2.5.6 Analyses comparatives et critiques
des méthodes présentées
Plus d'un estime que beaucoup d'efforts ont été
faits de 1980 à aujourd'hui pour apporter un plus grand rendement
aux projets et du coup pour promouvoir le développement des PVD. Les
leçons tirées des actions des années 70 ont permis de
découvrir que les communautés ont aussi un rôle à
jouer dans le processus. Ainsi, des méthodes et de nombreux outils de
développement fondés sur la participation des parties prenantes
ont été élaborés. Ceux que nous avons
présentés dans les pages précédentes, nous
permettent de dire qu'au niveau de la conception, ils renferment tous des
moyens pouvant permettre effectivement d'atteindre des résultats. Les
manières prévues pour identifier et exécuter des projets
prennent en compte tous les aspects socio-économiques, culturels, de
genre dans le but de mieux les adapter et surtout d'assurer l'efficacité
et la durabilité de ces projets. Cependant, aucune de ces
méthodes ne représente une garantie de réussite (UE,
2002). Et d'ailleurs, beaucoup de chercheurs, et d'institutions qui ont
eux-mêmes contribué à l'élaboration de ces
méthodes émettent des réserves sur leur efficacité.
Les outils proposés affichent tous leurs limites. S'ils servent bien aux
responsables de gestion de projets pour l'exécution, le suivi et
l'évaluation, les acteurs de terrain en particulier les utilisateurs ont
de la difficulté à s'en servir véritablement. Par exemple,
un animateur ne peut mener à bien la MARP ou quelque soit la
méthode que moyennant une bonne préparation préalable. Il
se pose un enjeu important ; la méthode, au lieu d'être un
instrument qui doit servir dans un processus de développement peut se
transformer en un simple exercice par des agents de terrain, comme par exemple
remplir le cadre logique. A propos de la MARP, l'organisme AQUADEV cité
par Yoda (2004) estime qu'elle peut être « quelquefois
extrêmement exigeante aussi bien sur le plan intellectuel que
physique » (p.117). Les résultats de notre enquête ont
confirmé la plupart des critiques formulées à l'endroit de
ces méthodes dont leur complexité et leur faiblesse dans le
processus d'analyse des problèmes et du choix des priorités de
développement.
A partir de la description des différentes
méthodes et de l'analyse précédente, nous pouvons affirmer
qu'elles ont des éléments de force qui les caractérisent
et justifient l'importance de leur utilisation dans l'identification des
projets ; néanmoins, elles présentent aussi des
inconvénients et des faiblesses qui limitent leur emploi
rationnel :
- Points forts
o Se reposant sur la participation et l'intégration de
tous les acteurs, toutes ces méthodes permettent de dégager une
compréhension commune de la situation-problème et une même
vision des choix à faire ;
o Elles permettent une transcription logique des interventions
en explicitant les relations de cause à effet et établissent
l'adéquation entre objectifs et ressources ;
o Sur le plan technique, elles donnent les moyens de
contrôler les interventions (suivi et évaluation) en
établissant aux préalables les critères et les indicateurs
qui sont eux aussi des résultats d'un compromis entre les acteurs.
- Points faibles
o Complexité de manipulation : l'utilisation des
outils demande beaucoup d'efforts intellectuels pour la plupart d'entr'eux, ce
qui les rend difficilement manipulables par des techniciens de niveau faible et
difficilement compréhensibles par les participants comme les
autorités locales, les membres de la population qui n'ont pas
nécessairement la capacité requise ;
o Insuffisance des outils : ils fournissent des
informations essentiellement qualitatives et par conséquent limite la
possibilité de faire une analyse beaucoup plus approfondie de la
situation à l'étude ;
o Exigence temporelle : l'approche participative, en
elle-même, demande beaucoup de temps pour être menée
à bien et pour favoriser, comme elle le veut, la participation et
l'implication de toutes les parties impliquées. Tous les participants
sont à priori ont leurs propres activités ; le temps est
donc précieux et a un coût.
En définitive, nous pourrions dire qu'aucune
méthode n'est parfaitement adaptée à un territoire, elle
dépend aussi des compétences de ceux qui la manipulent. Aussi,
aura-t-il toujours des ajustements à faire dans les outils et les
méthodes à utiliser dans un processus analyse de besoins et de
gestion de projets pour que tous les acteurs parlent le même langage
c'est-à-dire qu'ils se comprennent. Cette analyse nous permet de mettre
en évidence certaines avantages de ces méthodes. Sur le plan
technique, elles facilitent le travail de gestion (conception,
exécution, suivi-évaluation, etc.) des experts et des techniciens
avisés ; c'est-à-dire, des professionnels qui sont bien
imbus de ces méthodes ou qui ont le support intellectuel
nécessaire pour les maîtriser.
L'implication des bénéficiaires fait
l'unanimité chez les experts, responsables gouvernementaux et divers
acteurs du terrain comme étant une condition de base et essentielle au
succès des projets de développement. Les méthodes et tous
les outils élaborés pour l'étude d'une
situation-problème, la traduction des attentes communautaires, la
projection de la situation désirée sont loin d'être
définitifs ou de constituer la solution aux échecs des
interventions. Donc, la quête de la qualité des projets de
développement se poursuit. Aussi, nous revenons avec la question
cruciale autour de laquelle notre travail se concentre, à savoir :
une meilleure lecture de la situation des communautés et le choix
participatif des alternatives ne pourront-ils pas contribuer à
améliorer la durabilité et les impacts des projets de
développement communautaires ? En répondant par
l'affirmatif, nous tâcherons de présenter au chapitre 4 suivant la
méthodologie ci-après les éléments de l'objectif
spécifique de ce travail qui est « Proposer une approche
méthodologique assortie d'une boite à outils pour une analyse
plus efficiente des besoins des communautés locales en vue de
définir efficacement les priorités de
développement. ». Nous tenterons de rassembler dans un ordre
logique, structuré les composantes de notre proposition
méthodologique et de présenter chaque outil nécessaire
à chaque étape du processus d'analyse des besoins locaux de
développement.
CHAPITRE III
CADRE METHODOLOGIQUE DU
TRAVAIL
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