La problématique de la dépénalisation des délits de presse au Bénin( Télécharger le fichier original )par M. Koovy YETE Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocration du Bénin - DEA 2007 |
B. Le critère d'identificationQuels sont au Bénin, les critères juridiques d'identification du journaliste ? Dans quelles conditions cesse t-on de l'être. Les deux lois qui régissent le secteur des médias sont muettes sur les questions125(*). Il en est également ainsi des statuts de l'Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB). C'est plutôt la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) qui donne une définition du journaliste. « Est journaliste professionnel, tout rédacteur ou tout reporter d'images qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs agences de presse, dans une ou plusieurs publications quotidiennes ou périodiques, ou dans une ou plusieurs entreprises de presse audiovisuelle et qui en tire le principal de ses revenus »126(*). Au-delà de cette approche de définition se trouve posée la question du statut du journaliste. En effet, étant entendu qu'ils entrent dans le métier comme dans un moulin, très peu de journalistes sont en position de mettre en avant des exigences salariales. Cette situation qui fait le lit à la misère ne met pas le journaliste à l'abri des tentations. En pareille situation, quelle garantie de responsabilité peut-on escomptée tant que le journaliste, suite à son indigence, est sujet de manipulation et de mercenariat ? Peut-on raisonnablement dépénaliser les délits de presse et espérer une plus grande responsabilité du journaliste dans les circonstances actuelles où le journaliste, en proie à l'instabilité professionnelle et sociale, est confronté au ballottage de sa conscience ? Ne dit-on pas que la pratique de la vertu suppose un minimum de bien-être ? Dans le cadre de la législation actuelle sur la presse et vu la pratique des relaxes anticipées, les procès de presse deviennent des occasions d'affaires pour les patrons de presse. En effet, le journaliste condamné à une peine de prison avec sursis et à une amende réalise toujours une bonne affaire chaque fois que l'amende prononcée est largement en deçà du montant à lui proposé pour la rédaction de l'article diffamatoire ou injurieux. La réponse à la question préalable des critères d'identification du journaliste passe également par l'établissement et la délivrance saine des cartes de presse. Incontestablement, la carte de presse constitue un attribut extérieur de professionnalisation du secteur. La suppression des peines de prison du droit des médias suppose certainement une meilleure régulation de l'accès à la profession et de l'exercice du métier. Le législateur ne pourra objectivement et sérieusement dépénaliser sans s'assurer des exigences de qualité dont doit faire montre le journaliste. Le respect des règles d'éthique et de déontologie de la profession participe aussi de cette exigence. * 125 Ibid., p. 26. * 126 Ibid., p. 26. |
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