Section 3: L'accompagnement institutionnel
Le développement de l'activité touristique
dépend à la fois des actions mises en oeuvres par le secteur
public et du dynamisme du secteur privé. Les paragraphes qui suivent
sont destinés à analyser les activités des deux types
d'opérateurs, de façon générale, mais
également sous les différents aspects qui concourent au
développement du tourisme.
Paragraphe 1: L'administration nationale du tourisme:
Après avoir été longtemps placé
sous l'autorité du ministre du commerce, de l'artisanat et du tourisme,
le secteur du tourisme est depuis juin 2007 sous la tutelle du ministère
de l'artisanat et du tourisme. Les attributions de ce ministère et
l'organisation de son administration centrale ont été
précisées par le décret n°077-2007/PM. La
séparation du secteur du commerce des deux autres secteurs
d'activités montre que le développement du tourisme (comme celui
de l'artisanat) constitue une priorité gouvernementale. Cette
priorité est notamment affirmée dans la lettre de mission que le
1er ministre a adressé le 20-07-2007 au ministre de
l'artisanat et du tourisme, qui précise les orientations à suivre
pour développer le secteur du tourisme et fixe les objectifs à
atteindre. Parmi ceux-ci on peut citer:
- un taux de croissance annuel du nombre de touristes de l'ordre
de 18%;
- de nouvelles créations d'établissements
d'hébergement et de restauration de haut et moyen standing;
- une diversification des destinations touristiques, par
l'aménagement de nouveaux circuits.
L'A.N.T comprend 3 entités distinctes, la direction du
tourisme et la direction des études et de la coopération qui sont
des directions centrales du ministère et l'office nationale du tourisme,
sur lequel le ministre exerce les pouvoirs de tutelle techniques.
A : La direction du tourisme (D.T)
Supervisée par le ministre et son cabinet, la D.T. a la
responsabilité de l'exécution de la politique du gouvernement en
matière de développement touristique et est notamment
chargée de:
- élaborer et mettre en oeuvre la politique du
gouvernement dans le domaine du tourisme; - évaluer les
potentialités touristiques en vue de leur mise en valeur;
- initier et mettre en oeuvre la réglementation se
rapportant au secteur du tourisme en concertation avec les structures
concernées.
Au total, le personnel de la D.T. comprend 12 agents, dont 5
cadres. Parmi ces cadres, 2 seulement ont reçu une formation
spécialisée au Maroc. La répartition des taches entre eux
demeure très floue et aucun objectif n'est fixé à leur
activité. Les moyens financiers de la D.T. sont très
limités puisque son budget annuel n'est que de l'ordre de 12 millions
d'ouguiya, auxquels se sont ajouté en 2008, de l'ordre de 8 millions
principalement destinés à des enquêtes portant sur la
situation du secteur du tourisme.
Dans les conditions actuelles, la D.T., dépourvue du
minimum de moyens humains et financiers n'est absolument pas en mesure de
mettre en oeuvre, ni même d'impulser ou de coordonner les actions
correspondants aux fonctions habituelles dévolues à une A.N.T.,
définition d'une stratégie produit marché et des actions
prioritaires correspondantes, élaboration des statistiques, application
de la réglementation des professions hôtelières et
touristiques et contrôle des établissements, aménagement et
valorisation des sites touristiques, formation initiale ou continue aux
métiers du tourisme et de l'hôtellerie en fonction des besoins
actuels et futurs, etc.
Actuellement, la principale activité de la D.T.
consiste:
- d'une part, à accorder de façon informelle les
agréments aux entreprises en faisant la demande, conformément
à l'article 12 de la loi n°96-023;
- d'autre part, à réaliser auprès des
établissements d'hébergement et des entreprises de tourisme, des
enquêtes théoriques bisannuelles mais vraisemblablement
incomplètes et, de toute façon, inutilisables parce que non
dépouillées systématiquement.
