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Appartenance socioculturelle et scolarisation des enfants au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Lonkila Moussa ZAN
Université de Yaoundé II - DESSD 2007
  

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Organisme Inter-Etatique République du Cameroun

Université de Yaoundé II

INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE
DEMOGRAPHIQUES

27e promotion
Année Académique 2006-2007

APPARTENANCE

SOCIOCULTURELLE ET

SCOLARISATION DES ENFANTS

AU BURKINA FASO

MEMOIRE DE FIN D'ETUDE

Présenté et soutenu par :
Lonkila Moussa ZAN

Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD)
Option : Administration et Gestion des Programmes de Population (AGPP)

Jury :

- Dr. Hélène KAMDEM (Présidente) - Dr. Samuel NOUETAGNI (Lecteur) - Pr. Jean WAKAM (Directeur)

Yaoundé, Octobre 2007

Ave~k~ssevve vk

Les opinions émises dans le présent mémoire sont propres à son
auteur et ne sauraient en aucun cas engager l'Institut de
Formation et de Recherche Démographiques (IFORD).

La présente étude est basée sur les données issues de
l'Enquête Prioritaire 1998, réalisée par l'Institut National de
la Statistique et de la Démographie (INSD) du Burkina Faso.

DÉM Lcm ces

je manifeste mon infinie

ceconnaissance à eie u gui,

~oujours, m~afait jrâce dans la ~ie.

ela mémoire de monjcère ârissa zee°

ela mémoire de ma mère 'gita «Charlotte megocee

tous ceux rui, dejcrès ou loin, mejcortent dans

leurs ccurs et me soutiennent ;

emesfrères et scurs rui, toujours, ont mis leur confiance en

moi ;

etous ceux ~ui me sont c%ers ;

~edédie ce mémoire.

~evv,erci,evv,e1A,t.s

.Not~e (a~mation à l'.7notitut de gotmation et de Xechexche Démogiaphiqueo (.75aXD) oe te/mine pat la p~éoentation de ce m~deote t~avail de techexche qui ne tep~éoente qu'une infime pattie de ce que noua avono apptio à l'inotitut. .Nouo ne lui en oeutno jamaio aooe.z teconnaiooant, main noua fatmulono noo teme/ciementa à tout M~n peue~nnel adminiottatif et enceignant, en patticulie4 $

au ffltafeooeuit Evina axa.M et l'adminiottateu~ E. 'u~tin atEDXacça qui n'ont ménagé aucun e~~att pou~ le bon déroulement de ceo deux année) de fa~mation dont ce t~avail eot un indicateut .

au p~afeooeut 'ean'%M.M pou~ Mn objectivité, oa tigueux ocientifique et méthodologique que Pévèle con humaniome généteucc.

au Docteu~ Samuel .NatEf"1"aç.N.7 et au Docteu~ fflatfait .M. E. E.NlEçlE pou~ avai accepté la lectu~e et la telectute de ce document.

.N temexciemento vont à toua ceux qui, de ptèo ou de loin, ont conteibué à la téalioation de ce tuavail. .Noua penoono patticuliè~ement $

a laditection de l'.7notitut .National de la Statiotique et de laDémwgiaphie (.7.NSD) et à la di ection du ffltajet de Développement du Sgetème Statiotique .Nationale (fflDSS.N) qui ont conotitué leo p~omwteuto de notee (a~mation.

a .Monoieut %damaf"1".7E.NDXEDE(ç~ de l '.7.NSD qui o'eot inveoti pou~ noua pexmettte d'obteni leo donnée) de cette étude.

a tou~ leo étudianto de la 25ème et 26ème p~amatian de l'.75fXD pou~ leo conoeilo d'aînée, dont noua avono Bénéficiée au cou~a de n~tue (a~mation.

a tou~ leo étudianto de la 27ème p~amatian, n~tamment ceux qui ont étudié la ocalatioation, pou~ l'atmwophè~ec~nviviale et ~~ate/nelle d'étude, de t~avail et d'échangeo dan) laquelle noua avono vécu.

Liste des sigles, acronymes et abréviations

ACP : Analyse en Composantes Principales

BAC : Baccalauréat

BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle

BIT: Bureau International du Travail

CAP: Connaissances/Croyances, Attitudes et Pratiques CEP : Certificat d'Etude Primaire

CEPED: Centre Population et Développement

CERPOD: Centre d'Etudes et de Recherches sur la POpulation pour le Développement CICRED: Comité International de Coopération dans les Recherches Nationales en Démographie

CFA : Communauté Financière Africaine

CM : Chef de Ménage

CONAPO : Conseil National de la Population

DESSD: Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie DSA: Dimensions Sociales de l'Ajustement

EDSBF : Enquête Démographique et de Santé du Burkina Faso ENEP : Ecole Nationale des Enseignants du Primaire

ENSEA: Ecole Nationale Supérieure d'Economie Appliquée EP: Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages EPT : Education Pour Tous

FASAF : FAmille et Scolarisation en AFrique

FNUAP : Fond des Nations Unies pour les Affaires de Population IFORD: Institut de FOrmation et de Recherche Démographiques INA : Institut National d'Alphabétisation.

INED: Institut National d'Etudes Démographiques

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie IP : Indice de Parité

IRD: Institut de Recherche pour le Développement (ex ORSTOM) MASSN : Ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale MEBA : Ministère de l'enseignement de Base et de l'Alphabétisation

MESSRS : Ministère des Enseignements secondaire, Supérieurs et de la Recherche Scientifique

ORSTOM : Office de Recherche Scientifique pour les Territoires d'Outre Mer. PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PDDEB : Plan Décennal de Développement de l'Education de Base PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PUF: Presses Universitaires de France

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitation ROCARE: Reseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education UEPA: Union pour l'Etude de la Population Africaine

UERD : Unité d'Enseignement et de Recherche en Démographie

UNESCO: Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture UNICEF: Fond des Nations Unies pour l'Enfance

ZD: Zone de Dénombrement

TBS : Taux Brut de Scolarisation

TNS : Taux Net de Scolarisation

Table des matières

Avertissement i

Dédicaces ii

Remerciements iii

Liste des sigles, acronymes et abréviations iv

Table des matières v

Liste des tableaux vii

Liste des figures et graphiques viii

Résumé ix

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE 5

1.1 Présentation générale du Burkina Faso 5

1.2 Caractéristiques socioculturelles 6

1.2.1 Caractéristiques ethniques 6

1.2.2 Caractéristiques religieuses 7

1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques 8

1.3 Caractéristiques du système éducatif 8

1.3.1 Etat et structure du système éducatif 9

a- L'éducation formelle 9

b- L'éducation non formelle : Alphabétisation 9

1.3.2 Les faiblesses du système scolaire 10

Conclusion partielle 10

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 12

2.1 Revue de la littérature 12

2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaire 12

a- Sa disponibilité 13

b- Son accessibilité 13

2.1.2 Les facteurs démographiques. 14

a- La taille du ménage 14

b- La structure du ménage 14

c- Le sexe du chef de ménage 15

d- Le sexe de l'enfant 15

e- Le statut familial de l'enfant 15

2.1.3 Les facteurs économiques 16

a- Le niveau de vie du ménage 16

b- La théorie du capital humain 16

c- Des modes de production, pauvreté et logiques scolaires 17

2.1.4 L'approche sociologique 19

a- L'école : facteur d'intégration sociale 19

b- L'école : facteur de reproduction sociale 20

2.1.5 L'approche par les facteurs socioculturels 21

a- Un aperçu sur l'importance du concept de « socioculturel » en démographie 21

b- L'impact des facteurs socioculturels sur l'éducation 22

2.1.6 Synthèse : Importance et orientation générale de l'étude 25

2.2 Cadre conceptuel et hypothèses de l'étude 26

2.2.1 Schéma conceptuel et hypothèses de l'étude 26

2.2.2 Définitions des concepts 27

Conclusion partielle 29

CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS METHODOLOGIQUES 30

3.1 La source de données 30

3.1.1 L'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 30

3.1.2 L'échantillonnage 31

3.1.3 Le questionnaire 31

3.2 Cadre analytique 32

3.2.1 Les variables d'analyse 32

a- La variable dépendante 32

b- Les variables indépendantes 32

3.2.2 Schéma d'analyse 35

3.3 Evaluation de la qualité des données 36

3.3.1 Evaluation des taux de non-réponse 36

3.3.2 Evaluation de la qualité des données sur l'âge 37

a- La méthode graphique 37

b- Les méthodes statistiques : l'indice de Whipple et de Myers 38

c- Qualité des données sur l'âge de la population cible 39

3.4 Méthode d'analyse 41

3.4.1 Analyse descriptive 41

3.4.2 Analyse explicative 41

a- Présentation du modèle 41

b- Justification du modèle 42

c- Principes et interprétation de la méthode 42

Conclusion partielle 43

CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES ENFANTS AGES DE 6 A 14 ANS ET

ANALYSE DIFFERENTIELLE DE LEUR SCOLARISATION 44

4.1 Caractérisation des enfants de 6-14 ans selon l'ethnie et la religion 44

4.1.1 La répartition selon le milieu de résidence 44

4.1.2 La répartition selon le niveau d'instruction du chef de ménage (CM) 45

4.1.3 La répartition selon de niveau de vie du ménage 46

4.1.4 La répartition selon le sexe du chef de ménage (CM) 47

4.2 Analyse différentielle de la scolarisation des enfants de 6-14 ans 48

4.2.1 Estimation du niveau de la fréquentation scolaire 48

a- Taux de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans. 49

b- Taux de scolarisation au primaire. 50

c- Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans. 51

4.2.2 Scolarisation différentielle selon l'appartenance socioculturelle du chef de ménage 53

a- Différences selon le sexe de l'enfant 53

b- Différences selon le milieu de résidence 54

c- Différences selon le niveau d'instruction du CM 55

d- Différences selon le niveau de vie du ménage 56

e- Différences selon le sexe du CM 57

Conclusion partielle 58

CHAPITRE 5 : ETUDE EXPLICATIVE DE LA SCOLARISATION SELON

L'APPARTENANCE SOCIOCULTURELLE 60

5.1 Appartenance ethnique et scolarisation 60

5.1.1 Généralités 60

5.1.2 Influence de l'ethnie sur la scolarisation 62

a- Influence selon le sexe de l'enfant 63

b- Influence selon le milieu de résidence 64

c- Influence selon le niveau d'instruction du CM 66

d- Influence selon le niveau de vie du ménage 68

5.2 Appartenance religieuse et scolarisation 68

5.2.1 Généralités 68

5.2.2 Influence de l'appartenance religieuse sur la scolarisation 71

a- Influence selon le sexe de l'enfant 71

b- Influence selon le milieu de résidence 72

c- Influence selon le niveau d'instruction du CM 73

d- Influence selon le niveau de vie du ménage 75

Conclusion partielle 75

SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE 77

BIBLIOGRAPHIE 81

ANNEXE I

Liste des tableaux

Tableau 3.1 : Taux de réponse des variables 37

Tableau 3.2 : Indices de Whipple et de Myers 39

Tableau 3.3 : Taux de scolarisation des enfants de 6 à 14 par âge et par sexe 40

Tableau 4.1 Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le milieu

de résidence 45
Tableau 4.2 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau

d'instruction du CM 45
Tableau 4.3 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau

de vie du ménage 46
Tableau 4.4 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe du

chef de ménage (CM) 47
Tableau 4.5 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le sexe, l'appartenance ethnique et

religieuse du chef de ménage 50

Tableau 4.6 : Taux de scolarisation au primaire selon l'appartenance ethnique et religieuse 50

Tableau 4.7 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants entre 6 et 14 ans selon l'appartenance

ethnique et religieuse du chef de ménage (CM) 52
Tableau 4.8 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et

le sexe de l'enfant 53
Tableau 4.9 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnie, religieuse et le

milieu de résidence 55
Tableau 4.10 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse

et le niveau d'instruction du chef de ménage 56
Tableau 4.11 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse

et le niveau de vie du ménage 57
Tableau 4.12 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse

et le sexe du CM 58
Tableau 5.1 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon

l'appartenance ethnique du CM 61
Tableau 5.2 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14ans par sexe en fonction

de l'appartenance ethnique 63
Tableau 5.3 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par milieu de

résidence en fonction de l'appartenance ethnique 65
Tableau 5.4 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau

d'instruction du CM en fonction de l'appartenance ethnique 67
Tableau 5.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon

l'appartenance religieuse du CM 70
Tableau 5.6 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par sexe en

fonction de l'appartenance religieuse 72
Tableau 5.7 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par milieu de

résidence en fonction de l'appartenance religieuse 73
Tableau 5.8 Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau

d'instruction du CM en fonction de l'appartenance religieuse 74

Tableau A.1 : Variables retenues pour la construction de l'indicateur du niveau de vie du ménage II

Tableau A.2 : Taux de réponse des variables utilisées pour la construction de l'indicateur du niveau de

vie III

Tableau A.3 : Répartition des ménages selon leurs caractéristiques et leur niveau de vie IV

Tableau A.4 : Les variables d'analyse et leurs modalités IV

Tableau A.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie

du ménage selon l'appartenance ethnique VI
Tableau A.5 (suite) : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau

de vie du ménage selon l'ethnie VII
Tableau A.6 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie

du ménage selon l'appartenance religieuse VIII

Liste des figures et graphiques

Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des groupes ethniques 7

Figure 2.1 Schéma explicatif du cadre conceptuel 27

Figure 3.1 : Schéma explicatif du cadre d'analyse 36

Graphique 3.1 : Courbe représentative de la population par âge 38

Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la population 38

Graphique 4.1 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique du chef de ménage (CM) 49
Graphique 4.2 : Taux brut et net de scolarisation au primaire au Burkina Faso selon l'appartenance

ethnique du chef de ménage (CM) 51

Graphique 4.3 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans 52

Résumé

Dans un contexte socioculturel doté de trois grandes religions et d'une soixantaine d'ethnies, le Burkina Faso est l'un des pays en développement où le taux de scolarisation reste encore faible. Même si les avis sont partagés sur les causes de cette sous-scolarisation qui peuvent être socioéconomiques et sociodémographiques, nous pensons que la scolarisation est indubitablement influencée par les perceptions socioculturelles. Partant de cette hypothèse, cette étude se propose comme objectif d'examiner les inégalités entre ethnies et entre religions en matière de scolarisation des enfants âgés de 6 à 14 ans tout en essayant de comprendre si l'influence de l'ethnie ou de la religion est déterminante sur la scolarisation des enfants au Burkina Faso.

De cette étude basée sur l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 d'une part et d'autre part sur l'analyse différentielle et explicative, il ressort notamment que :

· Il existe effectivement des disparités entre groupes socioculturels : l'appartenance aux ethnies Bissa, Dioula, Gourmantché, Lobi, Peulh et Sénoufo de même qu'à la religion animiste, et dans une moindre mesure musulmane, prédispose à une moindre scolarisation ;

· L'ethnie et la religion des parents ou du tuteur déterminent effectivement la scolarisation des enfants. Toutefois, cette détermination varie selon certaines caractéristiques démographiques et économiques des parents. L'influence de l'ethnie et de la religion reste moins déterminante en milieu urbain et chez les enfants issus de ménages aisés et nulle chez ceux dont les parents ont un niveau d'instruction élevé.

INTRODUCTION GENERALE

 

Si tu donnes un poison à quelqu'un, il aura de quoi faire un repas. Si tu lui apprends à pêcher, il aura de quoi manger sa vie durant. Si tu fais des projets pour un an, sème. Si tu fais des projets pour dix ans plante un arbre. Si tu fais des projets pour cent ans de distance, éduque le peuple. En plantant un arbre, tu récolteras dix fois plus, en éduquant le peuple, tu récolteras cent fois plus.

Kuan-tsu1

L'éducation, dont l'intérêt ressort de cet épigraphe, reste un droit inaliénable et reconnu pour tous. Tout être humain a besoin d'une éducation qui doit lui inculquer le mode de vie de ses géniteurs pour la vie et la survie de la société.

La nécessité d'une éducation répondant aux attentes de la société n'est plus à démontrer au 21e siècle. Mais remarquons simplement que cette nécessité a été formulée dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée et proclamée le 10 décembre 1948. Quarante ans plus tard, se tiendra à Jomtien2 en Thaïlande, sous l'égide du PNUD, l'UNESCO, le FNUAP, l'UNICEF et la Banque Mondiale, une conférence sur l'éducation de base. Tout en réaffirmant le droit de tout homme à l'éducation, cette conférence a mis l'accent sur l'éducation de base qui reste une des grandes priorités du développement. En l'an 2000, après le constat des maigres avancées, le cadre d'action de Dakar a fixé de nouveaux objectifs en matière d'éducation pour tous (EPT) et reporté son échéance en 2015.

Par ailleurs, l'éducation est une condition essentielle et un atout pour le développement socio économique d'un pays. Elle se présente aujourd'hui, à l'ère de la numérisation, comme une condition indispensable à l'apprentissage du savoir, du savoir faire et de l'accès à l'information, conditions essentielles pour la construction d'un mieux être. Elle constitue aussi une étape préliminaire à la lutte contre la pauvreté et le sous développement, en particulier dans les pays les moins avancés. A l'ère de la modernisation et de la démocratisation, savoir lire et écrire favorise l'accès à l'information et donne une plus grande liberté de choix et d'expression. Cela constitue une base première à l'éclosion

1 Cité par Apollo Rwomire dans « Education et développement : perspectives africaines » in perspectives, vol. XXII, n°2, 1992 (82) p. 261.

2 Le programme Education Pour Tous (EPT), inauguré à la Conférence Mondiale sur l'éducation de Jomtien (Thaïlande) en 1990 sous l'égide de l'UNESCO, se donnait pour objectif d'offrir à tous les enfants, garçons et filles, la possibilité d'accéder à un cycle complet d'enseignement primaire en l'an 2000.

d'un Etat de droit et de démocratie où l'information est disponible pour tous et accessible à tous. C'est pourquoi l'éducation a toujours été une priorité nationale au Burkina Faso. Les grandes orientations de l'application de l'éducation sont mentionnées dans la loi N° 013/96/ADP3 portant Loi d'orientation de l'éducation. Une partie de l'article 2 de cette loi mentionne en effet que : « L'éducation est une priorité nationale. Tout citoyen a droit à l'éducation sans discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race et la religion»

En dépit des efforts consentis par l'Etat pour promouvoir l'enseignement de base, la population scolaire reste une faible proportion de la population scolarisable compte tenu du rythme d'accroissement rapide de celle-ci. L'accès à l'enseignement formel reste très faible au Burkina Faso où, seulement deux enfants en âge d'aller à l'école sur cinq accèdent au système scolaire. L'atteinte de l'objectif « éducation pour tous » est loin d'être une réalité au Burkina Faso comme en témoigne les faibles taux de scolarisation et d'alphabétisation (en 2003 le Taux Brut de Scolarisation était de 47,5% et le Taux d'alphabétisation des plus de 15 ans était de 21,8%)4. Cela pourrait être dû au moins à deux problèmes : d'une part l'insuffisance (en quantité ou en qualité) de l'offre scolaire qui conditionne très souvent l'accès à l'école ; d'autres part, l'on note une insuffisance de la demande scolaire qui dénote un manque de motivation de la part des populations en ce qui concerne la scolarisation des enfants. Quoi qu'il en soit, cette situation de sous scolarisation peut compromettre les efforts de développement socio-économique.

De ces constats, il ressort que la scolarisation peut dépendre non seulement des caractéristiques socioéconomiques, sociodémographiques et individuelles des parents5 et de l'enfant (selon des auteurs comme Wakam, Pilon, Kobiané, Yaro, Marcoux et Lange) mais, elle peut aussi dépendre de leurs attributs socioculturels (selon des auteurs comme Gérard, Rwehera, Hydre et Kobiané) dans la mesure où, les groupes socioculturels ont une manière différente de percevoir l'éducation et d'apprécier les tenants et les aboutissants de l'éducation formelle. Il est donc nécessaire que l'on s'intéresse aux disparités socioculturelles en matière de scolarisation en y recherchant les causes de la sous scolarisation. L'ethnie et la religion sont des caractéristiques socioculturelles, susceptibles d'être des facteurs déterminants dans l'explication des disparités en matière de scolarisation. D'une manière générale, les facteurs socioculturels, par la détermination des

3 Voir le `'Rapport national sur le développement de l'éducation au Burkina Faso»

4 Source : Direction des Etudes et de la Planification / Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation

5 Ici, le mot `'parents» ne désigne pas uniquement les parents biologiques de l'enfant, mais renvoie aussi au tuteur ou tout simplement au chef de ménage.

comportements individuels et collectifs, influencent diversement les phénomènes démographiques notamment en Afrique comme l'a remarqué Diakanda (1980)6 en ce qui concerne l'ethnie : « L'ethnie apparaît ainsi comme une des variables cruciales dans l'étude de la réalité sociale des pays africains dont la population est généralement composée de plusieurs groupes culturels »

Il s'impose donc une analyse contextuelle des différences en matière de scolarisation suivant les composantes sociales et socioculturelles. Car comme le disent Frank D. Bean et W. Parker Frisbie (cités par Sala-Diakanda, 1980) : « Pour bien comprendre et maîtriser une dynamique nationale, il est impératif de connaître les dynamiques démographiques spécifiques des sous groupes homogènes composant chaque ensemble national. »

De même que l'ethnie, la religion peut influencer les comportements démographiques dans la mesure où elle est caractérisée par un ensemble de croyances et de pratiques d'une part et de l'autre, par l'union dans une même communauté de ceux qui partagent une même foi.

Ces considérations nous conduisent à mener une réflexion sur l'influence de l'appartenance socioculturelle sur la scolarisation des enfants. C'est pourquoi nous allons chercher à répondre aux questions suivantes :

· Existe-t-il des différences de scolarisation des enfants selon l'appartenance socioculturelle des parents ou du tuteur au Burkina Faso ?

· L'appartenance socioculturelle des parents ou du tuteur est-elle déterminante pour la scolarisation des enfants au Burkina Faso ?

Pour répondre à ces questions, cette étude se propose d'atteindre les objectifs suivants :

6 Dans sa thèse « Approche ethnique des phénomènes démographiques : Le cas du Zaïre [République Démocratique du Congo] » p. 12. Il signale « qu'au colloque de démographie africaine à Abidjan (22-26 janvier 1979) il a été reconnu que `'la réalité ethnique est inscrite sur le terrain et que ce concept ne peut être ignoré en démographie, même si (comme les autres concepts) sa définition n'est pas toujours aisée»

Objectif général

Contribuer à améliorer les connaissances de l'influence des caractéristiques socioculturelles sur la scolarisation des enfants dans le but de contribuer à améliorer le niveau de la scolarisation au Burkina Faso.

Plus spécifiquement, nous essayons d'atteindre les deux objectifs suivants :

Objectifs spécifiques

~ Estimer les variations du niveau de scolarisation des enfants selon les caractéristiques socioculturelles des parents ou du tuteur.

~ Evaluer et expliquer l'influence de l'appartenance socioculturelle sur la scolarisation des enfants.

Pour répondre à ces questions et atteindre les objectifs, nous avons structuré cette étude en cinq chapitres. Le premier chapitre a pour rôle, entre autres, de présenter le contexte et la justification du problème. Il est suivi par l'approche théorique utilisée pour circonscrire et appréhender le problème. Ensuite dans le troisième chapitre, sont présentés les données, le cadre et la méthode d'analyse des données. L'analyse différentielle de la scolarisation en fonction des différentes caractéristiques des enfants fait l'objet de l'avant dernière section, tandis que la dernière partie du document est consacrée à une étude explicative des disparités observées entre appartenances socioculturelles en matière de scolarisation

CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE

 

Ce chapitre introductif a pour objet de présenter les aspects contextuels du Burkina Faso qui pourraient avoir une influence sur la scolarisation ou sa perception socioculturelle. Après une présentation générale du pays, cette section met en exergue, d'abord les caractéristiques socioculturelles et ensuite les caractéristiques de l'éducation au Burkina Faso.

1.1 Présentation générale du Burkina Faso

Le Burkina Faso (ex. Haute-Volta), situé au coeur de l'Afrique Occidentale avec une superficie de 274 000 Km2, est limité au Nord et à l'Ouest par le Mali, au Sud par la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin et à l'Est par le Niger. Depuis son indépendance en 1960, le pays a connu une histoire politique mouvementée jusqu'en 1991, avec l'avènement de la démocratie qui a favorisé l'éclosion de la liberté d'expression, de l'initiative privée dans divers secteurs de la vie nationale notamment celui de l'éducation (MEBA, 2007). Cela a permis la mise à la disposition des populations des infrastructures éducatives privées, venant en aide aux moyens limités de l'Etat.

Avec plus de 10 Millions d'habitants en 1998, (10.597.377 habitants d'après une estimation de l'INSD, 1998), le Burkina Faso est un des États les plus peuplés d'Afrique de l'Ouest. Le pays est l'un où le taux de natalité reste encore élevé. Ce qui est à l'origine de la prédominance des jeunes dans la structure par âge de la population d'où une forte proportion de la population scolarisable.

Le milieu urbain burkinabé est faiblement peuplé mais abrite de plus en plus de personnes. En 2000, le taux d'urbanisation était de 16% (Kobiané, 2001. cité par Guison, 2004) tandis que plus de 84% de la population vit en milieu rural où les conditions d'accès à l'offre sont difficiles.

L'économie est caractérisée par l'existence d'un secteur traditionnel de subsistance encore très répandu et d'un secteur moderne d'échanges tourné vers l'extérieur. Elle est aussi caractérisée par la prédominance du secteur primaire liée à une faible urbanisation tandis que le secteur secondaire représente moins de 18 % de la valeur ajoutée totale (CONAPO, 2000). La prédominance du secteur primaire, notamment celui de l'agro-

pastoral, serait une des causes du travail des enfants qui provoque leur non scolarisation et/ou leur déscolarisation.

1.2 Caractéristiques socioculturelles

Au Burkina Faso, il existe trois grands groupes religieux : les animistes, les chrétiens et les musulmans. On y dénombre aussi une soixantaine d'ethnies parlant presque autant de langues7.

1.2.1 Caractéristiques ethniques

Le Burkina Faso compte une multitude de groupes ethniques ayant des cultures différentes. Il regroupe une soixantaine d'ethnies dont les principaux groupes sont : les Mossi (48 %); les Peulh (10,4 %), les Lobi (7 %), les Bobo (6,8 %), les Mandé (6,7 %), les Sénoufo (5,3 %), les Gurounsi (5,1 %), les Gourmantché (4,8%), et les Touareg (3,3 %) et les autres ethnies représentent 2,6 % de la population (Zoundi, 2006).

Tous ces peuples, malgré leur diversité, partagent un fond démo-culturel commun (CONAPO, 2000), appartiennent pratiquement toutes à la famille nigéro-congolaise, répartie en trois groupes (Ouest-atlantique, mandingue et gur) (MEBA, 2007). Mais ils diffèrent en ce qui concerne leur culture et leur organisation socioéconomique et politique. En ce sens, on peut distinguer trois grands groupes ethniques (Guison, 2004) :

· les ethnies organisées autour d'un chef de village : Mossi, Gourmantché ;

· les ethnies structurées selon le lignage et hiérarchisées autour d'un chef de clan : Bobos, Bwa, Gourounsis, Lobi, Samo ;

· les ethnies nomades ou transhumantes, localisées plus à l'est et au Nord : Peulh, Touareg.

« Dans de nombreuses communautés ethniques du Burkina il existe des rites d'initiation qui sont des étapes et des parcours dans l'éducation et la formation de l'individu au sein de la société traditionnelle. Ces rites remontent presque toujours aux mythes fondateurs et sont intimement liés à la cosmogonie. Les corps, l'esprit et l'âme sont concernés par ces rites qui visent à former l'individu dans son être global. L'initié reçoit un véritable enseignement sur les choses et la vie, accède à des codes et fait

7 Parmi les critères classiques de différenciation ethnique (linguistique, historique, culturel etc.), la langue est le critère le plus utilisé par les ethnologues

l'apprentissage de la responsabilité, de l'esprit de corps, du courage, de l'humilité, de la solidarité et de l'honneur. Parmi ces jeunes initiés du pays gourmantché âgés de 10 à 25 ans, il y a des citadins et des ruraux, des élèves et des travailleurs. Tous sont égaux devant cette école de la vie. Ils vont y acquérir des connaissances, adhérer à une éthique et surtout partager une mémoire. »8

Les différences entre les modes d'organisation et les perceptions de l'éducation propres à chaque ethnie peuvent être des sources d'inégalités entre elles en matière de scolarisation. C'est ce qui fait l'objet de cette étude. Mais avant d'en arriver là, remarquons qu'étant de 22%9 (Kobiané, 2001b), le taux de scolarisation des enfants âgés de 6-14 ans en milieu rural connaît d'énormes disparités inter ethniques : il est plus élevé chez les Gourounsi, 37% et chute à 6% chez les Lobi en passant par 31% pour les Samo et 25% pour les Mossi, comme le montre le graphique 1.1 ci-dessous.

Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des groupes ethniques

 

Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans en milieu rural burkinabé
suivant l'appartenance ethnique

40

35 30 25 20 15 10 5 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ethnies

 

Source : (Kobiané, 2001b)

1.2.2 Caractéristiques religieuses

Le pays des hommes intègres, à l'instar de ses deux grands voisins (Le Mali et Le Niger) a une population qui, dans sa majorité demeure musulmane. L'Islam est pratiquée

8 Le texte ci-dessous comme tous les documents de cette page sont tirés du film documentaire "le Burkina Faso" de Gaston Kaboré, sur le site

http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet

9 Ce taux est calculé sur la base des données de l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1994.

par 52.4% de la population. Les animistes, dévoués à la religion traditionnelle, forment 25.9% de la population tandis que le Catholicisme et le Protestantisme entretiennent la foi respectivement de 17.6% et 3.1% de la population. « L'Animisme demeure très largement présent dans le pays, malgré les avancées notables de l'Islam et du Christianisme. C'est la religion la plus influente. Fétiches, sacrifices et rituels continuent d'exister même chez les musulmans et les chrétiens. L'Animisme donne une âme à tous les phénomènes naturels. Chaque ethnie possède ses propres Dieux ou génies. Ainsi dans bien des lieux, tel ou tel animal est traditionnellement le fétiche ou animal sacré de ses habitants. Pour rien au monde on ne porterait la main ou on ne mangerait de cet animal, qui quelques kilomètres plus loin est consommé depuis toujours. »10

1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques

Les langues locales sont d'une grande importance dans plusieurs secteurs de la vie des Burkinabé bien que le statut de langue officielle fait en sorte que le français, qui n'est compris que par 20% de la population, pèse progressivement dans la vie sociale et économique du pays. La mosaïque des langues dans le pays justifie le recours à une langue de communication inter ethnique (MEBA, 2007). Parmi la cinquantaine de langues parlées, trois langues ont eu le statut de langues nationales. Il s'agit du « mooré » qui est la langue véhiculaire à Ouagadougou, du « dioula » et du « fulfundé ». Le mooré est la langue la plus répandue. Parlée par 53 % de la population du Burkina, elle est surtout parlée par les Gourounsis et les Mossis. Le dioula (8,8%), dérivé du « bambara », est la langue du commerce, c'est la langue véhiculaire de l'Afrique de l'Ouest, connue et utilisée historiquement du Sénégal au Nigeria par tous les commerçants. Le foulfouldé, aussi appelé poular ou peulh, est la langue des Peulh, elle est parlée par plus de 6,6 % de la population (MEBA, 2007).

1.3 Caractéristiques du système éducatif

L'un des éléments fondamentaux de contexte d'un pays quand on parle de scolarisation est sans doute son système éducatif dont il importe de commenter certains aspects. Les aspects du système éducatif du Burkina Faso qui seront présentés ici concernent la structure du système d'éducation et ses limites.

10 Extrait de la page : http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet

1.3.1 Etat et structure du système éducatif

Le système éducatif du Burkina Faso comprend deux grands types d'enseignements à savoir l'éducation formelle et l'éducation non formelle.

a- L'éducation formelle

Elle concerne l'ensemble des personnes inscrites dans le système formel c'est à dire scolarisées dans les établissements reconnus par les ministères de tutelle de l'éducation. Elle est structurée en plusieurs types d'enseignement : l'enseignement de base, l'enseignement secondaire, la formation professionnelle et technique et l'enseignement supérieur.

L'enseignement de base au Burkina comprend l'éducation préscolaire qui concerne les enfants de 3 à 6 ans et comporte un cycle unique de 3 ans et l'enseignement primaire qui comprend les cours préparatoires (CP1 et CP2), les cours élémentaires (CE1 et CE2) et les cours moyens (CM1 et CM2) et concerne les enfants de 6 à 13 ans.

L'enseignement secondaire comprend deux cycles généraux : le collège et le lycée. L'élève entre au secondaire à l'âge de douze ans par le premier cycle qui correspond au Collège. Ce premier cycle dure quatre ans tandis que le second cycle occupe trois ans. Toutefois il existe des cycles professionnels et techniques dont l'entrée se situe à la fin du premier cycle de collège.

L'enseignement supérieur reçoit les étudiants de 20 ans ou plus. Son accès est conditionné par l'obtention du BAC qui achève le cycle secondaire. Le taux de scolarisation à ce niveau demeure faible avec 0,75 % en 1998-1999, surtout depuis que le nombre de bourses accordées aux étudiants a été contingenté. (CONAPO, 2000).

b- L'éducation non formelle : Alphabétisation

En vertu de la loi n° 013/96/ADP portant loi d'orientation de l'éducation, le français et les langues nationales sont les langues d'enseignement : tandis que d'autres langues (l'Anglais, l'Allemand, l'Arabe) sont utilisées comme disciplines d'enseignement.

Le système non formel comprend :


· les Centres Permanents d'Alphabétisation et de Formation (CPAF) ouverts à la population âgée de 15-50 ans et qui disposent de manuels dans environ 22 langues maternelles ;


· les Centres d'Éducation de Base Non Formelle (CEBNF) ouverts aux jeunes
non scolarisés ou déscolarisés âgés de 10 à 15 ans pour un cycle de 4 ans;


· les Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs (CFJA) qui accueillent les jeunes de 15-18 ans.

Le taux d'alphabétisation est très bas. Il était de 27 % en 1998 (CONAPO, 2000) alors que le seuil selon l'UNESCO pour qu'un pays puisse amorcer son développement est de 40 %. L'accès à l'alphabétisation est marqué par d'énormes disparités entre régions et milieux d'une part, et entre sexes et groupes sociaux d'autre part.

1.3.2 Les faiblesses du système scolaire

Le système éducatif du Burkina Faso connaît beaucoup de difficultés dans son fonctionnement. Malgré les efforts d'investissements des secteurs publics et privés, ce dernier est caractérisé par une offre scolaire insuffisante (En 1998-1999, 70% des enseignants étaient des instituteurs adjoints dont 35% seulement étaient titulaires d'une certification) (CONAPO, 2000). Il s'ensuit un faible rendement interne11 et de fait il n'arrive pas à répondre aux attentes des bénéficiaires. D'après le rapport final de l' `'Analyse des résultats de l'Enquête Burkinabé sur les conditions de vie des ménages», `'les raisons de l'insatisfaction vis-à-vis de l'école sont, par ordre décroissant d'importance : l'absence ou l'insuffisance des livres et des fournitures scolaires (73,1%), le manque d'enseignants (15,9%), la qualité de l'enseignement (15,4%), la qualité de l'établissement (7,4%) et d'autres raisons non précisées (8,0%). L'importance de ces raisons varie surtout selon le milieu de résidence, les élèves du milieu rural se plaignant plus du manque de livres et de fournitures scolaires et ceux du milieu urbain se plaignant plus de la qualité de l'enseignement».

Conclusion partielle

Pays en voie de développement, le Burkina Faso se caractérise par un retard marqué en matière de scolarisation. Un certain nombre de facteurs d'origine plus ou moins socio- économique semble favoriser la vulnérabilité du système éducatif : l'insuffisance quantitative et qualitative de l'offre éducative, une demande d'éducation souvent faible,

11 Au primaire : Sur 100 entrants au CP1, 39 arrivent en fin de cycle dont 10 sans redoublement

Au 1er cycle secondaire : Sur 100 entrants en secondaire, 23 obtiennent le BEPC dont 12 sans redoublement (CONAPO)

etc. Toute chose pouvant être source de marginalisation d'une frange importante de la population en matière de scolarisation. Pourtant, il est indéniable qu'en plus d'être un droit universel, l'éducation est une condition nécessaire au développement durable. En effet, le développement s'amorce par l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base, notamment l'éducation, par la majorité de la population. En matière d'instruction et de scolarisation, les inégalités entre groupes d'appartenance retardent le développement social et inhibe le développement humain durable. En plus, la faiblesse de la proportion de la population qui parle la langue officielle est un corollaire de la sous scolarisation et a pour conséquence un faible accès à l'information sur le plan national. Une recherche des solutions à cette situation s'impose avec acuité, car la résolution de la faible scolarisation n'est possible dans un état d'ignorance de ses causes. Aussi, une analyse des caractéristiques et des causes de la faible scolarisation, est-elle indispensable.

Les causes de la faible scolarisation et des disparités en matière de scolarisation ont plusieurs facettes comme l'inspire Ferdinand Rath (1988) : « dans les pays en développement, on peut déceler les aspects relatifs à l'origine sociale qui influent sur l'inégalité : la résidence en zone urbaine ou rurale, le revenu, le sexe, l'ethnicité (l'appartenance tribale) ». Sous cette inspiration, nous allons faire dans le chapitre suivant une revue de la littérature, tout en critiquant si nécessaire, la pertinence des explications proposées. Cela nous permettra d'adopter un modèle conceptuel qui guidera le reste de la réflexion.

CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE

Pour mieux aborder l'étude des facteurs socioculturels de la scolarisation, la conception d'un cadre théorique est indispensable. Nous allons tout d'abord procéder à un examen critique de la littérature. Cette revue nous permettra non seulement de prendre connaissance des modèles explicatifs de la scolarisation mais aussi de les confronter entre eux. Au terme de cette revue, nous allons élaborer le cadre conceptuel de l'étude.

2.1 Revue de la littérature

Au sens large du terme, l'éducation est l'action des adultes sur les jeunes pour leur transmettre des connaissances, des aptitudes et des comportements jugés nécessaires pour une communauté particulière (Durkheim, 1922). John Dewey donne une définition moins large du terme en disant que : « l'éducation est l'inculcation des connaissances et des aptitudes par un groupe professionnel spécialisé (les enseignants) dans les institutions spécialisées (les écoles, collèges et universités)» (Dewey, 1916, p. 9). Cette définition de J. Dewey semble fonctionnaliste et elle montre que l'éducation devient une action intentionnelle organisée à l'échelle sociale. Ainsi, l'éducation sortant du cadre familial et se faisant dans des écoles devient la scolarisation. La scolarisation se distingue de l'instruction qui est une acquisition systématique, plus ou moins approfondie, dans une institution scolaire ou non, du savoir rationnel basé sur une alphabétisation préalable (Wakam, 2004).

La littérature sur la scolarisation en Afrique subsaharienne montre que les comportements vis-à-vis de la scolarisation sont fonction de plusieurs facteurs.

2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaire

Ils jouent un rôle important surtout dans l'explication des inégalités sexuelles d'accès à l'école. Ils déterminent l'évolution de la scolarisation par la disponibilité des infrastructures scolaires qui dépendraient eux-mêmes des capacités économiques des Etats. L'offre éducative « comprend non seulement l'infrastructure éducative, mais aussi le personnel enseignant, le matériel didactique, le contenu de l'enseignement, etc. Ainsi la proximité des infrastructures éducatives, mais aussi leurs équipements, leur accessibilité financière, les qualifications du corps enseignant, etc. sont autant de facteurs qui peuvent

influencer la propension des familles ou des parents à envoyer les enfants à l'école ainsi que le choix de l'école. » (Kobiané, 2002). Cette acception systémique de l'offre scolaire implique plusieurs facteurs dans la détermination des attitudes scolaires, de la volonté des parents à la responsabilité des pouvoirs publics en passant par celle des enseignants.

a- Sa disponibilité

Très souvent, la capacité d'accueil des infrastructures et la disponibilité des enseignants tant en quantité qu'en qualité déterminent l'entrée et le maintien des élèves à l'école. En qualité, à travers le contenu de l'enseignement qui jouerait un rôle par l'adéquation ou non des valeurs et normes propagées avec celles de la société. En quantité, par la densité et la distance d'accès aux écoles. Mais il se trouve aussi que certaines régions enregistrent de faibles taux de scolarisation bien qu'étant dotées d'infrastructures suffisantes. C'est pourquoi, E. Gérard (2001) note que « l'offre scolaire est le produit des politiques étatiques et la demande d'éducation est le fait que les populations scolarisent leurs enfants ou pas ». Néanmoins, il revient d'une manière générale que l'accessibilité géographique de l'école joue un rôle dans la scolarisation notamment dans celle des filles. Toutefois, en mettant une analogie entre l'école et le centre de santé, nous pouvons paraphraser (Vimard, 1984 cité par Akoto, 1993)12 en disant : la distance physique qui sépare la population de l'école n'est souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle.

b- Son accessibilité

La demande de scolarisation peut être conditionnée par l'accès difficile à l'éducation formelle. En effet, certaines familles ont la crainte d'exposer leurs filles à des agressions physiques et morales si l'école est très distante. A côté de cela, il y a aussi la qualité de l'école et son accessibilité financière (Alderman et al. 2001 cités par Kobiané, 2002) qui pourraient jouer un rôle de frein à la scolarisation, dans la mesure où certains ménages, même ayant la volonté de scolariser, manquent de moyens pour supporter les différents coûts relatifs à la scolarisation. C'est dire que la disponibilité et le coût de l'offre scolaire doivent favoriser son accessibilité de sorte qu'il y'ait une concordance entre les contraintes et les besoins en la matière.

12Il disait en réalité : «La distance physique qui sépare la population des services de santé n'est souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle ».

Il en résulte donc que l'offre scolaire et son accessibilité seront influencées par les caractéristiques économiques et démographiques du pays et de la population.

2.1.2 Les facteurs démographiques.

Ils expliquent l'évolution de la population scolaire par des variables essentiellement démographiques. Autrement dit, le changement des effectifs des enfants scolarisés serait tributaire de la variation des phénomènes démographiques (variation de la population d'âge scolaire : fécondité, migration) du pays et de celle des caractéristiques démographiques des ménages (taille du ménage, structure du ménage par sexe). Ces facteurs comportent plusieurs dimensions dont la taille du ménage, la structure par sexe et par âge du ménage, le sexe et le statut familial de l'enfant.

a- La taille du ménage

En ce qui concerne la taille du ménage, la littérature tente de montrer le lien qui existe entre la quantité et la qualité des enfants. Le sens de la relation est très difficile à établir tant elle varie d'un continent à l'autre. C'est ainsi que les études réalisées en Asie du Sud Est aboutissent à une relation négative tandis qu'en Afrique, au sud du Sahara elle est presque inexistante, sinon positive (Kobiané, 2002). Les théories basées sur les modèles économiques de la fécondité tendent à justifier une relation négative entre la qualité et la quantité. Mais des travaux réalisés en Afrique subsaharienne montrent que la relation entre le nombre d'enfants et leur scolarisation est positive (Marcoux, 1995).

b- La structure du ménage

La relation entre la structure du ménage et la scolarisation est loin d'être stable. Elle varie suivant les pays et dépend fortement des spécificités du contexte. Selon des travaux sur la structure par âge du ménage, la présence et le nombre d'enfants à bas âge (moins de 6 ans) affecterait très peu la scolarisation des enfants de 6-14 ans et toucherait davantage celle des jeunes de 15-24 ans, et surtout celle des jeunes filles, à qui serait probablement transférée la responsabilité de la garde des plus petits (Wakam, 2003). La présence des femmes adultes et âgées dans les ménages favorise la scolarisation des enfants des deux sexes tandis que celle des hommes adultes et âgés tend à réduire la scolarisation des filles (Wakam, 2003 et Marcoux, 1994). Une tentative d'explication de ces constats est que les enfants sont souvent retenus à la maison pour des travaux domestiques. Cela pourrait donc

se résoudre avec l'embauche de domestiques et d'aides familiales selon les moyens économiques du ménage.

c- Le sexe du chef de ménage

Concernant le rôle joué par le sexe du chef de ménage, la littérature montre que les enfants qui vivent dans les ménages dirigés par les femmes, ont plus de chances d'être scolarisés que ceux des ménages pris en charge par les hommes. Et cela quel que soit le niveau de vie considéré. Encore surprenant, Kobiané (1999) montre, à travers une étude à Ouagadougou, que c'est dans les ménages les plus pauvres que les femmes ont la plus forte propension à scolariser les enfants que les hommes. Mais auparavant, Wakam (1998) a montré que la scolarisation est mieux assurée et de façon moins inégalitaire par les ménages dirigés par les femmes que ceux dirigés par les hommes.

d- Le sexe de l'enfant

Dans une société patriarcale, le système de reproduction sociale est tel que l'on privilégie la réussite sociale du sexe masculin. Particulièrement pour l'éducation, les filles sont défavorisées au profit des garçons. Cela s'est confirmé au Ghana et au Sénégal où, Pilon et Clevenot (1996) et De Vreyer (1993) ont trouvé que les parents accordent plus de faveur à la scolarisation des garçons qu'à celle des filles. Toutefois, le choix du sexe à scolariser pourrait être conditionné par les capacités économiques, les perceptions culturelles des parents ainsi que le statut familial de l'enfant.

e- Le statut familial de l'enfant

Selon la littérature, le statut familial des enfants induit des inégalités de scolarisation entre ceux-ci, de par la survie ou la présence des parents dans le ménage. Ainsi, les enfants orphelins d'une part et ceux ayant les parents hors du ménage sont plus défavorisés en matière de scolarisation (Gouem, 2005). Cependant, il existe certains contextes de familles élargies où la scolarisation d'un enfant ne dépend pas uniquement de ses parents biologiques car «dans une famille africaine l'enfant a un ou plusieurs père et une ou plusieurs mères » (Bledsoe, 1990). Le réseau de parenté intervient donc dans les décisions à prendre concernant un enfant. Ce réseau peut avoir des élans économiques pour permettre une solidarité envers les familles moins aisées en favorisant le `'confiage» ou l'assistance aux parents. Cependant, Caldwell (1992) a montré que l'assistance de la famille étendue crée des avantages pour la scolarisation des enfants et des coûts pour leurs

responsabilités, des coûts d'assurance pour élever d'autres enfants notamment des jeunes frères, des nièces, etc.

Les caractéristiques démographiques de la famille ou du ménage influenceraient donc d'une manière mitigée la scolarisation de l'enfant. Cela nous fait penser que les familles auraient chacune une façon de s'adapter à leurs contraintes en développant des stratégies plus ou moins favorables à la scolarisation.

2.1.3 Les facteurs économiques

Ils sont de nature à déterminer non seulement l'accessibilité financière de l'école mais aussi les motivations en ce qui concerne les choix scolaires. Il s'agit du niveau de revenu, du capital humain dont la théorie est développée par les économistes de l'éducation, et des modes de production.

a- Le niveau de vie du ménage

Le niveau de vie du ménage a une influence sur la scolarisation des enfants dans la mesure où, la mise de l'enfant à l'école entraîne certains coûts relatifs aux frais de scolarisation et des fournitures scolaires. De nombreuses études, cherchant la relation entre le revenu du ménage et la scolarisation, ont montré que le taux de scolarisation est positivement lié au niveau de vie des ménages. Poursuivant dans cette lancée, elles ont découvert que l'accroissement du niveau de vie est susceptible de réduire les discriminations sexuelles des enfants en matière de scolarisation. En outre, plusieurs auteurs comme Pilon (1996), Marcoux (1995) et Kobiané (2002) ont élucidé la relation entre le niveau de vie du ménage et la scolarisation. Partant des effets de la crise économique, ils ont trouvé que la réduction du niveau de vie a pour conséquence la modification de la structure des dépenses familiales avec la relégation au second plan de la scolarisation des enfants. Mais comment donc comprendre que les femmes, qui sont généralement les plus démunies, soient les plus aptes à scolariser les enfants ?

b- La théorie du capital humain

Elle a été développée pour démontrer l'importance de l'éducation et de la formation dans une économie. C'est d'ailleurs de là qu'est venu le terme de « demande d'éducation »13. L'éducation est donc considérée comme un bien économique susceptible,

13

« Faute d'une définition reconnue, nous proposons de considérer la demande d'éducation comme le produit d'un ensemble defacteurs (scolaires, économiques, sociaux, démographiques, politiques, religieux, culturels), que les individus et

comme tout autre bien économique, d'être offert et de répondre à une demande. Sa particularité est qu'elle est immatérielle et susceptible à son tour de produire dès qu'elle est produite.

