Analyse des articles parus dans 2 médias français a propos de la centrafrique entre 1979 et 2003( Télécharger le fichier original )par Didier Martial PABANDJI - NDACKA Université Panthéon Assas Paris II - Diplôme de l'Institut Français de Presse de l'Université Panthéon Assas Paris II 2008 |
II. LES EVENEMENTS EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE1. Présentation généraleLa République Centrafricaine est un pays situé au coeur de l'Afrique, d'où son nom. Limitrophe du Tchad au nord, du Soudan à l'est, de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) et du Congo Brazzaville au sud, du Cameroun à l'ouest, ce pays compte 4,4 millions d'habitants8(*) avec une superficie de 623 000 km2. Bangui est la capitale de la RCA avec 622 771 habitants. Les autres grandes villes sont Berbérati, Bambari, Bouar, Bossangoa, Bangassou, Ndélé. Les deux langues officielles sont le français et le Sango (aussi langue nationale). Le franc cfa est la monnaie locale et régionale (1€= 655, 957 FCFA). Des données démographiques, ce pays a une croissance de 1,7% (Banque Mondiale 2007) et une espérance de vie de 44 ans avec un taux d'alphabétisation de 48,6%9(*). Les principales religions pratiquées ou existantes sont le christianisme (un fort taux de catholicisme), l'animisme et l'islam. Côtés économiques, ce pays d'Afrique centrale présente un PIB de 1,7Md$ (BM 2007), avec une dette extérieure de 800 millions d'euros10(*). L'or, le diamant et le bois constituent ses principales ressources. Le pays est à 80% rural. Une production de plus en plus faible du coton, café et du tabac lui permet de faire face à ses dépenses. Carte Centrafrique11(*) La Centrafrique, malgré ses énormes richesses potentielles, est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Transparency International le classe au 151ème rang sur les 180. Une grande partie de la population vit avec moins d'un dollar par jour, soit 66% selon l'enquête publiée en 2004 par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Toujours selon cette même source, l'indice de développement humain est de 171ème sur 177 pays. Avec sa population très jeune de 43,1% de moins de 15 ans, la Centrafrique se confronte de nos jours à la pandémie du SIDA. Avant la naissance de diverses rebellions actuelles dans le nord, les deux tiers de la population centrafricaine vivaient déjà dans une « pauvreté absolue », selon le PNUD, qui estime que, « contrairement à de nombreux pays au sud du Sahara, la pauvreté humaine s'est accentuée aux cours des dix dernières années ». « L'ampleur de l'analphabétisme, la malnutrition, la dégradation de l'état général de santé de la population, et le faible revenu sont les principaux aspects de cette pauvreté »12(*). 2. Les événements en RCAEn politique, la RCA est représentative d'un Etat instable avec des régimes politiques qui se succèdent les uns après les autres. Son ancien nom colonial était l'Oubangui Chari. Il acquiert son indépendance le 13 août 1960 après la proclamation de la République le 1er décembre 1958. Mais le premier chef d'Etat, Barthélémy Boganda a été tué le 29 mars 1958 dans un accident d'avion, dont les causes n'ont jamais été éclairées. C'est son cousin, David Dacko, instituteur qui lui succède. Très vite, il sera renversé par l'ancien lieutenant de l'armée française, Jean Bedel Bokassa le 31 décembre 1965. Bokassa tisse des liens étroits avec Valérie Giscard d'Estaing et se fait élire président à vie, puis couronner en 1977. Signalons qu'il fut l'objet de beaucoup d'articles dans les journaux français. Sa prise de pouvoir avait irrité Charles de Gaulle. « Si nous avons vu qu'à l'heure du putsch de la Saint-Sylvestre Bokassa n'était pas démuni d'appuis dans les milieux français (secteur privé et Jacques Foccart, conseiller aux Affaires africaines), il n'empêche que le général de Gaulle fut très irrité à l'annonce de la prise du pouvoir par le « soudard ». Et il le fit sentir ! »13(*). Malgré ce mécontentement, De Gaulle le reçoit officiellement à Paris en mars 1969. Il sera une antenne privilégiée de la France-Afrique. Bokassa fut plutôt populaire pendant les dix premières années de son règne. Il participa à la création de l'Union des Etats de l'Afrique centrale (l'actuelle CEMAC) le 02 avril 1968. Il prônait la valeur du travail, le retour à la terre, dénonçait la corruption et la bourgeoisie. Pour Didier Bigo, « Si l'on ne peut expliquer le maintien au pouvoir de Bokassa par l'appui de l'armée ou du parti, ou de toute autre institution coercitive, il reste encore une possibilité : que Bokassa soit le représentant d'un groupe social dit comprador. Son soutien lui viendrait alors de l'extérieur, et en particulier de l'ex-puissance coloniale »14(*).Mais comme le pouvoir corrompt, à cause de ses turpitudes, il sera renversé par la France en 1979. Dacko sera alors réinstallé au pouvoir, puis très rapidement renversé en 1981 par le général André Kolingba. Ce dernier dirigera le pays jusqu'en 1993 avec de nombreuses grèves qui ont marqué la fin de son règne. En 1993, il perd les élections au profit d'Ange Félix Patassé qui le remporte au second tour. Le nouveau président n'aura que trois ans pour gouverner en paix. En 1996 commence une série de mutineries dans la capitale, trois mutineries successives d'une partie de l'armée. Il arrive à maintenir la situation grâce à l'appui militaire et logistique de la France. Il organise les élections en 1999 qu'il remporte dès le 1er tour. En mai 2001, le général André Kolingba, ancien président, tente et échoue un coup d'Etat. Patassé organise des ratissages dans les quartiers favorables à l'ancien président, le contraignant à partir en exil en Ouganda ainsi que d'autres anciens mutins. Un procès s'est mis en place pour juger et condamner les responsables de ce putsch manqué. Deux personnalités du régime sont dans le collimateur de l'entourage de Patassé : Jean Jaques Démafouth, ancien ministre de la défense et François Bozizé, ancien chef d'Etat major. Le premier sera blanchi par la justice, et le second fera l'objet d'une tentative d'arrestation qui échoua à cause de la résistance de quelques éléments qui sont fidèles à Bozizé. Il prit la fuite et organise sa rébellion dans le nord de la RCA. Une tentative de conquête du pouvoir en septembre 2002 va échouer. Les forces gouvernementales de Patassé réussiront, avec l'appui des soldats libyens et milices de Jean Pierre Bemba, chef rebelle en RDC, à repousser les forces rebelles de Bozizé. Tout change le 15 mars 2003, quand Patassé se trouve en voyage officiel au Niger. Bozizé et sa rébellion entrèrent dans Bangui, prirent l'aéroport de Bangui et la résidence de Patassé. Coup réussi, François Bozizé devient l'homme fort de Bangui, destitue l'assemblée nationale et met en place un gouvernement représentatif des forces vives de la nation. L'opposant historique Abel Goumba est nommé Premier ministre et chef du gouvernement. La communauté internationale, la France et autres puissances condamnent cette prise de pouvoir par la force. Cette condamnation de l'arrivée au pouvoir par les armes avait entraîné la rupture des relations bilatérales de la RCA avec nombre de ses partenaires et la suspension de ce pays au sein de l'Union Africaine (UA). Toutefois, les pays membres de la Communauté Economique et Monétaire en Afrique Centrale (CEMAC) sont restés mobilisés en faveur de la RCA : appui officiel au processus de transition, maintien sur place de la FOMUC (Forces multinationales de la Cemac), octroi d'une aide exceptionnelle et avance de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale. Avec la pression internationale, Bozizé va organiser des élections législatives et présidentielles les 13 mars et 8 mai 2005. Il a été élu à la présidence de la République au second tour avec 64,6% des voix, face à Martin Ziguélé, candidat du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), parti de l'ancien président Ange Félix Patassé. Il dirige le pays depuis cette date. * 8 EIU, 2008 * 9 PNUD, 2004 * 10 Ministère des Finances 2006 * 11 Carte de la République centrafricaine, in http://www.populationdata.net/images/cartes/afrique/afrique-sud-saharienne/centrafrique/centrafrique.jpg * 12 PNUD, 2004 * 13 Didier Bigo, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Edition Karthala, 1989, p. 96 * 14 Idem, p. 85 |
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