INTRODUCTION.
M
adagascar est un des pays qui cherche encore son chemin dans
la croisade pour le développement. Loin d'atteindre ses ambitions, la
Grande Ile, pourtant forte en potentialités, semble s'enliser dans le
bourbier du marasme économique. L'attentisme n'est plus de mise. Il faut
agir.
« Le développement rapide et durable » est
devenu le leitmotiv des pouvoirs qui se sont succédés depuis la
« mini-révolution » de la fin des années 90.
De nouvelles structures ont été mises en place pour
répondre à cette aspiration. Une nouvelle constitution a
même été adoptée. Un nouveau pacte qui marque
l'avènement d'une nouvelle ère reléguant aux oubliettes
les dérives marxistes de la deuxième république. Le
ton est donné à la libre entreprise et au développement
conjugué des différentes régions composantes de
l'île.
Pour arriver à cette fin, les dirigeants ont axé
les programmes établis sur la décentralisation : donner plus de
pouvoir aux différentes entités régionales qui forment les
phalanges de l'Etat auprès du peuple. Le but avoué de cette
nouvelle politique est de résorber les disparités spatiales en
favorisant les initiatives locales afin de guider le territoire concerné
vers sa destinée.
Cette structure est encore à un stade de balbutiement.
Depuis l'adoption des textes régissant la Troisième
République jusqu'à aujourd'hui, on semble expérimenter
plusieurs combinaisons émaillées de nombreux soubresauts
émanant du microcosme politique. A ce sujet, on peut
citer, notamment la révision de la constitution par
référendum en 1995 ( Loi constitutionnelle n° 95-001 du 13
octobre 1995 ) sous l'impulsion du Président- professeur ZAFY Albert qui
a dénaturé le régime parlementaire d'alors ; ou encore le
« vrai-faux » changement de constitution initié par Le
Président-amiral RATSIRAKA Didier en 1998 ( Loi constitutionnelle
n° 98-00 1 du 8 avril 1998 ).
Dans la Troisième République, l'Etat malgache
est passé du Système Parlementaire à un Système
Semi-présidentiel, avec une plus grande prépondérance du
pouvoir accordé à l'Exécutif.
Malgré tous ces changements qui ont surtout
affecté les hautes sphères du pouvoir, les structures de bases
ont été épargnées. Ainsi la commune est maintenue.
C'est l'unité de base de la décentralisation car elle est la plus
proche de la population.
Ayant une surface faible, la commune est le terrain
idéal pour comprendre le désir réel de la population. En
effet, les gens des différentes régions de Madagascar n'ont pas
les mêmes souhaits. L'Etat doit pourtant satisfaire ces desiderata.
Aussi, est-il nécessaire de mieux connaître les problèmes
inhérents à chaque commune pour pouvoir ensuite les
résoudre. Les études aujourd'hui doivent donc partir de la
compréhension de la Commune et par ce fait privilégie cette
échelle.
Talata Volonondry est une de ces communes. Bien que
située dans la couronne périphérique de la capitale, elle
a toutes les peines du monde à s'affirmer. Or il est bien évident
que tôt ou tard, elle doit sortir de sa torpeur. D'autant plus
qu'Antananarivo a soif d'espace et elle risque d'en faire les frais.
Située à une vingtaine de km de la Capitale,
Talata est une commune d'une superficie de 55 km2. 28 fokontany (
Figure 2 ) regroupant quelque 17.400 âmes sont recensées en son
sein. Les activités de la commune sont encore tournées vers
l'agriculture. Une agriculture très peu développée et qui
s'appuie surtout sur le rythme saisonnier de la pluie. Cette situation a
perduré depuis des générations. Aucune amélioration
n'a été décelée dans ses activités comme si
le temps s'était arrêté de s'écouler.
Le moment est venu pour qu'enfin Talata Volonondry prenne son
essor et retrouve la place qui lui est due dans l'effort, pour la promotion du
développement de Madagascar.
« TALATA VOLONONDRY, UNE COMMUNE EN PLEINE MUTATION DANS
LE NORD D'ANTANANARIVO » est un essai à la concrétisation
de ce projet.
Cette étude s'appuiera sur l'exemple de cette commune
pour démontrer que l'effort à mener pour le développement
de Madagascar doit s'appuyer sur le local. Un travail qui part de la base et
non un plan « parachuté d'en haut » rendant la
population-cible spectateur de son propre devenir. Ici comme il est
initié dans le nouveau pacte, les gens sont les propres acteurs de leur
réussite.
Ce mémoire, à travers Talata, tentera de mettre
en exergue les différents aspects qui devraient être pris en
compte pour appréhender la notion de décentralisation et, de
répondre à la question induite par le développement
durable.
A cet effet, une interrogation s'adresse à tout un
chacun. Une requête qui sera la problématique et, donc le fil
directeur de ce travail. Elle se posera comme suit : « Comment une
collectivité de base en quête d'identité peut-elle
travailler pour asseoir son assise sur l'étendue de son territoire ?
» Cette question est d'autant plus pertinente qu'aujourd'hui les
limites exactes des différentes circonscriptions administratives sont
complètement floues.
