Zammour fait partie de la région de Beni Khedache,
région basée depuis longtemps sur l'activité agricole.
Dans la région de Zammour, l'arboriculture pluviale est
une activité très développée et constitue l'un des
pilliers de l'agriculture dans cette région. Développée,
aussi bien, dans les montagnes et leurs piedmonts (derrière les ouvrages
de collecte des eaux de ruissellement) que dans les plaines, cette
arboriculture rencontre des difficultés notamment lors des années
de sécheresse.
En effet, une sécheresse prolongée (plusieurs mois,
voir une année ou plus) peut causer d'importants dégâts au
patrimoine arboricole conduit en sec. Ces dégâts se manifestent
par :
· Une faible croissance des arbres
· une baisse ou une absence totale de la production
· Une diminution de la réserve hydrique provoquant
la mort des arbres
Par leur ingéniosité et leur emprise, les
populations locales de cette zone ont su comment s'adapter avec leur
environnement climatique et géographique en inventant des techniques
appropriées qui ont permis à des générations
multiples durant des siècles de survivre et de se protéger dans
des conditions naturelles très hostiles.
Ces systèmes de rétention et de stockage d'eau,
appelé Jessours, Fesguias et Majels, occupent les bas fonds et les cours
d'eau inter-montagnes. Ils forment une chaîne tout au long des talwegs
pour constituer des gradins sur les bassins appelés « chaaba
». On estime que plus de 400 000 ha sont aménagés en
Jessours dans le sud tunisien (El Amami, 1984).
Cette agriculture, basée sur ces techniques, compte
tenu des conditions socio-économiques et naturelles actuelles,
malgré l'intervention des services de conservation des eaux et de sol
(CES) du Ministère de l'agriculture, connaît des
difficultés lors des années de sécheresse et des
années de pluies torrentielles.
Le secteur agricole actuel de la région de Béni
Khedache y compris Zammour parait incapable, de suivre le rythme
accéléré des besoins du milieu rural.
Devant cette situation les eaux souterraines restent une
alternative difficile et coûteuse.
La technique des Jessours (terminologie locale), Fesguias et des
Mejels, connu depuis l'antiquité, permet l'exploitation des eaux de
ruissellement pour une mise en valeur agricole.
Malheureusement, ce patrimoine de collecte d'eau est de nos
jours menacé d'abandon et de destruction à cause d'une part des
problèmes socio-économiques (l'émigration des jeunes,
faiblesse de la productivité, faiblesse des revenus, et d'autre part des
problèmes naturels régime pluviométrique
irrégulier, sous dimensionnement des ouvrages de rétention).
Ces techniques présentent souvent des nombreuses
défaillances (Chahbani, 1984,1997) dues aux :
· Mauvaise gestion de l'irrigation, l'irrigation par
submersion caractérisée par un niveau d'évaporation
très élevé d'une part et une technique très
rudimentaire peu adéquate pour le puisage, le transport et la
distribution de l'eau des Majels et Fesguias d'autre part.
· La construction des ouvrages CES sans aucune
méthode de calcul pour la détermination des différents
paramètres des unités hydrauliques (UHE)
· La fragilité des déversoirs traditionnels
pour l'évacuation des eaux de débordement lors de ruissellement
torrentiel
Ces défaillances ont été à la
base d'un programme de recherche dans le domaine de conservation des eaux et
des sols à l'Institut des Régions Arides (IRA), qui a permis la
conception de nouvelles techniques appropriées. Faite sur trois
scénarios de développement du système productif actuel
pour l'optimisation de l'exploitation des eaux de ruissellement (S1, S2, S3),
ces trois scénarios sont basés sur la probabilité
d'apparition de trois types d'années (année sèche,
année normale et année pluvieuse).
Ces nouvelles techniques permettent le drainage automatique
des eaux de rétention des Jessours par un flotteur gravitaire, le
puisage, le transport et la distribution gravitaire des eaux des Mejels et des
fesguias, l'irrigation souterraine localisée utilisant les techniques
appropriées (poches en pierres, diffuseurs en PVC enterrés)
conçus pour l'arboriculture et finalement le foltteur évacuateur
des surplus au moment des pluies torrentielles.
Deux questions centrales se posent ici : Quel est
l'impact de cette technique innovatrice sur la production et la
rentabilité économique de l'exploitation ?
Comme c'est déjà cité, les techniques
traditionnelles souffrent de plusieurs problèmes et arrivent
difficilement à satisfaire les objectifs de la mobilisation des eaux de
ruissellement. Des tentatives d'innovations en matière de mobilisation
et d'utilisation de l'eau (des techniques innovatrices).
Les investissements (installations de techniques
innovatrices, aménagement et réhabilitation des ouvrages
traditionnelles) vont-ils être acceptés par la population, et
améliorer le freinage de l'exode rural (rentabilité
économique et sociale) ?