b-/
La sexualité des femmes comme stratégie d'accès au
mariage.
La fécondité étant
généralement l'objectif premier assigné au mariage en
Afrique, une jeune femme s'engagerait dans les rapports sexuels non
protégés avec un homme qu'elle aime, dans le seul but de
contracter une grossesse, celle-ci étant envisagée comme
stratégie nécessaire d'aboutissement au mariage (Smith, 1998).
Ainsi, dans les relations amoureuses où la fille est issue d'une famille
pauvre et le garçon qu'elle aime, issu d'un milieu aisé, la fille
fait tout pour avoir un enfant avec le jeune garçon, pensant que ce
dernier sera ainsi obligé de l'épouser (Liboko, 2001). La
recherche du mariage ou d'une naissance est une cause nécessaire et
suffisante de la sexualité des adolescentes comme le souligne ces
extraits de Calvès (1999, p 172) :
« L'activité sexuelle est également comme un moyen
de trouver un époux et beaucoup de filles déclarent qu'elles
aiment sortir avec un homme qui constitue un mari potentiel (...). Elles ont
parfois des relations sexuels prénuptiales dans le but de donner
naissance à un enfant et de renforcer le lien émotionnel avec le
partenaire, ce qui peut éventuellement conduire au
mariage ».
Comme le pense Njikam (1998), la compétence sexuelle
c'est-à-dire "l'habileté d'un partenaire à procurer
à l'autre la satisfaction espérée ou
désirée" (p. 85) est aussi considérer par les
femmes comme moyen d'augmenter leurs chances de se marier. Traitant de la
sexualité prémaritale des adolescentes à Douala
(Cameroun), Njikam souligne le fait que les hommes n'ont ni le temps ni la
patience de les initier ou de les amener à améliorer leurs
habilités en matière de sexualité.
F-/
APPROCHE INSTITUTIONNELLE
Cette approche prend comme postulat, l'idée selon
laquelle l'environnement institutionnel en matière d'activité
sexuelle aurait une influence sur les comportements sexuels des jeunes. Elle
accorde une grande importance aux politiques, aux programmes et aux lois en
matière de sexualité relatifs aux comportements sexuels des
jeunes. Si jusqu'à une date très récente, l'Afrique
n'avait pas une tradition de lutte contre les IST, force est de constater que
depuis la découverte du VIH/SIDA des efforts significatifs des
gouvernements dans ce sens ne passent plus inaperçus (Kobelembi, 2005).
En témoigne, l'adoption et la mise en oeuvre des Programmes Nationaux de
Lutte contre le Sida (PNLS) dans l'ensemble des pays membres de l'OMS en 1990
(Auvert, 1994).
Les programmes de prévention complets comprennent une
série de stratégies, telles que les campagnes d'Information,
d'Education et de Communication (IEC); les programmes de modification des
comportements sexuels; la promotion de l'usage du préservatif; les
services de dépistage volontaire et d'accompagnement psychologique; la
sécurité transfusionnelle; et la sensibilisation des groupes
à haut risque (travailleurs du sexe et utilisateurs de drogues
injectables) et vulnérables (jeunes et femmes enceintes). Cependant, les
programmes les plus répandus restent les campagnes IEC, le
contrôle systématique des produits sanguins, les services de
dépistage et d'accompagnement psychologique, la promotion de l'usage du
préservatif.
Il restera alors aux gouvernements de trouver les canaux par
lesquels ces politiques et programmes atteindront ceux qui en ont le plus
besoin. Cela d'autant plus qu'une frange importante de la population dans les
villes d'Afrique subsaharienne, reste encore mal informée sur le sida,
sur les modes de prévention de cette maladie, et n'a donc pas encore
modifié son comportement sexuel (Rwenge, 1999b). Aussi, Mann
(1999),cité par Myriam de LOEZIEN et repris par N'gonon (2002),
critiquant ces politiques, soulève le fait que les programmes de
sensibilisation n'atteignent jamais de façon équitable toutes les
couches sociales, parfois et même de manière non
délibérée, renforcent une discrimination sociale
préexistante ; ou même, créent de nouvelles formes de
discrimination. De plus, les programmes de promotion de condoms ont
été élaborés à partir des recherches qui ont
négligé l'importance des normes et valeurs socioculturelles en
matière de sexualité dans les populations concernées
(Rwenge 1999).
Conscient de cet état de fait, le gouvernement
congolais multiplie les efforts en vu d'améliorer sa politique de
sensibilisation particulièrement les programmes d'IEC par
l'intermédiaire de divers canaux, y compris la presse écrite, le
théâtre, la radio, le publipostage et autres messages
d'intérêt public, en espérant atteindre une frange
importante des plus démunis et défavorisés. Mais il reste
encore beaucoup à faire pour améliorer l'efficacité des
stratégies gouvernementales, surtout pour ce qui est de
l'intégration dans ces politiques et programmes, des normes et valeurs
socioculturelles de la sexualité.
|