2- Initiative PPTE :
évolution et perspectives
L'initiative en faveur des pays pauvres très
endettés (IPPTE) lancée en 1996 par le FMI et la Banque mondiale
a ravivé le débat sur le rapport entre l'emprunt extérieur
et la croissance économique.
Au cours des trente dernières années, les pays
en développement ont bénéficié de prêts
considérables qui devraient permettre leur décollage rapide.
Cependant, face aux pics atteints par les ratios d'endettement, un constat
s'est imposé : pour nombre de ces économies, le remboursement de
cette dette est non seulement un frein aux performances économiques mais
également une tâche quasi impossible. C'est ainsi que naît
la crise d'endettement. Cette crise qui a commencé dans les
années 1980, a mis nombre de PED en cessation de paiement
et a nécessité une forte implication des
institutions multilatérales, notamment le Fonds Monétaire
International et la Banque Mondiale.
. Ainsi, dans les années 1970, les pays en
développement se sont endettés pour financer leurs
investissements. La dette permettait de réaliser des taux de croissance
élevés et de diminuer en même temps l'excédent de
liquidité internationale cumulée par les banques,
consécutif aux importants excédents dégagés par les
pays exportateurs de pétrole. Avec l'inauguration par les Etats Unis,
d'une politique monétaire anti-inflationniste, sous l'ère Volker,
les taux d'intérêt à court terme ont été
fortement relevés, ce qui du reste, a porté la charge des
intérêts à des niveaux inattendus par les pays emprunteurs.
Ce problème a été accentué par la forte
appréciation du dollar sur le marché des changes,
appréciation qui, augmenta substantiellement la valeur réelle de
la charge de la dette, libellée en grande partie en dollar. Par
ailleurs, les prix des matières premières se sont
effondrés, déprimant les termes d'échange de beaucoup de
pays pauvres qui se sont retrouvés contraints d'emprunter pour
rembourser. C'est le début d'une spirale infernale qui débouchera
sur la crise de l'endettement. Les pays africains n'ont pas
échappé à cette crise. En effet, l'appauvrissement de
l'Afrique a évolué en corrélation directe avec son
endettement. Le poids de la dette est devenu tel que la plupart de ces pays
consacrent une part considérable de leur budget au remboursement de la
dette. Mais cette réalité insoutenable n'empêche pourtant
pas la dette de gonfler inlassablement : la dette extérieure de
l'Afrique a presque quadruplé entre 1980 et 1999 passant de 60 à
231 milliards de dollars alors qu'elle a remboursé dans la même
période près de trois fois ce qu'elle devait au départ. La
conséquence dramatique est que l'Afrique subsaharienne, pendant les
années 1990, a payé quatre fois plus pour sa dette que pour ses
budgets de santé et d'éducation réunis. Face à
cette situation, le FMI et la Banque Mondiale ont lancé l'Initiative
HIPC (Heavily Indebteb Poor Countries) ou PPTE (Pays Pauvres Très
Endettés), dont le but visé est de créer les conditions
pour que les pays continuent de bénéficier de financements
extérieurs pour leur développement sans accumulation
d'arriérés. Ainsi, l'initiative PPTE a pour objectif de rendre
soutenable la dette des pays pauvres très endettés, dans une
dynamique de redéploiement des dépenses publiques en faveur des
secteurs sociaux, et de créer les conditions favorables à la
croissance économique. L'objectif fondamental est de reconstituer la
capacité productive des pays traités dans une logique de
développement durable. Au-delà de l'optimisme qu'inspire
l'économie béninoise qui a renoué avec la croissance,
à la faveur des réformes entreprises au cours des années
1990, le Bénin ne pourra arracher à la pauvreté une partie
importante de sa population sans accélérer sa croissance.
L'incapacité de l'économie béninoise à atteindre un
taux d'au moins 7 %, minimum nécessaire pour réduire la
pauvreté, a amené les autorités à poser la
problématique de l'accélération de la croissance. A cet
effet, plusieurs facteurs ont été identifiés comme ne
répondant pas aux exigences d'une croissance
accélérée : la faible productivité des facteurs, le
manque de crédibilité du système juridique, la faiblesse
de ressources allouées à l'économie nationale, etc. Afin
de remédier à cette insuffisance de ressources, le Bénin
s'est tourné vers l'endettement extérieur pour suppléer au
déficit des ressources internes.
L'Initiative PPTE mise en oeuvre par ces dernières a
défini des seuils pour les ratios d'endettement, destinés
à établir ou non la soutenabilité de la dette des pays
pauvres.
A l'issue d'une première évaluation, la dette du
Bénin a été déclarée soutenable par ces
institutions en juillet 1997, ce qui ne permettait pas au pays de
bénéficier de l'Initiative PPTE. En effet, les allègements
de dette obtenus par le Bénin à l'occasion des programmes
d'ajustement structurels, conjugués à l'amélioration de la
situation économique ont favorisé une réduction du service
de la dette, ce qui a permis d'obtenir des ratios contenus dans les limites
fixées. Cependant, il a été fait la remarque que les
calculs effectués ne sont pas exempts de critiques. Le Bénin est
un pays de transit vers les pays voisins surtout le Nigeria. Or, la
méthodologie d'enregistrement dans les statistiques de la balance des
paiements recommandée par le FMI est basée sur le principe de
changement de propriété. Comme le transit pur et simple
n'implique pas un changement de propriété au Bénin, il a
été déduit du montant des exportations, ce qui a fait
passer le ratio dette extérieure en termes de VAN et exportations de 158
% à 222 % entre 1996 et 1998 : la dette extérieure du
Bénin est ainsi déclarée insoutenable.
Cette analyse de la viabilité de la dette s'est
limitée au calcul des ratios d'endettement sur une période de
deux ou trois années et à en établir des projections
à court et moyen terme à partir de scénarii sur
l'évolution de la conjoncture, pour déterminer si la dette est
soutenable.
Grâce aux performances enregistrées dans la mise
en oeuvre de politiques macroéconomiques saines et de réformes
structurelles significatives, le Bénin a bénéficié
depuis 2003 de l'Initiative Pays Pauvres Très
Endettés et de l'Allègement de la Dette Multilatérale. Au
point de décision, lorsque le pays est officiellement admis à
l'IPPTE, est calculé le montant des allègements à
accorder. L'essentiel de ces allègements prendront effet lorsque le
pays aura achevé l'ensemble du processus, c'est-à-dire lorsqu'il
aura atteint le point d'achèvement. Mais une part minime
d'allègements lui est quand même concédée durant sa
phase intérimaire. Les mesures générales requises pour
l'atteinte du point d'achèvement sont : la mise en oeuvre satisfaisante
du DSRP complet d'au moins un an ; une utilisation des économies
réalisées à travers les remises sur les services de la
dette selon les termes convenus au point de décision ; une bonne
performance macro-économique selon les termes du Programme
Renforcé de Lutte contre la Pauvreté du FMI.
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