II- La population, une unité stable.
T
alata est habitée depuis l'époque des Rois par
les Mandiavato, un clan intégré dans la « grande famille
» de la population de l'Avaradrano. Ces
données n'ont pas changé jusqu'à
maintenant. La majorité des habitants de la commune y est originaire.
Selon les études menées auprès de la population, moins de
3% des gens viennent d'autres régions. Ces « immigrants » sont
pour la plupart constitués par le corps des administrateurs, des
enseignants et des religieux.
La population de Talata Volonondry était estimée
à 17403 en 2000. cela donne une densité de
316.4hab/km2. Une densité très élevée
par rapport à la moyenne nationale qui est de 26.6hab/km2 en
2001 ( L'état du monde 2001, 2000 ). Cela est dû à
l'histoire. C'est l'un des foyers de peuplement de Madagascar dans le
passé.
Figure 4 : Répartition de la population dans la
Commune. Source : Fond de carte F.T.M. f Base de données de la
Commune.
A- Une densité variant selon la topographie.
De part sa morphologie, la Commune de Talata présente
de grands ensembles de foyers de peuplement dictés par les
activités agricoles et par la proximité de la Route Nationale.
Selon les enquêtes effectuées sur le terrain, la
taille moyenne de la famille se situe autour de 4.98 alors que la moyenne pour
l'Avaradrano est de 5.1.
1- Les zones peuplées.
Les zones peuplées se situent le long des pourtours des
grands bas-fonds où il est facile d'implanter sa bêche ( angady en
malgache ) dans le sol. Ainsi le Sud de la Commune regroupe un grand nombre de
population installé autour des bras de la rivière
Ampasika. Cette population est estimée à 31% de l'effectif
total. Quand on analyse la région, on trouve que c'est la partie la
moins élevée de la Commune. La dénivellation est moins de
150m avec des pentes douces. Même si la majeure partie du Sud se
présente comme une sorte de cuvette s'ordonnant autour de la
rivière Ampasika ; il n'y a pas vraiment de plaine car cette
cuvette est surtout constituée de glacis de raccordement. Le
Sud abrite 11 fokontany ( Figure 4 ).
A l'ouest, près de la source de la rivière
Mambakely ( Figure 3 ), on a une autre zone de confluence qui
s'organise autour d'Ankadivoribe. 17% de la population de la commune y vivent.
Cette partie de Talata Volonondry se présente comme une vallée
qui s'ouvre à l'ouest vers la plaine de Laniera sise dans la
région de la Commune de Sabotsy-Namehana. Elle regroupe 5 Fokontany.
Près de 60% des fokontany de la commune sont
localisés auprès d'un bras de rivière. Ces
localités représentent 54% de l'effectif total de la population
de la commune.
collines. 5 localités sont dans cette situation, y
comprise Talata Volonondry, le Chef-lieu de la Commune. 25% de la population y
ont élu domiciles.
Ainsi, les hommes ont choisi de s'établir dans des
lieux où il leur est plus facile de travailler la terre. En tout, ils
sont 79% dans ce cas. En outre, les gens aussi s'installent le plus près
possible de la Route Nationale. Cette situation est le résultat de
l'économie marchande : plus on est près de cette route ( synonyme
des contacts avec la Capitale Antananarivo ) plus on a de la chance
d'écouler les produits de la terre.
2- Les zones vide d'hommes.
Par déduction, les zones vides d'homme se
déclinent comme étant les lieux incultes et les endroits loin des
circuits d'échanges. Ces zones sont pour la plupart situées au
Nord de la Commune. Loin d'être une zone enclavée, le Nord en a
pourtant toutes les caractéristiques car c'est une zone collinaire,
difficile à aménager ( Figure 4 ). Ainsi, il n'y a qu'un seul
fokontany dans la région : Amparafara. Et encore, cette localité
auparavant était rattachée au Fivondronana d'Ambohidratrimo. Mais
comme Talata lui est beaucoup plus proche en terme de distance, elle a
opté pour cette dernière. C'est une zone de « no man's land
», très éloignée des grands centres de communication
et d'échanges.
