CONCLUSION PARTIELLE.
C'
'AREMA a dirigé Madagascar presque sans interruption
pendant 25 ans, de 1975 à 2001, abstraction faite de la période
1993-1997. Durant ce quart de siècle, le parti avait connu trois phases
: la période de la révolution socialiste, celle de l'ajustement
structurel et enfin celle du libéralisme.
La première phase a permis à l'AREMA de mettre
en oeuvre une réforme en profondeur de la gestion de l'espace malgache.
Suivant les idées phares contenues dans la « Charte de la
révolution », le parti a décidé d'entreprendre la
décentralisation effective du pouvoir décisionnel avec la mise en
place du VIP. En outre, pour une meilleure approche du développement du
territoire, une politique toute aussi ambitieuse a été
lancée : l'investissement à outrance. Cette politique a permis
d'implanter un peu partout dans l'île, des industries de transformation
sensées devenir des pôles catalyseurs pour la dynamisation des
activités économiques du territoire. Dans le fond, cette approche
était parfaite mais elle a connu ses limites avec la
détérioration du terme de l'échange au niveau mondial. Le
gouvernement malgache n'a pu gérer cette variable qui a eu des
conséquences graves sur la gestion du patrimoine malgache.
L'échec des projets projetés par l'AREMA est palpable : un grand
nombre des industries créées par l'Etat n'ont jamais
fonctionné. La seule satisfaction
réelle aura été les CUR. Ces centres
universitaires ont pu fonctionner malgré quelques ratés qui n'ont
été rectifiés que vers la fin des années 90.
Il faut pourtant retenir que le début des années
80 a vu la mutation de la stratégie spatiale préconisée
par l'AREMA. M. RATSIRAKA a été forcé par la conjoncture
de composer avec les institutions de BRETTON WOODS. L'ajustement structurel a
été le remède préconisé. Il mise sur la
réforme structurelle de la gestion de l'Etat. La libéralisation a
été le mot d'ordre qu'il fallait suivre. Cela a ouvert la voie
à la naissance de la troisième république durant laquelle,
L'AREMA végétait pendant les premières périodes
avant de revenir en force en 1997 et d'imposer une nouvelle politique beaucoup
plus libérale et qui s'appuie sur une plus grande liberté pour
chaque entité décentralisée : les Provinces autonomes. A
cheval entre la régionalisation et la fédération, cette
institution se voulait être un nouveau point de départ pour la
gestion de l'espace malgache.
Conclusion générale.
A
près 40 ans d'indépendance, on est en droit de
se demander de ce qu'il est advenu de Madagascar et de poser la question de
l'héritage du PSD et de l'AREMA. A cause de décisions politiques,
certes courageuses, mais fort discutables, la Grande-île n'a cessé
de péricliter pour être un des pays le plus pauvre de la
planète.
Graphe 5 : Représentation illustrée de
l'état actuel du PIB et de l'IDH de Madagascar par rapport à
quelques Pays dans le monde.
INDICATEURS
CHIFFRES
de ces capacités réelles. Ces capacités si
elles sont énumérées doivent intégrer une triptyque
bien usitée aujourd'hui : l'homme - l'économie et
l'environnement.
Une population de plus en plus marginalisée
(cf. tableau 7).
Les données les plus récentes disponibles sur le
mouvement naturel de la population remontent à 2001. Elles donnent une
idée générale de l'évolution de la population de
Madagascar. Les indicateurs ci-après donnent une vue
générale de l'évolution de la population malgache.
Tableau 7 : Les principaux indicateurs de l'évolution de
la population de Madagascar. Source : Banque Mondiale - INSTAT.
