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differenciation spatiale et identité sociale en milieu rural

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par krikou amadou DIARRA
 - maà®trise 2006
  

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II : ORGANISATION ECONOMIQUE ET FONCIERE

II-1 : Organisation économique

L'économie est l'ensemble des activités d'une collectivité humaine relatives à la production, à la distribution et à la consommation des richesses. Quelles sont donc ces activités à Kanzra ?

En effet, dans le monde rural, la principale source de richesse est la terre quand bien même qu'il existe d'autres activités économiques non agricoles telles que le commerce.

· L'agriculture

L'agriculture constitue la principale activité économique du village. Cette activité se subdivise en deux catégories : les cultures de rentes et les cultures vivrières.

Les cultures vivrières servent à nourrir directement les populations. Il s'agit de la banane plantain, du riz irrigué, du riz pluvial, du manioc, du maïs, de l'igname, de l'arachide, du haricot et des cultures maraîchères. Ces cultures sont pratiquées par tous les migrants. Ensuite, nous avons les cultures pérennes telles que l'anacarde, le café et le cacao qui constituent les principales sources de revenus des paysans.

Photo n°7 : Une plantation de cacaoyers Photo n°7 : Un tas de cacao déjà cabossé

Photo n°8 : Le séchage de cacao

Photo n°9 : Une plantation d'anacarde Photo n°10 : Une bananeraie

· Le commerce

L'activité commerciale est très développée à Kanzra. Cela s'explique par le fait que Kanzra soit un village noyau qui dispose d'un marché couvert. Il est un carrefour où commerçants venant de Daloa, de Vavoua, du complexe sucrier de Zuénoula et de la ville de Zuénoula se retrouvent tous les Mercredis pour vendre et acheter. Le jour principal de marché est le Mercredi. Cette activité est dominée par les migrants notamment les allogènes africains. Ceux-ci sont aussi propriétaires, sans exception, de toutes les boutiques du village, des kiosques à café. Les femmes autochtones et migrantes tiennent des restaurants et font le commerce de vivriers.

Les migrants sont également des acheteurs des produits agricoles. Cette domination de l'activité commerciale par les migrants favorise l'obtention des ressources foncières.41(*)

Photo n°11 : le marché couvert un mercredi42(*) matin

II-2 : Organisation foncière : modalités d'acquisition des terres à Kanzra

Si pour la première vague d'immigrants, le seul souci fut d'accumuler rapidement une épargne pour "rentrer au pays", actuellement cette mentalité semble révolue et il semblerait que l'acquisition d'une terre soit l'objectif final de tous migrants, c'est de celle-ci que va dépendre en définitive, la promotion et l'intégration à l'économie de plantation du village.

L'acquisition du patrimoine foncier revêt quatre formes principales : il peut se présenter sous forme de dons ou d'héritages ; dans le cas contraire, le planteur achète la terre ou la plantation. Mais à ces formes majeures, il s'ajoute la location de portion de terre pour les cultures annuelles.

Quelles sont donc ces modalités d'acquisition des terres à Kanzra ?

Ø Les dons des planteurs

Ils sont l'apanage des autochtones qui sont toujours offreurs. Les causes de cette cession sont à rechercher dans les rapports migrants-tuteurs. Elles sont le commencement, la conséquence de longues années de collaboration, d'entraide et de confiance réciproque. Ces cessions ne sont pas le fait exclusif du tuteur. Si le migrant a eu d'autres relations "fructueuses", il peut bénéficier d'une terre des mains des autres autochtones. Ajoutons que les cessions de terre ne sont pas dénuées de toute contrepartie. Bien souvent, le migrant verse une somme symbolique d'argent et de la boisson. Une fois cédée, la terre devient définitivement la propriété du migrant. Mais cette terre acquise de cette manière a des conséquences majeures. Dans ce type de cession, lorsque le migrant décède ou doit rentrer "chez lui", il se doit l'obligation de remettre la plantation ou la portion de terre aux tuteurs. Si, il arrivait que le migrant cède la plantation à un autre migrant (soit son fils ou bien un tiers), l'autochtone Gouro lui réclame le droits de propriétaire terrien car celui à qui appartenait la plantation n'avait pas acheté, il avait bénéficié, alors il n'est pas logique de vendre ou de donner la plantation.

Ø Achat de terre

Cette modalité d'acquisition de terres donne plus de "liberté" à l'acheteur. Il peut vendre la portion de terre cultivée ou la transmettre à ses enfants, comme il le souhaite. Ce qui lui confère cette liberté de disposer de ces terres, ce sont les "papiers" signés par l'autochtone qui lui a cédé la portion de terre. Les prix des terres varient selon les individus mais sont circonscrits dans un canevas bien limité.

Ø Achat de plantation

Il arrive que pour diverses raisons parmi lesquelles on pourrait citer les funérailles, mariages, voyages, etc., des plantations soient vendues aux étrangers. Cette sorte d'appropriation de la terre est importante et est aussi bien le fait des autochtones que des étrangers. La valeur vénale de ces plantations dépend de leur étendue, de leur âge et surtout de leur entretien. Dans tous les cas, leur valeur est estimée compte tenu des situations particulières qui conditionnent la vente.

La vente, aujourd'hui vu les conflits suscités à l'Ouest à propos du foncier, a lieu chez le chef du village et très souvent en présence de témoins. Cette vente de terre fait l'objet d'un texte rédigé en plusieurs exemplaires et signé par les différentes parties en présence, ce texte faisant foi en cas de litige dans l'avenir. Mais généralement, les palmiers qui s'y trouvent ne sont pas compris dans la vente, ils restent la propriété du vendeur.

Il y eu plusieurs cas de menace "de confiscation " des plantations parce que le migrant refusait que l'autochtone « donateur » vienne extraire le vin de palme dans sa plantation, mais les différents chefs de communauté ont su rétablir l'ordre en dédommageant l'autochtone.

Ø L'héritage

Il s'agit ici des plantations acquises par achat et non par don. Généralement, l'héritage se fait entre migrants ascendants et leurs descendants. En cas de maladie grave du planteur migrant, c'est un frère venu expressément de la zone d'origine, qui prend en main toute la famille, et l'entretien des plantations. En cas de décès, ce sont les enfants du migrant qui héritent de tout le patrimoine foncier acquis par achat. Dans le cas où il s'agit d'une plantation obtenue sous la forme de don, les enfants devraient négocier à nouveau la plantation auprès du propriétaire terrien qui avait fait don à leur parent. Dans le cas où les enfants seraient trop jeunes, la responsabilité échoira à un membre de la famille.

Ø Les possessions saisonnières

La quasi-totalité des superficies du patrimoine foncier est aménagée pour des cultures pérennes ; or les cultures vivrières sont aussi vitales, ne serait-ce que pour les subsistances de la famille.

Pour palier à l'insuffisance de terres disponibles pour les vivriers, deux possibilités s'offrent aux planteurs migrants : recourir au tuteur pour un prêt de terre, ou louer celle-ci auprès d'autres autochtones Gouro. Dans tous les cas, la terre est une possession annuelle. A la fin de chaque récolte, elle revient à l'autochtone qui la met en jachère.

La valeur vénale varie en fonction de l'étendue et du nombre d'années de jachère.

* 41 Ce pouvoir économique permet au migrant d'acheter des portions de terres, des espaces pour construire ...etc.

* 42 Le mercredi est le jour de marché de Kanzra.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe