CONCLUSION
L'Inde et la Chine ont su se positionner dans la nouvelle
économie mondiale, chacun en utilisant de manière efficiente ses
avantages comparatifs. Ces deux pays avancent à grand pas avec leurs
faiblesses et leurs atouts. Mais ont tout de même pris conscience du
rôle qu'ils pourraient jouer dans cette mondialisation.
La Chine et l'Inde ont encore beaucoup de défis
à relever que ce soit dans le cadre institutionnel, politique ou
économique. La Chine se doit de construire un système
d'innovation solide, pouvant protéger les innovations, et sortir de
cette dépendance des importations étrangères afin de se
doter d'une capacité d'innovation interne. L'Inde devra se doter
d'infrastructures de qualité et réorganiser le financement et
l'effort de recherche afin que sa forte intensité en capital humain
puisse dégager des spillovers localement. De même la croissance
enregistrée dans les TI devrait servir d'entraînement à
d'autres secteurs. Ce pays a beaucoup plus intérêt à miser
sur les TI, ce qui lui donnerait la possibilité de créer de
nouveaux produits et services tout en évitant des investissements
lourds en infrastructures. L'avantage comparatif qu'il détient à
cause de sa main d'oeuvre hautement qualifiée pourrait lui servir, il
devrait plutôt rester sur ce créneau et essayer d'asseoir sa
suprématie.
Cependant, on peut remarquer, vu les écarts actuels
entre les pays émergents et les pays de la Triade que le rattrapage
technologique est en cours, mais n'a pas encore eu lieu.
Des efforts sont entrepris des deux cotés pour couvrir
le retard technologique. Le transfert de technologie en Chine se fait en grande
partie par les inputs importés qui serviront pour assemblage. En Inde il
y a une spécialisation dans des secteurs intensifs en connaissance.
Comparée à la Chine, l'Inde essaie de se spécialiser sur
des secteurs industriels et technologiques de telle sorte qu'il devienne en
même temps un centre d'excellence pour la R&D des entreprises
multinationales et une super puissance technologique (cas du secteur des
technologies de l'information).
Ces deux pays disposent d'atouts qui pourraient leur permettre
d'entamer efficacement leur montée en puissance technologique. Les
faiblesses qu'on peut détecter ici sont pour la plupart d'ordre
structurelles, même si elles peuvent représenter un frein pour le
transfert de technologies, néanmoins, elles n'empêchent pas qu'il
ait lieu.
Si on admet qu'il y a transfert de technologie, on pourrait
tout de même se poser la question du mode de transfert de technologie et
de son optimalité. C'est-à-dire en termes de temps et
d'efficacité.
Comme nous l'avons rappelé durant notre exposé,
une bonne partie de la littérature admet que le positionnement dans
lequel la Chine se situe est un gage de transfert de technologie :
(Grossman et Helpman, 1991 ; Coe, Helpman, et Hoffmaister, 1995 ; Keller,
2002 et Keller, 2007...). De même il est évident que la
délocalisation des centres de R&D en Inde est une source
d'acquisitions et de transferts de connaissances pour le pays d'accueil.
Quel peut-donc être le positionnement optimal, pour un
pays émergent dans sa marche vers le rattrapage technologique ?
Plusieurs alternatives peuvent être envisagées :
- Le développement d'une capacité d'innovation
interne à travers le renforcement des systèmes nationaux
d'innovations ;
- L'importation de pièces et composants de haute
intensité technologique ;
- La spécialisation vers des secteurs technologiques
particuliers ;
- L'importation de machines et équipements de haute
technologie, dans le but d'améliorer les processus de production. C'est
le cas d'un pays comme la Turquie (Lemoine et Unal-Kesenci, 2003) ;
- Ou alors comme l'ont préconisé Perez et Soete
(1988), la possibilité de rattrapage technologique en sautant les
étapes classiques, c'est-à-dire de fortes dépenses de
R&D et l'existence de systèmes nationaux d'innovations solides. Mais
aujourd'hui le renforcement des droits de propriété
intellectuelle rend un peu illusoire ce genre d'approche.
Cette question n'est pas l'objet de cette étude, mais
une analyse plus dense et plus profonde pourrait permettre d'apporter plus de
clairvoyance aux décideurs. Il est clair que plusieurs facteurs
spécifiques propres à chaque pays pourraient être
déterminants dans le choix de tel ou tel autre mode d'acquisition de
technologies. Il serait donc intéressant de les identifier et de
déterminer la nature.
|