UNIVERSITÉ PARIS V - SORBONNE
UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ?- SORBONNE MASTER SDL
L'EVOLUTION DE L'HOMME OU LA
RECHERCHE DES ORIGINES
DANS LES DISOURS SCIENTIFIQUES ET
ARTISTIQUES
ANALYsE sÉMIOLOGIQUE DE LA REPRÉsENTATION DE
L'HOMME DE LA PRÉHIsTOIRE OCCIDENTALE
par Elodie Mielczareck
SÉMIOLOGUE
12, rue de Béarn 75003 PARIS 06.03.73.31.61
septembre 2008
Sommaire
I L'Homme et son évolution dans les discours scientifiques
5
II L'Homme et son évolution dans les discours artistiques
15
III L'hominité ou la construction mythique de l'homme
préhistorique 23
Première partie
L Homme et son evolution dans les
discours scientifiques
Chapitre 1
Corpus A : La phase interprétative
ou le dégagement des
insus culturels
1.1 La mise en scène de l'Homme 1.1.1 Dans le corpus
global
D'un point de vue scénique, la position de l'Homme
occupe /lextrémité de la chaîne évolutive/. Il se
situe à /l'extrémité droite/ delimageOril existe une
idéologie puissante qui oppose <droite> versus
<gauche>'. Le genre humain se place donc du côté
de <l'avenir>, du <progrès>, de la <réussite>de
l<intelligence>Point de vue pour le moins anthropocentriste. Cela n'est
pas sans rappeler lanecdote de notre préface dont l'une des ouvertures
problématiques estquest-ce que lintelligence? Comment mesurer
l'intelligence d'une autre espèce? Dominique Lestel pose la question
dans son article 2 : sommes-nous assez intelligents pour nous rendre compte
delintelligence des autres espèces non humaines?
« L'homme est-il capable de voir le monde autrement que
de son propre point de vue? Le langage semble être le dernier bastion du
propre de lhomme. Depuis quelques décénnies, on s'efforce
denseigner différentes formes de langage à des grands singes.
Mais que peuvent-ils nous dire dautre que ce que nous attendons d'eux. On les
soumet à l'école des hommesmais on ignore encore tout de leurs
modes de communication symbolique dans la nature. »
L'Homme est avant tout présenté dans le discours
scientifique comme être unique et exceptionnel, différents de tous
les autres éléments et êtres naturels.
L'Homme est /debout/. Or cette posture est très
significative en ce qui concerne l'Homme et son évolution. C'est
queffectivement la question de la bipédieest centrale.
1A cet égard, consulter le chapitre 3 « La
sémiologie enextension.Un signe dea vieociale" e trait gauche
droite»pp 145-187
2voir , p 330.
Mais contrairement à ce que l'on peut pensernombre de
primates non humains sont bipèdes, Pascal Picq nous rappelle
que3 :
« Donc la question n'est pas bipède ou pas
bipède [] mais quelle est limportance de la bipédie dans le
répertoire locomoteur [] »
C'est-à-dire que ce qui compte c'est la
fréquence de bipédiequi atteint 99% chez les Hommes (seulement 40
à 60% chez les chimpanzés et chez Lucy) Ainsi, lHommeest le
primate le plus fréquemment en position bipèdeEt cest cette
fréquence qui aurait entraîné des changements
morphologiques notables quant à lévolution des capacités
motrices et cognitives. L'Homme de notre corpus devient ainsi le
<représentant symbolique de l'Evolution>. Or l'idée
d'<évolution> semble sémantiquement aliénée
à la notion de <progrès>, nous y reviendrons. /LHomme
debout/ cest donc <la marchedu progrès et de l'intelligence>.
Pour autant, la kinésie est /statique/il y a donc une
marche mais qui restede lordre du symbolique. En outre, la combinaison des
signifiants /kinésie statique/x /partition entière/x/point de vue
de niveau/x/mimogestualité visible/ participe à lidée que
ce qui est représenté c'est l'essence de lHommeIl sagit de
montrer lHomme dans ses particularités anatomiques et morphologiques par
rapport aux autres espèces ou aux autres animaux. D'ailleurs, bien
souvent la /nudité est complète/cest quils'agitde
représenter l'Homme dans son aspect <le plus naturel possible>
Par ailleurs, cet Homme c'est l'homme. Rien de tautologique
dans cette phrase, simplement c'est le /sexe masculin/ qui est le plus
majoritairement représenté. Cet homme a la /peau claire/
c'est-à-dire qu'il correspond aux stéréotypes de
<lhomme occidentaleuropéen>. /Les bras et les mains tombent le
long du corps/ mais /les poings sont serrés/ Il s'agit donc de
représenter l'Homme non dans son <inaction> (malgré la
/kinésie statique/) mais dans une certaine <volonté> que
lancrage sémantique nous renvoie bien ?serrer les poingsU, taper du
point sur la tableU (= <se faire respecter>) etc.
1.1.2 L'Homme dans le règne animal
Il existe une convergence absolue sil y a un /humain/ alorsil
y a des /primates non humains/. Cela tient à l'exercice même de la
représentation de larbre phylogénétique qui, puisque le
chimpanzé et le bonobo sont les cousins de lHomme (cest pour cela qu'ils
sont toujours /à proximité directe de lHomme/) a pour vocation
dexpliquer lévolution de l'homme et son émergence en tant
qu'espèce particulière du règne animal, biologique ou
naturel. La mise en scène du linguistique conforte laspect de
<scientificité> la / chromie est noire/, /le texte orienté
de manière horizontale/ ajoute à la <sobriété de
la représentation>. Notons toutefois que les référents
iconiques sont colorés mais de manière monochrome.
Le lpositionnement de l'humainl est très significatif
comme nous avons pu lévoquer ci-dessus. Les animaux lsont à sa
gauchel Les primates non humains les plus récurrents du corpus sont lle
chimpanzél, lle gorillel ll'orang-outanl et lle gibbonl Or Claude Louis
Gallien nous explique que :
« La super-famille des hominoïdes rassemble
actuellementaux cotésde lHomme
lui-meme, les grands singes d'Afrique le gorille et le
chimpanzé - et ceux d'Asie : le siamang, le gibbon et l'ourang-outanCes
six genres sont laboutissement d'une évolution qui débute avec
lapparition des catarrhiniens à la fin de l'éocène, il y a
une cinquantaine de millions dannées»?
Il y a donc un véritable souci scientifique dans les
arbres phylogénétiques de notre corpus de rendre compte des liens
entre les divers hominoïdes dont faitpartie intégrante l'Homme. Les
singes énumérés ci-dessus sont cadrés lde profill
ou deltrois quartl et lregardent vers la droitel c'est-à-dire l<en
direction de lHomme qui lui-meme regarde hors cadre>l. Il y a donc une
vision commune vers lavenir le progrès, lévolution> dont
l'Homme est l'ultime chainon soit le plus accompli>
L'Homme est ldeboutl, nous ne reviendrons pas sur la
pertinence de cette posture. De meme, le lsexe masculinl est celui
prédominantSa nudité est complète et lon peut constater
qu'il n'y a de poils que les cheveux ou la barbe. Letorse, les bras et les
jambes sont limberbesl. La peau et les cheveux sont lclairsl Pas de distinction
entre lHomme et les primates non humains en ce qui concerne la kinésie
et le point de vue de niveau ou la visibilité de la
mimogestualité. Notons que pour le primate non humain la posture
ldeboutl est périphérique.
Les poings de l'humain ne sont pas serrésMais sIl tient
un accessoire en mainalors c'est une arme qu'il tient de sa main droite et dont
la pointe est dirigée vers le haut. C'est-à-dire que l'Homme est
celui qui détient un lmatériaux construit et donc culturell Or
cet objet culturel n'est pas tenu dans une visée de défense ou d
agression> puisque lla pointe est dirigée vers le hautl elle est donc
<inoffensive mais <tout à fait présente . La sagaie, outil
de chasse créé par Homo sapiens, est constitué d'un manche
en bois et d'une partie supérieure à laquelle est accolé
un silex solidement emmanché.Cette arme, qui est la plus
représentée du corpusdevient alors le symbole de l adaptationde
l'Homme à l'environnement naturel>.
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