Taux d'accroissement démographique moyen (TAN)
Taux de mortalité infantile (TMI) Taux de fécondité
(TF)
Taux brut de natalité (TN)
Taux brut de mortalité (TM) Taux de
Mortalité infantojuvénile
Taux de mortalité maternelle Espérance de
vie à la naissance
2.8% par an
88 %o naissances en 2001 contre 96%o en 1999 5.4 naissances par
femme (2001)
44%o (1997) 14%o (1997) 159%o (1999)
6.6%o (1999)
55.1 ans (en 1999) - 54.7 ans (en 2001)
A travers ces chiffres, on peut déduire, même si
c'est sur une période courte, que la condition de vie des Malgaches ne
cesse de se détériorer. Si on ne prend en compte que
l'espérance de vie, on est ainsi passé de 55.1 en 1999 à
54.7 ans en 2001. Certes, il faut relativiser ces données, mais il est
évident que les indices avancés confirment cet état. Ce
qui peut paraître étrange dans ce contexte est qu'en même
temps, le pouvoir en place annonce un taux d'accroissement positif de
l'économie, près de 6.7% en 2001. Mais cela s'explique car la
répartition de la richesse économique à Madagascar est
loin d'être équitable... Elle se fait au détriment de la
couche la plus vulnérable qui est majoritairement rurale et très
peu éduquée. En tout cas, la proportion de la population à
faibles revenus est encore fort élevée à Madagascar et
cette situation se ressent dans les actions effectuées dans le secteur
majeur de l'économie malgache, l'agriculture.
Un pays à vocation agricole ? (cf. graphe
7-8)
De Madagascar, on dit toujours que c'est un Pays très
rural où le secteur primaire prédomine (75% des actifs). Or ce
que l'on constate aujourd'hui c'est que le rendement stagne alors que,
parallèlement, la population augmente. Si on prend l'exemple de la
production rizicole, on constate que depuis son indépendance, Madagascar
fait du surplace.
Graphe 6 : Représentation graphique de la production en
paddy à Madagascar.
Madagascar n'arrive pas à combler ses besoins. Avant
les années 70, la Grande-île exportait du paddy (cf. graphe 6-7),
depuis, la situation s'est inversée. Le besoin en riz ne cesse
d'augmenter parce que la population croît. La question qui se pose est de
savoir pourquoi l'on n'a pas réussi à améliorer la
rentabilité. De grands travaux ont effectivement été
menés pour l'amélioration de la production rizicole comme la
sélection de variété de grain de riz adapté
à l'environnement malgache - l'introduction de nouvelle technique de
plantation mais rien n'y fait. Le principal problème auquel se heurte
cette filière est la dégradation de l'environnement. L'Alaotra,
premier grenier à riz de Madagascar, voit des rizières
ensablées et rendues inaptes à la culture à cause de la
déforestation...
D'autres points pourraient être aussi relevés
comme la dégradation des infrastructures [quoique cela ait
été plus ou moins atténuée par le projet PPI (Petit
Périmètre Irrigué) dans les années 90] ou
l'incapacité des agriculteurs à assimiler les nouvelles
techniques. Pour ce qui est de ce dernier point, la mentalité commence
à changer avec la présence des ONGs qui essaient tant bien que
mal de reprendre en main les activités laissées par l'Etat.
Antsirabe est l'exemple vivant de cette réussite. Main dans la main, les
paysans et les ONGs essaient de travailler dans la même direction avec
des réussites qui commencent à faire tâche d'huile
au-delà même de cette région. Il faut pourtant se rendre
à l'évidence : le développement est encore loin
d'être équitable pour toutes les régions de l'île.
Une disparité encore criarde.
L'inégalité se manifeste sous plusieurs formes.
Elle englobe tout aussi bien la répartition de la population que le
niveau de vie de celle-ci. Si on prend l'exemple de la répartition du
niveau de vie, on aura un graphe assez déséquilibré (cf.
graphe 8).