D'après la Banque mondiale (1990, cité par Loka Kongo, 2002), les agriculteurs africains qui ont été à l'école pendant au moins 4 ans ont une productivité supérieure d'environ 8% en moyenne par rapport à ceux qui n'y ont pas été du tout. L'investissement dans l'éducation fait souvent l'objet de calculs financiers. En effet, les coûts dévolus à l'éducation dans les ménages constituent l'une des causes de la non fréquentation scolaire dans les pays africains. Plus les coûts sont élevés, moins les parents sont motivés à envoyer les enfants à l'école comme le constate Rwehera (1999, p. 163) : « La demande scolaire résulte d'une part des avantages que les familles espèrent tirer de l'accomplissement du cycle d'étude considéré et, d'autre part de la proportion des familles qui soient prêtes à accepter les sacrifices et autres, qu'impose la fréquentation scolaire ».

Ce qui conduit à repenser l'enjeu de l'investissement en « capital humain ». Faut-il choisir le gain relativement certain aujourd'hui ou faut-il investir dans un capital humain avec une espérance de gain futur qui dépendra elle-même des choix scolaires ? La prise de cette décision dépend certes des contraintes monétaires, mais elle relève surtout du social et du culturel. En ce sens, l'objectif des familles ne serait pas uniquement de maximiser les revenus futurs potentiels de l'enfant, mais de lui donner une éducation dans l'optique de la production des biens de subsistances et de la reproduction sociale du groupe d'appartenance.

c- Des modes de production, pauvreté et logiques scolaires

Cette approche stipule que la scolarisation de l'enfant dépend du mode de production sociale du ménage. Très souvent et surtout dans un contexte de pauvreté, le mode de production des subsistances du ménage impose des contraintes aux membres : occupation de l'enfant à la maison, contribution aux activités domestiques, contribution à l'activité du chef de ménage. Dans l'Est du Burkina, où l'agriculture est la principale activité et où la scolarisation est très faible, la totalité des agriculteurs déclaraient que leurs enfants leur apportaient une aide importante dans les activités agricoles (Kobiané, 2002).

les groupes prennent en compte, directement ou indirectement, consciemment ou non, dans leurs pratiques de scolarisation ; ces acteurs conditionnent ainsi la mise à l'école, l'itinéraire scolaire et la durée de la scolarité ». (Bommier et Shapiro, 2001).

C'est dans ce contexte que les filles sont retenues par les occupations domestiques et les travaux ménagers. Tous ces comportements sont dus aux conditions de vie qui nécessitent souvent l'apport du garçon à la subsistance du ménage tandis que la fille est utilisée comme aide ménagère auprès de ses parents. Il ressort que l'activité économique des parents influence la scolarisation de l'enfant à travers leurs revenus comme ceci le confirme : « Le nécessaire recours au travail des enfants, soit pour la survie des familles (Marcoux), soit pour le fonctionnement de l'organisation socio-économique de certains groupes qui inclut la participation des enfants aux tâches productives (Bonini, Yero), constitue également un déterminant essentiel de la scolarisation » (Lange et Martin, 1995 :569). La décision des parents de scolariser l'enfant ou non dépend de son apport au système de production du ménage. Plus son apport est estimé, moins grande sera sa chance d'être scolarisé.

Les parents peuvent par ailleurs financer la formation de l'enfant `'sur le tas», vu le manque d'adéquation entre formation et emploi. Et cela d'autant plus s'ils observent un échec scolaire ou une difficile insertion socio professionnelle des aînés à travers le chômage des nouveaux diplômés comme l'a remarqué Lange (1987) : « le refus de l'école constitue la réponse des parents à la dégradation du niveau de vie et au chômage des diplômés occasionnés par les mesures de rigueur économique ». Ainsi la prise en compte du rang de naissance de l'enfant dans les analyses pourrait permettre de comprendre l'impact de la situation des aînés sur la scolarisation des plus jeunes. C'est tout au moins ce que nous insuffle Pilon (1996) en disant que l' « influence du rang de la naissance reste une inconnue de taille. En l'absence de données biographiques, il convient de réfléchir aux possibilités d'analyse, même partielles : à partir de sous échantillons créés sous certaines conditions issues de l' « histoire génésique » des femmes, des ménages, etc. »

La crise a eu pour conséquence direct une baisse drastique des revenus et une augmentation du coût de l'offre scolaire. Une étude de M. Verlet (1996) au Ghana a montré que la conséquence de la détérioration des conditions de vie est la mise au travail des enfants. Avec la crise se développe une nouvelle logique scolaire du fait du déclin de solidarité familiale qui aura sans doute un effet négatif sur la scolarisation des enfants. Cela prive les enfants de la scolarisation, donc de tous les acquis éducatifs qui pourraient augmenter leur productivité future au profit des gains actuels.

Cet angle d'approche de la scolarisation a montré ses limites sur au moins deux points. Premièrement elle s'est, en effet, trop focalisée sur le travail des enfants, trop sur le

monde rural avec une tendance à considérer le mode de production agricole comme un tout homogène. De ce fait, il n'épuise pas l'ensemble des facettes des déterminants scolaires. La prise en compte des facteurs sociaux et culturels est capitale et riche d'enseignement (Kobiané, 2002). Deuxièmement, les indicateurs qu'elle utilise et qui ne rendent compte que des caractéristiques économiques du ménage ne peuvent pas bien expliquer la scolarisation. En effet, dans un contexte comme celui de l'Afrique, empreint de solidarité, la couverture de certains frais peut provenir des personnes extérieures au ménage. Ainsi, un ménage ayant un chef de faible revenu peut supporter tous les coûts liés à la scolarisation. Cela montre la limite de la prise en compte des seules caractéristiques économiques du ménage.

2.1.4 L'approche sociologique

Les sociologues distinguent la scolarisation et l'éducation tout en estimant que l'école est l'un des principaux moyens de socialisation. De cette considération découlent différentes conceptions du rôle de l'école.

a- L'école : facteur d'intégration sociale

Dans un premier temps, l'école se présente comme un facteur d'intégration sociale. C'est d'ailleurs le point de vue de Durkheim qui est en outre considéré comme le père de la sociologie de l'éducation. Selon lui, l'école a pour objet une « socialisation méthodique de la jeune génération » (Alpe et al. 2005)14.

En tant que facteur d'intégration sociale, l'école s'illustre avec deux rôles essentiels. D'une part, elle permet d'unifier les individus autour des valeurs générales de la raison et de la discipline. D'autre part, elle prépare les individus aux différents emplois à travers la qualification professionnelle (Montoussé et al, 2003). En outre, elle joue le rôle de facteur de développement social en luttant contre l'obscurantisme : Elle constitue un rempart contre les traditions, les perceptions, et les croyances anciennes. D'ailleurs, l'une des conséquences des politiques d'éducation est la persuasion des individus de la maîtrise de leur avenir par l'assimilation de la méritocratie que promeut le système scolaire. Mais cela pourrait être une source de discrimination dans la mesure où l'école est souvent utilisée comme un moyen de reproduction sociale.

14 « En définissant l'éducation comme une `'socialisation méthodique de la jeune génération», Emile Durkheim manifestait à la fois son intérêt pour les questions pédagogiques, et pour le rôle de l'école dans le processus de socialisation ». (Yves Alpe, Alain Bétone, Christine Dollo, Jean Renaud Lambert et Sandrine Parayre, 2005, Lexique de sociologie, p. 71)

b- L'école : facteur de reproduction sociale

Selon certains auteurs, l'école est un instrument au service de la classe dominante. Elle permet ainsi de reproduire les inégalités sociales nées du capitalisme. Bourdieu et Passeron (1964, 1970)15 montrent que la réussite scolaire est fortement déterminée par la distance entre la culture des enfants et la culture scolaire. La culture scolaire « est empruntée à la culture des catégories dominantes et les enfants de ces catégories ne percevant pas de rupture entre leur culture familiale et la culture scolaire ont toutes les chances de réussir leurs études et donc de rester dans la même catégorie sociale que celle de leurs parents. Les enfants des catégories défavorisées sont au contraire victimes d'une césure entre culture familiale et culture scolaire et peuvent éprouver des difficultés à s'adapter » (Montoussé et al, 2003). Il en résulte une faible chance de réussite scolaire et d'ascension sociale. L'école est donc utilisée par les classes dominantes comme un moyen de reproduction sociale des classes et les classes défavorisées consentent en vertu de la méritocratie que semble promouvoir l'école.

Il ressort de ces deux aspects de l'école que les facteurs sociologiques influencent la scolarisation dans un sens ou dans l'autre. C'est ainsi qu'à la suite de Bourdieu et Passeron (1970) qui attribuaient des ambitions plus faibles aux classes défavorisées, on s'est demandé si cette résignation était due à une surestimation des difficultés à dépasser (Ndoye A. K, 1999)16. D'autres travaux, notamment ceux de Deschamps, Lorenzi-Cioldi et Meyer (1982), à travers une analyse des mécanismes sélectifs du système d'enseignement, ont montré que le poids des variables socioculturelles est fort et constitue un handicap pour les enfants issus des milieux sociaux bas. La littérature est marquée par une forte concordance des résultats des recherches menées sur l'éducation et cela est dû au fait qu' « à la fin de la première année de l'école primaire, les résultats scolaires de l'élève portent l'empreinte des caractéristiques culturelles familiales. La durée, et la qualité des études de l'enfant vont dépendre en grande partie de son origine sociale ». (Caglar, 1983, p. 22)17.

15 Cité par Montoussé et al, (2003)

16 «Ces auteurs (Bourdieu et Passeron) ont continué à croire que les ambitions scolaires plus faibles des plus défavorisés correspondent à une évaluation réaliste des difficultés à dépasser, `' une intériorisation des probabilités objectives en espérances subjectives'', sans que l'on puisse jamais vraiment savoir si c'est parce qu'on est `'résigné'' et qu'on n'adhère pas aux valeurs de réussite, qu'on ne `'monte'' pas socialement ou, si c'est plutôt parce qu'on ne sait pas ou se sent depuis plusieurs générations, retenus ou maintenu `'en bas'' par le `'poids des choses'', qu'on se résigne et renonce à son `'étoile'' (Ndoye 1999 : citant Forquin, (1991), p.61).

17 Cité par A, K, Ndoye (1999).

Ndoye note par ailleurs (en citant Baro, 1997) que la réussite scolaire est fortement déterminée par l'origine sociale ou culturelle des jeunes. L'origine sociale a donc une influence sur la réussite scolaire, mais les mécanismes d'action méritent d'être élucidés. On pourrait expliquer cette différence par le type d'enseignement et le type d'établissement fréquenté par l'élève.

2.1.5 L'approche par les facteurs socioculturels

Les facteurs socioculturels interviennent aussi dans l'explication de la demande d'éducation. Ils pourraient notamment expliquer certaines méfiances voire réticences observées vis-à-vis de l'éducation formelle.

a- Un aperçu sur l'importance du concept de « socioculturel » en démographie

La prise en compte des caractéristiques socioculturelles est nécessaire pour une compréhension globale des phénomènes démographiques, notamment en Afrique où les traditions, les coutumes et les perceptions anciennes seraient encore vivantes bien que l'urbanisation tend à favoriser un brassage culturel18. Mais, d'après certains auteurs comme Sala-Diakanda (1980), le mélange de population dans un espace géographique ne traduit pas toujours une acculturation19 des comportements des uns et des autres : « Tout se passe comme si les représentants d'une tribu emportent avec eux les tares inhérentes à leur milieu d'origine et les perpétuent à l'intérieur de leur groupe dans le nouveau milieu de résidence ». Autrement dit, la cohabitation ou la co-existence de plusieurs groupes culturels n'impliquent pas une homogénéisation des comportements comme le renchérit Evina (1989) en ces termes : « [...] Les considérations qui précèdent montrent que les relations entre certains facteurs démographiques, médicaux ou socioculturels ne sont pas mécaniques ; elles restent tributaires pour une large part de la façon de vivre de chaque population. On a ainsi remarqué que le particularisme tribal permet à des groupes [...] de coexister sans se mélanger ».

Ainsi une non prise en compte du contexte socioculturel pourrait provoquer une saisie partielle de la réalité sociodémographique car « Presque certainement, certaines

18 Voir SALA-Diankanda, M. «»Le concept Ethnie, une réponse à E. NGWE», Département de Démographie, UCL., Document de recherche N°16, janvier 1979, 7 p., Papier présenté au colloque de démographie africaine, Abidjan, 22-26, janvier 1979.

19 Acculturation : « ensemble des phénomènes qui résultent d'un contact direct et continu entre les groupes d'individus de cultures différentes et qui entraînent des changement dans les modèles culturels initiaux de l'un ou des deux groupes » (Lexique de sociologie, 2005, p. 1)

variations démographiques importantes qui ont été attribuées aux facteurs socioéconomiques ou géographiques sont en réalité, au moins en partie d'origine ethnique (culturelle) » (F. O. Okediji et al.)20.

Cependant, les caractéristiques socioculturelles posent plus de difficultés de définition, donc de compréhension que les variables sociodémographiques et socioéconomiques. Il est notamment difficile, sinon délicat de distinguer parmi elles, celles qui relèvent du culturel de celles qui renvoient au social. Plusieurs auteurs considèrent l'ethnie comme la principale fonction du culturel (Evina, 1989 et Akoto, 1993). En revanche, « la religion sera par conséquent une variable d'identification sociale importante à prendre en compte » (Evina, 1989). Tandis que « Les modèles culturels étant des entités non observables, ni mesurables, nous allons les approcher par l'Ethnie » (Evina, 1989).

En somme, nous comprenons que la réalité ethnique n'est pas inexistante en démographie, bien que sa perception soit parfois différente d'un individu à un autre (SalaDiakanda, 1980). Nous admettons de ce fait que la définition du socioculturel reste encore difficile. Toutefois cette entreprise parait indispensable pour une explication globale des phénomènes démographiques dont les indicateurs occultent très souvent des inégalités socioculturelles. Pour une compréhension des comportements éducatifs, Marc Pilon (1995 : p71 5) propose que : « En tant que référent historique et socioculturel, l'ethnie peut constituer un angle spécifique d'analyse des stratégies éducatives »

b- L'impact des facteurs socioculturels sur l'éducation

Les facteurs socioculturels regroupent l'ensemble des éléments qui agissent sur les valeurs, les normes et les perceptions sociales des parents et des communautés vis-à-vis de l'école et de la scolarisation des enfants. Que ce soit pour l'ethnie ou la religion, les différences en matière de scolarisation peuvent s'expliquer surtout par des raisons historiques ou culturelles de refus ou d'exclusion de certains groupes de l'école comme le souligne Mulusa (1992, p. 187) en ces termes : « L'éducation est devenue une arme importante dans la propagation du christianisme. Les communautés qui se ralliaient à l'église dominante étaient admises dans les écoles parrainées par celle-ci tandis que les individus et les groupes qui restaient attachés à leurs croyances traditionnelles ou qui nouaient des relations avec des églises moins influentes en étaient exclus ».

20 Cité par Akoto (1993).


· Les facteurs religieux

Selon la littérature, « la contrainte sociocentrique de participer à l'élan collectif d'islamisation peut influencer la scolarisation de l'enfant » (Gérard, 1993, p.144). La religion constitue donc souvent une menace à l'épanouissement de l'éducation formelle. En effet, il est fréquent que des pratiques de l'école moderne soient contraires à celles traditionnelles. L'enseignement coranique est « parfaitement modelé sur les besoins éducatifs tels que ressentis par la société traditionnelle et il est organisé en harmonie avec les normes de cette dernière. A contrario, le système d'enseignement `'moderne» est très récent et peu implanté dans la société traditionnelle dans laquelle il a pris le caractère d'une institution extérieure, d'un appendice de l'Etat `'moderne» » (Rwehera, 1999, p. 206)

Ainsi le choix entre la modernité et la tradition renvoie à faire un choix entre l'éducation familiale, l'école coranique et l'éducation formelle. Mais la scolarisation est souvent mal perçue surtout en milieu rural. En région rurale au Niger, la préférence pour l'école coranique constitue près de 20% des raisons de la non inscription des enfants de 7 à 9 ans à l'école classique (Rwehera, 1999). Il arrive que dans certains pays, les autorités arrivent à combiner les deux types d'enseignements dans une seule forme d'école. Ce sont les écoles franco-arabes dans lesquelles les écoliers apprennent les deux langues avec la possibilité de les approfondir plus tard.

Des études menées au Cameroun ont montré que le risque de déperdition est plus rapide chez les filles musulmanes que chez leurs consoeurs chrétiennes. En effet, elles ont révélé que 50% des filles musulmanes arrêtent leur scolarité à 14 ans contre 16 ans pour la même proportion chez les filles chrétiennes du même âge (Guison, 2004). D'après une étude au Nord du Nigeria (Hydre, 1993 cité par Kobiané, 2002), « l'école classique et les valeurs occidentales qu'elle véhicule sont considérées comme une menace aussi bien pour les valeurs de l'islam que pour celles de l'ethnie Haussa (ethnie majoritaire) et leur influences affectera davantage les femmes». La littérature réserve souvent des surprises de la sorte que le fait d'être un chef de ménage musulman a une influence plus faible que le fait d'être chrétien, alors qu'on aurait pu croire que ces premiers auraient une attitude plus conservatrice envers leurs filles (Guison, 2004). Cependant, Diallo (1997) trouve que l'appartenance à la religion musulmane et dans une moindre mesure à la religion protestante, est moins favorable à la scolarisation des enfants à Abidjan que l'appartenance à la religion catholique.

De la littérature, il ne ressort pas de lien très clair entre la religion et la scolarisation, toutefois nous pouvons noter que très souvent, l'appartenance à la religion musulmane influence négativement la scolarisation.


· Les facteurs ethniques

L'influence des caractéristiques ethniques n'est pas facile à établir et à généraliser car chaque pays a des groupes ethniques qui lui sont propres. Cependant, nous constatons que l'attachement aux valeurs traditionnelles et la réticence à la modernité constituent des handicaps sérieux à la scolarisation. Ces attitudes remontent à des faits historiques, sont généralement liées aux types de relations entretenues avec les colonisateurs et dépendent de la vision que portent les ethnies sur l' `'école des blancs». L'exemple illustratif est le cas des Lobi du Sud-ouest du Burkina Faso qui correspond à un cas de refus dans la mesure où, les Lobi sont connus pour s'être farouchement opposés à la colonisation et jusqu'à nos jours, ils manifestent une certaine méfiance face à tout ce qui provient de l'administration. M. Père (1995, p. 160-161)21 rappelle que cette résistance des Lobi à la colonisation a été telle que les responsables de l'époque avaient fait le serment sacré « qu'aucun de leurs enfants ne suivra, de quelque manière que ce soit et sous peine de malédiction et de mort, la `'voie des blancs», la `'mauvaise voie des étrangers» », dont l'école était par excellence l'empreinte. (Kobiané, 2002)

Cela montre qu'au delà des us, coutumes et des moeurs, l'histoire d'une ethnie peut aussi influencer son attitude vis-à-vis de la scolarisation. Certaines ethnies seront donc moins perméables que d'autres à la scolarisation. En étudiant la déscolarisation des filles au Burkina Faso, Guison (2004) a trouvé que le fait d'être né dans une famille Senoufo, Gourounsi, Bobo, et dans une moindre mesure Samo, réduit les chances d'abandonner lorsque l'on est une fille par rapport à une fille Mossi. Elle trouve aussi que les filles peuhls et Dioula sont les plus sujettes à l'abandon, de même que les fillettes Gourmantché.

L'approche socioculturelle pourrait donner une explication de la sous scolarisation des filles. Dans la société, du fait de la division sexuelle du travail, la femme est perçue comme n'ayant pas les mêmes droits que l'homme (statut de la femme dans la société). Dans cette optique elle est appelée à apprendre les tâches domestiques alors que le garçon doit aller à l'école pour augmenter ses chances de réussite sociale et professionnelle. Percevant l'école de cette manière, les parents sont plus enclins à envoyer les garçons à

21 Cité par Kobiané, (2002).

l'école plus que les filles, surtout dans un état de méconnaissance de l'éducation formelle et des ses atouts.

· L'influence du niveau d'instruction des parents

D'une manière générale, plus le niveau d'instruction d'un individu est élevé, plus il est ouvert à la modernité et plus il est favorable à l'éducation formelle. Cela se constate aussi par l'acceptation de la scolarisation et souvent par un relâchement des valeurs traditionnelles. Selon plusieurs auteurs, le niveau d'instruction des parents a une influence notable sur le type d'éducation à donner à leur enfant (Kouadio, 2001). Ainsi, un niveau d'instruction élevé des parents les prédispose à une meilleure scolarisation (Lloyd et Blanc, 1996). Les auteurs prouvent aussi que l'abandon scolaire est plus important avec les parents analphabètes. La littérature montre également qu'avec des parents de niveau d'éducation primaire, la scolarisation est assurée de façon plus égalitaire entre les filles et les garçons. Cela prouve que les discriminations en matière de scolarisation et plus simplement la sous scolarisation des filles sont dues, en plus des considérations économiques, au faible niveau d'instruction des parents et à leurs attachements aux valeurs traditionnelles qui encourage la réussite sociale du garçon.

2.1.6 Synthèse : Importance et orientation générale de l'étude

Au terme de la revue de la littérature scientifique sur la scolarisation, il ressort que cette dernière présente de multiples facettes. Les recherches sur l'éducation ont montré au cours de la revue précédente de la littérature que les facteurs de la scolarisation sont complexes. Si chaque approche méthodologique de la scolarisation à son mérite et son apport conceptuel indubitable, il n'en demeure pas moins que c'est l'intégration ou du moins la complétude mutuelle de ces différents facteurs qui permettra une compréhension globale des facteurs explicatifs de la demande d'éducation. Nous concluons que la scolarisation est diversement liée aux caractéristiques démographiques, socio-économiques et socioculturelles :

· En ce qui concerne les caractéristiques démographiques, la scolarisation ne semble pas toujours négativement liée à la taille du ménage, mais cette relation dépend beaucoup plus de la structure du ménage et du contexte social et culturel.

· Au niveau des caractéristiques socio-économiques, la scolarisation des enfants est positivement liée au niveau de revenu du ménage.


· Au niveau des facteurs socioculturels, le bilan est plus complexe et dépend principalement des contextes, même si on a souvent tendance à catégoriser certaines caractéristiques socioculturelles comme étant réfractaires à la scolarisation. C'est à ce niveau que se situe la pertinence de la présente étude.

Pour répondre à notre objectif de recherche, nous jugeons nécessaire de faire un essai d'explication de la scolarisation par les facteurs socioculturels à travers le cadre conceptuel suivant.

2.2 Cadre conceptuel et hypothèses de l'étude

Cette partie s'articule autour d'un cadre conceptuel qui présente les principes généraux et les idées directrices de notre étude. Nous présentons également les hypothèses qui seront opérationnalisées et testées au cours de l'étude.

2.2.1 Schéma conceptuel et hypothèses de l'étude

Le modèle conceptuel suivant, inspiré de la revue précédente de la littérature, met en relation les facteurs socioculturels et la scolarisation à travers l'hypothèse générale ci- après :

Hypothèse principale : les caractéristiques socioculturelles des parents ou du chef de ménage déterminent la scolarisation des enfants et leur influence pourrait passer par les autres caractéristiques du chef de ménage, les caractéristiques économiques et démographiques du ménage ainsi que les caractéristiques individuelles de l'enfant.

