Conclusion générale
Les faibles potentialités en eau, ainsi que la
précarité des conditions climatiques que rencontre l'agriculture
des régions montagneuses arides ont poussé les populations
locales à diversifier leurs productions et les sources de leurs revenus.
La diversification des sources de revenu constitue un élément de
sécurité qui conditionne la viabilité de l'unité de
production. Mais cette situation engendre deux grands problèmes graves
:
> Le développement des activités
extra-agricoles notamment l'émigration et le commerce a pour
conséquence la désaffectation des populations vis-à-vis de
l'activité agricole avec l'ancien système de culture ;
> Le retard enregistré dans l'installation des
infrastructures par rapport à la plaine s'est traduit par un exode
vers l'extérieur et l'abandon du patrimoine jessours.
La dynamique d'espace est liée à la
dégradation de la valeur d'échange des productions de la
région. En effet cet espace, géographiquement défini, est
à la fois un espace socio- économique et un espace
écologique. La demande des agriculteurs au capital naturel (ressources
en sol, en eau, etc.) n'est plus adaptée à ce que la
régénération leur fournissait dans le cadre d'une
exploitation plus respectueuse des équilibres. En outre, la perte d'une
grande quantité d'eau de ruissellement et la modification des modes
d'exploitation contraint les agriculteurs à abandonner en partie la
gestion traditionnelle de certaines ressources naturelles : c'est le cas de la
petite hydraulique progressivement délaissée dans notre zone
d'étude à Zammour.
Localement le rôle de ces ouvrages dans la
maîtrise des eaux de ruissellement apparaît minime, mais on leur
reconnaît à l'échelle du bassin versant une
efficacité irréfutable. Toutefois, ces ouvrages
nécessitent pour être fonctionnels, un entretien périodique
et une optimisation de l'exploitation de ces eaux de ruissellement.
Malgré leurs situations dans des zones très
accidentées où les superficies à vocation agricole sont
limitées, morcelées généralement, les agriculteurs
ont valorisé des petites surfaces pour produire dans un double objectif
de consommation et garantie d'un revenu agricole familiale. Ces techniques ont
un rôle hydro morphologique et agronomique important, ces techniques
connaissent trois autres problèmes (climatiques,
socio-économiques, techniques) à savoir :
1) les problèmes climatiques
- Une pluviométrie faible et irrégulière
quant à sa quantité et sa répartition en fonction des
saisons de l'année ;
- Le caractère torrentiel et brutal des
précipitations ;
- Un bilan hydrique déficitaire le long de
l'année.
2) les problèmes socio-économiques
- L'émigration des jeunes et développement des
activités extra-agricoles.
- L'exode de la population rurale des zones montagneuses vers
les plaines et délaissement de l'activité agricole ;
- La faiblesse des productivités et des productions ;
- La faible contribution du revenu agricole dans le revenu de la
famille.
3) les problèmes techniques
- La surface des impluviums est plus grande que l'air de
rétention du jesr ; - La capacité de rétention est
inférieure au volume d'eau y arrivant ;
- Augmentation de la sédimentation après
l'érosion ;
- Des déversoirs mal entretenus ;
- Une forte densité des arbres fruitiers ;
- Une sous exploitation des eaux de stockage par la technique
traditionnelle de puisage pour l'irrigation d'appoint.
Face à la situation précédente,
l'intervention au niveau des ces systèmes est nécessaire pour
sauvegarder et conserver le patrimoine de Jessours, les Fesguias et les Majels
dans une région qui tente de développer le secteur du
tourisme.
Mais ce que nous venons de préciser n'élimine
pas le rôle des actions anthropiques dans la maîtrise des eaux de
ruissellement. Bien au contraire, l'homme, par ces interventions, a
contribué à une importante accélération de
l`érosion hydrique. Les jessours, connus depuis
l'antiquité, tout en ayant un rôle hydro morphologique
non négligeable, comportent pas mal de défaillances qui sont
à l'origine de leur débordement (destruction). Ce
débordement est la cause principale de la destruction des barrages et
des terrasses. En effet, malgré l'entretien permanent de ces ouvrages de
petite hydraulique, le risque de destruction des jessours est toujours
présent, particulièrement lors des fortes pluies, c'est à
dire au moins une fois tous les cinq ans. D'ailleurs, cette destruction a
toujours existé, mais les hommes étaient toujours là pour
réparer les dégâts (brèche, trous, ravins, etc...).