Photo 2 : Talata dans sa grande majorité est
formée de collines massives et convexes, difficiles
à aménager.
Source: Cliché de l'auteur.
B- Le clan, unité de base de la
répartition de la population.
L'Avaradrano est connue pour « ses grandes
familles». Ces clans y ont élu domiciles depuis des temps
immémoriaux. Leur répartition a été
organisée par les grands Rois d'autrefois.
1- L'espace organisé autour du «
Tanindrazana ».
Talata est le territoire des Mandiavato et cela, depuis
l'époque des royaumes. La division clanique est toujours visible dans
l'organisation de l'espace. Si au début, l'implantation de ces clans
était le résultat de l'expansion du royaume Merina qui voulait
fortifier ses frontières à cause des incursions incessantes des
Sakalava sur ses terres. Aujourd'hui, les gens y sont car c'est leur «
Tanindrazana » ( patrie ).
La notion de patrie est vivace pour tous les Malgaches. C'est
le point de départ de l'individu, son ancrage. Pour un malgache
l'identité est tributaire de l'ascendance ; des exploits de celle-ci qui
rejaillissent sur les descendances. C'est pour cela que dans cette
contrée, le clan a encore une influence dans l'organisation de la
Région.
2- L'importance de la patrie dans la vision malgache.
L'homogénéité du groupe ethnique est
palpable dans la commune. 97%de la population y est originaire, du moins
originaire de la région de l'Avaradrano et du Mandiavato ( Mandiavato
est limitrophe des Pays sihanaka et sakalava ). Cette
homogénéité est le fruit de la transmission des terres de
père en fils. La notion d'appropriation des terres revêt une
importance particulière pour les Malgaches : c'est la source de la vie.
D'ailleurs, sur les Hautes Terres, personne ne vend « cette
précieuse richesse ». Elle se transmet de
génération en génération. C'est le symbole de
l'existence.
Dans l'histoire, la guerre qui a opposé Madagascar
à la France illustre bien cette situation. Les Reines successives n'ont
jamais voulu céder devant les exigences françaises pour les
terres du Nord de Madagascar. Ce qui a conduit aux conflits menant à
l'annexion de l'île.
Aujourd'hui, les étrangers ne peuvent pas encore avoir de
titres de terrains, et ce à cause des héritages de l'histoire.
3- Une jeunesse dans le « goulet » de
l'entonnoir.
Comme partout à Madagascar, Talata a une population
très jeune. Près de 60% de la population ont moins de 25ans.
Cataloguer comme étant la richesse de ce pays, Les jeunes sont pourtant
ignorés dans le passé proche de la politique de Madagascar.
Représentation de la population par secteur
d'âge
30%
8%
62%
>50 ans 25-50 ans 25 ans
Graphique 2 : répartition de la population par
secteur d'âge. Source : Enquête personnelle. Taux
d'échantillonnage 20%
Talata connaît le boom de la jeunesse. Avec 62% (
Graphique 2 ) de l'effectif total de la population, les "teen-agers" trustent
le haut du pavé. Les actions de la commune devraient se concentrer sur
leur devenir, sinon ils tourneraient dans la mauvaise direction comme tout
jeune désoeuvré.
Cette population est confrontée au problème de
la vitesse à laquelle le nombre de l'effectif augmente. Comme les jeunes
sont nombreux, le nombre de naissance s'accroît, alors que
l'espérance de vie elle est constamment en
augmentation. On atteint facilement les 70-75ans avant de
s'éteindre. Cette tendance n'est pas prête de s'inverser de si
tôt, car la limitation de naissance n'est pas encore dans le "manuel" des
villageois. Quoique, le nombre moyen de la famille aujourd'hui se situe autour
de 4.98...
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