3-Aspects méthodologiques
La confirmation de nos hypothèses respectives se fera
à partir de régressions économétriques. Pour cela,
nous allons spécifier nos modèles, préciser les sources de
nos données et ensuite le choix de la méthode
économétrique appropriée pour nos estimations.
a-
Cadre de base
Pour parvenir à la vérification de nos
hypothèses nous partons de travaux empiriques. Le modèle de base
est celui-ci.
tcroist = á0 +
á1(pibh)t-1 +
á2vtet +
á3apdt +
á4ltinvpt
+á5ouvct +
á6deficit +
á7servdettt +
á8encdettt +
á9encdettt²
+ á10lpopt
+á11ltinvpt
+á12surendt
+á13Fcapt
+åt
Ce modèle analytique proposé par Odjo et
Oshikoya (1995) et repris par Alain Y. (2006) faire ressortir les differents
canaux par lesquels la dette extérieure influence la croissance
économique.
b- Spécification du modèle
Les nouvelles théories de la croissance ont
engendré une forte reprise des analyses empiriques, et notamment
économétrique sur le lien entre dette et croissance. Toutefois,
peu d'analyses portent spécifiquement sur la croissance des pays les
plus pauvres. La plupart des analyses mettent en général l'accent
sur une « particularité » africaine qui se
matérialise par le fait que la variable muette attachée aux pays
africains est significative. Ojo et Oshikoya (1995) trouvèrent que la
croissance africaine s'explique positivement par le taux d'investissement,
négativement par le taux de croissance de la population, positivement
par les exportations, positivement par le taux de change réel. Cette
spécificité a été analysée en détail
par Collier et Gunning (1997). Ils conclurent que quatre facteurs jouent un
rôle important dans la faible performance africaine en terme de
croissance : faible ouverture du marché des biens (du fait de
nombreuses distorsions), manque de capital social (fractionnement socio
ethnique, respect des contrats), risques élevés (notamment au
niveau de l'inflation) et faible performance des services publics. La faiblesse
du secteur financier joue également un rôle mais moins
important.
Pour cerner les effets de la dette, nous avons ajouté
au modèle de croissance standard quatre variables communément
utilisées : la valeur nominale et la valeur actuelle nette de l'encours
de la dette publique extérieure, et chacune de ces valeurs
exprimée en pourcentage du PIB et en pourcentage des exportations de
biens et de services. En principe, la valeur actuelle nette de la dette rend
compte du degré de concessionnalité des prêts dits de
longue période, d'amortissement et de taux d'intérêt
inférieurs à ceux du marché et donne donc une meilleure
idée de la charge escomptée des futurs paiements du service de la
dette que la valeur nominale de la dette.
Les causes déterminantes de la croissance
économique dans le long terme selon la littérature
économique sont données par la croissance de la population
économiquement active, la croissance de la technologie et la croissance
du capital physique (investissement). Dans ce travail, on pose la dette
extérieure comme une variable de contrôle qui affecte
indirectement la croissance à travers l'investissement. Le modèle
empirique que nous utilisons pour estimer les effets de la dette sur la
croissance est de la forme tcrois=f(Y,ç) ou Y sont les variables
explicatives et tcrois la variable dépendante et ç le terme
d'erreur .
Le choix des variables du modèle prend en compte les
réalités politiques, économiques et financières du
pays. Aussi convient-il de souligner que la transformation logarithmique de
certaines variables répond à un double souci. D'abord il s'agit
d'éviter les problèmes liés aux effets de grandeur,
ensuite de faciliter les interprétations avec des
élasticités entre les variables explicatives (Bourbonnais 1998).
Enfin dans le souci de simplifier le nombre de variables afin de les coller aux
réalités économiques et suite à
l'indisponibilité de ces variables, il sera procédé
à la modification du modèle. Ce faisant, la forme fonctionnelle
retenue est la suivante :
tcroist = á0 +
+ á1vtet +
á2lapdt + á3ltinvpt
+á4ouvct + á5tdb +
á6servdettt + á7encdettt
+ á8encdettt² +
åt (I)
Où les différentes variables représentent
ce qui suit :
· tcrois: le taux de croissance réelle par
habitant du PIB ;
· vte : les variations des termes de
l'échange ;
· tdb :taux du déficit du solde
budgétaire de l'administration centrale ;
· lapd : l'indicateur de l'aide publique au
développement de tous les bailleurs de fonds(en
logarithme) ;
· tinvp : taux d'investissement public;
· ouvc : un indicateur de l'ouverture commerciale
(les exportations et les importations en pourcentage du PIB) ;
· Servdett : le total du service de la dette
publique en pourcentage des exportations ;
· encdett : les variables indicatives de l'encours
de la dette en valeur nominale soit en pourcentage des exportations soit en
pourcentage du PIB ;
· encdett² : ces mêmes
variables de l'encours de la dette mais cette fois-ci élevée au
carré ;
· åt représente les perturbations
aléatoire et suit une loi normale de moyenne nulle et de variance
constante.
Nous avons introduit des variables de contrôles car il
n' y a pas que la dette qui influe sur la croissance. Il s'agit du taux
d'investissement qui reflète l'impact du facteur capital humain et
capital physique dans le processus de production ; son signe doit
être positif.
Les termes de l'échange sont mis pour capter les effets
de chocs extérieurs dans ces économies surtout que la plupart est
dépendante et exportatrice des matières premières ;
et ces économies sont pratiquement vulnérables à ces chocs
mais le signe attendu est positif. Le solde budgétaire est inclus pour
voir l'impact des politiques du gouvernement et du budget sur la croissance et
doit avoir un signe positif. L'indicateur de l'ouverture commerciale avec un
signe positif est introduit pour stimuler la productivité à
travers les transferts des connaissances et des bénéfices
efficients ; l'aide au développement publique est
modélisée pour voir son importance dans ces économies et
doit avoir un signe positif. Enfin, pour faire la distinction
entre l'effet d'éviction de la dette et la thèse du
surendettement (debt overhang), nous avons utilisé le service de la
dette rapporté aux exportations et les indicateurs de la dette au
premier et second degré. Le ratio service de la dette sur exportation
doit avoir un signe négatif pour illustrer cet effet d'éviction
tandis que pour l'existence de la thèse du surendettement, il faut que
le signe du coefficient de la dette soit positif et celui de la dette au
carré négatif. Ainsi, le pic de notre équation quadratique
va identifier le niveau du stock de la dette où l'impact marginal de la
dette sur la croissance devient négatif.
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