Organisme Inter-Etatique République du
Cameroun
Université de Yaoundé II
INSTITUT DE FORMATION ET DE
RECHERCHE DEMOGRAPHIQUES
27e promotion Année
Académique 2006-2007
APPARTENANCE
SOCIOCULTURELLE ET
SCOLARISATION DES ENFANTS
AU BURKINA FASO
MEMOIRE DE FIN D'ETUDE
Présenté et soutenu
par : Lonkila Moussa ZAN
Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes
Supérieures Spécialisées en Démographie
(DESSD) Option : Administration et Gestion des
Programmes de Population (AGPP)
Jury :
- Dr. Hélène KAMDEM
(Présidente) - Dr. Samuel NOUETAGNI (Lecteur)
- Pr. Jean WAKAM (Directeur)
Yaoundé, Octobre 2007
Ave~k~ssevve vk
Les opinions émises dans le présent
mémoire sont propres à son auteur et ne sauraient en aucun cas
engager l'Institut de Formation et de Recherche Démographiques
(IFORD).
La présente étude est basée sur les
données issues de l'Enquête Prioritaire 1998,
réalisée par l'Institut National de la Statistique et de la
Démographie (INSD) du Burkina Faso.
DÉM Lcm ces
je manifeste mon infinie
ceconnaissance à eie u gui,
~oujours, m~afait jrâce dans la ~ie.
ela mémoire de monjcère
ârissa zee°
ela mémoire de ma mère 'gita «Charlotte
megocee
tous ceux rui, dejcrès ou loin,
mejcortent dans
leurs ccurs et me soutiennent ;
emesfrères et scurs rui,
toujours, ont mis leur confiance en
moi ;
etous ceux ~ui me sont c%ers ;
~edédie ce mémoire.
~evv,erci,evv,e1A,t.s
.Not~e (a~mation à l'.7notitut de gotmation et de
Xechexche Démogiaphiqueo (.75aXD) oe te/mine pat la p~éoentation
de ce m~deote t~avail de techexche qui ne tep~éoente qu'une infime
pattie de ce que noua avono apptio à l'inotitut. .Nouo ne lui en oeutno
jamaio aooe.z teconnaiooant, main noua fatmulono noo teme/ciementa à
tout M~n peue~nnel adminiottatif et enceignant, en patticulie4 $
au ffltafeooeuit Evina axa.M et l'adminiottateu~ E.
'u~tin atEDXacça qui n'ont ménagé aucun e~~att pou~ le bon
déroulement de ceo deux année) de fa~mation dont ce t~avail eot
un indicateut .
au p~afeooeut 'ean'%M.M pou~ Mn objectivité, oa
tigueux ocientifique et méthodologique que Pévèle con
humaniome généteucc.
au Docteu~ Samuel .NatEf"1"aç.N.7 et au Docteu~
fflatfait .M. E. E.NlEçlE pou~ avai accepté la lectu~e et la
telectute de ce document.
.N temexciemento vont à toua ceux qui, de
ptèo ou de loin, ont conteibué à la téalioation de
ce tuavail. .Noua penoono patticuliè~ement $
a laditection de l'.7notitut .National de la Statiotique
et de laDémwgiaphie (.7.NSD) et à la di ection du ffltajet de
Développement du Sgetème Statiotique .Nationale (fflDSS.N) qui
ont conotitué leo p~omwteuto de notee (a~mation.
a .Monoieut %damaf"1".7E.NDXEDE(ç~ de l '.7.NSD
qui o'eot inveoti pou~ noua pexmettte d'obteni leo donnée) de cette
étude.
a tou~ leo étudianto de la 25ème
et 26ème p~amatian de l'.75fXD pou~ leo conoeilo
d'aînée, dont noua avono Bénéficiée au cou~a
de n~tue (a~mation.
a tou~ leo étudianto de la 27ème
p~amatian, n~tamment ceux qui ont étudié la ocalatioation, pou~
l'atmwophè~ec~nviviale et ~~ate/nelle d'étude, de t~avail et
d'échangeo dan) laquelle noua avono vécu.
Liste des sigles, acronymes et
abréviations
|
ACP : Analyse en Composantes Principales
BAC : Baccalauréat
BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle
BIT: Bureau International du Travail
CAP: Connaissances/Croyances, Attitudes et
Pratiques CEP : Certificat d'Etude Primaire
CEPED: Centre Population et
Développement
CERPOD: Centre d'Etudes et de Recherches sur la
POpulation pour le Développement CICRED: Comité
International de Coopération dans les Recherches Nationales en
Démographie
CFA : Communauté Financière
Africaine
CM : Chef de Ménage
CONAPO : Conseil National de la Population
DESSD: Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en Démographie DSA:
Dimensions Sociales de l'Ajustement
EDSBF : Enquête Démographique et de
Santé du Burkina Faso ENEP : Ecole Nationale des
Enseignants du Primaire
ENSEA: Ecole Nationale Supérieure
d'Economie Appliquée EP: Enquête Prioritaire sur
les conditions de vie des ménages EPT : Education Pour
Tous
FASAF : FAmille et Scolarisation en AFrique
FNUAP : Fond des Nations Unies pour les
Affaires de Population IFORD: Institut de FOrmation et de
Recherche Démographiques INA : Institut National
d'Alphabétisation.
INED: Institut National d'Etudes
Démographiques
INSD : Institut National de la Statistique et de
la Démographie IP : Indice de Parité
IRD: Institut de Recherche pour le
Développement (ex ORSTOM) MASSN : Ministère de
l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale MEBA :
Ministère de l'enseignement de Base et de l'Alphabétisation
MESSRS : Ministère des Enseignements
secondaire, Supérieurs et de la Recherche Scientifique
ORSTOM : Office de Recherche Scientifique pour
les Territoires d'Outre Mer. PAS : Programme d'Ajustement
Structurel
PDDEB : Plan Décennal de
Développement de l'Education de Base PIB : Produit
Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement PUF: Presses Universitaires de France
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitation ROCARE: Reseau Ouest et Centre
Africain de Recherche en Education UEPA: Union pour l'Etude de
la Population Africaine
UERD : Unité d'Enseignement et de
Recherche en Démographie
UNESCO: Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture UNICEF: Fond des Nations
Unies pour l'Enfance
ZD: Zone de Dénombrement
TBS : Taux Brut de Scolarisation
TNS : Taux Net de Scolarisation
Avertissement i
Dédicaces ii
Remerciements iii
Liste des sigles, acronymes et abréviations iv
Table des matières v
Liste des tableaux vii
Liste des figures et graphiques viii
Résumé ix
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE 5
1.1 Présentation générale du Burkina Faso
5
1.2 Caractéristiques socioculturelles 6
1.2.1 Caractéristiques ethniques 6
1.2.2 Caractéristiques religieuses 7
1.2.3 Caractéristiques socio linguistiques 8
1.3 Caractéristiques du système éducatif
8
1.3.1 Etat et structure du système éducatif 9
a- L'éducation formelle 9
b- L'éducation non formelle : Alphabétisation
9
1.3.2 Les faiblesses du système scolaire 10
Conclusion partielle 10
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE 12
2.1 Revue de la littérature 12
2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre scolaire
12
a- Sa disponibilité 13
b- Son accessibilité 13
2.1.2 Les facteurs démographiques. 14
a- La taille du ménage 14
b- La structure du ménage 14
c- Le sexe du chef de ménage 15
d- Le sexe de l'enfant 15
e- Le statut familial de l'enfant 15
2.1.3 Les facteurs économiques 16
a- Le niveau de vie du ménage 16
b- La théorie du capital humain 16
c- Des modes de production, pauvreté et logiques
scolaires 17
2.1.4 L'approche sociologique 19
a- L'école : facteur d'intégration sociale 19
b- L'école : facteur de reproduction sociale 20
2.1.5 L'approche par les facteurs socioculturels 21
a- Un aperçu sur l'importance du concept de «
socioculturel » en démographie 21
b- L'impact des facteurs socioculturels sur l'éducation
22
2.1.6 Synthèse : Importance et orientation
générale de l'étude 25
2.2 Cadre conceptuel et hypothèses de l'étude 26
2.2.1 Schéma conceptuel et hypothèses de
l'étude 26
2.2.2 Définitions des concepts 27
Conclusion partielle 29
CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS METHODOLOGIQUES
30
3.1 La source de données 30
3.1.1 L'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des
ménages de 1998 30
3.1.2 L'échantillonnage 31
3.1.3 Le questionnaire 31
3.2 Cadre analytique 32
3.2.1 Les variables d'analyse 32
a- La variable dépendante 32
b- Les variables indépendantes 32
3.2.2 Schéma d'analyse 35
3.3 Evaluation de la qualité des données 36
3.3.1 Evaluation des taux de non-réponse 36
3.3.2 Evaluation de la qualité des données sur
l'âge 37
a- La méthode graphique 37
b- Les méthodes statistiques : l'indice de Whipple et de
Myers 38
c- Qualité des données sur l'âge de la
population cible 39
3.4 Méthode d'analyse 41
3.4.1 Analyse descriptive 41
3.4.2 Analyse explicative 41
a- Présentation du modèle 41
b- Justification du modèle 42
c- Principes et interprétation de la méthode 42
Conclusion partielle 43
CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES ENFANTS AGES DE 6 A 14
ANS ET
ANALYSE DIFFERENTIELLE DE LEUR SCOLARISATION
44
4.1 Caractérisation des enfants de 6-14 ans selon l'ethnie
et la religion 44
4.1.1 La répartition selon le milieu de résidence
44
4.1.2 La répartition selon le niveau d'instruction du chef
de ménage (CM) 45
4.1.3 La répartition selon de niveau de vie du
ménage 46
4.1.4 La répartition selon le sexe du chef de
ménage (CM) 47
4.2 Analyse différentielle de la scolarisation des enfants
de 6-14 ans 48
4.2.1 Estimation du niveau de la fréquentation scolaire
48
a- Taux de fréquentation scolaire des enfants de 6-14
ans. 49
b- Taux de scolarisation au primaire. 50
c- Espérance de vie et de survie scolaire des enfants de
6-14 ans. 51
4.2.2 Scolarisation différentielle selon l'appartenance
socioculturelle du chef de ménage 53
a- Différences selon le sexe de l'enfant 53
b- Différences selon le milieu de résidence 54
c- Différences selon le niveau d'instruction du CM 55
d- Différences selon le niveau de vie du ménage
56
e- Différences selon le sexe du CM 57
Conclusion partielle 58
CHAPITRE 5 : ETUDE EXPLICATIVE DE LA SCOLARISATION
SELON
L'APPARTENANCE SOCIOCULTURELLE 60
5.1 Appartenance ethnique et scolarisation 60
5.1.1 Généralités 60
5.1.2 Influence de l'ethnie sur la scolarisation 62
a- Influence selon le sexe de l'enfant 63
b- Influence selon le milieu de résidence 64
c- Influence selon le niveau d'instruction du CM 66
d- Influence selon le niveau de vie du ménage 68
5.2 Appartenance religieuse et scolarisation 68
5.2.1 Généralités 68
5.2.2 Influence de l'appartenance religieuse sur la scolarisation
71
a- Influence selon le sexe de l'enfant 71
b- Influence selon le milieu de résidence 72
c- Influence selon le niveau d'instruction du CM 73
d- Influence selon le niveau de vie du ménage 75
Conclusion partielle 75
SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE 77
BIBLIOGRAPHIE 81
ANNEXE I
Tableau 3.1 : Taux de réponse des variables
37
Tableau 3.2 : Indices de Whipple et de Myers
39
Tableau 3.3 : Taux de scolarisation des enfants de 6
à 14 par âge et par sexe 40
Tableau 4.1 Répartition des enfants de 6-14 ans
selon l'appartenance ethnique, religieuse et le milieu
de résidence 45 Tableau 4.2 :
Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique,
religieuse et le niveau
d'instruction du CM 45 Tableau 4.3 :
Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique,
religieuse et le niveau
de vie du ménage 46 Tableau
4.4 : Répartition des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique,
religieuse et le sexe du
chef de ménage (CM) 47 Tableau
4.5 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon le sexe,
l'appartenance ethnique et
religieuse du chef de ménage 50
Tableau 4.6 : Taux de scolarisation au primaire selon
l'appartenance ethnique et religieuse 50
Tableau 4.7 : Espérance de vie et de survie
scolaire des enfants entre 6 et 14 ans selon l'appartenance
ethnique et religieuse du chef de ménage (CM)
52 Tableau 4.8 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et
le sexe de l'enfant 53 Tableau 4.9 :
Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnie,
religieuse et le
milieu de résidence 55 Tableau
4.10 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance
ethnique, religieuse
et le niveau d'instruction du chef de ménage
56 Tableau 4.11 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse
et le niveau de vie du ménage
57 Tableau 4.12 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse
et le sexe du CM 58 Tableau 5.1 :
Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans
selon
l'appartenance ethnique du CM
61 Tableau 5.2 : Rapport de chances de fréquentation
scolaire des enfants de 6-14ans par sexe en fonction
de l'appartenance ethnique 63 Tableau
5.3 : Rapport de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14
ans par milieu de
résidence en fonction de l'appartenance ethnique
65 Tableau 5.4 : Rapport de chances de fréquentation
scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau
d'instruction du CM en fonction de l'appartenance
ethnique 67 Tableau 5.5 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon
l'appartenance religieuse du CM
70 Tableau 5.6 : Rapport de chances de fréquentation
scolaire des enfants de 6-14 ans par sexe en
fonction de l'appartenance religieuse
72 Tableau 5.7 : Rapport de chances de fréquentation
scolaire des enfants de 6-14 ans par milieu de
résidence en fonction de l'appartenance religieuse
73 Tableau 5.8 Rapport de chances de fréquentation
scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau
d'instruction du CM en fonction de l'appartenance
religieuse 74
Tableau A.1 : Variables retenues pour la construction de
l'indicateur du niveau de vie du ménage II
Tableau A.2 : Taux de réponse des variables
utilisées pour la construction de l'indicateur du niveau de
vie III
Tableau A.3 : Répartition des ménages selon
leurs caractéristiques et leur niveau de vie IV
Tableau A.4 : Les variables d'analyse et leurs
modalités IV
Tableau A.5 : Rapport de chances de fréquentation
scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie
du ménage selon l'appartenance ethnique
VI Tableau A.5 (suite) : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau
de vie du ménage selon l'ethnie
VII Tableau A.6 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de
vie
du ménage selon l'appartenance religieuse
VIII
Liste des figures et graphiques
|
Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation des
groupes ethniques 7
Figure 2.1 Schéma explicatif du cadre conceptuel
27
Figure 3.1 : Schéma explicatif du cadre d'analyse
36
Graphique 3.1 : Courbe représentative de la
population par âge 38
Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la population
38
Graphique 4.1 : Taux de scolarisation des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique du chef de ménage (CM)
49 Graphique 4.2 : Taux brut et net de scolarisation au
primaire au Burkina Faso selon l'appartenance
ethnique du chef de ménage (CM) 51
Graphique 4.3 : Espérance de vie et de survie
scolaire des enfants de 6-14 ans 52
Dans un contexte socioculturel doté de trois grandes
religions et d'une soixantaine d'ethnies, le Burkina Faso est l'un des pays en
développement où le taux de scolarisation reste encore faible.
Même si les avis sont partagés sur les causes de cette
sous-scolarisation qui peuvent être socioéconomiques et
sociodémographiques, nous pensons que la scolarisation est
indubitablement influencée par les perceptions socioculturelles. Partant
de cette hypothèse, cette étude se propose comme objectif
d'examiner les inégalités entre ethnies et entre religions en
matière de scolarisation des enfants âgés de 6 à 14
ans tout en essayant de comprendre si l'influence de l'ethnie ou de la religion
est déterminante sur la scolarisation des enfants au Burkina Faso.
De cette étude basée sur l'Enquête
Prioritaire sur les conditions de vie des ménages de 1998 d'une part et
d'autre part sur l'analyse différentielle et explicative, il ressort
notamment que :
· Il existe effectivement des disparités entre
groupes socioculturels : l'appartenance aux ethnies Bissa, Dioula,
Gourmantché, Lobi, Peulh et Sénoufo de même qu'à la
religion animiste, et dans une moindre mesure musulmane, prédispose
à une moindre scolarisation ;
· L'ethnie et la religion des parents ou du tuteur
déterminent effectivement la scolarisation des enfants. Toutefois, cette
détermination varie selon certaines caractéristiques
démographiques et économiques des parents. L'influence de
l'ethnie et de la religion reste moins déterminante en milieu urbain et
chez les enfants issus de ménages aisés et nulle chez ceux dont
les parents ont un niveau d'instruction élevé.
Si tu donnes un poison à quelqu'un, il aura de
quoi faire un repas. Si tu lui apprends à pêcher, il aura de quoi
manger sa vie durant. Si tu fais des projets pour un an, sème. Si tu
fais des projets pour dix ans plante un arbre. Si tu fais des projets pour cent
ans de distance, éduque le peuple. En plantant un arbre, tu
récolteras dix fois plus, en éduquant le peuple, tu
récolteras cent fois plus.
Kuan-tsu1
L'éducation, dont l'intérêt ressort de
cet épigraphe, reste un droit inaliénable et reconnu pour tous.
Tout être humain a besoin d'une éducation qui doit lui inculquer
le mode de vie de ses géniteurs pour la vie et la survie de la
société.
La nécessité d'une éducation
répondant aux attentes de la société n'est plus à
démontrer au 21e siècle. Mais remarquons simplement
que cette nécessité a été formulée dans la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme adoptée et
proclamée le 10 décembre 1948. Quarante ans plus tard, se tiendra
à Jomtien2 en Thaïlande, sous l'égide du PNUD,
l'UNESCO, le FNUAP, l'UNICEF et la Banque Mondiale, une conférence sur
l'éducation de base. Tout en réaffirmant le droit de tout homme
à l'éducation, cette conférence a mis l'accent sur
l'éducation de base qui reste une des grandes priorités du
développement. En l'an 2000, après le constat des maigres
avancées, le cadre d'action de Dakar a fixé de nouveaux objectifs
en matière d'éducation pour tous (EPT) et reporté son
échéance en 2015.
Par ailleurs, l'éducation est une condition
essentielle et un atout pour le développement socio économique
d'un pays. Elle se présente aujourd'hui, à l'ère de la
numérisation, comme une condition indispensable à l'apprentissage
du savoir, du savoir faire et de l'accès à l'information,
conditions essentielles pour la construction d'un mieux être. Elle
constitue aussi une étape préliminaire à la lutte contre
la pauvreté et le sous développement, en particulier dans les
pays les moins avancés. A l'ère de la modernisation et de la
démocratisation, savoir lire et écrire favorise l'accès
à l'information et donne une plus grande liberté de choix et
d'expression. Cela constitue une base première à
l'éclosion
1 Cité par Apollo Rwomire dans «
Education et développement : perspectives africaines » in
perspectives, vol. XXII, n°2, 1992 (82) p. 261.
2 Le programme Education Pour Tous (EPT),
inauguré à la Conférence Mondiale sur l'éducation
de Jomtien (Thaïlande) en 1990 sous l'égide de l'UNESCO, se donnait
pour objectif d'offrir à tous les enfants, garçons et filles, la
possibilité d'accéder à un cycle complet d'enseignement
primaire en l'an 2000.
d'un Etat de droit et de démocratie où
l'information est disponible pour tous et accessible à tous. C'est
pourquoi l'éducation a toujours été une priorité
nationale au Burkina Faso. Les grandes orientations de l'application de
l'éducation sont mentionnées dans la loi N°
013/96/ADP3 portant Loi d'orientation de l'éducation. Une
partie de l'article 2 de cette loi mentionne en effet que : «
L'éducation est une priorité nationale. Tout citoyen a droit
à l'éducation sans discrimination fondée sur le sexe,
l'origine sociale, la race et la religion»
En dépit des efforts consentis par l'Etat pour
promouvoir l'enseignement de base, la population scolaire reste une faible
proportion de la population scolarisable compte tenu du rythme d'accroissement
rapide de celle-ci. L'accès à l'enseignement formel reste
très faible au Burkina Faso où, seulement deux enfants en
âge d'aller à l'école sur cinq accèdent au
système scolaire. L'atteinte de l'objectif « éducation pour
tous » est loin d'être une réalité au Burkina Faso
comme en témoigne les faibles taux de scolarisation et
d'alphabétisation (en 2003 le Taux Brut de Scolarisation était de
47,5% et le Taux d'alphabétisation des plus de 15 ans était de
21,8%)4. Cela pourrait être dû au moins à deux
problèmes : d'une part l'insuffisance (en quantité ou en
qualité) de l'offre scolaire qui conditionne très souvent
l'accès à l'école ; d'autres part, l'on note une
insuffisance de la demande scolaire qui dénote un manque de motivation
de la part des populations en ce qui concerne la scolarisation des enfants.
Quoi qu'il en soit, cette situation de sous scolarisation peut compromettre les
efforts de développement socio-économique.
De ces constats, il ressort que la scolarisation peut
dépendre non seulement des caractéristiques
socioéconomiques, sociodémographiques et individuelles des
parents5 et de l'enfant (selon des auteurs comme Wakam, Pilon,
Kobiané, Yaro, Marcoux et Lange) mais, elle peut aussi dépendre
de leurs attributs socioculturels (selon des auteurs comme Gérard,
Rwehera, Hydre et Kobiané) dans la mesure où, les groupes
socioculturels ont une manière différente de percevoir
l'éducation et d'apprécier les tenants et les aboutissants de
l'éducation formelle. Il est donc nécessaire que l'on
s'intéresse aux disparités socioculturelles en matière de
scolarisation en y recherchant les causes de la sous scolarisation. L'ethnie et
la religion sont des caractéristiques socioculturelles, susceptibles
d'être des facteurs déterminants dans l'explication des
disparités en matière de scolarisation. D'une manière
générale, les facteurs socioculturels, par la
détermination des
3 Voir le `'Rapport national sur le
développement de l'éducation au Burkina Faso»
4 Source : Direction des Etudes et de la
Planification / Ministère de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation
5 Ici, le mot `'parents» ne désigne pas
uniquement les parents biologiques de l'enfant, mais renvoie aussi au tuteur ou
tout simplement au chef de ménage.
comportements individuels et collectifs, influencent
diversement les phénomènes démographiques notamment en
Afrique comme l'a remarqué Diakanda (1980)6 en ce qui
concerne l'ethnie : « L'ethnie apparaît ainsi comme une des
variables cruciales dans l'étude de la réalité sociale des
pays africains dont la population est généralement
composée de plusieurs groupes culturels »
Il s'impose donc une analyse contextuelle des
différences en matière de scolarisation suivant les composantes
sociales et socioculturelles. Car comme le disent Frank D. Bean et W. Parker
Frisbie (cités par Sala-Diakanda, 1980) : « Pour bien
comprendre et maîtriser une dynamique nationale, il est impératif
de connaître les dynamiques démographiques spécifiques des
sous groupes homogènes composant chaque ensemble national.
»
De même que l'ethnie, la religion peut influencer les
comportements démographiques dans la mesure où elle est
caractérisée par un ensemble de croyances et de pratiques d'une
part et de l'autre, par l'union dans une même communauté de ceux
qui partagent une même foi.
Ces considérations nous conduisent à mener une
réflexion sur l'influence de l'appartenance socioculturelle sur la
scolarisation des enfants. C'est pourquoi nous allons chercher à
répondre aux questions suivantes :
· Existe-t-il des différences de scolarisation des
enfants selon l'appartenance socioculturelle des parents ou du tuteur au
Burkina Faso ?
· L'appartenance socioculturelle des parents ou du tuteur
est-elle déterminante pour la scolarisation des enfants au Burkina Faso
?
Pour répondre à ces questions, cette étude
se propose d'atteindre les objectifs suivants :
6 Dans sa thèse « Approche ethnique des
phénomènes démographiques : Le cas du Zaïre
[République Démocratique du Congo] » p. 12. Il signale
« qu'au colloque de démographie africaine à Abidjan (22-26
janvier 1979) il a été reconnu que `'la réalité
ethnique est inscrite sur le terrain et que ce concept ne peut être
ignoré en démographie, même si (comme les autres concepts)
sa définition n'est pas toujours aisée»
Objectif général
Contribuer à améliorer les connaissances de
l'influence des caractéristiques socioculturelles sur la scolarisation
des enfants dans le but de contribuer à améliorer le niveau de la
scolarisation au Burkina Faso.
Plus spécifiquement, nous essayons d'atteindre les deux
objectifs suivants :
Objectifs spécifiques
~ Estimer les variations du niveau de scolarisation des enfants
selon les caractéristiques socioculturelles des parents ou du tuteur.
~ Evaluer et expliquer l'influence de l'appartenance
socioculturelle sur la scolarisation des enfants.
Pour répondre à ces questions et atteindre les
objectifs, nous avons structuré cette étude en cinq chapitres. Le
premier chapitre a pour rôle, entre autres, de présenter le
contexte et la justification du problème. Il est suivi par l'approche
théorique utilisée pour circonscrire et appréhender le
problème. Ensuite dans le troisième chapitre, sont
présentés les données, le cadre et la méthode
d'analyse des données. L'analyse différentielle de la
scolarisation en fonction des différentes caractéristiques des
enfants fait l'objet de l'avant dernière section, tandis que la
dernière partie du document est consacrée à une
étude explicative des disparités observées entre
appartenances socioculturelles en matière de scolarisation
CHAPITRE I : CONTEXTE DE L'ETUDE
|
|
Ce chapitre introductif a pour objet de présenter les
aspects contextuels du Burkina Faso qui pourraient avoir une influence sur la
scolarisation ou sa perception socioculturelle. Après une
présentation générale du pays, cette section met en
exergue, d'abord les caractéristiques socioculturelles et ensuite les
caractéristiques de l'éducation au Burkina Faso.
1.1 Présentation générale du
Burkina Faso
Le Burkina Faso (ex. Haute-Volta), situé au coeur de
l'Afrique Occidentale avec une superficie de 274 000 Km2, est limité au
Nord et à l'Ouest par le Mali, au Sud par la Côte d'Ivoire, le
Ghana, le Togo et le Bénin et à l'Est par le Niger. Depuis son
indépendance en 1960, le pays a connu une histoire politique
mouvementée jusqu'en 1991, avec l'avènement de la
démocratie qui a favorisé l'éclosion de la liberté
d'expression, de l'initiative privée dans divers secteurs de la vie
nationale notamment celui de l'éducation (MEBA, 2007). Cela a permis la
mise à la disposition des populations des infrastructures
éducatives privées, venant en aide aux moyens limités de
l'Etat.