B: La direction des études et de la
coopération:
Prévue par le décret portant création du
ministère de l'artisanat et du tourisme, cette direction
centrale du ministère intervient au même titre dans
le domaine de l'artisanat et dans celui du tourisme. Elle est notamment
chargée de:
- étudier et proposer une stratégie de
développement des secteurs de l'artisanat et du tourisme;
- instruire les dossiers de projets d'investissement pour les
secteurs de l'artisanat et du tourisme, en concertation avec les directions
concernées;
- concevoir et mettre en oeuvre des réponses aux besoins
en qualification des secteurs de l'artisanat et du tourisme;
- collecter, éditer et diffuser les statistiques dans le
secteur de l'artisanat et du tourisme, en concertation avec les administrations
concernées.
Cette direction comprend deux services:
- le service des études et de l'évaluation qui a
pour attribution de réaliser ou faire réaliser les études
se rapportant aux secteurs de l'artisanat et du tourisme et de mettre en place
un système d'évaluation pour le suivi des politiques;
- le service de la coopération qui a pour attribution
de suivre l'élaboration et l'exécution des accords et conventions
dans les domaines de l'artisanat et du tourisme, ainsi que la
coopération avec les Etats et organisations internationales ou
régionales concernées.
C: L'office national du tourisme (O.N.T)
Crée en juillet 2002, l'O.N.T. a le statut d'un
établissement public à caractère administratif et est
dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie
financière. Il a pour mission générale «d'appuyer et
de renforcer la capacité institutionnelle de l'Etat et des promoteurs
privés, dans le domaine du tourisme, notamment par la mise en place de
structure adaptées, capables d'orienter le développement de ce
secteur dans le pays». Il assure également «la fonction de
promotion, de commercialisation des produits touristiques
mauritaniens».
Mais parmi les missions qui sont précisées dans le
décret de l'O.N.T., certains dépassent largement ses fonctions,
comme notamment:
- le lancement des destinations touristiques nouvelles;
- l'élaboration de plans d'aménagement des zones
d'intérêt touristiques;
- la protection et la valorisation des sites touristiques, en
collaboration avec les structures publiques et privées impliquées
dans cette mission.
Le budget de l'O.N.T. est de l'ordre de 200 millions
d'ouguiya et est alimenté par une subvention de l'Etat et, pour environ
10% par le produit de la taxe touristique, qui n'est que très
partiellement prélevée et réservée par les
hôteliers.
Prés de 80% du budget sont utilisés pour les
dépenses de fonctionnement, qui sont relativement lourdes, notamment
à cause de ses 64 salariés. L'O.N.T. dispose de 3
délégations régionales, à Atar, Nouadhibou et Nema
et d'un bureau d'information dans l'aéroport de Nouakchott.
D: Considération d'ensemble sur la structure et
le fonctionnement de l'A.N.T.
Depuis la création de l'O.N.T., et depuis la
restriction du ministère chargé du tourisme en 2007, l'A.N.T. est
éclatée en 3 entités. Cet éclatement va
certainement entraîner de grandes difficultés de coordination,
d'autant plus qu'il existe une grande ambiguïté sur les
attributions précises de chacune des entités
concernées.
Il y'a même des contradiction entre les textes de
législations et réglementaires relatifs aux 3 entités
concernées. C'est notamment le cas pour les statistiques touristiques,
les études et les formations qui sont censées relever à la
fois de la D.T. et de la direction des études et de la
coopération. C'est également le cas pour la valorisation des
sites touristiques qui relèvent à la fois de la D.T. et de
l'O.N.T.
La situation de l'A.N.T. se caractérise, de façon
générale, par l'insuffisance des moyens
financiers et humains disponibles, ce qui réduit
très fortement la possibilité d'entreprendre les actions
nécessaires et très urgentes qui permettent d'assurer les taches
essentielles incombant à une A.N.T.
Enfin, le fonctionnement actuel de l'A.N.T. mauritanien se
caractérise par une concertation avec les représentants
qualifiés des opérateurs privés très insuffisante.
C'est notamment le cas pour le fonctionnement de l'O.N.T qui devrait pourtant
être une entité mixte, ce qui suppose une modification de son
statut. C'est également le cas pour le fonctionnement des commissions
consultatives d'agréments des établissements hôteliers et
touristiques.
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