Figure 2.1 Schéma explicatif du cadre conceptuel

Contexte socioculturel du pays

Caractéristiques
socioculturelles
des parents ou
du chef de
ménage

Contexte sociopolitique, socioéconomique
et sociodémographique du Pays

Autres
caractéristiques
du chef de
ménage

Caractéristiques
démographiques
du ménage

Caractéristiques
économiques du
ménage

Caractéristiques
individuelles de
l'enfant

Scolarisation différentielle selon l'appartenance socioculturelle

Hypothèses spécifiques de l'étude

Dans cette étude, nous allons plus spécifiquement vérifier les hypothèses suivantes :

H1 : les inégalités ethniques et religieuses en matière de fréquentation scolaire sont plus grandes en milieu rural qu'en milieu urbain.

H2 : les disparités en matière de fréquentation scolaire dues à l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage sont plus poussées chez les filles que chez les garçons.

H3 : plus le niveau d'instruction du chef de ménage est faible, plus fort est le pouvoir discriminant de l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage en matière de scolarisation.

H4 : l'amélioration du niveau de vie du ménage atténue les disparités en matière de scolarisation dues à l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage.

2.2.2 Définitions des concepts

> Les caractéristiques socioculturelles des parents ou du chef de ménage de l'enfant : elles regroupent l'ensemble formé du modèle culturel, des observances et des

pratiques propres à un groupe identitaire. Elles s'expriment par le biais du modèle culturel qui se définit comme l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent et modulent à des degrés divers, les normes et les valeurs propres au groupe socio culturel des parents. « Le système socioculturel engendre les modèles culturels. Ceux-ci sont faits de normes, d'images, d'habitudes, d'idées, de nécessités, de pratiques quotidiennes, etc. à propos du risque et procure à l'individu des cadres de pensée et de pratiques qui sont reconnus et valorisés socialement. » (Gérard, 1992 : cité par Rwenge, (1999b)). L'ethnie et la religion peuvent être considérées comme les deux grandes composantes du modèle culturel.

· L'ethnie : pour l'ethnie, nous adoptons la définition suivante : « Une ethnie est un regroupement humain qui possède une structure familiale, économique et sociale homogène et dont l'unité repose sur une communauté de culture » (Yaro, 1994). Les ethnies se caractérisent par plusieurs critères d'ordre linguistique, historique, culturel, etc. Mais parmi ces critères, la langue est incontestablement le plus utilisé par les ethnologues.

· La religion : le Dictionnaire Universel (P. 1017) définit la religion comme étant un « ensemble de croyances ou de dogmes et de pratiques culturelles qui constituent les rapports de l'homme avec la puissance divine (monothéisme) ou les puissances surnaturelles (polythéisme, panthéisme) ». La religion peut se présenter comme l'ensemble des croyances en un déterminisme surnaturel ou encore et simplement en l'existence de forces surnaturelles souveraines. Elle se caractérise par l'observance et la perpétuation d'un ensemble de rites et de dogmes.

> Les autres caractéristiques du chef de ménages : nous entendons par là, les caractéristiques du chef de ménage autres que son ethnie et sa religion. Il s'agit ici du sexe et du niveau d'instruction du chef de ménage.

> Les caractéristiques sociodémographiques du ménage : Il s'agit des éléments qui concernent le ménage et qui pourraient avoir une influence sur la scolarisation des enfants. Ici, nous allons considérer la taille du ménage et le milieu de résidence du ménage.

> Les caractéristiques économiques du ménage : elles traduisent la plus ou moins grande possibilité du ménage à supporter les divers coûts liés à la scolarisation. Elles renvoient en fait au niveau de revenu du ménage car on peut penser que les ménages de revenus différents scolarisent différemment les enfants.

> Caractéristiques individuelles de l'enfant : C'est l'ensemble des éléments caractéristiques qui différencient les enfants et qui peuvent avoir une influence sur leur scolarisation. En plus de l'âge et du sexe de l'enfant, il y a le statut familial de l'enfant. Le statut familial de l'enfant est la traduction des relations de parenté entre lui et le chef de ménage.

> Scolarisation : C'est le fait pour un enfant d'être régulièrement inscrit dans un établissement d'enseignement reconnu par l'Etat. Telle que définie, la scolarisation dépendra non seulement de l'admission de l'enfant à l'école, mais aussi de son maintien dans ce système structuré et formel d'éducation. Mais pour cette étude nous tiendrons seulement compte du fait, pour un enfant d'un groupe socioculturel donné, de fréquenter un établissement scolaire.

Conclusion partielle

Cette section du travail avait pour but, entre autres, d'examiner la littérature sur la scolarisation et de présenter l'approche conceptuelle de cette étude. A l'issue de l'examen de la littérature, il ressort une divergence des points de vue sur les différents aspects de l'éducation. L'explication de la scolarisation est soumise à une multitude de conceptions de l'éducation, de laquelle découle une multiplicité d'approche explicative de la demande d'éducation dans les pays en voie de développement. Si les approches démographiques et économiques ont été très souvent utilisées pour expliquer la demande d'éducation, elles n'ont pas suffi à épuiser cette problématique. De ce fait, nous avons élaboré ici une tentative d'explication de la demande d'éducation par les facteurs socioculturels.

CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS

METHODOLOGIQUES

Le présent chapitre a pour but de présenter la source de données, le cadre et la méthode d'analyse de ces données. Il est composé de quatre sous parties : nous commençons par la présentation de la source de données, des conditions de collecte de l'Enquête Prioritaire de 1998, son échantillonnage et son questionnaire, ensuite viendrons la présentation du cadre d'analyse des données et l'évaluation de la qualité des variables de l'étude et enfin, nous allons présenter la méthode d'analyse des données et son interprétation.

3.1 La source de données

Les données que nous utilisons dans la présente étude sont issues de l'Enquête Prioritaire 1998, réalisée par l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) du Burkina Faso. Cette enquête avait pour objectifs, entre autres, de fournir des données de base d'ordre économique sur les conditions de vie des ménages. A l'image de plusieurs autres pays d'Afrique Subsaharienne, le Burkina Faso a réalisé l'Enquête prioritaire II en 1998 (EPII) sur laquelle se fonde notre étude. L'EPII s'inscrit dans la logique de l'Enquête prioritaire 94 et dans l'optique d'une comparaison des résultats.

3.1.1 L'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998

L'application des PAS n'a pas souvent correctement appréhendé les aspects sociaux du développement. Pour un développement durable, il convient d'intégrer tous les aspects de la société dans les politiques de développement. C'est dans cette optique que le PNUD, la BAD et la BM ont conjointement lancé en 1987 un Programme dit de Dimensions Sociales de l'Ajustement (DSA). Les Enquêtes Prioritaires se situent dans la droite ligne du programme DSA en lui servant de base d'information. Elle fait donc partie du système d'information hiérarchisé de ce dernier et vise les objectifs suivants :

1 - Elaborer des indicateurs qui décrivent le bien-être et les besoins fondamentaux des ménages.

2 - Identifier des groupes cibles qui sont les catégories les plus vulnérables aux mesures des PAS et qui méritent des interventions spéciales de la part des pouvoirs publics.

3 - Suivre les changements de bien-être et des conditions de vie des ménages

4 - Fournir des données socio-économiques pour la recherche

5 - Renforcer les capacités techniques de l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD, 1998)

3.1.2 L'échantillonnage

L'enquête a concerné toutes les dix régions économiques22 du Burkina Faso. D'une manière générale, son échantillonnage correspond à celui de l'EP I (Enquête Prioritaire de 1994). L'unité de sondage de l'enquête était le ménage. Les ménages ont été tirés au deuxième degré de l'échantillonnage qui, moyennant une mise à jour dans les grandes villes, s'appuyait sur la répartition du pays en ZD du RGPH-96. Ainsi, la base de sondage comprenait en somme huit mille cinq cent ménages (2580 urbains et 5920 ruraux) répartis dans quatre cent vingt cinq ZD (129 urbaines et 296 rurales).

En plus des caractéristiques collectives du ménage et dans sa section « éducation », l'enquête s'intéressait aux individus du ménage. Ainsi, tous les individus âgés de 6 ans ou plus ont été interviewés dans les ménages sélectionnés. Cette partie du questionnaire a permis de recueillir les données sur l'éducation.

3.1.3 Le questionnaire

Le questionnaire de l'EP II était structuré en 13 sections. En plus des sections 0, 1, 3 et 6 qui vont concerner cette étude, il permettait de saisir des informations de nature socio-économiques auprès des ménages :

Section 0 : elle s'adressait au chef de ménage et permettait de saisir entre autre son/sa ethnie/nationalité et sa religion. Elle faisait ressortir aussi la langue utilisée pour l'interview et le recours éventuel à un interprète.

Section 1 : elle consistait en un listing de tous les membres du ménage avec la saisie d'informations sur les caractéristiques individuelles. C'est à ce niveau que sont collectées les informations sur le sexe, l'âge, l'état matrimonial et le lien de parenté avec le chef de ménage.

22 Une région économique est un ensemble de provinces ayant des caractéristiques socioéconomiques voisines.

Section 3 : dans cette partie, figurent les données sur la fréquentation scolaire en 97/98, la classe fréquentée et le type d'établissement fréquenté. Pour les individus qui n'étaient plus scolarisés en ce moment, elle saisissait la dernière classe achevée et les raisons qui ont prévalue à la cessation de la fréquentation.

Section 6 : c'est dans cette section que se trouvent les éléments caractéristiques du logement et du confort du ménage. Les caractéristiques suivantes de l'habitation ont été saisies : la nature des murs, le matériau de la toiture, l'énergie pour éclairage...

Les sections Education et Formation ont pour but de saisir les informations relatives à l'éducation des enfants et à la formation. Elle permettait de saisir la fréquentation du moment (97-98) : Il s'agit de savoir si l'individu fréquente l'école de type conventionnel en 1997-1998.

3.2 Cadre analytique

Le cadre d'analyse est une opérationnalisation du cadre conceptuel. Cette partie consiste à présenter des indicateurs opérationnels, pouvant rendre compte des concepts utilisés. Ce passage des concepts aux indicateurs, bien que ne permettant pas toujours une traduction systémique des hypothèses, est nécessaire pour la vérification de ces dernières.

3.2.1 Les variables d'analyse

L'analyse prend en compte deux grands groupes de variables : Les variables indépendantes et la variable dépendante.

a- La variable dépendante

Au niveau de la variable expliquée, nous nous intéressons à la fréquentation scolaire qui est une variable opérationnelle de la scolarisation. C'est la fréquentation scolaire actuelle, c'est-à-dire au moment de l'enquête. Elle a été saisie à travers la question :

(NOM) fréquente-t-il/elle en 199 7/98 l'école ?

Réponses : Oui ... 1, Non ... 2.

b- Les variables indépendantes

Nous distinguons ici les variables indépendantes principales des autres variables qui seront considérées comme des variables intermédiaires ou de contrôles.

Les variables indépendantes principales

Compte tenu des données disponibles, nous nous limitons ici aux caractéristiques socioculturelles du chef de ménage. C'est dire simplement que le concept « caractéristiques socioculturelles des parents ou du chef de ménage » est traduit par l'ethnie et la religion du chef de ménage.

· L'ethnie23 : parmi la soixantaine d'ethnies au Burkina, nous avons 13 principales qui forment les modalités de la variable ethnie. Ce sont : Mossi, Dioula, Peulh, Gourmantché, Bissa, Gourounsi, Samo, Bobo, Senoufo, Lobi, Dagari, Gouin, Autres ethnies.

Au niveau de l'analyse différentielle, on a procédé à un regroupement des ethnies mais en fonctions de la proximité culturelle, pour résoudre le problème des petits effectifs. Ce regroupement permet d'avoir 8 groupes culturels (Voir Tableau A.4) mais pour l'analyse explicative multivariée nous allons conserver les 13 modalités citées plus haut.

· La religion : Une religion se différencie des autres par des éléments spécifiques24 à sa communauté de croyants : dogmes, livres sacrés, rites, cultes, sacrements, prescriptions en matière de morale, interdits... Cela dit, la religion se scinde en six principales modalités au Burkina Faso : Islam, Catholicisme, Protestantisme, Animisme, Autres religions, Sans religion. Signalons que les modalités « Autres religions » et « Sans religion » sont de petits effectifs et ne seront pas comptabilisées dans un souci d'éviter les petits effectifs au niveau de l'analyse différentielle. Nous allons donc regrouper les religions en 3 principales classes classiques :

y' Chrétiens qui regroupent les Catholiques et les Protestants,

y' Musulmans,

y' Animistes.

Au niveau de l'analyse explicative, la modalité « chrétiens » est décomposée en deux autres modalités : Catholiques, Protestants et nous aurons la modalité « autres ».

23 Rappelons que l'ethnie est la fonction principale de la culture. Autrement dit, le « concept de culture peut être ainsi opérationnalisé à travers l'appartenance à un groupe qui la produit. Ce dernier peut être distinguer des autres groupes de manière objective (à travers la langue, les normes, les valeurs, les signes, les symboles, les pensées et les croyances appris et partagés par les individus) ou subjective (à travers l'intériorisation du groupe par l'individu et la conscience d'appartenir à une culture commune) » (Evina, 1989)

24 Notons qu'une religion est définie sur la base de trois caractéristiques essentielles : (i) les croyances et les pratiques religieuses ; (ii) le sentiment religieux ou la foi ; (iii) l'union dans une même communauté de ceux qui partagent une même foi.

Les autres variables indépendantes

Il s'agit des variables, autres que l'ethnie et la religion. Au niveau de ces variables, nous distinguons trois niveaux : le chef de ménage, le ménage et l'enfant :

Au niveau du ménage

· Le milieu de résidence du ménage : c'est un élément qui traduit la plus ou moins grande disponibilité de l'offre éducative. C'est aussi un élément qui rend compte du degré de modernisation du ménage. On distingue deux modalités : le milieu urbain et le milieu rural.

· Le niveau de vie du ménage : Il peut influencer la scolarisation dans la mesure où l'envoi d'un enfant à l'école suscite des coût financiers énormes. Comme il est difficile de saisir directement et totalement le revenu d'un ménage, on l'approche par les caractéristiques du ménage (caractéristiques de l'habitat). Cette approximation du revenu du ménage est un indicateur composite construit25 par l'ACP avec les variables mentionnées dans le tableau A.1 (en annexe).

Au niveau du chef de ménage

· Le sexe du chef de ménage : Il a été déduit de la variable « sexe » des données sur les caractéristiques individuelles des membres du ménage. Dans un groupe socioculturel, il traduit les rapports de genre en ce qui concerne les responsabilités sociales et la division sexuelle des rôles.

· Le niveau d'instruction du chef de ménage : Il est déduit de la variable « dernière classe fréquentée » du questionnaire des individus du ménage. Il est à cheval entre le culturel et l'économique mais il est beaucoup plus un facteur de modernisation des perceptions de l'éducation. Il comprend 3 modalités : sans niveau d'instruction, primaire, secondaire ou plus.

Au niveau de l'enfant

· L'âge de l'enfant : La tranche d'âge de l'étude est 6-14 ans. Cette tranche a été retenue pour faciliter la comparabilité des résultats dans la mesure où les données ont été recueillies dans le cadre du programme DSA26 exécuté dans plusieurs autres pays en développement. Cette tranche est scindée en trois groupes distincts qui n'ont pas les mêmes affluences en matière de fréquentation scolaire.

25 Voir l'annexe pour les détails sur la construction du niveau de vie, notamment les tableaux A. 1, A.2, et A.3

26 Dimensions Sociales de l'Ajustement.


· Le sexe de l'enfant : Tout comme le sexe du chef de ménage, il est la base des discriminations de genre au sein d'un groupe culturel. L'importance accordée à la scolarisation dépend du sexe de l'enfant à scolariser.

· Le Statut familial : Pour l'analyse différentielle, nous aurons deux modalités : enfant du chef de ménage, autre enfant. Mais pour l'analyse multivariée, cette variable aura 6 modalités : Enfant du chef de ménage, Frères /soeurs du CM, Neveu/Nièce du CM, Petits enfants du CM, Autres parents du CM, Sans lien de parenté.

3.2.2 Schéma d'analyse

Il met en relation les variables précédentes qui sont des indicateurs des concepts utilisés dans les hypothèses de travail autrement dit, il met en relation l'ethnie et la religion du chef de ménage avec la fréquentation scolaire actuelle de l'enfant. Ce schéma d'analyse est composé de trois niveaux.

· Au premier niveau, nous avons la variable dépendante : la fréquentation scolaire actuelle de l'enfant.

· Au niveau intermédiaire, figurent des variables indépendantes qui pourraient être éventuellement considérées comme des variables intermédiaires.

· Au troisième niveau se trouvent les variables indépendantes principales qui sont : l'ethnie et la religion.

La figure suivante représente le schéma explicatif de ce cadre d'analyse.

Figure 3.1 : Schéma explicatif du cadre d'analyse27

Ethnie du CM

 

Religion du CM

Niveau d'instruction du CM

Fréquentation scolaire actuelle

Niveau de vie du ménage

Milieu de résidence du ménage

Sexe de l'enfant

3.3 Evaluation de la qualité des données

Ici, nous allons procéder à un test de la qualité des données disponibles. Pour cela, il existe plusieurs procédures parmi lesquelles, l'examen des taux de réponse qui permet d'apprécier la proportion des réponses disponibles.

3.3.1 Evaluation des taux de non-réponse

Le taux de réponse est la proportion des réponses valides. Pour une variable donnée, c'est le rapport du nombre de valeurs (des données) valides sur le nombre total de valeurs déclarées

On remarque d'une manière générale dans le tableau 3.1, un taux presque nul de non-réponse. Cette faiblesse de taux de non-réponse montre que les variables ont été assez bien déclarées.

27 Remarquons certaines variables indépendantes (le sexe du chef de ménage, la taille du ménage, le statut familial de l'enfant, l'âge de l'enfant) ne figurent pas dans ce schéma du fait qu'elles n'ont pas été l'objet d'hypothèses spécifiques. Ces variables sont utilisées comme des variables de contrôle au niveau explicatif de l'étude.

Tableau 3.1 : Taux de réponse des variables

Variables

Valeurs valides

Valeurs

Effectifs

%

Effectifs

%

Age de l'enfant

28870

100

0

0

Age du chef de ménage

28870

100

0

0

Ethnie/Nationalité du CM

28753

99,6

118

0,4

Fréquentation scolaire (97/98)

28034

97,1

836

2,9

Lien de parenté avec le CM

28870

100

0

0

Niveau d'instruction du CM

28494

98,7

376

1,3

Niveau de vie du ménage

28489

98,7

381

1,3

Religion du CM

28870

100

0

0

Sexe de l'enfant

28870

100

0

0

Sexe du CM

28870

100

0

0

Taille du ménage

28870

100

0

0

3.3.2 Evaluation de la qualité des données sur l'âge

L'âge et le sexe sont deux grands éléments de la structure démographique. Ils sont indispensables dans toute analyse de l'état et de l'évolution des phénomènes démographiques. Autant l'âge est indispensable, autant sa mauvaise qualité peut biaiser les analyses démographiques. Aussi, est-il nécessaire de s'assurer de la qualité des déclarations sur l'âge avant toute utilisation de celui-ci.

a- La méthode graphique

L'évaluation de la qualité des déclarations de l'âge par la méthode graphique consiste en l'observation de l'allure de la courbe représentative de l'effectif des individus en fonction de l'âge. Il n'est pas moins pertinent d'avoir une courbe pour chaque sexe. Pour ce faire nous aurons aussi recours à la pyramide des âges qui illustre à la fois la structure par âge et par sexe de la population.

Graphique 3.1 : Courbe représentative de la population par âge

Courbe représentative de la population par âge

2500

 

2000

 

1500

 

1000

 

500

 
 
 
 

0

 

Masculin

Age

 
 

Féminin

La courbe ci-dessus révèle quelques irrégularités dans la déclaration de l'âge de la population. Les irrégularités sont plus poussées chez le sexe féminin. Mais le regroupement des âges en groupe quinquennaux montre une certaine régularité de la structure par âge de la population comme le montre la pyramide des âges ci-dessous.

Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la population

La pyramide des âges de la population a une allure assez régulière et dénote une bonne répartition de la population par sexe et suivants les groupes d'âges quinquennaux. De ce fait, nous déduisons une bonne déclaration des données sur l'âge.

b- Les méthodes statistiques : l'indice de Whipple et de Myers

Si la méthode graphique permet une compréhension visuelle des fluctuations des valeurs, elle n'est pas toujours suffisante pour une étude approfondie des irrégularités. Pour

aller plus loin dans l'évaluation des données sur l'âge, nous aurons recours aux indices statistiques. Ces indices sont nombreux, mais nous utiliserons ici ceux de Myers et Whipple qui nous permettent en effet de savoir s'il y a ou non des « attractions » à certains âges.

L'analyse des indices de Whipple et de Myers permet de savoir s'il y a attraction ou répulsion à certains âges. On appelle « attraction » à un âge x, la tendance que les individus d'âges voisins de x ont à déclarer avoir l'âge x. D'une manière générale, les individus ont tendance à se donner des âges terminés par 5 ou 0. L'indice de Whipple permet de mettre en lumière cet état de fait. L'indice de Myers se veut une généralisation de celui de Whipple à tous les âges.

Tableau 3.2 : Indices de Whipple et de Myers

 

Sexe

Indices

Masculin

Féminin

Ensemble

Whipple

1,32

1,53

1,43

Myers

12,0

17,9

15,2

Chiffre

Valeurs de l'indice de Myers suivant le chiffre terminal

0

3,1

5,5

4,4

1

-2,0

-2,2

-2,1

2

0,4

0,1

0,2

3

-0,2

-1,1

-0,7

4

-1,6

-2,4

-2,0

5

2,0

3,0

2,5

6

-0,4

-0,9

-0,7

7

-0,7

-0,6

-0,6

8

0,5

0,3

0,4

9

-1,3

-1,8

-1,5

L'indice de Whipple, calculé pour l'ensemble de la population, est compris entre 1 et 5, cela signifie qu'il y a une faible attraction car la valeur 1,43 est plus proche de 1 que de 5. Cette attraction est un peu plus poussée chez le sexe féminin. Ici encore, comme on l'a vu plus haut avec le graphique 3.1, les individus de sexe masculin ont mieux déclaré leur âge que ceux de sexe opposé.

c- Qualité des données sur l'âge de la population cible

La qualité des données au niveau de la population cible s'apprécie à travers l'observation des taux de fréquentation scolaire selon l'âge déclaré.

Graphe 3.3 : Evolution des taux de scolarisation par sexe selon l'âge

 
 

Taux de scolarisation par âge

 
 
 

40

 
 
 
 
 
 

35

 
 
 
 
 
 

30

 
 
 
 
 
 

25

 
 
 
 
 
 
 

Masculin

 
 
 
 
 
 
 

20

 
 
 
 
 
 

Féminin

 
 
 
 
 
 
 

Total

15

 
 
 
 
 
 
 

10

 
 
 
 
 
 

5

 
 
 
 
 
 

0

 
 
 
 
 
 
 

6 7

8

9 10 11

12

13

14

 
 
 

Age

 
 
 

L'observation de la courbe des taux de fréquentation scolaire permet de voir s'il y a une concordance ou non entre les taux de scolarisation aux différents âges. Si la courbe est croissante jusqu'à dix ans, puis décroissante, cela dénote une bonne déclaration de l'âge et de la fréquentation scolaire au sein de la population cible. En effet, cette courbe doit être croissante du fait des entrées (souvent tardives) jusqu'à « l'âge de sortie de l'école » avant de connaître une décroissance due aux « sorties ».

Dans l'exemple présent, on remarque un creux entre 9 et 11 ans (à l'âge de 10 ans). Cela pourrait être du à un transfert d'âge entre 9 et 11 ans chez les garçons. Mais la dénivellation est encore plus perceptible chez les filles. Cela pourrait être dû aux attractions de 10 ans qui tendent à grossir l'effectif de cet âge. Cela réduit par conséquent le taux de fréquentation scolaire à cet âge28.

