2.3.2 La représentation du corps
Nous avons choisi quelques gravures de Gustave
Doréillustrant laBible afinde montrer le corps mis en lumière. Il
s'agit là aussi du corps hérité des canons
esthétiques antiques réanimés par la Renaissanceun corps
occidental (/peau clair/) filconducteur de toutes les représentations
mentales que permet la Bible. Cest pour cela quilnous a semblé
intéressant de montrer cette couverture de Ne'wsWeek qui joue sur la
/couleur de peau de Adam et Eve/. Claudine Cohen nous précise que suite
aux dernières découvertes scientifiques sur l 'Eve
mitochondriale, les populations les plus originaires viennent d'Afrique. L'on
voit bien à quel point le mythe des origines qui est un mythereligieuxa
été repris par la science qui tente aujourdhui de
découvrirnotamment par loutilADN quelles sont les origines de
l'HommeAlors même que les termes Science" et Religion" semblent
contradictoires, l'on voit bien que leur but est le mêmeécrire une
Histoire des origines de l'Homme ; une idéologie face à une autre
idéologie
2.3.3 La représentation de la femme
Nous avons repris d'autres gravures dans L'Homme primitif
(visibles dans le corpus connexe du corpus B) mais qui ne correspondent pas au
même moment de lHistoire (Néolithique ou l'age de la pierre
polie), pourtanton y retrouve les mêmes aspects stéé
réotypiques de la sexuation. La femme est toujours avec les enfants et
se consacreaux taches ménagères alors que l'homme sen va,
armérapporter la nourriture. Il nous semble important de revenir sur
l'idée fondamentalethéorisée et appliquée par
Barthesdans ses écrits : le phénomène de naturalisation du
culturel . Finalement, retracer, redessiner les origines de l'Homme sous ses
aspects sétéreotypiques, aujourdhui communs, nestce pas permettre
de se conforter dans une représentation dont on ne sait pas au justesi
elle est véridique mais la poser comme telle? Ainsi si lon cantonne les
femmes à uncertain rôe et qu'il en a toujours été
ainsi, pourquoi changer cela? Si lHomme de la préhistoire a su dompter
la nature environnante, pourquoi ne pas continuer? Si lidée de
progrès est indissociable de la société occidentale,
pourquoi lenvisager autrement ? Si le corps parfait est celui de la juste
morale pourquoi le présenter sous un aspect disgracieux?
2.4 Les tropes
Au sein de ses représentations, on peut lire deux
figures de style majeures loxymore et la litote. La première figure se
définit comme le rapprochement de deux entités pourtant
sémantiquement opposées (exemplele clair-obscur) Dans notre
corpus, la présence de l'homme et de sa charge sémantique
juxtaposée à la femme et à sa charge sémantique
nous rappelle cette figure : l'homme, métaphore de lactionde la
réflexion et de lautonomie, en coprésence avec la femme,
métaphore de la passivité et du sentimentalisme. Ils'effectue
effectivement un jeu de symétrie inversée entre lhomme et la
femme. Ce qui les lie, c'est avant tout la différence de leurs
aptitudesLa seconde figure se définit par le faitde dire peu pour
suggérer beaucoup (exemple : « va je ne te hais point »dans
Phèdre, la célèbre pièce de Racine). Il nous semble
que ces représentations ne mettent pas en avant le rôe de la femme
et ne paraissent pas porteuses dun quelconque rabaissement de prime abord, et
pourtant, leurs mises en scènes concourent à suggérer
beaucoup quant à la répartitiondes taches dans la vie quotidienne
et aux aptitudes plutôt fragiles de la femme : la femme est
présentée comme étant l'antithèse de l'homme avec
toutes les conséquences connotatives que cela implique.
Troisième partie
L' homi ni té ou la construction
mythique de l'homme préhistorique
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