III- La mutuelle de crédits.
T
alata n'avait connu le réel développement que
dans l'époque du « fanompoana » où les travaux
sont faits sous les directives des
seigneurs et en relation avec le besoin dicté par la
communauté. En ces temps, les travaux étaient accomplis sans
protestation car c'est pour le bien de tous. Sous la colonisation, il en va de
même bien que le bénéfice soit plus pour les colons que les
« indigènes ». Mais depuis que l'argent avait fait surface
dans les transactions, les gens avaient eu du mal à suivre le train et
ce d'autant plus que
les banques ne leur faisaient pas toujours confiance. Ce qui
était réciproque puisque pour eux ces gens aux costumes cravates
ne connaissaient pas toujours la réalité de leur vie
quotidienne.
A- Une banque de proximité.
Si avant, les gens devaient se déplacer pour contracter
un prêt, aujourd'hui, ce sont ces prêts qui leur tendent la main en
venant au devant d'eux avec l'arrivée des Mutuelles d'Epargne et de
Crédits dans la Commune.
1- L'Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola ( OTIV ).
Un des freins du développement de l'économie
dans le monde rural est le manque de liquidités. Les gens n'arrivent pas
à sortir du cercle vicieux dans lequel, ils évoluent car ils ne
peuvent pas améliorer leur condition de travail. Les portes se ferment
quand ils essaient de monter en ville.
Aujourd'hui, avec l'OTIV, cette situation est en passe
d'être résorbée. Les gens ont désormais de l'argent
à portée de main pour mener à bien leur projet. L'OTIV est
un crédit mutuel érigé pour permettre aux gens de
bénéficier de financements avec un taux d'intérêt
faible ( de l'ordre de 3% du reste de l'emprunt contracté ). En devenant
membre de cette mutuelle, les gens jouissent de toutes les activités
offertes par cette dernière.
Comme la mutuelle fonctionne de la même façon que
les banques, les gens qui y déposent leur argent augmentent aussi leur
capital selon le type de dépôt établi.
2- La banque des ruraux.
Cette mutuelle tombe à point dans le paysage
économique du monde agricole après la démission de l'Etat
des affaires courantes et la privatisation de la banque BTM. Une banque qui a
complètement raté sa mission. Le monde rural n'avait plus de
« supporteurs. » L'approche initiée par l'OTIV a permis de
relancer le dynamisme du monde agricole. Les gens ont pu contracter des
emprunts pour
moderniser leurs exploitations. Aujourd'hui, de part Madagascar,
l'OTIV a plus de 55.000 membres répartis tant dans le milieu rural
qu'urbain.
B- L'OTIV à Talata.
La mutuelle de crédit OTIV était venue à
Madagascar au lendemain de la deuxième république. Elle a
été implantée pour la première fois dans la
région de Tamatave en 1993. En octobre 2001, elle arrive à
Talata.
1- Une activité méconnue.
La Mutuelle est encore peu connue dans la région.
Malgré une campagne de sensibilisation tous les jours du marché
avant son implantation, les gens ont encore des doutes. Depuis sa
création jusqu'en juillet 2002, on ne dénombre que 58 membres
dont l'évolution est montrée par la série 1 du «
Graphique 6 ». La série 2 montre le nombre de nouveaux
adhérents par mois. Les responsables ne désespèrent pas
car la conjoncture qu'a vécu la Nation durant ce premier semestre a
aussi influencé les activités des gens.
Evolution des adhérents dans l'Otiv
oct nov déc janv févr mars avr mai juin juil
70
60
50
40
30
20
10
0
Série1 Série2
Graphique 6 : Courbe représentant
l'évolution des membres de l'OTIV. Source : OTIV Talata
Volonondry. Données recueillies en juillet 2002
2- Une aide financière utile pour le monde
rural.
L'OTIV profite à toutes les franges de la population.
Ceux qui en sont membres et qui ont un projet à défendre peuvent
bénéficier de son crédit. Dans Talata, aussi paradoxal que
cela puisse être, on peut voir que la majeure partie des gens qui demande
des subventions n'est pas du tout des agriculteurs. Le nombre de demandeurs de
crédit cumulé en juillet 2002 est de 47. Les gens contractent des
emprunts pour moderniser leur quotidien.
Tableau 2 : Tableau de la répartition par
activités des demandeurs de crédits
Activités
|
%
|
Agriculteurs
|
32%
|
Fonctionnaires
|
28%
|
Artisans
|
9%
|
Marchands
|
19%
|
Autres
|
12%
|
Source : Enquête auprès de l'OTIV de la Commune.
Par ailleurs, la répartition spatiale de ses membres (
Figure 8 ) montre qu'ils sont pour la plupart localisée dans le chef
lieu de la Commune. Ce sont eux qui ont pu comprendre en premier le
mécanisme véhiculé par la mutuelle.
La Commune de Talata avec la présence de ces trois
pôles qui représentent des branches d'activités aussi
diverses que complémentaires ( Secteur du service avec la Radio
Nederland, secteur agricole et industriel avec la SOPRAMAD, secteur bancaire
avec l'OTIV ) dans le monde d'aujourd'hui peut bénéficier de leur
impact et de leur dynamisme pour réorienter ses activités. Ces
installations ont le pouvoir de bousculer le rythme atone de la vie quotidienne
de Talata.
Figure 8 : La densité de la répartition des
membres de L'OTIV dans Talata. Source : Fond de carte F.T.M. f
Enquête personnelle.
|