Tableau 3.3 : Taux de scolarisation des enfants de 6 à 14 par âge et par sexe

 

Sexe de l'enfant

Ensemble

IP (F/G)

Age

Masculin

Féminin

%

%

6

7,0

6,2

6,6

88,6

7

24,9

17,3

21,1

69,5

8

35,9

27,9

32,0

77,7

9

37,0

27,6

32,4

74,6

10

35,9

24,7

30,7

68,8

11

37,1

30,7

34,1

82,7

12

34,3

25,5

30,3

74,3

13

33,2

21,4

27,5

64,5

14

30,9

23,9

27,5

77,3

Total

30,4

22,3

26,5

73,4

28 Les âges des enfants qui fréquentent seraient mieux connus que les autres. Dans l'incertitude, les âges voisins de 10 ans des enfants s qui ne fréquentent pas sont (par le phénomène d'attraction) le plus souvent ramenés à 10 ans. Cela tend à augmenter la proportion des enfants de « 10 ans » qui ne fréquentent pas et par conséquent à réduire le taux de scolarisation à cet âge.

3.4 Méthode d'analyse

L'analyse des données se fait à deux niveaux : au niveau descriptif et au niveau explicatif. Au niveau descriptif, nous allons analyser les relations qui existent entre les différentes variables et la fréquentation scolaire tandis qu'au niveau explicatif il s'agit de trouver une relation de cause à effet entre les variables indépendantes et la scolarisation.

3.4.1 Analyse descriptive

A ce stade de l'analyse des données, nous devons mettre en exergue les associations qui existent entre l'appartenance ethnique ou religieuse et la scolarisation. Il s'agit dans la pratique d'examiner les variations du niveau de la scolarisation selon l'ethnie et la religion du chef de ménage, les autres caractéristiques liées d'une part au chef de ménage et d'autre part à l'enfant. Pour ce faire, nous étudierons les corrélations entre l'ethnie et la scolarisation d'une part et entre la religion et la scolarisation d'autre part. Au niveau de l'analyse descriptive, le logiciel SPSS nous fournit les probabilités de signification de la statistique du Khi-2 des associations entre la fréquentation scolaire et les variables indépendantes. Nous apprécions cette signification aux différents seuils de 1%, 5%, ou 10%.

3.4.2 Analyse explicative

A ce niveau, la méthode d'analyse s'avère très importante car elle doit permettre d'établir une relation causale entre les variables. Nous recourons ici à une méthode multivariée explicative qui nous permettra de détecter les relations fallacieuses qui existent souvent au niveau descriptif.

a- Présentation du modèle

L'analyse de la régression est une technique statistique permettant d'établir une relation entre une variable et des variables explicatives, afin d'étudier les associations et de faire des prévisions (Taffé, 2004). En fonction de la nature de la variable à expliquer, on note deux types de régressions : la régression linéaire et la régression logistique. Lorsque la variable dépendante est qualitative ou catégorielle, la régression linéaire n'est pas appropriée et on recourt plutôt à la régression logistique. En outre, on distingue deux types de régression logistique selon le nombre d'attributs que peut prendre la variable dépendante. Lorsque la variable expliquée est dichotomique (elle ne prend que deux

modalités : Oui ou Non), on fait appel au modèle binomial de la régression logistique. Par contre le modèle multinomial est réservé aux variables dépendantes polytomiques c'est-à- dire qui comptent plus de deux modalités.

b- Justification du modèle

Nous recourons à la régression logistique pour l'analyse explicative. Ce choix est inspiré par la nature qualitative des variables que nous souhaitons mettre en relation. Dans le cas présent, la fréquentation scolaire a été saisie par la réponse par Oui ou par Non à la question : (NOM) fréquente-t-il/elle en 199 7/98 l'école ? Ainsi, la variable à expliquer est binaire (présence [1], absence [0] de la fréquentation scolaire), on recourt donc à la régression logistique binomiale.

c- Principes et interprétation de la méthode

Dans une série d'enfants d'âge variant de 6 à 14 ans, nous consignons la fréquentation ou la non fréquentation scolaire en fonction des variables indépendantes. Pour une caractéristique X donnée de la variable indépendante, la régression logistique permet de calculer la probabilité d'observer Y (fréquentation ou non fréquentation scolaire chez l'enfant). Elle permet de modéliser l'espérance mathématique de y conditionnelle à x en introduisant au préalable un codage quantitatif permettant de représenter les différents attributs.

Y=1 si l'enfant fréquente Y =0 sinon

Si nous posons P(y=1)=p1 : probabilité pour qu'un enfant (vérifiant une caractéristique x1 de X) fréquente et P(y=0)=p0 : probabilité pour qu'un autre enfant (vérifiant une caractéristique x0 de X) ne fréquente pas. Nous définissons le Odds et le Odds Ratio :

Un Odds est un rapport de cotes qui se définit pour une probabilité p :

p

odds=p 1-

Pour les différentes caractéristiques x0, x1, x2... nous avons des Odds : p0 1- p0,

p1 1-p1, p2 1-p2 ...

Le Odds Ratio (OR) est un rapport de chance et se définit par :

p1

p1 = =

1 - p , ... Où

2 p log [ ( 1 )]

it p y x x

= =

= â

0 0

e

2 p 0 e

0

p1

p2 1

=

1x

log

it [ (

p y

e

= x )] â â

0 1

+

1 e

1

-

p

1

= ,

OR

OR

1

p0

1

-

p0

 

1

-

p0

1

p0

Dans cet exemple, la modalité x0 de X est considérée comme référence et x1, x2, ... sont les autres modalités de X.

Si le OR1 est différent de 1, cela signifie qu'il y a une association entre la fréquentation scolaire et les modalités x0et x1 de X. Par exemple si X est le sexe, x1 le sexe masculin et x0 le sexe féminin. OR1>1 signifie que les enfants du sexe masculin ont plus de chance de fréquenter que ceux de sexe féminin. Si OR1<1, alors ce sont les filles qui sont les plus favorisées pour la fréquentation scolaire.

La statistique r ou coefficient de corrélation partielle : C'est le pouvoir discriminant d'une variable dans un modèle explicatif. Elle est assortie d'une probabilité qui, comparée aux différents seuils permet d'apprécier la signification du pouvoir explicatif de la variable dans un modèle donné.

Conclusion partielle

Ce chapitre a permis d'adapter le cadre conceptuel aux données issues de l'enquête prioritaire de 1998 au Burkina Faso.

D'une manière générale, les données obtenues sont de qualité acceptable. La source de données utilisée est adaptée aux objectifs de l'étude dans la mesure où elle fournit, en plus des caractéristiques du ménage et de l'enfant, l'ethnie et la religion du chef de ménage, deux aspects cruciaux du socioculturel. Toutefois, d'autres informations auraient été souhaitées pour étoffer cette étude. Il s'agit notamment des informations sur les caractéristiques socioculturelles des parents biologiques de l'enfant.

Vu la qualité dichotomique de la variable dépendante, nous retenons la régression logistique binaire pour l'analyse explicative. Mais auparavant, dans le chapitre suivant, nous procédons à l'analyse différentielle sur la base de tableaux croisés.

CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES ENFANTS AGES DE 6 A 14 ANS ET ANALYSE DIFFERENTIELLE DE LEUR SCOLARISATION

Cette section a pour but essentiel de faire une analyse différentielle de la fréquentation scolaire selon les caractéristiques socioculturelles des enfants. Il s'agit dans un premier temps, de procéder à l'examen des caractéristiques socioculturelles de la population cible de l'étude. Dans un second temps, nous procédons à une étude différentielle de la scolarisation selon ces caractéristiques. Au cours de cette seconde partie du chapitre, sont également présentés certains indicateurs sur la fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14 ans.

4.1 Caractérisation des enfants de 6-14 ans selon l'ethnie et la religion

Nous procédons ici à l'étude de la répartition des enfants de 6 à 14 ans selon l'appartenance socioculturelle et les caractéristiques sociodémographiques.

4.1.1 La répartition selon le milieu de résidence

L'examen des taux de présence dans les deux milieux, montre que les ethnies Bissa29, les Peulh et les Gourmantché sont les moins représentés en milieu urbain avec chacune moins de 8% de sa population alors que la moyenne est de 14,5%. Pendant ce temps, les groupes Mossi et Sabodiou30 s'illustrent respectivement avec 17 et 23% de leur population en milieu urbain.

Les chrétiens sont les plus représentés en milieu urbain avec deux personnes contre cinq en milieu rural. Ils sont suivis des musulmans qui ont 15% de leur population en ville tandis que seulement un animiste sur 30 vit en milieu urbain. Ainsi, la religion animiste s'illustre comme la moins touchée par l'urbanisation.

29 Il s'agit des enfants des ménages dirigés par un Bissa. Par la suite, les enfants habitant dans un ménage dirigé par un chef d'une ethnie donnée, prendront appellation de cette ethnie comme s'ils en faisaient partie. Il en sera de même pour la religion.

30 Sabodiou : groupe formé des Samo, Bobo et Dioula.

Tableau 4.1 Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le milieu de résidence

 

Milieu Urbain

Milieu Rural

Ensemble

%

%

Effectif

%

Ethnies

Mossi

17,1

82,9

14928

100

Sabodiou

22,8

77,2

2150

100

Peulh

5,5

94,5

1779

100

Bissa

7,8

92,2

1341

100

Gourmantché

6,9

93,1

1939

100

Gourounsi

11,0

89,0

1531

100

Dago-Selobi

12,7

87,3

1914

100

Autres

12,0

88,0

3153

100

Religions

Musulmane

15,2

84,8

16115

100

Chrétienne

28,4

71,6

5590

100

Animiste

2,9

97,1

7048

100

Total

14,7

85,3

28753

100

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

4.1.2 La répartition selon le niveau d'instruction du chef de ménage (CM)

Tableau 4.2 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau d'instruction du CM

 

Sans niveau

Niveau Primaire

Secondaire ou plus

Ensemble

%

%

%

Effectifs

%

Ethnies

Mossi

88,9

6,7

4,4

14928

100

Sabodiou

79,0

11,8

9,2

2150

100

Peulh

97,6

1,2

1,2

1779

100

Bissa

91,6

5,2

3,2

1341

100

Gourmantché

91,2

6,1

2,8

1939

100

Gourounsi

89,8

5,2

5,0

1531

100

Dago-Selobi

83,3

9,9

6,8

1914

100

Autres

90,0

6,8

3,3

3153

100

Religions

Musulmane

91,4

5,5

3,1

16115

100

Chrétienne

72,0

14,1

13,9

5590

100

Animiste

95,9

3,7

0,4

7048

100

Total

88,8

6,7

4,5

28753

100

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Pendant qu'au Burkina Faso, 89% des enfants de 6-14ans ont des CM sans niveau d'instruction, les Peulh semblent les plus touchés par l'illettrisme des CM avec 98% de CM illettrés. Le groupe Sabodiou qui était déjà le plus urbanisé, se distingue aussi avec le

plus faible taux de CM de niveau d'instruction nul, et les plus fortes proportions de CM de niveau d'instruction primaire et secondaire.

Sur 100 enfants sous tutelle de chrétiens, 72 ont des CM sans niveau, 14 de niveau primaire et presque autant de niveau secondaire ou plus. Seulement 3 enfants de ménages musulmans sur 100 ont des CM de niveau d'instruction supérieur tandis que la quasi- totalité des enfants de ménages animistes ont des CM qui sont sans niveau d'instruction.

4.1.3 La répartition selon de niveau de vie du ménage

Le tableau suivant présente une répartition des enfants selon l'ethnie du CM et le niveau de vie du ménage. Les groupe Sabodiou et Mossi s'illustrent avec les plus fort taux d'enfants dans les ménages de niveau de vie élevé. Il faut noter aussi que les enfants dont les CM sont Peulh ou Gourmantchés vivent davantage dans des ménages de faible niveau de vie. En effet, 56% d'entre eux vivent dans des ménages dont le niveau de vie est très faible.

Tableau 4.3 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau de vie du ménage

 

Très faible

Faible

Moyen

Elevé

Ensemble

 

%

%

%

%

Effectifs

%

Ethnies

Mossi

17,5

26,3

27,3

28,9

14928

100

Sabodiou

23,1

14,2

27,2

35,4

2150

100

Peulh

60,4

21,4

10,8

7,4

1779

100

Bissa

24,8

21,0

33,8

20,3

1341

100

Gourmantché

56,0

24,1

6,3

13,6

1939

100

Gourounsi

13,1

43,9

28,0

15,1

1531

100

Dago-Selobi

26,3

31,3

19,6

22,8

1914

100

Autres

32,0

18,7

27,2

22,1

3153

100

Religions

Musulmane

24,7

23,7

26,0

25,7

16115

100

Chrétienne

19,9

18,1

20,6

41,4

5590

100

Animiste

31,2

33,4

25,7

9,6

7048

100

Total

25,4

25,0

24,9

24,8

28753

100

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Les enfants des ménages dirigés par des musulmans semblent équitablement représentés dans les différentes catégories du niveau de vie tandis que des disparités existent au niveau des chrétiens et des animistes. Environ 40% des enfants dont les CM sont chrétiens vivent dans des ménages de niveau de vie élevé tandis que, ce taux n'est que de 10% pour les enfants dont les CM sont animistes.

4.1.4 La répartition selon le sexe du chef de ménage (CM)

Les informations fournies par le tableau 4.4 permettent d'avoir une idée des inégalités qui existent entre les sexes dans les différents groupes d'appartenance en matière de gestion du ménage. Cette disparité de la proportion des femmes CM varie de 3% (un ménage sur 30 est dirigé par une femme) chez les Gourmantché à 11% (un ménage sur 10 est dirigé par une femme) chez les Bissa tandis que la moyenne nationale est de 5% soit un ménage sur 20 dirigé par une femme. Cela montre que la gestion des ménages semble être l'apanage des hommes dans la société burkinabé. Toutefois, certaines ethnies seraient plus disposées que d'autres à confier la gestion des ménages aux femmes.

Tableau 4.4 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe du chef de ménage (CM)

 

Hommes CM

Femmes CM

Ensemble

%

%

Effectifs

%

Ethnies

Mossi

95,7

4,3

14928

100

Sabodiou

92,7

7,3

2150

100

Peulh

98,1

1,9

1779

100

Bissa

89,0

11,0

1341

100

Gourmantché

97,0

3,0

1939

100

Gourounsi

93,7

6,3

1531

100

Dago-Selobi

94,6

5,4

1914

100

Autres

96,9

3,1

3153

100

Religions

Musulmane

96,5

3,5

16115

100

Chrétienne

91,7

8,3

5590

100

Animiste

95,5

4,5

7048

100

Total

95,3

4,7

28753

100

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Tout comme pour l'ethnie, les religions tendent à influencer les rapports de genre. La proportion des femmes CM est deux fois plus élevée chez les chrétiens que chez les musulmans et les animistes. La religion musulmane tend à introduire une plus grande disparité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la gestion des ménages.

Ces différences pourraient s'expliquer par les rapports de genre31 au sein même du groupe ethnique et religieux. Cela pourrait avoir des conséquences sur les discriminations

31 En partant d'études anthropologiques, (Kobiané, 2001b) montre que dans les ethnies Bissa, Bwa, Samo et Gourounsi, les femmes ont un pouvoir de décision et un pouvoir économique. Ici les Bwa et Samo sont regroupés dans la modalité `'Sabodiou». Cela dit nous constatons que les groupes ethniques Bissa, Sabodiou et Gourounsi accordent plus la direction des ménages aux femmes que les autres ethnies avec des indices respectifs de 12,4, 7,9 et 6,7

sexuelles en matière de fréquentation scolaire et une influence sur la scolarisation différentielle selon le sexe dans la mesure où ce constat serait une traduction des rôles sociaux accordés à la femme, donc à la fille dans ces groupes ethniques et religieux.

4.2 Analyse différentielle de la scolarisation des enfants de 6-14 ans

L'analyse différentielle de la scolarisation consiste ici à l'étude des interrelations entre l'ethnie, la religion et la fréquentation scolaire des enfants âgés de 6 à 14 ans. Elle se fait dans un premier temps par la présentation de quelques indicateurs évalués à partir des données de l'étude et dans un second temps par l'étude de l'influence de l'ethnie et de la religion sur la fréquentation scolaire en fonction des variables socioéconomiques et sociodémographiques.

4.2.1 Estimation du niveau de la fréquentation scolaire

Ce paragraphe a pour but essentiel d'évaluer des indicateurs de la fréquentation scolaire de enfants selon l'appartenance ethnique et religieuse de leurs CM. Les indicateurs qui servent à la mesure de la fréquentation scolaire sont :

> Le taux de scolarisation : C'est en réalité la proportion des enfants de 6 à 14

ans d'un groupe socioculturel qui ont fréquenté l'école pendant l'année scolaire 1997/1998.

> L'espérance de vie scolaire (EVS) : Elle mesure le nombre total d'années

d'éducation formelle dont un enfant d'un groupe donné peut espérer bénéficier (y compris les années de redoublement) entre son 6ème et son 1 5me anniversaire en supposant que la probabilité de son admission à l'école à un âge donné est égale au présent taux d'admission de cet âge-là.

> L'espérance de survie scolaire (ESS) : elle se définit comme étant le nombre

total d'année de scolarité dont un enfant de 6 ans déjà scolarisé peut espérer bénéficier avant son 1 5ème anniversaire.

> Le taux brut de scolarisation (TBS) au primaire : C'est le rapport du nombre

des enfants inscrits au primaire (quel que soit l'âge) sur le nombre des enfants d'âge légal du primaire (7-12 ans).

> Le taux net de scolarisation (TNS) au primaire : C'est la proportion de

l'effectif des enfants (âgés de 7-1 2ans) inscrits au primaire dans l'effectif des enfants d'âge

légal du primaire (7-12 ans). Contrairement au taux brut de scolarisation, le TNS prend au numérateur seulement la population d'âge primaire (7-12 ans), scolarisée au primaire.

a- Taux de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans.

L'examen du graphique 4.1 montre que pour l'ensemble des deux sexes, le taux de fréquentation scolaire varie avec l'appartenance du CM. Les enfants dont les CM sont Peulh sont les moins scolarisés avec un taux de 9% soit le tiers du taux national (27%). Du tableau 4.5, la sous-scolarisation féminine apparaît de manière différente selon l'appartenance ethnique. Les enfants des ménages dirigés par des CM Peulh s'illustrent ici par un faible taux de scolarisation, mais paradoxalement ils ont la meilleure parité fille/garçon. Sur le plan national, l'Indice de parité montre que seulement trois filles sont scolarisées contre quatre garçons.

Graphique 4.1 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique du chef de ménage (CM)

Sabodiou

 
 
 

35,5

Gourounsi

 
 
 

34,1

Mossi

 
 

28,2

 

Dago-Selobi

 
 

27,1

 

Autres

 
 

25,6

 

Bissa

 

20,1

 
 

Gourmantché

 

18,7

 
 

Peulh

9,1

 
 
 

0

10

20

30

40

 
 
 
 
 

Il ressort du tableau 4.5 qu'il existe des différences de fréquentation scolaire selon l'appartenance religieuse. Les enfants des ménages dirigés par des chrétiens ont le plus fort taux de fréquentation scolaire (environ 2 fois le taux des musulmans et 3 fois celui des animistes). C'est aussi eux qui ont une meilleure parité des sexes en matière de fréquentation scolaire. Notons que les CM animistes tendent à scolariser une fille contre deux garçons, les musulmans, trois contre quatre et les chrétiens quatre contre cinq.

Tableau 4.5 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le sexe, l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage

Masculin Féminin Ensemble IP (F/M)

Ethnies

Sabodiou

40,0

30,1

35,5

75,3

Gourounsi

36,6

31,2

34,1

85,2

Mossi

32,8

23,5

28,2

71,6

Dago-Selobi

28,8

25,1

27,1

87,2

Autres

30,1

20,8

25,6

69,1

Bissa

23,7

15,8

20,1

66,7

Gourmantché

22,5

14,7

18,7

65,3

Peulh

9,3

9,0

9,1

96,8

Religions

Chrétienne

51,0

42,6

46,9

83,5

Musulmane

27,9

20,8

24,4

74,6

Animiste

20,6

9,7

15,5

47,1

Total

30,4

22,4

26,6

73,7

IP (F/M) : Indice de parité Féminin/Masculin des taux de scolarisation

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

b- Taux de scolarisation au primaire.

Le graphique 4.2 présente les taux de scolarisation au primaire : les ethnies y sont classées par ordre décroissant de TBS. Il apparaît que les Gourounsi et les Sabodiou sont les mieux scolarisés au primaire, tandis que les Peulh s'illustrent comme les moins scolarisés. Ces tendances sont confirmées avec les taux nets de scolarisation qui suivent presque le même ordre.

Tableau 4.6 : Taux de scolarisation au primaire selon l'appartenance ethnique et religieuse

 

Taux Brut de Scolarisation

Taux Net de Scolarisation

Ethnies

Gourounsi

48,4

34,5

Sabodiou

48,0

34,0

Mossi

37,3

26,8

Autres

37,1

26,0

Dago-Selobi

35,6

26,7

Bissa

28,7

22,2

Gourmantché

25,0

17,9

Peulh

12,9

9,2

Religions

Chrétienne

65,9

45,7

Musulmane

32,2

23,6

Animiste

21,0

15,5

Total

35,8

25,8

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Graphique 4.2 : Taux brut et net de scolarisation au primaire au Burkina Faso selon l'appartenance ethnique du chef de ménage (CM)

 
 

Gourounsi

34,5

48,4

 

Sabodiou
Mossi
Autres
Dago-Selobi
Bissa
Gourmantché
Peulh

34

48

26,8

37,3

26

37,1

26,7

35,6

22,2

28,7

17,9

25

9,2

12,9

0 10 20 30 40 50 60

 

TBS TNS

 
 

TBS=taux brut de scolarisation ; TNS=taux net de scolarisation

c- Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans.

Il ressort du tableau 4.7 que le nombre d'année qu'un enfant de 6 ans peut espérer passer à l'école avant son 15ème anniversaire varie avec l'appartenance ethnique de son CM. Un enfant dont le CM est du groupe Sabodiou ou Gourounsi peut espérer passer 3,2 ans contre 1 an pour un autre dont le CM est Gourmantché ou Peulh. Les enfants dont les CM sont chrétiens, avant d'entrer à l'école, espèrent passer deux et trois fois plus de temps que ceux dont les ménages sont dirigés par des musulmans et des animistes respectivement. D'une manière générale, l'espérance de vie scolaire entre 6ème et 1 5ème anniversaire sur le plan national est faible ; seulement 2 ans et demi.

Après l'admission dans le système scolaire, les enfants de 6-14 ans espèrent passer environ 7 ans à l'école avant l'âge de 15 ans. Cette durée, sur le plan national, est assez bonne car elle couvre 90% de la durée de 6 à 14 ans. Toutefois les enfants des ménages de certaines ethnies comme les Bissa ont une faible chance de rester plus longtemps dans le système scolaire entre le 6ème et le 1 5ème anniversaire. Il en est de même pour les enfants dont les CM sont animistes.

Tableau 4.7 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants entre 6 et 14 ans selon l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage (CM)

Espérance de vie scolaire Espérance de survie scolaire

Ethnies

Sabodiou

3,2

7,0

Gourounsi

3,1

6,3

Mossi

2,6

7,1

Dago-Selobi

2,5

6,5

Autres

2,3

6,7

Bissa

1,8

5,6

Peulh

0,9

6,2

Gourmantché

0,9

6,2

Religions

Chrétienne

4,2

7,2

Musulmane

2,2

7,1

Animiste

1,4

6,3

Total

2,4

7,1

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Graphique 4.3 : Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de 6-14 ans

Sabodiou
Gourounsi
Mossi
Dago-Selobi
Autres
Bissa
Gourmantché
Peulh

 
 
 
 
 
 
 

8

 
 
 
 
 
 

7

3,2

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6,3

3,1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

7,1

2,6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6,5

2,5

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6,7

 

2,3

 
 
 

6,2
6,2

 
 
 
 
 

5,6

1,8

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,9

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,9

 
 
 
 
 

0

2

 

4

 

6

 
 

EVS

 

ESS

 
 
 
 
 
 
 

EVS=espérance de vie scolaire ; ESS=espérance de survie scolaire

4.2.2 Scolarisation différentielle selon l'appartenance

socioculturelle du chef de ménage

Ici, nous allons faire l'étude différentielle de la scolarisation selon l'appartenance ethnique et religieuse et suivant certaines caractéristiques sociodémographiques.

a- Différences selon le sexe de l'enfant

Le tableau 4.8 présente les taux de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon le sexe et l'appartenance ethnique. Il apparaît ici que pour les deux sexes, il y a une relation significative entre l'ethnie et la fréquentation scolaire des enfants. Mais l'ampleur de cette discrimination varie selon les ethnies ; en témoigne la variation des indices de parité Fille/Garçon des taux de fréquentation scolaire. Cette disparité est plus poussée dans les groupes Gourmantché et Bissa où à peine 7 filles vont à l'école contre 10 garçons.

Tableau 4.8 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe de l'enfant

 

Masculin

Féminin

Ensemble

IP (F/G)

%

%

%

%

Ethnies

Mossi

32,8

23,5

28,2

71,6

Sabodiou

40,0

30,1

35,5

75,2

Peulh

9,3

9,0

9,1

97,3

Bissa

23,7

15,8

20,1

66,6

Gourmantché

22,5

14,7

18,7

65,4

Gourounsi

36,6

31,2

34,1

85,4

Dago-Selobi

28,8

25,1

27,1

87,4

Autres

30,1

20,8

25,6

69,3

Signification du Khi-2

***

***

***

 

Religions

Musulmane

27,9

20,8

46,9

74,2

Chrétienne

51,0

42,6

15,5

83,5

Animiste

20,6

9,7

26,6

47,1

Signification du Khi-2

***

***

***

 

Total

30,4

22,4

26,5

73,7

IP(F/M) : Indice de parité Féminin/Masculin des taux de scolarisation

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Quelle que soit l'appartenance religieuse du CM, les garçons sont plus scolarisés que les filles. Cette disparité entre sexes en matière de fréquentation scolaire est plus poussée chez les CM animistes qui scolarisent une fille contre deux garçons. Elle est moins criarde chez les CM chrétiens que chez les musulmans qui scolarisent trois filles contre quatre garçons.

Des résultats similaires ont été trouvés par Kobiané (2001b) avec l'enquête prioritaire de 1994. Il trouve en effet que les Gourounsi sont les plus scolarisés avec 37% de taux de fréquentation scolaire. Les ethnies les plus scolarisées n'ont pas forcément les plus faibles inégalités entre sexe. A ce propos, on constate que le groupe Sabodiou, qui est le mieux scolarisé, tend à scolariser trois filles pour quatre garçons alors que les peulh, présentant le plus faible taux de fréquentation scolaire s'illustrent en scolarisant presque autant de filles que de garçons. Ces différences pourraient s'expliquer par le fait que certaines ethnies, tout en étant disposées à envoyer les enfants à l'école, ne sont pas prêtes, du fait de leurs valeurs culturelles, à scolariser autant les filles que les garçons. Kobiané (2001b) fait remarquer que : « un groupe ethnique qui, du point de vue de son organisation sociale et politique, accorde davantage une place de choix à la femme et dans lequel celle-ci a son mot à dire quant à l'orientation des enfants, et en particulier des filles, ne présenterait-il pas les conditions d'une meilleure scolarisation desfilles et d'une inégalité garçon/fille moindre ?»

b- Différences selon le milieu de résidence

Du tableau 4.9, il ressort qu'en milieu urbain, les taux de scolarisation varient de 50,5% chez les Peulh à 81% chez les Bissa. Comme on devrait s'y attendre, le taux de scolarisation en milieu rural est plus faible que le taux en milieu urbain pour toutes les ethnies. En d'autres termes, la présence d'un ménage en ville influence positivement la scolarisation des enfants. Cela pourrait s'expliquer par le fait que le milieu urbain est plus propice à la scolarisation des enfants, mais on pourrait penser aussi qu'il est aussi un lieu où les valeurs modernes sont plus en vogue. Ce qui contribue à la prédisposition des ménages à l'éducation formelle. Toutefois, les inégalités de scolarisation dues au milieu de résidence sont plus poussées chez les CM Peulh et Bissa qui tendent à scolariser respectivement 13 et 19 enfants en milieu rural contre 100, s'ils résidaient en milieu urbain. Les enfants des ménages dirigés par des CM Gourounsi subissent une fréquentation beaucoup moins inégalitaire par rapport au milieu de résidence.

On note une relation significative entre l'appartenance religieuse du CM et la scolarisation de l'enfant. Il importe de noter aussi que les inégalités urbain/rural en matière de scolarisation varient avec les religions. Elles sont plus poussées chez les musulmans tandis que l'indice tend à être plus égalitaire chez les chrétiens. Quel que soit le milieu de résidence, les enfants des ménages dirigés par des chrétiens sont les plus scolarisés. Il faut noter qu'en milieu rural, seulement un enfant des ménages musulmans et animistes est scolarisé contre deux dans les ménages sous tutelle de chrétiens.

Tableau 4.9 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnie, religieuse et le milieu de résidence

 

Urbain

Rural

Ensemble

IP (Rur/Urb)

%

%

%

%

Ethnies

Mossi

68,9

19,8

28,2

28,7

Sabodiou

65,0

26,9

35,5

41,4

Peulh

(50,5)

6,7

9,1

13,3

Bissa

(81,1)

15,3

20,1

18,9

Gourmantché

67,2

15,2

18,7

22,6

Gourounsi

72,7

29,3

34,1

40,3

Dago-Selobi

73,8

20,2

27,1

27,4

Autres

62,3

20,7

25,6

33,2

Signification du Khi-2

***

***

***

 

Religions

Musulmane

64,0

17,3

46,9

27,0

Chrétienne

76,7

35,2

15,5

45,9

Animiste

46,6

14,6

26,6

31,3

Signification du Khi-2

***

***

***

 

Total

67,9

19,5

26,5

28,7

( ) : signifie que le taux est issu d'un effectif inférieur à 100

IP (Rur/Urb) : Indice de parité Rural/Urbain des taux de scolarisation

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

c- Différences selon le niveau d'instruction du CM

L'analyse différentielle de la scolarisation des enfants révèle que la fréquentation scolaire des enfants est significativement associée à l'appartenance religieuse du chef de ménage. L'association entre la religion et la scolarisation reste significative, même chez les enfants sous tutelle de CM de niveau d'instruction secondaire ou plus. Remarquons cependant que les enfants des ménages chrétiens sont les plus scolarisés et cela indépendamment du niveau d'instruction. En ce qui concerne l'appartenance ethnique, il serait trop délicat de tirer une conclusion au regard des petits effectifs constatés dans le tableau.

Ces résultats pourraient se confirmer par la suite au niveau des analyses explicatives, mais ils montrent déjà comment le niveau d'instruction du CM pourrait conditionner l'effet de la religion sur la fréquentation scolaire des enfants.

Tableau 4.10 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau d'instruction du chef de ménage

 

Sans niveau

Niveau primaire

Secondaire ou plus

Ensemble

 

%

%

%

%

Ethnies

 
 
 
 

Mossi

22,9

62,4

79,8

28,2

Sabodiou

28,8

46,5

80,5

35,5

Peulh

7,3

(75,0)

(81,8)

9,1

Bissa

16,3

(52,5)

(73,8)

20,1

Gourmantché

15,1

35,7

(86,3)

18,7

Gourounsi

28,8

(67,6)

(91,9)

34,1

Dago-Selobi

20,0

47,3

79,5

27,1

Autres

21,7

50,2

80,2

25,6

Signification du Khi-2

* * *

* * *

ns

* * *

Religions

 
 
 
 

Musulmane

20,7

53,0

79,9

46,9

Chrétienne

36,0

65,8

82,5

15,5

Animiste

14,5

36,0

(46,7)

26,6

Signification du Khi-2

***

***

***

***

Total

21,5

56,0

80,6

26,5

( ) : signifie que le taux est issu d'un effectif inférieur à 100

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

d- Différences selon le niveau de vie du ménage

Le tableau 4.11 montre que le niveau de vie n'a pas une influence notable sur l'association entre la fréquentation scolaire et la religion. Quel que soit le niveau de vie, l'association entre l'ethnie et la scolarisation reste significative. Nous observons aussi d'une manière générale que le taux de fréquentation scolaire tend à augmenter avec le niveau de vie du ménage. Cette assertion reste encore vraie quelle que soit l'ethnie du CM.

La fréquentation scolaire des enfants est positivement associée au niveau de vie du ménage et le fait d'appartenir à des religions différentes ne remet pas en cause ce constat. Il subsiste notamment une relation significative entre l'appartenance religieuse du CM et la fréquentation scolaire des enfants, quel que soit le niveau de vie du ménage. Dans la catégorie des ménages de niveau de vie très faible, le taux de fréquentation scolaire des enfants des ménages dirigés par des chrétiens est environ deux fois plus élevé que celui des enfants sous tutelle de CM musulmans et animistes.

Tableau 4.11 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon

l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau de vie du ménage

 

Très faible

Faible

Moyen

Elevé

Ensemble

 

%

%

%

%

%

Ethnies

 
 
 
 
 

Mossi

10,5

13,6

23,4

56,8

28,2

Sabodiou

18,0

21,7

28,5

58,0

35,5

Peulh

4,0

10,5

11,6

41,9

9,1

Bissa

11,5

8,9

16,1

49,6

20,1

Gourmantché

7,4

13,8

37,0

65,0

18,7

Gourounsi

15,6

26,4

37,6

66,4

34,1

Dago-Selobi

16,9

13,7

29,3

55,4

27,1

Autres

12,4

12,3

27,6

54,9

25,6

Signification du Khi-2

***

***

***

***

***

Religions

 
 
 
 
 

Musulmane

8,8

13,8

21,8

51,7

46,9

Chrétienne

17,5

23,5

45,5

72,4

15,5

Animiste

10,0

12,3

19,4

34,6

26,6

Signification du Khi-2

***

***

***

***

***

Total

10,5

14,7

24,9

56,8

26,5

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

e- Différences selon le sexe du CM

Il ressort du tableau 4.12 que la fréquentation scolaire des enfants est significativement associée à l'appartenance ethnique et religieuse du CM, indépendamment de son sexe. L'observation des indices de parité (HCM/FCM)32 des taux montre que, dans la plupart des ethnies, les femmes CM scolarisent mieux les enfants que les hommes CM. Nous avons vu précédemment que les groupes ethniques Bissa, Gourounsi et Sabodiou accordaient plus de pouvoir économique et de décision aux femmes et que cela pourrait avoir une influence positive sur la fréquentation scolaire des filles. Nous constatons ici que les hommes CM de ces groupes sont aussi les mieux disposés à scolariser les enfants dans l'ensemble. Il ressort que pour l'ensemble, les femmes CM scolarisent environ trois enfants contre deux pour leurs homologues hommes tandis que chez les Mossi, les femmes scolarisent deux fois plus que les hommes. Notons cependant que les faibles effectifs de femmes chef de ménage dans les différentes ethnies rendent délicates les conclusions à tirer de ces résultats. Toutefois, selon le sexe du CM, il existe des différences entre les religions en matière de fréquentation scolaire des enfants. On constate que les femmes CM scolarisent plus que leurs homologues hommes dans les religions musulmane et chrétienne.

32 HCM/HCM : Hommes chefs de ménage/Femmes chefs de ménage

Ce qui n'est pas le cas chez les CM animistes. Cela pourrait se justifier par la faible représentativité des femmes CM dans cette communauté.

Tableau 4.12 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe du CM

 

Hommes CM

Femmes CM

Ensemble

IP (HCM/FCM)

 

%

%

%

%

Ethnies

Mossi

27,1

50,5

28,2

53,7

Sabodiou

35,3

37,6

35,5

93,9

Peulh

8,7

(29,4)

9,1

29,6

Bissa

19,5

24,8

20,1

78,6

Gourmantché

18,2

(32,8)

18,7

55,5

Gourounsi

34,2

(33,0)

34,1

103,6

Dago-Selobi

26,7

34,0

27,1

78,5

Autres

24,9

(46,4)

25,6

53,7

Signification du Khi-2

***

***

***

 

Religions

Musulmane

23,7

42,8

46,9

55,4

Chrétienne

45,4

62,7

15,5

72,4

Animiste

15,7

11,8

26,6

133,1

Signification du Khi-2

***

***

***

 

Total

25,8

42,2

26,5

61,1

( ) : signifie que le taux est issu d'un effectif inférieur à 100

IP (HCM/FCM) : Indice de parité Homme/Femme des taux de scolarisation

Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ; Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.

Conclusion partielle

Ce chapitre nous a permis :

Primo : de procéder à une décomposition de la population cible de l'étude suivant ses grandes caractéristiques sociodémographiques et socioculturelles. Nous retenons, entre autres, que la religion chrétienne est la plus représentée en ville de même que les groupes ethniques Sabodiou et Mossi. Les femmes CM sont inégalement reparties dans les différents groupes (plus représentées chez les Bissa) tandis que les CM de niveau d'instruction secondaire ou plus se retrouvent davantage dans le groupe Sabodiou.

Secondo : d'estimer le niveau de la fréquentation scolaire. Cette estimation nous montre qu'il existe des inégalités entre les niveaux de fréquentation des groupes d'appartenance. Les enfants dont les CM appartiennent aux groupes Sabodiou et Gourounsi ont les plus forts taux de fréquentation scolaire tandis que ceux sous tutelle des chrétiens sont les plus scolarisés. L'espérance de vie scolaire et de survie scolaire varie également selon l'appartenance ethnique et religieuse.

Tertio : de faire l'analyse différentielle de la scolarisation suivant les variables socioculturelles. A ce stade, l'analyse révèle que la fréquentation scolaire des enfants âgés de 6 à 14 ans est significativement associée à l'appartenance ethnique et religieuse. Ce qui confirme l'existence de disparités entre appartenances socioculturelles en matière de scolarisation.

CHAPITRE 5 : ETUDE EXPLICATIVE DE LA
SCOLARISATION SELON L'APPARTENANCE
SOCIOCULTURELLE

Cette section a pour objet l'analyse explicative de la scolarisation des enfants selon l'appartenance socioculturelle du CM. Cette analyse permet de contrôler l'action des différentes variables de l'étude dans le but d'établir des relations de causalité33 entre l'appartenance ethnique et religieuse et la fréquentation scolaire des enfants. Elle procède par l'étude des rapports de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique et religieuse et en fonction des différentes caractéristiques du ménage, du CM et de l'enfant.

5.1 Appartenance ethnique et scolarisation

L'étude se fait d'abord sur l'ensemble de tous les enfants. Ensuite, nous étudions les différences selon certaines caractéristiques spécifiques qui pourraient être des facteurs de différentiations entre les enfants.

5.1.1 Généralités

Le tableau 5.1 présente les rapports de chances de la fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon les variables indépendantes de l'étude.

En ce qui concerne l'appartenance ethnique du CM, il apparaît au niveau brut qu'elle a un pouvoir discriminant important. Le niveau d'instruction du CM et le niveau de vie du ménage ont également un pouvoir discriminant important. Après le contrôle de toutes les différentes variables, on observe que les enfants dont les CM appartiennent aux groupes Gourmantché, Dagari et Sénoufo n'ont pas de rapports de chances relatives significativement différents par rapport aux Mossi, tandis que les Gourounsi, Bobo, Samo, et Gouin ont, toutes choses égales par ailleurs, plus de chances de fréquenter que les Mossi.

33 Ce qui n'était pas possible au niveau de l'analyse différentielle bivarièe à cause des relations fallacieuses que cette dernière peut introduire entre les variables.

Tableau 5.1 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans selon l'appartenance ethnique du CM

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Ethnie

Mossi
Dioula
Peulh
Bissa
Gourmantché
Gourounsi
Bobo
Samo
Sénoufo
Lobi
Dagari
Gouin
Autres
Statistique r

réf

0,73** 0,25*** 0,64*** 0,58*** 1 ,32*** 1,51*** 1,74*** 0,95 ns 0,52*** 1,07ns 2,09*** 0,89** 0,13***

réf 0,68** 0,33*** 0,78*** 0,70*** 1 ,60*** 1,30*** 1,26** 1,01 ns 0,62*** 1,12 ns 1,12 ns 0,98 ns 0,09***

réf 0,55*** 0,47*** 0,76*** 0,98 ns 1 ,88*** 1,30*** 1,35*** 0,89 ns 0,84 ns 1,33** 1,58*** 1,07 ns 0,08***

réf 0,50*** 0,47*** 0,73*** 0,99 ns 1 ,84*** 1,28*** 1,35*** 0,90 ns 0,82 ns 1,36*** 1,57** 1,08 ns 0,08***

réf 0,52*** 0,47*** 0,72*** 0,96ns 1,91*** 1,23*** 1,31*** 0,94ns 0,77* 1,34ns 1,54** 1,08 ns 0,08***

Milieu de résidence

Urbain
Rural
Statistique r

8,75***
réf
0,32***

5,83***
Réf
0,24***

2,98***
Réf
0,13***

2,90***
Réf
0,13***

2,76***
Réf
0,12***

Niveau d'instruction

Sans niveau
Niveau primaire
Niveau secondaire ou plus
Statistique r

réf
8,75***
15,36***
0,26***

Réf 2,83*** 6,31*** 0,16***

Réf 2,31*** 4,17*** 0,12***

Réf 2,31*** 4,16*** 0,12***

Réf 2,38*** 4,49*** 0,12***

Niveau de vie

Niveau de vie très faible Niveau de vie faible Niveau de vie moyen Niveau de vie élevé

Statistique r

0,32***
0,50***

Réf
3,74***
0,35***

 

Réf

1 ,32*** 2,43*** 5,10*** 0,19***

Réf

1 ,32*** 2,45*** 5,12*** 0,19***

Réf

1 ,33*** 2,52*** 5,41*** 0,19***

Sexe de l'enfant

Masculin
Féminin
Statistique r

réf
2,09***
0,07***

 

Réf
0,56***
0,02***

Réf
0,56***
0,10***

Réf
0,56***
10***

Sexe du CM

Masculin
Féminin
Statistique r

réf
0,66***
0,08***

 
 

Réf
1,40***
0,03***

Réf
1,41***
0,03***

Groupes d'âge de l'enfant

6 à 9 ans 10 à 11 ans 12 à 14 ans Statistique r

réf

1 ,59***
1,34***
0,08***

 
 

Réf

1 ,64***
1,21***
0,07***

Réf

1 ,67***
1,25***
0,07***

Taille du ménage

1-5 individus 1,10** Réf

6-10 individus réf 1,17***

11-15 individus
+ de 16 individus
Statistique r

0,74***
0,66***
0,07***

 

1,05 ns
0,81***
0,03***

 
 
 

Lien de parenté avec le CM

Enfant du CM

réf

 
 
 

Réf

Frères /soeurs du CM

0,67***

 
 
 

0,53***

Neveu/Nièce du CM

1,06ns

 
 
 

1,03 ns

Petits enfants du CM

1,03ns

 
 
 

1,29***

Autres parents du CM

0,93***

 
 
 

0,60***

Sans lien de parenté

1,40***

 
 
 

0,69***

Statistique r

0,03

 
 
 

0,05***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

Il reste toujours que, de tous les groupes ethniques, les enfants sous tutelle des Peulh ont les plus faibles chances de fréquenter. Cela confirme la faible scolarisation observée chez les peulh avec l'analyse différentielle.

Le milieu de résidence, le sexe du CM et le sexe de l'enfant sont significativement associés à la fréquentation scolaire au niveau brut. Il apparaît à ce niveau que les enfants des ménages urbains ont 9 fois plus de chances de fréquenter que ceux des ménages ruraux, mais cette différence est fortement atténuée après le passage au modèle final où elle n'est plus que de 3 fois plus. Il ressort aussi au niveau net que les chances relatives de fréquentation croissent avec le niveau de vie et que les garçons fréquentent plus que les filles.

5.1.2 Influence de l'ethnie sur la scolarisation

Les différences de scolarisation observées ci-dessus entre les ethnies peuvent masquer les irrégularités entre les différentes catégories de la population. C'est pourquoi, on procède à une étude de l'influence de l'ethnie dans chaque catégorie. Les sous paragraphes de cette partie ont pour objet de faire une étude des rapports de chances de fréquentation entre les ethnies suivant le sexe de l'enfant, le milieu de résidence, le niveau d'instruction du CM et le niveau de vie du ménage.

a- Influence selon le sexe de l'enfant

Tableau 5.2 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14ans par sexe en fonction de l'appartenance ethnique

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Masculin

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

0,73**

0,73*

0,56***

0,50***

0,50***

Peulh

0,20***

0,25***

0,36***

0,37***

0,35***

Bissa

0,62***

0,72***

0,72ns

0,69***

0,70***

Gourmantché

0,58***

0,64***

0,92***

0,93ns

0,92ns

Gourounsi

1,1 8**

1,39***

1 ,62***

1,57***

1 ,58***

Bobo

1 ,42***

1 ,28***

1 ,29***

1 ,27**

1 ,22**

Samo

1 ,79***

1 ,42***

1 ,45***

1 ,44***

1 ,38**

Sénoufo

0,78**

0,78*

0,72**

0,71**

0,68***

Lobi

0,38***

0,42***

0,57***

0,56***

0,53***

Dagari

1,12ns

1,22ns

1,48***

1,52***

1,49***

Gouin

2,07***

1,20ns

1,68**

1,69**

1,66**

Autres

0,89**

1,00ns

1,11ns

1,11ns

1,09ns

Statistique r

0,14***

0,11***

0,09***

0,09***

0,09***

Féminin

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

0,65*

0,51**

0,57**

0,53**

0,55**

Peulh

0,33***

0,44***

0,66***

0,67***

0,67***

Bissa

0,63***

0,82ns

0,82ns

0,79*

0,75**

Gourmantché

0,56***

0,76**

1,06ns

1,06ns

1,01ns

Gourounsi

1 ,49***

1 ,87***

2,31***

2,31***

2,50***

Bobo

1,57***

1,25*

1,30***

1,29**

1,19ns

Samo

1,63***

1,01ns

1,23ns

1,24ns

1,20ns

Sénoufo

1,18ns

1,37**

1,25ns

1,27ns

1,46**

Lobi

0,75ns

0,95ns

1,44ns

1,38ns

1,27ns

Dagari

0,98ns

0,95ns

1,12ns

1,14ns

1,08ns

Gouin

2,09***

0,99ns

1,45ns

1,40ns

1,30ns

Autres

0,88*

0,92ns

1,02ns

1,02ns

1,05ns

Statistique r

0,12***

0,08***

0,07***

0,07***

0,08***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le niveau de vie

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

Pour les enfants de sexe masculin, le niveau brut révèle que seuls ceux dont les CM sont du groupe Dagari ne sont pas différents de ceux des ménages dirigés par des Mossi en termes de chances de fréquentation scolaire. Par contre, au niveau net, les modalités `'Gourmantché» et `'Autres Ethnies» deviennent non significatives. Il ressort dans ce

dernier modèle que les garçons des ménages de Gourounsi, Samo, Bobo, Dagari et Gouin ont plus de chances de fréquenter que ceux des ménages de Mossi tandis que, seules les filles sous tutelle de Senoufo et de Gourounsi ont des rapports de chances plus élevés que celles des ménages dirigés par des Mossi. Le pouvoir discriminant de l'ethnie reste plus élevé chez les garçons dans tous les modèles. Cela tend à montrer que les inégalités de scolarisation des garçons semblent plus tributaires de l'appartenance ethnique, ce qui est contraire à nos attentes.

b- Influence selon le milieu de résidence

Le tableau 5.3 montre qu'en milieu urbain, les enfants des ménages dirigés par des Peulh et les `'Autres Ethnies» ont des rapports de chances significativement différents de ceux qui sont sous tutelle des Mossi. En milieu rural, les Autres Ethnies, les Gourounsi, les Samo et les Bobo ont des rapports de chances significativement plus grands que les Mossi de fréquenter l'école, tandis qu'en milieu urbain, les enfants des ménages de Peulh, Gourounsi et Senoufo se distinguent avec des différences significatives par rapport à ceux vivants dans des ménages dirigés par des Mossi.

Nous remarquons que les différences en matière de fréquentation scolaire sont plus significatives en milieu rural qu'en milieu urbain. Cela pourrait s'expliquer par la faible prédominance des valeurs culturelles traditionnelles en milieu urbain qui tend à favoriser un brassage culturel et une homogénéisation des perceptions et attitudes face à la scolarisation. Tandis que le milieu rural étant favorable au maintient des spécificités de chaque groupe reste le lieu de prédilection des inégalités en matière de scolarisation entre groupes ethniques.

Tableau 5.3 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par milieu de résidence en fonction de l'appartenance ethnique

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Urbain

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

0,43***

0,46***

0,51 **

0,52**

0,52**

Peulh

0,46***

0,45***

0,55***

0,53***

0,48***

Bissa

1,90**

1,61*

1,53ns

1,43ns

1,22ns

Gourmantché

0,93ns

0,83ns

0,88ns

0,90ns

0,79ns

Gourounsi

1,25ns

1,11ns

1,79***

1,74***

1,73**

Bobo

1,14ns

0,85ns

0,92ns

0,88ns

0,79ns

Samo

0,79ns

0,74ns

0,92ns

0,93ns

0,88ns

Sénoufo

2,23**

1,85ns

1,83*

2,00*

2,44**

Lobi

1,10ns

0,92ns

1,09ns

1,04ns

0,95ns

Dagari

1,45ns

0,82ns

1,15ns

1,05ns

0,94ns

Gouin

0,88ns

0,83ns

1,20ns

1,18ns

1,06ns

Autres

0,70***

0,68***

0,72***

0,72***

0,67***

Statistique r

0,08***

0,06***

0,05***

0,05***

0,07***

Rural

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

0,73*

0,82ns

0,57***

0,50***

0,49***

Peulh

0,29***

0,31***

0,46***

0,47***

0,46***

Bissa

0,73***

0,74***

0,72***

0,69***

0,68***

Gourmantché

0,71***

0,70***

1,01ns

1,02ns

1,00ns

Gourounsi

1 ,68***

1 ,69***

1,91***

1 ,87***

1 ,92***

Bobo

1,67***

1,41***

1,40***

1,39***

1,34***

Samo

1,72***

1,58***

1,55***

1,54***

1,50***

Sénoufo

1,11

0,95ns

0,82ns

0,82*

0,83*

Lobi

0,63***

0,59***

0,83ns

0,80ns

0,77*

Dagari

1,29**

1,17ns

1,35**

1,39***

1,38***

Gouin

1,56**

1,39ns

1,77**

1,78***

1,71**

Autres

1,07ns

1,06ns

1,18***

1,19***

1,19***

Statistique r

0,12***

0,11***

0,09***

0,09***

0,09***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le niveau d'instruction

B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

c- Influence selon le niveau d'instruction du CM

L'étude des différences de scolarisation selon le niveau d'instruction du CM permet de comprendre comment, pour un niveau d'instruction donné, l'appartenance ethnique influence les chances de fréquentation scolaire.

Pour les enfants dont le CM est sans niveau d'instruction, il ressort au niveau brut que l'appartenance ethnique est associée à la fréquentation scolaire. Au niveau net final, cette association persiste même si elle devient moins forte après le contrôle des autres variables indépendantes. Chez les chefs de ménage de niveau d'instruction primaire, la scolarisation reste associée à l'appartenance ethnique au niveau net alors que, pour les chefs de ménage de niveau d'instruction secondaire ou plus, la scolarisation n'est pas associée à l'appartenance ethnique ; aussi bien dans le modèle brut que dans le modèle final. Il n'y a donc pas de différences significatives selon l'appartenance ethnique en matière de fréquentation scolaire des enfants chez les chefs de ménage de niveau d'instruction secondaire ou plus. Nous pourrons expliquer ce constat par le fait que les valeurs culturelles traditionnelles ne sont plus influentes chez ces chefs de ménage. Il est aussi vrai que les chefs de ménage de niveau d'instruction `'secondaire ou plus» ont tendance à avoir plus de revenu et se retrouvent beaucoup plus en milieu urbain. Le pouvoir discriminant de l'ethnie est plus élevé chez les enfants des ménages de chefs n'ayant aucune instruction tandis qu'il est nul et non significatif chez les enfants dont le CM est de niveau secondaire ou plus. Cela ne fait que confirmer le résultat obtenu au niveau descriptif.

Tableau 5.4 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par niveau d'instruction du CM en fonction de l'appartenance ethnique

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Sans niveau

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

0,78*

0,67**

0,54***

0,49***

0,49***

Peulh

0,26***

0,31***

0,43***

0,44***

0,44***

Bissa

0,66***

0,81**

0,77ns

0,74***

0,73***

Gourmantché

0,60***

0,72***

1 ,03ns

1 ,03ns

1 ,02ns

Gourounsi

1 ,36***

1 ,60***

1 ,83***

1 ,80***

1 ,86***

Bobo

1 ,34***

1 ,46***

1 ,46***

1 ,43***

1 ,39***

Samo

1,91***

1,57***

1,64***

1,65***

1,60***

Sénoufo

0,91ns

1,08ns

0,96ns

0,97ns

0,99ns

Lobi

0,40***

0,49***

0,70**

0,69**

0,68**

Dagari

1,00ns

1,23*

1,50***

1,54***

1,49***

Gouin

1,93***

1,25ns

1,88***

1,87***

1,83***

Autres

0,94ns

1,03ns

1,09ns

1,10*

1,10*

Statistique r

0,12***

0,11***

0,09***

0,09***

0,09***

Niveau primaire

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

1,46ns

0,69ns

0,67ns

0,68ns

0,56ns

Peulh

1,77ns

1,28ns

3,01*

2,79*

3,06*

Bissa

0,68ns

0,59*

0,93ns

0,90ns

0,83ns

Gourmantché

0,33***

0,40***

0,53***

0,54**

0,49***

Gourounsi

1,28ns

1,47ns

2,52***

2,41***

2,53***

Bobo

0,58***

0,69**

0,73*

0,74ns

0,67**

Samo

0,37***

0,36***

0,53**

0,52**

0,46***

Sénoufo

0,40***

0,58**

0,48***

0,45***

0,46***

Lobi

1,04ns

1,30ns

1,39ns

1,12ns

0,90ns

Dagari

0,62ns

0,99ns

0,79ns

0,82ns

0,72ns

Gouin

0,43**

0,33***

0,32***

0,32***

0,33*

Autres

0,59***

0,59***

0,89ns

0,90ns

0,90ns

Statistique r

0,13***

0,10***

0,09***

0,08***

0,09***

Niveau secondaire

Mossi

réf

réf

réf

réf

Réf

Dioula

1,89ns

1,28 ns

1,32 ns

1,28 ns

1,89 ns

Peulh

1,06 ns

1,01 ns

1,19 ns

1,08 ns

1,06 ns

Bissa

0,70 ns

0,87 ns

0,84 ns

0,91 ns

0,70 ns

Gourmantché

1,49 ns

1,84 ns

1,32 ns

1,37 ns

1,49 ns

Gourounsi

2,83**

3,39***

2,79**

2,92**

2,83**

Bobo

1,05 ns

1,17 ns

1,05 ns

1,00 ns

1,05 ns

Samo

0,95 ns

0,81 ns

0,83 ns

0,79 ns

0,95 ns

Sénoufo

0,87 ns

1,13 ns

1,35 ns

1,46 ns

0,87 ns

Lobi

1,24 ns

1,97 ns

2,58 ns

2,75 ns

1,24 ns

Dagari

0,55*

0,53*

0,70 ns

0,64 ns

0,55 ns

Gouin

403335063,38ns

352365698,00ns

350904037,89ns

308312625,42 ns

403335063,38ns

Autres

1,01ns

1,18 ns

1,33 ns

1,29 ns

1,01 ns

Statistique r

0 ns

0 ns

0 ns

0 ns

0 ns

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence

B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

d- Influence selon le niveau de vie du ménage

Nous allons étudier ici l'influence de l'appartenance ethnique sur les chances de fréquentation des enfants de 6-14 ans pour un niveau de vie donné (voir Tableau A.4 en annexe).

Pour les enfants des ménages de niveau de vie très faible, il ressort que les chances de fréquentation scolaire sont associées à l'appartenance ethnique du CM. Après le contrôle de toutes les variables, il persiste que les Peulh et les Gourmantché ont respectivement 66% et 35% moins de chances que les Mossi d'être scolarisés. Pour les enfants de niveau de vie faible, on remarque que la fréquentation scolaire est également associée à l'appartenance ethnique du CM. Il ressort que le pouvoir discriminant de l'ethnie est presque le même chez les enfants de niveau de vie faible et très faible tandis qu'il diminue au niveau des enfants issus des ménages de niveau de vie moyen et élevé. Cela prouve que l'influence discriminante de l'ethnie sur la fréquentation scolaire des enfants est plus grande dans les ménages plus pauvres. On pourrait expliquer ce constat par la grande présence des pauvres en milieu rural, le niveau d'instruction souvent élevé des chefs de ménages aisés.

5.2 Appartenance religieuse et scolarisation

Cette section a pour objectif l'étude des rapports de chances de fréquentation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance religieuse. D'abord, elle concernera l'ensemble de tous les enfants mais ensuite nous étudierons les variabilités de fréquentation scolaire selon certaines caractéristiques spécifiques.

5.2.1 Généralités

Le tableau 5.5 montre au niveau brut que le fait d'être enfant dans un ménage dirigé par un animiste réduit de 43% les chances de fréquentation scolaire par rapport au fait de vivre dans un ménage sous tutelle d'un musulman. Certaines des relations constatées au niveau brut ne résistent pas au contrôle des variables intermédiaires. C'est

ainsi qu'au dernier modèle M4, les Catholiques ont seulement 2 fois plus de chances de fréquenter que les musulmans, tandis que les chances relatives des protestants accusent une baisse de 30% par rapport au niveau brut.

Le milieu de résidence, le sexe du CM et le sexe de l'enfant sont significativement associés à la fréquentation scolaire au niveau brut. Il apparaît à ce niveau que les enfants des ménages urbains ont 9 fois plus de chances de fréquenter que ceux des ménages ruraux, mais cette différence est fortement atténuée après le passage au modèle final où elle n'est plus que de 3 fois plus. Il ressort au niveau net que les chances relatives de fréquentation croissent avec le niveau de vie. Le lien de parenté reste aussi associé à la fréquentation scolaire des enfants.

Tableau 5.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans selon l'appartenance religieuse du CM

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Religion

Musulmane
Catholique
Protestante
Animiste
Autre
Statistique r

réf 2,74*** 2,71*** 0,57*** 0,74* 0,22***

Réf

1 ,96*** 2,40*** 0,79*** 0,91ns 0,12***

réf 2,02*** 2,48*** 0,90** 1,13 ns 0,11***

réf 2,00*** 2,43*** 0,89*** 1,14 ns 0,11***

réf

1 ,98*** 2,44*** 0,87*** 1,10ns 0,11***

Milieu de résidence

Urbain
Rural
Statistique r

8,75
réf
0,32***

5,53***
Réf
0,23***

2,89***
Réf
0,12***

2,85***
Réf
0,13***

2,76***
Réf
0,12***

Niveau d'instruction du CM

Sans niveau
Niveau primaire
Niveau secondaire ou plus
Statistique r

réf
8,75***
15,36***
0,26***

Réf 2,57*** 5,12*** 0,14***

Réf 2,07*** 3,45*** 0,10***

Réf 2,08*** 3,46 0,10***

Réf 2,17*** 3,85*** 0,11***

Niveau de vie

Niveau de vie très faible
Niveau de vie faible
Niveau de vie moyen
Niveau de vie élevé
Statistique r

0,32***
0,50***

Réf
3,74***
0,35***

 

Réf 1,49*** 2,66*** 5,22*** 0,19***

Réf

1 ,48*** 2,66*** 5,23*** 0,19***

Réf 1,49*** 2,71*** 5,43*** 0,19***

Sexe de l'enfant

Masculin
Féminin
Statistique r

réf
2,09***
0,07***

 

Réf
0,55***
0,01***

Réf
0,55***
0,02***

Réf
0,55***
0,02***

Sexe du CM

Masculin
Féminin
Stat r

réf
0,66***
0,08***

 
 

Réf
1,25***
0,10***

Réf
1,32***
0,10***

Groupe d'âge de l'enfant

6 à 9 ans
10 à 11 ans
12 à 14 ans
Stat r

réf

1,59***

1,34***

0,08***

 
 

Réf 1,63*** 1,19*** 0,07***

Réf 1,67*** 1,23*** 0,07***

Taille du ménage

1-5 individus
6-10 individus
11-15 individus

+ de 16 individus
Statistique r

1,10**

réf

0,74***

0,66***

0,07***

 
 
 

Réf 1,18*** 1,14*** 0,97ns 0,02***

Lien de parenté

Enfant du CM
Frères /soeurs du CM
Neveu/Nièce du CM

réf
0,67***
1,06ns

 
 
 

Réf
0,52***
1,05ns

Petits enfants du CM

1,03ns

 

1 ,29***

 
 
 

Autres parents du CM

0,93***

 
 
 

0,55***

Sans lien de parenté

1,40***

 
 
 

0,66***

Statistique r

0,03

 
 
 

0,05***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

5.2.2 Influence de l'appartenance religieuse sur la

scolarisation

Pour mieux comprendre les différences entre les religions en matière de fréquentation scolaire, nous allons étudier ces différences en fonction de certaines caractéristiques spécifiques.

a- Influence selon le sexe de l'enfant

Il apparaît que les garçons vivant dans des ménages catholiques et protestants ont respectivement 1,90 fois et 3,46 fois plus de chances de fréquenter que ceux de ménages musulmans. Chez les filles, les différences dues à la religion restent significatives au niveau net. A ce niveau, les filles de ménages animistes ont 33% moins de chance de fréquenter que les enfants de ménages musulmans. Il faut toutefois noter que le pouvoir discriminant de la religion est plus grand chez les filles alors que, dans la sous-section précédente, celui de l'ethnie semblait plus élevé chez les enfants de sexe masculin.

Tableau 5.6 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par sexe en fonction de l'appartenance religieuse

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Masculin

Musulmane

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

2,57***

1,87***

1,92***

1,91***

1,90***

Protestante

3,36***

3,28***

3,38***

3,43***

3,46***

Animiste

0,68***

0,92*

1,03 ns

1,02 ns

1,01 ns

Autre

0,96 ns

1,23 ns

1,56**

1,56**

1,54**

Statistique r

0,20***

0,12***

0 ,11***

0,11***

0,11***

Féminin

Musulmane

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

2,97***

2,09***

2,13***

2,10***

2,06***

Protestante

2,29***

1,80***

1,77***

1,68***

1,69***

Animiste

0,41***

0,58***

0,70***

0,70***

0,67***

Autre

0,51**

0,58*

0,67 ns

0,68 ns

0,64 ns

Statistique r

0,24***

0,14***

0,12***

0,12***

0,12***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le niveau de vie

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

b- Influence selon le milieu de résidence

Ce paragraphe étudie, pour un milieu de résidence donné l'impact de l'appartenance religieuse du CM sur les chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans. Il ressort que, quel que soit le milieu de résidence, la fréquentation scolaire des enfants est associée à l'appartenance religieuse du CM au niveau brut. Après le contrôle de toutes les variables, on trouve que cette association n'est plus significative au niveau de la modalité `'Protestant» en milieu urbain. En milieu rural, cette association n'est pas significative au niveau de la modalité `'Autres Ethnies». Il ressort aussi que le pouvoir discriminant de la religion est plus élevé en milieu rural qu'en milieu urbain. Les différences entre les religions en matière de scolarisation seraient donc plus marquées en milieu rural. Cela confirme nos attentes d'autant plus que l'urbanisation contribue à moderniser les perceptions et les attitudes vis-à-vis de la scolarisation.

Tableau 5.7 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par milieu de résidence en fonction de l'appartenance religieuse

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Urbain

Musulmane

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

1 ,95***

1 ,45***

1 ,59***

1 ,57***

1 ,56***

Protestante

1,44**

1,20 ns

1,19 ns

1,14 ns

1,46*

Animiste

0,48***

0,51***

0,72*

0,73*

0,70**

Autre

1,02 ns

0,61 ns

0,61 ns

0,66 ns

0,52 ns

Statistique r

0,14***

0,09***

0,07***

0,08***

0,07***

Rural

Musulman

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

2,49***

2,13***

2,16***

2,14***

2,13***

Protestant

3,09***

2,81***

2,97***

2,91***

2,86***

Animiste

0,83***

0,85***

0,93*

0,92*

0,90**

Autre

1,06ns

0,94 ns

1,19 ns

1,19 ns

1,16 ns

Statistique r

0,17***

0,14***

0,13***

0,13***

0,13***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le niveau d'instruction

B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

c- Influence selon le niveau d'instruction du CM

Ici, il s'agit d'étudier les variabilités de l'influence de la religion en fonction du niveau d'instruction du CM.

Chez les enfants vivant dans des ménages dirigés par des CM n'ayant aucun niveau d'instruction, la religion est significativement associée à la fréquentation scolaire. En ce qui concerne les enfants dont le CM à un niveau d'instruction primaire, nous notons qu'au niveau net, il n'existe pas une différence significative entre les enfants de ménages protestants et animistes et ceux issus des ménages dont les CM sont musulmans. A ce niveau les enfants sous tutelle de CM catholiques ont 61% de chances en plus de fréquenter l'école que les enfants dont les CM sont musulmans.

Tableau 5.8 Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par niveau d'instruction du CM en fonction de l'appartenance religieuse

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Sans Niveau

Musulmane
Catholique
Protestante
Animiste
Autre
Statistique r

réf 2,07*** 2,72*** 0,65*** 0,60*** 0,16***

réf 2,02*** 2,87*** 0,82*** 0,78 ns 0,13***

réf

2,14***

3,05***

0,91*

1,00 ns
0,13***

réf 2,11*** 2,97*** 0,90** 1,02 ns 0,12***

réf 2,11*** 2,96*** 0,89*** 0,99 ns 0,12***

Niveau primaire

Musulmane
Catholique
Protestante
Animiste
Autre
Statistique r

réf 1,77*** 1,31 ns 0,50*** 0,68 ns 0,16***

réf 1,85*** 1,30 ns 0,70** 1,19 ns 0,12***

réf 1,65*** 1,30 ns 0,94 ns 1,72 ns 0,08***

réf 1,63*** 1,31 ns 0,94 ns 1,58 ns 0,08***

réf 1,61*** 1,30 ns 0,83 ns 1,55 ns 0,08***

Niveau secondaire ou plus

Musulmane
Catholique
Protestante
Animiste
Autre
Statistique r

réf

1,33* 0,60* 0,22*** 2,39 ns 0,13***

réf

1,28 ns 0,65 ns 0,32*** 3,57 ns 0,09***

réf

1,17 ns 0,65 ns 0,56 ns 2,49 ns 0,05**

réf

1,15 ns 0,65 ns 0,55 ns 2,25 ns 0,04**

réf

0,99 ns 0,71 ns 0,56 ns 1,21 ns 0,00 ns

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence

B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

Pour les enfants des ménages dont les chefs sont de niveau d'instruction secondaire ou plus, il faut noter que quand on contrôle toutes les variables, il apparaît au niveau net que le pouvoir explicatif de l'appartenance religieuse est nul et non significatif.

En somme nous pouvons retenir que l'appartenance religieuse contribue plus à l'explication des différences de scolarisation chez les enfants dont les chefs de ménage sont sans niveau d'instruction que chez ceux sous tutelle de personnes ayant un niveau d'instruction primaire, secondaire ou plus. Nous pouvons conclure que plus le niveau d'instruction est élevé, moins grand est le pouvoir prédictif de la religion en matière de

fréquentation scolaire. Cela pourrait s'expliquer par l'influence notable de l'instruction sur les perceptions et les attitudes vis-à-vis de l'école.

d- Influence selon le niveau de vie du ménage

Ce paragraphe est consacré à l'étude des rapports de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance religieuse du CM et pour un niveau de vie donné. (Tableau A.5 en annexe)

Au niveau net final, les chances relatives de scolarisation des enfants des ménages catholiques et protestants sont significativement et respectivement 2 fois et 85% plus élevées que celles des enfants vivants sous tutelle des musulmans.

Il ressort que chez les enfants des ménages de niveau de vie élevé, l'appartenance religieuse du CM est associée à la fréquentation de l'école. On constate au niveau net que les protestants ont 2,6 fois plus de chances d'être scolarisés que les musulmans. Le pouvoir explicatif de la religion reste quasi inchangé chez les enfants de niveau de vie très faible et faible, tandis qu'il se réduit de 20% et de 50% respectivement chez ceux de niveaux de vie moyen et élevé. Il découle de cela que l'action de la religion est plus déterminante dans les ménages pauvres alors qu'elle est influencée par les autres variables chez ceux moins pauvres.

Conclusion partielle

Cette partie de l'étude montre que l'ethnie et la religion, dont les influences apparaissent à divers niveaux de cette étude, déterminent la scolarisation des enfants âgés de 6 à 14 ans. Cette détermination pourrait s'expliquer par les perceptions que certaines ethnies ont de l'éducation formelle. Ces perceptions ont été souvent construites lors des contacts avec les colonisateurs. Certaines ethnies comme les Lobi au Sud du pays ont eu des antécédents difficiles avec le pouvoir colonial. Les tensions et les révoltes contre la colonisation française pourraient être à l'origine de certaines réticences vis-à-vis de l'école. Un souci de conservation des valeurs traditionnelles peut amener certains à ne pas adhérer à l'éducation formelle. C'est le cas des chefs coutumiers qui, se sentant obligé d'envoyer leurs enfants à l'école des blancs, préféraient plutôt envoyer les enfants d'esclaves. Car selon eux leurs propres enfants devaient leurs succéder dans différentes fonctions coutumières. La religion animiste a été catégorisée depuis l'arrivée des premiers missionnaires comme étant satanique. Pour ses missionnaires elle devait être combattue et tous ses adhérents devaient à terme se convertir au christianisme. Ainsi, les pratiquants de

cette religion, vont sentir une sérieuse menace pesée sur la conservation de leur tradition. D'où un renfermement presque total à l'égard des missionnaires et colonisateurs. La religion musulmane tend à s'opposer à la scolarisation des enfants. Cela pourrait s'expliquer par le fait que les musulmans ont tendance à assimiler la scolarisation dans le système français à une christianisation. Ils préféreront donc envoyer leurs enfants à l'école coranique.

SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE

Au Burkina Faso, l'éducation formelle a du mal à se propager dans toutes les couches socioculturelles. Dans certaines d'entre elles, les pesanteurs culturelles liées aux systèmes de valeurs, à l'imaginaire collectif et individuel, aux systèmes de production et de reproduction semblent conditionner les choix éducatifs. C'est en considérant ces postulats que nous avons abordé cette étude qui, par conséquent, s'efforçait d'évaluer les inégalités socioculturelles en matière de scolarisation d'une part et de l'autre d'apprécier la valeur prédictive des caractéristiques socioculturelles en matière de scolarisation des enfants. L'objectif principal de cette étude a été de contribuer à l'amélioration des connaissances sur les déterminants socioculturels de la scolarisation dans le but de contribuer à une meilleure scolarisation des enfants au Burkina Faso.

La visée de cet objectif s'est inspirée d'une partie théorique qui a mis en exergue certains facteurs classiques de la scolarisation. La littérature scientifique montre que la mise à l'école d'un enfant est tributaire des différentes conceptions de l'éducation, des moyens économiques et du mode de production des parents. Suite à ce constat de la complexité des tenants et aboutissants de la scolarisation, nous avons choisi d'expliquer celle-ci par une approche ethnique et religieuse. Des hypothèses relatives à cet angle d'approche ont été formulées. Pour la vérification de celles-ci, nous avons recouru aux données de l'Enquête Prioritaire de 1998. L'analyse de ces données s'est faite à deux niveaux : au niveau descriptif et au niveau explicatif.