On sait que la décentralisation devait corriger les
disparités spatiales. Chaque territoire peut prioriser ainsi ses besoins
et les négocier auprès de possibles partenaires. L'Etat
n'intervient que pour faciliter ces transactions. Ce que l'on constate
aujourd'hui c'est que l'évolution des Provinces autonomes ne se fait pas
de la même manière. Certaines sont plus favorisées que
d'autres. Si on regarde les dépenses en ce qui concerne chaque Province
(cf. graphe 9), on constate que Fianarantsoa consomme la moins avec près
de 100.000Fmg d'écart
par rapport à Antananarivo (près de 325.000Fmg).
L'écart entre ville-campagne est aussi énorme.
Graphe 8 : Comparaison des dépenses sur le territoire
malgache.
Par ailleurs l'indice de pauvreté (cf. tableau 10)
révèle encore que certaines Provinces sont plus touchées
que d'autres par ce phénomène. Son évolution et son
incidence diffèrent pour chaque Province.
|
|
Taux
|
|
Intensité
|
|
|
1993
|
1997
|
1999
|
1993
|
1997
|
1999
|
Antananarivo
|
68.0
|
66.4
|
61.7
|
27.8
|
29.1
|
26.0
|
Fianarantsoa
|
74.2
|
75.1
|
81.1
|
33.7
|
32.0
|
40.2
|
Toamasina
|
77.9
|
79.8
|
71.3
|
33.7
|
39.0
|
32.6
|
Mahajanga
|
53.2
|
73.8
|
76.0
|
18.6
|
29.1
|
36.5
|
Toliara
|
81.1
|
82.0
|
71.6
|
42.8
|
46.4
|
33.7
|
Antsiranana
|
60.2
|
62.3
|
72.6
|
22.0
|
23.9
|
32.0
|
ENSEMBLE
|
70.0
|
73.3
|
71.3
|
30.3
|
33.6
|
32.8
|
Tableau 8 : Evolution de la situation de la pauvreté par
Faritany. Source : INSTAT, EPM, 97 et 99.
La pauvreté est un fait que tous et d'abord les partis
politiques disent vouloir éradiquer. En tout cas, pour la combattre,
l'un des moyens véritables qui peut se révéler efficace
est l'introduction des pauvres dans le circuit formel. Il faut qu'ils
participent à la lutte contre l'exclusion. C'est à partir de
cette idée que l'HIMO (Haute Intensité de Main d'oeuvre) a
été déployée.
Ces approches, pour la plupart des gens sont des «
recettes miracles ». Il n'en est rien pourtant car à bien y
regarder, on peut voir que ce ne sont que de nouvelles déclinaisons des
actions engagées bien des années auparavant. Dans une certaine
mesure, elles peuvent être considérées comme faisant partie
de l'héritage laissé par le PSD et l'AREMA.
De l'héritage laissé par le PSD et
l'AREMA.
Ces deux partis gouvernementaux avaient des stratégies
spatiales complémentaires car ils ont essayé à leur niveau
et suivant leur stratégie d'approche de corriger les disparités
spatiales existantes par l'entremise de la création de pôles
d'activités susceptibles de dynamiser les diverses régions de
l'île. Le PSD était allé très loin en ce domaine en
organisant les syndicats des communes, de véritables entreprises
publiques gérées par la population elle-même. L'AREMA, lui
avait misé sur l'investissement à outrance et la création
de complexes industriels qui auraient dû aider à la transformation
des produits issus du terroir.
Ces approches étaient spatiales et intègrent les
potentialités des diverses régions de Madagascar.
Malheureusement, leur politique était plutôt aveugle dans la
mesure où à force de gouverner sans véritable opposition,
ces partis étaient tombés dans les travers du dictat du parti
unique. Ils se sont peu à peu déviés de leur mission
principale en se détournant de la population qui les ont élus
pour s'attacher à mettre en pratique des théories qui n'ont plus
l'aval de la majorité.
