Michel CROZIER : On ne gouverne pas la société par décret( Télécharger le fichier original )par HEUNGOUP Hans De Marie Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) - Licence en Sciences Sociales, option Sciences Juridiques et Politiques 2009 |
SECTION II Du Cadre africain de l'analyseL'administration d'une nation de façon unilatérale est une mauvaise gouvernance, c'est ce qui justifie la présence des programmes nationaux de bonne gouvernance dans la plupart des Etats africains. Cette partie consiste à présenter les conséquences d'une mauvaise gouvernance en Afrique. Précisément, il s'agit ici de dire que, si dans le contexte français, Michel Crozier a parlé du changement ou de la gouvernance de la société par décret, avec comme principale conséquence le blocage de la société ; dans le contexte africain, il faudrait plutôt parler de mauvaise gouvernance qui conduit à la fragilisation, la conflictualisation et la paupérisation des Etats. Tout ceci appelle l'urgence d'une meilleure gouvernance pour la prévention et la gestion des conflits. Paragraphe I Les manifestations de la mauvaise gouvernance ou gouvernance par décret en AfriqueSi l'on devait catégoriser les manifestations de la mauvaise gouvernance dans le contexte africain, on retiendrait la gouvernance sans prise en compte des besoins réels de la population, comme dans le contexte français ; la gouvernance autocratique et présidentialiste d'un nombre important d'Etats africains ; les fléaux tels que la corruption, l'ethnocentrisme ou le clientélisme qui pourrissent la gouvernance sociale, économique et politique. a- Les manifestations de la gouvernance désincarnée ou gouvernance décrétaleAu risque de nous répéter, il s'agit principalement ici du type de gestion étatique décrite par Crozier dans la plupart de ses travaux. C'est la gouvernance des dirigeants qui prennent des mesures politiques qui ne cadrent pas avec les réalités de la population. Il sied d'opérer une distinction entre la gouvernance au plan national et celle au plan international. Au plan national, il s'agit des programmes d'action qui ne promeuvent pas la justice politique, sociale et économique ; qui ne font pas participer la société civile aux affaires publiques, à travers un transfert des compétences et des ressources ; qui ne définissent pas les modes de gestion des conflits efficaces ; et qui ne prennent pas en compte les différents groupes et intérêts de la société. Au plan international, il convient de soulever la responsabilité de la communauté internationale en général et du système international en particulier dans l'élaboration des programmes de développement, de prévention et de gestion des conflits en Afrique. Sur le plan de la résolution des conflits, c'est le cas des multiples plans de sortie de crise, qui souvent ne tiennent pas compte des réalités sociales et font long feu malgré les milliards de dollar y engloutis. Nous pouvons citer le cas des accords de cessez-le-feu entre le Tchad et le Soudan qui n'ont jamais été respectés, ou le cas de la date des élections présidentielles mainte fois reportée en Côte d'ivoire, en dépit de l'appui des nations unies. Sur le plan économique, la seule allusion au programme d'ajustement structurel prouve que bien d'initiatives de développement de la Banque mondiale ne tiennent pas compte des réalités sociales et sociologiques. A ce sujet, d'aucuns se sont demandés s'il fallait plutôt « un ajustement structurel »8(*)avant l'ajustement structurel. * 8 Lire Etounga Manguele dans son Et si l'Afrique avait besoin d'un ajustement structurel |
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