Avec plus de 10 Millions d'habitants en 1998, (10.597.377
habitants d'après une estimation de l'INSD, 1998), le Burkina Faso est
un des États les plus peuplés d'Afrique de l'Ouest. Le pays est
l'un où le taux de natalité reste encore élevé. Ce
qui est à l'origine de la prédominance des jeunes dans la
structure par âge de la population d'où une forte proportion de la
population scolarisable.
Le milieu urbain burkinabé est faiblement peuplé
mais abrite de plus en plus de personnes. En 2000, le taux d'urbanisation
était de 16% (Kobiané, 2001. cité par Guison, 2004) tandis
que plus de 84% de la population vit en milieu rural où les conditions
d'accès à l'offre sont difficiles.
L'économie est caractérisée par
l'existence d'un secteur traditionnel de subsistance encore très
répandu et d'un secteur moderne d'échanges tourné vers
l'extérieur. Elle est aussi caractérisée par la
prédominance du secteur primaire liée à une faible
urbanisation tandis que le secteur secondaire représente moins de 18 %
de la valeur ajoutée totale (CONAPO, 2000). La prédominance du
secteur primaire, notamment celui de l'agro-
pastoral, serait une des causes du travail des enfants qui
provoque leur non scolarisation et/ou leur déscolarisation.
1.2 Caractéristiques socioculturelles
Au Burkina Faso, il existe trois grands groupes religieux :
les animistes, les chrétiens et les musulmans. On y dénombre
aussi une soixantaine d'ethnies parlant presque autant de
langues7.
1.2.1 Caractéristiques ethniques
Le Burkina Faso compte une multitude de groupes ethniques
ayant des cultures différentes. Il regroupe une soixantaine d'ethnies
dont les principaux groupes sont : les Mossi (48 %); les Peulh (10,4 %), les
Lobi (7 %), les Bobo (6,8 %), les Mandé (6,7 %), les Sénoufo (5,3
%), les Gurounsi (5,1 %), les Gourmantché (4,8%), et les Touareg (3,3 %)
et les autres ethnies représentent 2,6 % de la population (Zoundi,
2006).
Tous ces peuples, malgré leur diversité,
partagent un fond démo-culturel commun (CONAPO, 2000), appartiennent
pratiquement toutes à la famille nigéro-congolaise,
répartie en trois groupes (Ouest-atlantique, mandingue et gur) (MEBA,
2007). Mais ils diffèrent en ce qui concerne leur culture et leur
organisation socioéconomique et politique. En ce sens, on peut
distinguer trois grands groupes ethniques (Guison, 2004) :
· les ethnies organisées autour d'un chef de village
: Mossi, Gourmantché ;
· les ethnies structurées selon le lignage et
hiérarchisées autour d'un chef de clan : Bobos, Bwa, Gourounsis,
Lobi, Samo ;
· les ethnies nomades ou transhumantes, localisées
plus à l'est et au Nord : Peulh, Touareg.
« Dans de nombreuses communautés ethniques du
Burkina il existe des rites d'initiation qui sont des étapes et des
parcours dans l'éducation et la formation de l'individu au sein de la
société traditionnelle. Ces rites remontent presque toujours aux
mythes fondateurs et sont intimement liés à la cosmogonie. Les
corps, l'esprit et l'âme sont concernés par ces rites qui visent
à former l'individu dans son être global. L'initié
reçoit un véritable enseignement sur les choses et la vie,
accède à des codes et fait
7 Parmi les critères classiques de
différenciation ethnique (linguistique, historique, culturel etc.), la
langue est le critère le plus utilisé par les ethnologues
l'apprentissage de la responsabilité, de l'esprit
de corps, du courage, de l'humilité, de la solidarité et de
l'honneur. Parmi ces jeunes initiés du pays gourmantché
âgés de 10 à 25 ans, il y a des citadins et des ruraux, des
élèves et des travailleurs. Tous sont égaux devant cette
école de la vie. Ils vont y acquérir des connaissances,
adhérer à une éthique et surtout partager une
mémoire. »8
Les différences entre les modes d'organisation et les
perceptions de l'éducation propres à chaque ethnie peuvent
être des sources d'inégalités entre elles en matière
de scolarisation. C'est ce qui fait l'objet de cette étude. Mais avant
d'en arriver là, remarquons qu'étant de 22%9
(Kobiané, 2001b), le taux de scolarisation des enfants âgés
de 6-14 ans en milieu rural connaît d'énormes disparités
inter ethniques : il est plus élevé chez les Gourounsi, 37% et
chute à 6% chez les Lobi en passant par 31% pour les Samo et 25% pour
les Mossi, comme le montre le graphique 1.1
ci-dessous.
Graphique 1.1 : Variation des taux de scolarisation
des groupes ethniques
|
Taux de scolarisation des enfants de 6-14 ans en milieu
rural burkinabé suivant l'appartenance ethnique
40
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35 30 25 20 15 10 5 0
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Ethnies
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Source : (Kobiané, 2001b)
1.2.2 Caractéristiques religieuses
Le pays des hommes intègres, à l'instar de ses deux
grands voisins (Le Mali et Le Niger) a une population qui, dans sa
majorité demeure musulmane. L'Islam est pratiquée
8 Le texte ci-dessous comme tous les documents de cette page sont
tirés du film documentaire "le Burkina Faso" de Gaston Kaboré,
sur le site
http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet
9 Ce taux est calculé sur la base des
données de l'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie des
ménages de 1994.
par 52.4% de la population. Les animistes,
dévoués à la religion traditionnelle, forment 25.9% de la
population tandis que le Catholicisme et le Protestantisme entretiennent la foi
respectivement de 17.6% et 3.1% de la population. « L'Animisme demeure
très largement présent dans le pays, malgré les
avancées notables de l'Islam et du Christianisme. C'est la religion la
plus influente. Fétiches, sacrifices et rituels continuent d'exister
même chez les musulmans et les chrétiens. L'Animisme donne une
âme à tous les phénomènes naturels. Chaque ethnie
possède ses propres Dieux ou génies. Ainsi dans bien des lieux,
tel ou tel animal est traditionnellement le fétiche ou animal
sacré de ses habitants. Pour rien au monde on ne porterait la main ou on
ne mangerait de cet animal, qui quelques kilomètres plus loin est
consommé depuis toujours. »10
1.2.3 Caractéristiques socio
linguistiques
Les langues locales sont d'une grande importance dans
plusieurs secteurs de la vie des Burkinabé bien que le statut de langue
officielle fait en sorte que le français, qui n'est compris que par 20%
de la population, pèse progressivement dans la vie sociale et
économique du pays. La mosaïque des langues dans le pays justifie
le recours à une langue de communication inter ethnique (MEBA, 2007).
Parmi la cinquantaine de langues parlées, trois langues ont eu le statut
de langues nationales. Il s'agit du « mooré » qui est la
langue véhiculaire à Ouagadougou, du « dioula » et du
« fulfundé ». Le mooré est la langue la plus
répandue. Parlée par 53 % de la population du Burkina, elle est
surtout parlée par les Gourounsis et les Mossis. Le dioula (8,8%),
dérivé du « bambara », est la langue du commerce, c'est
la langue véhiculaire de l'Afrique de l'Ouest, connue et utilisée
historiquement du Sénégal au Nigeria par tous les
commerçants. Le foulfouldé, aussi appelé poular ou peulh,
est la langue des Peulh, elle est parlée par plus de 6,6 % de la
population (MEBA, 2007).
1.3 Caractéristiques du système
éducatif
L'un des éléments fondamentaux de contexte d'un
pays quand on parle de scolarisation est sans doute son système
éducatif dont il importe de commenter certains aspects. Les aspects du
système éducatif du Burkina Faso qui seront
présentés ici concernent la structure du système
d'éducation et ses limites.
10 Extrait de la page :
http://kibare.club.fr/bproj5ab.htm#sommet
1.3.1 Etat et structure du système
éducatif
Le système éducatif du Burkina Faso comprend deux
grands types d'enseignements à savoir l'éducation formelle et
l'éducation non formelle.
a- L'éducation formelle
Elle concerne l'ensemble des personnes inscrites dans le
système formel c'est à dire scolarisées dans les
établissements reconnus par les ministères de tutelle de
l'éducation. Elle est structurée en plusieurs types
d'enseignement : l'enseignement de base, l'enseignement secondaire, la
formation professionnelle et technique et l'enseignement supérieur.
L'enseignement de base au Burkina comprend l'éducation
préscolaire qui concerne les enfants de 3 à 6 ans et comporte un
cycle unique de 3 ans et l'enseignement primaire qui comprend les cours
préparatoires (CP1 et CP2), les cours élémentaires (CE1 et
CE2) et les cours moyens (CM1 et CM2) et concerne les enfants de 6 à 13
ans.
L'enseignement secondaire comprend deux cycles
généraux : le collège et le lycée.
L'élève entre au secondaire à l'âge de douze ans par
le premier cycle qui correspond au Collège. Ce premier cycle dure quatre
ans tandis que le second cycle occupe trois ans. Toutefois il existe des cycles
professionnels et techniques dont l'entrée se situe à la fin du
premier cycle de collège.
L'enseignement supérieur reçoit les
étudiants de 20 ans ou plus. Son accès est conditionné par
l'obtention du BAC qui achève le cycle secondaire. Le taux de
scolarisation à ce niveau demeure faible avec 0,75 % en 1998-1999,
surtout depuis que le nombre de bourses accordées aux étudiants a
été contingenté. (CONAPO, 2000).
b- L'éducation non formelle :
Alphabétisation
En vertu de la loi n° 013/96/ADP portant loi
d'orientation de l'éducation, le français et les langues
nationales sont les langues d'enseignement : tandis que d'autres langues
(l'Anglais, l'Allemand, l'Arabe) sont utilisées comme disciplines
d'enseignement.
Le système non formel comprend :
· les Centres Permanents d'Alphabétisation et
de Formation (CPAF) ouverts à la population âgée de 15-50
ans et qui disposent de manuels dans environ 22 langues maternelles ;
· les Centres d'Éducation de Base Non Formelle
(CEBNF) ouverts aux jeunes non scolarisés ou
déscolarisés âgés de 10 à 15 ans pour un
cycle de 4 ans;
· les Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs
(CFJA) qui accueillent les jeunes de 15-18 ans.
Le taux d'alphabétisation est très bas. Il
était de 27 % en 1998 (CONAPO, 2000) alors que le seuil selon l'UNESCO
pour qu'un pays puisse amorcer son développement est de 40 %.
L'accès à l'alphabétisation est marqué par
d'énormes disparités entre régions et milieux d'une part,
et entre sexes et groupes sociaux d'autre part.
1.3.2 Les faiblesses du système
scolaire
Le système éducatif du Burkina Faso
connaît beaucoup de difficultés dans son fonctionnement.
Malgré les efforts d'investissements des secteurs publics et
privés, ce dernier est caractérisé par une offre scolaire
insuffisante (En 1998-1999, 70% des enseignants étaient des instituteurs
adjoints dont 35% seulement étaient titulaires d'une certification)
(CONAPO, 2000). Il s'ensuit un faible rendement interne11 et de fait
il n'arrive pas à répondre aux attentes des
bénéficiaires. D'après le rapport final de l' `'Analyse
des résultats de l'Enquête Burkinabé sur les conditions de
vie des ménages», `'les raisons de l'insatisfaction
vis-à-vis de l'école sont, par ordre décroissant
d'importance : l'absence ou l'insuffisance des livres et des fournitures
scolaires (73,1%), le manque d'enseignants (15,9%), la qualité de
l'enseignement (15,4%), la qualité de l'établissement (7,4%) et
d'autres raisons non précisées (8,0%). L'importance de ces
raisons varie surtout selon le milieu de résidence, les
élèves du milieu rural se plaignant plus du manque de livres et
de fournitures scolaires et ceux du milieu urbain se plaignant plus de la
qualité de l'enseignement».
Conclusion partielle
Pays en voie de développement, le Burkina Faso se
caractérise par un retard marqué en matière de
scolarisation. Un certain nombre de facteurs d'origine plus ou moins socio-
économique semble favoriser la vulnérabilité du
système éducatif : l'insuffisance quantitative et qualitative de
l'offre éducative, une demande d'éducation souvent faible,
11 Au primaire : Sur 100 entrants au CP1, 39 arrivent en fin de
cycle dont 10 sans redoublement
Au 1er cycle secondaire : Sur 100 entrants en
secondaire, 23 obtiennent le BEPC dont 12 sans redoublement (CONAPO)
etc. Toute chose pouvant être source de marginalisation
d'une frange importante de la population en matière de scolarisation.
Pourtant, il est indéniable qu'en plus d'être un droit universel,
l'éducation est une condition nécessaire au développement
durable. En effet, le développement s'amorce par l'amélioration
de l'accès aux services sociaux de base, notamment l'éducation,
par la majorité de la population. En matière d'instruction et de
scolarisation, les inégalités entre groupes d'appartenance
retardent le développement social et inhibe le développement
humain durable. En plus, la faiblesse de la proportion de la population qui
parle la langue officielle est un corollaire de la sous scolarisation et a pour
conséquence un faible accès à l'information sur le plan
national. Une recherche des solutions à cette situation s'impose avec
acuité, car la résolution de la faible scolarisation n'est
possible dans un état d'ignorance de ses causes. Aussi, une analyse des
caractéristiques et des causes de la faible scolarisation, est-elle
indispensable.
Les causes de la faible scolarisation et des disparités
en matière de scolarisation ont plusieurs facettes comme l'inspire
Ferdinand Rath (1988) : « dans les pays en développement, on
peut déceler les aspects relatifs à l'origine sociale qui
influent sur l'inégalité : la résidence en zone urbaine ou
rurale, le revenu, le sexe, l'ethnicité (l'appartenance tribale)
». Sous cette inspiration, nous allons faire dans le chapitre suivant
une revue de la littérature, tout en critiquant si nécessaire, la
pertinence des explications proposées. Cela nous permettra d'adopter un
modèle conceptuel qui guidera le reste de la réflexion.
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE
|
Pour mieux aborder l'étude des facteurs socioculturels
de la scolarisation, la conception d'un cadre théorique est
indispensable. Nous allons tout d'abord procéder à un examen
critique de la littérature. Cette revue nous permettra non seulement de
prendre connaissance des modèles explicatifs de la scolarisation mais
aussi de les confronter entre eux. Au terme de cette revue, nous allons
élaborer le cadre conceptuel de l'étude.
2.1 Revue de la littérature
Au sens large du terme, l'éducation est l'action des
adultes sur les jeunes pour leur transmettre des connaissances, des aptitudes
et des comportements jugés nécessaires pour une communauté
particulière (Durkheim, 1922). John Dewey donne une définition
moins large du terme en disant que : « l'éducation est
l'inculcation des connaissances et des aptitudes par un groupe professionnel
spécialisé (les enseignants) dans les institutions
spécialisées (les écoles, collèges et
universités)» (Dewey, 1916, p. 9). Cette définition de
J. Dewey semble fonctionnaliste et elle montre que l'éducation devient
une action intentionnelle organisée à l'échelle sociale.
Ainsi, l'éducation sortant du cadre familial et se faisant dans des
écoles devient la scolarisation. La scolarisation se distingue de
l'instruction qui est une acquisition systématique, plus ou moins
approfondie, dans une institution scolaire ou non, du savoir rationnel
basé sur une alphabétisation préalable (Wakam, 2004).
La littérature sur la scolarisation en Afrique
subsaharienne montre que les comportements vis-à-vis de la scolarisation
sont fonction de plusieurs facteurs.
2.1.1 Les facteurs du système scolaire : l'offre
scolaire
Ils jouent un rôle important surtout dans l'explication
des inégalités sexuelles d'accès à l'école.
Ils déterminent l'évolution de la scolarisation par la
disponibilité des infrastructures scolaires qui dépendraient
eux-mêmes des capacités économiques des Etats. L'offre
éducative « comprend non seulement l'infrastructure
éducative, mais aussi le personnel enseignant, le matériel
didactique, le contenu de l'enseignement, etc. Ainsi la proximité des
infrastructures éducatives, mais aussi leurs équipements, leur
accessibilité financière, les qualifications du corps enseignant,
etc. sont autant de facteurs qui peuvent
influencer la propension des familles ou des parents
à envoyer les enfants à l'école ainsi que le choix de
l'école. » (Kobiané, 2002). Cette acception
systémique de l'offre scolaire implique plusieurs facteurs dans la
détermination des attitudes scolaires, de la volonté des parents
à la responsabilité des pouvoirs publics en passant par celle des
enseignants.
a- Sa disponibilité
Très souvent, la capacité d'accueil des
infrastructures et la disponibilité des enseignants tant en
quantité qu'en qualité déterminent l'entrée et le
maintien des élèves à l'école. En qualité,
à travers le contenu de l'enseignement qui jouerait un rôle par
l'adéquation ou non des valeurs et normes propagées avec celles
de la société. En quantité, par la densité et la
distance d'accès aux écoles. Mais il se trouve aussi que
certaines régions enregistrent de faibles taux de scolarisation bien
qu'étant dotées d'infrastructures suffisantes. C'est pourquoi, E.
Gérard (2001) note que « l'offre scolaire est le produit des
politiques étatiques et la demande d'éducation est le fait que
les populations scolarisent leurs enfants ou pas ». Néanmoins,
il revient d'une manière générale que
l'accessibilité géographique de l'école joue un rôle
dans la scolarisation notamment dans celle des filles. Toutefois, en mettant
une analogie entre l'école et le centre de santé, nous pouvons
paraphraser (Vimard, 1984 cité par Akoto, 1993)12 en disant :
la distance physique qui sépare la population de l'école n'est
souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle.
b- Son accessibilité
La demande de scolarisation peut être
conditionnée par l'accès difficile à l'éducation
formelle. En effet, certaines familles ont la crainte d'exposer leurs filles
à des agressions physiques et morales si l'école est très
distante. A côté de cela, il y a aussi la qualité de
l'école et son accessibilité financière (Alderman et al.
2001 cités par Kobiané, 2002) qui pourraient jouer un rôle
de frein à la scolarisation, dans la mesure où certains
ménages, même ayant la volonté de scolariser, manquent de
moyens pour supporter les différents coûts relatifs à la
scolarisation. C'est dire que la disponibilité et le coût de
l'offre scolaire doivent favoriser son accessibilité de sorte qu'il
y'ait une concordance entre les contraintes et les besoins en la
matière.
12Il disait en réalité : «La
distance physique qui sépare la population des services de santé
n'est souvent que de peu d'importance au regard de la distance culturelle
».
Il en résulte donc que l'offre scolaire et son
accessibilité seront influencées par les caractéristiques
économiques et démographiques du pays et de la population.
2.1.2 Les facteurs démographiques.
Ils expliquent l'évolution de la population scolaire
par des variables essentiellement démographiques. Autrement dit, le
changement des effectifs des enfants scolarisés serait tributaire de la
variation des phénomènes démographiques (variation de la
population d'âge scolaire : fécondité, migration) du pays
et de celle des caractéristiques démographiques des
ménages (taille du ménage, structure du ménage par sexe).
Ces facteurs comportent plusieurs dimensions dont la taille du ménage,
la structure par sexe et par âge du ménage, le sexe et le statut
familial de l'enfant.
a- La taille du ménage
En ce qui concerne la taille du ménage, la
littérature tente de montrer le lien qui existe entre la quantité
et la qualité des enfants. Le sens de la relation est très
difficile à établir tant elle varie d'un continent à
l'autre. C'est ainsi que les études réalisées en Asie du
Sud Est aboutissent à une relation négative tandis qu'en Afrique,
au sud du Sahara elle est presque inexistante, sinon positive (Kobiané,
2002). Les théories basées sur les modèles
économiques de la fécondité tendent à justifier une
relation négative entre la qualité et la quantité. Mais
des travaux réalisés en Afrique subsaharienne montrent que la
relation entre le nombre d'enfants et leur scolarisation est positive (Marcoux,
1995).
b- La structure du ménage
La relation entre la structure du ménage et la
scolarisation est loin d'être stable. Elle varie suivant les pays et
dépend fortement des spécificités du contexte. Selon des
travaux sur la structure par âge du ménage, la présence et
le nombre d'enfants à bas âge (moins de 6 ans) affecterait
très peu la scolarisation des enfants de 6-14 ans et toucherait
davantage celle des jeunes de 15-24 ans, et surtout celle des jeunes filles,
à qui serait probablement transférée la
responsabilité de la garde des plus petits (Wakam, 2003). La
présence des femmes adultes et âgées dans les
ménages favorise la scolarisation des enfants des deux sexes tandis que
celle des hommes adultes et âgés tend à réduire la
scolarisation des filles (Wakam, 2003 et Marcoux, 1994). Une tentative
d'explication de ces constats est que les enfants sont souvent retenus à
la maison pour des travaux domestiques. Cela pourrait donc
se résoudre avec l'embauche de domestiques et d'aides
familiales selon les moyens économiques du ménage.
c- Le sexe du chef de ménage
Concernant le rôle joué par le sexe du chef de
ménage, la littérature montre que les enfants qui vivent dans les
ménages dirigés par les femmes, ont plus de chances d'être
scolarisés que ceux des ménages pris en charge par les hommes. Et
cela quel que soit le niveau de vie considéré. Encore surprenant,
Kobiané (1999) montre, à travers une étude à
Ouagadougou, que c'est dans les ménages les plus pauvres que les femmes
ont la plus forte propension à scolariser les enfants que les hommes.
Mais auparavant, Wakam (1998) a montré que la scolarisation est mieux
assurée et de façon moins inégalitaire par les
ménages dirigés par les femmes que ceux dirigés par les
hommes.
d- Le sexe de l'enfant
Dans une société patriarcale, le système
de reproduction sociale est tel que l'on privilégie la réussite
sociale du sexe masculin. Particulièrement pour l'éducation, les
filles sont défavorisées au profit des garçons. Cela s'est
confirmé au Ghana et au Sénégal où, Pilon et
Clevenot (1996) et De Vreyer (1993) ont trouvé que les parents accordent
plus de faveur à la scolarisation des garçons qu'à celle
des filles. Toutefois, le choix du sexe à scolariser pourrait être
conditionné par les capacités économiques, les perceptions
culturelles des parents ainsi que le statut familial de l'enfant.
e- Le statut familial de l'enfant
Selon la littérature, le statut familial des enfants
induit des inégalités de scolarisation entre ceux-ci, de par la
survie ou la présence des parents dans le ménage. Ainsi, les
enfants orphelins d'une part et ceux ayant les parents hors du ménage
sont plus défavorisés en matière de scolarisation (Gouem,
2005). Cependant, il existe certains contextes de familles élargies
où la scolarisation d'un enfant ne dépend pas uniquement de ses
parents biologiques car «dans une famille africaine l'enfant a un ou
plusieurs père et une ou plusieurs mères » (Bledsoe,
1990). Le réseau de parenté intervient donc dans les
décisions à prendre concernant un enfant. Ce réseau peut
avoir des élans économiques pour permettre une solidarité
envers les familles moins aisées en favorisant le `'confiage» ou
l'assistance aux parents. Cependant, Caldwell (1992) a montré que
l'assistance de la famille étendue crée des avantages pour la
scolarisation des enfants et des coûts pour leurs
responsabilités, des coûts d'assurance pour
élever d'autres enfants notamment des jeunes frères, des
nièces, etc.
Les caractéristiques démographiques de la
famille ou du ménage influenceraient donc d'une manière
mitigée la scolarisation de l'enfant. Cela nous fait penser que les
familles auraient chacune une façon de s'adapter à leurs
contraintes en développant des stratégies plus ou moins
favorables à la scolarisation.
2.1.3 Les facteurs économiques
Ils sont de nature à déterminer non seulement
l'accessibilité financière de l'école mais aussi les
motivations en ce qui concerne les choix scolaires. Il s'agit du niveau de
revenu, du capital humain dont la théorie est développée
par les économistes de l'éducation, et des modes de
production.
a- Le niveau de vie du ménage
Le niveau de vie du ménage a une influence sur la
scolarisation des enfants dans la mesure où, la mise de l'enfant
à l'école entraîne certains coûts relatifs aux frais
de scolarisation et des fournitures scolaires. De nombreuses études,
cherchant la relation entre le revenu du ménage et la scolarisation, ont
montré que le taux de scolarisation est positivement lié au
niveau de vie des ménages. Poursuivant dans cette lancée, elles
ont découvert que l'accroissement du niveau de vie est susceptible de
réduire les discriminations sexuelles des enfants en matière de
scolarisation. En outre, plusieurs auteurs comme Pilon (1996), Marcoux (1995)
et Kobiané (2002) ont élucidé la relation entre le niveau
de vie du ménage et la scolarisation. Partant des effets de la crise
économique, ils ont trouvé que la réduction du niveau de
vie a pour conséquence la modification de la structure des
dépenses familiales avec la relégation au second plan de la
scolarisation des enfants. Mais comment donc comprendre que les femmes, qui
sont généralement les plus démunies, soient les plus aptes
à scolariser les enfants ?
b- La théorie du capital humain
Elle a été développée pour
démontrer l'importance de l'éducation et de la formation dans une
économie. C'est d'ailleurs de là qu'est venu le terme de «
demande d'éducation »13. L'éducation est donc
considérée comme un bien économique susceptible,
13
« Faute d'une définition reconnue, nous
proposons de considérer la demande d'éducation comme le produit
d'un ensemble defacteurs (scolaires, économiques, sociaux,
démographiques, politiques, religieux, culturels), que les individus
et
comme tout autre bien économique, d'être offert
et de répondre à une demande. Sa particularité est qu'elle
est immatérielle et susceptible à son tour de produire dès
qu'elle est produite.
D'après la Banque mondiale (1990, cité par Loka
Kongo, 2002), les agriculteurs africains qui ont été à
l'école pendant au moins 4 ans ont une productivité
supérieure d'environ 8% en moyenne par rapport à ceux qui n'y ont
pas été du tout. L'investissement dans l'éducation fait
souvent l'objet de calculs financiers. En effet, les coûts dévolus
à l'éducation dans les ménages constituent l'une des
causes de la non fréquentation scolaire dans les pays africains. Plus
les coûts sont élevés, moins les parents sont
motivés à envoyer les enfants à l'école comme le
constate Rwehera (1999, p. 163) : « La demande scolaire résulte
d'une part des avantages que les familles espèrent tirer de
l'accomplissement du cycle d'étude considéré et, d'autre
part de la proportion des familles qui soient prêtes à accepter
les sacrifices et autres, qu'impose la fréquentation scolaire
».
