PARTIE III : PROBLEMES
ET PERSPECTIVES
I. UN DEFICIT QUALITATIF ET
QUANTITATIF
Dans le tableau récapitulatif de tous les articles
publiés dans le Nouvel Obs et L'Express, nous avons
listé et résumé tous les titres parus sur la Centrafrique.
Ainsi, parmi ceux-ci, on retrouve des brèves, des moutures, des articles
et quelques reportages. Il apparaît alors qu'il y a un déficit en
terme de qualité de traitement des informations ou de l'actualité
sur la RCA. Le déficit qualitatif se situe au niveau de la façon
de traiter et d'aborder les thèmes concernant ce pays. L'on se rend bien
compte que le travail n'est pas approfondi et que les journalistes
eux-mêmes ne disposent pas d'assez de connaissances ou de données
sur le pays. Ils ne sont donc pas bien placés pour faire une bonne
analyse qualitative. La plupart du temps, la rédaction se contente des
informations fournies par les personnalités diplomatiques ou
consulaires, les militaires français sur place. Du coup, la vision des
faits et des événements est française. Car un
français ne peut pas relater un événement en Centrafrique
comme un Centrafricain. Il tiendra compte de ses origines, des
intérêts de son pays et inversement. Nous distinguons alors deux
déficits dans la qualité du traitement des
événements en RCA.
Premièrement, le déficit qualitatif se situe au
niveau des sources. Comme nous avions stipulé, les sources de la
majorité des journalistes tant de L'Express que du Nouvel
Obs sont des sources diplomatiques, officielles ou Internet. Dans tous les
articles parcourus et résumés, pas une seule fois, les
journalistes ont donné la parole à la partie civile de
manière significative. Le centrafricain n'a pas la parole, personne ne
demande son avis sur les faits qui se sont déroulés. Il ne peut
ressortir aucune objectivité lorsque les choses sont faites de
manière unilatérale.
Deuxièmement, le déficit qualitatif se situe au
niveau du contenu. Il y a un grand marasme dans le contenu des articles
publiés. Dans le total des 71 papiers du Nouvel Obs et les 20 de
L'Express, leur contenu est très
stéréotypé. De l'absence de l'analyse à celle d'un
article sans grande précision de chiffres, de pourcentages, les papiers
sont pratiquement vides et inintéressants. Il faut noter que 95% des
articles publiés font nécessairement allusion à la France,
à un grand homme politique français ou aux ressortissants
français. La France et les Français sont le centre où
gravite l'actualité de la RCA. En d'autres termes, si on publie des
papiers sur la RCA, c'est parce qu'il y a un français ou la France qui
est impliquée. On arrive à la conclusion que les informations ne
sont pas publiées pour la Centrafrique, mais pour la France. L'exemple
significatif est le nombre élevé des articles publiés en
1979 pendant le règne de Bokassa. Ceci parce que son homologue
français de l'époque était à la une des
médias. Le contenu est déficitaire, car l'actualité est
traitée par asymétrie.
En ce qui concerne le déficit quantitatif,
référons-nous à l'analyse quantitative que nous avions
faite dans la première partie. Il en ressort qu'entre 1979 et 2003, nous
dénombrons 24 années, et donc 1536 semaines en moyenne. Ce qui
implique qu'il y a eu 1 536 parutions du Nouvel Obs et de
L'Express. Le nombre est peu significatif pour traiter des
informations sur la RCA. Ainsi, on ne compte que peu d'articles sur ce pays. Le
pire est que ce petit nombre d'articles sont plus concentrés sur la
France que sur le pays lui-même. Il semble alors que les
événements en RCA ne sont qu'un iceberg pour traiter des
problèmes en profondeur de la France, de la diplomatie française
et de la coopération française avec ses anciennes colonies. En
peu d'articles, on écrit encore peu de choses sur la RCA. Les
conséquences directes de cette attitude atypique à la presse
européenne et notamment française est que la population a une
culture internationale étriquée et
stéréotypée. Les gens ne s'attardent que sur les
préjugés et les idées reçus. La RCA serait bien
connue en France aujourd'hui si les médias et les deux hebdomadaires
avaient accompli leur mission de journaliste.
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