Ils étaient obligés d'assurer l'entretien des jessours, car ces
derniers constituaient un moyen de sauvegarder leurs ressources et leur
patrimoine agricole (les jessours). L'abandon aboutit à la destruction
et la disposition de tous ces ouvrages de petite hydraulique.
Les mesures anti-érosives dans ces djebels,
essentiellement les oeuvres de l'Etat, sont
inefficaces malgré l'importance des moyens
utilisés. Une nouvelle conception de l'aménagement est
nécessaire pour lutter contre l'érosion hydrique. Cette
conception se base sur l'aménagement intégral des impluviums, Ce
travail doit s'effectuer par micro bassin versant de quelques km2
d'une part et la création d'un organisme (office) qui se chargera de
l'application de cette nouvelle politique pour une meilleure exploitation des
eaux de ruissellement.
Compte tenu des problèmes cités auparavent, il
est intéressant d'impliquer les usagers locaux des ressources naturelles
à tous les étapes de procédure de développement
d'une part et la nécessité d'apporter des solutions techniques
prouvées et acceptées par la population locale d'autre part. Une
intervention s'avère nécessaire à travers la simulation de
trois scénarios de développement du système productif pour
la valorisation des grandes quantités d'eaux perdues dans le micro
bassin versant Rebiaa, dans ces scénarios on a introduit le risque
à travers la probabilité d'apparition de trois types
d'années (année sèche, année normale et
année humide) sur une période de 30 ans. L'analyse comparative de
trois scénarios, nous a montré le besoin de la région aux
nouvelles techniques qui sont bien testés et brevetées. Cette
intervention est nécessaire pour mieux sauvegarder ce patrimoine et
donner une nouvelle allure pour les cultures en sec dans les zones
montagneuses.
Sur le plan de l'organisation structurelle de la
collectivité des zones rurales montagneuses, il serait judicieux de
créer un comité de développement, au niveau des
groupements, qui constituerait une sorte d'interlocuteur entre les agriculteurs
et les organismes de développement pour la recherche des crédits
afin d'introduire ces nouvelles techniques.
On suggère d'organiser des programmes d'informations et
des sessions de formations continues au près des agriculteurs.
L'objectif serait de rassurer les bénéficiaires en les soutenant
continuellement dans l'application des nouvelles techniques pour mieux
valoriser les eaux de ruissellements.
La seule organisation non gouvernementale dans la
région est l'AJZ. L'intervention de cette organisation reste souvent
limitée. Ces aides se limitent au niveau de la construction des citernes
d'eau et la réparation des brèches dans les tabias.
Des nouveaux investissements seront nécessaires pour
permettre aux exploitations de progresser pour que l'effort des agriculteurs ne
reste pas vain.
Quoi qu'il en soit, il est claire que les investissements
nécessaires pour l'ensemble du micro- bassin seront plus importants que
ce que pourront fournir les capitaux propres des ces agriculteurs. Une aide
étatique aussi bien financière que technique restera toujours
donc nécessaire. En se basant sur les résultats de notre
modèle de simulation, nous proposons une
politique de crédit particulière à la
région qui prend en considération la faible rentabilité
économique de ces exploitations.
Compte tenu des conditions climatiques, d'autres perspectives
pourraient être avancées en appuyant sur les particularités
et les atouts de la région. Le développement des activités
traditionnelles par la valorisation des activités artisanales et la mise
en place de programme de formation et de constitution d'associations et
coopératives de production(en particulier dans les activités de
la femme). La restauration et la valorisation du patrimoine architectural
ancien régional comme les habitats troglodytes et des qsour peuvent
être des points d'attraction pour les touristes. Le projet IRZOD faisant
un exemple dans les changements en terme de participation de la population
locale et en terme d'amélioration des conditions de vie de la
population.
Une étude plus approfondie s'avère
nécessaire pour atteindre ces questions tout en adoptant d'autres
méthodes et outils de travail menant l'affinement des résultats
et permettant de mieux appréhender le processus du développement
rural.
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