Ce qui conduit à repenser l'enjeu de l'investissement
en « capital humain ». Faut-il choisir le gain relativement certain
aujourd'hui ou faut-il investir dans un capital humain avec une
espérance de gain futur qui dépendra elle-même des choix
scolaires ? La prise de cette décision dépend certes des
contraintes monétaires, mais elle relève surtout du social et du
culturel. En ce sens, l'objectif des familles ne serait pas uniquement de
maximiser les revenus futurs potentiels de l'enfant, mais de lui donner une
éducation dans l'optique de la production des biens de subsistances et
de la reproduction sociale du groupe d'appartenance.
c- Des modes de production, pauvreté et logiques
scolaires
Cette approche stipule que la scolarisation de l'enfant
dépend du mode de production sociale du ménage. Très
souvent et surtout dans un contexte de pauvreté, le mode de production
des subsistances du ménage impose des contraintes aux membres :
occupation de l'enfant à la maison, contribution aux activités
domestiques, contribution à l'activité du chef de ménage.
Dans l'Est du Burkina, où l'agriculture est la principale
activité et où la scolarisation est très faible, la
totalité des agriculteurs déclaraient que leurs enfants leur
apportaient une aide importante dans les activités agricoles
(Kobiané, 2002).
les groupes prennent en compte, directement ou indirectement,
consciemment ou non, dans leurs pratiques de scolarisation ; ces acteurs
conditionnent ainsi la mise à l'école, l'itinéraire
scolaire et la durée de la scolarité ». (Bommier et Shapiro,
2001).
C'est dans ce contexte que les filles sont retenues par les
occupations domestiques et les travaux ménagers. Tous ces comportements
sont dus aux conditions de vie qui nécessitent souvent l'apport du
garçon à la subsistance du ménage tandis que la fille est
utilisée comme aide ménagère auprès de ses parents.
Il ressort que l'activité économique des parents influence la
scolarisation de l'enfant à travers leurs revenus comme ceci le confirme
: « Le nécessaire recours au travail des enfants, soit pour la
survie des familles (Marcoux), soit pour le fonctionnement de l'organisation
socio-économique de certains groupes qui inclut la participation des
enfants aux tâches productives (Bonini, Yero), constitue également
un déterminant essentiel de la scolarisation » (Lange et
Martin, 1995 :569). La décision des parents de scolariser l'enfant ou
non dépend de son apport au système de production du
ménage. Plus son apport est estimé, moins grande sera sa chance
d'être scolarisé.
Les parents peuvent par ailleurs financer la formation de
l'enfant `'sur le tas», vu le manque d'adéquation entre formation
et emploi. Et cela d'autant plus s'ils observent un échec scolaire ou
une difficile insertion socio professionnelle des aînés à
travers le chômage des nouveaux diplômés comme l'a
remarqué Lange (1987) : « le refus de l'école constitue
la réponse des parents à la dégradation du niveau de vie
et au chômage des diplômés occasionnés par les
mesures de rigueur économique ». Ainsi la prise en compte du
rang de naissance de l'enfant dans les analyses pourrait permettre de
comprendre l'impact de la situation des aînés sur la scolarisation
des plus jeunes. C'est tout au moins ce que nous insuffle Pilon (1996) en
disant que l' « influence du rang de la naissance reste une inconnue
de taille. En l'absence de données biographiques, il convient de
réfléchir aux possibilités d'analyse, même
partielles : à partir de sous échantillons créés
sous certaines conditions issues de l' « histoire génésique
» des femmes, des ménages, etc. »
La crise a eu pour conséquence direct une baisse
drastique des revenus et une augmentation du coût de l'offre scolaire.
Une étude de M. Verlet (1996) au Ghana a montré que la
conséquence de la détérioration des conditions de vie est
la mise au travail des enfants. Avec la crise se développe une nouvelle
logique scolaire du fait du déclin de solidarité familiale qui
aura sans doute un effet négatif sur la scolarisation des enfants. Cela
prive les enfants de la scolarisation, donc de tous les acquis éducatifs
qui pourraient augmenter leur productivité future au profit des gains
actuels.
Cet angle d'approche de la scolarisation a montré ses
limites sur au moins deux points. Premièrement elle s'est, en effet,
trop focalisée sur le travail des enfants, trop sur le
monde rural avec une tendance à considérer le
mode de production agricole comme un tout homogène. De ce fait, il
n'épuise pas l'ensemble des facettes des déterminants scolaires.
La prise en compte des facteurs sociaux et culturels est capitale et riche
d'enseignement (Kobiané, 2002). Deuxièmement, les indicateurs
qu'elle utilise et qui ne rendent compte que des caractéristiques
économiques du ménage ne peuvent pas bien expliquer la
scolarisation. En effet, dans un contexte comme celui de l'Afrique, empreint de
solidarité, la couverture de certains frais peut provenir des personnes
extérieures au ménage. Ainsi, un ménage ayant un chef de
faible revenu peut supporter tous les coûts liés à la
scolarisation. Cela montre la limite de la prise en compte des seules
caractéristiques économiques du ménage.
2.1.4 L'approche sociologique
Les sociologues distinguent la scolarisation et
l'éducation tout en estimant que l'école est l'un des principaux
moyens de socialisation. De cette considération découlent
différentes conceptions du rôle de l'école.
a- L'école : facteur d'intégration
sociale
Dans un premier temps, l'école se présente comme
un facteur d'intégration sociale. C'est d'ailleurs le point de vue de
Durkheim qui est en outre considéré comme le père de la
sociologie de l'éducation. Selon lui, l'école a pour objet une
« socialisation méthodique de la jeune génération
» (Alpe et al. 2005)14.
En tant que facteur d'intégration sociale,
l'école s'illustre avec deux rôles essentiels. D'une part, elle
permet d'unifier les individus autour des valeurs générales de la
raison et de la discipline. D'autre part, elle prépare les individus aux
différents emplois à travers la qualification professionnelle
(Montoussé et al, 2003). En outre, elle joue le rôle de facteur de
développement social en luttant contre l'obscurantisme : Elle constitue
un rempart contre les traditions, les perceptions, et les croyances anciennes.
D'ailleurs, l'une des conséquences des politiques d'éducation est
la persuasion des individus de la maîtrise de leur avenir par
l'assimilation de la méritocratie que promeut le système
scolaire. Mais cela pourrait être une source de discrimination dans la
mesure où l'école est souvent utilisée comme un moyen de
reproduction sociale.
14 « En définissant l'éducation comme une
`'socialisation méthodique de la jeune génération»,
Emile Durkheim manifestait à la fois son intérêt pour les
questions pédagogiques, et pour le rôle de l'école dans le
processus de socialisation ». (Yves Alpe, Alain Bétone, Christine
Dollo, Jean Renaud Lambert et Sandrine Parayre, 2005, Lexique de
sociologie, p. 71)
b- L'école : facteur de reproduction
sociale
Selon certains auteurs, l'école est un instrument au
service de la classe dominante. Elle permet ainsi de reproduire les
inégalités sociales nées du capitalisme. Bourdieu et
Passeron (1964, 1970)15 montrent que la réussite scolaire est
fortement déterminée par la distance entre la culture des enfants
et la culture scolaire. La culture scolaire « est empruntée
à la culture des catégories dominantes et les enfants de ces
catégories ne percevant pas de rupture entre leur culture familiale et
la culture scolaire ont toutes les chances de réussir leurs
études et donc de rester dans la même catégorie sociale que
celle de leurs parents. Les enfants des catégories
défavorisées sont au contraire victimes d'une césure entre
culture familiale et culture scolaire et peuvent éprouver des
difficultés à s'adapter » (Montoussé et al,
2003). Il en résulte une faible chance de réussite scolaire et
d'ascension sociale. L'école est donc utilisée par les classes
dominantes comme un moyen de reproduction sociale des classes et les classes
défavorisées consentent en vertu de la méritocratie que
semble promouvoir l'école.
Il ressort de ces deux aspects de l'école que les
facteurs sociologiques influencent la scolarisation dans un sens ou dans
l'autre. C'est ainsi qu'à la suite de Bourdieu et Passeron (1970) qui
attribuaient des ambitions plus faibles aux classes défavorisées,
on s'est demandé si cette résignation était due à
une surestimation des difficultés à dépasser (Ndoye A. K,
1999)16. D'autres travaux, notamment ceux de Deschamps,
Lorenzi-Cioldi et Meyer (1982), à travers une analyse des
mécanismes sélectifs du système d'enseignement, ont
montré que le poids des variables socioculturelles est fort et constitue
un handicap pour les enfants issus des milieux sociaux bas. La
littérature est marquée par une forte concordance des
résultats des recherches menées sur l'éducation et cela
est dû au fait qu' « à la fin de la première
année de l'école primaire, les résultats scolaires de
l'élève portent l'empreinte des caractéristiques
culturelles familiales. La durée, et la qualité des études
de l'enfant vont dépendre en grande partie de son origine sociale
». (Caglar, 1983, p. 22)17.
15 Cité par Montoussé et al, (2003)
16 «Ces auteurs (Bourdieu et Passeron) ont
continué à croire que les ambitions scolaires plus faibles des
plus défavorisés correspondent à une évaluation
réaliste des difficultés à dépasser, `' une
intériorisation des probabilités objectives en espérances
subjectives'', sans que l'on puisse jamais vraiment savoir si c'est parce qu'on
est `'résigné'' et qu'on n'adhère pas aux valeurs de
réussite, qu'on ne `'monte'' pas socialement ou, si c'est plutôt
parce qu'on ne sait pas ou se sent depuis plusieurs générations,
retenus ou maintenu `'en bas'' par le `'poids des choses'', qu'on se
résigne et renonce à son `'étoile'' (Ndoye 1999 :
citant Forquin, (1991), p.61).
17 Cité par A, K, Ndoye (1999).
Ndoye note par ailleurs (en citant Baro, 1997) que la
réussite scolaire est fortement déterminée par l'origine
sociale ou culturelle des jeunes. L'origine sociale a donc une influence sur la
réussite scolaire, mais les mécanismes d'action méritent
d'être élucidés. On pourrait expliquer cette
différence par le type d'enseignement et le type d'établissement
fréquenté par l'élève.
2.1.5 L'approche par les facteurs socioculturels
Les facteurs socioculturels interviennent aussi dans
l'explication de la demande d'éducation. Ils pourraient notamment
expliquer certaines méfiances voire réticences observées
vis-à-vis de l'éducation formelle.
a- Un aperçu sur l'importance du concept de «
socioculturel » en démographie
La prise en compte des caractéristiques
socioculturelles est nécessaire pour une compréhension globale
des phénomènes démographiques, notamment en Afrique
où les traditions, les coutumes et les perceptions anciennes seraient
encore vivantes bien que l'urbanisation tend à favoriser un brassage
culturel18. Mais, d'après certains auteurs comme
Sala-Diakanda (1980), le mélange de population dans un espace
géographique ne traduit pas toujours une acculturation19 des
comportements des uns et des autres : « Tout se passe comme si les
représentants d'une tribu emportent avec eux les tares inhérentes
à leur milieu d'origine et les perpétuent à
l'intérieur de leur groupe dans le nouveau milieu de résidence
». Autrement dit, la cohabitation ou la co-existence de plusieurs
groupes culturels n'impliquent pas une homogénéisation des
comportements comme le renchérit Evina (1989) en ces termes : «
[...] Les considérations qui précèdent montrent que
les relations entre certains facteurs démographiques, médicaux ou
socioculturels ne sont pas mécaniques ; elles restent tributaires pour
une large part de la façon de vivre de chaque population. On a ainsi
remarqué que le particularisme tribal permet à des groupes [...]
de coexister sans se mélanger ».
Ainsi une non prise en compte du contexte socioculturel
pourrait provoquer une saisie partielle de la réalité
sociodémographique car « Presque certainement,
certaines
18 Voir SALA-Diankanda, M. «»Le concept
Ethnie, une réponse à E. NGWE», Département de
Démographie, UCL., Document de recherche N°16, janvier 1979, 7 p.,
Papier présenté au colloque de démographie africaine,
Abidjan, 22-26, janvier 1979.
19 Acculturation : « ensemble des
phénomènes qui résultent d'un contact direct et continu
entre les groupes d'individus de cultures différentes et qui
entraînent des changement dans les modèles culturels initiaux de
l'un ou des deux groupes » (Lexique de sociologie, 2005, p. 1)
variations démographiques importantes qui ont
été attribuées aux facteurs socioéconomiques ou
géographiques sont en réalité, au moins en partie
d'origine ethnique (culturelle) » (F. O. Okediji et
al.)20.
Cependant, les caractéristiques socioculturelles posent
plus de difficultés de définition, donc de compréhension
que les variables sociodémographiques et socioéconomiques. Il est
notamment difficile, sinon délicat de distinguer parmi elles, celles qui
relèvent du culturel de celles qui renvoient au social. Plusieurs
auteurs considèrent l'ethnie comme la principale fonction du culturel
(Evina, 1989 et Akoto, 1993). En revanche, « la religion sera par
conséquent une variable d'identification sociale importante à
prendre en compte » (Evina, 1989). Tandis que « Les
modèles culturels étant des entités non observables, ni
mesurables, nous allons les approcher par l'Ethnie » (Evina,
1989).
En somme, nous comprenons que la réalité
ethnique n'est pas inexistante en démographie, bien que sa perception
soit parfois différente d'un individu à un autre (SalaDiakanda,
1980). Nous admettons de ce fait que la définition du socioculturel
reste encore difficile. Toutefois cette entreprise parait indispensable pour
une explication globale des phénomènes démographiques dont
les indicateurs occultent très souvent des inégalités
socioculturelles. Pour une compréhension des comportements
éducatifs, Marc Pilon (1995 : p71 5) propose que : « En tant
que référent historique et socioculturel, l'ethnie peut
constituer un angle spécifique d'analyse des stratégies
éducatives »
b- L'impact des facteurs socioculturels sur
l'éducation
Les facteurs socioculturels regroupent l'ensemble des
éléments qui agissent sur les valeurs, les normes et les
perceptions sociales des parents et des communautés vis-à-vis de
l'école et de la scolarisation des enfants. Que ce soit pour l'ethnie ou
la religion, les différences en matière de scolarisation peuvent
s'expliquer surtout par des raisons historiques ou culturelles de refus ou
d'exclusion de certains groupes de l'école comme le souligne Mulusa
(1992, p. 187) en ces termes : « L'éducation est devenue une
arme importante dans la propagation du christianisme. Les communautés
qui se ralliaient à l'église dominante étaient admises
dans les écoles parrainées par celle-ci tandis que les individus
et les groupes qui restaient attachés à leurs croyances
traditionnelles ou qui nouaient des relations avec des églises moins
influentes en étaient exclus ».
20 Cité par Akoto (1993).
· Les facteurs religieux
Selon la littérature, « la contrainte
sociocentrique de participer à l'élan collectif d'islamisation
peut influencer la scolarisation de l'enfant » (Gérard, 1993,
p.144). La religion constitue donc souvent une menace à
l'épanouissement de l'éducation formelle. En effet, il est
fréquent que des pratiques de l'école moderne soient contraires
à celles traditionnelles. L'enseignement coranique est «
parfaitement modelé sur les besoins éducatifs tels que ressentis
par la société traditionnelle et il est organisé en
harmonie avec les normes de cette dernière. A contrario, le
système d'enseignement `'moderne» est très récent et
peu implanté dans la société traditionnelle dans laquelle
il a pris le caractère d'une institution extérieure, d'un
appendice de l'Etat `'moderne» » (Rwehera, 1999, p. 206)
Ainsi le choix entre la modernité et la tradition
renvoie à faire un choix entre l'éducation familiale,
l'école coranique et l'éducation formelle. Mais la scolarisation
est souvent mal perçue surtout en milieu rural. En région rurale
au Niger, la préférence pour l'école coranique constitue
près de 20% des raisons de la non inscription des enfants de 7 à
9 ans à l'école classique (Rwehera, 1999). Il arrive que dans
certains pays, les autorités arrivent à combiner les deux types
d'enseignements dans une seule forme d'école. Ce sont les écoles
franco-arabes dans lesquelles les écoliers apprennent les deux langues
avec la possibilité de les approfondir plus tard.
Des études menées au Cameroun ont montré
que le risque de déperdition est plus rapide chez les filles musulmanes
que chez leurs consoeurs chrétiennes. En effet, elles ont
révélé que 50% des filles musulmanes arrêtent leur
scolarité à 14 ans contre 16 ans pour la même proportion
chez les filles chrétiennes du même âge (Guison, 2004).
D'après une étude au Nord du Nigeria (Hydre, 1993 cité par
Kobiané, 2002), « l'école classique et les valeurs
occidentales qu'elle véhicule sont considérées comme une
menace aussi bien pour les valeurs de l'islam que pour celles de l'ethnie
Haussa (ethnie majoritaire) et leur influences affectera davantage les
femmes». La littérature réserve souvent des surprises
de la sorte que le fait d'être un chef de ménage musulman a une
influence plus faible que le fait d'être chrétien, alors qu'on
aurait pu croire que ces premiers auraient une attitude plus conservatrice
envers leurs filles (Guison, 2004). Cependant, Diallo (1997) trouve que
l'appartenance à la religion musulmane et dans une moindre mesure
à la religion protestante, est moins favorable à la scolarisation
des enfants à Abidjan que l'appartenance à la religion
catholique.
De la littérature, il ne ressort pas de lien
très clair entre la religion et la scolarisation, toutefois nous pouvons
noter que très souvent, l'appartenance à la religion musulmane
influence négativement la scolarisation.
· Les facteurs ethniques
L'influence des caractéristiques ethniques n'est pas
facile à établir et à généraliser car chaque
pays a des groupes ethniques qui lui sont propres. Cependant, nous constatons
que l'attachement aux valeurs traditionnelles et la réticence à
la modernité constituent des handicaps sérieux à la
scolarisation. Ces attitudes remontent à des faits historiques, sont
généralement liées aux types de relations entretenues avec
les colonisateurs et dépendent de la vision que portent les ethnies sur
l' `'école des blancs». L'exemple illustratif est le cas des Lobi
du Sud-ouest du Burkina Faso qui correspond à un cas de refus dans la
mesure où, les Lobi sont connus pour s'être farouchement
opposés à la colonisation et jusqu'à nos jours, ils
manifestent une certaine méfiance face à tout ce qui provient de
l'administration. M. Père (1995, p. 160-161)21 rappelle que
cette résistance des Lobi à la colonisation a été
telle que les responsables de l'époque avaient fait le serment
sacré « qu'aucun de leurs enfants ne suivra, de quelque
manière que ce soit et sous peine de malédiction et de mort, la
`'voie des blancs», la `'mauvaise voie des étrangers»
», dont l'école était par excellence l'empreinte.
(Kobiané, 2002)
Cela montre qu'au delà des us, coutumes et des moeurs,
l'histoire d'une ethnie peut aussi influencer son attitude vis-à-vis de
la scolarisation. Certaines ethnies seront donc moins perméables que
d'autres à la scolarisation. En étudiant la
déscolarisation des filles au Burkina Faso, Guison (2004) a
trouvé que le fait d'être né dans une famille Senoufo,
Gourounsi, Bobo, et dans une moindre mesure Samo, réduit les chances
d'abandonner lorsque l'on est une fille par rapport à une fille Mossi.
Elle trouve aussi que les filles peuhls et Dioula sont les plus sujettes
à l'abandon, de même que les fillettes Gourmantché.
L'approche socioculturelle pourrait donner une explication de
la sous scolarisation des filles. Dans la société, du fait de la
division sexuelle du travail, la femme est perçue comme n'ayant pas les
mêmes droits que l'homme (statut de la femme dans la
société). Dans cette optique elle est appelée à
apprendre les tâches domestiques alors que le garçon doit aller
à l'école pour augmenter ses chances de réussite sociale
et professionnelle. Percevant l'école de cette manière, les
parents sont plus enclins à envoyer les garçons à
21 Cité par Kobiané, (2002).
l'école plus que les filles, surtout dans un état
de méconnaissance de l'éducation formelle et des ses atouts.
· L'influence du niveau d'instruction des
parents
D'une manière générale, plus le niveau
d'instruction d'un individu est élevé, plus il est ouvert
à la modernité et plus il est favorable à
l'éducation formelle. Cela se constate aussi par l'acceptation de la
scolarisation et souvent par un relâchement des valeurs traditionnelles.
Selon plusieurs auteurs, le niveau d'instruction des parents a une influence
notable sur le type d'éducation à donner à leur enfant
(Kouadio, 2001). Ainsi, un niveau d'instruction élevé des parents
les prédispose à une meilleure scolarisation (Lloyd et Blanc,
1996). Les auteurs prouvent aussi que l'abandon scolaire est plus important
avec les parents analphabètes. La littérature montre
également qu'avec des parents de niveau d'éducation primaire, la
scolarisation est assurée de façon plus égalitaire entre
les filles et les garçons. Cela prouve que les discriminations en
matière de scolarisation et plus simplement la sous scolarisation des
filles sont dues, en plus des considérations économiques, au
faible niveau d'instruction des parents et à leurs attachements aux
valeurs traditionnelles qui encourage la réussite sociale du
garçon.
2.1.6 Synthèse : Importance et orientation
générale de l'étude
Au terme de la revue de la littérature scientifique
sur la scolarisation, il ressort que cette dernière présente de
multiples facettes. Les recherches sur l'éducation ont montré au
cours de la revue précédente de la littérature que les
facteurs de la scolarisation sont complexes. Si chaque approche
méthodologique de la scolarisation à son mérite et son
apport conceptuel indubitable, il n'en demeure pas moins que c'est
l'intégration ou du moins la complétude mutuelle de ces
différents facteurs qui permettra une compréhension globale des
facteurs explicatifs de la demande d'éducation. Nous concluons que la
scolarisation est diversement liée aux caractéristiques
démographiques, socio-économiques et socioculturelles :
· En ce qui concerne les caractéristiques
démographiques, la scolarisation ne semble pas toujours
négativement liée à la taille du ménage, mais cette
relation dépend beaucoup plus de la structure du ménage et du
contexte social et culturel.
· Au niveau des caractéristiques
socio-économiques, la scolarisation des enfants est positivement
liée au niveau de revenu du ménage.
· Au niveau des facteurs socioculturels, le bilan
est plus complexe et dépend principalement des contextes, même si
on a souvent tendance à catégoriser certaines
caractéristiques socioculturelles comme étant réfractaires
à la scolarisation. C'est à ce niveau que se situe la pertinence
de la présente étude.
Pour répondre à notre objectif de recherche,
nous jugeons nécessaire de faire un essai d'explication de la
scolarisation par les facteurs socioculturels à travers le cadre
conceptuel suivant.
2.2 Cadre conceptuel et hypothèses de
l'étude
Cette partie s'articule autour d'un cadre conceptuel qui
présente les principes généraux et les idées
directrices de notre étude. Nous présentons également les
hypothèses qui seront opérationnalisées et testées
au cours de l'étude.
2.2.1 Schéma conceptuel et hypothèses de
l'étude
Le modèle conceptuel suivant, inspiré de la
revue précédente de la littérature, met en relation les
facteurs socioculturels et la scolarisation à travers l'hypothèse
générale ci- après :
Hypothèse principale : les
caractéristiques socioculturelles des parents ou du chef de
ménage déterminent la scolarisation des enfants et leur influence
pourrait passer par les autres caractéristiques du chef de
ménage, les caractéristiques économiques et
démographiques du ménage ainsi que les caractéristiques
individuelles de l'enfant.
Figure 2.1 Schéma explicatif du cadre
conceptuel
Contexte socioculturel du pays
Caractéristiques socioculturelles des
parents ou du chef de ménage
Contexte sociopolitique, socioéconomique et
sociodémographique du Pays
Autres caractéristiques du chef
de ménage
Caractéristiques démographiques du
ménage
Caractéristiques économiques
du ménage
Caractéristiques individuelles
de l'enfant
Scolarisation différentielle selon l'appartenance
socioculturelle
Hypothèses spécifiques de
l'étude
Dans cette étude, nous allons plus spécifiquement
vérifier les hypothèses suivantes :
H1 : les inégalités ethniques et
religieuses en matière de fréquentation scolaire sont plus
grandes en milieu rural qu'en milieu urbain.
H2 : les disparités en matière
de fréquentation scolaire dues à l'appartenance ethnique et
religieuse du chef de ménage sont plus poussées chez les filles
que chez les garçons.
H3 : plus le niveau d'instruction du chef de
ménage est faible, plus fort est le pouvoir discriminant de
l'appartenance ethnique et religieuse du chef de ménage en
matière de scolarisation.
H4 : l'amélioration du niveau de vie du
ménage atténue les disparités en matière de
scolarisation dues à l'appartenance ethnique et religieuse du chef de
ménage.
2.2.2 Définitions des concepts
> Les caractéristiques socioculturelles des
parents ou du chef de ménage de l'enfant : elles regroupent
l'ensemble formé du modèle culturel, des observances et des
pratiques propres à un groupe identitaire. Elles
s'expriment par le biais du modèle culturel qui se définit comme
l'ensemble des caractéristiques et des conditions qui déterminent
et modulent à des degrés divers, les normes et les valeurs
propres au groupe socio culturel des parents. « Le système
socioculturel engendre les modèles culturels. Ceux-ci sont faits de
normes, d'images, d'habitudes, d'idées, de nécessités, de
pratiques quotidiennes, etc. à propos du risque et procure à
l'individu des cadres de pensée et de pratiques qui sont reconnus et
valorisés socialement. » (Gérard, 1992 : cité
par Rwenge, (1999b)). L'ethnie et la religion peuvent être
considérées comme les deux grandes composantes du modèle
culturel.
· L'ethnie : pour l'ethnie, nous
adoptons la définition suivante : « Une ethnie est un
regroupement humain qui possède une structure familiale,
économique et sociale homogène et dont l'unité repose sur
une communauté de culture » (Yaro, 1994). Les ethnies se
caractérisent par plusieurs critères d'ordre linguistique,
historique, culturel, etc. Mais parmi ces critères, la langue est
incontestablement le plus utilisé par les ethnologues.
· La religion : le Dictionnaire
Universel (P. 1017) définit la religion comme étant un «
ensemble de croyances ou de dogmes et de pratiques culturelles qui
constituent les rapports de l'homme avec la puissance divine
(monothéisme) ou les puissances surnaturelles (polythéisme,
panthéisme) ». La religion peut se présenter comme
l'ensemble des croyances en un déterminisme surnaturel ou encore et
simplement en l'existence de forces surnaturelles souveraines. Elle se
caractérise par l'observance et la perpétuation d'un ensemble de
rites et de dogmes.
> Les autres caractéristiques du chef de
ménages : nous entendons par là, les
caractéristiques du chef de ménage autres que son ethnie et sa
religion. Il s'agit ici du sexe et du niveau d'instruction du chef de
ménage.
> Les caractéristiques
sociodémographiques du ménage : Il s'agit des
éléments qui concernent le ménage et qui pourraient avoir
une influence sur la scolarisation des enfants. Ici, nous allons
considérer la taille du ménage et le milieu de résidence
du ménage.
> Les caractéristiques économiques du
ménage : elles traduisent la plus ou moins grande
possibilité du ménage à supporter les divers coûts
liés à la scolarisation. Elles renvoient en fait au niveau de
revenu du ménage car on peut penser que les ménages de revenus
différents scolarisent différemment les enfants.
> Caractéristiques individuelles de l'enfant
: C'est l'ensemble des éléments caractéristiques
qui différencient les enfants et qui peuvent avoir une influence sur
leur scolarisation. En plus de l'âge et du sexe de l'enfant, il y a le
statut familial de l'enfant. Le statut familial de l'enfant est la traduction
des relations de parenté entre lui et le chef de ménage.
> Scolarisation : C'est le fait pour un
enfant d'être régulièrement inscrit dans un
établissement d'enseignement reconnu par l'Etat. Telle que
définie, la scolarisation dépendra non seulement de l'admission
de l'enfant à l'école, mais aussi de son maintien dans ce
système structuré et formel d'éducation. Mais pour cette
étude nous tiendrons seulement compte du fait, pour un enfant d'un
groupe socioculturel donné, de fréquenter un établissement
scolaire.
Conclusion partielle
Cette section du travail avait pour but, entre autres,
d'examiner la littérature sur la scolarisation et de présenter
l'approche conceptuelle de cette étude. A l'issue de l'examen de la
littérature, il ressort une divergence des points de vue sur les
différents aspects de l'éducation. L'explication de la
scolarisation est soumise à une multitude de conceptions de
l'éducation, de laquelle découle une multiplicité
d'approche explicative de la demande d'éducation dans les pays en voie
de développement. Si les approches démographiques et
économiques ont été très souvent utilisées
pour expliquer la demande d'éducation, elles n'ont pas suffi à
épuiser cette problématique. De ce fait, nous avons
élaboré ici une tentative d'explication de la demande
d'éducation par les facteurs socioculturels.
CHAPITRE III : CADRE D'ANALYSE ET ASPECTS
METHODOLOGIQUES
|
Le présent chapitre a pour but de présenter la
source de données, le cadre et la méthode d'analyse de ces
données. Il est composé de quatre sous parties : nous
commençons par la présentation de la source de données,
des conditions de collecte de l'Enquête Prioritaire de 1998, son
échantillonnage et son questionnaire, ensuite viendrons la
présentation du cadre d'analyse des données et
l'évaluation de la qualité des variables de l'étude et
enfin, nous allons présenter la méthode d'analyse des
données et son interprétation.
3.1 La source de données
Les données que nous utilisons dans la
présente étude sont issues de l'Enquête Prioritaire
1998, réalisée par l'Institut National de la Statistique et de la
Démographie (INSD) du Burkina Faso. Cette enquête
avait pour objectifs, entre autres, de fournir des données de base
d'ordre économique sur les conditions de vie des ménages. A
l'image de plusieurs autres pays d'Afrique Subsaharienne, le Burkina Faso a
réalisé l'Enquête prioritaire II en 1998 (EPII) sur
laquelle se fonde notre étude. L'EPII s'inscrit dans la logique de
l'Enquête prioritaire 94 et dans l'optique d'une comparaison des
résultats.
3.1.1 L'Enquête Prioritaire sur les conditions de vie
des ménages de 1998
L'application des PAS n'a pas souvent correctement
appréhendé les aspects sociaux du développement. Pour un
développement durable, il convient d'intégrer tous les aspects de
la société dans les politiques de développement. C'est
dans cette optique que le PNUD, la BAD et la BM ont conjointement lancé
en 1987 un Programme dit de Dimensions Sociales de l'Ajustement (DSA). Les
Enquêtes Prioritaires se situent dans la droite ligne du programme DSA en
lui servant de base d'information. Elle fait donc partie du système
d'information hiérarchisé de ce dernier et vise les objectifs
suivants :
1 - Elaborer des indicateurs qui décrivent le
bien-être et les besoins fondamentaux des ménages.
2 - Identifier des groupes cibles qui sont les
catégories les plus vulnérables aux mesures des PAS et qui
méritent des interventions spéciales de la part des pouvoirs
publics.
3 - Suivre les changements de bien-être et des conditions
de vie des ménages
4 - Fournir des données socio-économiques pour la
recherche
5 - Renforcer les capacités techniques de l'Institut
National de la Statistique et de la Démographie (INSD, 1998)
3.1.2 L'échantillonnage
L'enquête a concerné toutes les dix
régions économiques22 du Burkina Faso. D'une
manière générale, son échantillonnage correspond
à celui de l'EP I (Enquête Prioritaire de 1994). L'unité de
sondage de l'enquête était le ménage. Les ménages
ont été tirés au deuxième degré de
l'échantillonnage qui, moyennant une mise à jour dans les grandes
villes, s'appuyait sur la répartition du pays en ZD du RGPH-96. Ainsi,
la base de sondage comprenait en somme huit mille cinq cent ménages
(2580 urbains et 5920 ruraux) répartis dans quatre cent vingt cinq ZD
(129 urbaines et 296 rurales).
En plus des caractéristiques collectives du
ménage et dans sa section « éducation »,
l'enquête s'intéressait aux individus du ménage. Ainsi,
tous les individus âgés de 6 ans ou plus ont été
interviewés dans les ménages sélectionnés. Cette
partie du questionnaire a permis de recueillir les données sur
l'éducation.
3.1.3 Le questionnaire
Le questionnaire de l'EP II était structuré en
13 sections. En plus des sections 0, 1, 3 et 6 qui vont concerner cette
étude, il permettait de saisir des informations de nature
socio-économiques auprès des ménages :
Section 0 : elle s'adressait au chef de
ménage et permettait de saisir entre autre son/sa
ethnie/nationalité et sa religion. Elle faisait ressortir aussi la
langue utilisée pour l'interview et le recours éventuel à
un interprète.
Section 1 : elle consistait en un listing de
tous les membres du ménage avec la saisie d'informations sur les
caractéristiques individuelles. C'est à ce niveau que sont
collectées les informations sur le sexe, l'âge, l'état
matrimonial et le lien de parenté avec le chef de ménage.
22 Une région économique est un ensemble
de provinces ayant des caractéristiques socioéconomiques
voisines.
Section 3 : dans cette partie, figurent les
données sur la fréquentation scolaire en 97/98, la classe
fréquentée et le type d'établissement
fréquenté. Pour les individus qui n'étaient plus
scolarisés en ce moment, elle saisissait la dernière classe
achevée et les raisons qui ont prévalue à la cessation de
la fréquentation.
Section 6 : c'est dans cette section que se
trouvent les éléments caractéristiques du logement et du
confort du ménage. Les caractéristiques suivantes de l'habitation
ont été saisies : la nature des murs, le matériau de la
toiture, l'énergie pour éclairage...
Les sections Education et Formation ont pour but de saisir les
informations relatives à l'éducation des enfants et à la
formation. Elle permettait de saisir la fréquentation du moment (97-98)
: Il s'agit de savoir si l'individu fréquente l'école de type
conventionnel en 1997-1998.
3.2 Cadre analytique
Le cadre d'analyse est une opérationnalisation du cadre
conceptuel. Cette partie consiste à présenter des indicateurs
opérationnels, pouvant rendre compte des concepts utilisés. Ce
passage des concepts aux indicateurs, bien que ne permettant pas toujours une
traduction systémique des hypothèses, est nécessaire pour
la vérification de ces dernières.
3.2.1 Les variables d'analyse
L'analyse prend en compte deux grands groupes de variables
: Les variables indépendantes et la variable
dépendante.
a- La variable dépendante
Au niveau de la variable expliquée, nous nous
intéressons à la fréquentation scolaire qui est une
variable opérationnelle de la scolarisation. C'est la
fréquentation scolaire actuelle, c'est-à-dire au moment de
l'enquête. Elle a été saisie à travers la question
:
(NOM) fréquente-t-il/elle en 199 7/98 l'école
?
Réponses : Oui ... 1, Non ... 2.
b- Les variables indépendantes
Nous distinguons ici les variables indépendantes
principales des autres variables qui seront considérées comme des
variables intermédiaires ou de contrôles.
Les variables indépendantes
principales
Compte tenu des données disponibles, nous nous limitons
ici aux caractéristiques socioculturelles du chef de ménage.
C'est dire simplement que le concept « caractéristiques
socioculturelles des parents ou du chef de ménage » est traduit par
l'ethnie et la religion du chef de ménage.
· L'ethnie23 : parmi la
soixantaine d'ethnies au Burkina, nous avons 13 principales qui forment les
modalités de la variable ethnie. Ce sont : Mossi, Dioula, Peulh,
Gourmantché, Bissa, Gourounsi, Samo, Bobo, Senoufo, Lobi, Dagari, Gouin,
Autres ethnies.
Au niveau de l'analyse différentielle, on a
procédé à un regroupement des ethnies mais en fonctions de
la proximité culturelle, pour résoudre le problème des
petits effectifs. Ce regroupement permet d'avoir 8 groupes culturels (Voir
Tableau A.4) mais pour l'analyse explicative
multivariée nous allons conserver les 13 modalités citées
plus haut.
· La religion : Une religion se
différencie des autres par des éléments
spécifiques24 à sa communauté de croyants :
dogmes, livres sacrés, rites, cultes, sacrements, prescriptions en
matière de morale, interdits... Cela dit, la religion se scinde en six
principales modalités au Burkina Faso : Islam, Catholicisme,
Protestantisme, Animisme, Autres religions, Sans religion. Signalons que les
modalités « Autres religions » et « Sans religion »
sont de petits effectifs et ne seront pas comptabilisées dans un souci
d'éviter les petits effectifs au niveau de l'analyse
différentielle. Nous allons donc regrouper les religions en 3
principales classes classiques :
y' Chrétiens qui regroupent les Catholiques et les
Protestants,
y' Musulmans,
y' Animistes.
Au niveau de l'analyse explicative, la modalité «
chrétiens » est décomposée en deux autres
modalités : Catholiques, Protestants et nous aurons la modalité
« autres ».
23 Rappelons que l'ethnie est la fonction
principale de la culture. Autrement dit, le « concept de culture peut
être ainsi opérationnalisé à travers l'appartenance
à un groupe qui la produit. Ce dernier peut être distinguer des
autres groupes de manière objective (à travers la langue, les
normes, les valeurs, les signes, les symboles, les pensées et les
croyances appris et partagés par les individus) ou subjective (à
travers l'intériorisation du groupe par l'individu et la conscience
d'appartenir à une culture commune) » (Evina, 1989)
24 Notons qu'une religion est définie sur
la base de trois caractéristiques essentielles : (i) les croyances et
les pratiques religieuses ; (ii) le sentiment religieux ou la foi ; (iii)
l'union dans une même communauté de ceux qui partagent une
même foi.
Les autres variables indépendantes
Il s'agit des variables, autres que l'ethnie et la religion. Au
niveau de ces variables, nous distinguons trois niveaux : le chef de
ménage, le ménage et l'enfant :
Au niveau du ménage
· Le milieu de résidence du ménage
: c'est un élément qui traduit la plus ou moins grande
disponibilité de l'offre éducative. C'est aussi un
élément qui rend compte du degré de modernisation du
ménage. On distingue deux modalités : le milieu urbain et le
milieu rural.
· Le niveau de vie du ménage :
Il peut influencer la scolarisation dans la mesure où l'envoi d'un
enfant à l'école suscite des coût financiers
énormes. Comme il est difficile de saisir directement et totalement le
revenu d'un ménage, on l'approche par les caractéristiques du
ménage (caractéristiques de l'habitat). Cette approximation du
revenu du ménage est un indicateur composite construit25 par
l'ACP avec les variables mentionnées dans le tableau
A.1 (en annexe).
Au niveau du chef de ménage
· Le sexe du chef de ménage : Il
a été déduit de la variable « sexe » des
données sur les caractéristiques individuelles des membres du
ménage. Dans un groupe socioculturel, il traduit les rapports de genre
en ce qui concerne les responsabilités sociales et la division sexuelle
des rôles.
· Le niveau d'instruction du chef de
ménage : Il est déduit de la variable «
dernière classe fréquentée » du questionnaire des
individus du ménage. Il est à cheval entre le culturel et
l'économique mais il est beaucoup plus un facteur de modernisation des
perceptions de l'éducation. Il comprend 3 modalités : sans niveau
d'instruction, primaire, secondaire ou plus.
Au niveau de l'enfant
· L'âge de l'enfant : La tranche
d'âge de l'étude est 6-14 ans. Cette tranche a été
retenue pour faciliter la comparabilité des résultats dans la
mesure où les données ont été recueillies dans le
cadre du programme DSA26 exécuté dans plusieurs autres
pays en développement. Cette tranche est scindée en trois groupes
distincts qui n'ont pas les mêmes affluences en matière de
fréquentation scolaire.
25 Voir l'annexe pour les détails sur la
construction du niveau de vie, notamment les tableaux A. 1, A.2, et A.3
26 Dimensions Sociales de l'Ajustement.
· Le sexe de l'enfant : Tout comme
le sexe du chef de ménage, il est la base des discriminations de genre
au sein d'un groupe culturel. L'importance accordée à la
scolarisation dépend du sexe de l'enfant à scolariser.
· Le Statut familial : Pour l'analyse
différentielle, nous aurons deux modalités : enfant du chef de
ménage, autre enfant. Mais pour l'analyse multivariée, cette
variable aura 6 modalités : Enfant du chef de ménage,
Frères /soeurs du CM, Neveu/Nièce du CM, Petits enfants du CM,
Autres parents du CM, Sans lien de parenté.
3.2.2 Schéma d'analyse
Il met en relation les variables précédentes
qui sont des indicateurs des concepts utilisés dans les
hypothèses de travail autrement dit, il met en relation l'ethnie et la
religion du chef de ménage avec la fréquentation scolaire
actuelle de l'enfant. Ce schéma d'analyse est composé de trois
niveaux.
· Au premier niveau, nous avons la variable
dépendante : la fréquentation scolaire actuelle de l'enfant.
· Au niveau intermédiaire, figurent des variables
indépendantes qui pourraient être éventuellement
considérées comme des variables intermédiaires.
· Au troisième niveau se trouvent les variables
indépendantes principales qui sont : l'ethnie et la religion.
La figure suivante représente le schéma explicatif
de ce cadre d'analyse.
Figure 3.1 : Schéma explicatif du cadre
d'analyse27
Ethnie du CM
|
|
Religion du CM
|
Niveau d'instruction du CM
Fréquentation scolaire actuelle
Niveau de vie du ménage
Milieu de résidence du
ménage
Sexe de l'enfant
3.3 Evaluation de la qualité des
données
Ici, nous allons procéder à un test de la
qualité des données disponibles. Pour cela, il existe plusieurs
procédures parmi lesquelles, l'examen des taux de réponse qui
permet d'apprécier la proportion des réponses disponibles.
3.3.1 Evaluation des taux de non-réponse
Le taux de réponse est la proportion des
réponses valides. Pour une variable donnée, c'est le rapport du
nombre de valeurs (des données) valides sur le nombre total de valeurs
déclarées
On remarque d'une manière générale dans
le tableau 3.1, un taux presque nul de
non-réponse. Cette faiblesse de taux de non-réponse montre que
les variables ont été assez bien déclarées.
27 Remarquons certaines variables
indépendantes (le sexe du chef de ménage, la taille du
ménage, le statut familial de l'enfant, l'âge de l'enfant) ne
figurent pas dans ce schéma du fait qu'elles n'ont pas été
l'objet d'hypothèses spécifiques. Ces variables sont
utilisées comme des variables de contrôle au niveau explicatif de
l'étude.
Tableau 3.1 : Taux de réponse des
variables
Variables
|
Valeurs valides
|
Valeurs
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Age de l'enfant
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Age du chef de ménage
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Ethnie/Nationalité du CM
|
28753
|
99,6
|
118
|
0,4
|
Fréquentation scolaire (97/98)
|
28034
|
97,1
|
836
|
2,9
|
Lien de parenté avec le CM
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Niveau d'instruction du CM
|
28494
|
98,7
|
376
|
1,3
|
Niveau de vie du ménage
|
28489
|
98,7
|
381
|
1,3
|
Religion du CM
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Sexe de l'enfant
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Sexe du CM
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Taille du ménage
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
3.3.2 Evaluation de la qualité des données
sur l'âge
L'âge et le sexe sont deux grands éléments
de la structure démographique. Ils sont indispensables dans toute
analyse de l'état et de l'évolution des phénomènes
démographiques. Autant l'âge est indispensable, autant sa mauvaise
qualité peut biaiser les analyses démographiques. Aussi, est-il
nécessaire de s'assurer de la qualité des déclarations sur
l'âge avant toute utilisation de celui-ci.
a- La méthode graphique
L'évaluation de la qualité des
déclarations de l'âge par la méthode graphique consiste en
l'observation de l'allure de la courbe représentative de l'effectif des
individus en fonction de l'âge. Il n'est pas moins pertinent d'avoir une
courbe pour chaque sexe. Pour ce faire nous aurons aussi recours à la
pyramide des âges qui illustre à la fois la structure par
âge et par sexe de la population.
Graphique 3.1 : Courbe représentative de la
population par âge
Courbe représentative de la population par
âge
|
2500
|
|
2000
|
|
1500
|
|
1000
|
|
500
|
|
|
|
|
0
|
|
Masculin
|
Age
|
|
|
Féminin
|
La courbe ci-dessus révèle quelques
irrégularités dans la déclaration de l'âge de la
population. Les irrégularités sont plus poussées chez le
sexe féminin. Mais le regroupement des âges en groupe quinquennaux
montre une certaine régularité de la structure par âge de
la population comme le montre la pyramide des âges ci-dessous.
Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la
population
La pyramide des âges de la population a une allure assez
régulière et dénote une bonne répartition de la
population par sexe et suivants les groupes d'âges quinquennaux. De ce
fait, nous déduisons une bonne déclaration des données sur
l'âge.
b- Les méthodes statistiques : l'indice de
Whipple et de Myers
Si la méthode graphique permet une compréhension
visuelle des fluctuations des valeurs, elle n'est pas toujours suffisante pour
une étude approfondie des irrégularités. Pour
aller plus loin dans l'évaluation des données
sur l'âge, nous aurons recours aux indices statistiques. Ces indices sont
nombreux, mais nous utiliserons ici ceux de Myers et Whipple qui nous
permettent en effet de savoir s'il y a ou non des « attractions »
à certains âges.
L'analyse des indices de Whipple et de Myers permet de savoir
s'il y a attraction ou répulsion à certains âges. On
appelle « attraction » à un âge x, la tendance
que les individus d'âges voisins de x ont à
déclarer avoir l'âge x. D'une manière
générale, les individus ont tendance à se donner des
âges terminés par 5 ou 0. L'indice de Whipple permet de mettre en
lumière cet état de fait. L'indice de Myers se veut une
généralisation de celui de Whipple à tous les
âges.
Tableau 3.2 : Indices de Whipple et de
Myers
|
Sexe
|
Indices
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
Whipple
|
1,32
|
1,53
|
1,43
|
Myers
|
12,0
|
17,9
|
15,2
|
Chiffre
|
Valeurs de l'indice de Myers suivant le chiffre terminal
|
0
|
3,1
|
5,5
|
4,4
|
1
|
-2,0
|
-2,2
|
-2,1
|
2
|
0,4
|
0,1
|
0,2
|
3
|
-0,2
|
-1,1
|
-0,7
|
4
|
-1,6
|
-2,4
|
-2,0
|
5
|
2,0
|
3,0
|
2,5
|
6
|
-0,4
|
-0,9
|
-0,7
|
7
|
-0,7
|
-0,6
|
-0,6
|
8
|
0,5
|
0,3
|
0,4
|
9
|
-1,3
|
-1,8
|
-1,5
|
L'indice de Whipple, calculé pour l'ensemble de la
population, est compris entre 1 et 5, cela signifie qu'il y a une faible
attraction car la valeur 1,43 est plus proche de 1 que de 5. Cette attraction
est un peu plus poussée chez le sexe féminin. Ici encore, comme
on l'a vu plus haut avec le graphique 3.1, les
individus de sexe masculin ont mieux déclaré leur âge que
ceux de sexe opposé.
c- Qualité des données sur l'âge de
la population cible
La qualité des données au niveau de la population
cible s'apprécie à travers l'observation des taux de
fréquentation scolaire selon l'âge déclaré.
Graphe 3.3 : Evolution des taux de scolarisation par
sexe selon l'âge
|
|
Taux de scolarisation par âge
|
|
|
|
40
|
|
|
|
|
|
|
35
|
|
|
|
|
|
|
30
|
|
|
|
|
|
|
25
|
|
|
|
|
|
|
|
Masculin
|
|
|
|
|
|
|
|
20
|
|
|
|
|
|
|
Féminin
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
15
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
|
|
|
|
|
5
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
6 7
|
8
|
9 10 11
|
12
|
13
|
14
|
|
|
|
Age
|
|
|
|
L'observation de la courbe des taux de fréquentation
scolaire permet de voir s'il y a une concordance ou non entre les taux de
scolarisation aux différents âges. Si la courbe est croissante
jusqu'à dix ans, puis décroissante, cela dénote une bonne
déclaration de l'âge et de la fréquentation scolaire au
sein de la population cible. En effet, cette courbe doit être croissante
du fait des entrées (souvent tardives) jusqu'à « l'âge
de sortie de l'école » avant de connaître une
décroissance due aux « sorties ».
Dans l'exemple présent, on remarque un creux entre 9 et
11 ans (à l'âge de 10 ans). Cela pourrait être du à
un transfert d'âge entre 9 et 11 ans chez les garçons. Mais la
dénivellation est encore plus perceptible chez les filles. Cela pourrait
être dû aux attractions de 10 ans qui tendent à grossir
l'effectif de cet âge. Cela réduit par conséquent le taux
de fréquentation scolaire à cet âge28.
Tableau 3.3 : Taux de scolarisation des enfants de 6
à 14 par âge et par sexe
|
Sexe de l'enfant
|
Ensemble
|
IP (F/G)
|
Age
|
Masculin
|
Féminin
|
%
|
%
|
6
|
7,0
|
6,2
|
6,6
|
88,6
|
7
|
24,9
|
17,3
|
21,1
|
69,5
|
8
|
35,9
|
27,9
|
32,0
|
77,7
|
9
|
37,0
|
27,6
|
32,4
|
74,6
|
10
|
35,9
|
24,7
|
30,7
|
68,8
|
11
|
37,1
|
30,7
|
34,1
|
82,7
|
12
|
34,3
|
25,5
|
30,3
|
74,3
|
13
|
33,2
|
21,4
|
27,5
|
64,5
|
14
|
30,9
|
23,9
|
27,5
|
77,3
|
Total
|
30,4
|
22,3
|
26,5
|
73,4
|
28 Les âges des enfants qui
fréquentent seraient mieux connus que les autres. Dans l'incertitude,
les âges voisins de 10 ans des enfants s qui ne fréquentent pas
sont (par le phénomène d'attraction) le plus souvent
ramenés à 10 ans. Cela tend à augmenter la proportion des
enfants de « 10 ans » qui ne fréquentent pas et par
conséquent à réduire le taux de scolarisation à cet
âge.
3.4 Méthode d'analyse
L'analyse des données se fait à deux niveaux :
au niveau descriptif et au niveau explicatif. Au niveau descriptif, nous allons
analyser les relations qui existent entre les différentes variables et
la fréquentation scolaire tandis qu'au niveau explicatif il s'agit de
trouver une relation de cause à effet entre les variables
indépendantes et la scolarisation.
3.4.1 Analyse descriptive
A ce stade de l'analyse des données, nous devons mettre
en exergue les associations qui existent entre l'appartenance ethnique ou
religieuse et la scolarisation. Il s'agit dans la pratique d'examiner les
variations du niveau de la scolarisation selon l'ethnie et la religion du chef
de ménage, les autres caractéristiques liées d'une part au
chef de ménage et d'autre part à l'enfant. Pour ce faire, nous
étudierons les corrélations entre l'ethnie et la scolarisation
d'une part et entre la religion et la scolarisation d'autre part. Au niveau de
l'analyse descriptive, le logiciel SPSS nous fournit les probabilités de
signification de la statistique du Khi-2 des associations entre la
fréquentation scolaire et les variables indépendantes. Nous
apprécions cette signification aux différents seuils de 1%, 5%,
ou 10%.
3.4.2 Analyse explicative
A ce niveau, la méthode d'analyse s'avère
très importante car elle doit permettre d'établir une relation
causale entre les variables. Nous recourons ici à une méthode
multivariée explicative qui nous permettra de détecter les
relations fallacieuses qui existent souvent au niveau descriptif.
a- Présentation du modèle
L'analyse de la régression est une technique
statistique permettant d'établir une relation entre une variable et des
variables explicatives, afin d'étudier les associations et de faire des
prévisions (Taffé, 2004). En fonction de la nature de la variable
à expliquer, on note deux types de régressions : la
régression linéaire et la régression logistique. Lorsque
la variable dépendante est qualitative ou catégorielle, la
régression linéaire n'est pas appropriée et on recourt
plutôt à la régression logistique. En outre, on distingue
deux types de régression logistique selon le nombre d'attributs que peut
prendre la variable dépendante. Lorsque la variable expliquée est
dichotomique (elle ne prend que deux
modalités : Oui ou Non), on fait appel au modèle
binomial de la régression logistique. Par contre le modèle
multinomial est réservé aux variables dépendantes
polytomiques c'est-à- dire qui comptent plus de deux
modalités.
b- Justification du modèle
Nous recourons à la régression logistique pour
l'analyse explicative. Ce choix est inspiré par la nature qualitative
des variables que nous souhaitons mettre en relation. Dans le cas
présent, la fréquentation scolaire a été saisie par
la réponse par Oui ou par Non à la question : (NOM)
fréquente-t-il/elle en 199 7/98 l'école ? Ainsi, la variable
à expliquer est binaire (présence [1], absence [0] de la
fréquentation scolaire), on recourt donc à la régression
logistique binomiale.
c- Principes et interprétation de la
méthode
Dans une série d'enfants d'âge variant de 6
à 14 ans, nous consignons la fréquentation ou la non
fréquentation scolaire en fonction des variables indépendantes.
Pour une caractéristique X donnée de la variable
indépendante, la régression logistique permet de calculer la
probabilité d'observer Y (fréquentation ou non
fréquentation scolaire chez l'enfant). Elle permet de modéliser
l'espérance mathématique de y conditionnelle à
x en introduisant au préalable un codage quantitatif permettant
de représenter les différents attributs.
Y=1 si l'enfant fréquente Y =0 sinon
Si nous posons P(y=1)=p1 : probabilité pour qu'un
enfant (vérifiant une caractéristique x1 de X) fréquente
et P(y=0)=p0 : probabilité pour qu'un autre enfant (vérifiant une
caractéristique x0 de X) ne fréquente pas. Nous
définissons le Odds et le Odds Ratio :
Un Odds est un rapport de cotes qui se
définit pour une probabilité p :
p
odds=p 1-
Pour les différentes caractéristiques x0, x1,
x2... nous avons des Odds : p0 1-
p0,
p1 1-p1,
p2 1-p2 ...
Le Odds Ratio (OR) est un rapport de chance et
se définit par :
p1
p1 = =
1 - p , ... Où
2 p log [ ( 1 )]
it p y x x
= =
= â
0 0
e
2 p 0 e
0
p1
p2 1
=
1x
log
it [ (
p y
e
= x )] â â
0 1
+
1 e
1
-
p
1
= ,
OR
OR
1
p0
Dans cet exemple, la modalité x0 de X est
considérée comme référence et x1, x2, ... sont les
autres modalités de X.
Si le OR1 est différent de 1, cela signifie qu'il y a
une association entre la fréquentation scolaire et les modalités
x0et x1 de X. Par exemple si X est le sexe, x1 le sexe masculin et x0 le sexe
féminin. OR1>1 signifie que les enfants du sexe masculin ont plus de
chance de fréquenter que ceux de sexe féminin. Si OR1<1, alors
ce sont les filles qui sont les plus favorisées pour la
fréquentation scolaire.
La statistique r ou coefficient de
corrélation partielle : C'est le pouvoir discriminant d'une
variable dans un modèle explicatif. Elle est assortie d'une
probabilité qui, comparée aux différents seuils permet
d'apprécier la signification du pouvoir explicatif de la variable dans
un modèle donné.
Conclusion partielle
Ce chapitre a permis d'adapter le cadre conceptuel aux
données issues de l'enquête prioritaire de 1998 au Burkina
Faso.
D'une manière générale, les
données obtenues sont de qualité acceptable. La source de
données utilisée est adaptée aux objectifs de
l'étude dans la mesure où elle fournit, en plus des
caractéristiques du ménage et de l'enfant, l'ethnie et la
religion du chef de ménage, deux aspects cruciaux du socioculturel.
Toutefois, d'autres informations auraient été souhaitées
pour étoffer cette étude. Il s'agit notamment des informations
sur les caractéristiques socioculturelles des parents biologiques de
l'enfant.
Vu la qualité dichotomique de la variable
dépendante, nous retenons la régression logistique binaire pour
l'analyse explicative. Mais auparavant, dans le chapitre suivant, nous
procédons à l'analyse différentielle sur la base de
tableaux croisés.
CHAPITRE 4 : CARACTERISATION DES ENFANTS AGES DE 6 A 14 ANS ET ANALYSE
DIFFERENTIELLE DE LEUR SCOLARISATION
|
Cette section a pour but essentiel de faire une analyse
différentielle de la fréquentation scolaire selon les
caractéristiques socioculturelles des enfants. Il s'agit dans un premier
temps, de procéder à l'examen des caractéristiques
socioculturelles de la population cible de l'étude. Dans un second
temps, nous procédons à une étude différentielle de
la scolarisation selon ces caractéristiques. Au cours de cette seconde
partie du chapitre, sont également présentés certains
indicateurs sur la fréquentation scolaire des enfants de 6 à 14
ans.
4.1 Caractérisation des enfants de 6-14 ans
selon l'ethnie et la religion
Nous procédons ici à l'étude de la
répartition des enfants de 6 à 14 ans selon l'appartenance
socioculturelle et les caractéristiques sociodémographiques.
4.1.1 La répartition selon le milieu de
résidence
L'examen des taux de présence dans les deux milieux,
montre que les ethnies Bissa29, les Peulh et les Gourmantché
sont les moins représentés en milieu urbain avec chacune moins de
8% de sa population alors que la moyenne est de 14,5%. Pendant ce temps, les
groupes Mossi et Sabodiou30 s'illustrent respectivement avec 17 et
23% de leur population en milieu urbain.
Les chrétiens sont les plus représentés
en milieu urbain avec deux personnes contre cinq en milieu rural. Ils sont
suivis des musulmans qui ont 15% de leur population en ville tandis que
seulement un animiste sur 30 vit en milieu urbain. Ainsi, la religion animiste
s'illustre comme la moins touchée par l'urbanisation.
29 Il s'agit des enfants des ménages
dirigés par un Bissa. Par la suite, les enfants habitant dans un
ménage dirigé par un chef d'une ethnie donnée, prendront
appellation de cette ethnie comme s'ils en faisaient partie. Il en sera de
même pour la religion.
30 Sabodiou : groupe formé des Samo, Bobo et
Dioula.
Tableau 4.1 Répartition des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le milieu de
résidence
|
Milieu Urbain
|
Milieu Rural
|
Ensemble
|
%
|
%
|
Effectif
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
17,1
|
82,9
|
14928
|
100
|
Sabodiou
|
22,8
|
77,2
|
2150
|
100
|
Peulh
|
5,5
|
94,5
|
1779
|
100
|
Bissa
|
7,8
|
92,2
|
1341
|
100
|
Gourmantché
|
6,9
|
93,1
|
1939
|
100
|
Gourounsi
|
11,0
|
89,0
|
1531
|
100
|
Dago-Selobi
|
12,7
|
87,3
|
1914
|
100
|
Autres
|
12,0
|
88,0
|
3153
|
100
|
Religions
|
Musulmane
|
15,2
|
84,8
|
16115
|
100
|
Chrétienne
|
28,4
|
71,6
|
5590
|
100
|
Animiste
|
2,9
|
97,1
|
7048
|
100
|
Total
|
14,7
|
85,3
|
28753
|
100
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
4.1.2 La répartition selon le niveau d'instruction
du chef de ménage (CM)
Tableau 4.2 : Répartition des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau d'instruction du
CM
|
Sans niveau
|
Niveau Primaire
|
Secondaire ou plus
|
Ensemble
|
%
|
%
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
88,9
|
6,7
|
4,4
|
14928
|
100
|
Sabodiou
|
79,0
|
11,8
|
9,2
|
2150
|
100
|
Peulh
|
97,6
|
1,2
|
1,2
|
1779
|
100
|
Bissa
|
91,6
|
5,2
|
3,2
|
1341
|
100
|
Gourmantché
|
91,2
|
6,1
|
2,8
|
1939
|
100
|
Gourounsi
|
89,8
|
5,2
|
5,0
|
1531
|
100
|
Dago-Selobi
|
83,3
|
9,9
|
6,8
|
1914
|
100
|
Autres
|
90,0
|
6,8
|
3,3
|
3153
|
100
|
Religions
|
Musulmane
|
91,4
|
5,5
|
3,1
|
16115
|
100
|
Chrétienne
|
72,0
|
14,1
|
13,9
|
5590
|
100
|
Animiste
|
95,9
|
3,7
|
0,4
|
7048
|
100
|
Total
|
88,8
|
6,7
|
4,5
|
28753
|
100
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Pendant qu'au Burkina Faso, 89% des enfants de 6-14ans ont des
CM sans niveau d'instruction, les Peulh semblent les plus touchés par
l'illettrisme des CM avec 98% de CM illettrés. Le groupe Sabodiou qui
était déjà le plus urbanisé, se distingue aussi
avec le
plus faible taux de CM de niveau d'instruction nul, et les plus
fortes proportions de CM de niveau d'instruction primaire et secondaire.
Sur 100 enfants sous tutelle de chrétiens, 72 ont des
CM sans niveau, 14 de niveau primaire et presque autant de niveau secondaire ou
plus. Seulement 3 enfants de ménages musulmans sur 100 ont des CM de
niveau d'instruction supérieur tandis que la quasi- totalité des
enfants de ménages animistes ont des CM qui sont sans niveau
d'instruction.
4.1.3 La répartition selon de niveau de vie du
ménage
Le tableau suivant présente une répartition des
enfants selon l'ethnie du CM et le niveau de vie du ménage. Les groupe
Sabodiou et Mossi s'illustrent avec les plus fort taux d'enfants dans les
ménages de niveau de vie élevé. Il faut noter aussi que
les enfants dont les CM sont Peulh ou Gourmantchés vivent davantage dans
des ménages de faible niveau de vie. En effet, 56% d'entre eux vivent
dans des ménages dont le niveau de vie est très faible.
Tableau 4.3 : Répartition des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau de vie du
ménage
|
Très faible
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Ensemble
|
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
17,5
|
26,3
|
27,3
|
28,9
|
14928
|
100
|
Sabodiou
|
23,1
|
14,2
|
27,2
|
35,4
|
2150
|
100
|
Peulh
|
60,4
|
21,4
|
10,8
|
7,4
|
1779
|
100
|
Bissa
|
24,8
|
21,0
|
33,8
|
20,3
|
1341
|
100
|
Gourmantché
|
56,0
|
24,1
|
6,3
|
13,6
|
1939
|
100
|
Gourounsi
|
13,1
|
43,9
|
28,0
|
15,1
|
1531
|
100
|
Dago-Selobi
|
26,3
|
31,3
|
19,6
|
22,8
|
1914
|
100
|
Autres
|
32,0
|
18,7
|
27,2
|
22,1
|
3153
|
100
|
Religions
|
Musulmane
|
24,7
|
23,7
|
26,0
|
25,7
|
16115
|
100
|
Chrétienne
|
19,9
|
18,1
|
20,6
|
41,4
|
5590
|
100
|
Animiste
|
31,2
|
33,4
|
25,7
|
9,6
|
7048
|
100
|
Total
|
25,4
|
25,0
|
24,9
|
24,8
|
28753
|
100
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Les enfants des ménages dirigés par des
musulmans semblent équitablement représentés dans les
différentes catégories du niveau de vie tandis que des
disparités existent au niveau des chrétiens et des animistes.
Environ 40% des enfants dont les CM sont chrétiens vivent dans des
ménages de niveau de vie élevé tandis que, ce taux n'est
que de 10% pour les enfants dont les CM sont animistes.
4.1.4 La répartition selon le sexe du chef de
ménage (CM)
Les informations fournies par le tableau
4.4 permettent d'avoir une idée des
inégalités qui existent entre les sexes dans les
différents groupes d'appartenance en matière de gestion du
ménage. Cette disparité de la proportion des femmes CM varie de
3% (un ménage sur 30 est dirigé par une femme) chez les
Gourmantché à 11% (un ménage sur 10 est dirigé par
une femme) chez les Bissa tandis que la moyenne nationale est de 5% soit un
ménage sur 20 dirigé par une femme. Cela montre que la gestion
des ménages semble être l'apanage des hommes dans la
société burkinabé. Toutefois, certaines ethnies seraient
plus disposées que d'autres à confier la gestion des
ménages aux femmes.
Tableau 4.4 : Répartition des enfants de 6-14
ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe du chef de
ménage (CM)
|
Hommes CM
|
Femmes CM
|
Ensemble
|
%
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
95,7
|
4,3
|
14928
|
100
|
Sabodiou
|
92,7
|
7,3
|
2150
|
100
|
Peulh
|
98,1
|
1,9
|
1779
|
100
|
Bissa
|
89,0
|
11,0
|
1341
|
100
|
Gourmantché
|
97,0
|
3,0
|
1939
|
100
|
Gourounsi
|
93,7
|
6,3
|
1531
|
100
|
Dago-Selobi
|
94,6
|
5,4
|
1914
|
100
|
Autres
|
96,9
|
3,1
|
3153
|
100
|
Religions
|
Musulmane
|
96,5
|
3,5
|
16115
|
100
|
Chrétienne
|
91,7
|
8,3
|
5590
|
100
|
Animiste
|
95,5
|
4,5
|
7048
|
100
|
Total
|
95,3
|
4,7
|
28753
|
100
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Tout comme pour l'ethnie, les religions tendent à
influencer les rapports de genre. La proportion des femmes CM est deux fois
plus élevée chez les chrétiens que chez les musulmans et
les animistes. La religion musulmane tend à introduire une plus grande
disparité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la gestion
des ménages.
Ces différences pourraient s'expliquer par les rapports
de genre31 au sein même du groupe ethnique et religieux. Cela
pourrait avoir des conséquences sur les discriminations
31 En partant d'études anthropologiques,
(Kobiané, 2001b) montre que dans les ethnies Bissa, Bwa, Samo et
Gourounsi, les femmes ont un pouvoir de décision et un pouvoir
économique. Ici les Bwa et Samo sont regroupés dans la
modalité `'Sabodiou». Cela dit nous constatons que les groupes
ethniques Bissa, Sabodiou et Gourounsi accordent plus la direction des
ménages aux femmes que les autres ethnies avec des indices respectifs de
12,4, 7,9 et 6,7
sexuelles en matière de fréquentation scolaire
et une influence sur la scolarisation différentielle selon le sexe dans
la mesure où ce constat serait une traduction des rôles sociaux
accordés à la femme, donc à la fille dans ces groupes
ethniques et religieux.
4.2 Analyse différentielle de la scolarisation
des enfants de 6-14 ans
L'analyse différentielle de la scolarisation consiste
ici à l'étude des interrelations entre l'ethnie, la religion et
la fréquentation scolaire des enfants âgés de 6 à 14
ans. Elle se fait dans un premier temps par la présentation de quelques
indicateurs évalués à partir des données de
l'étude et dans un second temps par l'étude de l'influence de
l'ethnie et de la religion sur la fréquentation scolaire en fonction des
variables socioéconomiques et sociodémographiques.
4.2.1 Estimation du niveau de la fréquentation
scolaire
Ce paragraphe a pour but essentiel d'évaluer des
indicateurs de la fréquentation scolaire de enfants selon l'appartenance
ethnique et religieuse de leurs CM. Les indicateurs qui servent à la
mesure de la fréquentation scolaire sont :
> Le taux de scolarisation : C'est en réalité la
proportion des enfants de 6 à 14
ans d'un groupe socioculturel qui ont fréquenté
l'école pendant l'année scolaire 1997/1998.
> L'espérance de vie scolaire (EVS) : Elle mesure le
nombre total d'années
d'éducation formelle dont un enfant d'un groupe
donné peut espérer bénéficier (y compris les
années de redoublement) entre son 6ème et son 1
5me anniversaire en supposant que la probabilité de son
admission à l'école à un âge donné est
égale au présent taux d'admission de cet âge-là.
> L'espérance de survie scolaire (ESS) : elle se
définit comme étant le nombre
total d'année de scolarité dont un enfant de 6 ans
déjà scolarisé peut espérer
bénéficier avant son 1 5ème anniversaire.
> Le taux brut de scolarisation (TBS) au primaire : C'est le
rapport du nombre
des enfants inscrits au primaire (quel que soit l'âge) sur
le nombre des enfants d'âge légal du primaire (7-12 ans).
> Le taux net de scolarisation (TNS) au primaire : C'est la
proportion de
l'effectif des enfants (âgés de 7-1 2ans) inscrits
au primaire dans l'effectif des enfants d'âge
légal du primaire (7-12 ans). Contrairement au taux brut
de scolarisation, le TNS prend au numérateur seulement la population
d'âge primaire (7-12 ans), scolarisée au primaire.
a- Taux de fréquentation scolaire des enfants de
6-14 ans.
L'examen du graphique 4.1 montre que
pour l'ensemble des deux sexes, le taux de fréquentation scolaire varie
avec l'appartenance du CM. Les enfants dont les CM sont Peulh sont les moins
scolarisés avec un taux de 9% soit le tiers du taux national (27%). Du
tableau 4.5, la sous-scolarisation féminine
apparaît de manière différente selon l'appartenance
ethnique. Les enfants des ménages dirigés par des CM Peulh
s'illustrent ici par un faible taux de scolarisation, mais paradoxalement ils
ont la meilleure parité fille/garçon. Sur le plan national,
l'Indice de parité montre que seulement trois filles sont
scolarisées contre quatre garçons.
Graphique 4.1 : Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans selon l'appartenance ethnique du chef de ménage
(CM)
Sabodiou
|
|
|
|
35,5
|
Gourounsi
|
|
|
|
34,1
|
Mossi
|
|
|
28,2
|
|
Dago-Selobi
|
|
|
27,1
|
|
Autres
|
|
|
25,6
|
|
Bissa
|
|
20,1
|
|
|
Gourmantché
|
|
18,7
|
|
|
Peulh
|
9,1
|
|
|
|
0
|
10
|
20
|
30
|
40
|
|
|
|
|
|
Il ressort du tableau 4.5 qu'il
existe des différences de fréquentation scolaire selon
l'appartenance religieuse. Les enfants des ménages dirigés par
des chrétiens ont le plus fort taux de fréquentation scolaire
(environ 2 fois le taux des musulmans et 3 fois celui des animistes). C'est
aussi eux qui ont une meilleure parité des sexes en matière de
fréquentation scolaire. Notons que les CM animistes tendent à
scolariser une fille contre deux garçons, les musulmans, trois contre
quatre et les chrétiens quatre contre cinq.
Tableau 4.5 : Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans selon le sexe, l'appartenance ethnique et religieuse du chef de
ménage
Masculin Féminin Ensemble IP (F/M)
|
Ethnies
|
Sabodiou
|
40,0
|
30,1
|
35,5
|
75,3
|
Gourounsi
|
36,6
|
31,2
|
34,1
|
85,2
|
Mossi
|
32,8
|
23,5
|
28,2
|
71,6
|
Dago-Selobi
|
28,8
|
25,1
|
27,1
|
87,2
|
Autres
|
30,1
|
20,8
|
25,6
|
69,1
|
Bissa
|
23,7
|
15,8
|
20,1
|
66,7
|
Gourmantché
|
22,5
|
14,7
|
18,7
|
65,3
|
Peulh
|
9,3
|
9,0
|
9,1
|
96,8
|
Religions
|
Chrétienne
|
51,0
|
42,6
|
46,9
|
83,5
|
Musulmane
|
27,9
|
20,8
|
24,4
|
74,6
|
Animiste
|
20,6
|
9,7
|
15,5
|
47,1
|
Total
|
30,4
|
22,4
|
26,6
|
73,7
|
IP (F/M) : Indice de parité
Féminin/Masculin des taux de scolarisation
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
b- Taux de scolarisation au primaire.
Le graphique 4.2 présente les
taux de scolarisation au primaire : les ethnies y sont classées par
ordre décroissant de TBS. Il apparaît que les Gourounsi et les
Sabodiou sont les mieux scolarisés au primaire, tandis que les Peulh
s'illustrent comme les moins scolarisés. Ces tendances sont
confirmées avec les taux nets de scolarisation qui suivent presque le
même ordre.
Tableau 4.6 : Taux de scolarisation au primaire selon
l'appartenance ethnique et religieuse
|
Taux Brut de Scolarisation
|
Taux Net de Scolarisation
|
Ethnies
|
Gourounsi
|
48,4
|
34,5
|
Sabodiou
|
48,0
|
34,0
|
Mossi
|
37,3
|
26,8
|
Autres
|
37,1
|
26,0
|
Dago-Selobi
|
35,6
|
26,7
|
Bissa
|
28,7
|
22,2
|
Gourmantché
|
25,0
|
17,9
|
Peulh
|
12,9
|
9,2
|
Religions
|
Chrétienne
|
65,9
|
45,7
|
Musulmane
|
32,2
|
23,6
|
Animiste
|
21,0
|
15,5
|
Total
|
35,8
|
25,8
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Graphique 4.2 : Taux brut et net de scolarisation au
primaire au Burkina Faso selon l'appartenance ethnique du chef de ménage
(CM)
|
|
Gourounsi
|
34,5
48,4
|
|
Sabodiou Mossi Autres Dago-Selobi Bissa Gourmantché Peulh
|
34
48
|
26,8
37,3
|
26
37,1
|
26,7
35,6
|
22,2
28,7
|
17,9
25
|
9,2
12,9
|
0 10 20 30 40 50 60
|
|
TBS TNS
|
|
|
TBS=taux brut de scolarisation ; TNS=taux net de scolarisation
c- Espérance de vie et de survie scolaire des
enfants de 6-14 ans.
Il ressort du tableau 4.7 que le
nombre d'année qu'un enfant de 6 ans peut espérer passer à
l'école avant son 15ème anniversaire varie avec l'appartenance
ethnique de son CM. Un enfant dont le CM est du groupe Sabodiou ou Gourounsi
peut espérer passer 3,2 ans contre 1 an pour un autre dont le CM est
Gourmantché ou Peulh. Les enfants dont les CM sont chrétiens,
avant d'entrer à l'école, espèrent passer deux et trois
fois plus de temps que ceux dont les ménages sont dirigés par des
musulmans et des animistes respectivement. D'une manière
générale, l'espérance de vie scolaire entre
6ème et 1 5ème anniversaire sur le plan national est
faible ; seulement 2 ans et demi.
Après l'admission dans le système scolaire, les
enfants de 6-14 ans espèrent passer environ 7 ans à
l'école avant l'âge de 15 ans. Cette durée, sur le plan
national, est assez bonne car elle couvre 90% de la durée de 6 à
14 ans. Toutefois les enfants des ménages de certaines ethnies comme les
Bissa ont une faible chance de rester plus longtemps dans le système
scolaire entre le 6ème et le 1 5ème
anniversaire. Il en est de même pour les enfants dont les CM sont
animistes.
Tableau 4.7 : Espérance de vie et de survie
scolaire des enfants entre 6 et 14 ans selon l'appartenance ethnique et
religieuse du chef de ménage (CM)
Espérance de vie scolaire Espérance de survie
scolaire
|
Ethnies
|
Sabodiou
|
3,2
|
7,0
|
Gourounsi
|
3,1
|
6,3
|
Mossi
|
2,6
|
7,1
|
Dago-Selobi
|
2,5
|
6,5
|
Autres
|
2,3
|
6,7
|
Bissa
|
1,8
|
5,6
|
Peulh
|
0,9
|
6,2
|
Gourmantché
|
0,9
|
6,2
|
Religions
|
Chrétienne
|
4,2
|
7,2
|
Musulmane
|
2,2
|
7,1
|
Animiste
|
1,4
|
6,3
|
Total
|
2,4
|
7,1
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Graphique 4.3 : Espérance de vie et de survie
scolaire des enfants de 6-14 ans
Sabodiou Gourounsi Mossi Dago-Selobi Autres Bissa Gourmantché Peulh
|
|
|
|
|
|
|
|
8
|
|
|
|
|
|
|
7
|
3,2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6,3
|
3,1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
7,1
|
2,6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6,5
|
2,5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6,7
|
|
2,3
|
|
|
|
6,2 6,2
|
|
|
|
|
|
5,6
|
1,8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,9
|
|
|
|
|
|
0
|
2
|
|
4
|
|
6
|
|
|
EVS
|
|
ESS
|
|
|
|
|
|
|
|
EVS=espérance de vie scolaire ; ESS=espérance de
survie scolaire
4.2.2 Scolarisation différentielle selon
l'appartenance
socioculturelle du chef de ménage
Ici, nous allons faire l'étude différentielle de la
scolarisation selon l'appartenance ethnique et religieuse et suivant certaines
caractéristiques sociodémographiques.
a- Différences selon le sexe de
l'enfant
Le tableau 4.8 présente les
taux de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans selon le sexe et
l'appartenance ethnique. Il apparaît ici que pour les deux sexes, il y a
une relation significative entre l'ethnie et la fréquentation scolaire
des enfants. Mais l'ampleur de cette discrimination varie selon les ethnies ;
en témoigne la variation des indices de parité
Fille/Garçon des taux de fréquentation scolaire. Cette
disparité est plus poussée dans les groupes
Gourmantché et Bissa où à peine 7 filles
vont à l'école contre 10 garçons.
Tableau 4.8 : Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe de
l'enfant
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
IP (F/G)
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
32,8
|
23,5
|
28,2
|
71,6
|
Sabodiou
|
40,0
|
30,1
|
35,5
|
75,2
|
Peulh
|
9,3
|
9,0
|
9,1
|
97,3
|
Bissa
|
23,7
|
15,8
|
20,1
|
66,6
|
Gourmantché
|
22,5
|
14,7
|
18,7
|
65,4
|
Gourounsi
|
36,6
|
31,2
|
34,1
|
85,4
|
Dago-Selobi
|
28,8
|
25,1
|
27,1
|
87,4
|
Autres
|
30,1
|
20,8
|
25,6
|
69,3
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
|
Religions
|
Musulmane
|
27,9
|
20,8
|
46,9
|
74,2
|
Chrétienne
|
51,0
|
42,6
|
15,5
|
83,5
|
Animiste
|
20,6
|
9,7
|
26,6
|
47,1
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
|
Total
|
30,4
|
22,4
|
26,5
|
73,7
|
IP(F/M) : Indice de parité
Féminin/Masculin des taux de scolarisation
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Quelle que soit l'appartenance religieuse du CM, les
garçons sont plus scolarisés que les filles. Cette
disparité entre sexes en matière de fréquentation scolaire
est plus poussée chez les CM animistes qui scolarisent une fille contre
deux garçons. Elle est moins criarde chez les CM chrétiens que
chez les musulmans qui scolarisent trois filles contre quatre
garçons.