Talata, comme il est dit un peu plus haut se trouve dans la
couronne d'influence de la Capitale. C'est à la fois un avantage et un
inconvénient que l'on tentera d'expliquer dans le cours de ce devoir.
Pour parvenir au résultat ci-après, il a fallu
travailler dur. La démarche adoptée pour ce devoir répond
à une impérieuse envie de donner à la Commune rurale de
Talata Volonondry un document de travail élaboré dans lequel, les
« Responsables » pourront puiser des commentaires et autres remarques
aptes à aider la Région : Ce sera un support pour les travaux
qu'elle entreprendra dans le futur. Très peu d'informations sont
disponibles sur cette région septentrionale d'Antananarivo.
Ce mémoire a débuté, vers la fin de
l'année 2000 par le choix du sujet. A partir de là, nous avons
commencé à contacter les responsables de la Commune pour une
collaboration, pour que nous puissions avoir accès aux
différents
documents qui y sont disponibles. Hélas, la monographie
de la région s'est résumée en une page qui ne comportait
guère que très peu d'indices sur ce qui s'y passait
réellement. Nous avons alors décidé d'arpenter les
différentes bibliothèques de la Capitale, Antananarivo, pour y
« dénicher » des informations susceptibles de nous orienter
dans notre quête. Cela s'est révélé tout aussi
décevant, les seules documentations disponibles ne font mention que
d'Antananarivo Avaradrano. Après quelque six mois de recherches
documentaires ( allant du mois de mars au mois d'août 2001 ), nous avons
pu dégager un premier plan de travail. Avec cela, nous avons
établi des questionnaires pour confronter les informations en notre
possession et la réalité ambiante ( la liste des
questionnaire-ménages est disponible dans l'annexe ). Nous avons
volontairement, à ce moment là, interrompu notre travail de
recherches pour prendre du recul afin de ne pas trop s'y investir au risque de
perdre l'objectivité tant requise dans le travail d'un géographe.
En outre, nous avons pensé pouvoir enrichir nos documents, avec la
refonte de la liste électorale en vue de la présidentielle de
décembre 2001. Malheureusement, avec les problèmes que la Nation
a subis, il nous a fallu tout revoir. Le travail n'a pu reprendre que vers le
mois d'avril, quand un semblant de tranquillité s'est
installé.
Pendant le mois de mai, nous nous étions entretenus
avec les divers responsables de la Commune. A partir du mois de juin,
l'enquête fait auprès des ménages a pu reprendre,
après son interruption ( Les premiers travaux d'enquêtes ont
été menés au mois de janvier ). En trois mois, nous avons
pu mener 690 entretiens ( soit une moyenne de sept ménages
visités par jour ). Cela correspond à peu près à un
taux d'échantillonnage de 20%. Les enquêtés ont
été choisis au hasard, mais ils représentent toute la
couche sociale et les différents secteurs d'activités
présents dans la commune.
L'inventaire s'est fait au mois d'août 2002. Il est
à noter qu'entre temps, nous avons pu bénéficier d'une
base de données émanant de la Commune se rapportant à 30%
de la population de Talata. On a confronté ces deux bases de
données qui étaient complémentaires pour sortir le nouveau
plan de rédaction. Ce mémoire a été
rédigé au mois de septembre 2002. sa rédaction a
duré pendant un mois.
Cet ouvrage comporte trois parties. La première partie
décrit la région, d'abord par l'analyse de la Région
suivant trois axes: le milieu naturel, le milieu HUMAIN et le milieu
économique ; puis, par l'historique des systèmes de gouvernements
ayant régenté Madagascar à travers la Commune rurale de
Talata Volonondry. Bien que cette démarche ne soit pas vraiment
géographique, il nous
est apparu utile de le faire pour cadrer les analyses qui vont
suivre avec le contexte originel de la Région et sa mutation. Talata
étant une des régions fondatrices de la future Nation
malagasy.
Dans la deuxième partie, nous nous efforcerions de
faire le diagnostic de Talata Volonondry. La géographie est une science
qui s'appuie sur l'espace et les actions humaines, aussi nous est-il paru
nécessaire de décrire les réalités de la commune
conformément à ce point de vue. L'analyse se fera suivant
l'étude physique du milieu afin de comprendre le mode d'adaptation
auquel l'homme a dû faire face, l'aperçu de la place que tient
l'individu dans ce milieu et l'examen des activités dans la commune.
La troisième et dernière partie, à
l'issue du diagnostic, propose des axes de travail qui pourraient aider la
commune à trouver dans le meilleur délai des solutions aux
problèmes auxquels, elle est confrontée. C'est une liste
exhaustive qui servira à canaliser les actions à entreprendre
pour accélérer et soutenir la bonne marche de la commune rurale
de Talata Volonondry.
Figure 1: Carte régionale de la Région de
Talata Volonondry
Source : Fond de carte F.T.M. f Carte Ambohimanga f Echelle : 1 :
100 000e
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PARTIE I : La notion de pouvoir,
un concept évolutif dans le
temps.
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