II. II. Le MAEP : outil de réalisation d'un
projet controversé
Après l'initiative audacieuse mais sans lendemain du
Programme d'Action de Lagos (PAL) de 1980, les Africains ont connu la «
Nouvelle initiative africaine » qui deviendra la NEPAD. Un projet de
développement de l'Afrique exposé à Lusaka (Zambie) en
juillet 2001 qui devrait permettre de résoudre des défis urgents
à savoir l'éradication de la pauvreté et la promotion du
développement socioéconomique en particulier grâce à
la démocratie et à la bonne gouvernance [UA, NEPAD, 2003]. Mais
c'est sans compter avec les critiques objectives de la société
civile africaine.
· Les critiques sur le NEPAD, ses origines
biaisées
Le NEPAD (New Partnership for African Development) dans sa
forme actuelle est la fusion de deux projets à savoir le Millenium
African Renaissance Program (MAP) des présidents Thabo Mbéki,
Olusegun Obasanjo et Bouteflika Abdelaziz et le Plan Oméga de Abdoulaye
Wade. Le premier plan était un projet d'indépendance
vis-à-vis du Nord et respectant les valeurs culturelles
africaines (chouchoutant les milieux panafricanistes), le second tourné
vers la création d'un marché commun africain ouvertement
libéral. [Millet, Toussaint, 2002]. Les critiques du document final
rapportent que le projet de développement de l'Afrique dans sa version
fusionnée ne fait pas de part favorable au x questions à savoir
:
- Quel développement veulent les Africains ?
- Comment faire valoir au mieux les atouts de l'Afrique ?
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Le NEPAD s'est écarté des besoins réels
de bien-être des Africains et s'est embourbé dans des
considérations de rattrapage ou de fossé à combler entre
Nord et Sud, offrir plus de chances aux Multinationales pour qu'elles
créent en Afrique les conditions offensives, ... Il accorde plus
d'importances aux infrastructures de communications (essentielles on le
reconnaît) que les désagréments que les populations vont
devoir subir par leur mise en place. Le NEPAD offre un cadre propice la
globalisation et la focalisation sur la technologie que de chances pour un
changement significatifs dans les rapports de forces entre l'Afrique et le
Nord.
En tant qu'oeuvre des Chefs d'Etats ci-dessus cités,
l'opinion civile africaine a du mal à y croire au regard de la
déclaration de l'ancien Premier Ministre anglais Tony Blair qui
affirmait en 2003 que : « C'est dans un esprit de solidarité
internationale que le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne a ouvert la
voie à l'annulation de la dette du Tiers-monde, augmenté l'aide
proportionnellement au PIB comme aucune nation ne l'a fait, et conçu le
Nepad, nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique
»[Millet, 2005]
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· Le MAEP : outil d'auto flagellation ou de renforcement
de capités ?
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Dans un pareil climat de suspicion sur les origines
réelles du NEPAD, le doute s'installe dans les esprits quant à
l'outil de mesure de la gouvernance qu'est le MAEP.
Dans le cas spécifique de l'évaluation du
Bénin en matière de gouvernance, les acteurs (parties prenantes)
sont intervenus à plusieurs reprises sur l'utilité d'un processus
d'autoévaluation de la gouvernance d'un pays.
Même s'il est vrai que le caractère
d'autoévaluation en matière de gouvernance présente une
façade d'auto flagellation, il n'en demeure pas moins vrai
qu'il permet aux parties prenantes (pouvoirs publics, secteurs
privés, acteurs civils) de faire le point sur les pratiques de gestions
couronnées de succès, les dysfonctionnements et entrevoir
ensemble la mise en place de cadres ou de stratégies
d'amélioration des ratés de gestion. En d'autres termes, dans sa
philosophie de base, le MAEP offre un cadre de gouvernance concertée
où les citoyens se retrouvent écoutés, consultés
sur les questions globales de développement. Il constitue sans nul doute
un outil de renforcement des capacités des parties prenantes à
opérer en synergie.
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Mais tout ceci n'épargne pas le MAEP d'un avenir
incertain.
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