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La problématique de la dépénalisation des délits de presse au Bénin

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par M. Koovy YETE
Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocration du Bénin - DEA 2007
  

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B. Ethique et déontologie comme éléments de légitimité du journaliste

La légitimité de l'informateur public qu'est le journaliste trouve son origine dans la volonté ou le consentement des personnes informées, des citoyens qui reconnaissent en lui un représentant. Cette idée selon laquelle «les journalistes et les élus puisent leur légitimité à la même source, le public»128(*) n'est pas nouvelle.

Elle mérite néanmoins d'être rappelée afin d'apprécier toute l'importance qu'elle doit avoir pour quiconque s'intéresse au journalisme et prend au sérieux cette activité sociale et professionnelle. C'est ce que fait Dominique Wolton en rappelant aux journalistes que « leur seule légitimité, la seule condition de leur liberté, c'est le public. C'est aussi leur seul capital »129(*).

Daniel Cornu affirme, quant à lui, que le journaliste «est le représentant du citoyen. À ce titre, il lui incombe de nourrir le pluralisme par ses activités d'information, de commentaire et de critique »130(*). De même, il soutient que le journaliste «est également comptable de son information. Il l'est devant son public au sens large, qui légitime son activité dans la communauté politique »131(*) car, l'éthique et la déontologie du journalisme sont directement associées aux responsabilités de la presse dans une société démocratique.

Pour d'autres, la responsabilité du journaliste prend sa source dans un contrat implicite entre la presse et la société. Contrat à partir duquel on peut justifier les privilèges de la presse afin qu'elle puisse fournir aux citoyens des informations adéquates132(*).

Selon ces auteurs133(*), on peut évaluer une information diffusée par des journalistes à la compréhension qu'elle procure des faits sociaux, essentielle à la délibération d'un individu qui doit faire librement des choix. Ils estiment que la justification des privilèges accordés à la presse cesse d'être valable si celle-ci ne parvient pas à satisfaire à ces exigences134(*). Certes, un tel contrat n'existe pas dans un texte, mais il constitue le prolongement naturel de la liberté d'expression et des vertus démocratiques qui y sont associées.

Le contrat liant la presse et la société reconnaît une importante marge de liberté à la première afin de mieux servir la seconde. Il y a similarité avec Jean-Jacques Rousseau qui a reconnu que même si les clauses de son « Contrat social » n'ont «peut-être jamais été formellement énoncées, elles sont partout les mêmes, partout tacitement admises et reconnues»135(*).

Dans cette dynamique, l'érosion de la légitimité du journaliste proviendrait du non-respect flagrant et répété des termes du contrat social. Cette situation est de nature à remettre en cause la crédibilité de la presse. Dans ce contexte de méfiance, un régime de responsabilités et de devoirs plus lourds et contraignants pourrait lui être imposé par les tribunaux et le législateur.

Le renforcement des sanctions contenues dans la loi n°97-010 du 20 août 1997 portant libéralisation de l'espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives aux délits en matière de presse et de communication audiovisuelle en République du Bénin pourrait trouver sa justification en l'espèce.

Au total, compte tenu de la tendance de plus en plus affirmée à judiciariser les litiges opposant les médias et les citoyens, il y a certainement urgence et nécessité, pour les entreprises de presse de sensibiliser davantage leurs journalistes aux aspects éthiques et déontologiques de leur travail. Cela peut aussi servir à améliorer la crédibilité des médias et à protéger l'exercice de la liberté de la presse. Cette exigence insiste en fait sur les préalables liés aux organes de régulation et d'autorégulation des médias au Bénin.

* 128 CHARRON J., Les relations entre les élus et les journalistes parlementaires à l'Assemblée nationale du Québec: une analyse stratégique, Sainte-Foy, Université Laval, thèse de PHD en science politique, octobre 1990, p. 7., V. CORNU D., Journalisme et vérité, pour une éthique de l'information, LABOR et FIDES, 1994, p.16.

* 129 STROOBANTS J-P. «Opinions et débats», Entrevue avec Dominique Wolton in Le Soir, mardi 21 mars 1995, p. 2.

* 130 CORNU Daniel. Éthique de l'information, Paris, PUF, coll. Que sais-je, 1997, p. 74.

* 131 CORNU, 1997, op. Cit., p. 71.

* 132 KLAIDMAN Stephen et BEAUCHAMP Tom L., The Virtuous Journalist, New York: Oxford University Press, 1987, pp. 129-130.

* 133 KLAIDMAN Stephen et BEAUCHAMP Tom L

* 134 KLAIDMAN Stephen et BEAUCHAMP Tom L., ibid, p.130.

* 135 ROUSSEAU (Jean-Jacques), Du contrat social, Paris, Flammarion, 1992, p. 39.

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