III : AU NIVEAU SYMBOLIQUE
La structuration du champ(le village) avec des assignations
identitaires répond au souci de préservations des valeurs
culturelles et sociales.
On peut parler de la fabrication sociale d'une
incompatibilité des moeurs. Cette incompatibilité trouve son
origine dans la différence de valeurs, de coutumes, d'habitus et de
moeurs. Plus concrètement les acquis socio-ethniques des migrants son en
bute avec ceux des populations autochtones. Ainsi par exemple le masque
sacré des Kouins « djèh » défendu aux
femmes s'applique aussi aux femmes issues des communautés des migrants.
Cela indispose les migrants et donc pour éviter les incidents, le
premier migrant s'est installé hors du village.
Aussi les Gouros estiment que les malinkés enterrent
toujours leurs morts sans tenir compte de leurs ancêtres. Or dans leurs
traditions toutes les heures ne sont pas indiquées pour aller au
cimetière. C'est pourquoi ils donnèrent aux migrants un espace
pour construire leur cimetière.
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Les modalités d'installation et d'insertion des
migrants et surtout allogènes et allochtones dans les zones de
colonisation agricole de la Côte d'Ivoire ont constitué l'objet de
cette étude. Dans l'optique d'éclairer cet objet, nous avons
mené des enquêtes à Kanzra, un village de la
sous-préfecture de Zuénoula. Ce village est constitué de
communautés sédentarisées (allochtones et
allogènes).
Cette sédentarisation à Kanzra s'est
accompagnée d'un séparatisme spatial entre Gouro autochtones et
migrants.
Ce faisant, nous nous sommes posés la question de
savoir pourquoi une telle différenciation sachant qu'elles (ces
communautés) habitent le même terroir villageois.
Pour donc élucider cette préoccupation, nous
avons cherché à analyser les enjeux sociaux et les ressources
sociales de différenciation et leur influence sur le fonctionnement des
rapports interethniques à Kanzra. Pour atteindre cet objectif, nous
avons émis l'hypothèse selon laquelle la différenciation
spatiale à Kanzra est liée à une logique de
réactivation identitaire de la part des autochtones. Et ce, dans le
souci de contrôler les ressources villageoises.
Afin donc de rassembler des données pour
vérifier cette hypothèse, nous avons eu des entretiens avec les
chefs de communautés installés dans les villages. D'autres
personnes ressources telles que les autorités administratives de la
sous-préfecture, des patriarches du village. Nous avons aussi
utilisé l'analyse du contenu et plus précisément l'analyse
thématique comme méthode d'analyse.
De cette étude, il ressort que les enjeux de ces formes
de différenciation est de contrôler les ressources sociales du
village.
En clair, la mise à l'écart spatiale des
migrants dans le village de Kanzra s'est accompagnée d'une certaine
structuration des rapports sociaux entre les communautés ethniques.
Si pour les autochtones, il a été question de
préservation de l'autochtone pour le contrôle des ressources
sociales, les migrants eux trouvaient l'occasion de constitution de
communautés à base ethnique dans l'optique de renverser cette
domination dans le champ.
Alors comme effet, cette mise à l'écart spatiale
des migrants a renforcé leur repli sur la chefferie du village.
Au plan culturel, on a la séparation des
cimetières, la reproduction des migrants sur la base des
identités ethniques.
Au plan symbolique, la non modernisation du cadre de
l'habitat.
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