Contribution des Ecoles Normales Primaires au processus de l'Education Pour Tous( Télécharger le fichier original )par Jean-Baptiste NDAGIJIMANA Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest - Maîtrise 2005 |
4.3. LA FORMATION DES ADULTES.L'alphabétisation fait partie intégrante de l'éducation de base. La déclaration mondiale sur l'Education Pour Tous dans son premier article affirme que « toute personne, enfant, jeune et adulte, devra bénéficier des chances de la scolarisation destinée à répondre aux besoins de l'éducation de base. Les besoins comportent à la fois des instruments essentiels à l'apprentissage (tel que l'alphabétisation, l'expression orale, le calcul et la résolution de problèmes) et le contenu de base de l'éducation (telles que les connaissances, les compétences et les attitudes)... »123(*). La déclaration souhaite que l'alphabétisation se fasse dans les langues maternelles pour renforcer l'identité et le patrimoine culturels des sociétés particulières. 4.3.1. LES STRUCTURES D'ALPHABÉTISATION.Les structures d'alphabétisation connaissent parfois des difficultés de maintien et d'assimilation dues aux alphabétiseurs qui n'ont aucune méthode d'enseignement. Pourtant, l'efficacité de l'alphabétisation nécessite une méthodologie. Comme tout système d'apprentissage, « la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage des cours d'alphabétisation est très importante. Trop souvent une mauvaise qualité et des conditions d'enseignement non satisfaisantes prédominent. Les adultes qui s'étaient empressés de s'inscrire sont rapidement déçus et abandonnent les cours »124(*) En considérant l'importance donnée à l'alphabétisation, actuellement, à travers le monde, il nous semble important de souligner la nécessité d'instaurer des programmes de formation à l'intérieur des centres de formation des enseignants chargés de l'éducation de base. Paulo Freire dans son ouvrage sur « l'éducation de la liberté » insistait pour que l'alphabétisation « ne soit pas administrée d'en haut comme un cadeau ou comme une règle imposée, mais progresse de l'intérieur vers l'extérieur par l'effort de l'analphabète lui-même avec la simple collaboration de l'éducateur »125(*). Ce qui veut dire que l'éducateur doit avoir des qualités telles que beaucoup d'habiletés, des compétences méthodologiques, le sens de l'humain pour soutenir l'adulte dans la longue et difficile démarche qu'il a entreprise. Contrairement à l'UNESCO qui définit une personne alphabétisée comme « celle qui peut à la fois lire et écrire une phrase courte et simple en décrivant sa vie quotidienne, et qui comprend ce qu'elle fait », pour que l'adulte soit fonctionnellement alphabétisé, certains pensent que l'éducateur doit lui offrir un niveau de lecture équivalant à trois ou quatre ans de l'école primaire126(*). Cela signifie que l'adulte est capable de comprendre au premier degré les écrits utilisés dans la vie courante (enseignes, formulaires administratifs simples, modes d'emploi, ...) et d'écrire des adresses, des lettres intelligibles à propos de choses familières. D'autres pensent que l'alphabétisé doit être capable de lire, en les comprenant bien et en sachant y appliquer un esprit critique, des textes tels qu'on les trouve dans les grands magazines d'information générale127(*). Dans cette perspective, nous pouvons dire que la personne n'est plus illettrée mais elle peut entrer dans la catégorie de littérisme linguistique. Cependant nous ne pouvons parler du littérisme linguistique qu'au moment où la personne est capable d'utiliser de façon consciente les symboles, linguistiques ou non, dans l'expression orale ou écrite en vue de la production des éléments du discours. Ce littérisme s'exerce sous trois formes : le langage, la lecture, l'écriture. Kunst GNAMUS dans son ouvrage « l'alphabétisation à la veille du 21ème siècle » distingue d'autres littérismes : littérisme discursif qui correspond à trois formes de dialogues (dialogue de persuasion, d'investigation et de négociation); littérisme critique et créatif, présenté comme un mouvement théorique ou pratique de la philosophie et de la pédagogie du littérisme, qui tente de dégager les textes d'influences non critiques et de leur redonner leur valeur cognitive; littérisme métalinguistique qui consiste en la connaissance des lois, règles principes et stratégies qui régissent le fonctionnement de la langue. Kunst parle aussi du littérisme informatique et du littérisme médiatique128(*). Cette conception de Kunst sur une personne dite alphabétisée reflète une culture de haut niveau. Partant de cette définition, une bonne partie de la population serait considérée comme analphabète fonctionnelle. * 123 Cf. Sheila M. Haggis (1997), Manuel pour la formation des enseignants dans le cadre de l'éducation pour tous, Vol. 2, Thème 8, p. 3 * 124 Ibid. p. 9 * 125 Freire (1971) L'éducation, pratique de la liberté, Paris, Seuil * 126 Cf. Viviane de LANDSHEERE (1992), L'éducation et la formation, p. 561 * 127 Ibid, p. 558 * 128 Op. cit. ibidem |
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