Le risque est toujours grand pour les nouvelles
démocraties de tomber dans ces illusions qui en définitive ne
rend service à personne. Madagascar a déjà connu ces
expériences malheureuses mais la leçon ne semble pas avoir
été retenue. Le parti TIM aujourd'hui domine,
à son tour, outrageusement les différentes
sphères du pouvoir, une pratique qui n'a rien avoir avec une
véritable démocratie où les échanges et les
débats devraient être « la règle d'or. »
I
Table des illustrations.
Liste des figures.
Figure 1 : Localisation de la Grande-île dans le Sud-Ouest
de l'océan Indien. 4
Figure 2 : Représentation graphique de la division
administrative de la première république. 10
Figure 3 : Représentation graphique de la
répartition des grandes opérations effectuées par la
première république suivant les Provinces. 21
Figure 4 : Représentation en surface (ha) des
différents projets d'aménagement. 25
Figure 5 : Occupation du sol dans la région de la plaine
de Marovoay. 27
Figure 6 : Répartition des syndicats des communes suivant
leur nombre par province en 1967.
32
Figure 7 : Répartition des travaux au-ras du sol par
secteur d'activité. 37
Figure 8 : Répartition des subventions accordées
aux Travaux au ras du sol par province. 38
Figure 9 : Répartition de la subvention accordée
par habitant. 39
Figure 10 : Répartition des logements créés
par la SEIMad par localité. 43
Figure 11 : Représentation de la limite administrative de
la deuxième république. 61
Figure 12 : Répartition des sociétés
contrôlées par l'Etat en terme de pourcentage sur le territoire.
66
Figure 13 : Représentation graphique de la
répartition des sociétés publiques à Madagascar.
67
Figure 14 : Représentation des surfaces
aménagées pour les CUR. 73
Figure 15 : Représentation de la capacité d'accueil
des réalisations. 74
Figure 16 : Représentation des réalisation
effectuées. 75
Figure 17 : Représentation de la répartition de la
population par Firaisana. IX
Figure 18 : Les 28 Régions de Madagascar. XI
Liste des graphes.
Graphe 1 : Exemple de résultat d'une élection
« régionale » en 1977. 55
Graphe 2 : Evolution du Produit Intérieur Brut de
Madagascar. 77
Graphe 3 : Evolution de la dette de Madagascar en million de
dollar depuis l'investissement à outrance. 79
Graphe 4 : Evolution de l'inflation à Madagascar. 80
Graphe 5 : Représentation illustrée de
l'état actuel du PIB et de l'IDH de Madagascar par rapport à
quelques Pays dans le monde. 93
III
Graphe 7 : Représentation de l'évolution de la
production rizicole par rapport à l'évolution de la population.
95
Graphe 8 : Comparaison des dépenses sur le territoire
malgache. 97
Liste des organigrammes.
Organigramme 1 : Représentation schématique de
l'organisation administrative durant la première république.
11
Organigramme 2 : Représentation schématique de
l'organisation de la prise de décision du plan. 20
Organigramme 3 : Organisation du pouvoir sous la deuxième
république. 53
Organigramme 4 : Schéma de l'ordonnancement du pouvoir
administratif sous la deuxième république. 57
Organigramme 5 : Représentation de l'organisation des
principaux pouvoirs à Madagascar durant la troisième
république. 85
Organigramme 6 : Représentation schématique de la
nouvelle forme de décentralisation de la troisième
république. 86
Organigramme 7 : Disposition de la structure administrative
après le referendum du 5 mars
1997. 88
Liste des tableaux.
Tableau 2 : répartition des travaux au ras du sol par
province. 36
Tableau 3 : Répartition des cités
créées par la SEIMad durant la première république.
42
Tableau 4 : Liste exhaustive de quelques-unes des
sociétés nationalisées et/ou créées par
l'investissement à outrance. 69
Tableau 5 : Représentation des «
spécialités » de chaque CUR. 71
Tableau 6 : Les travaux effectués par province. 72
Tableau 7 : Les principaux indicateurs de l'évolution de
la population de Madagascar. 94
Tableau 8 : Evolution de la situation de la pauvreté par
Faritany. 97
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