On peut retenir au niveau de l'analyse différentielle que la scolarisation est associée à l'appartenance ethnique et religieuse. Le niveau de vie et le niveau d'instruction des parents sont également associés à la fréquentation scolaire des enfants. Pour le niveau d'instruction secondaire ou plus, l'association entre d'une part l'ethnie et la scolarisation disparaît tandis qu'elle subsiste entre celle-ci et la religion. Le sexe du CM, le milieu de résidence, le sexe de l'enfant et son lien avec le CM sont diversement associés à la fréquentation de l'école dans les différentes ethnies.

L'analyse explicative selon le modèle logistique s'est essentiellement basée sur l'ethnie et la religion qui devaient par hypothèse expliquer les variabilités de scolarisation. Au terme donc de cette étude, nous retenons que les deux variables indépendantes et principales de notre étude, s'avèrent être des déterminants de la scolarisation des enfants de 6-14 ans. Les deux points suivants synthétisent leurs influences :


· L'influence de l'appartenance ethnique :

L'analyse explicative montre que, toutes choses égales par ailleurs, des disparités en matière de scolarisation existent entre les différents groupes ethniques. Il ressort aussi que ces différences sont influencées par le sexe de l'enfant, le niveau de vie et le milieu de résidence du ménage et le niveau d'instruction du chef de ménage. Les enfants des ménages dirigés par des Gourounsis et Samo sont les mieux scolarisés. Les discriminations selon le sexe de l'enfant en matière de scolarisation varient avec l'appartenance ethnique du chef de ménage. Il faut retenir aussi que l'influence de l'ethnie sur la scolarisation est plus importante en milieu rural, chez les garçons, chez les enfants des parents faiblement instruits et chez ceux vivant dans les ménages moins aisés.


· L'influence de l'appartenance religieuse

L'influence de l'appartenance religieuse sur les comportements reste perceptible à travers ces analyses. Même si l'influence de la religion pourrait être conditionnée par certains facteurs, il ressort ici que, toutes choses égales par ailleurs, la religion animiste est celle qui scolarise le moins les enfants. Il importe surtout de noter ici que l'influence de la religion sur la fréquentation scolaire de l'enfant est plus perceptible en milieu rural, chez les filles, chez les enfants dont les parents sont faiblement instruits et chez ceux vivant dans les ménages moins aisés.

Cette synthèse permet de faire le point sur l'état des hypothèses formulées au début de cette étude. Selon le milieu de résidence, l'influence de l'ethnie n'est pas surprenante car elle confirme nos attentes dans la mesure où les inégalités interethniques sont plus poussées en milieu rural. C'est aussi en milieu rural que l'influence de la religion est plus déterminante. Ce qui confirme l'hypothèse H1. L'impact de l'appartenance socioculturelle sur les discriminations en matière de fréquentation scolaire selon le sexe de l'enfant reste mitigé. On s'attendait à ce qu'il soit plus fort sur la scolarisation des filles. Mais il apparaît que l'ethnie est plus discriminante chez les garçons tandis que la religion se révèle plus déterminante chez les filles. L'hypothèse H2 est donc partiellement vérifiée. L'hypothèse H3, quant à elle est totalement vérifiée car l'étude montre que l'influence de l'appartenance ethnique et religieuse est plus déterminante chez les chefs de ménage de faible niveau d'instruction. Cette étude confirme également l'hypothèse selon laquelle, l'amélioration du niveau de vie atténue les disparités socioculturelles en matière de scolarisation. Il ressort que l'influence de l'appartenance ethnique et religieuse est moins déterminante dans les ménages de niveau de vie élevé.

Les limites de l'étude

Bien que ces résultats soient intéressants, cette étude présente quelques limites principalement liées à la disponibilité de certaines données :

o Le manque d'information sur les caractéristiques des parents biologiques de l'enfant. La connaissance de l'ethnie et de la religion des parents devrait nous permettre d'estimer leur influence sur la fréquentation scolaire de l'enfant. Elle pourrait permettre aussi d'étudier les cas où le père et la mère de l'enfant seraient d'ethnies différentes ou de confessions religieuses différentes. Et dans ces cas, il serait possible de savoir le parent dont les caractéristiques joueraient le plus sur la scolarisation des enfants.

o Nous n'avons pas pu exploiter des sources de données sociologiques et anthropologiques pour approfondir l'explication des différences en matière de scolarisation entre les groupes socioculturelles. En effet, nous avons été confronté à un manque de données de nature socio anthropologique sur les ethnies et les religions.

Recommandations

Considérant les résultats ci-dessus et les limites constatées, nous formulons les recommandations suivantes :

Sur plan scientifique :

> Nous recommandons la collecte de données qualitatives lors des enquêtes démographiques, de même que l'étude des caractéristiques culturelles des différentes ethnies et religions qui composent le pays. La collecte de données qualitatives à travers les enquêtes CAP (Connaissances/Croyances, Attitudes, Perceptions) en rapport avec la scolarisation pourrait faciliter la compréhension et l'étude des déterminants socioculturels de la scolarisation.

> Nous recommandons des recherches sociologiques et anthropologiques sur les ethnies et les religions. Ces études pourraient permettre une explication plus approfondie de l'impact des facteurs socioculturels sur la scolarisation des enfants.

Recommandations sur le plan décisionnel :

> Nous recommandons de mener des actions pour amener les individus à comprendre l'intérêt de la scolarisation. C'est en étant convaincus de la même façon des atouts et des avantages de l'éducation formelle que les populations vont adhérer à celle-ci,

au delà des différences ethniques et religieuses. Pour cela il est nécessaire de mettre en place des programmes d'alphabétisation des adultes en vue de relever le niveau de compréhension des intérêts de la scolarisation et de lutter contre les mauvaises perceptions de l'éducation formelle.

> Nous recommandons de sensibiliser les parents à travers des campagnes d'IEC (Information, Education, Communication) sur l'intérêt de la scolarisation des enfants.

> Nous recommandons d'améliorer les conditions qui semblent prédisposer les individus à mieux percevoir les avantages de la scolarisation et à y adhérer. il s'agit là de :

· Relever le niveau d'instruction34 notamment par la promotion de l'alphabétisation et la vulgarisation des Centres Permanents d'Alphabétisation et de Formation (CPAF), des Centres d'Éducation de Base Non Formelle (CEBNF) et des Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs (CFJA).

· Il s'agit ici par exemple d'apporter des infrastructures éducatives accessibles dans les milieux ruraux. Pour le milieu rural, il faut faciliter l'accès à l'information par les médias. Ce qui a pour effet de faciliter les campagnes d'alphabétisation.

· L'amélioration du niveau de vie des ménages et la facilitation des conditions d'accès à l'école formelle.

34 Notons que l'instruction n'est pas forcement un résultat de la scolarisation, autrement dit, elle peut favoriser la scolarisation, sans en être le résultat.

BIBLIOGRAPHIE

Les documents

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ANNEXE

Construction de l'indicateur du niveau de vie

L'objectif est de caractériser les ménages de sorte que les ménages de niveaux de vie différents se retrouvent dans des modalités différentes. Chaque variable entrant dans la construction du niveau de vie est recodée par le regroupement des modalités qui témoignent d'un niveau de confort semblable. Les nouvelles modalités sont cotées35 après leur hiérarchisation, de la modalité qui reflète une capacité financière élevée à celle qui exprime sa privation. Par exemple pour les « Matériaux du toit » nous avons les modalités suivantes : 1-Béton, 2-Tôle, 3-Tuile, 4-Terre battue, 5-Paille, 6-Autres.

Nous procédons à un recodage qui nous permet de regrouper par exemple les ménages dont le toit est en tôle et ceux dont le toit est en tuile (2+3). Nous obtenons donc les modalités suivantes pour la variable « matériaux du toit » : Béton : (1=3), Tôle+Tuile : (2+3=2), Terre+ paille : (4,5=1), Autres : (else=0).

Nous avons coté les modalités selon le niveau de richesse qu'elles expriment. Par exemple, une toiture en béton exprime un niveau de richesse plus élevé qu'une autre en tôle ou en paille. De même, celle en tôle exprime un niveau plus élevé de richesse que celle en paille.

Une fois que les variables sont recodées et leurs modalités cotées, elles sont introduites dans l'ACP. Nous retenons ensuite les résultats sur le premier axe factoriel. La variable ainsi formée est décomposée en quartiles. Dans le tableau A.3 nous avons une caractérisation des ménages selon le niveau de vie. Ce tableau montre que plus le niveau de vie du ménage est élevé, plus il a tendance à posséder plus de confort.

Cette méthode présente quelques limites : elle permet de différencier les ménages mais les valeurs numériques accordées aux modalités ne peuvent être objectives. Par exemple en accordant la valeur 3 à la modalité « Béton » et celle 1 à la modalité « Terre, paille » nous supposons d'une part que le béton coûte 3 fois plus que la `'terre et la paille» et d'autre part que la terre et la paille ont un coût semblable ; ce qui n'est pourtant pas toujours vérifié.

35 Dans la réalité il s'agit de transformer les variables qualitatives en variables quantitatives en accordant une plus grande valeur aux modalités qui tendent à incarner un niveau de richesse plus élevé.

Tableau A.1 : Variables retenues pour la construction de l'indicateur du niveau de vie du ménage

Variables et anciennes modalités

 

Variables et nouvelles modalités

Matériaux des murs extérieurs

1. Bétons, pierres, parpaings

2. Briques cuites/

3. Banco

4. Paille

5. Autres

 

Matériaux des murs extérieurs

1. Béton, pierres, parpaings : (1=3)

2. Briques : (2=2)

3. Banco, pailles : (3+4=1)

4. Autre : (else=0).

Type de logement

1. Immeuble à appartement

2. Villa

3. Maison individuelle

4. Bâtiment à plusieurs logements

5. Maison traditionnelle

6. Autres

 

Type de logement

1. Immeuble, villa : (1+2=3)

2. logement individuelle : (3+4=2)

3. Maison traditionnelle : (5=1)

4. Autres : (0+6=0)

Matériaux du toit

1. Béton

2. Tôle,

3. Tuile

4. Terre battue,

5. paille

6. Autres

 

Matériaux du toit

1. Béton : (1=3)

2. Tôle, tuile : (2+3=2)

3. Terre, paille : (4,5=1)

4. Autres : (else=0).

Matériaux du sol

1. Carreau

2. Ciment

3. Terre battue, sable

4. Autres

 

Matériaux du sol

1. Carreau : (1=3)

2. Ciment : (2=2)

3. Terre, sable : (3=1)

4. Autres : (else=0).

Mode d'approvisionnement en eau

1. Rivière, cours d'eau

2. Puits ordinaires

3. Puits busés

4. Forage

5. Fontaine publique

6. Robinet intérieur propre

7. Robinet intérieur partagé

8. Autres

 

Mode d'approvisionnement en eau

1. Eau courante : (6+7=3)

2. Fontaine, Forage : (4+5=2)

3. Puits : (3+2=1)

4. Autres : (else=0)

Type d'aisance

1. Chasse d'eau avec fosse septique

2. Latrine à fosse ventilée

3. Latrine ordinaire

4. Dans la nature

5. Autres

 

Type d'aisance

1. Chasse : (1=2)

2. Latrines : (2+3=1)

3. Autres : (else=0).

Type d'éclairage

1. Bois

2. Pétrole

3. Gaz

4. Electricité/solaire

5. Bougie

6. Torche à pile

7. Autres

 

Type d'éclairage

1. Gaz, électricité : (3+4=2)

2. Pétrole : (2=1)

3. Autres : (else=0).

Type de sanitaire 1. Baignoire

 

Type de sanitaire

1. Baignoire : (1=3)

2. Douche robinet

3. Douche sans robinet

4. Autres

2. Douche robinet : (2=2)

3. Douche sans robinet : (3=1)

4. Autres : (else=0).

Energie pour cuisine

1. Bois

2. Pétrole

3. Gaz

4. Electricité/solaire

5. Charbon de bois

6. Autres

Energie pour cuisine

1. Gaz, électricité : (3+4=3)

2. Pétrole, charbon : (2+6=2)

3. Bois : (1=1)

4. Autres : (else=0)

Possession du téléphone

1. Oui : (1=1)

2. Non : (else=0)

Possession du téléphone

1. Oui : (1=1)

2. Non : (else=0)

Tableau A.2 : Taux de réponse des variables utilisées pour la construction de l'indicateur du niveau de vie

Variables

Valeurs valides

Valeurs manquantes

Effectifs

%

Effectifs

%

Matériaux des murs extérieurs

28870

100

0

0

Type de logement

28870

100

0

0

Matériaux du toit

28870

100

0

0

Matériaux du sol

28870

100

0

0

Mode d'approvisionnement en eau

28870

100

0

0

Type d'aisance

28870

100

0

0

Type d'éclairage

28870

100

0

0

Type de sanitaire

28870

100

0

0

Energie pour cuisine

28870

100

0

0

Possession du téléphone

28870

100

0

0

Tableau A.3 : Répartition des ménages selon leurs caractéristiques et leur niveau de vie

Variables et modalités

Niveau de vie

 

Très faible Faible Moyen Elevé

Type de logement

Autres

94,0

3,5

2,4

0,0

Maison traditionnelle

41,3

37,7

19,2

1,8

logement indiv.

0,9

8,6

34,6

56,0

Immeuble, villa

0,0

0,0

1,9

98,1

Matériaux des murs extérieurs

Autre

59,0

21,8

16,1

3,1

Banco, paille

27,4

27,3

26,5

18,9

Briques

0,0

0,0

15,6

84,4

Béton, pierres, parpaings

0,0

0,0

2,9

97,1

Matériaux du toit

Autres

83,8

12,7

3,5

0,0

Terre, paille

39,5

38,6

21,6

0,4

Tôle, tuile

0,2

1,7

30,6

67,4

Béton

0,0

0,0

0,0

100,0

Matériaux du sol

Autres

83,1

11,6

4,6

0,7

Terre, sable

34,8

35,4

26,6

3,2

Ciment

0,0

1,9

22,1

76,0

Carreau

0,0

0,0

0,4

99,6

Type d'aisance

Autres

33,8

31,9

25,5

8,8

Latrines

0,5

4,6

23,2

71,7

Chasse

0,0

0,0

1,7

98,3

Type de sanitaire

Autres

63,2

15,9

13,6

7,3

Douche sans robinet

2,4

31,5

32,0

34,1

Douche robinet

0,0

0,0

13,7

86,3

Baignoire

0,0

0,0

0,0

100,0

Mode d'approvisionnement en eau

Autres

34,9

38,1

19,4

7,7

Puits

24,5

28,2

28,6

18,7

Fontaine, Forage

26,4

21,1

23,6

28,9

Eau courante

0,0

0,0

4,5

95,5

Type d'éclairage

Autres

49,1

28,3

19,1

3,4

Pétrole

18,9

25,9

28,3

26,9

Gaz, électricité

0,0

0,0

3,8

96,2

Energie pour cuisine

Autres

1,4

4,8

69,9

23,8

Bois

25,9

26,1

23,3

24,7

Pétrole, charbon

33,8

19,7

27,6

18,9

Gaz, électricité

0,0

1,0

26,4

72,6

Possession du téléphone

Non

25,7

25,5

24,9

23,9

Oui

15,0

2,5

14,2

68,4

Tableau A.4 : Les variables d'analyse et leurs modalités

 

Modalité des variables selon le modèle d'analyse

Variables

Analyse bivariée

Analyse multivariée

Ethnie

Mossi

Mossi

Groupe Sabodiou

Samo, Bobo, Dioula

Peulh

Peulh

Bissa

Bissa

Gourmantché

Gourmantché

Gourounsi

Gourounsi

Groupe Dago-Selobi

Dagari, Gouin, Sénoufo, Lobi

Autres

Autres

Religion

Animiste

Animiste

Chrétienne

Catholique, Protestante

Musulmane

Musulmane

 

Autres

Lien de parenté de
l'enfant avec le chef de
ménage

Enfants du chef ménage

Enfant du CM

Autres enfants

Frères /soeurs du CM,
Neveu/Nièce du CM, Petits
enfants du CM, Autres parents du
CM, Sans lien de parenté

Milieu de résidence

Urbain, Rural

Urbain, Rural

Sexe de l'enfant

Masculin, Féminin

Masculin, Féminin

Age de l'enfant

6-9 ans, 10-11 ans, 12-14 ans

6-9 ans, 10-11 ans, 12-14 ans

Fréquentation scolaire

Oui, Non

Oui, Non

Sexe du CM

Masculin, Féminin

Masculin, Féminin

Taille du ménage

1-5 individus

6-10 individus

11-15 individus + de 16 individus

1-5 individus

6-10 individus

11-15 individus + de 16 individus

Niveau d'instruction du
CM

Sans Niveau, Niveau Primaire, Niveau secondaire ou plus

Sans Niveau, Niveau Primaire, Niveau secondaire ou plus

Niveau de vie du
ménage

Très faible, Faible, Moyen, Elevé

Très faible, Faible, Moyen, Elevé

Tableau A.5 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie du ménage selon l'appartenance ethnique

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets
bruts

Effets nets par rapport aux variables de
contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Niveau de vie très faible

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

1,27 ns

1,34 ns

1,42 ns

1,49 ns

1,45 ns

Peulh

0,36***

0,37***

0,36***

0,35***

0,34***

Bissa

0,97 ns

1,03 ns

1,01 ns

1,06 ns

1,11 ns

Gourmantché

0,65***

0,66***

0,65***

0,65***

0,65***

Gourounsi

1,45 ns

1,43 ns

1,37 ns

1,34 ns

1,32 ns

Bobo

1 ,75***

1 ,64***

1 ,59***

1 ,60***

1 ,51**

Samo

2,53***

1,78**

1,84**

1,85*

1,69**

Sénoufo

2,09***

2,08***

2,01***

1,99***

1,99**

Lobi

1,22 ns

1,26 ns

1,23 ns

1,23 ns

1,22 ns

Dagari

1,34ns

1,35 ns

1,23 ns

1,32 ns

1,41 ns

Gouin

3,82***

2,72***

2,72***

2,69***

2,53***

Autres

1,23*

1,23*

1,21*

1,22*

1,20 ns

Statistique r

0,15***

0,13***

0,13***

0,13***

0,13***

Niveau de vie faible

Mossi

réf

réf

réf

réf

réf

Dioula

0,85 ns

0,87 ns

0,91 ns

0,94 ns

0,95 ns

Peulh

0,70*

0,68**

0,69**

0,69**

0,68**

Bissa

0,61**

0,59**

0,55***

0,52***

0,55***

Gourmantché

0,94 ns

0,92 ns

0,90 ns

0,91 ns

0,94 ns

Gourounsi

2,26***

2,18***

2,14***

2,09***

2,16***

Bobo

1,28 ns

1,27 ns

1,24 ns

1,23 ns

1,25 ns

Samo

3,27***

2,60***

2,62***

2,65***

2,55***

Sénoufo

1,80***

1,80***

1 ,79***

1 ,82***

1,81***

Lobi

0,04***

0,04***

0,04***

0,04***

0,04***

Dagari

1,47**

1,43*

1 ,45**

1,43*

1 ,48**

Gouin

2,25*

1,71 ns

1,66 ns

1,72 ns

1,71 ns

Autres

0,84 ns

0,79*

0,77*

0,76*

0,75**

Statistique r

0,15***

0,13***

0,13***

0,13***

0,13***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

Tableau A.5 (suite) : Rapport de chances de fréquentation scolaire des

enfants de 6-14 ans par niveau de vie du ménage selon l'ethnie

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets
bruts

Effets nets par rapport aux variables de
contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Niveau de vie moyen

Mossi
Dioula
Peulh
Bissa
Gourmantché
Gourounsi
Bobo
Samo
Sénoufo
Lobi
Dagari
Gouin
Autres
Statistique r

réf 0,39*** 0,44*** 0,63*** 1 ,95*** 2,00*** 1,71*** 1,41* 0,79ns 3,75*** 1 ,68** 3,91*** 1,27*** 0,12***

réf 0,34*** 0,46*** 0,66*** 1,74*** 1 ,97*** 1,51*** 1,26 ns 0,65** 2,43** 1 ,78** 2,34** 1,31*** 0,11***

réf 0,33*** 0,45*** 0,65*** 1 ,62** 1 ,99*** 1,46*** 1,21 ns 0,60*** 2,14** 1 ,84** 2,30** 1,30*** 0,11***

réf 0,35*** 0,46*** 0,59*** 1 ,66** 1 ,96*** 1,46*** 1,19 ns 0,60*** 1,89* 1,95*** 2,34** 1,31*** 0,11***

réf 0,36*** 0,44*** 0,58*** 1 ,56** 2,00*** 1,47*** 1,17 ns 0,61** 1,98*

1 ,83** 2,27** 1,32*** 0,11***

Niveau de vie élevé

Mossi
Dioula
Peulh
Bissa
Gourmantché
Gourounsi
Bobo
Samo
Sénoufo
Lobi
Dagari
Gouin
Autres
Statistique r

réf 0,52*** 0,56*** 0,75** 1 ,42*** 1 ,49*** 1,26** 1,25 ns 0,58*** 2,03** 1,27 ns 1,25 ns 0,93 ns 0,07***

réf 0,66** 0,53*** 0,96 ns 1 ,57*** 1 ,43** 1,09 ns 1,01 ns 0,68** 1,73* 1,01 ns 0,68 ns 0,97 ns 0,05***

réf 0,59** 0,53*** 0,94 ns 1 ,63*** 1,41 ** 1,07 ns 0,97 ns 0,67** 1,73* 1,00 ns 0,67 ns 0,97 ns 0,05***

réf 0,51*** 0,53*** 0,91 ns 1 ,64*** 1 ,43** 1,06 ns 0,98 ns 0,67** 1,66 ns 1,04 ns 0,65 ns 0,97 ns 0,05***

réf 0,57*** 0,53*** 0,85 ns 1 ,63*** 1,51 ** 0,95 ns 0,92 ns 0,83 ns 1,48 ns 0,88 ns 0,58 ns 1,04 ns 0,05***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.

Tableau A. 6 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie du ménage selon l'appartenance religieuse

Variables Indépendantes

Rapport de chance par rapport à la modalité de référence

Effets bruts

Effets nets par rapport aux variables de contrôle

A

A+B

A+B+C

A+B+C+D

M0

M1

M2

M3

M4

Niveau de vie très faible

Musulmane

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

2,24***

1,99***

2,01***

2,01***

2,03***

Protestante

1,89***

1,90***

1,96***

1,85***

1,79***

Animiste

1,15 ns

1,11 ns

1,12 ns

1,12 ns

1,11 ns

Autres

1,26 ns

1,31 ns

1,40 ns

1,46 ns

1,46 ns

Statistique r

0,11***

0,10***

0,10***

0,10***

0,10***

Niveau de vie faible

Musulman

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

1 ,76***

1 ,68***

1 ,66***

1 ,62***

1 ,73***

Protestant

2,90***

2,92***

3,06***

3,06***

3,27***

Animiste

0,87*

0,89 ns

0,86*

0,85**

0,85**

Autres

1,21 ns

1,19 ns

1,16 ns

1,18 ns

1,18 ns

Statistique r

0,11***

0,10***

0,10***

0,10***

0,10***

Niveau de vie moyen

Musulmane

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

3,10***

2,70***

2,73***

2,65***

2,51***

Protestante

3,07***

2,61***

2,62***

2,61***

2,50***

Animiste

0,90 ns

0,92 ns

0,90 ns

0,90 ns

0,89 ns

Autres

0,92 ns

1,03 ns

0,77 ns

0,82 ns

0,79 ns

Statistique r

0,20***

0,16***

0,16***

0,15***

0,14***

Niveau de vie élevé

Musulmane

réf

réf

réf

réf

réf

Catholique

2,46***

1 ,75***

1 ,77***

1 ,77***

1 ,70***

Protestante

2,58***

2,45***

2,51***

2,47***

2,81***

Animiste

0,49***

0,79**

0,76***

0,75***

0,73***

Autres

0,83 ns

0,92 ns

1,00 ns

0,96 ns

0,93 ns

Statistique r

0,20***

0,11***

0,11***

0,11***

0,11***

réf : modalité de référence

Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de 5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.

A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction

B : le sexe de l'enfant

C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant

D : la taille du ménage, le lien de parenté de l'enfant avec le C.M.






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille