sont tous conscients de ce qu'ils gagnent en vendant le riz paddy, donc si la vente du riz est garantie avec le Centre Songhaï, le producteur, dans ces conditions actuelles, a intérêt à vendre le paddy même à 125 FCFA le kilogramme. Ce qui va permettre au Centre Songhaï de bien s'approvisionner en riz paddy dans la vallée.

Avoir une synergie d'action entre les partenaires

Le manque de concertation entre les structures ou instituts partenaires de Songhaï fait que leurs appuis financier, technique ou institutionnel se convergent presque tous sur la production et oublie les autres aspects très importants de la filière tels que l'étuvage. Une concertation entre ces partenaires pourra permettre de répartir les rôles et aussi de définir des stratégies communes d'intervention.

Mettre en place dans le département mécanique de Songhaï une nouvelle stratégie de marketing et de formation;

Le Centre Songhaï serait un grand pôle de diffusion ou de vulgarisation du dispositif amélioré d'étuvage du riz si une bonne stratégie s'opère dans le département mécanique. Cette stratégie permettra à faire connaître le dispositif amélioré d'étuvage du riz à ses clients nationaux et étrangers à qui il fournit déjà les matériels agricoles et à mettre en réseau tous les apprentis libérés du département mécanique et leur faciliter l'accès au micro crédit d'installation.

Améliorer le volume du bac d'étuvage

Des collaborations avec le Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) et le Programme de Technologie Agricole et Alimentaire (PTAA) de l'Institut National des Recherches Agricoles du Bénin seraient à développer pour explorer les possibilités d'une augmentation du volume du bac d'étuvage. La petite capacité du bac d'étuvage est l'une des contraintes majeures relevées par les femmes transformatrices et les membres des organisations paysannes qui connaissent le dispositif.

Former les femmes transformatrices à la construction du foyer amélioré ; Des actions doivent être engagées vers la formation des femmes à la construction du foyer amélioré. Des actions de recherche doivent être aussi orientées vers une amélioration de la technique actuelle de construction du foyer amélioré. De ce fait, la mise en oeuvre de foyer amélioré fonctionnant avec les sous produits de la transformation du riz permettra de réduire les besoins en bois de feux et par ricochet atténuer les risques de déforestation.

Aider à la mobilisation des ressources nécessaires à l'exécution du plan d'action issu de cette recherche ;

L'exécution de ce plan d'action va contribuer de façon efficace et efficience à la vulgarisation du dispositif amélioré d'étuvage du riz et apporter une approche de solution aux multiples problèmes identifiés lors de notre diagnostic participatif avec les membres de l'Union des Riziculteurs de l'Ouémé et du Plateau (URIZOP), l'ex Groupe riz de la vallée.

10. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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· cas du maïs sélectionné dans le département de l'Atacora en République du Bénin
. Thèse de doctorat de troisième cycle en Science Economique (Economie Rurale), Université Nationale de Cote d'Ivoire, 169p.

Adégbola, Y. P. 2005. Facteurs socio économiques déterminants l'adoption et la diffusion des nouvelles variétés NERICA du riz au Bénin. Rapport technique, INRAB, PAPA et ADRAO, 23p.

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CCR, 2004. Initiative de transformation et de commercialisation du riz au Sud Bénin. Rapport forum « accès au marché des produits agricoles », Bénin, octobre 2004, 20p. Crozier, M. 1993. Théories des organisations.
· l'acteur et le système
. Paris Le Seuil, 64p. Dagan, A. 2006. Analyse des déterminants socio organisationnels et institutionnels de l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage de riz dans la commune de Djougou. Thèse pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur Agronome, 78p.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry