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La problématique de la dépénalisation des délits de presse au Bénin

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par M. Koovy YETE
Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocration du Bénin - DEA 2007
  

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Paragraphe 2 : Les préalables liés aux organes de régulation et d'autorégulation

Dans le système mixte d'encadrement de la liberté de presse qui est le nôtre, le rôle attendu des instances de régulation et d'autorégulation dans les médias est capital. Pour une dépénalisation conséquente, des réformes et des initiatives sont attendues aussi bien de l'ODEM que de la HACC.

A. L'ODEM, pour plus de déontologie dans les médias

Dans une société démocratique et pluraliste où s'impose la règle de droit, l'éthique et la déontologie du journalisme permettent de s'opposer avec un certain succès à une presse irrespectueuse des droits et libertés des citoyens.

Au Bénin, la responsabilité sociale de la presse a motivé la création de l'Observatoire de la Déontologie et de l'Ethique dans les Médias (ODEM) qui a démarré ses activités le 3 mai 1999. Dans cette dynamique, il est apparu nécessaire d'élaborer des règles de conduites professionnelles qui agiront en quelque sorte comme normes inhibitrices des égarements et dérapages médiatiques, sources d'injustices profondes pour ceux qui sont mis en cause.

En septembre 1999, les professionnels béninois des médias ont conçu un Code de déontologie en vingt-six (26) articles, qui énonce les devoirs et les droits du journaliste dans l'exercice de sa profession. Pour faire respecter ces dispositions, l'ODEM, qui apparaît comme la police interne de la corporation, agit par communiqués. Mais, il y a encore énormément de chemin a parcourir par l'ODEM dans cet environnement où les règles que l'Observatoire est appelé à garantir sont trop souvent foulées au pied.

Aujourd'hui, normes professionnelles et pratiques professionnelles sont en conflit presque permanent. Mais, toute la difficulté de l'ODEM réside en fait dans l'absence de contrainte qui caractérise ses communiqués. Il est vrai que la déontologie est une morale professionnelle dont les règles, à l'inverse du droit, ne sont contraignantes que volontairement.

Toutefois, la sanction morale que vise l'ODEM, à travers ses prises de position, devrait tout de même contribuer à asseoir au sein de la corporation, un code moral fondé sur des valeurs comprises, acceptées et respectées par la majorité de ses membres. Ce qui aujourd'hui n'est pas encore le cas.

L'autre difficulté réside dans son incapacité matérielle à suivre de près et à rappeler à l'ordre sur les nombreux manquements à la déontologie couramment enregistrés. Cela aurait été d'une grande utilité même si les décisions prises ne revêtent que le sceau de la sanction morale.

A la base de cette difficulté se trouve la charge financière insupportable qu'induirait cette activité pour l'ODEM. Cette instance se contente de faire vérifier le respect de la déontologie par quelques journalistes qu'il emploie souvent sur une période d'un mois au taux forfaitaire de cinq mille francs CFA par jour.

On se demande, au regard de l'élan qui a présidé à la création de l'ODEM, si dans cette même foulée il ne pouvait pas être institué au sein de la corporation, une forme de participation financière de chaque journaliste au budget de fonctionnement de l'ODEM ? Cette participation pourrait permettre à l'ODEM d'assurer un contrôle plus régulier. Cette suggestion s'explique par la nécessité de doter cette instance de plus de moyens financiers.

Par ailleurs, le retard accusé par cette instance d'autorégulation dans l'examen de certaines plaintes à elle adressées est également une difficulté à surmonter. Il est vrai que le citoyen béninois n'est pas plaideur de nature, de sorte que de nombreux manquements passent sous silence. Mais ce retard dans l'étude des plaintes frustre le citoyen diligent qui, parfois, soupçonne une forme pernicieuse de collusion entre l'Observatoire et les journalistes qu'il est appelé à contrôler.

En effet, le sentiment de protection outrancière des journalistes que ressent le citoyen vis-à-vis d'un tel silence jugé éloquent conduit ce dernier à saisir le juge. En attendant de résoudre ces préalables, l'ODEM pourrait déjà proposer la suppression de l'interdiction faite au journaliste de prouver la vérité des faits diffamatoires lorsque ces faits remontent à plus de dix ans. Cette interdiction prescrite par l'alinéa b de l'article 32 de la loi 60-12 nous paraît arbitraire. Il en est ainsi car, dans certaines hypothèses, malgré la véracité des faits allégués, le journaliste sera condamné pour diffamation motif pris de l'écoulement d'un certain délai.

Par ailleurs, la loi 97-032 du 20 août 1997 portant libéralisation de l'espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives aux délits en matière de presse et de communication audiovisuelle en république du Bénin réalise une avancée notable par rapport à la loi 60-12 sur la liberté de presse. Face à l'hésitation de la loi 60-12, qui énonce en son article 50 qu' « en matière de presse, la détention préventive est en principe interdite », la loi 97-032, plus affirmative, dispose en son article 107 que « la détention préventive en matière de presse est interdite ». Dans cette dynamique, on pourrait suggérer que l'interdiction énoncée à l'article 107 de cette loi soit étendue à la garde à vue.

Tout comme l'ODEM, la HAAC également n'est pas à l'abri des améliorations recherchées.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand