4.4 Apports de cette proposition
à la politique nationale de développement
4.4.1 Un outil
d'aide à la décision pour une bonne politique nationale
Nous partons du principe que la politique nationale doit
répondre aux besoins internes du pays, c'est-à-dire faciliter les
conditions de vie des citoyens en leur pourvoyant biens et services dont ils
ont besoin. Normalement, elle doit se fonder sur les réalités
concrètes du terrain ; si non, elle est vouée à
l'échec. L'expérience montre que les politiques fondées
sur une démarche ascendante sont plus efficaces que celles
conçues aux sommets dans les ministères et dispatcher sur le
territoire. Lorsque nous considérons le contexte socio-économique
d'Haïti où les besoins sont multiples et variés des grandes
villes aux zones rurales les plus reculées. Le cahier de charges local,
de part sa conception et sa pertinence en tant que désirs manifestes de
la communauté qui le porte, constitue à juste titre un
soubassement crédible et un référentiel digne pour la
construction d'une politique nationale et l'élaboration de programme
communal jusqu'au niveau ministériel en passant par les directions
départementales.
Le cahier de charges représente aussi un guide de choix
pour les ONG qui interviennent sur le terrain ou qui le souhaitent. Il peut
bien favoriser la complémentarité de leurs interventions, la
rationalisation des investissements et enfin l'atteinte de bons
résultats dans leurs projets. Tout ceci est au profit d'un
développement local, participatif et réel ; car, la
participation et la responsabilisation des acteurs locaux, notamment des
bénéficiaires, sont déterminantes dans la construction de
leur propre développement.
4.4.2 Ses
limites
Le territoire étant sous l'influence de facteurs divers
d'ordre démographique (variation de la population, migration),
socio-économique, culturel, politique et même climatique est par
conséquent un espace dynamique, donc susceptible de changement dans le
temps. Alors, la durée de validité d'un cahier de charges n'est
pas illimitée. Dépendamment de la vitesse des transformations ou
des mutations, la durée de vie du cahier de charges varie d'un
territoire à un autre. C'est-à-dire, elle sera plus longue pour
les territoires ayant un rythme de changement relativement plus lent que ceux
qui connaissent des changements plus rapides. Dans ce sens, il est difficile de
préciser exactement la durée de validité du cahier de
charges ; pourtant, dans le contexte haïtien, elle peut être
approximativement d'un quinquennat au maximum. Par ailleurs, comme tout
instrument de développement, le cahier de charges proposé ici
n'est pas une panacée, il reste un élément de notre
proposition qui se veut répondre au maximum à un besoin sur le
terrain à savoir rendre les initiatives de développement
communautaires plus rentables, plus durables. Dans ce sens, il dépend
comme tous les autres méthodes et outils de la compétence de
l'équipe qui utilise cette approche et sa capacité de bien
s'imprégner de son objectif et du processus d'analyse des besoins tel
que présenté dans sa globalité.
CONCLUSION
Le choix des priorités en matière de
développement est loin d'être une démarche simple vu les
interrogations qu'ils soulèvent toujours du fait de l'écart
souvent trop important constaté lors des évaluations entre les
objectifs et les résultats réellement obtenus. Cette constatation
restera une réalité à laquelle tout acteur de projet de
développement se verra devoir faire face dans la mesure où il est
très peu probable que les projets de ce type soient des garantis ou
réussissent à cent pour cent. Comme nous avons pu le
démontrer, aucune méthode ni aucun outil ne sont totalement
adaptés pour étudier et mettre en oeuvre un projet et assurer que
celui-ci sera un succès total. Donc, on se retrouvera toujours à
ajuster, selon les besoins identifiés, activités et moyens de
manière à ce que les écarts soient minima entre buts et
réalisations.
En réalisant ce travail, nous avons voulu contribuer
à résoudre ce problème flagrant en Haïti auquel se
butent les agents de développement. Nous nous sommes fixés
l'objectif de proposer une approche méthodologique assortie d'une boite
à outils pour une analyse plus efficiente des besoins des
communautés locales en vue de définir efficacement les
priorités de développement.
Notre méthodologie s'est déroulée autour
de trois grands axes. D'une part, une recherche bibliographique qui nous a
permis d'explorer différentes méthodes, catégories
d'outils, des réflexions de spécialistes qui ont commenté
leur flexibilité à s'adapter sur des terrains divers. Tout ceci
dans le but de mieux comprendre les difficultés des utilisateurs
haïtiens et d'ailleurs dans la manipulation de ces méthodes et
outils lors des études d'identification des projets de
développement acceptés et voulus par les communautés
bénéficiaires. D'autre part, une enquête de terrain qui a
particulièrement touché des praticiens ayant tous une
expérience non négligeable dans le développement
communautaire et particulièrement dans l'utilisation d'une ou de
plusieurs de ces méthodes. Ils ont tous estimé que ces
méthodes ont leur faiblesse et leur ont attribué une part des
échecs des projets. Enfin, l'apport intéressant de notre stage
à la FAO qui nous a permis entre autre de réaliser deux
entretiens sur les thématiques besoins locaux et participation dans le
choix des projets communautaires.
L'étude a révélé, en plus d'une
insuffisance dans l'usage des outils du fait d'une non-maitrise de la plupart
des utilisateurs, que nombreux sont les projets qui n'ont suivi aucune
méthode rationnelle ; dans ce cas, le risque d'échec est toujours
imminent. Donc, il existe un réel besoin d'instruments d'analyse des
besoins adaptés avec la réalité haïtienne. Ainsi nous
sommes arrivés avec la proposition d'une approche méthodologique
pour analyser régulièrement les demandes des communautés
en difficulté. Par cette proposition, nous entendons apporter une
réponse à la question : Une meilleure lecture de la situation de
ces communautés et le choix participatif des alternatives ne
pourront-ils pas contribuer à améliorer la durabilité et
les impacts des projets de développement communautaires ? Cette
proposition se veut apporter une amélioration de la qualité des
projets, pour le moins dans leur choix. Elle se base sur la participation
démocratique, sans aucune forme de contrainte et une implication
soutenue des acteurs évoluant sur le territoire ciblé. Aussi elle
mise sur la sensibilisation pour une bonne conscientisation sur le rôle
de la participation dans un développement intégré. Elle
développe une approche proposant des techniques et prônant l'usage
d'outils déjà connus moyennant leur adaptation pour la collecte
des données, l'analyse de la situation et le choix des interventions.
Elle entend s'attaquer au problème à partir de la base et y
apporter une solution à cette étape fondamentale et cruciale du
cycle de gestion de projet qui est l'étape de l'identification des
projets de développement communautaires. Les résultats de ce
processus d'analyse des besoins sont rassemblés et organisés dans
« le cahier de charges locales », l'extrant final qui
constitue une entente collective sur le territoire et un nouvel outil de
promotion du développement local.
Cette proposition n'est pas exempte de la remarque que bien de
spécialistes ont déjà faite concernant les méthodes
existantes et que nous avons tentée de démontrer dans cette
étude à savoir qu'aucune méthode ne peut être
considérée comme une panacée surtout en matière de
développement. Elle reste, comme toutes les autres démarches,
tributaire d'une bonne connaissance des outils de base, un préalable
à sa bonne utilisation pratique. Par ailleurs, le fonctionnement de
cette proposition reste à prouver sur le terrain avec le souhait qu'il
atteigne son but qui est de composer les forces vives locales pour promouvoir
le développement en Haïti.
Enfin, pour avoir vécu les contraintes liées
à la gestion des projets de développement communautaires et
partagé l'importance confirmée de ces derniers dans la lutte
contre pauvreté, nous avons pensé saisir cette possibilité
de réaliser un mémoire de master professionnel pour apporter
notre pierre à l'amélioration des résultats estimés
plutôt faibles de l'ensemble de ces types de projet entrepris dans le
pays depuis tantôt un peu moins de trois décennies.
Cependant, le problème est-il résolu ?
Evidemment, ni oui ni non ne sont des réponses valables. Car, nous
n'avons abordé qu'une étape du cycle de projet, donc une
dimension du problème. Aussi, sera-t-il utile que d'autres recherches et
d'autres réflexions abordent ce même problème lié
à la qualité des projets. Ainsi, nous suggérions que
d'autres études soient menées sur la gestion des projets en
Haïti toujours dans cet objectif d'améliorer les pratiques et les
outils de gestion en ce qui concerne leur adaptabilité, leur
efficacité, en d'autres termes, leurs forces et faiblesses.
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ANNEXES
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