Des résultats similaires ont été
trouvés par Kobiané (2001b) avec l'enquête prioritaire de
1994. Il trouve en effet que les Gourounsi sont les plus scolarisés avec
37% de taux de fréquentation scolaire. Les ethnies les plus
scolarisées n'ont pas forcément les plus faibles
inégalités entre sexe. A ce propos, on constate que le groupe
Sabodiou, qui est le mieux scolarisé, tend à scolariser trois
filles pour quatre garçons alors que les peulh, présentant le
plus faible taux de fréquentation scolaire s'illustrent en scolarisant
presque autant de filles que de garçons. Ces différences
pourraient s'expliquer par le fait que certaines ethnies, tout en étant
disposées à envoyer les enfants à l'école, ne sont
pas prêtes, du fait de leurs valeurs culturelles, à scolariser
autant les filles que les garçons. Kobiané (2001b) fait remarquer
que : « un groupe ethnique qui, du point de vue de son organisation
sociale et politique, accorde davantage une place de choix à la femme et
dans lequel celle-ci a son mot à dire quant à l'orientation des
enfants, et en particulier des filles, ne présenterait-il pas les
conditions d'une meilleure scolarisation desfilles et d'une
inégalité garçon/fille moindre ?»
b- Différences selon le milieu de
résidence
Du tableau 4.9, il ressort qu'en
milieu urbain, les taux de scolarisation varient de 50,5% chez les Peulh
à 81% chez les Bissa. Comme on devrait s'y attendre, le taux de
scolarisation en milieu rural est plus faible que le taux en milieu urbain pour
toutes les ethnies. En d'autres termes, la présence d'un ménage
en ville influence positivement la scolarisation des enfants. Cela pourrait
s'expliquer par le fait que le milieu urbain est plus propice à la
scolarisation des enfants, mais on pourrait penser aussi qu'il est aussi un
lieu où les valeurs modernes sont plus en vogue. Ce qui contribue
à la prédisposition des ménages à
l'éducation formelle. Toutefois, les inégalités de
scolarisation dues au milieu de résidence sont plus poussées chez
les CM Peulh et Bissa qui tendent à scolariser respectivement 13 et 19
enfants en milieu rural contre 100, s'ils résidaient en milieu urbain.
Les enfants des ménages dirigés par des CM Gourounsi subissent
une fréquentation beaucoup moins inégalitaire par rapport au
milieu de résidence.
On note une relation significative entre l'appartenance
religieuse du CM et la scolarisation de l'enfant. Il importe de noter aussi que
les inégalités urbain/rural en matière de scolarisation
varient avec les religions. Elles sont plus poussées chez les musulmans
tandis que l'indice tend à être plus égalitaire chez les
chrétiens. Quel que soit le milieu de résidence, les enfants des
ménages dirigés par des chrétiens sont les plus
scolarisés. Il faut noter qu'en milieu rural, seulement un enfant des
ménages musulmans et animistes est scolarisé contre deux dans les
ménages sous tutelle de chrétiens.
Tableau 4.9 : Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans selon l'appartenance ethnie, religieuse et le milieu de
résidence
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
IP (Rur/Urb)
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
68,9
|
19,8
|
28,2
|
28,7
|
Sabodiou
|
65,0
|
26,9
|
35,5
|
41,4
|
Peulh
|
(50,5)
|
6,7
|
9,1
|
13,3
|
Bissa
|
(81,1)
|
15,3
|
20,1
|
18,9
|
Gourmantché
|
67,2
|
15,2
|
18,7
|
22,6
|
Gourounsi
|
72,7
|
29,3
|
34,1
|
40,3
|
Dago-Selobi
|
73,8
|
20,2
|
27,1
|
27,4
|
Autres
|
62,3
|
20,7
|
25,6
|
33,2
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
|
Religions
|
Musulmane
|
64,0
|
17,3
|
46,9
|
27,0
|
Chrétienne
|
76,7
|
35,2
|
15,5
|
45,9
|
Animiste
|
46,6
|
14,6
|
26,6
|
31,3
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
|
Total
|
67,9
|
19,5
|
26,5
|
28,7
|
( ) : signifie que le taux est issu d'un
effectif inférieur à 100
|
IP (Rur/Urb) : Indice de parité
Rural/Urbain des taux de scolarisation
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
c- Différences selon le niveau d'instruction du
CM
L'analyse différentielle de la scolarisation des
enfants révèle que la fréquentation scolaire des enfants
est significativement associée à l'appartenance religieuse du
chef de ménage. L'association entre la religion et la scolarisation
reste significative, même chez les enfants sous tutelle de CM de niveau
d'instruction secondaire ou plus. Remarquons cependant que les enfants des
ménages chrétiens sont les plus scolarisés et cela
indépendamment du niveau d'instruction. En ce qui concerne
l'appartenance ethnique, il serait trop délicat de tirer une conclusion
au regard des petits effectifs constatés dans le tableau.
Ces résultats pourraient se confirmer par la suite au
niveau des analyses explicatives, mais ils montrent déjà comment
le niveau d'instruction du CM pourrait conditionner l'effet de la religion sur
la fréquentation scolaire des enfants.
Tableau 4.10 : Taux de scolarisation des enfants
de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau
d'instruction du chef de ménage
|
Sans niveau
|
Niveau primaire
|
Secondaire ou plus
|
Ensemble
|
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Ethnies
|
|
|
|
|
Mossi
|
22,9
|
62,4
|
79,8
|
28,2
|
Sabodiou
|
28,8
|
46,5
|
80,5
|
35,5
|
Peulh
|
7,3
|
(75,0)
|
(81,8)
|
9,1
|
Bissa
|
16,3
|
(52,5)
|
(73,8)
|
20,1
|
Gourmantché
|
15,1
|
35,7
|
(86,3)
|
18,7
|
Gourounsi
|
28,8
|
(67,6)
|
(91,9)
|
34,1
|
Dago-Selobi
|
20,0
|
47,3
|
79,5
|
27,1
|
Autres
|
21,7
|
50,2
|
80,2
|
25,6
|
Signification du Khi-2
|
* * *
|
* * *
|
ns
|
* * *
|
Religions
|
|
|
|
|
Musulmane
|
20,7
|
53,0
|
79,9
|
46,9
|
Chrétienne
|
36,0
|
65,8
|
82,5
|
15,5
|
Animiste
|
14,5
|
36,0
|
(46,7)
|
26,6
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Total
|
21,5
|
56,0
|
80,6
|
26,5
|
( ) : signifie que le taux est issu d'un
effectif inférieur à 100
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
d- Différences selon le niveau de vie du
ménage
Le tableau 4.11 montre que le niveau
de vie n'a pas une influence notable sur l'association entre la
fréquentation scolaire et la religion. Quel que soit le niveau de vie,
l'association entre l'ethnie et la scolarisation reste significative. Nous
observons aussi d'une manière générale que le taux de
fréquentation scolaire tend à augmenter avec le niveau de vie du
ménage. Cette assertion reste encore vraie quelle que soit l'ethnie du
CM.
La fréquentation scolaire des enfants est positivement
associée au niveau de vie du ménage et le fait d'appartenir
à des religions différentes ne remet pas en cause ce constat. Il
subsiste notamment une relation significative entre l'appartenance religieuse
du CM et la fréquentation scolaire des enfants, quel que soit le niveau
de vie du ménage. Dans la catégorie des ménages de niveau
de vie très faible, le taux de fréquentation scolaire des enfants
des ménages dirigés par des chrétiens est environ deux
fois plus élevé que celui des enfants sous tutelle de CM
musulmans et animistes.
Tableau 4.11 : Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans selon
l'appartenance ethnique, religieuse et le niveau de
vie du ménage
|
Très faible
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Ensemble
|
|
%
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Ethnies
|
|
|
|
|
|
Mossi
|
10,5
|
13,6
|
23,4
|
56,8
|
28,2
|
Sabodiou
|
18,0
|
21,7
|
28,5
|
58,0
|
35,5
|
Peulh
|
4,0
|
10,5
|
11,6
|
41,9
|
9,1
|
Bissa
|
11,5
|
8,9
|
16,1
|
49,6
|
20,1
|
Gourmantché
|
7,4
|
13,8
|
37,0
|
65,0
|
18,7
|
Gourounsi
|
15,6
|
26,4
|
37,6
|
66,4
|
34,1
|
Dago-Selobi
|
16,9
|
13,7
|
29,3
|
55,4
|
27,1
|
Autres
|
12,4
|
12,3
|
27,6
|
54,9
|
25,6
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Religions
|
|
|
|
|
|
Musulmane
|
8,8
|
13,8
|
21,8
|
51,7
|
46,9
|
Chrétienne
|
17,5
|
23,5
|
45,5
|
72,4
|
15,5
|
Animiste
|
10,0
|
12,3
|
19,4
|
34,6
|
26,6
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
***
|
***
|
Total
|
10,5
|
14,7
|
24,9
|
56,8
|
26,5
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
e- Différences selon le sexe du CM
Il ressort du tableau 4.12 que la
fréquentation scolaire des enfants est significativement associée
à l'appartenance ethnique et religieuse du CM, indépendamment de
son sexe. L'observation des indices de parité (HCM/FCM)32 des
taux montre que, dans la plupart des ethnies, les femmes CM scolarisent mieux
les enfants que les hommes CM. Nous avons vu précédemment que les
groupes ethniques Bissa, Gourounsi et Sabodiou accordaient plus de pouvoir
économique et de décision aux femmes et que cela pourrait avoir
une influence positive sur la fréquentation scolaire des filles. Nous
constatons ici que les hommes CM de ces groupes sont aussi les mieux
disposés à scolariser les enfants dans l'ensemble. Il ressort que
pour l'ensemble, les femmes CM scolarisent environ trois enfants contre deux
pour leurs homologues hommes tandis que chez les Mossi, les femmes scolarisent
deux fois plus que les hommes. Notons cependant que les faibles effectifs de
femmes chef de ménage dans les différentes ethnies rendent
délicates les conclusions à tirer de ces résultats.
Toutefois, selon le sexe du CM, il existe des différences entre les
religions en matière de fréquentation scolaire des enfants. On
constate que les femmes CM scolarisent plus que leurs homologues hommes dans
les religions musulmane et chrétienne.
32 HCM/HCM : Hommes chefs de ménage/Femmes
chefs de ménage
Ce qui n'est pas le cas chez les CM animistes. Cela pourrait se
justifier par la faible représentativité des femmes CM dans cette
communauté.
Tableau 4.12 : Taux de scolarisation des enfants de
6-14 ans selon l'appartenance ethnique, religieuse et le sexe du
CM
|
Hommes CM
|
Femmes CM
|
Ensemble
|
IP (HCM/FCM)
|
|
%
|
%
|
%
|
%
|
Ethnies
|
Mossi
|
27,1
|
50,5
|
28,2
|
53,7
|
Sabodiou
|
35,3
|
37,6
|
35,5
|
93,9
|
Peulh
|
8,7
|
(29,4)
|
9,1
|
29,6
|
Bissa
|
19,5
|
24,8
|
20,1
|
78,6
|
Gourmantché
|
18,2
|
(32,8)
|
18,7
|
55,5
|
Gourounsi
|
34,2
|
(33,0)
|
34,1
|
103,6
|
Dago-Selobi
|
26,7
|
34,0
|
27,1
|
78,5
|
Autres
|
24,9
|
(46,4)
|
25,6
|
53,7
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
|
Religions
|
Musulmane
|
23,7
|
42,8
|
46,9
|
55,4
|
Chrétienne
|
45,4
|
62,7
|
15,5
|
72,4
|
Animiste
|
15,7
|
11,8
|
26,6
|
133,1
|
Signification du Khi-2
|
***
|
***
|
***
|
|
Total
|
25,8
|
42,2
|
26,5
|
61,1
|
( ) : signifie que le taux est issu d'un
effectif inférieur à 100
|
IP (HCM/FCM) : Indice de parité
Homme/Femme des taux de scolarisation
|
Sabodiou = Samo, Bobo et Dioula ;
Dago-Selobi = Dagari, Gouin, Sénoufo et Lobi.
|
Conclusion partielle
Ce chapitre nous a permis :
Primo : de procéder à une
décomposition de la population cible de l'étude suivant ses
grandes caractéristiques sociodémographiques et socioculturelles.
Nous retenons, entre autres, que la religion chrétienne est la plus
représentée en ville de même que les groupes ethniques
Sabodiou et Mossi. Les femmes CM sont inégalement reparties dans les
différents groupes (plus représentées chez les Bissa)
tandis que les CM de niveau d'instruction secondaire ou plus se retrouvent
davantage dans le groupe Sabodiou.
Secondo : d'estimer le niveau de la
fréquentation scolaire. Cette estimation nous montre qu'il existe des
inégalités entre les niveaux de fréquentation des groupes
d'appartenance. Les enfants dont les CM appartiennent aux groupes Sabodiou et
Gourounsi ont les plus forts taux de fréquentation scolaire tandis que
ceux sous tutelle des chrétiens sont les plus scolarisés.
L'espérance de vie scolaire et de survie scolaire varie également
selon l'appartenance ethnique et religieuse.
Tertio : de faire l'analyse différentielle de
la scolarisation suivant les variables socioculturelles. A ce stade, l'analyse
révèle que la fréquentation scolaire des enfants
âgés de 6 à 14 ans est significativement associée
à l'appartenance ethnique et religieuse. Ce qui confirme l'existence de
disparités entre appartenances socioculturelles en matière de
scolarisation.
CHAPITRE 5 : ETUDE EXPLICATIVE DE LA
SCOLARISATION SELON L'APPARTENANCE SOCIOCULTURELLE
|
Cette section a pour objet l'analyse explicative de la
scolarisation des enfants selon l'appartenance socioculturelle du CM. Cette
analyse permet de contrôler l'action des différentes variables de
l'étude dans le but d'établir des relations de
causalité33 entre l'appartenance ethnique et religieuse et la
fréquentation scolaire des enfants. Elle procède par
l'étude des rapports de chances de fréquentation scolaire des
enfants de 6-14 ans selon l'appartenance ethnique et religieuse et en fonction
des différentes caractéristiques du ménage, du CM et de
l'enfant.
5.1 Appartenance ethnique et scolarisation
L'étude se fait d'abord sur l'ensemble de tous les
enfants. Ensuite, nous étudions les différences selon certaines
caractéristiques spécifiques qui pourraient être des
facteurs de différentiations entre les enfants.
5.1.1 Généralités
Le tableau 5.1 présente les
rapports de chances de la fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans
selon les variables indépendantes de l'étude.
En ce qui concerne l'appartenance ethnique du CM, il
apparaît au niveau brut qu'elle a un pouvoir discriminant important. Le
niveau d'instruction du CM et le niveau de vie du ménage ont
également un pouvoir discriminant important. Après le
contrôle de toutes les différentes variables, on observe que les
enfants dont les CM appartiennent aux groupes Gourmantché, Dagari et
Sénoufo n'ont pas de rapports de chances relatives significativement
différents par rapport aux Mossi, tandis que les Gourounsi, Bobo, Samo,
et Gouin ont, toutes choses égales par ailleurs, plus de chances de
fréquenter que les Mossi.
33 Ce qui n'était pas possible au niveau de
l'analyse différentielle bivarièe à cause des relations
fallacieuses que cette dernière peut introduire entre les variables.
Tableau 5.1 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans selon l'appartenance
ethnique du CM
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Ethnie
|
Mossi Dioula Peulh Bissa Gourmantché Gourounsi Bobo Samo Sénoufo Lobi Dagari Gouin Autres Statistique
r
|
réf
0,73** 0,25*** 0,64*** 0,58*** 1 ,32*** 1,51*** 1,74*** 0,95
ns 0,52*** 1,07ns 2,09*** 0,89** 0,13***
|
réf 0,68** 0,33*** 0,78*** 0,70*** 1 ,60*** 1,30***
1,26** 1,01 ns 0,62*** 1,12 ns 1,12 ns 0,98 ns 0,09***
|
réf 0,55*** 0,47*** 0,76*** 0,98 ns 1 ,88*** 1,30***
1,35*** 0,89 ns 0,84 ns 1,33** 1,58*** 1,07 ns 0,08***
|
réf 0,50*** 0,47*** 0,73*** 0,99 ns 1 ,84*** 1,28***
1,35*** 0,90 ns 0,82 ns 1,36*** 1,57** 1,08 ns 0,08***
|
réf 0,52*** 0,47*** 0,72*** 0,96ns 1,91*** 1,23***
1,31*** 0,94ns 0,77* 1,34ns 1,54** 1,08 ns 0,08***
|
Milieu de résidence
|
Urbain Rural Statistique r
|
8,75*** réf 0,32***
|
5,83*** Réf 0,24***
|
2,98*** Réf 0,13***
|
2,90*** Réf 0,13***
|
2,76*** Réf 0,12***
|
Niveau d'instruction
|
Sans niveau Niveau primaire Niveau secondaire ou
plus Statistique r
|
réf 8,75*** 15,36*** 0,26***
|
Réf 2,83*** 6,31*** 0,16***
|
Réf 2,31*** 4,17*** 0,12***
|
Réf 2,31*** 4,16*** 0,12***
|
Réf 2,38*** 4,49*** 0,12***
|
Niveau de vie
|
Niveau de vie très faible Niveau de vie faible Niveau de
vie moyen Niveau de vie élevé
Statistique r
|
0,32*** 0,50***
Réf 3,74*** 0,35***
|
|
Réf
1 ,32*** 2,43*** 5,10*** 0,19***
|
Réf
1 ,32*** 2,45*** 5,12*** 0,19***
|
Réf
1 ,33*** 2,52*** 5,41*** 0,19***
|
Sexe de l'enfant
|
Masculin Féminin Statistique r
|
réf 2,09*** 0,07***
|
|
Réf 0,56*** 0,02***
|
Réf 0,56*** 0,10***
|
Réf 0,56*** 10***
|
Sexe du CM
|
Masculin Féminin Statistique r
|
réf 0,66*** 0,08***
|
|
|
Réf 1,40*** 0,03***
|
Réf 1,41*** 0,03***
|
Groupes d'âge de l'enfant
|
6 à 9 ans 10 à 11 ans 12 à 14 ans
Statistique r
|
réf
1 ,59*** 1,34*** 0,08***
|
|
|
Réf
1 ,64*** 1,21*** 0,07***
|
Réf
1 ,67*** 1,25*** 0,07***
|
Taille du ménage
|
1-5 individus 1,10** Réf
6-10 individus réf 1,17***
|
11-15 individus + de 16 individus Statistique r
|
0,74*** 0,66*** 0,07***
|
|
1,05 ns 0,81*** 0,03***
|
|
|
|
Lien de parenté avec le CM
|
Enfant du CM
|
réf
|
|
|
|
Réf
|
Frères /soeurs du CM
|
0,67***
|
|
|
|
0,53***
|
Neveu/Nièce du CM
|
1,06ns
|
|
|
|
1,03 ns
|
Petits enfants du CM
|
1,03ns
|
|
|
|
1,29***
|
Autres parents du CM
|
0,93***
|
|
|
|
0,60***
|
Sans lien de parenté
|
1,40***
|
|
|
|
0,69***
|
Statistique r
|
0,03
|
|
|
|
0,05***
|
réf : modalité de référence
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
Il reste toujours que, de tous les groupes ethniques, les
enfants sous tutelle des Peulh ont les plus faibles chances de
fréquenter. Cela confirme la faible scolarisation observée chez
les peulh avec l'analyse différentielle.
Le milieu de résidence, le sexe du CM et le sexe de
l'enfant sont significativement associés à la
fréquentation scolaire au niveau brut. Il apparaît à ce
niveau que les enfants des ménages urbains ont 9 fois plus de chances de
fréquenter que ceux des ménages ruraux, mais cette
différence est fortement atténuée après le passage
au modèle final où elle n'est plus que de 3 fois plus. Il ressort
aussi au niveau net que les chances relatives de fréquentation croissent
avec le niveau de vie et que les garçons fréquentent plus que les
filles.
5.1.2 Influence de l'ethnie sur la scolarisation
Les différences de scolarisation observées
ci-dessus entre les ethnies peuvent masquer les irrégularités
entre les différentes catégories de la population. C'est
pourquoi, on procède à une étude de l'influence de
l'ethnie dans chaque catégorie. Les sous paragraphes de cette partie ont
pour objet de faire une étude des rapports de chances de
fréquentation entre les ethnies suivant le sexe de l'enfant, le milieu
de résidence, le niveau d'instruction du CM et le niveau de vie du
ménage.
a- Influence selon le sexe de l'enfant
Tableau 5.2 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14ans par sexe en fonction de
l'appartenance ethnique
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité de
référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Masculin
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
0,73**
|
0,73*
|
0,56***
|
0,50***
|
0,50***
|
Peulh
|
0,20***
|
0,25***
|
0,36***
|
0,37***
|
0,35***
|
Bissa
|
0,62***
|
0,72***
|
0,72ns
|
0,69***
|
0,70***
|
Gourmantché
|
0,58***
|
0,64***
|
0,92***
|
0,93ns
|
0,92ns
|
Gourounsi
|
1,1 8**
|
1,39***
|
1 ,62***
|
1,57***
|
1 ,58***
|
Bobo
|
1 ,42***
|
1 ,28***
|
1 ,29***
|
1 ,27**
|
1 ,22**
|
Samo
|
1 ,79***
|
1 ,42***
|
1 ,45***
|
1 ,44***
|
1 ,38**
|
Sénoufo
|
0,78**
|
0,78*
|
0,72**
|
0,71**
|
0,68***
|
Lobi
|
0,38***
|
0,42***
|
0,57***
|
0,56***
|
0,53***
|
Dagari
|
1,12ns
|
1,22ns
|
1,48***
|
1,52***
|
1,49***
|
Gouin
|
2,07***
|
1,20ns
|
1,68**
|
1,69**
|
1,66**
|
Autres
|
0,89**
|
1,00ns
|
1,11ns
|
1,11ns
|
1,09ns
|
Statistique r
|
0,14***
|
0,11***
|
0,09***
|
0,09***
|
0,09***
|
Féminin
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
0,65*
|
0,51**
|
0,57**
|
0,53**
|
0,55**
|
Peulh
|
0,33***
|
0,44***
|
0,66***
|
0,67***
|
0,67***
|
Bissa
|
0,63***
|
0,82ns
|
0,82ns
|
0,79*
|
0,75**
|
Gourmantché
|
0,56***
|
0,76**
|
1,06ns
|
1,06ns
|
1,01ns
|
Gourounsi
|
1 ,49***
|
1 ,87***
|
2,31***
|
2,31***
|
2,50***
|
Bobo
|
1,57***
|
1,25*
|
1,30***
|
1,29**
|
1,19ns
|
Samo
|
1,63***
|
1,01ns
|
1,23ns
|
1,24ns
|
1,20ns
|
Sénoufo
|
1,18ns
|
1,37**
|
1,25ns
|
1,27ns
|
1,46**
|
Lobi
|
0,75ns
|
0,95ns
|
1,44ns
|
1,38ns
|
1,27ns
|
Dagari
|
0,98ns
|
0,95ns
|
1,12ns
|
1,14ns
|
1,08ns
|
Gouin
|
2,09***
|
0,99ns
|
1,45ns
|
1,40ns
|
1,30ns
|
Autres
|
0,88*
|
0,92ns
|
1,02ns
|
1,02ns
|
1,05ns
|
Statistique r
|
0,12***
|
0,08***
|
0,07***
|
0,07***
|
0,08***
|
réf : modalité de référence
|
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
|
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
|
B : le niveau de vie
|
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
|
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
Pour les enfants de sexe masculin, le niveau brut
révèle que seuls ceux dont les CM sont du groupe Dagari ne sont
pas différents de ceux des ménages dirigés par des Mossi
en termes de chances de fréquentation scolaire. Par contre, au niveau
net, les modalités `'Gourmantché» et `'Autres Ethnies»
deviennent non significatives. Il ressort dans ce
dernier modèle que les garçons des
ménages de Gourounsi, Samo, Bobo, Dagari et Gouin ont plus de chances de
fréquenter que ceux des ménages de Mossi tandis que, seules les
filles sous tutelle de Senoufo et de Gourounsi ont des rapports de chances plus
élevés que celles des ménages dirigés par des
Mossi. Le pouvoir discriminant de l'ethnie reste plus élevé chez
les garçons dans tous les modèles. Cela tend à montrer que
les inégalités de scolarisation des garçons semblent plus
tributaires de l'appartenance ethnique, ce qui est contraire à nos
attentes.
b- Influence selon le milieu de
résidence
Le tableau 5.3 montre qu'en milieu
urbain, les enfants des ménages dirigés par des Peulh et les
`'Autres Ethnies» ont des rapports de chances significativement
différents de ceux qui sont sous tutelle des Mossi. En milieu rural, les
Autres Ethnies, les Gourounsi, les Samo et les Bobo ont des rapports de chances
significativement plus grands que les Mossi de fréquenter
l'école, tandis qu'en milieu urbain, les enfants des ménages de
Peulh, Gourounsi et Senoufo se distinguent avec des différences
significatives par rapport à ceux vivants dans des ménages
dirigés par des Mossi.
Nous remarquons que les différences en matière
de fréquentation scolaire sont plus significatives en milieu rural qu'en
milieu urbain. Cela pourrait s'expliquer par la faible prédominance des
valeurs culturelles traditionnelles en milieu urbain qui tend à
favoriser un brassage culturel et une homogénéisation des
perceptions et attitudes face à la scolarisation. Tandis que le milieu
rural étant favorable au maintient des spécificités de
chaque groupe reste le lieu de prédilection des inégalités
en matière de scolarisation entre groupes ethniques.
Tableau 5.3 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par milieu de
résidence en fonction de l'appartenance ethnique
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Urbain
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
0,43***
|
0,46***
|
0,51 **
|
0,52**
|
0,52**
|
Peulh
|
0,46***
|
0,45***
|
0,55***
|
0,53***
|
0,48***
|
Bissa
|
1,90**
|
1,61*
|
1,53ns
|
1,43ns
|
1,22ns
|
Gourmantché
|
0,93ns
|
0,83ns
|
0,88ns
|
0,90ns
|
0,79ns
|
Gourounsi
|
1,25ns
|
1,11ns
|
1,79***
|
1,74***
|
1,73**
|
Bobo
|
1,14ns
|
0,85ns
|
0,92ns
|
0,88ns
|
0,79ns
|
Samo
|
0,79ns
|
0,74ns
|
0,92ns
|
0,93ns
|
0,88ns
|
Sénoufo
|
2,23**
|
1,85ns
|
1,83*
|
2,00*
|
2,44**
|
Lobi
|
1,10ns
|
0,92ns
|
1,09ns
|
1,04ns
|
0,95ns
|
Dagari
|
1,45ns
|
0,82ns
|
1,15ns
|
1,05ns
|
0,94ns
|
Gouin
|
0,88ns
|
0,83ns
|
1,20ns
|
1,18ns
|
1,06ns
|
Autres
|
0,70***
|
0,68***
|
0,72***
|
0,72***
|
0,67***
|
Statistique r
|
0,08***
|
0,06***
|
0,05***
|
0,05***
|
0,07***
|
Rural
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
0,73*
|
0,82ns
|
0,57***
|
0,50***
|
0,49***
|
Peulh
|
0,29***
|
0,31***
|
0,46***
|
0,47***
|
0,46***
|
Bissa
|
0,73***
|
0,74***
|
0,72***
|
0,69***
|
0,68***
|
Gourmantché
|
0,71***
|
0,70***
|
1,01ns
|
1,02ns
|
1,00ns
|
Gourounsi
|
1 ,68***
|
1 ,69***
|
1,91***
|
1 ,87***
|
1 ,92***
|
Bobo
|
1,67***
|
1,41***
|
1,40***
|
1,39***
|
1,34***
|
Samo
|
1,72***
|
1,58***
|
1,55***
|
1,54***
|
1,50***
|
Sénoufo
|
1,11
|
0,95ns
|
0,82ns
|
0,82*
|
0,83*
|
Lobi
|
0,63***
|
0,59***
|
0,83ns
|
0,80ns
|
0,77*
|
Dagari
|
1,29**
|
1,17ns
|
1,35**
|
1,39***
|
1,38***
|
Gouin
|
1,56**
|
1,39ns
|
1,77**
|
1,78***
|
1,71**
|
Autres
|
1,07ns
|
1,06ns
|
1,18***
|
1,19***
|
1,19***
|
Statistique r
|
0,12***
|
0,11***
|
0,09***
|
0,09***
|
0,09***
|
réf : modalité de référence
|
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
|
A : le niveau d'instruction
|
B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant
|
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
|
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
c- Influence selon le niveau d'instruction du
CM
L'étude des différences de scolarisation selon
le niveau d'instruction du CM permet de comprendre comment, pour un niveau
d'instruction donné, l'appartenance ethnique influence les chances de
fréquentation scolaire.
Pour les enfants dont le CM est sans niveau d'instruction, il
ressort au niveau brut que l'appartenance ethnique est associée à
la fréquentation scolaire. Au niveau net final, cette association
persiste même si elle devient moins forte après le contrôle
des autres variables indépendantes. Chez les chefs de ménage de
niveau d'instruction primaire, la scolarisation reste associée à
l'appartenance ethnique au niveau net alors que, pour les chefs de
ménage de niveau d'instruction secondaire ou plus, la scolarisation
n'est pas associée à l'appartenance ethnique ; aussi bien dans le
modèle brut que dans le modèle final. Il n'y a donc pas de
différences significatives selon l'appartenance ethnique en
matière de fréquentation scolaire des enfants chez les chefs de
ménage de niveau d'instruction secondaire ou plus. Nous pourrons
expliquer ce constat par le fait que les valeurs culturelles traditionnelles ne
sont plus influentes chez ces chefs de ménage. Il est aussi vrai que les
chefs de ménage de niveau d'instruction `'secondaire ou plus» ont
tendance à avoir plus de revenu et se retrouvent beaucoup plus en milieu
urbain. Le pouvoir discriminant de l'ethnie est plus élevé chez
les enfants des ménages de chefs n'ayant aucune instruction tandis qu'il
est nul et non significatif chez les enfants dont le CM est de niveau
secondaire ou plus. Cela ne fait que confirmer le résultat obtenu au
niveau descriptif.
Tableau 5.4 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par niveau d'instruction
du CM en fonction de l'appartenance ethnique
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Sans niveau
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
0,78*
|
0,67**
|
0,54***
|
0,49***
|
0,49***
|
Peulh
|
0,26***
|
0,31***
|
0,43***
|
0,44***
|
0,44***
|
Bissa
|
0,66***
|
0,81**
|
0,77ns
|
0,74***
|
0,73***
|
Gourmantché
|
0,60***
|
0,72***
|
1 ,03ns
|
1 ,03ns
|
1 ,02ns
|
Gourounsi
|
1 ,36***
|
1 ,60***
|
1 ,83***
|
1 ,80***
|
1 ,86***
|
Bobo
|
1 ,34***
|
1 ,46***
|
1 ,46***
|
1 ,43***
|
1 ,39***
|
Samo
|
1,91***
|
1,57***
|
1,64***
|
1,65***
|
1,60***
|
Sénoufo
|
0,91ns
|
1,08ns
|
0,96ns
|
0,97ns
|
0,99ns
|
Lobi
|
0,40***
|
0,49***
|
0,70**
|
0,69**
|
0,68**
|
Dagari
|
1,00ns
|
1,23*
|
1,50***
|
1,54***
|
1,49***
|
Gouin
|
1,93***
|
1,25ns
|
1,88***
|
1,87***
|
1,83***
|
Autres
|
0,94ns
|
1,03ns
|
1,09ns
|
1,10*
|
1,10*
|
Statistique r
|
0,12***
|
0,11***
|
0,09***
|
0,09***
|
0,09***
|
Niveau primaire
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
1,46ns
|
0,69ns
|
0,67ns
|
0,68ns
|
0,56ns
|
Peulh
|
1,77ns
|
1,28ns
|
3,01*
|
2,79*
|
3,06*
|
Bissa
|
0,68ns
|
0,59*
|
0,93ns
|
0,90ns
|
0,83ns
|
Gourmantché
|
0,33***
|
0,40***
|
0,53***
|
0,54**
|
0,49***
|
Gourounsi
|
1,28ns
|
1,47ns
|
2,52***
|
2,41***
|
2,53***
|
Bobo
|
0,58***
|
0,69**
|
0,73*
|
0,74ns
|
0,67**
|
Samo
|
0,37***
|
0,36***
|
0,53**
|
0,52**
|
0,46***
|
Sénoufo
|
0,40***
|
0,58**
|
0,48***
|
0,45***
|
0,46***
|
Lobi
|
1,04ns
|
1,30ns
|
1,39ns
|
1,12ns
|
0,90ns
|
Dagari
|
0,62ns
|
0,99ns
|
0,79ns
|
0,82ns
|
0,72ns
|
Gouin
|
0,43**
|
0,33***
|
0,32***
|
0,32***
|
0,33*
|
Autres
|
0,59***
|
0,59***
|
0,89ns
|
0,90ns
|
0,90ns
|
Statistique r
|
0,13***
|
0,10***
|
0,09***
|
0,08***
|
0,09***
|
Niveau secondaire
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Réf
|
Dioula
|
1,89ns
|
1,28 ns
|
1,32 ns
|
1,28 ns
|
1,89 ns
|
Peulh
|
1,06 ns
|
1,01 ns
|
1,19 ns
|
1,08 ns
|
1,06 ns
|
Bissa
|
0,70 ns
|
0,87 ns
|
0,84 ns
|
0,91 ns
|
0,70 ns
|
Gourmantché
|
1,49 ns
|
1,84 ns
|
1,32 ns
|
1,37 ns
|
1,49 ns
|
Gourounsi
|
2,83**
|
3,39***
|
2,79**
|
2,92**
|
2,83**
|
Bobo
|
1,05 ns
|
1,17 ns
|
1,05 ns
|
1,00 ns
|
1,05 ns
|
Samo
|
0,95 ns
|
0,81 ns
|
0,83 ns
|
0,79 ns
|
0,95 ns
|
Sénoufo
|
0,87 ns
|
1,13 ns
|
1,35 ns
|
1,46 ns
|
0,87 ns
|
Lobi
|
1,24 ns
|
1,97 ns
|
2,58 ns
|
2,75 ns
|
1,24 ns
|
Dagari
|
0,55*
|
0,53*
|
0,70 ns
|
0,64 ns
|
0,55 ns
|
Gouin
|
403335063,38ns
|
352365698,00ns
|
350904037,89ns
|
308312625,42 ns
|
403335063,38ns
|
Autres
|
1,01ns
|
1,18 ns
|
1,33 ns
|
1,29 ns
|
1,01 ns
|
Statistique r
|
0 ns
|
0 ns
|
0 ns
|
0 ns
|
0 ns
|
réf : modalité de référence
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
A : le milieu de résidence
B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
d- Influence selon le niveau de vie du
ménage
Nous allons étudier ici l'influence de l'appartenance
ethnique sur les chances de fréquentation des enfants de 6-14 ans pour
un niveau de vie donné (voir Tableau A.4 en
annexe).
Pour les enfants des ménages de niveau de vie
très faible, il ressort que les chances de fréquentation scolaire
sont associées à l'appartenance ethnique du CM. Après le
contrôle de toutes les variables, il persiste que les Peulh et les
Gourmantché ont respectivement 66% et 35% moins de chances que les Mossi
d'être scolarisés. Pour les enfants de niveau de vie faible, on
remarque que la fréquentation scolaire est également
associée à l'appartenance ethnique du CM. Il ressort que le
pouvoir discriminant de l'ethnie est presque le même chez les enfants de
niveau de vie faible et très faible tandis qu'il diminue au niveau des
enfants issus des ménages de niveau de vie moyen et élevé.
Cela prouve que l'influence discriminante de l'ethnie sur la
fréquentation scolaire des enfants est plus grande dans les
ménages plus pauvres. On pourrait expliquer ce constat par la grande
présence des pauvres en milieu rural, le niveau d'instruction souvent
élevé des chefs de ménages aisés.
5.2 Appartenance religieuse et scolarisation
Cette section a pour objectif l'étude des rapports de
chances de fréquentation des enfants de 6-14 ans selon l'appartenance
religieuse. D'abord, elle concernera l'ensemble de tous les enfants mais
ensuite nous étudierons les variabilités de fréquentation
scolaire selon certaines caractéristiques spécifiques.
5.2.1 Généralités
Le tableau 5.5 montre au niveau brut
que le fait d'être enfant dans un ménage dirigé par un
animiste réduit de 43% les chances de fréquentation scolaire par
rapport au fait de vivre dans un ménage sous tutelle d'un musulman.
Certaines des relations constatées au niveau brut ne résistent
pas au contrôle des variables intermédiaires. C'est
ainsi qu'au dernier modèle M4, les Catholiques ont
seulement 2 fois plus de chances de fréquenter que les musulmans, tandis
que les chances relatives des protestants accusent une baisse de 30% par
rapport au niveau brut.
Le milieu de résidence, le sexe du CM et le sexe de
l'enfant sont significativement associés à la
fréquentation scolaire au niveau brut. Il apparaît à ce
niveau que les enfants des ménages urbains ont 9 fois plus de chances de
fréquenter que ceux des ménages ruraux, mais cette
différence est fortement atténuée après le passage
au modèle final où elle n'est plus que de 3 fois plus. Il ressort
au niveau net que les chances relatives de fréquentation croissent avec
le niveau de vie. Le lien de parenté reste aussi associé à
la fréquentation scolaire des enfants.
Tableau 5.5 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans selon l'appartenance
religieuse du CM
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Religion
|
Musulmane Catholique Protestante Animiste Autre Statistique
r
|
réf 2,74*** 2,71*** 0,57*** 0,74* 0,22***
|
Réf
1 ,96*** 2,40*** 0,79*** 0,91ns 0,12***
|
réf 2,02*** 2,48*** 0,90** 1,13 ns 0,11***
|
réf 2,00*** 2,43*** 0,89*** 1,14 ns 0,11***
|
réf
1 ,98*** 2,44*** 0,87*** 1,10ns 0,11***
|
Milieu de résidence
|
Urbain Rural Statistique r
|
8,75 réf 0,32***
|
5,53*** Réf 0,23***
|
2,89*** Réf 0,12***
|
2,85*** Réf 0,13***
|
2,76*** Réf 0,12***
|
Niveau d'instruction du CM
|
Sans niveau Niveau primaire Niveau secondaire ou
plus Statistique r
|
réf 8,75*** 15,36*** 0,26***
|
Réf 2,57*** 5,12*** 0,14***
|
Réf 2,07*** 3,45*** 0,10***
|
Réf 2,08*** 3,46 0,10***
|
Réf 2,17*** 3,85*** 0,11***
|
Niveau de vie
|
Niveau de vie très faible Niveau de vie
faible Niveau de vie moyen Niveau de vie
élevé Statistique r
|
0,32*** 0,50***
Réf 3,74*** 0,35***
|
|
Réf 1,49*** 2,66*** 5,22*** 0,19***
|
Réf
1 ,48*** 2,66*** 5,23*** 0,19***
|
Réf 1,49*** 2,71*** 5,43*** 0,19***
|
Sexe de l'enfant
|
Masculin Féminin Statistique r
|
réf 2,09*** 0,07***
|
|
Réf 0,55*** 0,01***
|
Réf 0,55*** 0,02***
|
Réf 0,55*** 0,02***
|
Sexe du CM
|
Masculin Féminin Stat r
|
réf 0,66*** 0,08***
|
|
|
Réf 1,25*** 0,10***
|
Réf 1,32*** 0,10***
|
Groupe d'âge de l'enfant
|
6 à 9 ans 10 à 11 ans 12 à 14
ans Stat r
|
réf
1,59***
1,34***
0,08***
|
|
|
Réf 1,63*** 1,19*** 0,07***
|
Réf 1,67*** 1,23*** 0,07***
|
Taille du ménage
|
1-5 individus 6-10 individus 11-15 individus
+ de 16 individus Statistique r
|
1,10**
réf
0,74***
0,66***
0,07***
|
|
|
|
Réf 1,18*** 1,14*** 0,97ns 0,02***
|
Lien de parenté
|
Enfant du CM Frères /soeurs du
CM Neveu/Nièce du CM
|
réf 0,67*** 1,06ns
|
|
|
|
Réf 0,52*** 1,05ns
|
Petits enfants du CM
|
1,03ns
|
|
1 ,29***
|
|
|
|
Autres parents du CM
|
0,93***
|
|
|
|
0,55***
|
Sans lien de parenté
|
1,40***
|
|
|
|
0,66***
|
Statistique r
|
0,03
|
|
|
|
0,05***
|
réf : modalité de référence
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
5.2.2 Influence de l'appartenance religieuse sur la
scolarisation
Pour mieux comprendre les différences entre les
religions en matière de fréquentation scolaire, nous allons
étudier ces différences en fonction de certaines
caractéristiques spécifiques.
a- Influence selon le sexe de l'enfant
Il apparaît que les garçons vivant dans des
ménages catholiques et protestants ont respectivement 1,90 fois et 3,46
fois plus de chances de fréquenter que ceux de ménages musulmans.
Chez les filles, les différences dues à la religion restent
significatives au niveau net. A ce niveau, les filles de ménages
animistes ont 33% moins de chance de fréquenter que les enfants de
ménages musulmans. Il faut toutefois noter que le pouvoir discriminant
de la religion est plus grand chez les filles alors que, dans la sous-section
précédente, celui de l'ethnie semblait plus élevé
chez les enfants de sexe masculin.
Tableau 5.6 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par sexe en fonction de
l'appartenance religieuse
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Masculin
|
Musulmane
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
2,57***
|
1,87***
|
1,92***
|
1,91***
|
1,90***
|
Protestante
|
3,36***
|
3,28***
|
3,38***
|
3,43***
|
3,46***
|
Animiste
|
0,68***
|
0,92*
|
1,03 ns
|
1,02 ns
|
1,01 ns
|
Autre
|
0,96 ns
|
1,23 ns
|
1,56**
|
1,56**
|
1,54**
|
Statistique r
|
0,20***
|
0,12***
|
0 ,11***
|
0,11***
|
0,11***
|
Féminin
|
Musulmane
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
2,97***
|
2,09***
|
2,13***
|
2,10***
|
2,06***
|
Protestante
|
2,29***
|
1,80***
|
1,77***
|
1,68***
|
1,69***
|
Animiste
|
0,41***
|
0,58***
|
0,70***
|
0,70***
|
0,67***
|
Autre
|
0,51**
|
0,58*
|
0,67 ns
|
0,68 ns
|
0,64 ns
|
Statistique r
|
0,24***
|
0,14***
|
0,12***
|
0,12***
|
0,12***
|
réf : modalité de référence
|
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
|
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
|
B : le niveau de vie
|
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
|
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
b- Influence selon le milieu de
résidence
Ce paragraphe étudie, pour un milieu de
résidence donné l'impact de l'appartenance religieuse du CM sur
les chances de fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans. Il
ressort que, quel que soit le milieu de résidence, la
fréquentation scolaire des enfants est associée à
l'appartenance religieuse du CM au niveau brut. Après le contrôle
de toutes les variables, on trouve que cette association n'est plus
significative au niveau de la modalité `'Protestant» en milieu
urbain. En milieu rural, cette association n'est pas significative au niveau de
la modalité `'Autres Ethnies». Il ressort aussi que le pouvoir
discriminant de la religion est plus élevé en milieu rural qu'en
milieu urbain. Les différences entre les religions en matière de
scolarisation seraient donc plus marquées en milieu rural. Cela confirme
nos attentes d'autant plus que l'urbanisation contribue à moderniser les
perceptions et les attitudes vis-à-vis de la scolarisation.
Tableau 5.7 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par milieu de
résidence en fonction de l'appartenance religieuse
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Urbain
|
Musulmane
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
1 ,95***
|
1 ,45***
|
1 ,59***
|
1 ,57***
|
1 ,56***
|
Protestante
|
1,44**
|
1,20 ns
|
1,19 ns
|
1,14 ns
|
1,46*
|
Animiste
|
0,48***
|
0,51***
|
0,72*
|
0,73*
|
0,70**
|
Autre
|
1,02 ns
|
0,61 ns
|
0,61 ns
|
0,66 ns
|
0,52 ns
|
Statistique r
|
0,14***
|
0,09***
|
0,07***
|
0,08***
|
0,07***
|
Rural
|
Musulman
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
2,49***
|
2,13***
|
2,16***
|
2,14***
|
2,13***
|
Protestant
|
3,09***
|
2,81***
|
2,97***
|
2,91***
|
2,86***
|
Animiste
|
0,83***
|
0,85***
|
0,93*
|
0,92*
|
0,90**
|
Autre
|
1,06ns
|
0,94 ns
|
1,19 ns
|
1,19 ns
|
1,16 ns
|
Statistique r
|
0,17***
|
0,14***
|
0,13***
|
0,13***
|
0,13***
|
réf : modalité de référence
|
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
|
A : le niveau d'instruction
|
B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant
|
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
|
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
c- Influence selon le niveau d'instruction du
CM
Ici, il s'agit d'étudier les variabilités de
l'influence de la religion en fonction du niveau d'instruction du CM.
Chez les enfants vivant dans des ménages dirigés
par des CM n'ayant aucun niveau d'instruction, la religion est
significativement associée à la fréquentation scolaire. En
ce qui concerne les enfants dont le CM à un niveau d'instruction
primaire, nous notons qu'au niveau net, il n'existe pas une différence
significative entre les enfants de ménages protestants et animistes et
ceux issus des ménages dont les CM sont musulmans. A ce niveau les
enfants sous tutelle de CM catholiques ont 61% de chances en plus de
fréquenter l'école que les enfants dont les CM sont musulmans.
Tableau 5.8 Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6- 14 ans par niveau d'instruction
du CM en fonction de l'appartenance religieuse
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Sans Niveau
|
Musulmane Catholique Protestante Animiste Autre Statistique
r
|
réf 2,07*** 2,72*** 0,65*** 0,60*** 0,16***
|
réf 2,02*** 2,87*** 0,82*** 0,78 ns 0,13***
|
réf
2,14***
3,05***
0,91*
1,00 ns 0,13***
|
réf 2,11*** 2,97*** 0,90** 1,02 ns 0,12***
|
réf 2,11*** 2,96*** 0,89*** 0,99 ns 0,12***
|
Niveau primaire
|
Musulmane Catholique Protestante Animiste Autre Statistique
r
|
réf 1,77*** 1,31 ns 0,50*** 0,68 ns 0,16***
|
réf 1,85*** 1,30 ns 0,70** 1,19 ns 0,12***
|
réf 1,65*** 1,30 ns 0,94 ns 1,72 ns 0,08***
|
réf 1,63*** 1,31 ns 0,94 ns 1,58 ns 0,08***
|
réf 1,61*** 1,30 ns 0,83 ns 1,55 ns 0,08***
|
Niveau secondaire ou plus
|
Musulmane Catholique Protestante Animiste Autre Statistique
r
|
réf
1,33* 0,60* 0,22*** 2,39 ns 0,13***
|
réf
1,28 ns 0,65 ns 0,32*** 3,57 ns 0,09***
|
réf
1,17 ns 0,65 ns 0,56 ns 2,49 ns 0,05**
|
réf
1,15 ns 0,65 ns 0,55 ns 2,25 ns 0,04**
|
réf
0,99 ns 0,71 ns 0,56 ns 1,21 ns 0,00 ns
|
réf : modalité de référence
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
A : le milieu de résidence
B : le niveau de vie, le sexe de l'enfant
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
Pour les enfants des ménages dont les chefs sont de
niveau d'instruction secondaire ou plus, il faut noter que quand on
contrôle toutes les variables, il apparaît au niveau net que le
pouvoir explicatif de l'appartenance religieuse est nul et non significatif.
En somme nous pouvons retenir que l'appartenance religieuse
contribue plus à l'explication des différences de scolarisation
chez les enfants dont les chefs de ménage sont sans niveau d'instruction
que chez ceux sous tutelle de personnes ayant un niveau d'instruction primaire,
secondaire ou plus. Nous pouvons conclure que plus le niveau d'instruction est
élevé, moins grand est le pouvoir prédictif de la religion
en matière de
fréquentation scolaire. Cela pourrait s'expliquer par
l'influence notable de l'instruction sur les perceptions et les attitudes
vis-à-vis de l'école.
d- Influence selon le niveau de vie du
ménage
Ce paragraphe est consacré à l'étude des
rapports de chances de fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans
selon l'appartenance religieuse du CM et pour un niveau de vie donné.
(Tableau A.5 en annexe)
Au niveau net final, les chances relatives de scolarisation
des enfants des ménages catholiques et protestants sont
significativement et respectivement 2 fois et 85% plus élevées
que celles des enfants vivants sous tutelle des musulmans.
Il ressort que chez les enfants des ménages de niveau
de vie élevé, l'appartenance religieuse du CM est associée
à la fréquentation de l'école. On constate au niveau net
que les protestants ont 2,6 fois plus de chances d'être scolarisés
que les musulmans. Le pouvoir explicatif de la religion reste quasi
inchangé chez les enfants de niveau de vie très faible et faible,
tandis qu'il se réduit de 20% et de 50% respectivement chez ceux de
niveaux de vie moyen et élevé. Il découle de cela que
l'action de la religion est plus déterminante dans les ménages
pauvres alors qu'elle est influencée par les autres variables chez ceux
moins pauvres.
Conclusion partielle
Cette partie de l'étude montre que l'ethnie et la
religion, dont les influences apparaissent à divers niveaux de cette
étude, déterminent la scolarisation des enfants âgés
de 6 à 14 ans. Cette détermination pourrait s'expliquer par les
perceptions que certaines ethnies ont de l'éducation formelle. Ces
perceptions ont été souvent construites lors des contacts avec
les colonisateurs. Certaines ethnies comme les Lobi au Sud du pays ont eu des
antécédents difficiles avec le pouvoir colonial. Les tensions et
les révoltes contre la colonisation française pourraient
être à l'origine de certaines réticences vis-à-vis
de l'école. Un souci de conservation des valeurs traditionnelles peut
amener certains à ne pas adhérer à l'éducation
formelle. C'est le cas des chefs coutumiers qui, se sentant obligé
d'envoyer leurs enfants à l'école des blancs,
préféraient plutôt envoyer les enfants d'esclaves. Car
selon eux leurs propres enfants devaient leurs succéder dans
différentes fonctions coutumières. La religion animiste a
été catégorisée depuis l'arrivée des
premiers missionnaires comme étant satanique. Pour ses missionnaires
elle devait être combattue et tous ses adhérents devaient à
terme se convertir au christianisme. Ainsi, les pratiquants de
cette religion, vont sentir une sérieuse menace
pesée sur la conservation de leur tradition. D'où un renfermement
presque total à l'égard des missionnaires et colonisateurs. La
religion musulmane tend à s'opposer à la scolarisation des
enfants. Cela pourrait s'expliquer par le fait que les musulmans ont tendance
à assimiler la scolarisation dans le système français
à une christianisation. Ils préféreront donc envoyer leurs
enfants à l'école coranique.
SYNTHESE ET CONCLUSION GENERALE
|
Au Burkina Faso, l'éducation formelle a du mal à
se propager dans toutes les couches socioculturelles. Dans certaines d'entre
elles, les pesanteurs culturelles liées aux systèmes de valeurs,
à l'imaginaire collectif et individuel, aux systèmes de
production et de reproduction semblent conditionner les choix éducatifs.
C'est en considérant ces postulats que nous avons abordé cette
étude qui, par conséquent, s'efforçait d'évaluer
les inégalités socioculturelles en matière de
scolarisation d'une part et de l'autre d'apprécier la valeur
prédictive des caractéristiques socioculturelles en
matière de scolarisation des enfants. L'objectif principal de cette
étude a été de contribuer à l'amélioration
des connaissances sur les déterminants socioculturels de la
scolarisation dans le but de contribuer à une meilleure scolarisation
des enfants au Burkina Faso.
La visée de cet objectif s'est inspirée d'une
partie théorique qui a mis en exergue certains facteurs classiques de la
scolarisation. La littérature scientifique montre que la mise à
l'école d'un enfant est tributaire des différentes conceptions de
l'éducation, des moyens économiques et du mode de production des
parents. Suite à ce constat de la complexité des tenants et
aboutissants de la scolarisation, nous avons choisi d'expliquer celle-ci par
une approche ethnique et religieuse. Des hypothèses relatives à
cet angle d'approche ont été formulées. Pour la
vérification de celles-ci, nous avons recouru aux données de
l'Enquête Prioritaire de 1998. L'analyse de ces données s'est
faite à deux niveaux : au niveau descriptif et au niveau explicatif.
On peut retenir au niveau de l'analyse différentielle
que la scolarisation est associée à l'appartenance ethnique et
religieuse. Le niveau de vie et le niveau d'instruction des parents sont
également associés à la fréquentation scolaire des
enfants. Pour le niveau d'instruction secondaire ou plus, l'association entre
d'une part l'ethnie et la scolarisation disparaît tandis qu'elle subsiste
entre celle-ci et la religion. Le sexe du CM, le milieu de résidence, le
sexe de l'enfant et son lien avec le CM sont diversement associés
à la fréquentation de l'école dans les différentes
ethnies.
L'analyse explicative selon le modèle logistique s'est
essentiellement basée sur l'ethnie et la religion qui devaient par
hypothèse expliquer les variabilités de scolarisation. Au terme
donc de cette étude, nous retenons que les deux variables
indépendantes et principales de notre étude, s'avèrent
être des déterminants de la scolarisation des enfants de 6-14 ans.
Les deux points suivants synthétisent leurs influences :
· L'influence de l'appartenance ethnique
:
L'analyse explicative montre que, toutes choses égales
par ailleurs, des disparités en matière de scolarisation existent
entre les différents groupes ethniques. Il ressort aussi que ces
différences sont influencées par le sexe de l'enfant, le niveau
de vie et le milieu de résidence du ménage et le niveau
d'instruction du chef de ménage. Les enfants des ménages
dirigés par des Gourounsis et Samo sont les mieux scolarisés. Les
discriminations selon le sexe de l'enfant en matière de scolarisation
varient avec l'appartenance ethnique du chef de ménage. Il faut retenir
aussi que l'influence de l'ethnie sur la scolarisation est plus importante en
milieu rural, chez les garçons, chez les enfants des parents faiblement
instruits et chez ceux vivant dans les ménages moins aisés.
· L'influence de l'appartenance
religieuse
L'influence de l'appartenance religieuse sur les comportements
reste perceptible à travers ces analyses. Même si l'influence de
la religion pourrait être conditionnée par certains facteurs, il
ressort ici que, toutes choses égales par ailleurs, la religion animiste
est celle qui scolarise le moins les enfants. Il importe surtout de noter ici
que l'influence de la religion sur la fréquentation scolaire de l'enfant
est plus perceptible en milieu rural, chez les filles, chez les enfants dont
les parents sont faiblement instruits et chez ceux vivant dans les
ménages moins aisés.
Cette synthèse permet de faire le point sur
l'état des hypothèses formulées au début de cette
étude. Selon le milieu de résidence, l'influence de l'ethnie
n'est pas surprenante car elle confirme nos attentes dans la mesure où
les inégalités interethniques sont plus poussées en milieu
rural. C'est aussi en milieu rural que l'influence de la religion est plus
déterminante. Ce qui confirme l'hypothèse H1. L'impact de
l'appartenance socioculturelle sur les discriminations en matière de
fréquentation scolaire selon le sexe de l'enfant reste mitigé. On
s'attendait à ce qu'il soit plus fort sur la scolarisation des filles.
Mais il apparaît que l'ethnie est plus discriminante chez les
garçons tandis que la religion se révèle plus
déterminante chez les filles. L'hypothèse H2 est donc
partiellement vérifiée. L'hypothèse H3, quant à
elle est totalement vérifiée car l'étude montre que
l'influence de l'appartenance ethnique et religieuse est plus
déterminante chez les chefs de ménage de faible niveau
d'instruction. Cette étude confirme également l'hypothèse
selon laquelle, l'amélioration du niveau de vie atténue les
disparités socioculturelles en matière de scolarisation. Il
ressort que l'influence de l'appartenance ethnique et religieuse est moins
déterminante dans les ménages de niveau de vie
élevé.
Les limites de l'étude
Bien que ces résultats soient intéressants, cette
étude présente quelques limites principalement liées
à la disponibilité de certaines données :
o Le manque d'information sur les caractéristiques des
parents biologiques de l'enfant. La connaissance de l'ethnie et de la religion
des parents devrait nous permettre d'estimer leur influence sur la
fréquentation scolaire de l'enfant. Elle pourrait permettre aussi
d'étudier les cas où le père et la mère de l'enfant
seraient d'ethnies différentes ou de confessions religieuses
différentes. Et dans ces cas, il serait possible de savoir le parent
dont les caractéristiques joueraient le plus sur la scolarisation des
enfants.
o Nous n'avons pas pu exploiter des sources de données
sociologiques et anthropologiques pour approfondir l'explication des
différences en matière de scolarisation entre les groupes
socioculturelles. En effet, nous avons été confronté
à un manque de données de nature socio anthropologique sur les
ethnies et les religions.
Recommandations
Considérant les résultats ci-dessus et les limites
constatées, nous formulons les recommandations suivantes :
Sur plan scientifique :
> Nous recommandons la collecte de données
qualitatives lors des enquêtes démographiques, de même que
l'étude des caractéristiques culturelles des différentes
ethnies et religions qui composent le pays. La collecte de données
qualitatives à travers les enquêtes CAP (Connaissances/Croyances,
Attitudes, Perceptions) en rapport avec la scolarisation pourrait faciliter la
compréhension et l'étude des déterminants socioculturels
de la scolarisation.
> Nous recommandons des recherches sociologiques et
anthropologiques sur les ethnies et les religions. Ces études pourraient
permettre une explication plus approfondie de l'impact des facteurs
socioculturels sur la scolarisation des enfants.
Recommandations sur le plan décisionnel
:
> Nous recommandons de mener des actions pour amener les
individus à comprendre l'intérêt de la scolarisation. C'est
en étant convaincus de la même façon des atouts et des
avantages de l'éducation formelle que les populations vont
adhérer à celle-ci,
au delà des différences ethniques et
religieuses. Pour cela il est nécessaire de mettre en place des
programmes d'alphabétisation des adultes en vue de relever le niveau de
compréhension des intérêts de la scolarisation et de lutter
contre les mauvaises perceptions de l'éducation formelle.
> Nous recommandons de sensibiliser les parents à
travers des campagnes d'IEC (Information, Education, Communication) sur
l'intérêt de la scolarisation des enfants.
> Nous recommandons d'améliorer les conditions qui
semblent prédisposer les individus à mieux percevoir les
avantages de la scolarisation et à y
adhérer. il s'agit là de
:
· Relever le niveau d'instruction34 notamment
par la promotion de l'alphabétisation et la vulgarisation des Centres
Permanents d'Alphabétisation et de Formation (CPAF), des Centres
d'Éducation de Base Non Formelle (CEBNF) et des Centres de Formation des
Jeunes Agriculteurs (CFJA).
· Il s'agit ici par exemple d'apporter des
infrastructures éducatives accessibles dans les milieux ruraux. Pour le
milieu rural, il faut faciliter l'accès à l'information par les
médias. Ce qui a pour effet de faciliter les campagnes
d'alphabétisation.
· L'amélioration du niveau de vie des ménages
et la facilitation des conditions d'accès à l'école
formelle.
34 Notons que l'instruction n'est pas forcement un
résultat de la scolarisation, autrement dit, elle peut favoriser la
scolarisation, sans en être le résultat.
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Construction de l'indicateur du niveau de vie
L'objectif est de caractériser les ménages de
sorte que les ménages de niveaux de vie différents se retrouvent
dans des modalités différentes. Chaque variable entrant dans la
construction du niveau de vie est recodée par le regroupement des
modalités qui témoignent d'un niveau de confort semblable. Les
nouvelles modalités sont cotées35 après leur
hiérarchisation, de la modalité qui reflète une
capacité financière élevée à celle qui
exprime sa privation. Par exemple pour les « Matériaux du
toit » nous avons les modalités suivantes :
1-Béton, 2-Tôle, 3-Tuile, 4-Terre battue, 5-Paille, 6-Autres.
Nous procédons à un recodage qui nous permet de
regrouper par exemple les ménages dont le toit est en tôle et ceux
dont le toit est en tuile (2+3). Nous obtenons donc les modalités
suivantes pour la variable « matériaux du toit » :
Béton : (1=3), Tôle+Tuile : (2+3=2), Terre+ paille : (4,5=1),
Autres : (else=0).
Nous avons coté les modalités selon le niveau de
richesse qu'elles expriment. Par exemple, une toiture en béton exprime
un niveau de richesse plus élevé qu'une autre en tôle ou en
paille. De même, celle en tôle exprime un niveau plus
élevé de richesse que celle en paille.
Une fois que les variables sont recodées et leurs
modalités cotées, elles sont introduites dans l'ACP. Nous
retenons ensuite les résultats sur le premier axe factoriel. La variable
ainsi formée est décomposée en quartiles. Dans le
tableau A.3 nous avons une caractérisation des
ménages selon le niveau de vie. Ce tableau montre que plus le niveau de
vie du ménage est élevé, plus il a tendance à
posséder plus de confort.
Cette méthode présente quelques limites : elle
permet de différencier les ménages mais les valeurs
numériques accordées aux modalités ne peuvent être
objectives. Par exemple en accordant la valeur 3 à la modalité
« Béton » et celle 1 à la modalité « Terre,
paille » nous supposons d'une part que le béton coûte 3 fois
plus que la `'terre et la paille» et d'autre part que la terre et la
paille ont un coût semblable ; ce qui n'est pourtant pas toujours
vérifié.
35 Dans la réalité il s'agit de
transformer les variables qualitatives en variables quantitatives en accordant
une plus grande valeur aux modalités qui tendent à incarner un
niveau de richesse plus élevé.
Tableau A.1 : Variables retenues pour la construction
de l'indicateur du niveau de vie du ménage
Variables et anciennes modalités
|
|
Variables et nouvelles modalités
|
Matériaux des murs extérieurs
1. Bétons, pierres, parpaings
2. Briques cuites/
3. Banco
4. Paille
5. Autres
|
|
Matériaux des murs extérieurs
1. Béton, pierres, parpaings : (1=3)
2. Briques : (2=2)
3. Banco, pailles : (3+4=1)
4. Autre : (else=0).
|
Type de logement
1. Immeuble à appartement
2. Villa
3. Maison individuelle
4. Bâtiment à plusieurs logements
5. Maison traditionnelle
6. Autres
|
|
Type de logement
1. Immeuble, villa : (1+2=3)
2. logement individuelle : (3+4=2)
3. Maison traditionnelle : (5=1)
4. Autres : (0+6=0)
|
Matériaux du toit
1. Béton
2. Tôle,
3. Tuile
4. Terre battue,
5. paille
6. Autres
|
|
Matériaux du toit
1. Béton : (1=3)
2. Tôle, tuile : (2+3=2)
3. Terre, paille : (4,5=1)
4. Autres : (else=0).
|
Matériaux du sol
1. Carreau
2. Ciment
3. Terre battue, sable
4. Autres
|
|
Matériaux du sol
1. Carreau : (1=3)
2. Ciment : (2=2)
3. Terre, sable : (3=1)
4. Autres : (else=0).
|
Mode d'approvisionnement en eau
1. Rivière, cours d'eau
2. Puits ordinaires
3. Puits busés
4. Forage
5. Fontaine publique
6. Robinet intérieur propre
7. Robinet intérieur partagé
8. Autres
|
|
Mode d'approvisionnement en eau
1. Eau courante : (6+7=3)
2. Fontaine, Forage : (4+5=2)
3. Puits : (3+2=1)
4. Autres : (else=0)
|
Type d'aisance
1. Chasse d'eau avec fosse septique
2. Latrine à fosse ventilée
3. Latrine ordinaire
4. Dans la nature
5. Autres
|
|
Type d'aisance
1. Chasse : (1=2)
2. Latrines : (2+3=1)
3. Autres : (else=0).
|
Type d'éclairage
1. Bois
2. Pétrole
3. Gaz
4. Electricité/solaire
5. Bougie
6. Torche à pile
7. Autres
|
|
Type d'éclairage
1. Gaz, électricité : (3+4=2)
2. Pétrole : (2=1)
3. Autres : (else=0).
|
Type de sanitaire 1. Baignoire
|
|
Type de sanitaire
1. Baignoire : (1=3)
|
2. Douche robinet
3. Douche sans robinet
4. Autres
|
2. Douche robinet : (2=2)
3. Douche sans robinet : (3=1)
4. Autres : (else=0).
|
Energie pour cuisine
1. Bois
2. Pétrole
3. Gaz
4. Electricité/solaire
5. Charbon de bois
6. Autres
|
Energie pour cuisine
1. Gaz, électricité : (3+4=3)
2. Pétrole, charbon : (2+6=2)
3. Bois : (1=1)
4. Autres : (else=0)
|
Possession du téléphone
1. Oui : (1=1)
2. Non : (else=0)
|
Possession du téléphone
1. Oui : (1=1)
2. Non : (else=0)
|
Tableau A.2 : Taux de réponse des variables
utilisées pour la construction de l'indicateur du niveau de
vie
Variables
|
Valeurs valides
|
Valeurs manquantes
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Matériaux des murs extérieurs
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Type de logement
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Matériaux du toit
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Matériaux du sol
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Mode d'approvisionnement en eau
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Type d'aisance
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Type d'éclairage
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Type de sanitaire
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Energie pour cuisine
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Possession du téléphone
|
28870
|
100
|
0
|
0
|
Tableau A.3 : Répartition des ménages
selon leurs caractéristiques et leur niveau de vie
Variables et modalités
|
Niveau de vie
|
|
Très faible Faible Moyen Elevé
|
Type de logement
|
Autres
|
94,0
|
3,5
|
2,4
|
0,0
|
Maison traditionnelle
|
41,3
|
37,7
|
19,2
|
1,8
|
logement indiv.
|
0,9
|
8,6
|
34,6
|
56,0
|
Immeuble, villa
|
0,0
|
0,0
|
1,9
|
98,1
|
Matériaux des murs extérieurs
|
Autre
|
59,0
|
21,8
|
16,1
|
3,1
|
Banco, paille
|
27,4
|
27,3
|
26,5
|
18,9
|
Briques
|
0,0
|
0,0
|
15,6
|
84,4
|
Béton, pierres, parpaings
|
0,0
|
0,0
|
2,9
|
97,1
|
Matériaux du toit
|
Autres
|
83,8
|
12,7
|
3,5
|
0,0
|
Terre, paille
|
39,5
|
38,6
|
21,6
|
0,4
|
Tôle, tuile
|
0,2
|
1,7
|
30,6
|
67,4
|
Béton
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
100,0
|
Matériaux du sol
|
Autres
|
83,1
|
11,6
|
4,6
|
0,7
|
Terre, sable
|
34,8
|
35,4
|
26,6
|
3,2
|
Ciment
|
0,0
|
1,9
|
22,1
|
76,0
|
Carreau
|
0,0
|
0,0
|
0,4
|
99,6
|
Type d'aisance
|
Autres
|
33,8
|
31,9
|
25,5
|
8,8
|
Latrines
|
0,5
|
4,6
|
23,2
|
71,7
|
Chasse
|
0,0
|
0,0
|
1,7
|
98,3
|
Type de sanitaire
|
Autres
|
63,2
|
15,9
|
13,6
|
7,3
|
Douche sans robinet
|
2,4
|
31,5
|
32,0
|
34,1
|
Douche robinet
|
0,0
|
0,0
|
13,7
|
86,3
|
Baignoire
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
100,0
|
Mode d'approvisionnement en eau
|
Autres
|
34,9
|
38,1
|
19,4
|
7,7
|
Puits
|
24,5
|
28,2
|
28,6
|
18,7
|
Fontaine, Forage
|
26,4
|
21,1
|
23,6
|
28,9
|
Eau courante
|
0,0
|
0,0
|
4,5
|
95,5
|
Type d'éclairage
|
Autres
|
49,1
|
28,3
|
19,1
|
3,4
|
Pétrole
|
18,9
|
25,9
|
28,3
|
26,9
|
Gaz, électricité
|
0,0
|
0,0
|
3,8
|
96,2
|
Energie pour cuisine
|
Autres
|
1,4
|
4,8
|
69,9
|
23,8
|
Bois
|
25,9
|
26,1
|
23,3
|
24,7
|
Pétrole, charbon
|
33,8
|
19,7
|
27,6
|
18,9
|
Gaz, électricité
|
0,0
|
1,0
|
26,4
|
72,6
|
Possession du téléphone
|
Non
|
25,7
|
25,5
|
24,9
|
23,9
|
Oui
|
15,0
|
2,5
|
14,2
|
68,4
|
Tableau A.4 : Les variables d'analyse et leurs
modalités
|
Modalité des variables selon le modèle d'analyse
|
Variables
|
Analyse bivariée
|
Analyse multivariée
|
Ethnie
|
Mossi
|
Mossi
|
Groupe Sabodiou
|
Samo, Bobo, Dioula
|
Peulh
|
Peulh
|
Bissa
|
Bissa
|
Gourmantché
|
Gourmantché
|
Gourounsi
|
Gourounsi
|
Groupe Dago-Selobi
|
Dagari, Gouin, Sénoufo, Lobi
|
Autres
|
Autres
|
Religion
|
Animiste
|
Animiste
|
Chrétienne
|
Catholique, Protestante
|
Musulmane
|
Musulmane
|
|
Autres
|
Lien de parenté de l'enfant avec le chef
de ménage
|
Enfants du chef ménage
|
Enfant du CM
|
Autres enfants
|
Frères /soeurs du CM, Neveu/Nièce du CM,
Petits enfants du CM, Autres parents du CM, Sans lien de
parenté
|
Milieu de résidence
|
Urbain, Rural
|
Urbain, Rural
|
Sexe de l'enfant
|
Masculin, Féminin
|
Masculin, Féminin
|
Age de l'enfant
|
6-9 ans, 10-11 ans, 12-14 ans
|
6-9 ans, 10-11 ans, 12-14 ans
|
Fréquentation scolaire
|
Oui, Non
|
Oui, Non
|
Sexe du CM
|
Masculin, Féminin
|
Masculin, Féminin
|
Taille du ménage
|
1-5 individus
6-10 individus
11-15 individus + de 16 individus
|
1-5 individus
6-10 individus
11-15 individus + de 16 individus
|
Niveau d'instruction du CM
|
Sans Niveau, Niveau Primaire, Niveau secondaire ou plus
|
Sans Niveau, Niveau Primaire, Niveau secondaire ou plus
|
Niveau de vie du ménage
|
Très faible, Faible, Moyen, Elevé
|
Très faible, Faible, Moyen, Elevé
|
Tableau A.5 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie du
ménage selon l'appartenance ethnique
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la
modalité de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables
de contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Niveau de vie très faible
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
1,27 ns
|
1,34 ns
|
1,42 ns
|
1,49 ns
|
1,45 ns
|
Peulh
|
0,36***
|
0,37***
|
0,36***
|
0,35***
|
0,34***
|
Bissa
|
0,97 ns
|
1,03 ns
|
1,01 ns
|
1,06 ns
|
1,11 ns
|
Gourmantché
|
0,65***
|
0,66***
|
0,65***
|
0,65***
|
0,65***
|
Gourounsi
|
1,45 ns
|
1,43 ns
|
1,37 ns
|
1,34 ns
|
1,32 ns
|
Bobo
|
1 ,75***
|
1 ,64***
|
1 ,59***
|
1 ,60***
|
1 ,51**
|
Samo
|
2,53***
|
1,78**
|
1,84**
|
1,85*
|
1,69**
|
Sénoufo
|
2,09***
|
2,08***
|
2,01***
|
1,99***
|
1,99**
|
Lobi
|
1,22 ns
|
1,26 ns
|
1,23 ns
|
1,23 ns
|
1,22 ns
|
Dagari
|
1,34ns
|
1,35 ns
|
1,23 ns
|
1,32 ns
|
1,41 ns
|
Gouin
|
3,82***
|
2,72***
|
2,72***
|
2,69***
|
2,53***
|
Autres
|
1,23*
|
1,23*
|
1,21*
|
1,22*
|
1,20 ns
|
Statistique r
|
0,15***
|
0,13***
|
0,13***
|
0,13***
|
0,13***
|
Niveau de vie faible
|
Mossi
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Dioula
|
0,85 ns
|
0,87 ns
|
0,91 ns
|
0,94 ns
|
0,95 ns
|
Peulh
|
0,70*
|
0,68**
|
0,69**
|
0,69**
|
0,68**
|
Bissa
|
0,61**
|
0,59**
|
0,55***
|
0,52***
|
0,55***
|
Gourmantché
|
0,94 ns
|
0,92 ns
|
0,90 ns
|
0,91 ns
|
0,94 ns
|
Gourounsi
|
2,26***
|
2,18***
|
2,14***
|
2,09***
|
2,16***
|
Bobo
|
1,28 ns
|
1,27 ns
|
1,24 ns
|
1,23 ns
|
1,25 ns
|
Samo
|
3,27***
|
2,60***
|
2,62***
|
2,65***
|
2,55***
|
Sénoufo
|
1,80***
|
1,80***
|
1 ,79***
|
1 ,82***
|
1,81***
|
Lobi
|
0,04***
|
0,04***
|
0,04***
|
0,04***
|
0,04***
|
Dagari
|
1,47**
|
1,43*
|
1 ,45**
|
1,43*
|
1 ,48**
|
Gouin
|
2,25*
|
1,71 ns
|
1,66 ns
|
1,72 ns
|
1,71 ns
|
Autres
|
0,84 ns
|
0,79*
|
0,77*
|
0,76*
|
0,75**
|
Statistique r
|
0,15***
|
0,13***
|
0,13***
|
0,13***
|
0,13***
|
réf : modalité de référence
|
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
|
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
|
B : le sexe de l'enfant
|
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
|
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
Tableau A.5 (suite) : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des
enfants de 6-14 ans par niveau de vie du
ménage selon l'ethnie
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables
de contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Niveau de vie moyen
|
Mossi Dioula Peulh Bissa Gourmantché Gourounsi Bobo Samo Sénoufo Lobi Dagari Gouin Autres Statistique
r
|
réf 0,39*** 0,44*** 0,63*** 1 ,95*** 2,00*** 1,71***
1,41* 0,79ns 3,75*** 1 ,68** 3,91*** 1,27*** 0,12***
|
réf 0,34*** 0,46*** 0,66*** 1,74*** 1 ,97*** 1,51***
1,26 ns 0,65** 2,43** 1 ,78** 2,34** 1,31*** 0,11***
|
réf 0,33*** 0,45*** 0,65*** 1 ,62** 1 ,99*** 1,46***
1,21 ns 0,60*** 2,14** 1 ,84** 2,30** 1,30*** 0,11***
|
réf 0,35*** 0,46*** 0,59*** 1 ,66** 1 ,96*** 1,46***
1,19 ns 0,60*** 1,89* 1,95*** 2,34** 1,31*** 0,11***
|
réf 0,36*** 0,44*** 0,58*** 1 ,56** 2,00*** 1,47***
1,17 ns 0,61** 1,98*
1 ,83** 2,27** 1,32*** 0,11***
|
Niveau de vie élevé
|
Mossi Dioula Peulh Bissa Gourmantché Gourounsi Bobo Samo Sénoufo Lobi Dagari Gouin Autres Statistique
r
|
réf 0,52*** 0,56*** 0,75** 1 ,42*** 1 ,49*** 1,26**
1,25 ns 0,58*** 2,03** 1,27 ns 1,25 ns 0,93 ns 0,07***
|
réf 0,66** 0,53*** 0,96 ns 1 ,57*** 1 ,43** 1,09 ns
1,01 ns 0,68** 1,73* 1,01 ns 0,68 ns 0,97 ns 0,05***
|
réf 0,59** 0,53*** 0,94 ns 1 ,63*** 1,41 ** 1,07 ns
0,97 ns 0,67** 1,73* 1,00 ns 0,67 ns 0,97 ns 0,05***
|
réf 0,51*** 0,53*** 0,91 ns 1 ,64*** 1 ,43** 1,06 ns
0,98 ns 0,67** 1,66 ns 1,04 ns 0,65 ns 0,97 ns 0,05***
|
réf 0,57*** 0,53*** 0,85 ns 1 ,63*** 1,51 ** 0,95 ns
0,92 ns 0,83 ns 1,48 ns 0,88 ns 0,58 ns 1,04 ns 0,05***
|
réf : modalité de référence
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
B : le sexe de l'enfant
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
Tableau A. 6 : Rapport de chances de
fréquentation scolaire des enfants de 6-14 ans par niveau de vie du
ménage selon l'appartenance religieuse
Variables Indépendantes
|
Rapport de chance par rapport à la modalité
de référence
|
Effets bruts
|
Effets nets par rapport aux variables de
contrôle
|
A
|
A+B
|
A+B+C
|
A+B+C+D
|
M0
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
Niveau de vie très faible
|
Musulmane
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
2,24***
|
1,99***
|
2,01***
|
2,01***
|
2,03***
|
Protestante
|
1,89***
|
1,90***
|
1,96***
|
1,85***
|
1,79***
|
Animiste
|
1,15 ns
|
1,11 ns
|
1,12 ns
|
1,12 ns
|
1,11 ns
|
Autres
|
1,26 ns
|
1,31 ns
|
1,40 ns
|
1,46 ns
|
1,46 ns
|
Statistique r
|
0,11***
|
0,10***
|
0,10***
|
0,10***
|
0,10***
|
Niveau de vie faible
|
Musulman
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
1 ,76***
|
1 ,68***
|
1 ,66***
|
1 ,62***
|
1 ,73***
|
Protestant
|
2,90***
|
2,92***
|
3,06***
|
3,06***
|
3,27***
|
Animiste
|
0,87*
|
0,89 ns
|
0,86*
|
0,85**
|
0,85**
|
Autres
|
1,21 ns
|
1,19 ns
|
1,16 ns
|
1,18 ns
|
1,18 ns
|
Statistique r
|
0,11***
|
0,10***
|
0,10***
|
0,10***
|
0,10***
|
Niveau de vie moyen
|
Musulmane
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
3,10***
|
2,70***
|
2,73***
|
2,65***
|
2,51***
|
Protestante
|
3,07***
|
2,61***
|
2,62***
|
2,61***
|
2,50***
|
Animiste
|
0,90 ns
|
0,92 ns
|
0,90 ns
|
0,90 ns
|
0,89 ns
|
Autres
|
0,92 ns
|
1,03 ns
|
0,77 ns
|
0,82 ns
|
0,79 ns
|
Statistique r
|
0,20***
|
0,16***
|
0,16***
|
0,15***
|
0,14***
|
Niveau de vie élevé
|
Musulmane
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
réf
|
Catholique
|
2,46***
|
1 ,75***
|
1 ,77***
|
1 ,77***
|
1 ,70***
|
Protestante
|
2,58***
|
2,45***
|
2,51***
|
2,47***
|
2,81***
|
Animiste
|
0,49***
|
0,79**
|
0,76***
|
0,75***
|
0,73***
|
Autres
|
0,83 ns
|
0,92 ns
|
1,00 ns
|
0,96 ns
|
0,93 ns
|
Statistique r
|
0,20***
|
0,11***
|
0,11***
|
0,11***
|
0,11***
|
réf : modalité de référence
|
Significativité : *** : au seuil de 1% ; ** : au seuil de
5% ; * : au seuil de 10% ; ns : non significatif.
|
A : le milieu de résidence, le niveau d'instruction
|
B : le sexe de l'enfant
|
C : le sexe du CM, le groupe d'âge de l'enfant
|
D : la taille du ménage, le lien de parenté de
l'enfant avec le C.M.
|
|
|